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Citations de Andreï Makine (1441)


Les histoires humaines s’effaçaient si vite dans la mort, les villes défilaient si nombreuses que l’impression d’avoir rapidement vieilli n’était pas si fantaisiste que ça. Une boucle bouclée et, à l’intérieur d’elle, toute une vie. Sa vie.
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Longtemps il a vécu en compagnie de ces revenants fidèles que sont les créatures enfantées par les écrivains.
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Un matin, en reprenant ma marche, je me rappelai les coups que j'avais reçus au visage, et, très clairement, je compris qu'il n'y avait plus, en moi, aucune envie de vengeance, aucune haine et même pas la tentation orgueilleuse de pardonner. Il y avait juste le silence ensoleillé de la rive que je longeais, la transparence lumineuse du ciel et le très léger tintement des feuilles, qui saisies par le gel, quittaient les branches et se posaient sur le givre du sol avec cette brève sonorité de cristal. Oui juste la décantation suprême du silence et de la lumière.
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« Un exilé n’a, pour patrie, que la littérature de sa patrie. »
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Un pays oublié, me dis-je. Un pays qu'on n'entend plus à travers la logorrhée des « communicants », la morgue des « experts », les verdicts de la pensée autorisée. Un pays rendu invisible derrière les hologrammes des mascottes « pipôlisées, frétillantes idoles d'un jour, clowns de la politicaillerie scénarisée. Un pays mis en veilleuse mais dont la vitalité se devine encore dans les failles qui percent l'étouffoir : un éditeur qui ose publier un livre imprudent, un journaliste qui, se rappelant la noblesse de son métier, se révolte et, traîné devant un tribunal, réussit à dominer ses inquisiteurs. Un vieil homme qui, négligeant la quiétude d'une confortable retraite, engage son dernier combat pour défendre l'honneur de ce pays oublié.

