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EAN : 9782080682154
318 pages
Flammarion (18/03/2002)
4.14/5   7 notes
Résumé :
En écrivant la biographie du grand dramaturge Luigi Pirandello (1867-1936), Andrea Camilleri, né dans le même village sicilien de Porto Empedocle, focalise son attention sur tous les événements qui ont influencé son oeuvre : son premier amour, son mariage malheureux, son amour égoïste et exclusif pour sa fille, et surtout ses rapports complexes avec son père. Pirandello se sent comme un fils « échangé A, interverti par accident, au point de renier son géniteur. Celu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Triste coïncidence! Au moment où je m'apprête à chroniquer sa biographie de Pirandello, chaudement recommandée par notre Booky , cette dernière m'apprend que le célèbre père du commissaire Montalbano vient de ranger définitivement ses plumes : il  est mort, aujourd'hui, tout auréolé de gloire,  à  93 ans.

J'avoue n'avoir lu qu'un seul Montalbano, La Concession du téléphone, sans avoir été  le moins du monde séduite.. Je n'avais pas récidivé : il y a tant de choses à lire et tant d'auteurs à découvrir...

Mais qu'il fût l'auteur d'une biographie ou plutôt d'un essai -roman biographique sur Pirandello m'a intriguée. J'ai appris au passage qu'avant d'être un célébrissime auteur de "giallo" Camilleri était un dramaturge, un scénariste et un critique dramatique fort brillant.

Donc, Pirandello, ok, ce n'était plus une surprise mais une rencontre un peu "arrangée "de deux  dramaturges, tous deux siciliens, et du même patelin qui plus est!

L'entreprise de Camilleri est originale: il revit de façon d'abord un peu lointaine, en adoptant les codes et registre du critique, le parcours de Luigi Pirandello.

Mais progressivement, son angle de vue se resserre, sa vision personnelle empiète sur le recul critique , et le registre devient celui d'un romancier.

Comme si Luigi Pirandello, objet de l'ouvrage,  était devenu Personnage à part entière, et s'était trouvé un auteur en la personne d'Andrea Camilleri, écrivain, dramaturge, et sicilien. Une sorte de  double lointain. Une étrange répétition.. .. ..

Se trouver, personnage en quête d'auteur, répétition ....Suivez mon regard: on est en pleine mise en abyme, là, non?

Sollicitant abondamment l'oeuvre, la citant, l'interrogeant, l'appelant à la barre comme pour la faire  témoigner du bien-fondé de ses hypothèses,  Camilleri cible toute cette biographie inspirée et  intériorisée autour d'un point focal classique: la (mauvaise) relation entre un père,- don Stefano Pirandello, négociant en soufre, affairiste agité et violent-,  et Luigi Pirandello, son fils, réservé voire mutique, littéraire et sourdement hostile.

 Si mauvaise, la relation, que Luigi nourrira le fantasme, entretenu par une légende sicilienne racontée par sa nourrice,- La Fable de l'enfant échangé-  qu'il n'est pas le fils de son père, qu'il n'est que le rejeton disgracieux laissé en otage à ses parents par les "donni", les dames-
sorcières en sicilien, qui ont mis le vrai fils en bonne place afin qu'il fût honoré comme un roi. A charge pour les parents de faire contre mauvaise fortune, bon coeur et de gâter l'enfant de paille pour que tout le bénéfice en retombe,  loin de leurs yeux, sur leur vrai fils , l'enfant-roi! Un thème freudien!

Toute la vie de Pirandello, vue à travers ce prisme, est une longue, lente, éprouvante démarche du fantasme à la réalité,  de la haine et de la rancune, à la réconciliation.. .et ,hélas, au mimétisme, car le fils pardonnant au père s'avère être, à son tour , aussi mauvais père, aussi mauvais mari, que ne l'avait été son propre père, c'est bien connu, les chiens ne font pas des chats!

