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Critiques de Arthur Schnitzler (200)
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Mademoiselle Else

La vingt-et-unième critique doit payer son écot, sinon à quoi bon?



Mon sentiment est qu'un des nœuds de la nouvelle se situe là:

"- Monsieur von Dorsday, papa...

Mes genoux tremblent.

- Maman m'écrit que papa..."



L'essentiel se joue entre ces quatre là, Else incluse.

L'Oedipe fille-père, le substitut valable du père, la mère entremetteuse.

La fille veut/ne veut pas se montrer au père.

Le monologue est hystérique, la mort au bout.



Haletant!



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Les Dernières Cartes

Ce volume est un recueil de deux nouvelles.



La première fait un peu écho au Lieutenant Gustel du même auteur, qui mettait en scène un militaire se retrouvant dans une situation où son honneur était remis en cause. Ici le lieutenant Kasda se voit solliciter par un ancien camarade pour lui avancer de l'argent. Il va jouer pour gagner la somme. Mais l'enfer du jeu va le gagner et il va se retrouver endetté. Il va essayer de trouver de l'argent par tous les moyens.



Schnitzler est contemporain de Zweig mais je lui trouve une plus grande liberté dans le ton, il y a même une certaine ironie. Cela apparaît dans Les Dernières Cartes où après une nuit passée avec la jeune femme de son oncle, c'est elle qui détient l'argent, elle lui donne 1000 florins, lui s'étonne, il lui faut 11000 florins. Elle lui répond que c'est pour la nuit passée ensemble. La partie de cartes me fait pense au Joueur de Dostoievski : Kasda sait qu'il doit s'arrêter car il a assez d'argent mais il ne peut résister à l'attrait de gagner plus.



Mais la plus grande liberté se retrouve dans Rien qu'un rêve qui sert de base au film Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick. Il montre bien l'hypocrisie du mâle bien installé (ici un médecin ayant sa clientèle) dont la femme lui confie qu'elle a envisagé de le tromper. A partir de cela il veut se venger mais sans qu'elle le sache. Bah oui c'est un dur lui. Il va risquer sa vie en essayant d'entrer dans une sorte de société secrète libertine et à enquêter pour découvrir qui se cache derrière.



Schnitzler fait la description d'un masculin sûr de sa puissance, prêt à faire souffrir, à peiner sa femme en usant de sa virilité. Mais à être trop sûr de lui, il tombe inévitablement dans le doute. Celle qu'il devait écraser car elle s'était imaginée partir avec un autre homme va l'accueillir alors qu'il doute et lui pardonner ce qu'il aura pu faire.




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Mademoiselle Else



Voici une lecture très déroutante ! Je dois avouer qu'au début j'ai été déroutée voire agacée par la personnalité de Mademoiselle Else. En effet, l'œuvre est un monologue intérieur, celui d'une jeune fille dont le père a fait de mauvais placements. Nous plongeons donc dans les considérations de cette jeune fille qui passent du coq à l'âne, dont le caractère est prétentieux et hautain.

Le style se veut volontairement décousu : pas de paragraphe, les phrases s'enchaînent, les sujets fusent, révélant le caractère exalté d'Else.

Mais ce style décousu et ce flot de pensées mettent en relief le trouble de cette jeune femme, jetée en pâture par ses propres parents qui lui demandent de quémander de l'argent à un aristocrate plutôt libidineux. En échange, elle doit se montrer nue.

Le roman est lancé : la jeune femme est contrainte d'accepter mais le bouleversement est tel que la jeune fille panique, en veut à ses parents tout en souhaitant les aider.

Entre devoir et déshonneur il faut choisir....

J'ai aimé la critique sous-jacente de la place laissée aux filles dans la société : elles sont de vulgaires monnaies d'échange pour permettre de conserver la belle image parentale...et patriarcale surtout.

Le glissement vers la folie et le désespoir est rudement bien mené.

Une œuvre incontournable !
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Mademoiselle Else

Une nouvelle pleine d'émotions avec cette jeune fille fragile qui se trouve dans une situation des plus délicates, qui va encore plus la perturber.

