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Critiques de Alice McDermott (161)
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La neuvième heure

Livre « parmi les meilleurs romans de l’année 2017 de la New York Times book Review, du Wall Street Journal, de Time Magazine et du Washington Post » lit-on en quatrième de couverture, rien que ça ! Soit c’est bidon, soit il y a un problème de traduction. Je ne vois pas en quoi, sur quoi sont fondées ces élogieuses critiques. Après avoir lu le premier chapitre sur le suicide du mari par une journée grise et pluvieuse, l’arrivée de sœur Saint-Sauveur après l’incendie pour s’occuper de la veuve enceinte ; et le dernier chapitre « la longueur infinie des jours », j’abandonne. Un livre d’une tristesse et d’un ennui sur la vie de sœur Saint Sauveur, sœur Jeanne, sœur Lucy … de la communauté des petites sœurs des pauvres. On compte les pages comme les grains d’un chapelet.
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Someone

ça vaut vraiment le coup de s'accrocher un peu au début pour accéder à ce petit bijou. Oui au début on se demande où l'on va, où l'auteur veut nous emmener dans ce récit qui paraît un peu décousu, mais pas du tout. Marie nous raconte sa vie, qui n'a rien d'exceptionnel, celle d'une famille d'immigrés irlandais aux états unis dans les années 30, à Brooklyn plus précisément. Et petit à petit le charme indicible de ce livre opère, on a l'impression d'avoir été réellement présenté à cette famille, de la connaître "pour de vrai". Oui ce sont des gens ordinaires mais leur vie est si bien racontée, avec ses failles, ses bonheurs, ses malheurs que l'on succombe.

Marie Rogation du Figaro Magazine termine sa critique en disant :

- "Une vie minuscule en majuscule !" Tout est dit.
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Someone

Avec ce roman, on va suivre les conditions d’une famille Irlandaise à New York. A la fin de ma lecture j’en ressors avec du positif, comme du négatif. Laissez-moi, vous expliquer tout cela.



Tout d’abord lorsque l’on débute cette lecture, il faut avoir conscience que le sujet est la vie en elle-même. On est donc dans un roman où il ne s’y déroule presque rien : le quotidien d’une famille qui continue de vivre malgré les aléas de leur propre vie.



Sur ces conditions de vie, il faut reconnaître que l’auteure nous sert un texte tout en douceur. On suit dans cette famille le parcours de chacun et en particulier celui de la benjamine. Haute en couleur, elle n’a pas sa langue dans sa poche pour manier sa vie et celle des autres. Avec un certain sens de l’humour, on découvre les joies comme les peines de cette famille populaire. Obligée de vivre au sein d’une communauté où les origines font offices de passeport.



A mes yeux, l’intérêt de ce roman réside dans l’interprétation que nous est donné de l’auteure de notre jeune protagoniste. On va suivre le déroulement de sa vie et grâce à une détermination sans faille, on se dépeint assez bien cette gentille chipie, qui aurait fait tourner en bourrique de nombreux parents. Une jeune fille curieuse et ouverte d’esprit qui tente de trouver sa place au sein de sa communauté, mais également au sein d’une société en pleine mutation.



Néanmoins, j’ai eu un du mal avec certains passages. Non pas à cause de l’écriture qui est très fluide et nous permet de défiler cette histoire sans discontinuité. Mais à cause de la gestion du temps : on passe du passé au présent pour se faufiler dans l’avenir, mais sans nous prévenir. J’ai du mal avec ce procédé qui est pourtant très apprécié des auteurs pour mettre en parallèle des événements semblables à des périodes différentes. Pour moi, ce procédé est intéressant lorsqu’il est utilisé avec parcimonie. A l’inverse quand on l’utilise trop, il lasse son lecteur qui a du mal à se repérer dans le temps. On s’y perd, on ne sait plus qui parle et surtout où et quand sommes nous.



Malgré ce procédé qui a dérangé ma lecture, je reconnais au livre de véritables qualités. Ce roman a un côté très cocooning, il nous attire dans les mailles de cette famille et comme si elle était la nôtre on s’y sent bien. On parle d’histoire de vie, de famille et l’on s’identifie énormément. En plus il faut le reconnaître la description de cette vie irlandaise aux Etats Unis est assez exceptionnelle et nous immerge complètement.
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La neuvième heure

Brooklyng au 19ème.

Après le suicide de son mari, Annie, enceinte, est aidée par les Petites Soeurs Soignantes des Pauvres Malades. Elle travaille à la buanderie avec les soeurs Illuminata et Jeanne, celle-là même qui l'a assistée à la naissance de la petite Sally. Beaux portraits de femmes, - chaque religieuse ayant une forte personnalité- qui entourent d'affection la petite fille.

