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Critiques de André Maurois (127)
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Climats

C'est une écriture très délicate , avec des expressions parfois d'un autre temps. Justement c'est ce qui est agréable: lire ces mots et ces tournures , qui sont souvent aujourd'hui remplacés par des "ouech ouech".Bon j'exagère un peu mais cela n'en ai pas toujours si loin !!:-)!!



André Maurois évoque des relations amoureuses vues à travers les yeux et un coeur masculin et ensuite par des yeux et sentiments féminins !

C'est très beau , on rencontre puis on est submergé très vite par les personnages.On ne fait presque plus qu'un avec eux ; on ressent leurs émotions , leurs joies et leurs moments de tristesse ou d'analyse .

On ne peut imaginer que ce livre fut écrit par un homme tant il sait si bien écrire les espérances , impressions et pensées féminines .
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Climats

Écriture très délicate, expressions parfois désuètes pleines de charme....



On n'imagine mal que ce livre fut écrit par un homme tant il traduit avec finesse les espérances et les pensées féminines.
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Magiciens et logiciens

André Maurois est un écrivain français de la première moitié du vingtième siècle.

Dans son oeuvre, riche de nombreux romans, d'une histoire de France, d'une autre d'Angleterre et d'une troisième des États-Unis, de multiples essais dont un "Lecture, mon doux plaisir" est particulièrement agréable, figurent de nombreuses biographies.

Intitulé "Magiciens et Logiciens", cet ouvrage est un recueil passionnant de plusieurs biographies d'auteurs anglais du début du siècle.

En 1935, André Maurois réalisa ces neuf essais pour le compte de la société des conférences, dont ils formèrent le cours annuel.

C'est un livre magique qui nous propulse dans le monde de Kipling, de Wells, de Shaw, de Chesterton, de Conrad, de Strachey, de Mansfield, de Lawrence et de Huxley - qui sont autant d'écrivains immenses et d'hommes qui formèrent chacun une pensée forte et originale.

Dans le style d'écriture élégant et brillant qui le mena à l'Académie Française, au fauteuil 26 qu'il conserva durant presque trente ans, André Maurois nous fait le récit de la vie de ces quelques hommes talentueux qui sont une part de la littérature anglaise.
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Cours de bonheur conjugal

Le livre d'André Maurois est tiré d'une émission radiophonique réalisée en 1948 avec Pierre Viallet, sous la forme d'un cours de mariage, tel qu'il s'en pratiquait réellement aux États-Unis. L'auteur y tenait le rôle du professeur et donnait des recettes illustrées par un couple. L'auteur fait preuve d'esprit, de malice, d'observation - vous savez, tous ces petits détails cocasses ou attendrissants qui sont arrivés à peu près à tout le monde ; le mari qui oublie les billets, la femme qui égare sa bague le jour du voyage de noces. Une sorte de comédie américaine bien désuète pour notre époque , quoique ....
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Climats

Climats 1928

André Maurois



Mais pourquoi ce grand romancier si talentueux à décrire les moeurs, les atmosphères, à mettre des mots littéraires mais jamais emphatiques, sur les ambiances bonnes ou mal faites, les analyses de caractères, ne soit pas aussi grand en réputation qu'un François Mauriac ; je ne pourrais pas dire Anatole France, car j'ai le sentiment que celui-ci connaisse le même sort. Je me lasse de devoir à reprendre ces oublis incompréhensibles.

Avec Climats qui fut une grande lecture pour moi dans ma jeunesse dont je me souviendrai tout le temps, il signe là un chef d'oeuvre, puis le Cercle de famille, and so on. Je m'empresse d'ajouter que je peux le relire avec le même effet : il n'a pas pris une ride, toujours cette élégance, cette curiosité d'un naturel exquis, cette perspicacité : la classe quoi !



"Mon père se montra calme et indulgent. Il me demanda de réfléchir. Quant à ma mère, elle accueillit d'abord avec joie l'idée que j'allais me marier mais, au bout de quelques jours, elle rencontra une vieille amie qui connaissait les Mallet et qui lui dit que c'était un milieu très libre de moeurs"



Tante Cora renseigna aussi notre protagoniste Philippe -toujours utile une tante : " J'ai vu un tas de gens dans ma vie, mais ta pauvre mère.. je ne la vois pas avec Hortense Boehmer, ah ! ! Dieu non !



Très belle Odile, ravissante même selon Philippe le narrateur, mais très libre de moeurs, choix cornélien à faire !..

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Les silences du colonel Bramble - Les disco..