Le travail de l'auteur est impressionnant, pour nous faire ressentir les doutes intérieurs de cette jeune femme qui se retrouve dans une impasse.

Une belle découverte !
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Les Dernières Cartes

En voilà un petit roman qu'il est bien, pour mes futures terminales professionnelles, ou même pour tout le monde !

Au départ, un ancien officier, renvoyé de l'armée pour dettes de jeu, Bogner, vient supplier un ancien camarade, Wilhem, de lui prêter instamment une grosse somme d'argent. En effet, il a (encore) fait une grosse bêtise et nécessite cet argent pour le lendemain, sans quoi...

Wilhem ne dispose pas d'une aussi grosse somme. A une autre époque, il aurait pu demander à son oncle, mais là... Wilhem, qui avait de toutes façons prévu d'aller passer son dimanche à la table de jeu, fait un deal avec son camarade: il va jouer pour lui et, s'il gagne 1000 florins, il les lui donnera.

Vous ne m'en voudrez de spoiler un peu: ça tourne mal mais ni plus ni moins que dans TOUTES les histoires de jeu. Ce qui est très intéressant c'est la manière dont Wilhem considère son camarade en fonction des gains et des pertes, le spectre du déclassement et ce à quoi on est prêt pour y échapper. Au départ, je pensais que les femmes étaient absentes de roman mais en fait non.
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Mademoiselle Else

"Mademoiselle Else" d'Arthur Schnitzler, s'offre comme une nouvelle absolument époustouflante, mettant en scène l'un des plus complexes personnages féminins jamais élaboré par ce grand auteur autrichien ! Une référence en matière de folie et de démence féminine, la mise en lumière d'un personnage littéraire ayant sa personnalité propre, en pleine révolte, aux idées affirmées, à l'aliénation assumée. Son faux évanouissement simulé sera qualifié de crise d'hystérie, donc typique des femmes, car lié à l'utérus, par Paul, gynécologue, tandis que Cissy et ce même médecin, parleront ouvertement de l'enfermer à l'asile !



Else, jeune fille révoltée, détestant ses parents, sa famille, son entourage, l'argent qui corrompt, les charmes du faste qui ne servent qu'à cacher la médiocre réalité d'une existence qu'elle n'a pas choisie, dénonce, grâce à son comportement, la haute société, la bourgeoisie corrompue qui conduit les jeunes gens dissidents comme elle, à se suicider. Elle ne voulait pas devenir comme ses parents, pas comme sa mère malheureuse, pas comme son père pourri jusqu'à la moelle par l'argent, ne pas finir avec un homme comme Dorsday, vicieux et toujours en appétit face à de la bonne chair encore vierge.



Un personnage rassemblant de nombreux symptômes de névrose, de narcissisme, d'égocentrisme, de haine, de lunatisme et même clairement de schizophrénie ! Une personne que nous haïssons tout autant que nous l'adorons, car malgré son arrogance et sa désinvolture, elle finit par nous épater, par devenir un message d'espoir, porte-drapeau de toutes ces jeunes filles enfermées dans une société qui les façonnent dans un même moule et vouées au malheur. Else respire, vit, aime, haït, méprise, souffre et savoure la vie. Elle l'aura sucé jusqu'à la moelle, malgré le goût répugnant qu'elle avait, elle en a tiré tout ce qu'elle a pu. Il n'en restera que les os...
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Vienne au crépuscule

Vienne au crépuscule d’Arthur Schnitzler nous immerge dans la société bourgeoise autrichienne de la Belle époque. Partagée en deux communautés, juive et chrétienne, elles se côtoient et s’invitent au quotidien. Comme dans un salon feutré, ce livre a été un récit futile, sans portée majeure. Aucun thème transcendant n’y est développé.



Deux personnages, Henri, l’écrivain, et George, le musicien, traversent cette Vienne du début du XXème siècle, où les relations inter-communautaires sont marquées par l’antisémitisme, comme cela a été le cas en France à la même époque. L'aspect historique et politique s'arrête à ce constat.



C’est avant tout George que le lecteur suit. C’est, à mon avis, un personnage aussi inintéressant que le roman. On découvre un séducteur, sans méchanceté, qui n’arrive pas à stabiliser sa vie amoureuse, mais aussi sa vie professionnelle.



