Citations de André Brink (340)
Si tu m'apprivoises, tu seras pour moi unique au monde...
Quand une personne se trouve par hasard près d'une autre personne, ne croyez-vous pas que ce soit la chose la plus dangereuse qui puisse arriver ?
A la longue, on finit par être fatigué d'avoir peur.
Nous nous sommes levés. Dans la lumière blafarde de la nuit, j'ai pris son visage entre mes mains. Je ne l'ai pas embrassée. Elle a posé ses doigts sur mes poignets. Rien d'autre. Et pourtant, je n'ai jamais eu de toute ma vie plus intense contact avec quelqu'un.
Nous, nous n'avons jamais pensé que ces montagnes et ces plaines, ces immenses pâturages et ces marécages étaient des endroits sauvages qu'il fallait dompter. Ce sont les Blancs qui les ont appelés sauvages et qui y ont vu des animaux sauvages et des hommes sauvages. Pour nous, ce pays a toujours été amical et domestiqué. Il nous a fourni de quoi manger, de quoi boire et de quoi nous abriter. Ce n'est que lorsque les Blancs sont arrivés et ont commencé à creuser, à briser et à tirer, à repousser les animaux, qu'il est devenu sauvage.
J'ai toujours considéré « mes frères » comme une chose allant de soi, et maintenant il faut que je reprenne tout à zéro.
Vous pouvez toujours voir les autres; vous échangez des sons, mais tout n'est que coïncidence et tromperie. Vous êtes de l'autre côté.
L'excès de vérité peut être indigeste.
On essaie toujours de retenir les choses. Surtout quand elles nous ont filé entre les doigts. Comme du sable. De l'eau.
« Humanité. » On utilise normalement ce mot comme synonyme de compassion, de charité, d’honnêteté, d’intégrité. « Il est si humain. » On doit à présent chercher de nouveaux synonymes. Cruauté, exploitation, manque de scrupules. Dieu sait quoi d’autre ?
L’obscurité descend.
Pourtant il reste Melanie. Lueur dans les ténèbres.
Tu es blanc - comme si ça résumait tout - l'espoir t'est facile.
Tu en as l'habitude.
- Ton père ne se sentait pas en sécurité ? Il avait quelques fils bâtards, pourtant.
- Raison de plus pour les craindre, peut-être, dit-elle avec calme.
- Et c'est sa propre fille qui a fini par se rebeller contre lui !
- Non. Je ne pense pas m'être vraiment rebellée contre lui. Je ne me suis peut-être rebellée que contre ce qu'ils tentaient de faire de moi. Tout aurait été différent si j'avais eu des frères, si ma mère ne m'avait pas continuellement reproché d'être une fille. Je me souviens très bien d'avoir souvent pensé : être un garçon, c'est être tout. Être une fille comme moi, c'est ce qu'il peut vous arriver de pire. Ne fais pas ci, ne fais pas ça. Fais attention à tes cheveux. Fais attention à ta robe sinon tu vas la salir. Fais attention à tes cheveux. Fais attention au soleil sinon il va te brûler le visage. Crois-tu qu'un homme regarde deux fois une fille qui fait de telles choses ? Tel était le but ultime : être séduisante aux yeux d'un homme. Peu importe ce que tu désires ; ta vie est déterminée par quelqu'un d'autre.
“Il n’existe que deux espèces de folies contre lesquelles on doit se protéger. L’une est la croyance selon laquelle nous pouvons tout faire. L’autre est celle selon laquelle nous ne pouvons rien faire.”
L'homme s'était apparemment suicidé en se pendant aux barreaux de sa cellule avec sa couverture, qu'il avait, au préalable, découpée en morceaux.
Je ne suis pas victime de mon histoire. Ce qui arrive, c'est moi qui l'ai choisi. Je ne subis rien. Je crée, je m'abandonne. Je suis un galet rond et lisse, satisfait de sa chute, poussière qui redevient poussière, fidèle à elle -même.
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Au bout du compte, rien n’est “inventé” dans Une saison blanche et sèche. Le roman devint le reposoir de ma vie, des vies de nombre de mes amis des années 1970, et des informations glanées au cours des principaux procès et enquêtes de la période.
Ce ne fut pas une partie de plaisir : à cause notamment du caractère atroce du matériau brut à partir duquel je travaillais. Seule la rédaction d’un autre de mes livres, Au-delà du silence, se révéla plus ardue. Mais c’était dû aussi à un événement qui eut lieu le 18 août 1977, très peu de temps après que j’eus commencé la rédaction du roman, et qui bouleversa tant le processus de création que je faillis abandonner. L’événement qui mena, quelques semaines plus tard, à la mort de Stephen Bantu Biko.
« J’ai l’impression d’être à la lisière d’une autre saison blanche et sèche, pet-être pire que celle que j’ai connu, enfant. »Un Blanc comme les autres, qui ne s’est jamais posé de questions et qui, au hasard d’un événement imprévisible, va se retrouver mêlé à une situation terrible,à la limite de l’absurde.
Pour la première fois, je peux imaginer don Juan vieux. Il est encore attiré par les femmes, c’est un homme possédé par l’amour en général et ses déclinaisons particulières. La seule différence, c’est qu’il n’a plus besoin d’appareil photo.
Se transformer tranquillement en cendres, en humus, engraisser les vers, nourrir les plantes, permettre au cycle de la vie de poursuivre son cours. C'est la seule forme d'éternité à laquelle je puisse aspirer.
L’homme et la femme chaussés, ils peuvent pas être esclaves, ils sont libres : les souliers, c’est signe qu’ils sont pas des poules ou des ânes ou des porcs ou des chiens, ils sont des gens.