Mais quand cette dernière part à Chicago accomplir son noviciat, elle se heurte à la dureté et la laideur du monde extérieur. Doit-elle renoncer au voile ?

Revenue à Brooklyng, elle assiste les religieuses et consacre beaucoup de temps aux malades, notamment à Mme Costello, la femme handicapée et hypocondriaque du laitier amoureux de sa mère !

Par ailleurs on suit la famille Tierney , pleine d'enfants joyeux ! Quand l'aîné Patrick accompagne son père à l'enterrement du grand-père, il fait la connaissance d'un vieil amputé de guerre , son substitut à la guerre de Sécession !

La narration est complexe avec des allers et retours car elle est menée par les enfants de Sally et Patrick mais l'autrice reconstitue bien toute une époque et s'interroge sur le fait religieux et la notion de péché.





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La neuvième heure

C’est dans un Brooklyn sombre et pluvieux que commence l’histoire d’Annie. Ou plutôt, c’est par un suicide... celui de son mari. Devenue veuve et future maman, elle se retrouve par hasard sous l’aile bienfaitrice des Sœurs Soigneuses.



Le récit se bâtie lentement autour de la reconstruction d’Annie ; puis s’accélère peu à peu suivant le rythme fou de sa petite fille, Sally. En une sorte de métaphore, la vie suit son cours et reprend ses droits sur la mort.



Le texte prend plaisir à jongler avec le temps. Assez déstabilisant au départ, j’ai du parfois m’y reprendre à deux fois. Je ne peux m’empêcher cependant de penser que ce tour est incroyablement judicieux, créant une profondeur entre les différentes générations de la famille. Dès le début, l’idée que le monde est petit se distille… Chaque action passée à ses répercussions.



L’enfant du couvent passe ces journées dans la blanchisserie du sous sol où sa mère s’est vu donné un travail. Entouré de chant pieux et de prière, sa foi né comme une vocation.

On suit les sœurs au chevet des pauvres et des malades, diagnostiquant la teigne ou la pneumonie, prodiguant cataplasme, prière et présence aux plus démunies. J’ai trouvé tous ces passages intéressants, surtout lorsqu’ils sont mis en relation avec la vision non biaisé de la vérité. Sally découvre, avec son œil neuf, le monde, les gens auxquels les Sœurs dédient leurs vies.

« Elle disposait là, dans la faible lumière enfumée, d’un échantillon de ces « autres » auxquels elle donnait sa vie : vulgaires, débraillés, ingrats. »

« […] « J’ai changé d’avis », après avoir vu la réalité de ce monde obscène au cours du long voyage en train, après avoir compris que son instinct la poussait à recevoir ses habitants dégoûtants non pas avec un linge réconfortant, mais avec un juron, un coup de poing dans la figure. »



Un autre passage intéressant met en scène le même principe : une narration modifiée par l’œil innocent des enfants. Les tremblements de Tante Rose ne sont pas une manifestation de joie, mais bel et bien la maladie de Parkinson.

Ces jeux littéraire de « La neuvième heure » sont juste géniaux et très bien réalisés !



Pour conclure, je ne sais pas quoi penser de ce livre ! J’ai adoré la narration, qui au départ m’avais un peu refroidie, bourré de subtilité agréable. Il se termine sur un ou deux mystères qui ouvre le récit. Concernant le sujet, je suis moins enthousiaste mais j’ai tout de même passé un bon moment auprès de ces Nonnes. Merci Madame McDermott !
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La neuvième heure



” Il avait un problème avec le temps. Ça tombait mal pour un cheminot, même employé de la BRT. Son problème, c'était qu'il aimait refuser le temps. Il se délectait de le refuser. (...) Il n'avait qu'à murmurer. Je n'y vais pas. Rien ne m'y oblige. Bien sûr, il n'était pas toujours nécessaire de refuser la journée entière. Parfois, le simple fait d'avoir une heure ou deux de retard suffisait à lui rappeler que lui, au moins, était libre, que les heures de sa vie – possédait-il un bien plus précieux ? – n'appartenait qu'à lui. “





Jim après un jour de trop à profiter du temps, à paraisser, vient d'être licencié de son emploi au chemin de fer. Ne supportant pas cette situation, il décide de mettre fin à ses jours dans son appartement. Précautionneux, il a envoyé Annie sa femme faire quelques courses, mais il a oublié que le gaz pouvait faire d'horribles dégâts.