Ainsi, l’ennui m’a rapidement gagné. C’est avec peine que j’ai achevé ce livre. C’est mon ressenti personnel, je suis conscient qu'il est particulièrement dur. Il mérite de ne pas être partagé, bien évidemment, par la communauté Babelio.
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Gloire tardive





Dans un texte d'une belle fluidité , A Schnitzler raconte un vieux Viennois, fonctionnaire pantouflard qui ne se rappelle qu'à peine avoir publié quelques vers dans ses jeunes années. Pris par quasi hasard comme mentor par un groupe de jeunes poètes qui s'estiment injustement méconnus, il va s'interroger sur sa vie, les choix qui se sont faits, la possibilité de renaître à la jeunesse, Un soubresaut de souffle de vie l'emporte l'espace d'un instant, pour le reposer doucement dans son rôle de bourgeois.



L'homme est-il ce qu'il est, ce qu'il a rêvé d'être ou ce qu'il aurait pu être?

Schnitzler traite ces interrogations fondamentales avec un humour léger, une ironie aussi décapante qu' élégante.
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Vienne au crépuscule

Très déçue par cette lecture d'autant qu'une de mes libraires "amie" m'en avait fait de grands éloges.

Je n'ai absolument pas apprécié le comportement, les pensées de certains protagonistes dont ceux de Georges en particulier.

Si Zweig est très souvent sombre, réaliste face aux comportements humains, il demeure toujours, cependant, une part "d'âme" dans ses romans.

Malgré tout et pour être juste envers l'auteur, j'ai trouvé dans ce roman de belles pages poétiques mais toujours à propos de nature, de paysages, non d'êtres humains.
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Gloire tardive

Dans ce court roman, cette presque nouvelle, Arthur Schnitzler nous présente un vieil auteur, Saxberger, soudain considéré comme un génie par un groupe de jeunes écrivains avides de reconnaissance. Entraîné par l'enthousiasme de cette bande, il essaie à nouveau d'écrire, convaincu cette fois-ci de son talent. Fini, les soirées au bistrot avec des incultes et les moments de solitude. Seulement, rien n'est plus pareil pour ce vieil homme devenu bureaucrate, même les lieux qui tendaient à l'inspirer ont changé et sont devenus stériles pour son imagination. Saxberger prend plaisir à se trouver au centre de l'attention de ces jeunes lettrés intellectuels un peu snobs et se contente de cela.



Les jeunes hommes du cercle littéraire comptent organiser une représentation au cours de laquelle Saxberger espère enfin connaître la gloire, sa propre gloire. Il réalise vite que chacun des écrivains en herbe en est au même niveau, et que si l’exaltation est née du groupe, chacun se bat pour sa propre image du fond de son égocentrisme. La chute est rude et les réels visages se dévoilent.



C'est un ouvrage qui amène à une réflexion intéressante surtout à l'époque où chacun peut publier son livre assez facilement, où chacun peut aspirer à la gloire. Les émotions transmises sont celles d'un vieil homme et pourtant, on a déjà l'impression de les connaître : les regrets, le gâchis, l'égocentrisme, la peur. L'écriture, bien que travaillée et agréable, ne m'a pas transportée, je n'ai pas ressenti de vives émotions à la lecture de l'oeuvre, ce que je regrette un peu sachant que c'est un thème qui aurait pu me toucher. Cet aspect n'a pourtant pas empêchée d'apprécier ma lecture pour les sujets de réflexion qu'elle apportait. J'ai aussi beaucoup aimé la présence d'une postface qui propose une analyse très intéressante et qui permet de mieux comprendre le roman.



Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour m'avoir permis de découvrir ce livre.
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Gloire tardive

Merci à Babelio et Albin Michel grâce à qui j'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée!



