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Critiques de Alison Lurie (148)
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La Commode

Etoiles Notabénistes : ******



The Highboy

Traduction : Céline Schwaller pour le recueil "Femmes et Fantômes" dont cette nouvelle est extraite



ISBN : inconnu pour la nouvelle mais 9782743600372 pour "Femmes et Fantômes"



Tous les genres ont payé leur tribut à la nouvelle, en particulier le fantastique et le policier - il existe, par exemple, plusieurs nouvelles dont le commissaire Maigret - pour ne citer que lui - est le héros. Alison Lurie semble, pour sa part, témoigner d'un faible accentué pour le fantastique. Et ses textes en la matière sont de véritable petits bijoux, à recommander à tous, surtout si l'on n'aime pas le "gore".



Prenez "La Commode" par exemple. Du "gore", si à la mode à notre époque, Lurie en aurait pu tirer de pratiquement chaque tiroir - et Dieu sait si ce meuble grincheux et susceptible en a, des tiroirs ! En effet, cette commode flanquée d'un haut qui évoque, en plus grossier, un grand bicorne napoléonien, vient, par des chemins probablement bien sinueux et encore plus sombres, de Salem la Maudite, ville illustre pour une tragique histoire de jalousies féminines où le vent d'un puritanisme outrancier et soupçonneux alluma des bûchers sur lesquels périrent plus d'innocents que d'adorateurs de Satan. Imaginez donc un peu ce que pareille ascendance, certifiée conforme par un expert en plus, eût apporté à l'auteur en matière de "gore" ! ...



... Sanglant, hein ? Et moche, assurément parce que, pour faire du gore élégant et subtil, qui ne tache ni les tapis, ni les rideaux de douche, il faut vraiment être doué ou alors y aller carrément en trichant avec une habileté consommée, comme Maître Hitchcock dans "Psycho" ! ;o)



Pour en revenir à notre récit, disons tout de suite, parce qu'il nous semble que la chose a son importance, qu'il nous est raconté par la narratrice mais que celle-ci se contente de nous rapporter ce qu'elle entend elle-même dire sur la fameuse commode par son amie, Buffy Stockwell. On est en fait dans une sorte de couloir qui répercute des échos sinistres mais non dénués d'humour : Buffy bichonne et vit avec la commode dont elle a hérité et parle du meuble à son amie, Janet, laquelle semble avoir vu très rarement de près l'objet favori des conversations de Buffy.



Bien que riche, Buffy n'est pas ce que l'on pourrait appeler une lumière. Sa seule passion, ce sont les beaux meubles, la belle vaisselle, les antiquités parfois quand son budget, qui a tout de même certaines limites, le lui permet. Cette passion du Beau dans le Meuble et la Vaisselle est, pour ainsi dire, une obsession de famille. D'ailleurs, dans la génération précédente, la commode appartenait à la tante Betsy Stockwell, qui n'arrêtait pas de la lustrer et de la briquer avec l'application et le respect qu'un croyant authentique apporte à entretenir l'autel de ses ancêtres. Tante Betsy ressentait, semble-t-il, un véritable amour, à tout le moins une véritable fascination pour la commode au chapeau de gendarme. Elle en parlait comme elle l'eût fait d'un être humain. Ainsi, certains jours, quand il arrivait qu'un tiroir se bloquât ou s'ouvrît avec plus de difficultés, la vieille dame affirmait que la commode "boudait" parce qu'elle n'avait pas été suffisamment bien cirée, ou parce que quelqu'un ou quelque chose lui avait déplu ou l'avait "vexée."



Chez les amoureux de meubles anciens - après tout, la commode de tante Betsy avait certainement célébré ses deux siècles d'existence depuis longtemps - cette façon de parler est assez normale. Entre initiés d'ailleurs, cela ne choque pas. Pas plus que la façon dont les aficionados des livres parlent de leurs chers amis, sur leurs étagères ou dans leurs piles ou leurs cartons ... ;o) Mais Janet, notre narratrice, n'est pas précisément une amoureuse des vieux meubles. Elle et son mari préfèrent le moderne et ont une sainte horreur du Chippendale. Et puis, pour eux, un meuble n'est qu'un meuble.



Bien entendu, depuis le temps qu'elles se sont liées d'amitié, Janet s'est habituée à la manière qu'a Buffy de parler de ses meubles adorés. Et elle comprend fort bien sa déception lorsque, à l'ouverture du testament de tante Betsy, elle apprend que la commode si chère au cœur de son amie a été léguée à Jack, le frère de Buffy. Certes, comme s'essaie, de manière presque touchante, à se convaincre elle-même Buffy, Jack est désormais le chef de famille, le détenteur du nom ... Mais tout de même ... Elle eût tellement préféré recevoir la bien-aimée commode et non pas le service à thé Tiffany's, au demeurant magnifique, qui a été son lot ...



Dans cette nouvelle plutôt courte, les faits et gestes de la commode de défunte tante Betsy - qu'ils soient réels ou que lui prête tout simplement l'imagination des humains qui l'entourent - occupent pratiquement chaque page. Par l'intermédiaire fidèle mais parfois bien las qu'est Janet, on n'a pas de mal à se la représenter, toute pimpante malgré ses deux-cents ans, choyée et chouchoutée, dans le vaste salon de tante Betsy. Puis on songe, avec compassion, aux horreurs qu'elle a dû endurer lors de son emménagement chez Jack où, de toutes façons, elle ne se plaît pas du tout. C'est que l'épouse de Jack n'a aucun sens du ménage, encore moins de la manière de traiter une commode de cette valeur, de cette prestance, de cette beauté ...