” Sœur Saint-Sauveur avait pour vocation d'entrer chez les gens qu'elle ne connaissait pas, surtout des malades et des personnes âgées, de pénétrer dans leur foyer et de circuler dans leur appartement comme si elle était chez elle, d'ouvrier les armoires à linge, leur vaisselier ou les tiroirs de leur commode – d'examiner leurs toilettes ou les mouchoirs souillés serrés dans leurs mains –, mais le nombre de ses visites chez des inconnus n'avait pas atténué, au fil des années, son premier réflexe, consistant à rester à l'écart et à détourner les yeux. “




Sœur Saint-Sauveur était passée le soir après le drame, elle prend la relève des pompiers auprès d'Annie la jeune femme enceinte et des voisins sinistrés de ce petit immeuble de Brooklyn.

Elle va tenter d'aider Annie, pour que son mari soit enterré dans la concession déjà payée, dans le cimetière catholique, malgré le suicide.



Annie sera très vite embauchée au couvent par Sœur Lucy, où sa fille grandira sous l'œil bienveillant de sœur Illuminata.




” Là en bas, Annie le savait, les mots étaient comme des produits de contrebande. Aucune des sœurs, à cette époque, ne parlait de sa vie au couvent, dans ce qu'elles appelaient dédaigneusement le monde. Prononcer ses vœux signifiait laisser tout le reste derrière soi: la jeunesse, la famille et les amis, tout l'amour qui n'était qu'individuel, tout ce qui dans l'existence nécessitait un regard en arrière. La coiffe qu'elles portaient comme des œillères faisait plus que limiter leur vision périphérique. Elle rappelait aux sœurs qu'elles devaient regarder uniquement leur tâche en cours. “ 




Quand Annie s'octroiera du bon temps sous prétexte de prendre l'air, son enfant élevé au couvent qui aspire à devenir sœur, se verra mise à l'épreuve par Sœur Jeanne qui l'emmènera dans sa tournée auprès des malades.


Chaque sœur de la congrégation possède son histoire et ses secrets, elles sont l'âme de ce quartier. Un endroit et des habitants qu'elles protègent jour après jour, tel le berger, elles veillent sur le troupeau.





« Est-ce que votre mari est gentil avec vous ? » demande-t-elle. 
Sœur Lucy dit à Sally qu'un bon mari était une bénédiction – un bon mari qui allait au travail tous les jours, ne dilapidait pas son salaire au bar ou sur les champs de courses, ne battait pas ses enfants et ne traitait pas sa femme en esclave – mais une bénédiction rare à tout le moins. 
”



Ce que j'en dis : 


Jamais je n'aurais imaginé être aussi captivé par une histoire de bonnes sœurs. 
L'auteure nous invite à partager le quotidien des sœurs de la congrégation de Marie dans une communauté Irlandaise de Brooklyn. 


Toujours discrètes et bienveillantes, les sœurs se dévouent entièrement à ce quartier et veillent sur chaque famille dans le besoin.


Parfois drôle et souvent touchante, la plume délicate et minutieuse d'Alice McDermott en véritable orfèvre des mots, nous fait cadeau d'un magnifique bijou. 




Un véritable conteuse qui réussit sans se faire prier à embarquer les lecteurs dans une balade irlandaise pleine de charme en compagnie de religieuses phénoménales. 
Un joli coup de cœur qui a reçu le Prix Femina étranger 2018. 



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La neuvième heure

*Chronique de Grybouille sur Léa Touch Book*



Alice McDermott nous emmène dans un monde de dévotion, où le don de Soi ici-bas n’est pas un vain mot.. .

Suivez-moi, c’est par ici que la visite commence.

En ouverture, le lecteur, ou la lectrice lira : « à Sœur Marie Rose ». Le ton est donné, c’est un hommage, donc le cœur va parler et vous n’allez pas être déçu par ce roman où Alice McDermott va nous livrer une très belle histoire.



L’histoire,

Brooklyn le début du 20ème siècle, Jim, 32 ans, marié à Annie, ils attendent un bébé.

Il travaille comme cheminot, enfin jusqu’à dernièrement, car il a un problème avec le temps comme-ci il l’avait refusé.

Désigné comme peu fiable et indiscipliné, il finit par être viré.. .

Alors, le 3 février, il envoie sa compagne faire les courses, lui fait « au revoir » en fermant la porte derrière elle, puis…

Il rend hermétique l’appartement, arrache le tuyau de gaz, il le porte à sa bouche et prie « Maintenant et à l’heure de notre mort… »



Entrée en scène de Sœur Saint-Sauveur qui découvre au milieu des pompiers, des policiers, dans l’immeuble sinistré, Annie étendue sur un canapé un gant de toilette sur le front.

