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Critiques de Alice Moine (68)
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Les fluides

Fluide.

1 Tout corps qui épouse la forme de son contenant.

2. Force, influence subtile, mystérieuse qui émanerait des astres, des êtres ou des choses.



Julie est une femme que son mari a laissée sur le bas côté, faute à un changement de personnalité qu’il n’a pas pu ou voulu comprendre. Réservée, taciturne, peu démonstrative, Julie est seule avec sa fille Charlotte, âgée de sept ans. Elle ne détient pas tous les cordons de la maternité, de la fibre à l’amour maternel. Surtout depuis l’accident...



Julie prend sur elle et emmène sa fille à la piscine. C’est difficile pour elle, se déshabiller, se mêler aux autres, le contact de l’eau, la peur du danger, la proximité avec sa fille. C’est au coeur même de cette piscine que Julie pensera et pansera sa blessure qui n’a pu cicatriser.



L’auteure dissèque avec brio le cataclysme intérieur d’une mère à la dérive en parallèle constant avec ce micro cosmos qu’est l’eau. Tout ce qui se passe dans cet aquarium relève d’autant de détails de la vie passée de l’héroïne, de ses manquements, faiblesses, à ses souffrances, à son volontarisme. C’est comme un cheminement latent de quelques heures pour mettre à nu la souffrance, une reprise en main de ce qu’elle n’a pu contrôler jadis et ce, jusqu’au lien intrinsèque qui l’unit à sa fille. Ce n’est ni larmoyant ni lourd ni pathétique. C’est une question de fluide, de sincérité, de juste pudeur.



C’est un roman troublant, sensible, intelligent et très bien construit si on parvient à cerner la grande subtilité distillée ici.



L’histoire d’une femme qui a vécu un drame, sur quelques minutes, toute une âme à la dérive, une mère échouée, et des yeux fermés, des cœurs secs, des mots qui se taisent pour ne pas marquer le front et font éloigner mari et fille loin de celle à qui il manquait juste une main tendue.

Les fluides, c’est toutes ces petites choses qui conditionnent une vie pour formater quelqu’un à s’allonger par terre ou à se relever. Fluides, force mystérieuse qui ne dit rien, qui dit oui essayons, qui dit non, plus jamais ça.



J’ai beaucoup aimé ce roman qui a su me toucher en plein cœur.
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Mère nature

Un livre fort sur les dérives médicales et l’envie en tant que future mère

de disposer de son corps comme on l’entend, d’être plus en harmonie avec son corps, ses valeurs et ses envies. Un livre qui porte bien son titre: Mère-nature.



La narratrice de ce roman s’est fait cette promesse, plus jamais elle n’aura d’autre enfant après Salomé. L’accouchement pour cette petite a été tellement traumatisant qu’Elle préfère oublier tout désir de maternité. Pourtant, après des années de célibat, Elle (c’est ainsi qu’elle s’appelle) va rencontrer un homme, Max. C’est tout nouveau, presque bizarre après toutes ces années. Il n’aura suffi que d’un seul rapport pour qu’Elle se retrouve enceinte. C’est l’hécatombe. Comment faire face à cette grossesse dans ce contexte précaire, et avec tous ces traumatismes? La narratrice va transformer cette grossesse en véritable prise de conscience.





Découpé sur les trois trimestres de cette grossesse, on va découvrir l’envers caché des cliniques, des maternités. On va se heurter aux difficultés de faire appliquer cette loi qui dit que toute femme est libre de disposer de son corps.On va faire la connaissance d’Hermine, une sage-femme dite boula, c’est-à-dire une sage-femme qui accouche les femmes chez elles. Qui surtout a une toute autre vision de l’accouchement avec un respect prépondérant et essentiel pour le corps des femmes. Ses réflexions sont pertinentes, ses messages profondément humanistes m’ont touchée, m’ont parlée. Hermine s’attelle à faire d’une naissance un écrin d’amour et de poésie (beau programme n’est-ce pas ?).





