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Critiques de Andrea Camilleri (1004)
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Une voix dans l'ombre

Qu'est-ce qui fut ?



Le commissaire Salvo Montalbano est attaqué par un poulpe féroce qui le regardait de travers depuis l'évier de sa cuisine. Sur la route où il roule pépère, Montalbano est traité de vieux débris par un jeune chauffard en BMW. Salvo le serre à l' américaine à la station service pour se venger. Un supermarché est cambriolé sans trace d'effraction. le gérant est interrogé par son adjoint Augiello. le gérant du supermarché est retrouvé pendu. « Televigàta" raconte que c'est la police qui l'a poussé à bout. L’irascible légiste Pasquano sait qu'il ne s'agit pas d'un suicide mais ne l'écrit pas dans son rapport d'expertise. Le supermarché appartient à l'honorable famille Cuffaro. Un témoin, agent de sécurité, est abattu. La petite amie du chauffard est poignardée et le commissaire oublie son anniversaire. Il a 58 ans.



Montalbano doit faire à des supérieurs hypocrites et à une presse aux ordres de politiciens corrompus par la Mafia. Andrea Camilleri souligne les interactions de la Mafia avec des hommes politiques non seulement provinciaux mais nationaux, comme le faisait Leonardo Sciascia avant lui. Son commissaire s'oppose à un pouvoir politique qui lui donne la nausée. Et il s'expose aux obstacles que le pouvoir judiciaire représenté par le Questeur Bonetti-Alderighi met en place pour masquer la vérité.

Heureusement Montalbano peut compter sur sa fine équipe soudée comme celle des Incorruptibles. Même le brave Catarella s'y met. Qui l'eut cru ? Catarella est le roi de la èmepétroi. Et nous lecteurs, au milieu de ce policier tendu et très pessimiste, nous pouvons toujours compter sur le Maestro pour déclencher de grands éclats de rire.



Un excellent cru, c'est.
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La pension Eva

Histoire d'aérer mon cerveau qui menaçait de détrancanner à la lecture des Fictions de Jorge Luis, j'ai lu cette fantaisie narrative de l'ami Andrea (2006) avec plaisir. C'est un roman d'apprentissage en trois temps. le temps de l'innocence charmant et drôle. Celui des découvertes : de la sessualité mais aussi du fascisme et du théâtre. Et puis celui du désastre, de la faim et de la mort.



Nous sommes à Vigàta, bourg sicilien imaginaire. le petit Nenè (surnom aussi de l'auteur) âgé de huit ans veut savoir ce qui se cache dedans la pension Eva, une petite villa pimpante bien fleurie aux volets verts toujours baissés. Quand son copain Ciccio lui dit qu'on y loue des femmes nues, Nenè en est baba. Heureusement à onze ans sa cousine Angela, la bien nommée, est là pour tout lui espliquer au fond du grenier grâce à des jeux de rôles édifiants. En même temps Nené apprend la mythologie et puis va à confesse où le curé lui révèle le péché.

Plus tard grâce à une ruse digne d'Ulysse mais aussi au père de son copain Jacolino qui gère la pension, il peut partir pour Cythère. Chaque lundi jour de fermeture Jacolino, Ciccio et Néné boivent et mangent des plats savoureux avec les dames qui leur racontent alors des histoires incroyables et miraculeuses avec des personnages insolites. Chaque récit est l'objet d'une mise en scène bouffonne.

Dehors c'est la guerre dans toute son horreur. Les clients de plus en plus nombreux ne font plus « flanelle » et consomment en hâte. Arrivent au bordellu les mutilés, les blessés, les presque morts. A la fin en 1943, les alliés débarquent. La pension Eva a été réduite à un tas de décombres. Ciccio lui offre sa première cigarette. Nenè fête son dix-huitième anniversaire.
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La peur de Montalbano

Je viens de faire connaissance, à partir de ce recueil de nouvelles d'inégales longueur, du célèbre commissaire Montalbano et de son équipe.

Chez Camilleri, il paraît faire tout de même moins noir que chez Scerbanenco et l'on goûte la cuisine sicilienne dont Montalbano semble abuser.

Le policier est humain, pour qui la guerre des police avec les carabiniers ne tient plus lorsqu'il s'agit d'aider un mourant à terminer sa tâche... Et curieux, lorsqu'il va découvrir une vérité qui restera ignorée: une haine éteinte au seuil de la mort.

Et puis, il y a cette traduction extraordinaire (voir l'avant-propos du livre) avec ce parlé si particulier de la Sicile, qu'à moi il plut bien quand je le lus.

Cela donne une musicalité particulière et savoureuse aux enquêtes.

L' œuvre de Camilleri recevra donc d'autres visites attentionnées de ma part, en tant qu'excellente cuisine de la gastronomie littéraire italienne.
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La Forme de l'Eau

Je remercie Realita18 pour cette pioche (Février). Je pensais qu'il s'agirait d'une relecture car j'ai plusieurs Andrea Camilleri dans ma bibliothèque mais en définitive, celui-ci fait parti des quelques rares que je n'ai encore pas lu. J'avais découvert cet auteur avec un ami qui jetait une partie de sa bibliothèque pour cause de déménagement et pas la possibilité de l'amener ni de la donner avec les bouquins qu'elle contenait.