La sœur prend les choses en mains : « Ce que nous devons faire, c’est avancer pas à pas… Avez-vous diné ? Avez-vous des parents que nous pourrions appeler ?»



Puis, c’est l’accueil au couvent des Petites Sœurs soignantes, les journées dans la buanderie, la naissance de Sally…

Dans ce couvent où toutes les sœurs ont une histoire Jeanne, Lucy, Illuminata…



Le style,

Alice McDermott a une belle écriture qui colle parfaitement à ce type d’histoire. Elle dépeint avec bienveillance la vie des Sœurs qui se donnent aux familles nécessiteuses.

Les dialogues sont bien sentis et rajoutent à l’action dans ce Brooklyn de 1900.

Un bon moment de lecture qui ravira le plus grand nombre.



Certains personnages,

Jim, « Un homme qui avait rejeté sa vie, l’amour de sa femme éplorée, leur enfant attendu pour l’été. »

Annie, à Sally : « Tu songes déjà au moyen de me quitter ? »

Sally, « Le bébé, une fille n’acquit en août…Elle fut prénommée Sally, mais baptisée Saint-Sauveur… »

Lucy, « Ne gaspille jamais ta compassion.»

Les habitants du quartier, certains : Mme Tierney et ses enfants, Mme Costello, Mme Mac Shane, Mme Gertler, M Sheen, Liz Tierney…



Pour clôturer cette chronique,

Le p’tit Duc a cru détecter, mais je peux me tromper il faudra demander à Alice McDermott, un petit clin d’œil du titre du livre avec le bas de la page 13 :

La neuvième heure dans la Bible, Mathieu dit : vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte « Eli, Eli, lama sabachthani ? », ce qui peut être traduit par : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Et la page 13, La sixième heure, heure à laquelle Sœur Saint-Sauveur entre en scène : « A six heures, les réverbères faisaient chatoyer l’air dans l’obscurité humide… »

En parallèle, Mathieu dit : « Car depuis la sixième heure, les ténèbres régnaient sur toute la terre.. . »



Voilà, le p’tit Duc est tombé dans ce très bon roman, c’est la faute à Voltaire.. . Et la lumière fût.



Je vous laisse avec, il n’est pas besoin de croire pour avoir la foi.



Bonne lecture,
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La neuvième heure

La plume linéaire et envoûtante de l’autrice nous immisce dès les premières pages dans un quartier d’immigrés irlandais de Brooklyn mais aussi au cœur d’une sororité religieuse, les Petites Sœurs des Pauvres. On y découvre l’histoire des sœurs et de leurs ordres, leurs organisations respectifs et ce dont elles doivent faire face.



L’originalité de découvrir un roman dont l’intrigue gravite autour des sœurs et de la religion catholique n’en laisse pas moins de côté les nombreuses réflexions que celui-ci nous offre. La religion, la morale, la mort, l’amour, les choix… Tant de sujets que l’on suit à mesure où la petite Sally grandit.



Concernant la narration, celle-ci donne la parole à une autre génération, ce qui est plus que séduisant ! On se retrouve immiscer dans ce cœur, à fouiller dans ce passer, à y plonger la tête la première et à écouter cette histoire tendre et familiale.



En somme, une très belle découverte, un roman empli d’humanité que je vous invite vivement à découvrir !
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La neuvième heure

Souvent, j’aime beaucoup ce qu’éditent les Editions du Quai Voltaire, le côté toujours un peu suranné de leurs romans. Et je n’ai pas été déçue par les premières pages de celui-ci qui plongent le lecteur dans le quartier irlandais d’un Brooklyn du début du XXème siècle. Nous assistons très rapidement au suicide de Jim, le mari d’Annie, qui ouvre le gaz . Enceinte et soudain seule, avec une dépouille que le cimetière catholique ne peut accepter, Annie est soutenue par les soeurs de la communauté toute proche. Elle sera employée à la laverie du couvent, surveillant tout en travaillant le bébé Sally, qui grandira donc dans une atmosphère à la fois bienveillante et réglée. Cette atmosphère finira par faire naître en la jeune fille une vocation, et l’envie de faire son noviciat. Pourtant, le lecteur comprend très vite, à l’aide de flash backs et sauts dans le temps, que Sally va suivre un autre chemin, et que les liens tissés par les soeurs dès le drame ont eu d’autres effets, plus sensuels. Le regard lucide que nous offre dans ce roman Alice McDermott, sur la foi, la misère et les relations conjugales, est assez pénétrant. Il m’a à la fois séduite et tenue à l’écart. En fait, j’ai trouvé que la douceur tardait à venir dans ce roman, même si elle m’a cueillie en toute fin de livre… J’en garde un souvenir général de rudesse, de tissus reprisés mille fois, de propreté usée, de sacrifices répétés, et surtout l’impression d’avoir lu un roman écrit il y a plus d’un siècle, sans le plaisir qui va avec d’ordinaire. La neuvième heure est pourtant sorti en 2017. Bref, nous sommes loin du coup de coeur avec ce livre en cette rentrée littéraire, mais ce n’est que partie remise avec cet éditeur dont j’apprécie habituellement les publications.
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Charming Billy