A côté, il y a sa petite Salomé. La petite, bien intelligente du haut de ses neuf ans se sent déjà pleinement concernée par tout un tas de sujet: le réchauffement climatique, la surpopulation, la guerre en Ukraine. Savoir sa maman enceinte lui fait peur, il faudra nourrir une bouche de plus dans ce monde qui déborde, qui étouffe. Salomé va réfléchir, va grandir plus vite que son âge parce que sa maman, elle l’aime et elle veut le meilleur pour elle.J’avoue que ce livre n’a pas été simple à suivre. Les parties consacrées à Salomé ne m’ont que peu séduite. Son langage très érudit pour une petite de neuf ans, cela m’a paru un peu bizarre, peu crédible. Puis sa lubie d’analyser tout, de se tracasser sans cesse pour ce qui se passe dans le monde, seule dans son coin. Même si parfois, cette gamine est touchante. Elle possède une imagination débordante et très fertile. Certains passages sont très beaux, d’autres m’ont un peu ennuyée.



Par contre, sans rien dévoiler, je vous dirai juste que l’épilogue est absolument magnifique, somptueux ! Je l’ai relu deux fois tant il explose de mille feux. J’aurai aimé que l’ensemble du livre soit à l’image de cette fin mais l’histoire n’aurait pas été la même.Hermine, Max, Elle et Salomé, ensemble ils vont faire de cette grossesse une odyssée particulière, au plus près des convictions et des valeurs de la future mère. Il y aura confrontations de points de vue, débats, hésitations, peurs mais un profond désir de vouloir donner la vie dans l’amour à tout prix.



C’est un roman qui parlera à toutes les futures mères qui valorisent l’accouchement naturel et sont en adéquation avec des méthodes plus douces et respectueuses de leur corps.C’est un roman qui parlera aussi à toutes les femmes qui se sentent attirées par tout ce qui attrait à la spiritualité et à la force du féminin, qui veulent fuir un système médical qui ne leur convient pas.
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Les fluides

Quand il faut plonger dans le grand bain



Dans son troisième roman Alice Moine confronte une mère à sa fille, dont elle est séparée. Leur sortie à la piscine municipale va cristalliser leurs attentes respectives, du malaise à la rédemption. Plongez!



Ce pourrait être une banale sortie à la piscine entre une mère et sa fille. Sauf que pour Julie ce rendez-vous revêt à une importance très particulière. Après sa séparation avec Paul, elle a perdu la garde de sa fille Charlotte, sept ans, et espère pouvoir lui montrer combien elle l'aime et regagner son affection.

En déroulant la chronologie de ce moment dans un roman aussi court que saisissant, Alice Moine va nous montrer combien cette aspiration va se heurter à une réalité bien différente de ce qu'elle avait imaginé. Les indices s'accumulent pour nous montrer l'incompréhension grandissante, le malaise qui s'installe. Entre le douloureux secret de la mère, qui aimerait épargner sa fille du traumatisme, et le joyeux secret de la fille, qui a bien de la peine à le garder pour elle, vient s'immiscer ce père absent, objet inavoué de tous leurs mystères.

L'achat des billets, le passage du portique, les vestiaires et ce fichu pédiluve sont autant d'étapes de ce chemin de croix. Au lieu d'une intimité partagée, d'une complicité retrouvée, vont s'accumuler les incompréhensions. Prenons ce dernier exemple: Charlotte veut s'éviter le passage par le pédiluve qui, d'après son père, est un nid à germes, champignons et autres joyeusetés alors que pour Julie c'est tout simplement un passage obligé, une règle d'hygiène qu'un parent doit inculquer à son enfant.

L'un de leur seul point d'accord: elles n'aiment pas voir la piscine est bondée, car la promiscuité leur fait peur à toutes deux. Ces corps qui les frôlent, voire qui les touchent sont insupportables.

De quoi gâcher la surprise que Charlotte réserve à sa mère. Elle sait nager! Bien entendu, elle ne peut imaginer que cette nouvelle ne fasse pas plaisir à sa mère, qu'elle y voit plutôt la mainmise de son ex-mari et de sa nouvelle compagne.

Ce cadeau est un cadeau empoisonné qui fait ressurgir douloureusement ce mal qui la ronge et dont Témoigne la cicatrice sur sa jambe. Pourtant, elle aimerait tant oublier, effacer de sa mémoire l'agression dont elle a été victime. Mais c'est impossible.

Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, elle se force à accepter les envies de Charlotte, y compris cette partie de cache-cache dans la piscine qui lui fait tant plaisir…

L'image est aussi symbolique de leur quête. Elles se cherchent et vont finir par se trouver. L'épilogue du roman semble nous montrer qu'il n'y a rien d'inéluctable à plonger dans le malheur. Un peu comme si, après avoir pataugé, après avoir cherché sa respiration soudain le mouvement se faisait plus limpide, plus fluide.