J'avais oublié le style très particulier de cet auteur avec ses phrases à rallonge et ses noms typiquement siciliens. J'apprécie beaucoup la série tv diffusée sur FR3 l'été. du coup, pour les dialogues, je les ai lu en y rajoutant l'accent sicilien. L'auteur a sa façon bien à lui de nous faire baigner dans l'atmosphère d'un petit village sicilien avec ses traditions pas toujours communes aux autres pays. Un vrai régal pour ma part !! Ce roman nous dévoile une enquête qui n'en est pas une pour ce cher commissaire qui voulait juste découvrir le fin mot de toute cette histoire qui avait éveillé sa curiosité, et la mienne. Tout commence pourtant par la banale mort naturelle d'un politique local dans un endroit insolite et qui ne correspond pas du tout à l'image que se donnait ce personnage. Une enquête toute simple en apparence et qui va se révéler plus compliquée que prévu après recherche d'indices et dénouement à la mode Hercule Poirot en version sicilienne.



Comme vous l'aurez compris, cette pioche a été une excellente lecture qui m'a permis de renouer avec ce cher commissaire Montalbano. Je trouve d'ailleurs dommage que cet auteur ne soit pas plus connu car il vaut le détour avec son atmosphère typiquement sicilienne et sa façon de résoudre les enquêtes. Si vous êtes amateurs de polars, je vous conseille très fortement de découvrir Andrea Camilleri et son commissaire Montalbano. Pour ma part, il me semble qu'il m'en reste encore quelques uns à lire ou à relire dans ma PAL.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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La disparition de Judas

Je me suis encore régalée avec ce roman policier historique du maestro Andrea Camilleri (2000). il est original et drôle.

Nous sommes à Vigatà (ville sicilienne imaginaire) , le vendredi saint de l'an 1890. Tout le village assiste à la représentation du mystère de la Passion du Christ, dit Les Funérailles. le comptable Pato, directeur de la filiale locale de la banque de Trinacria, neveu du Sous-secrétaire d'Etat au Ministère de l'Intérieur et paroissien irréprochable, incarne Judas. Conformément à la mise en scène prévue, au moment de la pendaison du mauvais apôtre, une trappe s'ouvre et Pato disparaît. Mais il n'a toujours pas réapparu le lendemain. Le délégué à la sécurité publique Ernesto Bellavia et le maréchal des carabiniers royaux Paolo Giummaro mènent l'enquête.



L'originalité de ce roman policier c'est qu'il est entièrement rédigé sous forme d'un dossier épistolaire administratif. Il contient dans l'ordre chronologique les documents officiels ou non tapés à la machine. Ils ont différentes typographies et des en-têtes stylisés. On y trouve les rapports aux supérieurs hiérarchiques, officiels et non officiels ; les procès verbaux d'interrogatoires ; des articles de journaux ; les lettres farfelues d'un sujet de sa Majesté, des plaintes de paroissiens outrés, des interventions politiques, des interventions ecclésiastiques, mais aussi des lettres anonymes, des graffitis etc.

L'enquête est passionnante jusqu'au bout. Les deux premiers chapitres permettent au lecteur de se familiariser avec tous les protagonistes d'une manière claire et simple. Les hypothèses sont nombreuses. La découverte de la vérité est perturbée par des interventions extérieures et partiellement occultée jusqu'au bout. Au lecteur de se faire son idée.

Et puis surtout, c'est une comédie dans la tradition sicilienne (populaire et littéraire), avec une forme moderne qui ressemble à un collage épistolaire.

Les lettres permettent de jouer sur l'alternance entre les registres de langue et les niveaux d'éloquence. Les lettres vont de l'ampoulé au dialectal, de l'empesé onctueux aux menaces directes, du rigide bureaucratique aux lazzi. C'est souvent très drôle et cela permet en même temps de se rendre compte des moeurs et coutumes locaux, de la rivalité traditionnelle entre police et carabiniers, des rapports hiérarchiques et sociaux de l'époque et bien entendu de la façon dont on camoufle la vérité.

Plus je lis Camilleri, plus je le trouve génial.
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Le neveu du Négus

65 millions de francais deconfines,

et moi et moi et moi.

65 millions qui respirent par le nez,

et moi et moi et moi.

65 millions qui s'remettent a bourgeonner,

et moi et moi et moi.

De rage, moi et moi et moi je m'en tape une forcenee,

une carabinee.

Une farce bien tournee,

que dis-je: dechainee.



Une farce enorme. Ou Camilleri s'en donne a coeur joie. Ou il ridiculise l'eternel jeu de pouvoir des complexes (accent aigu), ou la meme personne s'abaisse, brosse le carrosse de plus puissant que lui et en contrepartie rosse ses subordonnes. L'auteur plante comme décor l'Italie fasciste, mais le lecteur peut transplanter en pensee le recit, la farce, en autres temps et autres pays, et cela restera bouffonnement fiable. Ce genre de cretinerie a, de toujours, niche partout.



