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Critiques de Bohumil Hrabal (137)
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Une trop bruyante solitude

je croyais que ce mince livre de 120p meublerait agréablement 3h de transports en commun, il en fut autrement. Mince, peut être mais très dense, très riche en allusions, en réflexions philosophiques de Lao-Tseu à Nietzsche, en passant par Hegel ou Schopenhauer, comme en sous-entendus politiques qu'on aime chercher et décoder.

Roman sentimental aussi, amours passées, inachevées...



Hymne aux livres, paradoxal, puisqu'il s'agit de destruction. Hanta le héros, travaille dans une presse, au pilon, pour le recyclage du papier. Tout papier, aussi bien les beaux exemplaires reliés venant d'une bibliothèque sacrifiée que du papier de boucherie abritant des essaims de mouche. Livres d'art, aussi. Hanta sauve certains livres, il ne les sacrifiera qu'après les avoir lus, les avoir soigneusement empaqueté. L'ouvrier est donc d'une grande culture.



Lecture lente, donc pour décoder les sens cachés. Sens cachés en absurdie quand interviennent les guerres des rats ou les villes de souris. Je pense alors à Kafka.



Amour du travail bien fait, amour de l'ouvrier pour sa machine la presse quand se construit une monstrueuse usine de recyclage de papier où les ouvriers "jeunes gens nouveaux" d'un idéal socialiste travaillent machinalement avec des gants, ne touchent plus aux livres qui sont recyclés industriellement, boivent du lait et rêvent aux vacances au soleil du comité d'entreprise. Irruption d'un monde nouveau!
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Une trop bruyante solitude

En exergue:



"Seul le soleil a droit à ses taches ":Goethe



L'histoire elle-même est déjà racontée dans les critiques précédentes, l'histoire de cet Hanta qui dit de lui:



"Je suis un peu le Don Quichotte de l'infini et de l'éternité, et l'infini et l'éternité ont sans doute un faible pour les gens comme moi.."



C'est plus du domaine du conte,ou de la fable, à mon avis, un conte burlesque et sombre dans lequel la fin a sa propre logique .

Avec , constamment, une grande dimension poétique toujours présente,et ce ,même s'il raconte des choses absolument atroces, en particulier l'histoire de la petite tzigane dont le prénom clôt le récit.



C''est un texte écrit dans un contexte bien particulier, mais le texte est tellement fort en lui-même que même sans connaître le contexte, il peut exister seul et avoir une dimension universelle.



A un moment, on retrouve une phrase du Talmud (" Nous sommes semblables à des olives, ce n'est qu'une fois pressés que nous donnons le meilleur de nous même.") qu'il faut resituer dans son contexte ( d'où la longue citation .. )car cette phrase est importante finalement pour montrer l'intelligence-et l'ironie ..noire- du texte, jusqu'au bout, jusqu'à cette fin terrible.



Très beau livre.

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Une trop bruyante solitude

Suite à ma lecture de Jonas Fink tome 2 : le libraire de Prague, il m'a été suggéré de relire "Une trop bruyante solitude" de Bohumil Hraba, un livre lu il y a une petite quarantaine d'années. J'avoue que mes souvenirs étaient plutôt très flous.

Cette lecture est une vraie redécouverte.



Prague, les sous sols de Prague où dans les égouts, deux clans se repoussent en une guerre absurde, des mots qui claquent, qui font très mal et qui sont toutefois écrits "des anges déchus travaillent dans les caves, des hommes cultivés, vaincus dans une bataille qu'ils ne menèrent jamais, mais qui, malgré tout, ne cessent de perfectionner la description du monde".



Prague, les sous sols de Prague où des tombereaux de livres juste édités sont détruits dans la machine à pilonner, des accusations implacables contre la bêtise : "ces œuvres là, pourtant, quelqu'un avait dû les écrire, quelqu'un les corriger, les lire, les illustrer, puis les faire imprimer avant de les relier; et quelqu'un d'autre avait dû décider qu'elles n'étaient pas lisibles, les censurer, les expédier à la décharge".



Prague, les sous sols de Prague où une gigantesque machine prenait la ville dans sa gueule, une machine qui avec ses mâchoires gigantesques dévoraient les immeubles, "écrasaient, détruisaient, rejetaient devant elles tout ce qui pouvait leur barrer la route".