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Les belles plantes

Je pars à la rencontre de Stella, une céramiste connue dans le monde. La vie pourrait être magnifique mais non…

Un gros poids, un manque, une absence l’empêche de vivre.

Son compagnon Joshua lui met une pression, le gain ce n’est que cela qu’il voit en elle.

Sa sœur jumelle monozygote, Laura, une jeune femme instable disparue depuis 15 ans.

Un matin va changer sa vie, un homme, un enfant à sa porte.



Ces jumelles ont une particularité qui les éloigne du monde dit normal.



Stella à travers les pages s’adresse à sa sœur qu’elle tente en vain de retrouver.

Comme réconfort elle a un verre toujours à portée de main, un ami devenu son bâton de survie.

Louna, une jeune fille que l’on croyait rebelle était juste cabossée au plus profond d’elle-même et acculée de ce trouble qui l’engloutit.



L’autrice aborde à travers ses mots couchés sur le papier, la bipolarité. Un sujet peu traité alors qu’aujourd’hui cela touche beaucoup plus de personnes que l’on pense. Le deuil aussi avec le décès de leur maman dans un terrible accident.



C’est une ode aux souvenirs d’une enfance perdue au rythme d’un relais routier.

Une belle lecture, un attachement profond entre deux sœurs.

Une écriture profonde, juste et bienveillante.



C’est le quatrième roman d’Alice Moine, j’ai bien l’intention d’en découvrir un autre….

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Les fluides

Julie est séparée de son mari (et de sa fille Charlotte dont il a la garde) depuis quelques années. Elle ne voit cette dernière qu’à de rares occasions, la faute à une situation personnelle compliquée. Elle espère que cette sortie à la piscine va la rapprocher de cette enfant qu’elle ne voit pas grandir. Mais il est difficile d’avoir de l’intimité dans un lieu si vivant et le père (et son image négative de Julie) n’est jamais loin des pensées de Charlotte. Néanmoins un événement va réunir mère fille, et cette plongée dans l’eau de la piscine va être pour Julie comme une renaissance...Un texte court, minimaliste, qui exprime avec beaucoup de justesse les conséquences d’un traumatisme et les pensées d’une femme en souffrance. Heureusement, la reconstruction n’est pas très loin : il suffit parfois de peu de chose pour reprendre confiance en soi. Merci à Netgalley et aux éditions Belfond pour l’envoi de ce roman. #LesFluides #NetGalleyFrance
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Faits d'hiver

Madame Loiret, Vincent, Mina, Carole et les autres…

Qu’ont-ils en commun ? Une même adresse, plus pour longtemps d’ailleurs car leur immeuble va être détruit par une explosion de gaz.

Est-ce un roman choral ou un recueil de nouvelles que nous propose Alice Moine ?

En poussant la porte de dix appartements elle nous livre dix histoires, dix tranches de vies. On y découvre entre- autre, une jeune femme sortant d’une rupture, un jeune homme, Mathieu, en rendez-vous chez son psychanalyste ou encore Mina, dans un chapitre particulièrement drôle, elle a pour un week-end la charge du bébé d’une amie et s’en trouve bien embarrassée.



J’ai eu une très agréable surprise à la lecture de ce premier roman. Une histoire, ou plutôt des histoires originales servies par une écriture simple et rythmée.

Alice Moine a un talent certain et je serai attentive à son prochain roman.

Merci à Babelio et aux Editions Kero pour cette découverte.

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Mère nature

Mal préparé et/ou mal vécu, un accouchement peut se révéler psychologiquement destructeur comme en témoigne l'héroïne de ce roman, maquilleuse pour le cinéma. Elle (c'est son prénom) avait difficilement surmonté cette épreuve douloureuse sans le soutien de son compagnon et depuis neuf ans elle élève seule sa fille Salomé tout en ayant fait une croix sur sa vie amoureuse. Sa rencontre avec Max, un chauffeur de taxi qui la raccompagne régulièrement chez elle les soirs de tournage, éveille en Elle des sentiments qu'elle croyait disparus. Attentionné et gentil, Max se révèle le plus charmant des amoureux et Elle commence à envisager une relation plus durable.