Ah! Et en ces jours ou lives de toutes les couleurs de l'arcanciel matter, quel delire que lire comment un jeunot ethiopien, un noir de negre abyssin, filou, devergonde et viveur, se joue d'une ribambelle d'abrutis, de tout un pays abruti par le fascisme!



Camilleri n'est pas ne de la derniere pluie (il serait plutot mort de la derniere canicule, ce regrette) alors il se garde bien de nous raconter de sa propre voix des menteries. Et encore plus d'ecrire et de signer des pages compromettantes. En place et lieu de cela il nous sert des lettres et des telegrammes, des notices et articles de journaux, et des dialogues enregistres on ne sait comment. Et ca marche!



En tous cas pour moi ca a marche meme si la farce est du genre brutal, comme il se doit, grosse marrade, amateurs de fines plaisanteries passez votre chemin, ici nous sommes dans les confins de Scapin.



Dans les quoi? les confins? ca revient?

Et moi et moi et moi maintenant que vais-je faire?

De tout ce temps que sera ma vie?



P. S. Tellement ringard de paraphraser le Jacques, de citer le Gilbert! Je suis un antediluvien!

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La couleur du soleil

Cette nouvelle de 2007 est un petit apéritif goutu à lire à la tombée du jour.

Au printemps 2004, le narrateur qui se nomme Andrea Camilleri fait un voyage à Syracuse pour assister à une tragédie grecque jouée dans le grand théâtre antique. de retour à l'hôtel, il s'aperçoit que son voisin, un gros personnage malodorant qui l'obligeait à se serrer, a glissé un papier dans sa poche, avec un numéro de téléphone. S'ensuit un long trajet louche dans la campagne sicilienne les yeux bandés à l'arrière d'une voiture jusqu'à une ferme perdue. le narrateur fait alors connaissance autour d'un bon repas du riche et aimable M. Carlo. Sa défunte épouse, grande fan de Camilleri, aurait hérité de curieux objets et d'un manuscrit inconnu. Il s'agirait d'« un journal » que Michelangelo Merisi, dit le Caravage (v.1571-1610) aurait écrit à l'été 1607 à Malte puis en Sicile. le narrateur examine les maigres notes et les transcrit en écartant ce qui lui semble moins intéressant. Il se concentre sur les énigmes que sont son obsession du soleil noir ainsi que sur les circonstances de l' emprisonnement du peintre à Malte puis de celles de son évasion du fort Saint-Ange.

A la fin le mystérieux M.Carlo, lui même malhonnête et poursuivi, réapparaît.



Camilleri a imaginé avec vraisemblance et faconde ce qui s'est déroulé durant dix jours bien mystérieux dans la biographie du maître. le pseudo journal commence précisément avec le peintre qui, en raison d'une condamnation à mort pour meurtre, se réfugie à Malte. Il est poursuivi par les gardes du pape et a l'intention d'entrer dans L'Ordre des Chevaliers locaux afin d'obtenir l'annulation de sa condamnation papale. Sa course désespérée et désespérante tant il cherche les ennuis, se double d'une autre course vers la folie. le motif du soleil noir, qui découle de l'interprétation des oeuvres de l'artiste par des spécialistes est vu du point de vue du Caravage et des autres personnages qui gravitent autour de lui : sorcière, moine, chevalier, Inquisiteur. Est-ce une maladie avec remède pire que le mal ? Une punition divine inévitable ? Une diablerie ? Une malédiction ? Camilleri restitue l'âme torturée du peintre, jouisseur, irascible et provocateur mais aussi tout son environnement mystique et violent avec beaucoup de talent. Et Il imite le langage du XVIIe sans en faire trop. Au milieu du livre des reproductions des toiles du Caravage assortis d'extraits du journal sont diablement intéressants et attestent de la pseudo véracité du propos.



Ce petit ouvrage de commande est bien trop court et l'on passe trop de temps au XXIe siècle à mon goût. Mais, grâce à l'ami Andrea Camilleri, vous vous (re)plongerez avec appétit dans l'oeuvre du Caravage.

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La Danse de la Mouette

J’ai attaqué mon premier Camilleri avec un ‘pétit à mordre le pied d’une chaise. Et il m’a bien calée : le plat était savoureux, pimenté et roboratif.

Ce dix-neuvième roman s’ouvre sur l’observation mélancolique d’une mouette qui danse ses derniers instants. Le commissaire Montalbano va ensuite chercher son amie Livia à l’aéroport. Il apprend que son adjoint Fazio a disparu. Il en oubliera Livia, au caractère volcanique. Il découvre que Fazio enquêtait sur des trafics dans le port de pêche avant d’avoir été entraîné dans un lieu où des puits asséchés servent de cimetière sauvage…

Ce n’est pas l’enquête policière qui m’a passionnée. Je l’oublierai assez vite. En revanche le travail sur la langue est formidable. Andrea Camilleri procède par séquences faciles à suivre. On suit il dottore dans ses pérégrinations policières et digestives au plus près. La narration est assez dépouillée : en un ou deux détails Camilleri saisit le caractère d’un personnage sans s’embarrasser de ‘sychologie à la noix. Par contre, il allonge les dialogues utiles ou pas et digresse allègrement pour le plaisir de l’art. La langue reproduit le rythme du langage oral. L’italien oralisé et un dialecte sicilien réinventé se croisent en permanence. Cette langue métissée très bien traduite est une pure création qui donne paradoxalement un sentiment de proximité. Elle permet aussi de se payer de bonnes tranches de rigolade entre deux séquences dramatiques, teintée d’ironie amère.