C'est à ce moment-là de l'histoire que Janet entend pour la première fois parler des "bouderies" dont la morte taxait déjà son meuble favori et avec quel soin elle veillait à ne pas la "vexer." Et c'est aussi à partir de cette époque, où culminent les plaintes larmoyantes de Buffy, que Janet et son mari lui suggèrent avec bon sens de proposer à son frère l'échange du service à thé contre la commode. Après quelques pourparlers, la transaction s'effectue sans difficulté et le lecteur peut espérer que, mis à part quelques blocages de tiroirs intempestifs - après tout, la commode a deux-cents ans, tout de même ! - tout va redevenir comme avant, du vivant de tante Betsy.



Car nul ne s'entend comme Buffy pour veiller sur la chère vieille commode de la non moins chère tante Betsy ! Personne d'ailleurs ne se permettrait d'en douter. Pas même, en bonne logique, la principale intéressée, c'est-à-dire le cher vieux meuble lui-même !



Pourtant, lecteur, le dénouement est encore loin et nous procurera une chute aussi imméritée qu'inattendue pour la pauvre Buffy. Quant à savoir si tout ce qui s'est dit tout au long de ces pages sur un meuble que, de notre côté, nous entrevoyons à peine et toujours par le regard d'autrui, est exact ou non, nous vous laissons vous en faire votre idée personnelle. Tout ce que nous sommes à même de vous révéler, c'est que, à la dernière page, Janet la Sceptique, elle, n'a plus aucun doute ...



A la fois allègre et naturel, le style évoque, on ne sait trop pourquoi, les sautillements de l'une de ces musiques qui accompagnaient les films muets. Avec ces tremolos, qui nous font maintenant sourire bien plus qu'ils ne nous émeuvent, et qui ponctuaient les instants dramatiques, et cet humour pince-sans-rire qui soulignait le comique, parfois cruel, de certaines situations. L'auteur se délecte, visiblement, avec cette histoire dont la logique et la cohérence rehaussent, de manière paradoxale, les étrangetés qui servent de parures à cette authentique et mystérieuse diva qu'est la commode.



Ces curieux joyaux sont-ils réels ou ne sont-ils que purs fantasmes créés par les différents possesseurs du meuble, à vous, répétons-le, de le décider. Cependant, ne vous perdez pas trop longtemps dans leur contemplation : Salem ou pas, cette commode possède quelque chose d'hypnotique et de malveillant qui pourrait bien vous être fatal ... ;o)

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Femmes et fantômes

Etoiles Notabénistes : ******



Ilse's House

Traduction : Céline Schwaller pour Rivages - Bibliothèque Etrangère



ISBN : Inconnu mais 9782743600372 pour "Femmes & Fantômes" dont est tirée cette nouvelle



Alison Lurie, qui commença à se tourner vers l'écriture dans les années cinquante et, malgré de très nombreux refus d'éditeurs, se cramponna à son désir jusqu'à percer enfin dans le métier et même y obtenir le Prix Pulitzer en 1984, est surtout connue pour ses romans. le plus célèbre d'entre eux, en France, reste "La Vérité sur Lorin Jones", Prix Fémina étranger 1988. Et vous trouverez certainement des fiches relatives à au moins deux des ses essais sur la littérature enfantine dans notre rubrique "Biographies et Documents sur La Littérature et les Arts."



Par ailleurs, Lurie nous a également concocté quelques recueils de nouvelles dont "Femmes et Fantômes", qui ne traite que de l'intrusion de l'Au-Delà dans la Réalité. Vous en trouverez une fiche globale dans notre rubrique "Terreur ...", l'une des plus ancienne fiches de ce Forum-Bibliothèque, si mes souvenirs sont bons.



C'est d'ailleurs "La Maison d'Ilse" qui ouvre ce recueil dans lequel, je tiens à le rappeler, je n'ai lu que des textes de très haute tenue pour le genre abordé. On retiendra avant tout de cette première nouvelle une impression marquante de froid et de solitude car l'action se situe dans une grande ville américaine de l'Est, en hiver, alors que la neige rôde ou s'étale, avec son éblouissante et trompeuse insouciance, sur les trottoirs, les pelouses, les voitures ... Et pourtant, le climat intérieur est chaud, brûlant même. Nous tombons en effet en pleine idylle, une idylle quasi parfaite, à fort peu de détails près, entre Gregor Spiegelman, professeur d'Histoire économique des Balkans à l'Université du lieu et par ailleurs Directeur d'Etudes à ladite Université pour on ne sait trop combien de projets, et Dinah, une courtière d'un nombre conséquent d'années sa cadette (Greg, comme elle l'appelle, a cinquante-quatre ans), qui a, de son côté, tout aussi brillamment réussi dans la finance.



Leur liaison dure depuis déjà pas mal de temps et Dinah passe de plus en plus de nuits et de week-ends dans la grande et fort belle maison que son amant - fortune et statut social obligent - possède en banlieue. le lieu est à l'image de leur relation : idyllique quoique un peu isolé. Mais enfin, comme cela, il n'y a pas d'intrus pour venir les embêter, n'est-ce pas ?



