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Critiques de Arthur Schnitzler (200)
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Mourir

Félix et Marie forment donc un jeune couple à qui la vie sourit... Jusqu'à ce qu'ils se retrouvent soudain confrontés à la mort ! Félix apprend de la bouche d'un éminent spécialiste, que ses jours sont comptés. Marie, qui l'aime "à en mourir" - c'est là que nous réalisons l'impact des mots que nous employons -, accepte de partir avec lui, presque sans hésitation ! Mais au fur et à mesure, la jeune femme regrette sa décision, elle qui aime trop la vie pour se sacrifier, mais qui aime aussi trop Félix pour l'abandonner ! Déchirée par un cruel et impossible dilemme, entre l'amour d'un homme sans lequel elle ne peut vivre et sa propre mort qui lui fera tout perdre, alors qu'elle a toute la vie devant elle, la jeune femme devra choisir...



Avec son roman sobrement intitulé "Mourir", Arthur Schnitzler choisit d'aborder un sujet apparemment simple, mais en réalité complexe et intelligent. La notion d'amour absolu est mis sur le devant de la scène, avec tout ce qu'elle possède de merveilleux, de beau, de magique, mais aussi d'admirable... Jusqu'à quel point ? Un amour qui peut virer au drame, lorsqu'il se termine en sacrifice, au renoncement même de l'existence, au prix de l'amour de notre vie !



En cela, ce roman psychologique fouille les sentiments, émotions et contradictions de l'esprit humain ; à l'instar de Stefan Zweig, camarade autrichien également doué dans cet exercice. Mais c'est aussi un roman philosophique, qui pousse le lecteur à se poser de réelles et brutales questions sur sa propre notion d'amour, de concessions et de sacrifice ; aussi bien que sur le poids et les conséquences de ces promesses qu'on ne peut pas toujours tenir... Un roman redoutablement intelligent, qui a le mérite d'être lu et de marquer les esprits !
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La Pénombre des âmes

J’ai découvert Schnitzler récemment, en lisant coup sur coup deux de ses courts romans, Mourir, puis Madame Béate et son fils. Sous le charme, je poursuis l’exploration de son œuvre avec le recueil de nouvelles La pénombre des âmes.

Un environnement empreint de luxe, calme et volupté est ici le plus souvent le théâtre de la mort. Avec une apparente légèreté, l’auteur viennois analyse les comportements humains et les tourments amoureux, il sonde les âmes. Pour mon plus grand plaisir, on voyage beaucoup avec Schnitzler, à pied, en fiacre, en train ou en bateau et on côtoie des personnages de femmes qui, sans avoir le beau rôle, ne jouent pas les faire-valoir des hommes, mais sont leurs vis-à-vis. Et pour ne rien gâcher, l’auteur maîtrise l’art du suspense et de la chute et il ne manque pas d’humour.
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Thérèse

On parle souvent de Stefan Zweig lorsqu'il est question de dépeindre l'intériorité des femmes.. Et pourtant ! Arthur Schnitzler déploie une palette impressionnante de nuances qui nous permettent de suivre les turpides de Thérèse. J'ai adoré ce roman et ai traîné pour le finir...
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Mademoiselle Else

Adaptation BD de Manuele Fior du roman d'Arthur Schnitzler.

Elsa une jeune fille riche et insouciante doit sauver son père de la ruine et pour cela demander de l'argent à un vieux voyeur libidineux qui lui demande de la contempler nue.

Elsa, femme fragile qui se cache derrière une attitude distante, qui espérait vivre une vie de femme libre bascule.

Les aquarelles aux tons pastels deviennent sombres pour traduire le combat intérieur, la confusion mentale de la jeune fille, la folie qui la guette.
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La Nouvelle rêvée

Arthur Schnitzler (1862-1931) est un écrivain et médecin autrichien. Après avoir étudié la médecine et obtenu son doctorat en 1885, il travaille à l'hôpital général de Vienne, mais finit par abandonner la médecine pour se tourner vers l'écriture après le décès de son père (1893) qui s’y opposait. Arthur Schnitzler est l'auteur de pièces de théâtre, de nouvelles et de romans.

La Nouvelle rêvée, une nouvelle parue en 1929 a fait l'objet d'une adaptation cinématographique par Stanley Kubrick en 1999, Eyes Wide Shut, son dernier film, avec Tom Cruise et Nicole Kidman.