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La Pyramide de boue

Cette Pyramide de boue (2014) ne m’a pas ensevelie, je l’ai trouvée captivante.

Seul bémol le cauchemar prémonitoire au début du roman. Andrea Camilleri l’utilise un peu trop souvent à mon goût dans la série des Montalbano mais c’est un détail. L’intrigue est pleine d’astuces. Le thème passionnant et puis la langue est superbe, parfaitement traduite (voir citations).



Des torrents de pluie s’abattent sur Vigata depuis une semaine et forment sur les nombreux chantiers immobiliers des pyramides de boue. La victime se trouve dans un énorme tuyau qui troue la colline pour y faire passer des conduits de canalisation. Un vieux vélo se trouve à l’entrée. Le « catafero » est à moitié nu. On l’a tué d’une seule balle dans le dos. C’était un comptable apparemment sérieux mais sa maison recèle bien des mystères. Inge, sa jeune épouse allemande est introuvable, sa voiture a été incendiée. Et puis un oncle mystérieux qui vivait avec eux est également porté disparu. Fuite ? kidnapping ? Tout cela sent la Mafia.

La pyramide de boue, c’est bien sûr celle des marchés publics, de la corruption des politiques, des inspecteurs qui ferment les yeux sur les malfaçons, les destructions écologiques, les accidents du travail . C’est celle du blanchiment d’argent sale via les salaires des ouvriers payés en espèces.

Montalbano essaye de pénétrer à l’intérieur, s’enfonce dans un dédale glissant de fausses-pistes et de comédie humaine. Malgré son vague à l’âme, il est attentif, astucieux et évite les nombreux pièges tendus visant à faire croire à une histoire de cocufiage. Mais pour accéder au trésor , il devra, comme lui suggère le proc’, creuser un trou non autorisé par les gardiens de la pyramide.



Je recommande.
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Les enquêtes du commissaire Collura

Voilà un petit recueil de l'ami Camilleri. C'est très léger, cela se lit sans ennui. Ces huit nouvelles policières ont pour personnage principal, le commissaire Cecè Collura et ont été publiées dans le quotidien la Stampa au cours de l'été 1998.

Les huit enquêtes se passent sur un navire de croisière, ambiance « la croisière s'amuse » : milliardaires bling bling, poulettes de luxe, avocats véreux et bal du commandant. Cecè Colura suite à une blessure par balle se retrouve commissaire de bord sur ce bateau.

On comprend que l'ami Camilleri s'est plû à concevoir des nouvelles sur un format court imposé par le journal. Ce sont de petits mystères pas trop graves que le commissaire résout en deux coups de cuiller (pas shaker) à Martini. Les histoires sont bien ficelées et ont la particularité de démasquer comédiens en tout genre (faux passager, faux chanteur, faux assureur, faux fantôme...) En plus chaque nouvelle se termine par la formule consacrée très pirandellienne «Et cette croisière, était-elle réelle ou virtuelle?». Camilleri joue sur le comique et le tragique avec la même dextérité. La première de ces mini enquêtes présente un chanteur de charme qui se révèle être non pas un affreux mafioso, un bandit déclaré comme on pourrait le supposer mais vous ne devinerez jamais (si ? J'attends vos suppositions)… A l'opposé on trouve une nouvelle plutôt triste avec une mère ayant perdu son bébé.

Il manque cependant la profondeur psychologique et l'inventivité verbale des enquêtes plus longues du commissaire Montalbano. Et cela ne vaut pas non plus les policiers à énigme d'Agatha Christie.

Idéal sur un transat avec un cocktail coloré et des olives.
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Un été ardent

Quand le commissaire Montalbano loue une villa pour un couple d'amis de sa fiancée, il pense avoir réglé un problème, celui du report de ses congés. Mais à peine les amis arrivés, la villa est successivement envahie par les cafards, les souris et les araignées...

Puis c'est Bruno, le très jeune fils du couple, qui disparaît. On le retrouvera quelques heures plus tard dans un sous-sol caché, en compagnie du cadavre d'une jeune fille enfermé dans une malle depuis la fin de la construction de la maison...

Démarre alors une enquête qui nous fera visiter les profondeurs, et les bas fonds, de la Sicile.



Andréa Camilleri nous propose une énigme finalement pas si compliquée, mais qui offre le prétexte à se plonger dans quelques unes des caractéristiques - qualités ou défauts ? - de la grande île italienne : les paysages et les plages y sont idylliques ; la chaleur y est écrasante ; la corruption y est omniprésente !