On entre dans Charming Billy d’une manière originale : c’est l’enterrement de Billy et autour d’une collation, tous ses proches évoquent leurs souvenirs de lui. Tout le monde l’aimait. « Billy, leur Billy, avec ses lettres et ses blagues, sa loyauté et son cœur brisé, creusait sa tombe à force de lever le coude ». Et l’alcool a effectivement fini par avoir sa peau. Autour de la table il y a Maeve, sa veuve, terne et dévouée, les voisins et tous les cousins dont Dennis, le meilleur ami. C’est la fille de Dennis qui va tout nous raconter, durant les quelques jours qui suivent l’enterrement. Billy, son grand amour, sa disparition. En donnant la parole aux vivants, aux morts, aux souvenirs et au présent, elle va nous conduire le long d’une existence entière, et même de plusieurs. Toutes ces voix mêlées vont raconter le destin d’immigrés irlandais à New-York.



En entrant dans l’histoire, j’avoue, j’ai trouvé le procédé intéressant mais un peu bordélique. J’ai eu du mal à m’y retrouver entre tous ces Lynch, les sœurs, leurs maris, les cousins et cousines, leurs parents, leurs amours et leurs pertes, les allers et retours entre passé et présent, toutes les vies respectives de chacun. D’autant que le style au début m’a semblé un peu laborieux. Mais très vite on s’immerge dans cette fresque vivante et colorée, sensible et humaine, et chaque existence devient importante et tisse à sa manière l’éclat tout entier de l’oeuvre. Quelques personnages m’ont particulièrement touchée (les parents de Dennis et leur rencontre, entre autres) ; de leur vie on pourrait tirer un livre tout entier.



Au cœur de cette histoire il y a un lieu, Long Island, et une rencontre, celle de Billy, Dennis et de deux jeunes femmes sur une plage. Je ne dis pas « au début de » cette histoire car on réalise en lisant Alice McDermott qu’une histoire commence en fait bien avant même la naissance de chacun des protagonistes, et ne se termine pas avec leur mort. Dans l’œil du cyclone de cette histoire, il y a un amour éperdu, celui de Billy pour Eva l’irlandaise. Et sa perte. Il y a aussi cette petite maison de Long Island au « toit vert rayé de bardeaux rouges, raboteux, incrustés de particules de mica qui étincelaient au soleil », deux fenêtres sur le devant aux moulures vert bouteille, séparées par une porte et trois marches en bois. Une maison que l’on revoit de bout en bout du livre, comme un personnage à part entière, un lieu de paix et de destinée.



Alice McDermott a un talent pas possible (sous le charme duquel j’étais tombée en découvrant Someone, l’an dernier) pour raconter de manière non linéaire les vies ordinaires. Ce roman est assez magique dans la profusion et l’intelligence d’observation. Il égrène avec grâce et sans artifices toute la palette des émotions humaines. J’ai mis un peu de temps à le lire, mais quel beau voyage en humanité ! Ah, et j’oubliais : l’objet livre en lui-même (il fait partie de la collection petit Quai Voltaire des éditions la Table ronde) est superbe. Format, qualité de papier, couverture, illustration : tout est plaisir. Merci à la maison d’édition pour cet envoi.
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Someone

« Je haussai les épaules, consciente et ravie de cette chance d'avoir une conversation ordinaire »



« Someone », titre parfait : Marie est « quelqu'un » avec tout ce que cela implique d'anonyme, d'ordinaire mais aussi de singulier et d'intime.