Vienne au début du XXème siècle. Fridolin est médecin, marié avec Albertine, ils ont une petite fille de six ans et forment un couple heureux. Un soir, appelé au chevet de l’un de ses patients il ne peut que constater le décès. C’est aussi le moment choisi par Marianne, la fille du défunt, pour avouer son amour au médecin. Troublé Fridolin s’éloigne dans la nuit, hésite mais ne consomme pas une jeune prostituée avant de tomber par hasard dans un café, sur un vieil ami perdu de vue depuis longtemps, devenu pianiste et qui va jouer tout à l’heure dans un endroit inconnu, lors d’une partie fine entre membres masqués d’une société secrète. Excité, Fridolin insiste pour suivre son ami qui pourtant le met en garde contre le danger encouru s’il est démasqué…

Un texte particulièrement intrigant car il mêle le mystère – réalité et rêve -, l’érotisme (discret pour notre époque actuelle) et la psychanalyse chère à Freud où le rêve est le refuge de la pulsion refoulée. D’un côté, Fridolin va vivre une nuit presque torride, avec Marianne et la prostituée qui étaient partantes mais qu’il ne touchera pas, puis lors de la soirée libertine quand il sera fortement attiré par une femme superbe et nue, qui elle se refusera et lui enjoindra de quitter les lieux au plus vite. Rentré au petit matin, sa femme à peine réveillée va lui raconter son rêve, non seulement elle faisait l’amour avec un officier danois – réellement croisé l’an passé quand ils étaient en villégiature – mais elle regardait sans peine son mari se faire torturer. Cet aveu d’assouvissement onirique d’un fantasme de son épouse rend fou de jalousie Fridolin. Le couple va-t-il résister à cet évènement ? Je vous laisse découvrir la suite…

Avec cette nouvelle, Schnitzler ouvre les portes à de multiples interprétations et les spécialistes ne se sont pas privés depuis sa parution comme vous vous en doutez. Creuser l’inconscient humain c’est s’aventurer dans un gouffre sans fond. Le texte est court évidemment, l’écriture irréprochable et le lecteur toujours en éveil (le seul dont on soit certain qu’il ne dorme pas !) à tenter de démêler le vrai du faux, le réel de l’inconscient, la réalité du rêve, fasciné par cette mise en lumière de caractères et de pensées qui normalement restent dans l’ombre protectrice de notre moi le plus secret.

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Gloire tardive

Hasard des lectures , je venais d'emprunter "Vienne au crépuscule " d'Arthur Schnitzler quand j'ai reçu une offre de Babelio de lire "Gloire tardive" du même auteur.

Ni une ni deux, j'accepte cette proposition et reçoit dans la foulée cette longue nouvelle ou petit roman (130 pages hors préface et postface).

Le protagoniste Edouard Saxberger a presque 70 ans. Il vit à Vienne et travaille comme fonctionnaire dans un bureau. Il ne s'est jamais marié, n'a pas eu d'enfant et est assez solitaire. Il dîne le soir dans un restaurant où il retrouve des connaissances (peut-on dire des amis?) avec qui il joue au billard.

Un jour, il rencontre un jeune homme, Wolfgang Meier, 25 ans environ, qui le félicite pour l'ouvrage de poésie qu'il a écrit il y a plus de 30 ans. Ce jeune homme le flatte pour ces "promenades" titre du recueil publié et l'invite dans son "cercle littéraire" de jeunes gens en quête de célébrité et de reconnaissance. L'accueil des jeunes pour ce vieu monsieur est enthousiaste.

Au contact de ce groupe, Edouard se sent rajeunir et essaie même de se "remettre" à écrire.



Ce court roman m'a laissé une impression mitigée. D'abord parce qu'il ne se passe pas énormément d'événements et qu'il est un peu répétitif. Des allers-retours entre deux cafés, celui des anciens amis, un peu frustes et peu cultivés et celui des nouveaux amis, qui acclament note "héros" et le complimentent.

Ensuite le seul personnage féminin m'a paru très antipathique : la pseudo diva ou actrice ratée, excentrique, essaie de manipuler ce charmant vieux monsieur qui n'est pas dupe mais tout de même.



Le vieux monsieur a des réflexions très justes sur la création, l'âge , la jeunesse qui part et ne peut revenir..... même s'il y croit un moment...Le monde a changé et les balades le long du fleuve n'apportent plus forcément l'inspiration.