Evidemment, l'intrigue est basée sur ce dernier aspect : qu'il s'agisse de remporter des marchés, de cacher, puis régulariser, des constructions illégales, de déguiser un homicide par défaut de protection (de l'employeur) en mort par imprudence (de l'employé), ou de masquer de coupables penchants sexuels, tout semble pouvoir s'acheter !

L'auteur explore les dérives de la société sicilienne, sous un soleil de plomb qui semble les alourdir encore, dans un décor qui en tout autre lieu inviterait à la rêverie (symbolisée ici par les séances de natation en mer du commissaire ?)

Un très bon polar donc, qui par beaucoup d'aspects se rapproche des polars ethnologiques façon Tony Hillerman. Là où le bat blesse, c'est quand le traducteur choisit de franciser le dialecte sicilien utilisé par Camilleri, alors que Hillerman et ses traducteurs ont choisi de conserver les termes navajos. C'est un parti pris assumé (Cf. l'avertissement au début du livre), mais qui m'a gêné, pas tant par les entorses à la grammaire et à l'orthographe françaises que par le fait que cela pourrait laisser penser que de nombreux siciliens, dont certains des collaborateurs du commissaire, sont de vrais demeurés...
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Le tailleur gris

Un faux polar du grand maître italien.

Un banquier quinquagénaire, sicilien,épouse en secondes noces une séduisante veuve de vingt-cinq ans sa cadette.Le récit débute au premier jour de la retraite du banquier, aprés dix années de mariage.

Préoccupé par l'organisation de sa vie future et des aventures extra-conjugales de sa femme qui le manipule à loisirs, il se retrouve dans un imbroglio, auquel va s'ajouter un élément encore plus grave....

J'aime la plume de Camilleri, mais j'ai lu mieux de lui.La fin m'a laissée sur ma faim....

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Le Cuisinier de l'Alcyon

Si, comme moi, vous êtes un fan du commissaire Montalbano et de cette langue si particulière, magnifiquement traduite, ne passez pas à côté de cet opus, car il n’en reste plus beaucoup à publier depuis que l’auteur nous a quittés (en 2019). En revanche, si vous n’en avez jamais lu, ce n’est pas par celui-là qu’il faut commencer, l’intrigue n’est pas représentative de la série.



Justement, il ne se passe pas grand-chose que Montalbano puisse se mettre sous la dent, du moins au début. Une jeune fille aux allures de mannequin se fait voler son sac, une grève dégénère chez un industriel, l’antipathique Trincanato, et une mystérieuse goélette s’approvisionne à Vigàta.



C’est sans doute pour ça que Montalbano ne s’émeut pas plus que ça quand le service RH le contraint à des vacances forcées à cause de ses nombreux jours de congés en retard. Il a bien tort, parce que le Questeur en profite pour mettre son nez dans l’organisation du commissariat, et pas qu’un peu.



Pendant les trois quarts du livre, le rythme du livre est assez lent, savourez la langue, admirablement traduite par Serge Quadruppani. Une fois que le commissaire aura compris ce qui se passe, les choses vont se précipiter, genre film américain (ce n’est pas tout à fait par hasard). Vous risquez de ne plus reconnaître votre commissaire sicilien préféré.



Bref, le parler sicilien est là, Montalbano est là, sans oublier Catarella et Fazio, Livia est aussi explosive que dans les autres romans, mais il y a un petit quelque chose d’inhabituel, de pas très crédible dans ce dernier opus. Une scène éprouvante a lieu sans que j’aie le souvenir d’en avoir lu de tels dans cette série. Mais les explications de cette différence vous seront données par l’auteur lui-même.


Lien : https://dequoilire.com/le-cu..
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L'autre bout du fil

Après avoir émergé d’un cauchemar, où sa pantoufle a tête de chat l’avait griffé, Le commissaire (dottor) Montalbano a une discussion animée avec sa compagne, Livia : celle-ci veut qu’il aille se faire faire un costume sur mesure, à l’atelier d’Elena, une de ses copines. Idée qui ne lui plaît guerre, surtout qu’il va falloir prendre ses mesures (partout), et se déshabillé devant une femme. Mais ils sont invités à renouveler les vœux de mariages d’un couple ami (autre idée qui ne le réjouit guère).



Il faut dire que notre commissaire a du pain dur la planche : durant la nuit « accueillir » les migrants qui débarquent sur la plage après avoir subi un voyage sur des embarcations surchargées, et il faut les faire débarquer sans déclencher de fuites liées à la peur, ils ont tellement attendu (et fantasmé) sur cette terre d’accueil, qu’ils tentent tous de se précipiter. Il est aidé par le Dr Osman qui peut leur expliquer dans leur langue ce qu’on attend d’eux.



La journée, il doit vaquer à ses obligations habituelles, avec un manque de moyens dramatiques. Il se rend néanmoins à son essayage et la belle Elena lui tourne un peu la tête, surtout ses jambes.