Cependant, un dimanche matin que Dinah, s'étant levée un peu plus tôt pour préparer à son Bien-Aimé un authentique petit-déjeuner à l'Américaine - il prétend en effet n'en avoir jamais goûté qui mérite ce nom - pénètre dans la cuisine encore plongée dans une demi pénombre et bien close, elle distingue, dépassant d'une anfractuosité située entre un réfrigérateur et l'évier (ou entre deux meubles, je ne me rappelle plus très bien), une paire de jambes emprisonnées dans un gros collant de laine grise et s'enfonçant dans deux ballerines de toile noire, toutes usées. Sous le choc, la jeune femme fait un bond en arrière, allume le plafonnier et se précipite. Trop tard, bien sûr : en supposant qu'il y ait eu quelqu'un, la personne, en tout cas, s'est envolée.



Dinah, qui a accepté depuis peu la demande en mariage que lui a adressée fort solennellement son prétendant quinquagénaire, préfère ne pas évoquer l'incident. Mais cet événement inquiétant, le visage aux traits fripés et malheureux de la toute petite bonne femme assise par terre et comme coincée dans ce trou entre deux éléments de cuisine, continuent à la hanter. Elle en arrive à la conclusion qu'il s'agit du spectre de la première épouse de Grégor, Ilse, une Tchèque qu'il avait eue jadis pour élève et qui, ne pouvant s'habituer ni au rythme ni aux coutumes de la civilisation américaine, avait préféré divorcer pour rejoindre sa Tchécoslovaquie natale. La seule et unique fois où Gregor avait évoqué Ilse, il l'avait fait avec tristesse, déplorant que, malgré tous les efforts de la jeune femme et malgré tous ceux, éreintants, qu'il avait faits de son côté pour l'aider, malgré tout son amour et malgré toute sa détermination, il n'était pas parvenu à rétablir la situation et à la dissuader de divorcer. Evidemment, Ilse était étonnamment têtue et quand elle avait une idée dans la tête ... Mais quel gâchis tout de même - bien que, à bien y regarder, ce fût elle qui, bien plus lourdement que Greg, en portât la responsabilité ...



Bien entendu, vous vous en doutez, l'apparition remet ça, non pas une mais plusieurs fois. Jamais, notez-le bien cependant, lorsque Dinah est sur ses gardes : toujours lorsqu'elle s'y attend le moins. A bout de nerfs, Dinah demande alors à Greg de vendre la maison. Celui-ci, qui n'y comprend goutte, s'y refuse. Après tout, depuis le temps, il a tiré une croix sur son lointain premier mariage et, dans cette maison par ailleurs si pratique, il a aussi connu de bien bons moments. En dernier recours, Dinah se résout à lui demander de faire construire un petit placard dans la cuisine, là où apparaît toujours la femme en ballerines noires. On ne sait trop d'ailleurs pourquoi Dinah s'imagine à tout prix qu'elle a affaire d'une part à la première épouse de Greg, d'autre part pourquoi elle est persuadée de sa mort. Certes, on entre bien dans l'esprit de Dinah mais, pour songer à ce qu'il lui arrive, elle parle de jalousie éprouvée par Ilse si elle est morte (on vit si mal, de l'autre côté du Rideau de Fer) et, si elle est vivante, de la possibilité pour elle, toujours sous l'effet de la jalousie à l'approche du remariage de Greg, d'expédier aux USA, pour dissuader la future seconde épouse de se lancer dans l'aventure, une espèce de corps astral. Nul n'ignore que certaines personnes en sont capables. Pourquoi pas Ilse ?



Deux points sont à remarquer sur les cogitations pour le moins curieuses de Dinah : d'abord, elle ne s'interroge pas sur la manière dont Ilse serait morte et encore moins, si elle est toujours en vie, sur la façon dont elle aurait pu apprendre le remariage de son ex-époux ! Enfin, il ne me semble pas avoir lu quoi que ce soit sur des pratiques shamaniques ou extra-sensorielles dont Ilse aurait eu l'habitude et que Greg aurait rapportées à Dinah ...



Pour apaiser sa future, Greg consent à faire construire le fameux placard. Provisoirement satisfaite et pour bien marquer son territoire, Dinah y range immédiatement une foule de choses. Mais, quand elle en ouvre la porte pour en reprendre certaines, que voit-elle ? Bingo ! La petite bonne femme aux ballerines noires et aux collants gris, aux traits si tristes et tout chiffonnés, mais plus petite que d'habitude, comme si elle avait adapté sa taille à ce que lui laissaient de place les montants et les étagères du placard ...



Sonne alors pour Dinah l'heure de tout expliquer à Greg. Et alors, là ...



Alors là, mes amis, je préfère ne pas vous raconter. Permettez-moi de clore cette modeste fiche par le pendant au fameux proverbe (parfait d'ailleurs pour Greg) "Tout ce qui brille n'est pas or", à savoir "Tout spectre n'est pas forcément animé de mauvaises intentions ..."