L'annonce d'une grossesse non souhaitée la plonge dans une terrible angoisse mais elle décide de garder cet enfant tout en radicalisant sa position par rapport à l'accouchement traditionnel. Elle ne veut plus de tout ce carcan administratif et médical imposé aux femmes et prône un accouchement sans suivi médical (Freebirth) au grand dam de son entourage.

Cette décision et surtout les difficultés à la mettre en œuvre font le cœur du roman qui déroule les neuf mois de grossesse incluant les inquiétudes, les espoirs, les découragements, les souvenirs. Ce sera également pour Elle l'occasion de renouer avec sa propre mère et de trouver enfin un équilibre familial apaisé.

Le tout sous les yeux de Salomé, une petite fille d'une incroyable maturité qui du haut de ses neuf ans, pose sur la situation un regard à la fois lucide (la situation internationale, la guerre et l'urgence écologique l'inquiètent terriblement) mais aussi tendre et amusant qui dédramatise cet émouvant roman.
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Les fluides

Julie est une femme mal dans sa peau. Son mari l’a quittée et elle n’a plus la garde de sa petite fille Charlotte de sept ans. Il faut dire que Julie a commencé à sombrer lors d’un séjour en vacances avec Paul, l’homme avec qui elle était alors mariée, et leur petite fille. Quel événement a bien pu perturber à ce point le quotidien de Julie ? C’est lors d’une sortie à la piscine municipale avec Charlotte que tous ces événements vont refaire surface.



Ce court roman, à la frontière de la nouvelle, a été pour moi un véritable coup de cœur. Comment Alice réussit-elle, au travers d’une scène quotidienne comme une sortie en piscine entre une mère et sa fille, à distiller autant de profondeur ? Je ressors vraiment sonnée de ces pages et avec des questionnements plein la tête.



Julie aura vécu un drame terrible, mais pour ne pas fissurer sa famille, elle décidera de se taire. Elle est loin d’imaginer que c’est justement ce silence qui va provoquer la rupture irréparable dans ce couple. Il est impossible, pour nous, lecteurs, de ne pas ressentir de regrets par rapport au choix de Julie. J’ai eu tant d’empathie pour elle.



Le roman est remarquablement construit. Chaque chapitre décrira une partie de la sortie en piscine et il est impossible de ne pas y voir un parallélisme avec le tourment intérieur de Julie, qui la ronge profondément depuis si longtemps. Cela commence par la peur, pour terminer par l’affirmation de soi, que ce soit cette journée de piscine, tout comme l’histoire personnelle de Julie. C’est un roman construit de manière très intelligente.



La plume de l’auteure m’a totalement séduite. Elle est élégante et sensible et l’auteure réussit à nous faire ressentir les émotions, le tout en très peu de pages, ce qui rend la tâche très compliquée. Les chapitres ne sont pas très longs, et chacun raconte donc l’étape de cette sortie en piscine.



Un roman puissant et qui ne peut laisser son lecteur indifférent. Au travers d’une construction narrative, l’auteure va nous narrer la reconstruction d’une jeune femme suite à un drame qui a bouleversé son quotidien. Un roman à ne pas manquer.
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Les fluides

Quelques heures à la piscine pour retisser le lien mère-enfant qui s'est délité entre Julie, la mère, et Charlotte la fille. Séparée depuis plusieurs années du père de sa fille, Julie tente de se reconstruire après un événement traumatique.

La jeune femme met plein d'espoir dans ce temps commun passé à la piscine avec sa fille, dont elle est si éloignée aujourd'hui. Comment renouer avec elle, quand le passé ressurgit à chaque instant ?

Un joli texte & une belle plume pour évoquer avec beaucoup de finesse le traumatisme que cette femme, mère a tu.

La souffrance, l'espoir & la reconstruction....

Merci à Netgalley & Belfond
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Faits d'hiver

Ce premier roman est admirablement bien écrit. Les mots sont toujours justes et le style, rythmé, tient en haleine.

Il regroupe ici dix histoires différentes narrées à la première personne; dix tranches de vie appartenant aux dix locataires d'un immeuble qui va, dans quelques instants (c'est-à-dire à chaque fin de chapitre) subir une explosion suite à une fuite de gaz.