Mais c'est passionnant de dechiffrer l'oeuvre et de découvrir l'homme  à travers cet objectif-là.

-Alors, Michfred, pourquoi ne pas avoir mis 5 étoiles -cinque stelle..- à ce petit bijou ingénieux, convaincant, passionnant?
- Pour une bien mauvaise raison, en fait, et dont j'ai honte, mais qui prouve qu'à sa manière, le récit  autobiographique a fait mouche: Luigi Pirandello, rancunier, narcissique, despotique, sûr de son charme,  intéressé , impecunieux et égoïste, m'a parfaitement déplu.. .il a même, un court moment, mais mal placé,  été membre du parti fasciste..

Camilleri l'Auteur a si bien trouvé son Personnage qu'on y croirait!

Quatre étoiles, là,  et c'est mon dernier mot!

Ps: Merci Booky, j'ai dévoré en deux jours, quand même!

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Le clan des siciliens se concerte. le clan des siciliens s'entretient. le clan des siciliens palabre. le clan des siciliens parlemente. Entre eux ils s'expliquent, ils s'epanchent. Ils finissent par se mettre a table. C'etait Leonardo Sciascia qui avait commence a ecrire sur Pirandello. Puis c'a ete au tour de Camilleri de lacher cette "biographie de l'enfant echange".


Camilleri enserre son Pirandello dans une theorie simple et peut-etre valide: le celebre auteur ne se serait pas senti un vrai fils de ses parents, comme s'il avait etait echange avec un autre bebe a sa naissance. Il est trop different d'eux, presque incompatible. Ce n'est que sur le tard qu'il admet et assume cette filiation, et s'occupe de son vieux pere en bon fils. Toute la trajectoire de vie et de travail de Pirandello est analysee sous cet angle, passee par ce tamis. En s'appuyant sur de tres nombreuses citations, tirees de ses oeuvres et de sa correspondance.


Le Pirandello que nous presente Camilleri est assez insupportable, imbu de lui-meme, imposant ses vues a tous autour de lui, et pourtant essayant de fonder une famille aux rapports differents de ce qu'il a ressenti chez ses parents, fidele jusqu'au bout a sa femme, malgre la maladie de celle-ci, une paranoia exacerbee. Vers la fin de sa vie, en pleine reussite internationale, il est pathetique, tous ses enfants ayant pris ses distances avec lui, comme si son histoire familiale etait un eternel recommencement.


Camilleri n'a pas voulu faire dans l'academique, et malgre les nombreuses citations, son livre se lit aisement. D'autant plus qu'il n'est pas truffe, comme les romans que j'ai pu lire de lui, de "sicilianismes" a tire larigot (c'est peut-etre du a la traduction). Il faut croire que Camilleri a plus d'un tour dans son sac, plus d'un style dans son ecriture. Et la, une certaine sobriete s'est imposee a lui. C'est tres approprie a une biographie, mais pour tout dire moi je le prefere quand il se lache.


P. S. La Generale de Division (l'armee se feminise...) m'a jete, avec quelques autres, sur le champ de bataille, restant quant a elle a l'arriere a peaufiner ses plans. Romantique attarde, j'aurais aime la voir devant nous, tonnant un enthousiasmant "apres moi, mes fideles!". Generale, je vous attends! J'attends votre voix!

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C'est un petit mot de Bookycooky, disant qu'il n'y avait pas de critique sur un livre qu'elle avait aimé et qu'il fallait se jeter à l'eau. Pour cause de vacances, j'arrive deuxième. Biographie du sicilien Luigi Pirandello, Prix Nobel de littérature en 1934. Début de lecture un peu ardue avec la description de la famille des parents et la naissance de Luigi. Mais dès qu'il commence à grandir, on est embarqué. Voici La Sicile avec ses codes et ses légendes comme celle de L'enfant échangé. Luigi, de par ses études et sa vie, habitera d'autres endroits de l'Italie et en Allemagne. Comme souvent à cette époque (1867-1936) sa carrière d'écrivain et de dramaturge sera entravée à bon ou mauvais escient par les difficultés financières, le choix du conjoint par les parents, sa femme paranoïaque. le point fort de ce récit est la difficulté de relation fils au père qui deviendra lui-même père avec cet héritage qui se reproduira avec ses enfants. Et comment un individu, frappé par les coups que la destinée donne, peut-il à ce point devenir despotique ? Intéressant. Merci Bookycooky
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N°1602 – Novembre 2021