Méditez là-dessus et, si "La Maison d'Ilse" vous plaît, sachez que nous reparlerons fatalement, un jour ou l'autre, de "La Commode", autre nouvelle fantastique due à la plume d'Alison Lurie. D'ici là, bonne lecture et cogitez bien - allez jusqu'au bout de vos pensées, ce que n'a pas osé faire la pauvre Dinah. ,o)

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Un été à Key West

J’ai été très agréablement surprise par ce roman qui traînait sur mes rayonnages depuis quelques temps sans que je ne lui jette un regard. Finalement, je m’y suis plongée en cette fin juin et je ne le regrette pas (peut-être que c’est l’atmosphère des vacances qui m’a attiré cette fois-ci !). C’est le premier livre d’Alison Lurie que je lis, mais certainement pas le dernier : l’écriture est agréable, l’histoire est prenante et les personnages attachants. Cela m’a fait penser à l’ambiance des Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin que j’avais également adoré à l’époque. Cette tranche de vie de ces personnages sommes toutes assez hétéroclites (retraités, homos, veuves, touristes…) même s’ils aspirent tous à fuir quelque chose (la chaleur, la réalité, la ville, les soucis…), est très bien rendue et donne envie de s’exiler dans un tel lieu de villégiature coupé de la « vrai vie » et de son cortège de contraintes. Je ne peux que penser à mes chères îles grecques...
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Conflits de famille

Ce roman qui se déroule dans les années 70 est bien écrit et l’atmosphère de l’époque est très bien rendue. La façon de raconter l’histoire est originale puisque tour à tour l’homme et la femme raconte son quotidien pendant la crise conjugale qui décime leur couple. Les enfants ados rebelles sont exécrables, le lot de la femme est de s’occuper de la maison et des enfants (très bonne description d’un quotidien que beaucoup de femmes ont du partager à l’époque !) et celui de l’homme est de travailler pour nourrir sa famille, ce qui l’autorise à ne rien faire à la maison et à trouver normal que tout le monde soit aux petits soins pour lui… En toile de fond, la vie universitaire (le mari est professeur), avec ses rites biens particuliers. Mais dans le même genre, j’ai souvenir d’avoir lu des romans de David Lodge beaucoup plus savoureux…
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Liaisons étrangères

Aucune ressemblance entre Vinnie Miner et Fred Turner lorsqu'ils arrivent à Londres si ce n'est le departement litterature de l'université amaricaine dont ils sont issus. L'une, au physique peu attirant aborde Londres pleine d'espérance avec l'impression de rentrer chez elle alors que le second, débordant de charme, rumine sa première défaite sentimentale.

Au gré de la plume sans concession et pleine d'humour d'Alison Lurie, on découvre Londres à travers le regard de ces américains si différents ; les préjugés des uns (les amis de Fred) sont immédiatement revisités par le bien-être de Vinnie ; elle met de la distance avec le milieu surfait d'artistes et d'intellectuels anglais dans lequel ils naviguent alors que lui tombe sous le charme sans le moindre recul....

Comme après toute plongée un peu durable dans un "autre univers", ils répartiront avec un regard différent sur eux-mêmes, sur leur vie et leur avenir.

Une lecture très agréable d'un ouvrage fort bien écrit !
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Des gens comme les autres

Ce roman nous présente une petite communauté artistique vivant dans des conditions apparemment idylliques dans laquelle une intruse va semer le trouble, sans que l'on sache si cela est délibéré et machiavélique ou tout simplement circonstanciel.

J'ai vraiment apprécié les œuvres d'Alison Lurie que j'ai lues précédemment, son écriture subtile et ses observations pertinentes me semblaient sonner juste.

Malheureusement cette fois-ci, bien que le thème de la vérité, ou de l’authenticité, soit comme toujours central, un grand nombre de clichés concernant l'art, le succès, l'âge, la virilité, ou même l'écriture, ont appauvri ma lecture.



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Comme des enfants

1935, Deux couples de citadins New Yorkais se retrouvent pour le week-end du 4 juillet avec leur enfants chez Anna qui vit dans une ferme et qui est directrice d’une école progressiste. Les deux filles du couple sont élèves dans cette école.



On entre dans l’intimité et les pensées des deux couples, les petites jalousies, bassesses et comparaisons.



Alison Lurie nous fait explorer les rivalités et scènes entre adultes sous le regard de Mary-Ann, petite fille intelligente et curieuse qui a aussi son petit caractère, sait s'affirmer et défendre son point de vue. Cela donne une dimension très intéressante au roman et un ton innocent qui adoucit les tensions qui pourtant sont parfois extrêmes.



Le regard d'une enfant sur le comportement des adultes ainsi que son incompréhension  mettent souvent en relief l'absurdité de leur réaction. 



Ainsi des sujets graves entraînent des questionnements innocents, les événements qui peuvent paraître mineurs comme la perte d’un nounours prennent une ampleur bien triste. 



C'est une plongée intimiste dans le week-end de ces amis décrite avec justesse et une écriture très fluide. La psychologie de chacun nous est finement révélée à travers ses pensées ou ses actes.



Une très belle lecture.



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La vérité sur Lorin Jones

Dans les six premiers d'Alison Lurie, les femmes, fidèles ou infidèles, aiment les hommes. Dans le septième, " liaisons étrangères", l'héroïne de 54 ans ne se fait plus aucune illusion sur eux mais en attend encore un peu de plaisir, de la tendresse et une compagnie agréable pour contrarier sa solitude.

Dans ce huitième roman le féminisme fait passer les hommes à la trappe. L'héroïne de 39 ans, déçue par son père, par son mari, se tourne vers les femmes et cohabite avec une lesbienne qui affiche son hostilité à la gente masculine et la convertit presque à ses idées. Amusant de voir l'évolution de la place des hommes au fil des romans.