Je ressors plutôt mitigée de cette courte lecture…



Dans cette nouvelle, nous faisons la rencontre d'Edouard Saxberger, vieux fonctionnaire dont les journées sont rythmées de promenades et sorties dans des bars fréquentés par d'autres hommes de son quartier. Alors qu'il rentre justement d'une de ses courtes expéditions, fatigué, sa gouvernante lui fait part d'une visite d'un jeune homme plutôt dans la journée. Ce dernier souhaite rencontrer notre protagoniste pour lequel il voue une admiration sans nom depuis sa lecture des Promenades. Saxberger qui depuis bien longtemps avait oublié son oeuvre se retrouve en compagnie de jeunes gens dont les ambitions littéraires atteignent des sommets. le temps pour Edouard de rêver de son ancienne vie et de celle qui l'attend peut-être, une possible gloire tardive…



Cette nouvelle de Schnitzler date de 1894 et j'ai beaucoup apprécié le style de l'époque. L'histoire découle de jolies phrases s'enchainant avec poésie mais simplicité.



J'étais très intriguée en ouvrant cet ouvrage par le résumé. Un vieil homme qui n'attend plus rien de surprenant de la vie se voit offrir de nouvelles opportunités par l'arrivée impromptue de jeunes auteurs en devenir et leur cercle Exaltation, c'est plutôt alléchant. Malheureusement, plus l'histoire avançait et moins l'objectif de l'auteur me semblait palpable. le flou qui recouvre le récit ne se dissipe pas jusqu'à la fin et je retrouve là mon problème général face au nouvelle, je ne comprends pas leurs acheminements. Si j'ai pris du plaisir à la lecture, comprenant ce qu'il advenait de notre pauvre homme en compagnie de toutes ces jeunes personnalités, je reste cependant muette de perplexité face à la finalité. Je n'aime pas terminer une lecture et me dire « et alors ? ». C'est exactement ce qui s'est produit ici. J'ai un sentiment d'inachevé, de trop peu. Si la fin me laisse songeuse, elle me donne également l'impression que tout le reste de l'histoire n'est que prétexte à l'art de l'écriture.



En omettant cette indétermination générale, j'ai néanmoins été sensible au personnage de Saxberger puisqu'il m'a fait ressentir toutes sortes d'émotions, de la peine à la colère en passant par l'incompréhension. Les autres personnages comme Mlle Gasteiner, Staufner ou encore Friedinger sont tout aussi riches malgré la brièveté du récit, chacun reconnaissable par une caractéristique éminente. Je regrette que Meier, très présent au début, ne le soit qu'épisodiquement par la suite au profit de ses camarades puisqu'il émane de ce personnage un charisme très puissant.



Outre la force des personnages, je dois avouer que ce qu'au final j'ai préféré dans cet ouvrage, c'est la postface. Il est passionnant de découvrir l'histoire de ce manuscrit à travers les époques et les mains qui l'ont tenu, son évolution tout simplement. C'est sans doute ma lecture de la postface d'ailleurs qui m'a permis d'avoir un certain recul par rapport au récit, même si je n'ai décidément pas réussi à accrocher.



Je terminerai donc par ce court extrait, très représentatif de la nouvelle finalement « Si Gloire tardive n'est pas un récit à clé au sens strict du terme, il n'en reste pas moins qu'un certain nombre de traits de caractère et de particularités physionomiques présentés par les poètes du cercle Exaltation et retracés par l'auteur sur le mode parodique évoquent de manière allusive les protagonistes de la « Jeune Vienne » historique. ».
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Gloire tardive

Découvrir une nouvelle traduction d'Arthur Schnitzler, que j'avais découvert deux ans auparavant avec Mademoiselle Else, m'a beaucoup intéressé, surtout au vu du résumé. Je voulais pénétrer dans l'intimité de cet homme, Saxberger, qui va vivre une deuxième jeunesse auprès d'un groupe de jeunes poètes.



Cela fait des dizaines d'années que Saxberger n'a pas repensé à son recueil de poèmes, les Promenades, paru pendant sa jeunesse. Devenu maintenant fonctionnaire, il est surpris de rencontrer Wolfang Meier, adorateur de son oeuvre et envieux de l'ajouter à son cercle d'amis. Saxberger va alors essayer de revivre sa période d'inspiration littéraire auprès de ces jeunes gens inspirés mais encore méconnus.