Un matin, Elena est retrouvée assassinée à coups de couteaux et l’enquête commence dans des conditions assez rocambolesques, la belle dame avait beaucoup d’admirateurs et on ignore tout de son passé…



J’ai bien aimé cette enquête sur fond de migrants, de réflexions sur l’Europe qui se cloître, pour n’accueillir personne. On rencontre des personnages intéressants, et les coéquipiers de Montalbano valent chacun leur pesant d’or. Qu’il s’agisse de Catarelle, et ses mésaventures avec le chat d’Elena, ou d’Augello amoureux transi, jaloux, au langage fleuri ou du plus réservé Fazio… J’ai bien aimé le docteur Osman et son dévouement par la traduction et l’aide qu’il apporte, ainsi que Meriam, l’assistante tunisienne d’Elena qui s’investit aussi à fond pour venir en aide aux migrants.



Je vais garder en tête des images fortes, tel le joueur de flûte qui pleure, se débat parce qu’on veut lui arracher sa flûte, lui qui était musicien reconnu dans son pays et à qui il ne reste plus que cet instrument.



Ou encore, ces passeurs infects qui n’ont pas eu le temps de sauter de l’embarcation en train de couler, et osent se faire passer pour des migrants, alors qu’ils ont profité du « voyage » pour violer une gamine…



Je voudrais rendre hommage au traducteur, Serge Quadruppani, qui a réussi à bien adapter en français, les 3 niveaux d’italien, ce qui en soi un exploit : l’italien officiel dans un registre familier, le dialecte et l’italien sicilianisé ce qui donne un texte savoureux. De plus, il a choisi le parti de la littéralité dans la construction des phrases : « Montalbano sono, Montalbano je suis » par exemple.



C’est la deuxième fois, seulement, que je me lance dans un roman d’Andréa Camilleri, car j’ai gardé un souvenir mitigé de « La danse des mouettes » et cette fois, j’ai apprécié l’auteur et le livre car l’intrigue est intéressante mais ce qui m’a vraiment séduite c’est la truculence de la langue…



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Fleuve Noir qui m’ont permis de découvrir ce roman et de replonger dans l’écriture d’Andrea Camilleri



#Lautreboutdufil #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Pirandello : Biographie de l'enfant échangé

Le clan des siciliens se concerte. le clan des siciliens s'entretient. le clan des siciliens palabre. le clan des siciliens parlemente. Entre eux ils s'expliquent, ils s'epanchent. Ils finissent par se mettre a table. C'etait Leonardo Sciascia qui avait commence a ecrire sur Pirandello. Puis c'a ete au tour de Camilleri de lacher cette "biographie de l'enfant echange".





Camilleri enserre son Pirandello dans une theorie simple et peut-etre valide: le celebre auteur ne se serait pas senti un vrai fils de ses parents, comme s'il avait etait echange avec un autre bebe a sa naissance. Il est trop different d'eux, presque incompatible. Ce n'est que sur le tard qu'il admet et assume cette filiation, et s'occupe de son vieux pere en bon fils. Toute la trajectoire de vie et de travail de Pirandello est analysee sous cet angle, passee par ce tamis. En s'appuyant sur de tres nombreuses citations, tirees de ses oeuvres et de sa correspondance.





Le Pirandello que nous presente Camilleri est assez insupportable, imbu de lui-meme, imposant ses vues a tous autour de lui, et pourtant essayant de fonder une famille aux rapports differents de ce qu'il a ressenti chez ses parents, fidele jusqu'au bout a sa femme, malgre la maladie de celle-ci, une paranoia exacerbee. Vers la fin de sa vie, en pleine reussite internationale, il est pathetique, tous ses enfants ayant pris ses distances avec lui, comme si son histoire familiale etait un eternel recommencement.





Camilleri n'a pas voulu faire dans l'academique, et malgre les nombreuses citations, son livre se lit aisement. D'autant plus qu'il n'est pas truffe, comme les romans que j'ai pu lire de lui, de "sicilianismes" a tire larigot (c'est peut-etre du a la traduction). Il faut croire que Camilleri a plus d'un tour dans son sac, plus d'un style dans son ecriture. Et la, une certaine sobriete s'est imposee a lui. C'est tres approprie a une biographie, mais pour tout dire moi je le prefere quand il se lache.





P. S. La Generale de Division (l'armee se feminise...) m'a jete, avec quelques autres, sur le champ de bataille, restant quant a elle a l'arriere a peaufiner ses plans. Romantique attarde, j'aurais aime la voir devant nous, tonnant un enthousiasmant "apres moi, mes fideles!". Generale, je vous attends! J'attends votre voix!



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Maruzza Musumeci

Voilà un petit roman (2007) entre conte, mythe et réalité qui vous donne la patate !



