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Citations de Andreï Makine (1441)


Purgeant sa peine de vingt ans, dans un camp à l'est de la Sibérie, il coupait de gros troncs de mélèzes et de bouleaux, au fin fond de la taïga, armé comme tous ses camarades d'une scie et d'une hache. La chute d'un arbre fit tomber un nid d'oiseau où, au milieu d'une bouillie d'oeufs éclatés, un seul se trouvait intact. Il le ramassa et en rentrant dans sa baraque, le montra à ses codétenus. Le rêve un peu fou de conserver cet oeuf miraculeusement épargné les enflamma. A tour de rôle, pour ne pas l'écraser, ils le portèrent sous l'aisselle et, la nuit, à tour de rôle, ces "couveurs" attachaient un bras à leur poitrine, évitant ainsi un faux mouvement... Quelque temps plus tard, un oisillon en sortit et fut nourri du pain mâchouillé puis de grains ramassés dans la forêt. Un jour, il vola - d'abord, d'un grabat à l'autre, puis à travers la baraque et enfin, s'échappant dehors, il dépassa les lignes de barbelés et le surplomb sinistre des miradors, se perdant dans l'éblouissement bleu au-dessus de la taïga...
L'homme au nez balafré murmura la fin de son récit : "Je me dis parfois que c'était peut-être ça, la seule vraie victoire de ma vie."
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Lessia venait rarement, ne restait pas et ses commentaires du scénario servaient juste à combler le vide de leurs conversations.... Rien de plus lointain qu'une femme qui s'installe dans un nouvel amour. Une extraterrestre, un doux monstre distrait dont le visage, proche et déjà méconnaissable, provoque une attirance exacerbée, torturante et vaine.

page 60
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Tout était si simple. Limpide...
Le clairon lançait ses cris perçants. Le tambour vibrait. Et vibrait au-dessus de sa peau jaune et racornie le ciel dont nous avalions de grands pans frais et bleus en chantant nos chansons sonores. L'univers entier trépidait dans ce roulement et ces cris.
Tout était si clair dans ce début de notre vie. Notre enfance avait l'odeur piquante du cuivre étincelant, la résonance martiale de la peau tendue.
Et nous marchions, les jambes veloutées de poussière, à travers les chemins des champs. Toujours tout droit devant nous. Toujours vers cet horizon radieux.
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… je n’aime pas ces récits de soldats. On enjolive, on décrit des exploits et des victoires. La nouvelle génération écoute, puis se met à rêver de sa propre guerre…
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Chaque écrivain garde, telle une ration de survie, ce genre d'anecdotes qui l'aident à supporter l'incompréhension, les dénigrements, l'insuccès. Oui, Proust refusé par Gallimard et publié à compte d'auteur. Et avant lui, Nietzsche et son Zarathoustra autoédité à quarante exemplaires. Schopenhauer accablé de ses manuscrits rejetés. Tchékhov et sa Mouette qui, au début, ne « décollait » pas des planches devant des spectateurs sceptiques. Le fameux calcul de Gide : ses Nourritures terrestres, en vingt-cinq ans, ont atteint le tirage de six cents exemplaires, autrement dit, vingt-cinq nouveaux lecteurs par an l Verlaine a fait mieux : un de ses recueils de poèmes s'est vendu à huit exemplaires... .
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La vie se remettait en place, l’habituelle comédie de gains et de pertes.
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Prier pour ceux pour qui personne ne prie allait devenir sa façon de résister à l’oubli.
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Ne dites jamais avec reproche : ce n'est plus !
Mais dites toujours, avec gratitude : ce fut.
Une sagesse qui console mais ne révèle pas le sens du mystérieux « ce fut » de nos parcours terrestres.
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Je suis alors frappé par cette évidence : racisme et antiracisme, passéisme et révolution, laïcisme et fanatisme, cosmopolitisme et populisme sont deux moitiés d’une même scène où s’affrontent les acteurs, incapables de quitter ce théâtre. Or, la vérité de l’homme est en dehors des tréteaux !
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Andreï Makine
Kozine a toujours insisté sur cet arrière-jeu dans son film. Une bacchanale de favoris, la farce pompeuse de l'Histoire, les singerie mondaines et soudain -la simplicité extrême, la nudité de l'homme face au ciel... Et surtout , l'absolue impossibilité de jouer à l'amour !
- Attendez, Oleg, mais vous disiez que l'amour pour la tsarine n'était qu'un spectacle...
- Oui, une pièce qu'elle joue et applaudit à la fois : j'aime et je suis aimée ! L'âge la rendra plus humble elle citera souvent Louis XIV qui écrivait souvent à Madame de Maintenon : "AImez moi ou du moins faites comme si vous m'aimiez..." La vie de Catherine est passée , toute entière, dans ce comme si...
- Donc aucun homme ne l'a aimée ?"
Eva murmure (...) :
"Elle a vécu à la limite extrême des jeux humains, au sommet de ce que nous imaginons comme pouvoir, richesse, plaisir charnel. Cette limite était son quotidien. Donc elle devait certainement vouloir la franchir et...
- Partir ! "
Ils le disent d'une seule voix. Pour s'écarter des bruits de la salle, ils se sont rapprochés -l'espace, resserré entre eux, a changé de consistance : la densité d'une révélation partagée.