Pirandello – Biographie de l'enfant échangé – Andrea Camilleri – Flammarion.
Traduit de l'italien par François Rosso.

Dans cet ouvrage, Andrea Camilleri nous montre une autre facette de son talent en se faisant biographe, pas de n'importe qui cependant puisqu'il choisit Luigi Pirandello (1867-1936) qui non seulement était un homme de plume, mais surtout peut-être, parce qu'il était né comme lui à Porto Empédocle, une sorte de double, un « demi-frère sicilien ». Mais en tant que dramaturge Camilleri fait de Pirandello le véritable personnage du roman qu'il écrit à cause des relations plus que tendues que ce dernier avait avec son père, absent, trop occupé par ses affaires, mais aussi violent, volage et colérique. Nous savons qu'une enfance difficile est souvent la source de la création littéraire et c'est donc ce registre que le père du commissaire Montalbano choisit pour nous le présenter. Pour cela, il part d'une légende sicilienne qui reprend le thème traditionnel de l'échange d'enfant au berceau, lequel devient roi à la place d'un autre. A la lumière de ce propos qui a été repris par Pirandello lui-même dans son oeuvre, Luigi, qui se voit comme très différent de ses parents, en vient à penser qu'il n'est pas fils de son père. Il était donc normal que son biographe s'emparât de ce thème qui ne fut pas pour Piradello qu'un concept mais véritablement le fantasme et l'obsession de toute sa vie. le jeune Luigi mettra tout en oeuvre pour prendre ces distances avec cette famille où il pensait ne pas avoir sa place. Ce doute sur sa filiation ne l'a cependant pas empêché de vivre correctement, grâce aux subsides de cet homme, pendant toutes ses années d'études, menées parfois à l'étranger, ni d'ailleurs d'accepter un mariage arrangé par lui qui avait pour but de redorer le blason de l'entreprise familiale et d'augmenter son capital grâce à l'importante dot de la jeune fille. Cela lui a permis de se consacrer à sa vocation d'écrivain à laquelle il se destinait exclusivement mais qui ne lui rapportait quasiment rien au début. Ce doute sur sa filiation, cette idée du « double » baigneront tellement toute sa vie que Pirandello en concevra un problème d'identité sur lequel se penchera attentivement le célèbre écrivain italien Leonardo Sciscia. Cela ajouté au tempérament sicilien, à ses coutumes ancestrales, à un mariage malheureux et à l'inévitable culpabilité judéo-chrétienne, l'amèneront à supporter avec un certain stoïcisme la jalousie maladive et la folie paranoïaque de son épouse et même à pardonner à son père. C'est entre autre pour cela qu'il demeura avec son épouse, même s'il comprit très vite qu'elle serait incapable de l'accompagner « sur la voie de l'art », ce qui, pour lui dût être un véritable déchirement et c'est cette incompréhension qui justifia qu'il la cantonne dans son seul rôle de mère. Pour autant, il doit bien y avoir un peu de réalité dans sa filiation légitime puisque Pirandello père nous est présenté comme un être autoritaire, insupportable, imbu de sa personne. Luigi une fois marié et père de famille puis veuf, reproduisit, selon la règle non écrite selon laquelle on refait le mauvais exemple donné, et ce alors même qu'on a tout fait pour l'éviter, puisqu'il se brouilla avec ses propres enfants, devenant, mais dans un tout autre contexte, un aussi mauvais père que le sien. Il fit même quelques pas chez les fascistes avant de rendre sa carte, boudé par le pouvoir mussolinien malgré son prix Nobel.
Camilleri entreprend donc de narrer des épisodes de son parcours créatif dans cette biographie passionnante, fort bien écrite, richement documentée, citant de larges extraits de son oeuvre, de sa correspondance privée, des réactions de la critique, des études biographiques et des lettres d'amis. On le sent même en empathie avec Pirandello tant les épreuves ont émaillé sa vie. de son enfance et de ses diverses expériences, de ses premières amours, de son mariage malheureux, de ses échecs, de la folie de sa soeur et de sa femme, non seulement il puisera les sources de ses créations, mais il trouvera dans l'écriture une forme d'exorcisme pour l'aider à les supporter. Ses personnages ne sont en effet pas exclusivement nés de son imagination créatrice mais empruntent beaucoup à la vie de leur auteur, illustrant ainsi l'effet cathartique des mots.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Mais quand l'heure est venue de la complète reconnaissance de soi-même en tant que fils, l'heure de la réconciliation , il n'a pas hésité à faire ce qu'il devait, à mettre ses pas dans ses empreintes, quand bien même ce chemin, souvent, conduisait à l'erreur. Car il a aussi consciemment ou non, exercé la même violence que don Srefano: non point physique, certes, mais tout aussi dévastatrice pour sa femme, ses fils, sa fille.
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Il comprend qu'il est né avant l'heure, deux mois trop tôt, parce que son père a causé une grande frayeur à sa mère.
Il comprend que celle-ci n'a pas pu le nourrir de son lait, parce que son père lui a causé une seconde grande frayeur.
Dans le mécanisme encore élémentaire de ses raisonnements de tout petit enfant, il est plus que probable qu'un principe de cause à effet s'est formé de lui-même : chaque fois que son père fait peur à sa mère , c'est sur lui que retombe une infortune.
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- S’ils se parlaient ? Bien sûr ! Sans arrêt.
- Et que se disaient-ils ?
- Ah, ça, je n’en sais rien. Ils se regardaient.
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"Croyez-moi, peu importe que ce soit une personne ou l'autre.
Ce qui importe est la couronne!
Échangez celle de papier et de verroterie contre une autre, d'or et de pierreries,
La pèlerine contre un manteau d'hermine,
Et le roi pour rire deviendra le vrai roi devant qui vous courberez la tête.
Il ne faut point autre chose: il suffit que vous le croyiez. "