Ce bon gros volume du Livre de Poche, à la jolie couverture illustrée, m'avait été recommandé à la lecture par mon père.

Point n'ai regretté d'avoir dégusté ces Silences et ces Discours, mets littéraires pittoresques, délicieux et si bien écrits.

Une oeuvre, fort recommandable, je dis. Of course!
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Climats

Quel livre surprenant.

En fait, ce livre m'a été donné par une amie lorsqu'elle est décédée. Je l'avais laissé un peu "en rade" et puis je me suis décidée.

L'amusant de l'histoire c'est qu'en fait je n'avais aucune idée de ce que j'allais lire car il n'y a pas de résumé du livre sur la couverture, il n'y à que des critiques de divers journaux.

Ensuite, à l'intérieur, il y a une "rétrospective" concernant l'auteur et, tout de même, un résumé succint. J'étais un peu "informée".



Mais, même en étant un peu informée, on ne soupçonne pas la finesse de l'auteur, cette capacité à se mettre dans le corps, le rôle d'une femme alors qu'il est homme.



Bien sur, l'histoire peut paraître un peu surannée pour les plus jeunes, les termes ne sont plus vraiment ceux que l'on connait, que l'on utilise.



Aujourd'hui les histoires d'amour sont plus rapides, on va plus vite à l'essentiel.



Il s'agit ici d'un échange de livres intimes, si je peux expliquer ainsi, entre les 2 héros. Leur vie n'est pas simple mais l'auteur gère cela avec Maestria.



Un bon moment lecture.

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Climats

Quelle belle lecture j'ai faite ces derniers jours, d'un auteur complètement oublié, André Maurois (1885-1967). Climats est son roman le plus célèbre, d'une grande finesse psychologique qui m'a rappelé Stefan Zweig.





Ce roman est composé de deux parties distinctes :





- la première est comme une longue lettre qu'adresse Philippe à sa future épouse, Isabelle, au sujet de sa relation maritale avec sa première femme Odile.

- La seconde est écrite par Isabelle pour Philippe avec des extraits du carnet de ce dernier.





Le personnage central, Philippe, rêvant sa vie, souffre pour Odile, indomptable et naturelle, d'un amour le rendant dépendant et soumis, anxieux et jaloux. Isabelle, exacte opposée d'Odile, subira la même soumission, la même dépendance à l'égard de Philippe.





Histoire d'un double échec conjugal lié à la dissymétrie des attentes de chacun et de leur incapacité résiliente à y remédier, c'est aussi une fine analyse des moeurs et des conventions de l'époque, écrite dans une langue magnifiquement ciselée.





Quelques extraits du livre :





« Les moments très beaux sont toujours mélancoliques. On sent qu'ils sont fugitifs, on voudrait les fixer, on ne peut pas. »





« Eloigné par trop de lectures, par trop de solitaires méditations, des arbres, des fleurs, de l'odeur de la terre, de la beauté du ciel et de la fraîcheur de l'air, je trouvais toutes ces choses cueillies chaque matin par Odile et mises par elle en gerbe à mes pieds. »





« Mes idées se renouvelaient peu parce que je n'avais pas le temps de lire. »





« Rien n'était plus facile que de comprendre les goûts de Philippe ; il était de ces lecteurs qui ne cherchent qu'eux-mêmes dans les livres. »





« Nous aimons les êtres parce qu'ils sécrètent une mystérieuse essence, celle qui manque dans notre formule pour faire de nous un composé chimique stable. »





J'aime particulièrement ce passage sur l'ennui qu'éprouve Philippe pour Isabelle :



« Je possède un bonheur si rare : un grand amour. J'ai passé ma vie à appeler le "romanesque", à souhaiter un roman réussi ; je l'ai et je n'en veux pas. J'aime Isabelle et j'éprouve auprès d'elle un tendre mais invincible ennui. Maintenant je comprends combien j'ai dû moi-même jadis ennuyer Odile. Ennui qui n'a rien de blessant pour Isabelle, comme il n'avait rien de blessant pour moi, car il ne vient pas de la médiocrité de la personne qui nous aime, mais simplement de ce que, satisfaite elle-même par une présence, elle ne cherche pas et n'a pas de raison de chercher à remplir la vie et à faire vivre chaque minute… Hier soir […] j'aurais souhaité sortir, voir des êtres nouveaux, agir. Isabelle, heureuse, levait de temps à autre les yeux au-dessus de son livre et me souriait. »
Lien : http://www.nomadisant.com
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Climats

André Maurois est un romancier et biographe tombé dans un relatif oubli aujourd'hui. La relecture de Climats m'a fourni peut-être quelques explications sur la désaffection du public pour cet ancien académicien.

le roman se décompose en deux parties, la première peut être qualifiée de confession, c'est une longue lettre adressée par Philippe Marcenat à sa future femme, Isabelle de Cheverny. La seconde est le récit d'Isabelle, trois mois après la mort de son époux emporté par une pneumonie fulgurante, récit qui revient sur les épisodes heureux et malheureux de son union avec Philippe.