En fait le principal défaut que je trouve à ce livre est que je l'ai lu juste après "Vienne au crépuscule" qui lui m'a passionné par sa justesse et son analyse de la bonne société viennoise du début du 20 eme siècle. A côté de cette peinture fine de la relation entre un homme et une femme tous les deux attachants, Gloire tardive m'a paru un peu terne, sensible souvent, parfois émouvant, un brin ironique ...... mais un peu fade.
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Mourir

Pas très gai certes mais magnifique. Dans ce très court roman, Arthur Schnitzler se fait explorateur de l'âme humaine. Contemporain et ami de Freud (Viennois tous les deux), il est marqué par ses théories. Comme son jeune "confrère" de vingt ans son cadet, S Zweig, il dissèque l'intimité des êtres.La mort s'immisce dans le quotidien de Félix et Marie un jeune couple à qui tout souriait. Un médecin annonce à Félix (!) qu'il n'a plus qu'un an à vivre. Au départ, il veut affronter l'épreuve avec stoïcisme et sa compagne désespérée lui dit qu'elle ne saurait vivre sans lui et mourra avec lui. Mais peu à peu les masques tombent, la relation évolue. Félix ne peut supporter l'idée de la mort et encore moins l'idée qu'elle ne sera pas collective, que Marie et le monde continueront à vivre sans lui. Il est jaloux de la jeunesse et de la santé de sa compagne et lui rappelle sa promesse. Marie, quant à elle, soigne Félix jour et nuit mais peu à peu la pitié remplace l'amour, elle culpabilise de préférer la vie à Félix et bien sûr elle n'est plus prête à tenir sa promesse.
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Mademoiselle Else

Publiée en 1924, cette longue nouvelle est le monologue intérieure d'une toute jeune femme, Mademoiselle Else, qui se voit obligée, pour le bien de sa famille, de réclamer une grosse somme d'argent à un ami éloigné de son père. Il accepte à une condition, la voir nue.



Le lecteur se retrouve propulsée dans l'esprit de la jeune Else, bouleversée pratiquement de la première à la dernière ligne, ses pensées se bousculent, s'entrecroisent, ses idées changent d'une seconde à l'autre mais le désespoir et la honte reviennent inlassablement.

Une prouesse stylistique.
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La Nouvelle rêvée

Je pensais avoir des réponses aux questions que je me pose chaque fois que je revois Eye wide shut dont cette nouvelle rêvée est l’adaptation.

Kubrick a puisé le ferment du récit, à savoir la dualité des phantasmes du couple Fridolin et Albertine. La version papier est plus fouillée, plus freudiène et bien entendu moins érotique puisqu’elle date de 1926. Mais les thèmes sont là : phantasmes, prostitution, désir…

Le film a ajouté un côté plus mystérieux en accentuant l’idée de rite qui s’apparente d’emblée à une plongée dans un monde sectaire que l’on devine dans le roman. L’érotisme, très puissant des images permet de passer dans ce monde et renforce ainsi l’impression de vivre les phantasmes de ce couple.

La lecture amène inévitablement à la comparaison. Le jeu est sympa mais n’apporte rien de plus que ce que le film propose tant il est fidèle, ajoutant du beau, de la sensualité, du mystère, du rêve…

Ce n’est pas urgent de le lire mais le film fait partie des incontournables.

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Mourir

Roman sur la mort, face à l'amour, face à la vie de l'autre qui survivra. Insupportable à accepter pour le héros du livre. Lecture dure et incisive, pour ce Schnitzler dont j'ai gardé un souvenir fait de malaise et d'un peu d'effroi.
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Mademoiselle Else

Mademoiselle Else est une nouvelle qui m'a relativement troublée. C'est la première fois qu'il m'est donné de lire un monologue intérieur et bien que cela a été difficile pour moi au départ, je trouve ce procédé d'écriture assez agréable.

De fait, on ne peut qu'apprécier ces pensées contradictoires qui mènent de bout en bout en haleine le lecteur. Else va-t-elle réellement obtempérer ? Ou bien choisir la fuite ? Mettra-t-elle à exécution ses menaces de suicide ?

De plus l'histoire s'agrémente de jolies touches poétiques et l'univers bourgeois apparaît sous un jour plus négatif que ce qui m'a été donné de lire.



Réellement, ce petit livre m'a réellement surprise et de façon bien plaisante.

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Relations et solitudes

Si certains accusent l’aphorisme de confiner la pensée au simplisme. Et d’autres inculpent la sentence de ne pas donner tant à penser que de confisquer la pensée, elle-même.

Les apophtegmes (ou aphorismes) d’Arthur Schnitzler échappent à tous ces reproches.