Dans aucun des chapitres, nous ne savons quel sera le sort du protagoniste qui s'exprime; mais nous connaissons ses actes et ses pensées juste avant le moment crucial et devinons quelles seront les conséquences de l'accident sur son futur ou celui de son entourage. Alice Moine écrit de manière à permettre au lecteur de se faire des conjectures tout à fait cohérentes avec ce qu'elle a inventé au départ. C'est très habile!
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Faits d'hiver

Fait d’hivers, c’est comme un recueil de nouvelles, comme des scènes de vies qu’une caméra fixe pourrait enregistrer dans un immeuble d’une grande ville, dans la même cage d’escalier, les jours, les heures avant l’Instant, celui où tout bascule. En le lisant, je voyais déjà des personnages, des morceaux de vie qui se percutent, se rejoignent ou se perdent à jamais, j’ai même senti cette odeur de gaz omniprésente au fil des pages.

Les situations sont décrites en peu de mots et peu de lignes, mais de nombreux sentiments sont néanmoins abordés, peur de l’autre, de celui qui est différent, solidarité, désespoir, envie, bonheur, déprime, lâcheté, solitude, tout ce qui fait la vie. Je côtoyais un médecin, un jeune homme triste, une femme abandonnée, une amie québécoise qui s’improvise baby-sitter. Je suivais tous les autres, ceux qui auraient dû y être et qui sont partis on ne sait pourquoi, hasard, prémonition, chance, pourquoi restons-nous quelque part, ou en partons nous, au bon moment, quel mystère. Il n’y a pas à proprement parler d’intrigue principale, si ce n’est ce magistral fait divers qui ici devient faits d’hiver, qui relie ces vies entre-elles. Et le lecteur suit ces voisins chapitre après chapitre, au fil des appartements, 2e droite, 5er droite, jusqu’au au rez-de-chaussée.

Faits d’hiver m’a rappelé un autre court roman que j’ai beaucoup aimé, « dix-neuf secondes » de Pierre Charras. Car tous deux évoquent des vies, avant l’instant où tout change. C’est bien écrit, agréable à lire et on s’y projette aisément, presque comme dans un film. Et si on comprend rapidement ce qui va arriver on a cependant envie de savoir, qui, quand, et comment…Mais pour ça, je ne vous en dis pas plus, à vous de voir.


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Faits d'hiver

Alice Moine est née en 1971. Elle est chef monteuse pour le cinéma et la publicité. Elle vit à Paris. Faits d’hiver est son premier roman.

Un immeuble de cinq étages dans une ville, une forte odeur de gaz et un briquet qu’on allume malencontreusement… Certains réchapperont de l’explosion, d’autres non. Mais qui sont ces gens ?

Un roman qui a tout d’un recueil de nouvelles en fait. Chaque chapitre est prétexte à nous narrer une histoire, celle de chacun des locataires des dix appartements de l’immeuble. Nous croiserons donc dans l’escalier ou l’ascenseur, madame Loiret vieille femme acariâtre toujours « à regarder les autres, à jalouser leur vie, à disséquer leur âme », Vincent qui vient de perdre son demi-frère, l’homosexuelle québécoise du 1er gauche ou bien l’héritier de Mr Rouves le vieil homme qui logeait au 4ème. Pour lier le tout, chaque texte ou presque se passe le témoin discrètement par une évocation rapide, une réflexion d’un locataire à propos d’un autre…

Il s’agit d’un premier roman – globalement satisfaisant, sans plus, pour l’intrigue - mais Alice Moine montre tous les signes d’un talent riche en promesses. L’écriture est impeccable, le rythme, le choix des mots. Ses portraits de personnages de milieux socioprofessionnels divers sont plutôt réussis, j’ai particulièrement aimé le chapitre avec le synergiste, une critique de nos vies de dingues dans ce monde moderne, et celui avec Eric le journaliste, extrêmement émouvant.

Tous les chapitres débutent un peu de la même manière, c'est-à-dire mystérieusement, car les personnalités de chaque acteur ne se révèlent que lentement, certains n’ont même pas de nom, et le texte dans son ensemble baigne dans une sorte de flou artistique, joliment maîtrisé, qui donne un cachet certain à cet ouvrage.

Si je vous conseille ce roman, c’est pour que plus tard quand Alice Moine sera très connue, vous puissiez dire dans les dîners en ville, « Moi, je la lis depuis son premier bouquin ! ».