Unique héritier d'un riche papetier du Limousin, ce dernier a grandi dans une famille aimante, mais corsetée par un certain conformisme bourgeois et provincial ainsi que par une réserve quasi maladive. Chez les Marcenat, la discrétion, la pudeur des sentiments et la routine du quotidien sont élevés au rang de vertus. Après des études de droit, Philippe reprend peu à peu les rênes de l'entreprise familiale, menant une vie à la fois mondaine à Paris, et industrieuse à Gandumas, siège de la papeterie et du domaine familial. Au cours de vacances italiennes, il fait la connaissance d'Odile Malet, la fille d'un architecte parisien et, subjugué par sa beauté, sa fraîcheur, il l'épouse très rapidement malgré les réticences des siens. Les Malet ne jouissent pas d'une réputation bien établie, les échecs professionnels du père et la vie sans contraintes du couple et de leurs enfants heurtent le conservatisme de la bonne société parisienne. Très vite Philippe débusque des ambiguïtés dans le comportement de son épouse et commence à être rongé par une jalousie qui empoisonne chaque instant de sa vie conjugale. Il finira par divorcer d'Odile à la veille de la première guerre mondiale. Celle-ci se remariera avec François de Croizant, un officier de marine, puis se suicidera devant l'échec de sa nouvelle union.

Isabelle, quant à elle, se souvient de sa rencontre avec Philippe, de son incapacité à maîtriser ses suspicions sur l'infidélité de cet homme secret, séduisant, amateur de belles femmes. Peu à peu, elle comprend qu'il lui faut l'aiguillon de la jalousie pour qu'il parvienne à manifester la profondeur de ses sentiments. Refusant de céder à la facilité de provoquer cette jalousie pour attiser son amour, elle va essayer de le reconquérir en le détachant des comportements mortifères qui ne peuvent mener leur mariage qu'à l'échec. La maternité, le retour le temps d'un été à Gandumas, la tranquillité des esprits apaisés lui amènent une sérénité qui se brise avec la mort de Philippe.

Avouons-le, le style d'André Maurois est d'une clarté, d'une fluidité qui rendent la lecture de Climats plaisante. Mais ce roman est terriblement daté tant sur le plan des moeurs de la société qu'il décrit, que sur le plan des rapports hommes-femmes qu'il entend décoder. C'est un écrivain formaté par l'esprit du dix-neuvième siècle qui dépeint le microcosme bourgeois, composé d'hommes d'affaires, des hauts fonctionnaires, d'officiers, d'aristocrates qui se retrouvent dans le salon de la tante du narrateur, Cora. On surveille la réputation de chacun tout en s'adonnant à un marivaudage de bon aloi. On va écouter de la musique, on passe une soirée au théâtre, on s'adonne au plaisir de la conversation qui consiste surtout en commérages sur les uns et les autres. Les femmes sont toutes – ou presque – ravissantes quand elles ne se sont pas fanées par quelques maternités. On pourrait pardonner à Maurois cet univers à l'atmosphère raréfiée s'il y ajoutait une touche de satire sociale, donnait quelques coups de croc à cette société momifiée dans les convenances, comme savaient si bien le faire Henry James, Proust ou encore Edith Wharton et André Gide. Mais non, rien de cela.

En ce qui concerne sa peinture des relations entre les deux sexes, là encore nous avons la vision d'un homme fortement ancré dans le passé. Il dresse un portrait peu flatteur des femmes. Odile apparaît comme une femme fragile, frivole, orgueilleuse, inconséquente. Elle passe beaucoup de journées allongée en raison de sa fatigue, fait deux fausses couches, a beaucoup d'essayages, et se montre piquante en société quand elle se souvient surtout des conversations qu'elle a eues avec son époux. Philippe ne la trouve pas intelligente – il s'interroge sans cesse sur ce point – mais son charisme le rend vivant au monde qui les entoure. le mystère dont s'entoure la jeune femme la rend insaisissable, et condamne très vite le bonheur du couple. La seconde union de Philippe tourne également au désastre. Quand Isabelle, sentant croître la distance qui la sépare de son époux, souffre et s'insurge de ses sorties en galante compagnie, il ne change pas son attitude mais lui conseille de modifier la sienne. « Ma pauvre Isabelle » revient comme un leitmotiv quand il la réprimande ou déplore ses faiblesses. Il faut que Mme Marcenat mère insiste pendant leur séjour à Gaudumas pour que le couple partage la même chambre. Ultime humiliation pour Isabelle, pendant l'agonie de Philippe, celle qu'il croit voir à son chevet est Solange Villier, sa dernière maîtresse, et non sa femme.