Car Schnitzler est, tout d’abord, un esprit qui doute, et ensuite, qui se cherche. Par conséquent, ses textes sont emprunts d’une grande authenticité : ses aphorismes nous séduisent parce qu’ils excluent tout dogmatisme. Il se place ainsi dans la continuité de Schopenhauer et de Nietzsche…



Ce recueil est un assemblage de réflexions divisé en plusieurs thèmes.

Par exemple, la partie « Psychanalyse » est, à mon avis, essentiel à lire : Schnitzler était un contemporain de Freud, et il savait immédiatement épinglait les approximations de cette nouvelle école de pensée. Ainsi dans cette partie, nous décortique-t-il le complexe d’Œdipe…

Par contre, dans le chapitre « Observation de l’homme », l’écrivain Viennois règle ses comptes avec l’art.

Mais ce qui est intéressant chez Schnitzler, c’est son déterminisme qui l’amène parfois à remettre en question les moyens dont on dispose pour différencier une cause et donc une responsabilité, c’est ce que nous pouvons en déduire du chapitre « Relations et Solitudes ».



Pour finir et élargir le champ de ma critique, « La transparence impossible », qui est en quelque sorte une suite de « Relations et Solitudes », met en exergue l’idée selon laquelle on ne peut obtenir la transparence en toutes choses (la politique, par exemple ou encore l’amour). Et Toc !

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Vienne au crépuscule

Premier livre lu de Arthur Schnitzler, et je ne regrette pas. J'ai eu un petit peu de mal à rentrer dedans au début, mais dès que l'intrigue a été lancée, c'était bon. J'ai trouvé la manière d'écrire très agréable et intelligente, nous mettant vraiment à la place de Georges, et personnellement même si je désapprouve certaines actions, je le comprends. Le côté Henri a été moins exploré je trouve, mais je pense qu'il servait plus de contraste au personnage de Georges, plutôt qu'un personnage à part entière.



L'ambiance antisémite et le climat pour les juifs et chez les juifs est aussi très bien dépeint, et j'ai apprécié cette plongée globale dans Vienne de cette époque.

Je trouve que j'ai apprécié de plus en plus ma lecture, ne pouvant plus l'arrêter une fois la première moitié du livre passée. C'est une lecture qui mérite qu'on s'y accroche un peu si nécessaire! Je recommande.
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Mademoiselle Else (BD)

Je me réjouissais de retrouver le travail de Manuele Fior avec cette réédition chez Futuropolis d'un album déjà sorti en 2009 chez Delcourt. Une BD qui est une adaptation d'un roman d'Arthur Schnitzler paru en 1924.



Une jeune fille en est le personnage central. Else, jeune bourgeoise de Vienne, est en vacances en Italie avec sa tante et son cousin. Un télégramme envoyé par sa mère va en bouleverser le cours. Son père a des dettes et Else est missionnée par sa mère pour obtenir la somme due auprès de Dorsay, un marchand d'art.



C'est le monologue d'Else elle-même qui nous offert. Des mots qui expriment un trouble profond, un tiraillement entre la volonté d'aider son père et le risque que cela fait peser sur elle. Car Dorsay exige en échange de pouvoir la regarder nue...



Dans la tête de la jeune femme, le désir de s'affranchir de toute pression existe, elle se voit elle-même comme une dévergondée, mais elle ne veut pas être une femme-objet, elle veut pourvoir choisir à qui s'offrir et on sent la colère poindre face à cette situation intenable dans laquelle la met sa mère.



Manuele Fior met magnifiquement en images ce drame avec un dessin inspiré de Klimt, Mucha ou Schiele. Ses aquarelles superbes posent le décor bourgeois de la fin du XIXème siècle et brossent une Else, diaphane, instable en proie à ce qu'on aurait appelé à l'époque l'hystérie.