C'est donc l'histoire d'une femme, de ses 7 ans à la vieillesse. C'est, en fait, totalement banal : dans son quartier de Brooklyn d'immigrés irlandais entre-deux-guerres,elle grandit entre son père alcoolique, sa mère bigote, son frère trop sérieux. Premier amour, mariage, enfants et vaisselles, veuvage, vieillesse... Qu'est-ce qui peut bien nous intéresser dans cette histoire d'une femme qui accueille la vie sans vraiment se battre, ses joies et ses peines, ses hasards ? Eh bien c'est le fait que son regard bienveillant, sa finesse, sa compréhension de l'autre font qu'au seuil de la mort, elle peut se retourner vers quelque chose de plus construit, déterminé, empathique, que le simple énoncé des péripéties pourrait le laisser croire. Cette femme accueille l'instant (la joue d'un enfant qui frotte contre la manche du manteau de son père, la lumière sur une toile cirée, une caresse effleurant l'autre…), accueille l'autre, accueille la vie, en fait un tout : sans en avoir l'air, dans son humilité délurée, elle l'impacte à sa façon. Dans son récit globalement chronologique, mais qui n'est pas totalement linéaire, fait d'instants choisis, de gestes, d'émotions partagées, elle se montre unique, roc incertain et tendre.



Bien qu'échappant aux pires stéréotypes ( puisque le père est doux et gentil et ne roule pas sous la table, la mère montre une compréhension responsable), toute la première partie m'a donné une certaine impression de déjà-vu, modulée par la sensualité du récit, la finesse descriptive et émotionnelle. J'ai accroché surtout à partir de la magnifique scène où Marie rencontre son futur époux, décrite avec une simplicité, une évidence, une générosité qui m'ont fait tomber amoureuse de Tom le bavard timide bien avant Marie. C'est ensuite dans la maturité et dans la vieillesse, où elle quitte le rôle de spectatrice et fait pleinement corps avec son histoire de vie, jouant l'éponge face aux événements, les affrontant dans une douceur loyale, que je me suis vraiment mise à aimer cette femme singulière quoique ordinaire.



Ce qui caractérise ce livre, lui donne son ton, c'est finalement la bienveillance commune à tous les personnages, cette part d'honnêteté et de bonté qu'Alice McDermott sait aller chercher au fond de chacun, cette loyauté qui fait que certains sont heureux et d'autres écorchés.
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Someone

Avis de Grybouille (Chroniqueur chez Léa Touch Book) :



Comment dit-on…. Ah, oui ! Une pointure. En France nous dirions « une pointure ». Et bien, Alice McDermott en est une !



Je l’avoue avant de faire partie de l’équipe du « Léa Touch Book » je n’aurais peut-être pas lu ce genre de livre mais maintenant que je suis en mode « open yours eyes » c’est à chaque fois un réel bonheur de découvrir cette famille d’auteur.



Une ambiance qui vous prend dès les premières lignes, vous devenez un témoin privilégié du parcours des « caracters » du roman, installé dans l’action vous vous demandez : « Et si cela avait été ma vie ? »



Brooklyn 1930, une famille irlandaise de quatre personnes, un père qui boit trop, une mère qui a la rudesse des femmes qui tiennent le foyer, Gabe son frère ainé qui est destiné à la prêtrise et elle, Marie, la petite chérie de son papa.



Elle a sept ans, souvent assise sur les marches devant son immeuble et toutes les personnes qui passent lui disent « Bonjour ». Elle est très tôt le témoin de la vie de son quartier.



Les décès, les mariages, Lucy qui lui fait peur, la grossesse de Mme Hanson, ses amies qu’elle retrouve dans la rue, Bill l’aveugle sur sa chaise qui est devenu le juge de paix lors des jeux des enfants, Gerty sa meilleurs amie, la famille Chebab, Walter Hartnett son premier amour, M. Fagin le directeur des pompes funèbres…



Et puis sa famille, son père qu’elle aime et qui se détruit par la boisson. Sa mère qui essaye de lui apprendre à être une femme d’intérieur, Gabe qui tous soirs lors du diner fait partager ses lectures. Son enfance puis son adolescence, son parcours adulte, sa vie…



Alice McDermott, dans son roman, a trouvé les mots justes, au bon endroit, au bon moment, un « chouette » récit qu’il serait dommage que vous loupiez. C’est la vie… Le témoignage d’un passage, les gens rient, pleurent, vivent et meurent et puis d’autres arrivent.

La description des personnages qui gravitent autour de Marie est à chaque fois d’une justesse, d’une délicatesse qui m’a laissé sans voix. Une très belle écriture, touchante, un réel bonheur pour le lecteur.



Avant je trouvais que de relater la vie quotidienne des personnages dans un livre était « gnangnan », maintenant je trouve cela apaisant et enrichissant de découvrir d’autres « Nous » sur la route. C’est grâce à des auteurs comme Alice McDermott que j’ai découvert cette belle littérature.