Est-ce que je prête à l'écrivain les traits misogynes de son personnage par un amalgame peu subtil ? Je ne le pense pas. Il n'y a quasiment aucun personnage féminin qui présente des qualités positives dans le roman. Denise Aubry, la première maîtresse, est une femme légère et très province. Odile est instable. Son amie Misa est décrétée « méchante ». Yvonne Prévost, Françoise Quesnay, Thérèse de Saint-Cast sont de jolies créatures, seulement amusantes. Solange Villier est une séductrice impitoyable (« Solange est une tigresse »), une femme qui « commet des folies » que son mari accepte avec résignation. Isabelle est ennuyeuse et bonnet de nuit. La tante Cora est une pragmatique, obsédée par son salon mondain et ses invités et qui a une idée toute particulière du mariage. Quant aux mères et belles-mères, les premières sont froides et les secondes originales, donc gênantes. Un seul personnage tire son épingle du jeu, Renée, la cousine, l'amie d'enfance : célibataire, elle travaille, aime et est aimée. À bien considérer, la vision qu'a l'auteur des femmes est accablante et ne peut se réduire à la psychologie du principal protagoniste de l'histoire. La jalousie de Philippe est dépeinte comme une impossibilité de fusionner avec l'être aimé dans un amour absolu, tandis que celle d'Isabelle est présentée comme un rétrécissement de sa capacité à aimer l'autre dans sa totalité.

le roman s'achève dans les années vingt sans qu'il s'arrache vraiment aux codes du siècle précédent par une modernité autre que de façade. On mesure ainsi ses limites à dépasser l'époque à laquelle il a été écrit.
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Les silences du colonel Bramble

Voici une lecture conseillée par mon tout nouveau chef (je vous le disais en annonçant une petite pause, j'ai changé de boulot). André Maurois s’attache à définir le gentleman anglais. Au fil d’anecdotes de campagnes de la guerre de 14-18, il tisse le portrait de ce spécimen de flegme, qu’il a pu observer lui-même en tant qu’agent de liaison auprès d’un état-major britannique. Et cela donne des dialogues assez cocasses. Le gentleman est dépeint avant tout comme un adepte du sport, il est allé à l’école non pour apprendre mais pour empêcher toute velléité de rébellion ("Nous n'allons pas au collège pour nous instruire, mais pour nous imprégner des préjugés de notre classe sans lesquels nous serions dangereux et malheureux."), il aime à dominer ce qui se rebelle, mais point trop de rébellion, s’il vous plait ("Le peuple anglais, qui avait déjà donné au monde le fromage de Stilton et des fauteuils confortables, a inventé pour notre salut à tous la soupape parlementaire. Des champions élus font désormais pour nous émeutes et coups d’État en chambre, ce qui laisse au reste de la nation le loisir de jouer au cricket. La presse complète le système en nous permettant de jouir de ces tumultes par procuration.").

Il est un peu ardu par moment de comprendre certains passages faisant référence à un vécu qui n’est pas le nôtre, à des expériences de vie ou des événements que nous ne connaissons pas, nous lecteurs du XXIe siècle, mais qui devait être évident pour un contemporain. Mais cela n'empêche pas de sentir la drôlerie des conditions ou des positions parfois ubuesques que nous décrit l'auteur, comme

Chapitre 3 : "Quel avantage, dit-il, les Français ont-ils pu trouver à changer de gouvernement huit fois en un siècle ? L’émeute était devenue chez vous une institution nationale. En Angleterre, il serait impossible de faire une révolution. Si des gens s’assemblaient près de Westminster en poussant des cris, le policeman leur dirait de s’en aller et ils s’en iraient."

Les charmes de la hiérarchie, les droits de l'Homme, tout y passe ou presque. J'ai particulièrement apprécié le chapitre 18 "transmis à toute fins utiles" où les récriminations d’une garde-barrière quant au comportement d’une brigade stationnée non loin de chez elle, passent de service en service, jusqu’à ce qu’il ne serve plus à rien de traiter sa demande puisque la dite brigade a été déplacée depuis des mois. Où encore un haut gradé qui, pour éviter de se faire taper sur les doigts à la suite de la disparition d'un char, va le reconstituer en commandant petit à petit des pièces détachées. Et lorsqu’il recomptera ses chars, il s’apercevra qu’il en a désormais un de trop car le char manquant a été retrouvé.