Ce très bel album vient prendre place aux côté d'Hypericon et confirme mon goût pour le dessin délicat de Manuele Fior.
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Mademoiselle Else

Tout au long de son monologue intérieur, Mademoiselle Else se débat avec la morale, sa sensualité, la fidélité soumise à sa famille pour sauver son père de la ruine et du déshonneur, sa rebellion contre le désir malsain du vieux Dorsday...Else n'est pas tout à fait une oie blanche vouée au puritanisme et ses pensées la portent souvent vers son corps et le pouvoir qu'il peut avoir sur les hommes. Mais devoir se "prostituer" auprès de Dorsday pour obtenir l'argent qui sauvera une fois de plus son père la révulse. Elle est de toute façon en quelque sorte déjà prostituée par son père et sa mère qui comptent sur elle. C'est une victime qui ne trouve la fuite que dans le suicide.
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Thérèse

Après Thérèse Raquin et Thérèse Desqueyroux, Thérèse tout court. Le sort que Schnitzler réserve à son héroïne n'est pas moins accablant que celui de ses homonymes. Nous sommes dans les environs de Vienne au début du XXe siècle et Thérèse aspire à autre chose que ce que la société patriarcale a prévu pour elle. Elle cherche ses repères et elle sera ballotée par la vie ne pouvant compter que sur elle-même.

 

J'adore Schnitzler et Thérèse est le cinquième ouvrage que je lisais de lui. Ce roman est le dernier publié par l'auteur, quelques années avant sa mort, et il est aussi le plus sombre. On n'y retrouve pas (ou très très peu) l'ironie et la légèreté apparente présentes dans beaucoup de ses écrits. Un des principaux thèmes du roman est l'attachement, particulièrement l'attachement filial, ou les carences affectives qui empêchent les liens de se former ou qui brisent ces liens. L'écrivain pousse sa proposition en créant une protagoniste elle-même peu attachante, ses contradictions étant sans cesse mises de l'avant. Une oeuvre qui appuie là où ça fait mal et qui souligne pertinemment les violences (au sens large) faites aux femmes.
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Thérèse

Dans ce roman psychologique nous lisons la vie et les pensées de Thérèse, jeune institutrice Autrichienne au début des années trente.

La focalisation interne est très intéressante et plonge le lecteur dans le quotidien et les turpitudes de la protagoniste et ce n'est pas gai.

Thérèse rêve de l'amour parfait mais ne vit que des passions sans lendemain, surtout les sentiments tant attendus ne se manifestent jamais. Elle finit par tomber enceinte hors mariage et tout le restant de sa vie elle portera le poids de cet enfant qu'elle aurait préféré voir mort. La vie de Thérèse n'est faite que de désillusions et de souffrances très bien rendues par l'écriture de Schnitzler qui alterne des passages presque poétiques avec des phrases abruptes.

Le personnage de Thérèse est complexe et deroutant car d'un côté elle est très lucide et indépendante et d'un autre côté elle cède facilement aux fantasmes et la fatalité, je lui trouve du courage même si je l'aurai aimée moins détachée à certains moments. On sent la carapace qu'elle se forge au fil de ses échecs, de plus en plus lourde.

Ce livre illustre parfaitement la condition des femmes de l'époque. Si elles devaient porter toutes les responsabilités, les hommes quant à eux jouissaient d'une grande insouciance à l'image des personnages masculins du roman.



Le début de ma lecture était très prometteur d'autant que la plume est très belle puis l'aspect redondant des situations vécues et la noirceur, le manque d'espoir ont rogné mon enthousiasme. C'est une lecture très immersive, on vit, on ressent les événements avec Thérèse mais ce fut un peu trop sombre à mon goût pour que je l'apprécie totalement.
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Les Dernières Cartes

Ah, la fièvre du jeu ! quelle faille de l'âme révèle-t-elle ? La pulsion autodestructrice ? Schnitzler s'avère un grand conteur, un maître du suspens. (Un bémol, la scène du jeu est trop longue à mon goût alors que son dénouement est prévisible.)

J'ai lu une brève interprétation où il était question du binôme Thanatos - Eros (pulsion de mort et éros) ; Thanatos est bien présent, quant à l'épisode amoureux, il est tout à fait secondaire.

La construction classique, le propos fluide, sans artifice, l’enjeu moral (préserver son honneur) … me font penser à l’époque fin de siècle, mais l’œuvre date de 1927.

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Gloire tardive

Gloire tardive nous raconte les espoirs déçus d’un petit fonctionnaire qui a pris de l’âge, Edouard Saxberger. A vingt ans, il se voyait poète, et avait publié un recueil de vers, intitulé Promenades, mais la vie depuis l’a rattrapé, et il va à son travail, dîne avec des amis ou… se promène aujourd’hui selon un schéma aussi morne que défini à l’avance. Mais ses petites habitudes volent en éclat le jour où un jeune homme sonne chez lui et demande à le voir : ce dernier fait partie de la « Jeune Vienne » et, conquis par Les Promenades qu’il a trouvées chez un bouquiniste, rêve de parler à ce grand poète dont il s’est fait un modèle. Il embarque Saxberger à sa suite, lui présente ses amis et collègues littérateurs, la possibilité d’une soirée littéraire se profile… Le vieux Monsieur réagit d’abord avec étonnement, gêne ou modestie, mais il cède peu à peu aux sirènes de la gloire et de la vanité, s’attache à un statut de maître, n’attendait plus depuis longtemps. Bientôt, une question pointe, impérieuse et porteuse de bien des angoisses : et s’il avait fait fausse route dans sa vie ? Et s’il lui fallait aujourd’hui reprendre l’écriture ?