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La femme de dos

Alice Moine est chef monteuse pour la publicité et le cinéma. Pour son 2e roman, elle a choisi d'installer une intrigue à suspens au coeur de son univers professionnel. Jane, directrice de casting parisienne, doit trouver celle qui sera l'interprète principale du film de Telo Ruedigger, un photographe d'art de renommée mondiale dont personne ne connait le visage. Les oeuvres de l'artiste dégagent un grand pouvoir émotionnel et bouleversent Jane, qui croit reconnaître dans l'un des clichés de ce photographe une photo d'elle-même de dos, prise des années auparavant par son grand amour de jeunesse, disparu subitement. Dès lors commence pour Jane, en même temps que la quête de la jeune fille qui sera le visage du film, un douloureux retour sur son passé, sur ses liens difficiles avec sa mère, sur son enfance et son adolescence solitaires dans la grande villa familiale et sur un mystérieux accident qui la laissera à jamais marquée dans sa chair et dans son âme.

Un roman qui ne restera pas longtemps dans ma mémoire, mais une heureuse découverte néanmoins. Il se lit très vite et il tient ses promesses, à savoir un bon suspens et une progression captivante vers un final à la hauteur.

Harry Québert et sa vérité m'ont injecté moins d'adrénaline littéraire, c'est dire si cet ouvrage reste une bonne petite chose à déguster au coin du feu.

L'ennui vient des personnages, tracés à la grosse louche, et aux relations caricaturales qu'ils entretiennent entre eux. On ne croit pas un instant à la réconciliation mère-fille finale, après des années de banquise et un coma dont on voit mal comment il aurait pu voir se régler un passif aussi lourd juste parce que la fille a la bonne idée de parler à la mère dans son sommeil... Quand au personnage d'Etienne Barthes, on imagine mal comment cet architecte qui fut riche et comblé, dominateur et dissimulateur, craque subitement en public au point de se jeter sur une jeune fille qui le tentait presque 30 ans auparavant... (et qui en a donc 30 de plus elle aussi)...

Mais il ne faut pas bouder son plaisir, et pour quiconque cherche une bonne lecture de vacances... en voici une !

Merci à Babelio et à Masse critique pour cette découverte





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Faits d'hiver

Dommage, l'idée était bonne. Ce principe de "roman choral" qui met en scène des personnages qui a priori n'ont rien en commun mais vont simplement être concernés par le même événement à un instant T (en l’occurrence une explosion due au gaz dans un immeuble cossu) : l'occasion de tranches de vies, d'histoires personnelles et d'interrogation sur la destinée (certains s'en sortent, d'autres pas). Le problème c'est que l'exercice est compliqué et que là, la réalisation fait pschitt. Personnages trop flous, histoires banales... Difficile de s'intéresser à eux. Et puis me trottaient dans la tête 2 réussites totales dans le genre, Providence de Valérie Tong Cuong et surtout le superbe Dix-neuf secondes de Pierre Charras...

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Les fluides

"Les fluides" est un roman très court - à la frontière de la nouvelle - mais intense et troublant, et dont on ne sort pas indemne. 



Comme le mentionne le résumé présent sur la 4ème de couverture, Alice Moine nous entraîne sur les traces de son héroïne, Julie, et de son impressionnante évolution au fil des pages :



"Cet après-midi-là, Julie passe quelques heures à la piscine municipale avec Charlotte, sa fille de sept ans dont elle n’a plus la garde. Ce moment privilégié est une chance pour elle de regagner le cœur de Charlotte et elle voudrait tout bien faire. Mais, dans le bassin, ses angoisses remontent à la surface. Rien ne lui paraît plus difficile qu’être mère.

Car, depuis trois ans, Julie surnage. Un épisode du passé qu’elle a gardé secret l’a plongée dans un profond désarroi. Comment prendre soin d’un enfant quand l’horreur obsède l’âme ?

Pourtant, ce jour-là, tandis que Charlotte multiplie les prouesses dans le grand bassin, quelque chose se produit, qui va tout changer."



Dans ce récit intimiste, l'auteure décrit avec délicatesse les conséquences d’une agression subie par Julie, et surtout de son mutisme à ce sujet.

Car "Les Fluides" est avant tout une histoire de silences : ceux d’avant, ceux observés durant l'agression, et ceux d’après...



De sa plume élégante et sensible, au travers d’une construction narrative, l'écrivaine va nous livrer la reconstruction de cette jeune femme, après ce drame ayant bouleversé son quotidien.

