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Citations de Andreï Makine (1441)


Une femme ivre traversait les voies d'un chemin de fer, un lacis de rails qui s'entremêlaient , bifurquaient, se perdaient dans la bruine d'une journée venteuse et maussade. Assommée d'alcool, elle trébucha, exécuta un balancement d'équilibriste, cherchant à ne pas perdre la face dans ce tangage comique et, enfin, comme si tout lui avait semblé finalement égal, s'affala sur une traverse maculée de goudron, se courba, se tassa, prenant la pose d'un gros oiseau désarticulé par la douleur.
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Quant à moi, l'apparition de cette jeune femme vêtue de noir, puis son effacement à la croisée des ruelles, dans cet instant qu'elle rendait unique, devenait l'aveu de tout ce que je pouvais imaginer derrière l'expression "tomber amoureux", ou plutôt de tout ce qui dépassait, démesurément, définitivement, ces mots banals. Admiration, adoration, coup de foudre, émerveillement, tout cela, dans son abstraction livresque, n'avait aucun rapport avec ce que j'éprouvais. La seule empreinte de ses souliers laissée dans la poussière le long de la voie ferrée abandonnée - cette marque fine et délicatement imprimée - me déplaçait dans un univers où chaque objet espérait recevoir un autre nom.
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Avec stupeur, je découvrais que parler était, en fait, la meilleure façon de taire l'essentiel.
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La religion vise à dépasser notre biologie et notre rôle social – à « sortir de la chaîne », dit le bouddhisme, à « être dans ce monde mais pas de ce monde », plaident les chrétiens. Tôt ou tard, elle devient police de l’âme ou, pire, marraine des lobotomisations idéologiques. D’autres « religions » surgissent. Les antiracistes copient l’inquisition. Les bombardiers humanitaires imitent les armées bénies sous un goupillon…
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Un tapage de citations résonne dans ma tête, à la recherche d’une sagesse consolatrice : « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort… On peut ajourner son suicide jusqu’à sa mort… Vivre c’est apprendre à mourir… » C’est en de tels moments que la philosophie révèle sa volubile et décorative inefficacité !
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En me quittant à un carrefour de la banlieue où il habitait, Pachka me tendit ma part de poisson: quelques longues carapaces d'argile. Puis, d'un ton bourru, en évitant mon regard, il demanda:
— Et ce poème sur les fusillés, on peut le trouver où ?
— Je vais te l’apporter demain, à l’école, je dois l’avoir chez moi, recopié…
Je le dis d'un trait, en maitrisant mal ma joie. C'était le jour le plus heureux de mon adolescence.



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... dans ce duel contre l’Histoire, il ne peut y avoir de vainqueur. Les régimes changent, reste inchangé le désir des hommes de posséder, d’écraser leurs semblables, de s’engourdir dans l’indifférence d’animaux bien nourris.
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De nouveau, je sentis en moi un frisson de lâcheté, la présence du « pantin de chiffon » qui me suggérait l’obéissance, l’effacement de toute parole imprudente, en fait, le bannissement de tout ce qui nous rendait vivants.

(Seuils, p.87)
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[...] je découvrais que parler était, en fait, la meilleure façon de taire l'essentiel.
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Jamais je ne m'étais senti aussi uni à cette vie dite sauvage et à laquelle à présent j'appartenais (…)
Il y avait juste le silence ensoleillé de la rive que je longeais, la transparence lumineuse du ciel et le très léger tintement des feuilles qui, saisies par le gel, quittaient les branches et se posaient sur le givre du sol avec cette brève sonorité de cristal. Oui, juste la décantation suprême du silence et de la lumière.
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Quand il apparaissait au cantonnement, les conversations s’éteignaient. Grand, chauve, il avait les yeux d’un bleu éclatant, comme la cassure d’une banquise. Pendant la guerre, il envoya devant le peloton d’éxecution des « traîtres » et des « défaitistes ». Depuis sa mission n’avait pas beaucoup changé… Se croyant au service d’une idée, Louskass ne supportait as les imperfections de la vie. Si ç’avait été en son pouvoir, il aurait redressé tous les troncs tordus dans la taïga des environs.
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Pourtant, en pensant à cette chance évanouie, il se dirait que l'essentiel avait déjà été vécu dans cette claire journée d'automne.
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Une brève rencontre entre leurs yeux -- un enlacement visuel, un aveu plus certain qu'un baiser...
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La stupidité des coïncidences qui viennent toujours au bon moment pour démontrer l'absurdité inhumaine des activités de l'homme.
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Andreï Makine
Je sentis sur la berge, mes mains retenant les soubresauts de ce fuseau argenté, mes dents enfoncées dans les écailles qui vibraient...
À la chute du jour, en dévorant la chair grillée sur les braises, je pris conscience de n'avoir jamais pensé, avec un tel chagrin et une telle reconnaissance, à une parcelle de vivant qui m'épargnait la mort. En vérité, jamais je ne m'étais senti aussi uni à cette vie dite sauvage et à laquelle à présent j'appartenais.
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Quelle que fût la voie empruntée par l’humanité, elle menait à l’impasse. Révolutions, contre-révolutions, mirages libéraux, tours de vis rétrogrades, activismes ou immobilismes, rien de tout cela ne promettait une vie transfigurée. La société occidentale, avant le Grand Déplacement, était une ferme d’élevage produisant des citoyens châtrés par le consentement des craintifs.
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« Joli… peut-être. En tout cas, c’est une beauté parfaitement inutile. »
J’ai failli plaider la merveilleuse inutilité du Beau mais la discussion m’a paru soudain sans intérêt.
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Devant moi,une rivière murmurait sa ritournelle sonore, une plante aquatique laissait flotter ses tresses fleuries.Cet ondoiement, au gré des flots, me sembla doté d'une signification bien plus profonde que notre piétinement dans les fourrés et nos tirs contre les cibles clouées aux troncs des arbres...
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Pendant que la foule se ruait dans les wagons, il entonna le couplet que j'avais déjà entendu :

Là où une mer d'azur caresse une île de marbre,
Une magicienne m'attend dans son château doré,
Et chaque nuit, couchée sous l'éventail d'un arbre,
Elle pleure et m'appelle ! Jamais je ne viendrai ...
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Nous quittâmes notre refuge. Dehors, un soleil bas, très rouge, nous aveugla. Avant de descendre le talus couvert de ronces et de barbelés, Sarven murmura avec tristesse :
"Tu sais, il y a chez nous un proverbe qui dit : "Honteux de ce qu'il voit dans la journée, le soleil se couche en rougissant." Ce serait bien si les hommes en faisaient autant."
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