Heureusement, l'éclaircie se dessine à la fin, on sent le retour en grâce de l'hétérosexualité. le sectarisme n'a pas sa place chez Alison Lurie.



Polly Alter, 39 ans, divorcée, un fils de 12 ans, prépare une biographie sur la célèbre peintre Lorin Jones décédée à 43 ans. Pour cela elle rencontre ceux qui l'ont connue et fréquentée : son ancien conjoint, son dernier petit ami, son ancien professeur, le directeur de galerie, ses amies, les membres de sa famille, etc. Au fil des témoignages complémentaires et parfois contradictoires la vérité se précise sur la personnalité de Lorin Jones et les responsabilités de chacun dans son destin tragique. le lecteur suit l'enquête avec intérêt, le suspense est entretenu jusqu'à la fin, toute la construction est une réussite.



Parallèlement à l'enquête on accompagne Polly Alter dans ses soucis existentiels. Sur ce volet du roman je suis beaucoup plus réservé.



Toute l'intrigue du roman repose sur la colère de Polly ressentie à l'égard des hommes en général qui justifie sa nouvelle orientation vers les femmes.



D'abord je n'ai pas trop compris l'énorme colère ressentie par Polly à l'égard de son père qui n'est pas un si mauvais bougre que ça. Je trouve que c'est mal expliqué.

J'ai trouvé également insuffisant le motif de divorce entre Polly et son mari. le mari refuse de renoncer à une opportunité de carrière, elle refuse de le suivre pour préserver également sa vie professionnelle et ses projets, donc ils se séparent. C'est un peu court pour justifier une rupture, sauf à y ajouter d'autres motifs.

Ce point de départ bancal justifie donc que Polly se détourne des hommes , se rapproche de Jeanne, lesbienne. Elle l'héberge dans son appartement, finit par héberger le couple lesbien formé par Jeanne et Betsy. Polly se déclare bientôt lesbienne, alors qu'on n'y croit pas une seconde. Tout au plus Jeanne est-elle une amie intime qui la réconforte dans une période de doutes. Elle sait qu'elle n'est pas lesbienne, on le sait.



Ensuite, le couple Jeanne-Betsy est particulièrement agaçant. Elle squattent l'appartement de Polly et deviennent grossièrement envahissantes. La cohabitation donne lieu à des dialogues infantiles parfois proches de la caricature. Il faudra attendre la fin du roman pour que tout se clarifie mais cela aura été bien long.

Au final, je pense que le féminisme proposé par Alison Lurie relève plus de la dénonciation et de la caricature que du plébiscite.



Autre motif d'agacement, la tendance de Poly à se lamenter sur son sort, à se projeter dans un futur forcément négatif pour elle, à extrapoler à outrance selon des scénarios plus ou moins improbables. Alors qu'elle a réussi professionnellement, est talentueuse, intelligente, belle, courtisée des hommes et des femmes, etc.



Heureusement, Polly retrouve ses esprits et son bon sens à la fin du roman et permet de préserver l'idée que tous les hommes ne sont pas à jeter.



Donc, pour moi un excellent roman pour la partie enquête, des faiblesses sur le volet affectif et la construction psychologique du personnage principal. Cela reste un bon roman agréable à lire.





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La vérité sur Lorin Jones

Un livre , une auteur que j ai découvert aujourd'hui grâce à mes copines challengeuses

Très belle découverter qui ne va pas satisfaire mes PAL car je vais bien vite essayer dans lire un autre

Par d autres choses à ajouter aux critiques déjà parues.

Bien que paru en 1988 ce roman colle à l'actualité

Le combat pour l'égalité homme femme continue

Ce roman se lit presque comme un roman policier

Qui était vraiment Lorin Jones ?

En fin de compte auriez vous aimer cette artiste peintre?

Quand on écrit une biographie doit on dire que la vérité sur un personnage qui à priori est sympathique .aux yeux de ses admirateurs.
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La Vérité et ses conséquences

Ecrit en 2005, le dernier roman d'Alison Lurie, La Vérité et ses conséquences se déroule dans la ville imaginaire de Corinth (lieu déjà utilisé dans Conflits de famille) et met en scène la lente dérive d'un couple, jusqu'alors heureux, qui en vient à ne plus se supporter.



Alan, la quarantaine sportive, brillant professeur expert en architecture du XVIIIème siècle à l'université de Corinth, est atteint de terribles maux de dos après un accident de volley. Ses douleurs l'handicapent, le rendent très vite désagréable, geignard et l'obligent à être assisté quotidiennement par son épouse Jane qui, après avoir fait preuve de patience et de dévouement à son égard, tout en ravalant son énervement et sa fatigue, en vient à ne plus pouvoir supporter ce rôle de garde-malade. Lentement, tout l'amour qu'ils se vouaient disparaît, remplacé par une rancoeur réciproque. Arrive à l'université la très belle Delia Delaney, célèbre auteur de contes et son mari Henry. Delia souffre de violentes migraines et va se rapprocher d'Alan...



Même si cette comédie douce-amère est beaucoup moins approfondie que ses premiers romans comme "Les amours d'Emily Turner" ou "La ville de nulle part" et qu'Alison Lurie a souvent exploré le thème de l'infidélité, cette nouvelle variation dépeint avec humour et tendresse la détérioration des sentiments, la désillusion, le mensonge et la culpabilité qui s'installent. Alison Lurie brosse quelques beaux portraits d'universitaires qu'elle caricature sans doute un peu, comme David Lodge aime à le faire dans ses romans.