Chaque chapitre décrit une étape de la sortie en piscine entre mère et fille, et offre un parallèle entre cette activité et le tourment intérieur de Julie. 

Les mots justes et percutants d'Alice Moine suscitent immédiatement, chez le lecteur, de l'empathie pour l'héroïne, et l'invitent à assister avec émotion à sa véritable renaissance. 



La fin du livre démontre en effet qu’il n’y a rien d’inéluctable à plonger dans le malheur. Cette histoire de résilience, vue sous l'angle de la relation mère-fille, prouve, s'il est besoin, la puissance de l'amour, au sens large.



Bref, j'ai beaucoup aimé ce roman qui, bien que le principal thème abordé soit assez grave, est lumineux et plein d’espoir...
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Faits d'hiver

J’ai gagné ce roman lors de la dernière Masse critique de Babelio alors… merci Babelio ! Merci aussi aux éditions Kero !



Pourquoi ai-je coché ce livre ?



Pour sa couverture. Ouais je sais, c’est con. Mais voir ces fenêtres d’immeuble illuminées alors que la nuit tombe doucement autour, c’est une image qui me parle. Le titre, quant à lui, ne m’a pas attirée plus que ça. Je l’ai même trouvé insignifiant.





Bon, évidemment, j’ai également été attirée par le principe : l’auteur nous raconte la vie d’un immeuble. Chaque chapitre a son protagoniste. Parfois, d’un chapitre à l’autre, on croise furtivement le « héros » du chapitre précédent.





En somme, Faits d’hiver est un roman « choral »… Disons qu’il s’agit presque d’un recueil de nouvelles avec un fil conducteur : une fuite de gaz et une explosion qui va tous les stopper à un moment particulier de leur vie.



…ça a l’air bien hein ?



Ma lecture, mon avis





J’ai plutôt bien aimé le style d’Alice Moine. Son écriture est claire, nette et précise tout en ayant ce petit je ne sais quoi de poétique dans sa formulation des phrases. C’est résolument moderne, souvent flou, mais apparemment maîtrisé.





Bon. J’avoue que j’ai trouvé les débuts de chapitres assez abrupts. A chaque fois, on débarque chez le personnage concerné sans transition. Il faut faire fonctionner son cerveau pour saisir et imaginer quel genre d’homme ou de femme on a devant soi… pour abandonner ces mêmes personnages au bout de quelques pages seulement.





Malheureusement, je n’ai pas réussi à vraiment m’intéresser au destin de ces différents personnages. On nous a vendu le livre comme le récit « des joies et des peines » des habitants de l’immeuble, moi j’y ai surtout vu le récit de leurs peines, de leurs névroses, de leurs regrets et tout ce que vous voulez… alors qu’à la base, je pensais tomber sur un bouquin un peu à la Amélie Poulain. Vous voyez le décalage ? Quelque part, cette lecture a donc quelque chose de terriblement plombant. Vous allez me dire, c’est dans l’air du temps, tout le monde se plaint de tout et traîne sa croix blablabla.





Seule belle rencontre vers la fin du livre : Carole, dans le chapitre 5ème droite. Cette femme de 39 ans se fait plaquer après avoir vécu une relation fusionnelle avec Fred pendant plusieurs années. Profitant d’une soirée costumée, elle s’introduit dans l’appartement qu’il partage avec sa blondasse et va se venger… à sa manière. Même si l’histoire n’a, en réalité, rien de drôle, j’ai beaucoup aimé le récit jouissif de cette soirée !





Au début de l’ouvrage, le journaliste qui a assisté à l’accident de Marianne a lu aussi quelque chose d’émouvant. C’était ma seconde histoire préférée. C’est également l’une des plus tragiques (ben ouais, on est pas là pour rigoler vous l’aurez compris !).



Pour conclure





Faits d’hiver est loin d’être un mauvais roman. Je l’ai trouvé très honnête, très facile à lire, très rapide à lire aussi… ce qui n’est pas rien. Je l’ai vite gobé et je n’ai pas été tenté de le laisser de côté. Mais il n’est pas original pour un sou. Je ne dis pas que les personnages sont clichés…juste que ce que leur récit de vie est anecdotique et s’oubliera vite !
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Les fluides

"Le corps de Julie est une armure. Ses capitons des soldats qui repoussent l'assaillant. Est-ce pour créer de la distance entre elle et le reste du monde que Julie a tant grossi en si peu de temps ?