Quelques personnages :



Marie « J’avais demandé et j’avais reçu… » ; Sa vision de la femme à la maison « En tout cas, moi, je n’ai pas envie d’apprendre… Une fois qu’on sait le faire, les gens s’attendent à ce qu’on le fasse »

M. Fagin « Pour un homme il est parfois plus douloureux de contempler ce qui aurait pu être, que de vivre avec ce qui est »

Gabe « Je serai toujours suspect, j’en ai peur » ; « Tout se résout en marchant »

Tom « Qui peut connaitre le cœur des hommes ? »

Mme Meany, la mère de Lucy « A ces horribles scènes qui croupissaient comme la fange dans l’esprit dérangé de sa pauvre fille, Mme Meany apposait son magnifique Amour. L’Amour maternelle »

Les récits « … des voyages que l’on ne pouvait partager, ni même suffisamment décrire »



Ce livre fait partie de la rentrée littéraire 2015, à la vue de ce que nous recevons et de ce que nous avons déjà lu, les chroniques sortiront en temps et en heure, elle est riche et ce roman d’Alice McDermott en est une pièce maitresse.
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La neuvième heure

Je ne sais pas pourquoi, j’ai cru qu’il s’agissait d’un recueil de nouvelles. Lorsque j’ai terminé ce que je croyais être la première nouvelle je suis restée « scotchée ». Il y avait un événement, un instant T et une chute. Bien sûr je restais aussi avec que c’est-il passé après… et c’est là que j’ai compris qu’il s’agissait d’un roman, donc je me suis crée une belle surprise !



Les chapitres portent un titre et forment pour la plupart une partie de l’histoire complète. J’ai beaucoup aimé le rythme et la narration. On fini chaque chapitre avec et maintenant que va-t-il arriver ?



Le chapitre un est le moment fondateur de là vont découler les événements qui en sont les conséquences. On va découvrir les vies dans certaines maisons, les vies dans le couvent, et par extension la vie dans ce quartier.



On va suivre d’une part la vie d’Annie qui va se retrouver liée à celle des « petites sœurs soignantes des pauvres », qui elle-même sont liée à la vie de Brooklyn. Ces trois fils vont se tisser et donner une image d’ensemble de ce début de XXe siècle.



J’ai beaucoup aimé le narrateur qu’ Alice McDermott a choisi pour nous raconter ces vies. Par moment cela donne un point de vue très décalé mais je n’en dis pas plus pour que vous découvriez cette petite originalité.



Pour ceux qui auraient peur des « bondieuseries » il n’y en a pas tant que cela. Bien sûr les « petites sœurs » étant un élément primordial on a une certaine morale chrétienne et catholique qui est là. Mais elles vivent dans le siècle, elles côtoient des plus démunis, elles font office des premiers services sociaux. On est au début du XX siècle les femmes sont dans des situations assez difficiles. C’est d’ailleurs un des sujets les plus développés. Avec d’une part la vie de celles qui choisissent le mariage et celles qui choisissent la vie religieuse.
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Jamais assez

Le désir, des glaces ou des corps, serait-il tout ce qui reste de nos vies, autant de souvenirs d'interdits enfantins ? Dans cette courte nouvelle, sautillante et triste, Alice McDermott saisit avec gourmandise le proverbial passage du temps. On en a Jamais assez.
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La neuvième heure

Si on m'avait dit que j'aimerais autant un livre dont certains personnages principaux sont des bonnes sœurs, j'aurais été sceptique. Et pourtant, quel roman ! On retrouve bien sûr cette mentalité particulière qui peut rebuter, mais sans aucun manichéisme et avec beaucoup de justesse. On découvre aussi la vie d'autres protagonistes dont le destin est lié à ces religieuses. Je le conseille. C'est aussi un livre sur la condition des femmes.
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La neuvième heure

Livre sympathique sur la condition difficile des femmes seules en 1900 ...,quelques lourdeurs faites pour assurer un certain nombre de page,mais sujet original et doucement désuet,bien que survolé

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La neuvième heure

Brooklyn,les années 1900 le père se suicide,laissant la mère seule et enceinte

Nous sommes dans la communauté irlandaise,Sœur Saint-Sauveur va recueillir Annie cette jeune femme et lui offrir un travail.

La petite Sally naît et vit une enfance heureuse entourée de religieuses,dont sœur Illuminata.

La communauté veille sur ces femmes maltraités du quartier.

Roman attachant,fin et poétique.

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La neuvième heure

Sally est une jeune orpheline de père qui vit dans un couvent de religieuses soigneuses avec sa mère employée en blanchisserie.