Mais à côté de cette histoire, je n'ai pas réussi à être bien captivé dû au personnage principal que j'ai trouvé passif, très influençable et parfois pleurnichard. Il attend que les autres fassent les choses à sa place puis ensuite se plaint que ça ne soit pas fait comme il l'entend. À cause de ça, ma lecture a été parfois laborieuse, surtout que les autres personnages sont représentés comme des jeunes écrivains arrogants et antipathiques pour certains. Néanmoins la fin m'a particulièrement plu et la petite révélation est assez drôle si on se réfère à l'ensemble de l'oeuvre.
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Gloire tardive

Mettre en scène le monde artistique, ses espoirs et ses mesquineries ne date pas d’hier mais le court roman d’Arthur Schnitzler le fait avec une certaine fraîcheur, liée (paradoxalement ?) à la vieillesse de son protagoniste. Edouard Saxberger est un vieillard, fonctionnaire, un homme avec ses petites habitudes, une vie moyenne dans laquelle il se trouve à l’aise. Il a eu une jeunesse un peu artistique, durant laquelle il a composé un petit recueil de poèmes romantiques, Promenades, qui ne lui a apporté aucune consécration mais le plaisir de se voir publié. Mais cela fait longtemps que cette jeunesse est passée et ses rêves de gloire terminés ; d’ailleurs, personne ne sait qu’il fut poète. Lui-même n’y pense plus jusqu’au jour où un jeune homme, Meier, l’aborde, le flatte, lui demande de l’honorer par sa présence : quelqu’un a lu ses Promenades ! Et jeune qui plus est ! Meier présente Saxberger à son petit groupe d’amis, qui le saluent chaleureusement, visiblement heureux de rencontrer le grand poète. Le vieillard ne s’en remet pas et retrouve ses rêves de gloire : la nouvelle génération aurait-elle été sensible à sa poésie ? Est-il encore capable d’écrire ou bien sa nouvelle vie, morne, banale et sans grande élévation aurait-elle tari son inspiration ?

L’histoire est sympathique et le roman vaut pour la critique de ce petit milieu artistique prétentieux et hypocrite. Dans ce groupe de prétendus amis, qui appellent tous ceux qui ne sont pas de leur table les « Sans-Talent », il n’y a pas un artiste véritable. Tous sont fainéants (être artiste c’est laisser l’inspiration venir à soi sans jamais prendre la plume), tous se pensent bon, font l’éloge de leur camarade de visu pour douter à voix basse de son talent, tous jouent un rôle : qui du critique intègre et féroce, qui de la prétendument célèbre comédienne séduite. Même le petit Winder ne se rend pas compte qu’il est une caricature d’admirateur naïf. Le vieux Saxberger se laisse bercer avant de comprendre, progressivement, que tout ce beau monde n’est qu’illusion. L’intérêt du personnage réside aussi dans sa vison des jeunes artistes : on ne passe pas d’une acceptation totale de cette gloire tardive à un rejet complet des jeunes prétentieux, car le protagoniste garde toujours quelques doutes sur ses nouveaux camarades, liés à un regard trop doux, un sourire sarcastique entraperçu, mais s’il s’interroge sur ses envies, il se laisse tenter par l’espoir d’une seconde jeunesse qui s’offrirait à lui. C’est finalement une belle histoire sur la vieillesse.

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Mademoiselle Else

La forme de ce roman intrigue : il s'agit d'un monologue intérieur d'une jeune fille de la bonne société viennoise, Else. Elle est en villégiature en Italie avec sa tante et son cousin quand elle apprend par télégramme que son père est ruiné. Sa mère la conjure de demander la somme manquante à un marchand d'art et ami de la famille, lequel profite de la situation pour demander à Else de la voir nue.

Cette exigence déclenche chez Else une crise d'hystérie que le lecteur suit peu à peu. Pensant tour à tour à sa future humiliation et au possible suicide de son père, Else se déconnecte lentement de la réalité ... Le roman est évidemment intéressant par sa forme, par les thématiques qu'il exploite aussi : la mort comme échappatoire, l'ingénuité de l'adolescence, la description de la bonne société viennoise.
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Vienne au crépuscule

Georges est pianiste. C’est un bourgeois autrichien-allemand. Il est doué, il a du talent semble-t-il, mais c’est aussi un dilettante. Sa vie est facile, de visite courtoise en promenades en passant par une habitude des voyages en Europe et notamment en Italie, il est sûr de lui. Capable de s’arrêter de jouer quand il le veut, de reprendre son art quand il le souhaite, il surfe sur la certitude de son avenir. Le travail n’est pas sa préoccupation, la vie lui est douce. La mort de son père le perturbe, c’est sur ce thème que s’ouvre ce roman d’Arthur Schnitzler.