Enfin, les fans d'Alison Lurie ne bouderont pas leur plaisir d'y retrouver la mention de quelques uns des personnages de ses anciens romans comme Léonard Zimmern, Danièle Zimmern, Bernie Kotelchuck (Conflits de famille) ou Vinnie Miner (Liaisons étrangères).
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Liaisons étrangères

J'avais lu "Un été à Key West" du même auteur et je m'étais régalé. L'humour et le flegme tout britannique de cet ouvrage m'avait convaincu, avant la lecture de ce second livre, que j'allais passé un très agréable moment. Malheureusement, je dois bien avouer que "Liaisons étrangères" est, à mes yeux, le brouillon du premier ouvrage cité. Pour ceux qui souhaiteraient lire ces deux ouvrages, je leur conseille de lire celui-ci en premier. Certes, c'est un livre qui se laisse lire, on rentre vite dans le peau des deux personnages principaux, deux américains perdus au milieu de Londres qui vont y faire des rencontres tout à fait inattendues, rencontres qui vont les confrontés à leurs propres démons. Certes, on y retrouve l'humour qui m'avait tant plu à la lecture du premier ouvrage. Certes, on retrouve des situations cocasses qui m'avaient déjà fait rire seul à l'époque. Mais je n'ai pas vibré autant qu'à la lecture du premier ouvrage. Mais ça reste tout de même un moment de lecture agréable.
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Comme des enfants

En 1935, en pleine dépression, Anna, directrice d’une chic école privée, a invité pour les fêtes du 4 juillet les Hubbard, Bill, Honey et leur fillette Mary Ann, ainsi que les Zimmern, Dan, Celia, Lennie le fils de Dan d'un premier mariage, et leur fillette Lolly. Les deux filles sont dans la même classe de ladite école et, quoique extrêmement dissemblables, sont amies et savent bien jouer ensemble et inventer des histoires.

Les mères ne travaillent pas, Celia l'effacée aimerait pourtant mais son mari, publicitaire, ne le veut pas, quant à Honey, ça lui convient parfaitement, c'est l'exemple de la belle du sud, coquette et aimant le flirt.



Unité de lieu, la maison d'Anna, unité de temps, ces quelques jours de juillet. Un découpage en courtes séquences de quelques pages, certaines 'vues' par l’œil d'un des fillettes, principalement Mary Ann. C'est toujours un exercice délicat de rendre compte d'événements par le prisme enfantin, que le vocabulaire soit adapté... Heureusement Mary Ann est une petite fille intelligente et observatrice, dont le papa aime répondre à ses questions, et même si ses réflexions sont à côté de la plaque, elle en sait beaucoup, et Lolly aussi, en tout cas bien plus que ne le pensent leurs parents!



Les adultes mènent aussi leur vie, même si les activités sont souvent communes, et comme le dit la quatrième de couverture, parfois leur comportement est moins adulte que celui des enfants...



Mais ce qui m'a encore une fois épatée, c'est l'art d'Alison Lurie pour raconter une histoire et plonger le lecteur dans les pensées des personnages sans grands développements. Des dialogues, parfois des phrases interrompues, des gestes, des regards, et le lecteur sait.



Par exemple un dialogue entre Anna et Celia au sujet du mariage. Anna vient de parler d'un homme qu'elle a connu et pas épousé, leurs vues sur le mariage n'étant pas les mêmes.

"Oh Anna, dit Celia avec une autre intonation -maternelle, impatiente. C'est juste parce que vous n'étiez pas amoureuse. C'est si différent quand on est amoureux.

Peut-être, dit Anna usant de l'indubitable manière des gens rejetant une déclaration mais désirant rester poli."

Plus tard :

"Leurs regards se rencontrèrent, les deux sourirent, pleines de pitié généreuse et pleine d'affection pour l'autre."

Le lecteur, lui, sait que quinze ans auparavant Anna et Dan (futur mari de Celia) se sont connus et c'est de lui que parlait Anna (et elle en était amoureuse). Le mariage de Dan et Celia est délicat, surtout pour Celia qui en est malheureuse. Tout cela, on le sait sans immenses développements et, mieux même, on le devine (aisément!)
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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La vérité sur Lorin Jones

« Le grand tort que nous avons, nous autres femmes, c'est, pour amant, de chercher toujours un homme que nous aimons, alors que la vérité serait d'en chercher un qui nous aime. »



Cette citation de Georges Feydeaux, semble convenir pour l'ouverture de beau livre d'Alison Lurie : " La vérité sur Lorin Jones"



"La vérité ? Qu'est-ce que la vérité" demanda Pilate, au Christ déjà condamné par les siens...



"La vérité sur Lorin Jones" nous entraîne à mieux nous connaître. A bien juger nos préjugés... Ce que l'on ressent ou ce que l'on pense à un moment est-il la vérité sur le fait ou la personne que l'on juge ?



Polly Alter travaille dans un musée. Depuis toujours elle aime la peinture, et notamment Lorin Jones dont elle contempla une toile en sachant qu'elle ne sera jamais, elle Polly Alter artiste de talent...



Polly Alter approche à grands pas de la quarantaine et ne veux pas être exclue... Son mari et elle ont divorcé et le fils hésite entre vivre à New-York avec sa mère ou au soleil avec son père...