Lorsque j’ai voulu me renseigner sur ce texte et que j’ai parcouru un peu les sources allemandes, j’ai vu (sur Wikipédia) qu’une polémique avait éclaté en Allemagne à la sortie de ce texte, car certains auraient craint un canular littéraire. Ce ne serait pas la première fois qu’un pastiche érudit viendrait à tromper les foules… Je comprends cette méfiance, d’autant plus que le texte apparaît d’une brûlante actualité. Il parle moins de littérature, en effet, que de représentation de soi, de logiques de groupe et de stratégies détournées pour attirer l’attention (des lecteurs, des critiques… mais aussi de l’autre, quel qu’il soit). La galerie des personnages de la jeune Vienne est haute en couleurs, en partie inspirée des littérateurs que fréquentait Schnitzler à l’époque – et elle n’est pas tendre. Je me souviens de cette scène, où chaque littérateur explique aux autres les conditions spéciales dont il a besoin pour travailler : le soir uniquement, sur tel bureau, selon telle mise en place.



En avouant à demi-mots qu’il peut écrire à n’importe quel moment et dans n’importe quelle condition, le plus jeune de la troupe récolte railleries et condescendance. Chez nos artistes, beaucoup de pose, au final : il s’agit pour eux de fantasmer sa place dans le champ littéraire, s’imaginer nouveau poète maudit plutôt que de passer des heures à plancher sur leur prochaine oeuvre.



Mais chez Schnitzler, cela va plus loin qu’une bête et méchante opposition entre anciens et modernes. Saxberger est au fond tout autant dans l’erreur que ses admirateurs improvisés, et le ridicule n’amène jamais à la détestation des personnages. On devine aussi toute la détresse de ces «artistes» avec ou sans reconnaissance, qui se perdent dans le relationnel, avides d’être lus et de glaner quelques commentaires, quand eux-mêmes n’ont le temps de lire personne. En cela, Schnitzler pointe un défaut encore bien actuel, et nous tend un miroir peu flatteur, mais un rien indulgent. J’ai été touchée par le parcours symbolique et mental de Saxberger, par les étapes qu’il traverse pour arriver à la conclusion finale – que je ne vous révélerai pas.

C’est donc un très beau classique, à la fois reflet de son temps (la Jeune Vienne est un groupe artistique et littéraire ayant réellement existé, et la plupart des questions qui se posent à cette époque en littérature nous concernent encore aujourd’hui) et d’une étonnante modernité. Est-ce la traduction, le style épuré, presque clinique de l’auteur, ou encore les corrections d’une autre main ? J’ai trouvé que ce texte savait trouver les mots justes pour évoquer les multiples et contradictoires émotions de Saxberger, sans exagération ni larmoiements. Cette lecture m’aura laissée songeuse, et j’ai d’ailleurs fort tardé à en rendre compte, comme s’il m’avait fallu un peu de temps pour la digérer. Elle m’a fait réfléchir sur mon propre rapport à l’écrit et à mes quelques lecteurs, m’a invitée, en passant, à courir moins après les retours directs, et à mieux garder le cap dans mes projets créatifs. A ce compte-là, ce serait presque une lecture d’hygiène mentale.
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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Le Chemin solitaire

Datant de 1903, Le Chemin solitaire est une pièce excellente mais à ne pas mettre entre les mains d'un lecteur dépressif! Le Chemin solitaire,c 'est le vôtre, le mien, celui de tout être humain qui , malgré les proches, les amis, avance finalement seul, croisant parfois un visage ami mais qui aussitôt s'éloigne. Même ceux qui semblent entourés sont finalement très seuls dans cette pièce et le drame est inexorable, même l'amour broie ceux qu'ils devaient rapprocher.



Une superbe pièce,où l'auteur reprend encore ses thèmes fétiches de l'amour et de la mort, mais un drame qui tord les coeurs tendres !
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