Citation du livre de Camilleri, extraite de La Fable de l'enfant échangé de Pirandello.
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Les absurdités de la vie n'ont pas besoin de paraitre vraisemblables, parce qu'elles sont vraies. Au contraire de celles de l'art, qui, pour paraitre vraies ont besoin d'être vraisemblables... Il s'ensuit que taxer une oeuvre d'art d'invraisemblance et d'absurdité, au nom de la vie, est une ânerie.
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Videos de Andrea Camilleri (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrea Camilleri
Certains personnages ont la vie dure, traversant les années comme si auteurs et lecteurs ne pouvaient pas les quitter. Harry bosch, le fameux détective de L.A., est de ceux-là, créé en 1992 par Michael Connelly. Deux ans plus tard, Andrea Camilleri donnait naissance à son fameux commissaire sicilien Montalbano. Que deviennent-ils ? Leurs nouvelles aventures, qui viennent de paraître, valent-elles encore le coup ? Quant à Don Winslow, l'auteur de la fameuse trilogie La griffe du chien, il publie un recueil de six novellas dont deux remettent en scène les héros de ses plus anciens romans. Alors ? On a lu, on vous dit tout.
Incendie nocturne de Michael Connelly, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, éd. Calmann-Lévy. Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, éd. Fleuve noir. Le prix de la vengeance de Don Winslow, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, éd. Harper Collins. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤36Abonnez-vous20¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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