La France du lieutenant Schreiber.
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Le sentiment d'injustice est insupportable. Un paradoxe : tout un flot de bavardages et d'images qui se déversent quotidiennement des journaux, des radios, des écrans - et pas une ligne, pas un mot qui rendrait compte de ces soldats sur le point de s'effacer dans l'oubli. Des millions de couvertures lustrées, des clones innombrables, féminins ou masculins, étalant toujours la même obscénité de la mode, des vacances, des sports, du showbiz - un ignoble égout qui impose aux milliards d'humains décérébrés ce qu'ils doivent penser, aimer, convoiter, ce qu'ils doivent apprécier ou condamner, ce qu'ils doivent savoir de l'actualité, de l'histoire. Le seul but de cette entreprise de crétinisation est le profit, on le sait, déguisé sous le nom de « tirages », de «parts d’audience». Ce système (Léon Bloy disait : « putanat ») a ses prophètes. L'un d’eux déclarait quelque chose comme : « Mes émissions servent à vider les cerveaux pour les rendre disponibles à la publicité de CocaCola ».
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Chaque année, dans le monde, plus d’un million de femmes sont violées ou assassinées - trois mille par jour. Six millions d’enfants meurent de faim - un enfant toutes les cinq secondes. Et savez-vous combien de balles sont tirées ? Huit cents milliards par an. Une centaine pour chaque habitant de la Terre ! Sans compter les bombes, les missiles…Une tuerie ininterrompue, un hurlement continu des victimes. Tout cela en simultané avec la « vie normale » : fêtes, matchs, élections, vacances, boulimie d’achats…(..) plus les hommes dévorent la nature plus ils se dévorent entre eux.
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Mais la vie ne se souciait pas de la cohérence du sujet. Elle déversait son contenu en désordre, pêle-mêle. Par sa maladresse, elle gâchait la pureté de notre compassion et compromettait notre juste colère. La vie était en fait un interminable brouillon où les évènements, mal disposés, empiétaient les uns sur les autres, où les personnages, trop nombreux, s'empêchaient de parler, de souffrir, d'être aimés ou haïs individuellement.
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C’est grâce à ces rêves, peut-être, que j’avais pu endurer et cette misère, et l’humiliation, souvent atroce, qui accompagne les premiers pas dans le monde où le livre, cet organe le plus vulnérable de notre être, devient marchandise. Une marchandise vendue à la criée, exposée sur les étals, bradée.
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Alexeï posa le verre, se tourna vers le clavier. Les rires, les conversations se turent peu à peu, mais il attendait toujours, les mains posées sur les genoux, assis très droit, l'air absent. Stella chuchota, comme un souffleur, en lançant un clin d'oeil aux invités : "Mais vas-y! Tu commences par le do avec le pouce de ta main droite..."
Quand il laissa retomber ses mains sur le clavier, on put croire encore au hasard d'une belle harmonie formée malgré lui. Mais une seconde après la musique déferla, emportant par sa puissance les doutes, les voix, les bruits, effaçant les mines hilares, les regards échangés, écartant les murs, dispersant la lumière du salon dans l'immensité nocturne du ciel derrière les fenêtres.
Il n'avait pas l'impression de jouer. Il avançait à travers une nuit, respirait sa transparence fragile faite d'infinies facettes de glace, de feuilles, de vent. Il ne portait plus aucun mal en lui. Pas de crainte de ce qui allait arriver. Pas d'angoisse ou de remords. La nuit à travers laquelle il avançait disait et ce mal, et cette peur, et l'irrémédiable brisure du passé mais tout cela était déjà devenu musique et n'existait que par sa beauté.
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Un regard attentif l'aurait vu sourire. Ou pleurer ? L'éloignement rendait la différence à peine visible.
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Bref, le tsar devait choisir entre la guerre et la révolution. Qui aurait pu imaginer, en ce mois de juillet 1914, que bientôt l'une provoquerait l'autre ?
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Et pourtant, nous avons tous notre champ des derniers épis...
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Tu es juste malheureux. Comme… quelqu’un qui...(elle cherchait le mot et lui était fou de reconnaissance : elle m’a compris, je ne suis pas un raté professionnel !), oui, tu es comme un obus qui n’a pas explosé et qui garde sa force détonante en lui. Tu es une déflagration qui n’arrive pas à se faire entendre !
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L'impératrice Elisabeth, méfiante et vindicative ? Jeune, elle est méprisée par la cour de la terrible tsarine Anne. Un soir, avec une anxieuse ferveur de débutante, elle se rend à un grand dîner. Sa robe, son unique habit de fête, va émerveiller les invités ! Elle entre dans la vaste salle illuminée... Un moment de silence et c'est un déferlement de rires : le tissu de la nappe est le même que celui de la robe d’Élisabeth ! Ses ennemis se sont renseignés auprès de sa couturière... Plus tard, montée sur le trône, elle disposera de quinze mille robes et, après chaque bal, on découpera sur elle son habit somptueux.
La comtesse Lopoukhina qui avait choisi le tissu de la nappe aura la langue tranchée…
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Oleg se redresse sur son lit, surpris par le silence - le veillard ne râle plus ! Les patients, excédés, ont sans doute rassemblé de quoi payer des antalgiques. Ils l'ont fait la semaine passée, et Oleg, proposant ses roubles, apprenait que l'inflation en avait rogné la moitié depuis sont entrée à l'hôpital... les journaux parlent de la Russie à la dérive, des hôpitaux qui ne peuvnet plus soigner, des usines qui ne paient plus leur ouvriers, de la criminalité qui gangrène la société, de 'lalcool qui emporte des millions de vies... Avant, Oleg lisait cela avec la curiosité détachée qu'on a pour des statistiques. Maintenant, il y a ce vieux qui a reçu sa donse de Nirvana. Il y a aussi Kozine accroupi dans un recoin crasseux du métro. Et le corps de Bassov traînant sur la glace d'un étang...
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Notre erreur fatale est de chercher des paradis pérennes. Des plaisirs qui ne s’usent pas, des attachements persistants, des caresses à la vitalité des lianes : l’arbre meurt mais leurs entrelacs continuent à verdoyer. Cette obsession de la durée nous fait manquer tant de paradis fugaces, les seuls que nous puissions approcher au cours de notre fulgurant trajet de mortels.
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Lourié se lève, remet son manteau. Oleg l'accompagne jusqu à l’entrée.

« Cette version des faits doit vous sembler trop romantique. Mais les preuves existent- ces cartes, entre autres... Et puis, c'est en pensant à ces deux amoureux fuyant en Italie que j’ai réussi à survivre pendant huit ans de camp...»
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Conscient de notre ignominie, il maugréait : «C'est ça qui fait de nous un troupeau — notre envie de baiser. Ceux qui nous gouvernent n'ont pas besoin d'un fouet, ils nous tiennent par les couilles. Nous avons peur de perdre nos petits plaisirs et, du coup, nous sommes prêts à obéir à n'importe quel salaud ... » ... je n'aime pas ces récits de soldats. On enjolive, on décrit des exploits et des victoires. La nouvelle génération écoute, puis se met à rêver de sa propre guerre ... »
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"Tu te souviens, en automne, nous avons vu un vol d'oiseaux migrateurs ? — Oui, ils ont survolé la cour et puis ils ont disparu. — C'est ça, mais ils continuent à voler, quelque part, dans les pays lointains, seulement, nous, avec notre vue trop faible, nous ne pouvons pas les voir. Il en est de même pour ceux qui meurent..."
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