Pendant que les hommes entourant le colonel Bramble ont ces discussions cocasses, le colonel lui, ne pense qu’à avoir son porto et à entendre des disques sur son gramophone. Dans le ton employé par l'auteur, on sent à la fois de l'ironie, mais également une forme d'attachement pour ces personnages.
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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Les silences du colonel Bramble

André Maurois (pseudonyme d’Emile Salomon Wilhelm Herzog), né en 1885 à Elbeuf et mort en 1967 à Neuilly-sur-Seine, est un romancier, biographe (Shelley, Byron, Victor Hugo, George Sand, Balzac…), conteur et essayiste français. Issu d'une famille de drapiers juifs alsaciens ayant quitté l’Alsace en 1870 pour ne pas devenir Allemands, Maurois a pour professeur au lycée de Rouen le philosophe Alain, à qui il sera redevable de son orientation esthétique. Il préfère en effet une carrière littéraire à la direction de l’usine familiale par laquelle il passera néanmoins durant une dizaine d’années. Interprète militaire et officier de liaison auprès du BEF (Corps expéditionnaire britannique) en France et en Flandres pendant la Première Guerre mondiale, Maurois écrit en 1918 Les Silences du colonel Bramble, son premier ouvrage, qui connaîtra un vif succès, tant en France que dans les pays anglo-saxons. Elu à l’Académie française en 1938, il s’exile aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, admirant Winston Churchill et se méfiant de Pétain.

Les Silences du colonel Bramble vient d’être réédité, précédé d’un court essai inédit, En retrouvant le général Bramble.

S’inspirant de sa propre expérience militaire durant la Première Guerre mondiale, André Maurois met en scène cinq acteurs : le colonel Bramble, un Ecossais amateur de musique et ne se séparant jamais de son gramophone ; le major Parker, un Anglais ; le docteur O’Grady, Irlandais, socialiste à l’esprit cartésien et pragmatique ; le révérend McIvor, Ecossais, surnommé le Padre et enfin, Aurelle (un alias de l’auteur), un Français qui écrit des vers durant ses temps libres, agent de liaison entre la France et la Grande-Bretagne.

Tandis que les combats font rage et que les armées progressent dans le Nord de la France, le soir au mess, nos cinq hommes faisant abstraction de la situation dans la mesure du possible, devisent de choses et d’autres. Discussions entre gentlemen autour d’une bouteille, où l’on respecte les convenances, sur un ton amical et le plus souvent humoristique qui nous ferait oublier que tout proche le canon tonne et que des hommes sont morts dans la journée. Les sujets d’échanges sont nombreux, la guerre bien sûr, les modes de gouvernance, l’Histoire, la philosophie mais plus légers parfois, comme la polygamie ou les absurdités de l’administration militaire.

On sourit souvent devant ce fameux humour anglais comme : « Les autorités discutaient sur l’origine de ces mines, que le N.T.O. disait amies, alors que le M.L.O. les croyait ennemies. Mais un point de détail n’était pas controversé : tout navire qui avait rencontré l’une d’elles s’était ouvert en deux morceaux qui n’avaient pas flotté longtemps. » Ou bien encore : « J’avais un ami, le major Featherstonehaugh, qui vers l’âge de quarante ans commença à avoir des éblouissements : il alla voir un médecin qui accusa le whisky et lui conseilla d’essayer pendant quelque temps de boire du lait… Well, dix jours après il était mort. » Vous ne manquerez pas de noter non plus, le passage relatant drôlement une chasse au lion qui rappelle furieusement la bande dessinée Tintin au Congo, quand le journaliste au toupet s’essaie au tir sur une antilope… Hergé avait donc lu Maurois.