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Le père de Valdas, qui avait toujours prôné le soutien aux « classes défavorisées », fùlminait désormais contre les « Rouges », ces traîtres à la patrie.

D'autres « comédiens » avaient aussi changé de rôle. L'été précédent, en buvant du vin de Crimée, les poètes déploraient la « brutalité soldatesque du régime » qui ne tenait « qu'à la pointe des baïonnettes »...

Dès le début de la guerre, ils se mirent à célébrer les « chevaliers en armure de lumière » et le tsar, « terrassant l'hydre teutonne ». Les rimes étaient souvent bancales, le pathos se révélait poussif, mais la sainteté de l’empereur-soldat primait la métrique.
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" La femme que j'aimais ne demanderait rien d'autre - ce vent ensoleillé et la ligne de la mer entre les cyprès. Désormais, cela nous suffit pour être vivants..."
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Dire le sens de nos vies est moins facile que d'exalter leur complicité. Notre mémoire, tel un journal de bord, consigne mille liens qui nous unissent aux autres, remous de passions, labyrinthes de pensées. Ce qui nous fait oublier le bu du voyage.
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Quand la tourmente se calma, il crut comprendre le secret de l'existence prospère que lui offrait l'Alizé. Bien plus que l'appartenance à la classe des privilégés, on y goûtait la complexité des sentiments, la délicatesse des manières, toute une grammaire de séduction, les gammes de vins, de parfums, mille nuances parlantes. Comme cette lenteur avec laquelle Léra et Tomine avançaient vers leur nuit d'amour. Et même les agrafes du bustier, malaisées à desserrer, devenaient nécessaires pour aiguiser la soif de la possession. Oui, un jeu théâtral, plus important que la réalité elle-même.
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Cher Monsieur,

Votre livre "Cette France qu'on oublie d'aimer" m’a beaucoup touché. Doutant plus que vous citez deux personnages que j’ai bien connus, ayant été en prison et en camp de concentration avec eux, de décembre 1942 à mai 1943, en Espagne. Je parle du Colonel Desazars de Montgailhard et du Capitaine Combaud de Roquebrune.

Si cela vous intéresse, et que vous ayez quelques minutes à perdre, venez prendre un whisky chez moi. Vous pourriez, si vous le voulez bien, entendre quelques histoires les concernant.

J'allais oublier de me présenter : j'ai 88 ans, obtenu la médaille militaire à Dunkerque en 1940, débarqué le 16 août 1944 à La Nartelle à la tête de mon peloton de chars et terminé en Bavière à la frontière autrichienne en mai 1945. Je suis aussi commandeur de la LH à titre militaire. Je suis petit-fils de juifs allemands immigrés en 1877, et fier de m'être battu pour mon beau pays.

À bientôt peut-être. Bien sincèrement vôtre,

Jean-Claude Servan-Schreiber.
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Ce fut, pour elle, ce moment d'angoisse où soudain l'adulte se trahit, laisse apparaître sa faiblesse, se sent un roi nu dans les yeux attentifs de l'enfant. Il fait alors penser à un funambule venant de faire un faux pas et qui, durant quelques secondes de déséquilibre, n'est retenu que par le regard du spectateur lui-même gêné par ce pouvoir inattendu...
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Dans ce monde confus, l'unique constante s'imposait : la haine. Elle pouvait résulter du désir, de la peur ou bien des idées apparemment nobles et, curieusement, les plus meurtrières.
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[...] la foule ne reconnaît jamais son erreur.
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Sa mère lui parlait aussi de ces jeunes comédiennes qui affirmaient ne jamais avoir le trac et à qui Sarah Bernhard promettait avec une indulgence ironique :" Attendez un peu, ça viendra avec le talent..."
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Il se traitait de naïf : pourquoi un romancier aurait-il choisi d’écrire sur un jeune officier éclopé errant le long d’un rivage désert ? Non, les livres exploraient de vastes sujets sociaux, des états d’âme alambiqués. Une capricieuse Amber ou un mystérieux Ulrich se débattaient dans un tumulte de passions ingénieusement embrouillées, étalaient leurs penchants dépressifs et, en pleine crise de nerfs, invoquaient même une mystérieuse « psychanalyse ».
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