Julie a grossi pour ne pas couler."



En peu de temps Julie a tout perdu: son mari qui n' a pas su comprendre le brutal changement de sa femme, tant psychologique que physique, sa fille, son emploi.

Bien qu'angoissée, Julie tente de renouer avec sa fille et de profiter d'un moment d'intimité à la piscine municipale, moment dont les différentes étapes obligatoires scandent le récit.

Très vite, le lecteur devine la nature de ce qui a provoqué le repli sur elle de Julie et souffre avec elle d'une série de micro humiliations qu'elle subit à la piscine, jusqu'à ce qu'un incident vienne changer la donne.

Alice Moine analyse avec finesse la zone grise que peuvent prendre certaines formes de non-consentement non clairement exprimés, le déni masculin, la honte ressentie par la victime et les conséquences désastreuses que cette agression peut entrainer.
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Les fluides

Une mère et sa fille vont à la piscine. Elles se déshabillent, enfilent un maillot, passent sous la douche, tentent d'éviter le pédiluve, se baignent, se redouchent et se rhabillent. Voilà, en quelques mots le résumé de ce court roman. C'est tout ? C'est une rédaction de CM1 ? Non, bien sûr que non, mais un petit texte, qui, au fil des pages, viendra éclairer doucement les personnages. La mère surtout car sa petite fille de 7 ans restera jusqu'au bout vaguement tête à claques. Les premières fêlures apparaissent dès les premières pages rendant cette sortie à la piscine bien moins festive que prévue. Une séparation qui a laissé de nombreuses traces, pas que dans la tête, des liens à reconstruire avec une enfant élevée par son père, un incident passé dont la douleur sourde s'est conjuguée avec celle du divorce, vont donner au roman un ton nettement plus profond.

C'est le portrait d'une femme cabossée, au bord de la rupture sociale, dont ce passage apparemment anodin dans une piscine va pourtant faire bouger les lignes d'une vie ayant pris une mauvaise direction. Le roman ne se noie pas dans une psychologie de bazar, flotte plutôt entre deux eaux, choisissant la délicatesse d'une caresse aquatique à celle de la nageuse à gros bras. L'histoire simple prend toutefois un peu d'épaisseur et reste agréable à lire sans vraiment accéder au grand bassin littéraire.
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Mère nature

PAROLE LIBÉRÉE

Alors enceinte d'un père déserteur, Elle Faure donne naissance dans la brutalité.



Des années plus tard, de nouveau enceinte, Elle est confrontée à de multiples dilemmes. Comment vivre une nouvelle grossesse après un premier accouchement où sa dignité semble avoir été bafouée?





Comment enfanter en 2020 dans un monde dominé par le COVID, la surpopulation, la pollution et la guerre en Ukraine ?



Elle part en quête de méthodes alternatives et fait le choix radical de mettre au monde cet enfant sans aucunes aides médicales et à domicile.



Son premier enfant, Salomé a aujourd'hui 9 ans. Curieuse et en avance sur son âge, elle possède déjà une vision sombre et réaliste du monde absurde qui l'entoure, et personne pour répondre à ses questions. Elle s'inquiète de la venue au monde d'un bébé dans une société qui saccage la nature, où la guerre est aux portes de l'Europe...



Ce roman retrace les neufs mois de la grossesse d'Elle, en alternant les voix de deux narratrices, la mère et la fille portant en elles leurs craintes silencieuses.



Un roman sensible et engagé sur le respect des droits des femmes et du libre arbitre de chacun pour mettre au monde un enfant.



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Les fluides

Les fluides est un roman touchant dont l’héroïne, Julie, passe à côté de sa vie depuis quelques années.

Une sortie avec sa fille à la piscine lui permet de faire le point sur tout ce qu’elle a perdu, ce qu’elle est devenue et surtout ce qu’elle souhaite pour son avenir et celui de sa fille.



Des mots plein de pudeur pour dire le viol et ses conséquences dans la vie de cette jeune femme. Une victime qui s’enferme et se terre dans le silence jusqu’à perdre son mari et s’éloigner de sa fille. Un bouleversement qui va détruire sa vie. Mais c’est surtout un message positif pour dire que tout est encore possible pour les victimes.





« Faute de n’avoir rien osé dire, Julie avait cédé sa place à cette autre femme. A quoi bon contempler le désastre quand tout est définitivement perdu ? »
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