Un bouquin délicieux devant tout à son ton léger apparent et ironique mais qui ne manque pas d’ambitions néanmoins, rapprocher les peuples Anglais et Français, passer outre leurs différences et ne s’accorder que sur ce qui les unit sans tomber dans la complaisance nunuche, « Quant à croire que les démocraties seront pacifiques, c’est une naïveté. »

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Olympio ou la vie de Victor Hugo

Une formidable biographie, qui possède aussi la grâce de l'écriture. André Maurois transporte ses lecteurs à l'époque où les destins se faisaient et se défaisaient sur les champs de bataille autant que dans les antichambres, où la France fut constamment en guerre et où les officiers sortis du rang devenaient gouverneurs, ducs, princes, rois.. dans des pays crucifiés par l'occupation napoléonienne.Il nous décrit les nuances du personnage paternel, Léopold, à la fois militaire et poète, sensuel et sentimental, homme dominateur comme il se faisait de son temps et pourtant généreux par moment.Il nous fait revivre la détresse du tout jeune enfant Victor, brusquement privé de sa mère, la mal mariée Sophie Trébuchet, puis traversant par quatre fois la France entière en diligence, visage collé à la portière, apercevant des scènes sanglantes hallucinantes à la Goya, pour rejoindre son père en poste dans l'armée. Il nous montre par ses yeux la sombre Espagne, bourdonnante de prières et de complots contre l'oppresseur, mais corsetée dans le vertugadin de la tradition, garrotée par son terrible catholicisme, et malgré cela soulevée par un souffle épique que Victor Hugo recréera dans son théâtre.

Ayant pour père l'image d' un héros magnanime mais repoussé en tant qu'homme par une mère adorée, Hugo et ses deux frères n'eurent guère l'occasion, sauf très jeunes, d'avoir un papa. Ils pâtirent directement de la mésentente conjugale, qui se concrétisa côté paternel par l'usage d'une maîtresse, finalement épousée après deux décennies. Côté maternel, l'idylle de Sophie avec un beau militaire eut une fin tragique, puisqu'il fut exécuté pour trahison et complot visant l'empereur.

Auprès d'une mère aimante à la solide personnalité, mère, à qui la justice les avait confiés, les trois frères Hugo, qui avaient malgré ce été soumis à la puissance paternelle, et comme tels enfermés pour deux d'entre eux dans un de ces pensionnats où la violence s'exerce librement, devinrent les héros et les princes de cette prison, et comme toute la famille Hugo, écrivirent des vers, avec quelques succès, puisque Victor à 14 ans fut couronné par deux académies, et présenté à Chateaubriand, empereur des Lettres jouissant de son vivant d'autant de prestige que Voltaire, mais quelque peu hautain et difficile à aborder.Celui qui servait de modèle au jeune Hugo qui enfant voulait être "Chateaubriand ou rien".

Celui-ci lui fit l'extrème honneur de le recevoir totalement nu, à son petit lever, entre bain, rasage et friction.

Les trois frères s'occupèrent, en adolescents formés à tous les travaux d'entretien et de réparations domestiques, du foyer maternel et de la mère aussi, qui ne refit jamais sa vie , et expira dans leurs bras. Ayant un père désormais demi solde, appauvri par la Restauration et ayant pour compagne une femme jalouse de son passé, ainsi qu'une soeur haïssant Sophie comme sa progéniture, Victor Hugo entre dans l'âge adulte au bras d'Adèle, compagne de jeu du vert paradis de l'enfance, dans l'impasse des Feuilllantines.

Je n'irai pas plus loin dans le récit de cette biographie, qui se poursuit bien sûr avec les années de maturité puis de vieillesse.

Ce qui me paraît important pour en parler d'une manière qui lui rende vraiment justice, c'est le pouvoir d'évocation d'une écriture simple, classique, mais parfaitement maîtrisée et nuancée. Une écriture capable de précision quand il le faut et aussi porteuse d'une grâce elliptique, une écriture élégante mais aussi adaptée au réalisme de certaines scènes décrites. Une écriture qui est au plus près des tourments de l'enfance et de l'adolescence quand cela est nécessaire. Une écriture qui laisse une place pour un humour à l'anglaise, au décours d'un croquis de personnage secondaire. Le style d'André Maurois est de ne pas laisser apparaître qu'il en a.

Sur le plan des sources biographiques, il y en a , notées en bas de page, mais pas trop. Le personnage principal n'est donc pas noyé sous l'érudition de ses commentateurs.

Enfin, détail important pour l'amatrice de biographies que je suis, Maurois ne tombe jamais dans la psychobiographie et ses dangers réducteurs. Cependant, à travers son écriture et ses choix scénographiques pour évoquer les premières années du poète, il en éclaire l'oeuvre parfois d'une façon quasiment psychanalytique.

il a su restituer l'humus de l'enfance et de la jeunesse de Victor Hugo si bien qu'on respire avec lui l'odeur magique du jardin des Feuillantines comme celle des auberges meublées de buffets noirs sculptés en Espagne, on comprend mieux aussi les engagements successifs de Victor Hugo, et notamment celui contre la peine de mort..
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Les silences du colonel Bramble - Les disco..