L'ami Camilleri s'est inspiré de divers mythes et légendes. le héros est Gnazio Manisco un ouvrier agricole sicilien de la fin du XIXe siècle. Son père Cola a détrancanné sévèrement en entendant des pleurs bizarres avant de décoconner aux Amériques. Dès l'âge de cinq ans pas plus, Gnazio travaille déjà pour un quart de salaire avec sa mère dans la brigade de peineux. Japico, le patron, appelle Gnazio « le pou ». Et pourquoi donc ? Parce que c'est bien simple, au moment du Déluge, Dieu les a oubliés, les poux. Alors ils sont allés se fourrer clandestinement sur la tête à Noé et ils se nourrissent depuis de la saleté des gens. Les peineux c'est pareil, Dieu les a oubliés. Alors Guazio se promet de partir aux Amériques dès que sa mère défuntera. Je ne vous raconte pas tout mais, sachez, c'est trèèèès important, qu'en mer Gnazio est malade comme un chien gâleux. A New-York, il travaille comme maçon, apprend l'anglais auprès d'une vieille chouette pet sec à lunettes et devient ensuite jardinier, élagueur pour la ville de New-York. Mais des messieurs lui demandent de tuer une dizaine d' arbres dans un parc près de la trente-huitième avenue pour y planter des immeubles à la place. Gnazio refuse. Alors ils essayent de l'éliminer mais Gnazio s'en sort avec une patte folle et l'assurance. Gros de pecuniaux, les amis ! Il décide donc de s'en revenir à Vigata où tout le monde l'a oublié, de se trouver un terrain avec un olivier. Et puis une femme. Quand il découvre l'emplacement du terrain, il devient blême comme une merde de laitier. le lieu-dit « La Nymphe » est une une langue de terre comparable à une proue de navire. Elle donne sur la mer mais surtout elle possède un magnifique olivier. Or c'est sous un olivier que Gnazio veut défunter. Alors il travaille, cultive, maçonne, construit sa petite maison avec des ouvertures qui tournent le dos à la mer. Puis il s'en va trouver la mère Pina. Il fait le difficile tout ça, mais elle finit par lui dégotter Maruzza Musumeci. Jeune, belle, vaillante, joyeuse, elle chante beaucoup. Mais de temps en temps, oh pas grand-chose, pas tout le temps, elle dégoise un peu, elle détrancanne légèrement la Maruzza...



J'adore la prose savoureuse de Camilleri. Il raconte la Sicile comme personne.
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La Forme de l'Eau

Cela faisait un bon moment que j'avais envie de découvrir les aventures du commissaire Montalbano et surtout la plume réputée d'Andrea Camilleri.

Et voilà, j'ai tourné la dernière page ce matin et j'avoue que j'ai été surtout sous le charme du style de l'auteur.

Je ne rentrerais pas plus en détail sur la qualité de la traduction de Serge Quadruppani, d'autres babelionautes l'ont déjà très bien fait.Il est vrai que cela donne une dimension à l'histoire fort singulière et nous permet de nous transporter sans problème en Sicile.

J'ai donc découvert avec ce premier épisode de la série qui compte près de trente épisodes, un nouveau policier. Il est vrai qu'il mérite le détour, ce commissaire Salvo Montalbano, qui sous ses airs de ne pas y toucher, est à l'affut des moindres détails permettant à l'enquête de progresser…

Je reste avec un petit sentiment de n'avoir pas su complétement apprécier ma lecture. Je me demande si à force de lire des polars majoritairement anglo-saxons, je n'ai pas inconsciemment été déroutée par l'environnement très différent de la Sicile qui sert de décor à Montalbano ?

Une chose est sure, je réessayerais dans quelques temps de lire une autre aventure de ce commissaire dont les valeurs humaines sont indéniables. Et retrouver la plume de cet auteur sera de toute façon un plaisir.





Challenge Mauvais Genres 2022

Challenge Multi-Défis 2022

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Le toutamoi

Andrea Camilleri s’est inspiré très librement d’une histoire scandaleuse qui défraya la chronique italienne dans les années 70. Cette satire d’une certaine aristocratie décadente mâtinée de mythologie grecque manque de finesse et ne m’a pas convaincue du tout.

Ariana qui vient d’avoir trente trois ans est une femme enfant, au passé trouble et à l’esprit pour le moins dérangé. Elle a épousé Guido, un riche industriel impuissant. Tous les jeudis, celui-ci choisit sur la plage un jeune homme pour sa jeune femme et assiste à leurs ébats. Il est bien entendu qu’Ariana ne couche jamais plus de deux fois avec le même morceau de viande. Mais un jour elle rencontre Mario, un étudiant niais et fougueux qui ne veut plus la quitter...

Et le Toutamoi alors ? Et bien c’est une antre secrète et maléfique aménagée dans un coin du grenier et gardée par un crâne de vache. Si. Ariana peut tranquillement s’y confier à Stefania, sa véritable amie, une poupée en porcelaine. Elle s’y réfugie souvent dans son Toutamoi et malheur à celui qui viendrait y pénétrer en se gaussant de ses petites manies. Brrrrrt !

Le livre se lit très vite, c’est son principal atout. Je n’ai pas aimé cette petite bouillie gluante et indigeste. Les descriptions pseudo érotiques des ébats des jeunes mi-humains mi bovins créent un malaise. Doit-on rire  ou pleurer ? En tout cas elles sont bien grotesques. Les trois personnages sont vraiment trop caricaturaux pour qu’on y croit un instant, Ariana est dingue et les deux hommes idiots. Le crime est totalement improbable.

Une satire vacharde à oublier bien vite.

Meuhhh !

Rendez-moi Montalbano !
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Le cours des choses

"Tu es en train de me citer des crimes passionnels et il y a des gens qui ne réagissent que lorsqu'on touche à leur honneur. Et d'après moi, Peppi monaçu....