Nous la suivons de sa naissance à son mariage avec ses joies, ses peurs, son engouement pour la religion, sa défection et ainsi découvrons la vie à Brooklyn des émigrés irlandais et des religieuses des différentes communautés.

Instructif mais un peu gratuit pour moi.
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La neuvième heure

Début du XX ième siècle, de nombreux irlandais ont fui la misère pour s ‘ installer à New York. Ces immigrés ont entraîné, dans leur sillage, des congrégations religieuses.

les Petites Soeurs Des Pauvres de Brooklyn soignent les corps, veillent sur les âmes, protègent les enfants et ferment, pudiquement, les yeux sur les faiblesses humaines.

Si le sujet semble ringard, « La vie quotidienne des religieuses « ce roman, très bien écrit, et agréable à lire , est un hymne à la charité, l’amour et la joie de vivre.
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La neuvième heure

[Explolecteur de la rentrée littéraire 2018 - Rendez-vous de la page 100]



L'histoire débute sur un événement tragique : alors que son épouse, Annie s'en va faire des courses, Jim décide de mettre fin à ses jours et ouvre les canalisations de gaz de son appartement situé dans un immeuble pauvre de Brooklyn. En plus de sa veuve, il laisse derrière lui une fille à naître. Heureusement pour elles, dans leurs malheurs, des bonnes soeurs d'un couvent proche de leur ancien domicile les prennent sous leurs ailes.



C'est ainsi que se déroulent les 100 premières pages de ce roman tendre malgré les aléas de la vie auxquels font face les héroïnes. Au fil des pages, on y suit la vie d'Annie qui s'est vue offrir un travail à la blanchisserie du couvent ainsi que celle de sa fille, Sally qui grandit petit à petit sous le regard bienveillant des nonnes.



J'avoue que je ne suis pas habituée à ce genre d'écriture et de roman mais j'en tombe sous le charme à chaque page que je tourne. Malgré les failles de chacun des personnages, ils y puisent quelque chose de meilleur pour avancer quand même sur le chemin de la vie.



J'espère que la suite sera de la même envergure que ce début.



[Une fois le livre terminé]



« La neuvième heure » est un roman attachant sur les aléas de la vie ainsi que sur la façon dont l’apparition de certaines personnes dans nos vies peut changer le cours de nos existences.



Alors que sa femme Annie, enceinte, décide de sortir faire des courses, son époux Jim ouvre les canalisations de gaz de leur petit immeuble de Brooklyn et décide se suicider. Dans son malheur, cette veuve et son enfant à venir sont prises sous les ailes des bonnes sœurs du couvent voisin. Un emploi à la blanchisserie du couvent permettra à cette jeune maman, immigrée sans le sou, de trouver le réconfort ainsi qu’un moyen de subsistance.



Ainsi, Sally grandira au sein du couvent, sous le bon regard bienveillant de ces nonnes qui n’en apprécient que plus la présence inopinée de cette jeune enfant et de sa mère. Alors que leurs destins semblent tout tracer, les choix qu’elles feront verront leur destinée modifiée.



Même si on part d’un événement malheureux, ce livre est loin d’être une histoire triste. Au contraire, l’auteure parvient à retirer des choses positives de ce qui constituent nos combats quotidiens. Malgré tout, on ne tombera pas dans la simplicité ou la mièvrerie.



Sans que cela ne soit clairement daté, cette histoire se déroule dans un New-York du début XXème siècle je dirais, où l’on se rend compte que la bienveillance et l’entraide étaient des valeurs bien plus courantes qu’à l’heure actuelle. J’ai aimé me retrouver dan l’atmosphère de cette ville que je connais bien pour l’avoir visitée plusieurs fois déjà, mais à une toute autre époque. Certains décors et odeurs permettent aux lecteurs d’avoir l’impression de s’y trouver eux-mêmes.



Je n’étais pas habituée à ce type de roman, ni à ce type d’écriture mais il m’a touchée. Le style d’écriture n’est pas forcément imagé mais l’auteure permet de ressentir l’environnement dans lequel évoluent les personnages. Lisant plus couramment des thrillers ou polars, je suis plus habituée à des phrases courtes et plus percutantes. Dans ce livre, Alice McDermott utilise des phrases assez longues et n’hésite pas à les paraphraser plusieurs fois pour une seule et même description ou idée. Cela ajoute peut-être des longueurs mais également plus de profondeur selon moi.



Je ne l’ai pas lu d’une traite, je l’avoue mais je l’ai malgré tout, bien apprécié.
Lien : http://musemaniasbooks.blogs..
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