Georges évolue dans un milieu bourgeois où les autrichiens côtoient les juifs. La judaïté est un des thèmes centraux de cet ouvrage. Le rapport des non-juifs aux juifs, celui des juifs aux non-juifs et celui des juifs à eux-mêmes émaillent tout le roman au travers de différents personnages qui donnent à voir toute la force et la complexité de cette appartenance, au moins religieuse.

Georges est un homme sympathique et attachant. Par de nombreux côtés il nous séduit. Par de nombreux aussi, il nous insupporte. Son dilettantisme frôle parfois la lâcheté et l’histoire qu’il vit avec Anna en sera le point d’orgue.

Il l’aime, mais pas assez pour l’épouser, pas maintenant, elle n’est peut-être pas faite pour lui, et puis, il est jeune, pas prêt à renoncer aux femmes… Il lui fait un enfant, joie et inquiétude, envie et déjà regrets. Il pense à cet enfant à naître, à la future mère. Il est attendri, enthousiaste et finalement doute et parfois même les oublie dans les bras d’une autre femme.

Tellement proche et tellement loin de nous Georges est notre miroir, le reflet de ce que l’on ne veut pas voir. Il ne sait pas en fait, il ne sait rien. Il tâtonne, il se trompe, il renonce, il n’ose pas, mais aimerait tant, mais ne sait pas quoi…

Ce n’est pas une histoire d’amour, c’est une histoire d’hommes dans un Empire en fin de courses où les scandales se succèdent les uns aux autres ou l’identité pose question.

Une belle galerie de personnages aussi, qui illustrent, qui souligne ou tel Henri et Nunberger font office de psychanalystes.

Une écriture classique, sobre et somme toute belle. Un bon moment.
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La Nouvelle rêvée

Il sait écrire, le bougre :) Je croyais avoir tout lu de cet auteur et cette nouvelle m'avait échappé, et quelle nouvelle, sa plus érotique et fantastique, d'une belle écriture précise, qui part dans une dérive peu croyable, surtout pour l'époque, sans jamais savoir si on est dans le rêve ou dans une réalité un peu folle. Un petit bonbon viennois.
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La Nouvelle rêvée

À Vienne (Autriche), le docteur Fridolin vit une vie paisible en compagnie de sa femme Albertine et de leur fille.

Au retour d’un bal, Albertine confesse à son mari avoir fantasmé une relation avec un officier danois. Fridolin, de son côté, avoue avoir eu un fantasme similaire avec une jeune femme.

Plus tard dans la nuit, le docteur est confronté à de nombreuses situations qui vont mettre sa fidélité à rude épreuve. La déclaration d’amour de Marianne : fille d’un patient décédé, les avances d’une prostituée… et le point culminant de cette troublante soirée étant la participation de Fridolin à une soirée costumée. Rendez-vous d’une société secrète qui s’adonne à des plaisirs orgiaques. Simultanément, Albertine, succombe en rêve à ses pulsions en se donnant à l’officier danois, sous le regard impuissant de son époux…



Beaucoup auront reconnu la trame du film « Eyes Wide Shut » de Stanley Kubrick. L’ultime film du réalisateur étant une adaptation, plutôt fidèle de « La nouvelle rêvée » de l’écrivain et médecin, juif autrichien, Arthur Schnitzler. Évidemment comme toutes les adaptations de Kubrick, il ne faut jamais faire de lecture littérale, les niveaux de lecture étant nombreux, les œuvres qu’il adapte servant davantage de base pour délivrer ses propres fantasmes et interprétations. Aussi, le lieu, l’époque diffèrent sensiblement par rapport à la nouvelle.