Sexuellement elle ne sais plus où elle se situe aussi... Son amie Jeanne squatte son appart et bientôt son lit...



Et puis délice des délices, le musée lui accorde une bourse pour une bio sur Lorin Jones...



Elle va enfin pouvoir crier au monde entier que ce peintre de talent, cette femme de genie fut à toujours et pour jamais contrariée par des mâles nuisibles qui ont pollués son entourage...



Pour Polly, Lorin aimait trop et ne recevait pas en retour ce qu'elle donnait...



Polly fit une petite liste de ces mâles : le galeriste, le demi-frère, le mari et puis l'amant...



Polly va découvrir que la vérité est bien autre....et que la vie à Key West n'est pas si mal que ça d'ailleurs...



Reconnaitre que l'on s'est trompé c'est déjà être dans la vérité et comme disait Antoine de Saint-Exupéry :

« La vérité de demain se nourrit de l'erreur d'hier. »



Un livre inoubliable....



Le meilleur d'Alison Lurie que j'ai lu, à ce jour... et que je relirais un jour.
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Ne le dites pas aux grands

A lire si vous doutez encore de l'intelligence et de la pertinence de la littérature jeunesse qui sait, avec des personnages soi-disant enfantins expliquer aux enfants qu'on ne doit pas tout accepter et que la différence est une liberté.
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Conflits de famille

À Corinth, dans les années 60, vit la famille Tate. Érica, une femme un peu blasée a de la difficulté à supporter ses deux adolescents. Son mari, Brian, professeur d’université, a une liaison avec une étudiante.



Le résumé peut laisser présager une histoire banale sur l’infidélité. Bien que ce thème soit bien présent, ce livre est beaucoup plus. C’est un roman qui dépeint avec un grand réalisme les relations de couple, d’amitié et celles entre parents et enfants. L’histoire pourrait être celle de n’importe qui et c’est ce qui porte à réfléchir. Si vous cherchez de l’action et des rebondissements, oubliez ce livre, mais si la profondeur des personnages ainsi que les relations et conflits entre eux vous intéressent, n’hésitez pas!
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Conflits de famille

Quel bonheur de retrouver Alison Lurie, auteur que j'adore depuis plus de 30 ans. La magie a de nouveau opéré : finesse psychologique, profondeur, humour, reflet d'une époque, tendresse pour les personnages.
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Liaisons étrangères

Deux américains à Londres : Raisons et Sentiments au 20 ème siècle.



J'ai un avis très mitigé sur ce livre, bien qu'il ait reçu le Prix Pultizer en 1985.

J'ai sans doute aussi un avis mitigé sur les critères d'attribution du Pulitzer au fil des ans :-)

J'avoue m'être ennuyée à de nombreuses reprises en lisant l'histoire de ces deux universitaires américains qui viennent à Londres mesurer le fossé culturel entre les deux pays. L'une, Vinnie, la cinquantaine, petite, moche et intelligente, l'autre, Fred, la trentaine, grand, beau et un peu cul-cul la praline.

Ils vont rencontrer et perdre "l'amour". Voilà, j'ai spoilié l'histoire, puisqu'il ne se passe rien.

Un livre que je vais rapidement oublier.

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La vérité sur Lorin Jones

ce livre a été un petit bonheur de lecture. le monologue intérieur de Polly est savoureux, drôle et intelligent. l'enquête qu'elle mène pour reconstituer la vérité sur cette femme peintre se révèle impossible, en ce qu'une femme, un être humain, a forcément de multiples facettes dont aucune à elle seule ne peut résumer sa complexité. ce roman questionne les préjugés derrière lesquels on s'abrite et la nécessité de les faire tomber quand on les met à l'épreuve de la réalité. bref, une lecture à la fois divertissante et intelligente que je recommande de bon coeur !
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Personne ne t'a demandé d'écrire un roman

Dans ce recueil hors commerce - offert pour deux titres Rivages poche achetés -, Alison Lurie livre dans les différents textes son témoignage et ses analyses sur des sujets divers et variés, mais toujours liés à la place des femmes dans la société.



Elle revient d'abord sur son parcours d'autrice et ses difficiles débuts. Ou comment concilier dans les années 50 son rôle de bonne mère de famille et ses ambitions littéraires. Jusqu'à cette phrase clé, alors qu'elle vivait mal un énième refus de manuscrit : "Personne ne t'a demandé d'écrire un roman !"



Viennent ensuite ses souvenirs d'étude à Radcliffe, l'annexe d'Harvard destiné aux "filles". Car c'est bien ainsi qu'elle sentait qu'on les considérait, elle et ses camarades. Quand de leur côté, les étudiants d'Harvard étaient déjà des "hommes".

Savoureux témoignage des combines et de la débrouille pour avancer malgré les entraves.



Vient ensuite un texte sur les noms de famille. Réflexion sur comment choisir lequel donner à ses enfants, et comment soi-même se faire appeler, en tant que femme.



Les cinq derniers textes tournent autour de la "mode". On s'étonne à s'intéresser sous sa plume à la typologie des tabliers - et ses conséquences sociales - ou bien encore au symbolisme littéraire du tricot !

Quelques tacles bien sentis, notamment dans le dernier texte, viennent écorner l'entreprise de la mode et ses magazines effaçant les femmes considérées trop âgées.