- Depuis dix ans que la moitié de la ville baise sa femme?

- Dix ans, oui. Selon toi, il faut un compteur pour l'honneur?"



Il y a tant de savoureuses répliques de cet acabit, tant de poutrônes et de niguedouilles,  tant de pique plantes et de fenottes, tant d'emboconneurs patentés  qui s'apinchent du coin de l'oeil et piapiatent dans les coins qu'on a les zygomatiques en fête en lisant ce tout premier roman du père de Montalbano, édité dix ans après sa rédaction et "pour ainsi dire inédit, car il n'eut pas de distribution" nous confie, plein d'humour, Andrea Camilleri dans la postface.



L'édition de 2005  rend enfin justice à ce coup d'essai qui ne fut pas un coup de maître éditorial,   nous permettant d'apprécier , presque 50 ans après sa rédaction, ses évidentes qualités littéraires. 



 Humour ravageur, langue  qui ne l'est pas moins - traduction brillante de Dominique Vittoz- , personnages hauts en couleur au parler savoureux, intrigue bien ficelée et Sicile sicilianissime!



Ah ce petit village , sans nul doute inspiré de Port Empédocle où sont nés Andrea Camilleri et son cher Luigi Pirandello, avec ses communistes porteurs de saints et ses  saints populistes, grands redistributeurs des biens de production , avec ses mafieux respectés, sinon respectables,  et ses flics tournés en bourrique  par une tradition tenace de vendetta et d'omerta conjuguées.



Voici donc une curiosité qui est , déjà, un petit bijou , une vraie friandise de polar !



Montalbano et Vigàta ne sont pas encore nés,  mais l'adjudant Corbo a toute la sagacité,  l'indépendance d'esprit et l'humour du futur commissaire.



Quant  au petit village sicilien sans nom des années cinquante où se déroule Le Cours des choses , il  a déjà, comme plus tard Vigàta,  ses buvanvins et ses poutrônes,  ses cafés et son église, ses bergers porteurs d'oranges,  ses fêtes patronales à San Calogero, ses assassinats commentés  - une spécialité locale!- et ses bourgeois à coite,  tellement à coite, d'ailleurs qu'ils ont beaucoup de mal à comprendre - comme le pauvre Vito, si consensuel qu'on le remarque à peine- pourquoi, soudain, on leur tire dessus...



Je me suis régalée et j'ai souvent ri aux éclats,  pas du tout gênée, au contraire, par ces mots inventés  - apax, mots-valises, mots sauvages chers à Maurice Rheims , toujours éclairés par le contexte et laissés au nuancier personnel du lecteur, pour le plus grand plaisir de son imagination!



Fin formidable, à tous les sens du mot, commentée par les Bouvard et Pecuchet locaux!



Un bijou, on vous dit, à  redécouvrir d'urgence aux éditions Fayard.

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La pension Eva

Voici un court roman d'apprentissage mêlant réalité historique , récit documentaire , initiation érotique et fantasmes d'un jeune garçon, Nenè , de son innocence jusqu'à ses dix- huit ans dans la Sicile des années 40.

Une mystérieuse bâtisse située à l'entrée du village l'intrigue .......

Mais que vont faire tous ces hommes dans la belle maison près du port où habitent tant de femmes qu'il entendait rire et parler à voix haute dans une chambre lointaine ?

Tenté de rentrer , vers l'âge de huit ans ,on le pria illico de s'en aller .......

Il joue au docteur avec sa jolie cousine dans le grenier, suit d'un doigt avec gourmandise les contours des dessins de Gustave Doré dans le Roland-furieux de L'Arioste ......

Ou rouge de honte , submergé par un désir lancinant qu'il ne sait pas reconnaître, suivre les contours de sa cousine dont les formes appétissantes le font frémir , gémir à l'intérieur ........

Bientôt viendra le temps où grâce à son ami Jacolino , fils du gérant , il visitera La-pension-Eva où de gentilles filles l'initieront aux plaisirs de la chair .........

La guerre bouleversera tout. Des flots de militaires arrivent à la pension, les filles ne changent plus tous les quinze jours. Entre deux passes on prie, ce bordel apparaît comme un abri hors du temps ........Nenè grandit entre ces femmes et la guerre .......

La découverte de l'amour et du désir s'avèrent prétexte à de nombreuses anecdotes.........sans oublier les horreurs, les bombardements , les destructions, les morts , loin de l'odeur des sardines grillées, de l'air marin et du soleil ........

Nombre d'anecdotes truculentes alliées à une allégresse rêveuse et un realisme magique par temps d'apocalypse permettent d'oublier un temps les larmes de la guerre...........

Le style , mâtiné d'argot , surprenant peut déranger le lecteur . La traduction s'avère un peu maladroite .

Au final , un savoureux roman d'initiation sentimentale et érotique tissé d'humour et de naïveté, de tendresse et de dérision, pétri de personnages attachants , qui permet d'adoucir les réalités de la guerre, au coeur de l'Italie fasciste , grâce au talent de conteur de l'auteur.
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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