La présente édition expose en introduction le contexte d’élaboration de la nouvelle. J’avoue l’avoir plutôt survolé. Mais elle explique l’opposition de Schnitzler par rapport à Freud, au sujet de l’interprétation des rêves. Ce dernier, semble-t-il, considérait les rêves comme la somme de nos pulsions réprimées par notre inconscient. Là où Schnitzler y voit davantage une forme latente d’événements susceptibles de se produire. Le rêve ayant par conséquent une valeur quasi-prophétique. Ce qu’illustre parfaitement une des dernières phrases prononcées par Albertine : « Il n’y a pas de rêve qui soit totalement un rêve »
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La Nouvelle rêvée

Une nouvelle diaboliquement troublante, génialement complexe, qui nous entraîne à travers un récit linéaire et plutôt froidement relaté dans un labyrinthe d'interrogations, avec en toile de fond une réflexion très freudienne sur les pulsions qui nous habitent. Chaque événement apparaît déconnecté du reste de la nouvelle et recèle pourtant un sens caché qui sert le tableau principal. Le style d'Arthur Schnitzler est très adéquat au format du court roman : précis mais pas trop expansif.



Je suis bien sûr forcé de comparer « La Nouvelle rêvée » à son alter ego plus fameux, le très bon « Eyes Wide Shut » de Stanley Kubrick. Si la nouvelle me paraît globalement plus réussie encore que le film, notamment grâce à son analyse psychologique très fine, je dois tout de même reconnaître que le film réussit à instaurer de la tension là où la nouvelle aboutit à un résultat un peu décevant (je pense notamment au moment où , ainsi qu'à la fin du récit).



Quoi qu'il en soit, cette version littéraire est tout de même un grand coup de coeur que je trouve très en phase avec les écrits des amis autrichiens de Schnitzler, notamment Zweig et bien sûr Freud.
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Mademoiselle Else

Mademoiselle Else/Arthur Schnitzler

La belle Else, jeune bourgeoise de 19 ans, habitée par quelques scrupules, acceptera –t-elle de dévoiler ses charmes au vieux Von Dorsday pour les cinquante mille florins qui sauveraient l’honneur de son père, célèbre avocat viennois qui a perdu au jeu semble-t-il ?

Va-t elle longtemps hésiter à se vendre et s’interroger encore sur la conduite à tenir se sachant si belle et séduisante.

« Je ne me vends pas ; non, jamais je ne me vendrai. Je me donnerai. À l’homme de mon choix je me donnerai. Me vendre, ah non. Je veux bien être une dévergondée mais pas une putain. »

Son monologue intérieur un peu décousu allié à une imagination débordante et riche de fantasmes constitue la trame de cette nouvelle délicate et délicieuse. Se parlant à elle-même :

« Approchez, belle demoiselle ; je veux baiser vos lèvres rouges, presser vos seins contre mes seins. Quel dommage qu’il y ait cette vitre froide entre nous. »

Et puis une idée originale va germer dans son imagination …Une mise en scène ingénieuse mais…

Un récit vivant, au style alerte et soigné pour évoquer les déchirements de la morale viennoise à l’aube de l’ère de la modernité, valse hésitation entre désir et devoir.

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Mademoiselle Else

Mademoiselle Else nous plonge, en moins de 100 pages, dans les dilemmes d'une jeune femme, Else, contrainte de choisir entre sauver son père de la ruine ou sauver son honneur.



Immergé dans sa tête, on suit le fil de ses pensées dont les réflexions, notamment celles autour de la perception de son corps et de sa sensualité, ne sont pas sans nous rappeler celles faites par Nana dans le roman éponyme de Zola.



J'avoue être sortie de cette lecture assez mitigée. D'un côté j'ai trouvé l'exercice de style du monologue intéressant car, à l'instar d'Else, nous vivons ce flot d'émotions qui passent tour à tour de la frustration au désœuvrement. On imagine également sans peine la pression que les femme issues de ces castes sociales peuvent subir et ce, au détriment de leur intégrité morale et/ou physique.



D'un autre côté, j'ai trouvé le personnage d'Else assez superficiel et bien que le récit ne fasse que 96 pages, j'avais tout de même hâte de sortir de sa tête !

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