Rien de révolutionnaire dans ses pages, mais un très agréable petit voyage dans le siècle dernier, en compagnie d'une belle plume à la pointe sachant se montrer acérée.
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Un été à Key West

9ème roman d'Alison Lurie si l'on met de côté "Femmes et fantômes" qui est un recueil de nouvelles.

Le virage pris dans le précédent "la vérité sur Lorin jones" se confirme. L'hétérosexualité bat de l'aile. Les hommes sont caricaturaux, vraiment vieillissants ou homosexuels, et les femmes les quittent, en sont lassées, sont lesbiennes ou le deviennent. Ici on a affaire aux affres du troisième âge conformément à l'âge d'Alison Lurie qui en 1998 à la sortie du roman a quand même 72 ans. Les problématiques traitées par l'auteure sont celles de son âge; Je ne sais pas si Alison Lurie a goûté sur le tard les joies de l'amour saphique ou si elle exprime un fantasme inassouvi mais le message est clair depuis deux romans.



Le point de départ du roman est la villégiature en Floride à Key West d'un couple constitué de Wilkie Walker, célèbre écrivain naturaliste âgé de 75 ans, et de son épouse Jenny 45 ans. Jenny a tout sacrifié pour lui, est à la fois son épouse, sa lectrice, sa correctrice, son assistante, et presque même son inspiration. Au fond il lui doit tout. La différence d'âge qui ne posait pas de problème au début se fait nettement sentir. le pauvre Wilkie a pris un sacré coup de vieux, se croit atteint d'un cancer, sombre dans la déprime et envisage un suicide. Jenny encore pleine d'énergie va s'éloigner de lui progressivement au fur et à mesure qu'elle se rapproche De Lee, patronne d'une pension pour femmes, une flamboyante lesbienne pleine de vie et d'appétit pour la belle Jenny.



Autour de ces trois personnages principaux gravitent des personnages secondaires utiles pour épaissir l'intrigue et donner l'impression d'une véritable toile d'araignée dans laquelle sont pris tous ces personnages tous liés les uns aux autres sur ce lieu de villégiature.



Alison Lurie excelle pour établir un décor et dresser des portraits réalistes de personnages plus ou moins attachants. Je dis bien plus ou moins parce que malheureusement c'est là que le bât blesse.

Autant j'ai adoré les personnages de Jenny et Lee, bien que Jenny soit agaçante de naïveté et excessivement soumise à son mari alors qu'elle a des qualités reconnues par tous y compris pour sa contribution à la carrière de son mari.

Un autre personnage est attachant, Jacko, le gentil et généreux homosexuel malheureusement séropositif.

Intéressante est la détestable tante Myra, la tante de Jecko, femme d'affaires au caractère trempé qui débarque pour arranger à son avantage des affaires de famille.



Le mari de Jenny, avec sa dépression et ses tentatives de suicide ratées, est inintéressant et pénible. On n'a qu'une envie, c'est qu'il réussisse sa première tentative de suicide au plus vite et qu'il disparaisse pour laisser sa femme s'émanciper.



Un personnage est insupportable, la cousine de Jacko, fille de la tante Myra. Brave fille mais vraiment idiote et inintéressante, ce qui nous vaut tout au long du roman des dialogues sans intérêt qui font baisser le niveau de crédibilité et d'intelligence du roman.



Pourquoi faut-il qu'Alison Lurie nous invente des personnages caricaturaux qui nous imposent des dialogues superficiels, à l'américaine j'aurais envie de dire ? C'est dommage parce que ce roman aurait pu être drôle et fin du début à la fin.



Ce qui est intéressant dans ce roman c'est qu'on retrouve avec plaisir des personnages d'autres romans précédents.

La lesbienne Lee, déjà patronne de pension dans "La vérité sur Lorin Jones" faisait presque chavirer la biographe Polly Alter.

La tante Myra était l'épouse de Chuck MUMPSON, le texan qui fait chavirer Virginia Miner dans "Liaisons étrangères". Chuck MUMPSON était donc le père de Barbie, la cousine de Jacko l'homosexuel.

Lennie ZIMMERN, qui apparaît à la fin du roman, est le cousin De Lee. Lennie était le jeune garçon aperçu dans le roman "Comme des enfants" et donc le demi-frère de Lorin Jones. Lorin Jones, la peintre de 'La vérité sur Lorin Jones" était la petite fille Lolly dans "Comme des enfants".



Apparaît rapidement dans "Un été à Key West" une certaine Lory Green, une guide touristique qui a habité autrefois en Californie; Dans "La ville de nulle part" apparaissait une certaine Lory Green, une starlette dont tombait amoureux Paul, l'un des principaux personnages du roman. Simple clin d'oeil d'Alison Lurie sans doute car je ne vois pas comment une ancienne starlette pourrait se transformer en guide touristique.



Dans "Liaisons étrangères" Fred Turner n'était autre que le fils d'Emily Turner dans " Les amours d'Emily Turner". On apprenait notamment que Fred n'a jamais su que sa mère avait eu une liaison torride avec l'homme qui venait souvent leur rendre visite quand il était petit.



L'oeuvre d'Alison Lurie est comme une petite Comédie Humaine. C'est toujours agréable de retrouver des personnages familiers.



Bref, pour conclure sur "Un été à Key West", un bon roman très agréable à lire qui contient des faiblesses de dialogue et d'intérêt à cause de personnages inconsistants qui auraient pu ne pas l'être.

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