Durant la Première guerre mondiale, un interprète français , Aurelle, côtoie durant plusieurs mois un vieux colonel anglais, un Padre écossais, et un médecin,le Dr O'Grady, un officier, le major Parker, près du théâtre des opérations, comme on dit. Leurs conversations abordent les sujets les plus quotidiens ou les plus dramatiques, mais à la façon anglaise. Humour et gravité, légèreté et sérieux. Et les silences du Colonel Bramble. Un bijou.
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Le pays des 36 000 volontés

Lu plusieurs fois dans mon enfance. Merveilleux souvenir.
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Lélia ou la Vie de George Sand

Quelle plongée dans le 19e siècle! André Maurois nous le rend si proche! Biographie d'un bout à l'autre passionnante.

La correspondance entre les hommes et femmes célèbres de cette époque (milieu littéraire, artistique) était si abondante, si riche en détails… qu'on sait tout de leur vie intime !



André Maurois défend formidablement bien la femme de génie qu'était George Sand. Il bat en brèche des préjugés tenaces. Mais, mais, mais…

Il ne va pas jusqu'au bout. Il ne défend pas l'oeuvre romanesque (beaucoup de bémols). C'est bien regrettable.



George Sand est une femme libre. Elle ose tout. Et surtout, elle ose être elle-même. Ne dit-elle pas : « Il faut se faire un caractère en toile cirée sur lequel le monde extérieur coule tant qu'il veut…» (cité par A. Maurois).

Sans crainte des jugements, elle avance ses opinions, ses ressentis, ses émotions dans sa vie comme dans son oeuvre. Qu'elle irrite, c'est donc tout naturel…



Pour moi, sa vie et son oeuvre sont indissociables. L'ensemble forme un tout magnifique. Elle ne peut s'empêcher de prêter à ses personnages son intelligence. Elle ne peut s'empêcher de déployer sur le papier ses rêves et ses espoirs de vie meilleure. On peut presque dire qu'elle invente un genre…

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Histoire d'Angleterre

Un peu moins de quatre-cent-quatre-vingts pages pour retracer l'histoire de l'Angleterre, c'est un peu court, comme eût dit Cyrano. André Maurois y parvient tant bien que mal mais à quel prix ...



Certes, on ne peut dénier à ce livre de s'appuyer sur une documentation et des connaissances solidement assises. Mais à se vouloir résolument anglophile, l'auteur passe sous un pieux silence nombre de pages - pourtant décisives - du destin anglais.



En d'autres termes, ce livre, en outre fortement daté, est de parti pris.



Si l'on excepte la dent qu'il semble avoir conservé contre Edward III - fils d'Edward II et d'Isabelle de France, petit-fils de Philippe IV le Bel et prétendant au trône de France après la mort de Charles IV, en février 1328, sans héritier mâle, ce qui mettait ainsi fin à la branche des Capétiens directs - André Maurois ne voit, dans les monarques anglais, depuis les chefs bretons originels jusqu'à Sa Gracieuse Majesté Elizabeth II, que des gouvernants au mieux exceptionnels, au pire un peu trop statiques.



Il expédie en quelques paragraphes la figure, pourtant très controversée, d'Henry VIII, consacre trois lignes à peine à la Grande famine que traversa l'Irlande dans les années 1840 et pendant laquelle le gouvernement britannique préféra fermer les yeux sur la volonté génocidaire de la majeure partie des landlords, s'extasie sur les bienfaits de l'Ere victorienne en oubliant de mentionner les horreurs sociales de l'époque et, sans se soucier du courage d'autres peuples, pris eux aussi dans le conflit mondial, entonne un Te Deum outrancier pour célébrer la courage anglais sous le Blitz. Et puis, bien entendu, rien, mais alors rien de négatif sur la colonisation anglaise ni sur la responsabilité britannique au Moyen-Orient.



En quelque sorte : "Sans l'Angleterre, point de salut."



Du coup - en tous cas aujourd'hui - Maurois obtient l'effet opposé à celui qu'il espérait : trop, c'est trop. Et pour un livre qui se veut livre d'Histoire, ça la f ... vraiment mal.



Cet ouvrage est donc à lire avec un recul indispensable. (Saluons en revanche les tableaux généalogiques par lesquels Maurois inaugure les divisions du livre : ils sont d'une rare clarté.) ;o)
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Le cercle de famille

Quel plaisir ! L’histoire de Denise Herpain, traumatisée dans son enfance par les infidélités de sa mère, blessée par la faiblesse de son père et bien décidée à mener une autre vie, loin de cette ville de province, industrieuse et étriquée qui l’a vue naître. Elle bâtit sa vie en ligne droite, fait des études, renonce à un mariage qui l’aurait ramené dans la ville de son enfance et, ne croyant pas à l’amour, épouse un banquier, bien décidée à lui être fidèle. Elle est, à ses côtés, comme une coéquipière attentionnée et solidaire. Elle le trompe, cependant, une première fois et s’en rend physiquement malade. Par la suite, elle le trompera encore mais de manière « bourgeoise » et non ostensible. Parallèlement, elle multiplie les amitiés masculines, en toute liberté, chastement mais sans égard pour sa réputation. Elle est une femme libre pour son milieu et son époque. Mais lorsqu’elle voit dans les yeux de ses enfants un regard qui évoque le sien, petite, elle éprouve le besoin de revenir dans la ville de son enfance. Elle constate qu’elle a cessé d’haïr sa mère. Elle est, enfin, en paix et, o grand paradoxe, elle constate que sa mère - qui a épousé son amant de l’époque - vit précisément ce grand amour qu’elle n’a pas connu. Un magnifique roman d’époque, prémisse du féminisme. Il témoigne de la manière dont les blessures de l’enfance orientent une vie. Il révèle aussi que le bonheur n’est possible qu’en dépassant, qu’en digérant ces blessures. Celles-ci sont la vérité d’un moment et il faut oser le comprendre et l’assumer, pour donner à son existence la liberté et l’espace qui seuls peuvent en offrir la réussite. Comme dans « Climats », André Maurois livre, avec une très belle écriture, le portrait intimiste d’une époque tout en brossant des sentiments qui demeurent universels.
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Le cercle de famille

Ce roman est un des meilleurs d'André Maurois; il lui a été inspiré par une connaissance de son épouse qui, après avoir été traumatisée enfant par l'adultère de sa mère, ne pouvait s'empêcher de reproduire dans sa propre vie sentimentale les mêmes égarements.

Mais il ne s'agit pas seulement d'un roman psychologique ; en effet, l'héroïne, Denise, est en avance sur son temps en essayant de conquérir son indépendance par les études, en recherchant un amour libre et absolu, et en tentant de s'affranchir de toute contrainte, y compris celle de la maternité: c'est une féministe avant l'heure.

Et André Maurois, loin de l'abandonner au cercle vicieux des répétitions familiales, lui permet à la fin de trouver une solution pour s'en échapper, afin, peut-être, de parvenir à la sérénité.
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Ariel ou la vie de Shelley

Ce livre emprunté à la bibliothèque du lycée, m'est tombé dans les mains quand j'avais 16 ans... il y a bien longtemps ! et ce fut le coup de foudre pour ce jeune poète, disparu un siècle plus tôt. Cela détermina le cours de mon existence puisque je partis vivre à Londres pour me "rapprocher" de mon poète ! Et de là tout le reste de ma vie s'en est ressentie.

J'ai récemment retrouvé ce livre sur un marché. Je ne l'ai pas relu...
Lien : http://www.maia-alonso.com
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Lélia ou la Vie de George Sand

Je viens de terminer "Lelia ou la vie de George SAND".

Faire une biographie d'une personne à la personnalité aussi forte, aux aventures aussi nombreuses et à l'oeuvre aussi foisonnante est une gageure. Je comprends donc qu'André Maurois ait fait un choix, celui de présenter surtout la personne George SAND, et non l'écrivain.

Je ne sais pas s'il existe une biographie complémentaire, qui traiterait surtout de ses écrits. Surtout pas une "étude littéraire", mais une sorte de journal au jour le jour de l'avancée de ses romans, sans en oublier aucun : on pourrait alors y découvrir les romans "oubliés" . On pourrait surtout placer chaque roman dans le cours de la vie de George SAND.

Après la biographie des journées de George SAND par André MAUROIS, il est nécessaire de lire une biographie de ses nuits, qui ont été entièrement consacrées à l'écriture.

Quelqu'un sait-il si cette biographie existe ?

J'ajoute qu'après avoir lu cette biographie, je me suis aussitôt remise à ouvrir un des romans de Georges SAND (en l'occurrence "Les beaux messieurs de Bois-Doré", mais ce commentaire vaut pour toute son oeuvre), et c'est aussitôt le style de l'auteur qui m'a fait VRAIMENT la rencontrer... Tout le reste n'est pas littérature...

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Raison et sentiments

Paru en 1811, le roman est alors signé

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