Mon édition datant de 1983, propose des versions différentes de la fin ... curiosité mais je crois que la fin d'une histoire n'est pas le plus important ... c'est plutôt le contenu de ce qui c'est passé qui lui, ne change pas ... et c'est certainement ce qui fait le plus de mal !
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Une trop bruyante solitude

Quel petit livre étonnant ! Truffé de références littéraires et artistiques, il envoûte par son vocabulaire répétitif et son personnage principal atypique, ancré à sa presse autour de laquelle gravite sa propre interprétation de la vie et du monde.

Une belle découverte.
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Une trop bruyante solitude

Hanta écrase de vieux livres sous une presse depuis trente-cinq ans. L'histoire se passe à Prague dans le temps de la deuxième guerre mondiale. Parmi les nombreux livres qui s'accumulent, Hanta parviendra à sauver quelques titres censurés.



J'ai été quelque peu déçue par ce livre. J'ai eu de la peine à le terminer même s'il ne fait que 125 pages! Certains passages m'ont plu surtout ceux qui me faisaient découvrir la culture tchèque, mais mon intérêt n'a pas été maintenu. Je décrochais de l'histoire souvent et perdais le fil.
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Die Katze Autitschko

extrait de : Život bez smokingu [« Une vie sans smoking »], československý spisovatel, Prague, 1986
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Trains étroitement surveillés

Le personnage principal travaille dans une gare, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Amoureux d'une jeune fille, il éprouve pas mal de difficultés pour la séduire et finit par tenter de mettre fin à ses jours.

Ce livre est drôle, émouvant et surréaliste.

Hrabal est un maître du surréalisme à mes yeux !
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Une trop bruyante solitude

La première phrase annonce la couleur : "Voilà trente cinq ans que je travaille dans le vieux papier et c'est toute ma love story".

Hanta, personnage principal et narrateur, nous plonge dans l'univers sale et collant du recyclage papier, où le travail se fait les mains nues dans le pilon, dans les vieux emballages sanguinolents des boucheries, les tâches d'encre, les pintes de bière, et les souris endormies. Mais Hanta aime passionnément ce travail parce que chaque jour, il découvre la beauté au milieu de toute cette brutalité : des livres lui apparaissent et il s'y laisse emporter. Il cite Hegel ou Nietzsche et discute avec Jésus et Lao Tseu. Dans chaque boule de papier compressé qu'il forme avec sa presse, il depose un de ces précieux livres, il les entoure de belles reproductions picturales ; il crée à sa manière une autre vie pour ces mots voués à la destruction.

Jusqu'au jour où apparaît une toute nouvelle machine, gigantesque et rapide, qui impose un travail à la chaîne sans plus de souci des mots, de la découverte, ni de l'homme...



Parlant de découverte, quel étonnement que ce tout petit livre de Bohumil Hrabal ! Dans une langue à la fois touchante, presque poétique et frappante, il tape le rythme de la machine et délivre un tragi-comique talentueux qui semble nous dire : "Attendez, n'allez pas si vite, réfléchissez". Hanta, ce personnage crasse et alcoolique, prend pourtant le temps et chérit encore l'être et la culture comme le coeur de toute chose - à l'image de ce livre qu'il place au centre des papiers recyclés. Mais la société moderne, avec un toujours plus généralisé, abrutit, asservit et retourne en arrière à force d'avancer sans considération. Les nouveaux ouvriers ne lisent plus les mots qu'ils vouent au néant, et les enfants ne connaissent plus le livre avec délectation. L'homme, lui-même, devient dispensable et tout un humanisme s'éteint avec Hanta.

Un très beau texte sensible, parfois halluciné, mais terriblement éclairé qui prête à la réflexion, au rêve, à la différence (oserais-je dire à la résistance?). A découvrir de toute urgence !




Lien : http://lapetitemarchandedepr..
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Une trop bruyante solitude

Trente-cinq ans durant, il a écrasé du vieux papier à la presse mécanique. Sysiphe, le fils d'Éole, était condamné à pousser une pierre au haut d'une montagne, d'où elle finissait par retomber sempiternellement. Le narrateur, lui, reproduit les mêmes gestes, au fond d'une cave, enseveli sous les vestiges de papiers de toute nature, les pieds dans un magma innommable, retourné, sous l'action de l'humidité, quasiment à la bouillie de cellulose originelle, côtoyant les souris, environné d'un nuage de mouches agglutinées sur l'immonde provende sanguinolente d'emballage de boucherie. L'homme n'est pas insensible à cette matière destinée au rebut, il ouvre les volumes, sélectionne les reproductions d'œuvres d'art qui orneront le produit de son labeur, des balles de papier compressé; son appartement croule littéralement sous les livres qu'il a sauvé de l'holocauste.



Une Trop bruyante solitude est une œuvre du ressassement, traduisant le soliloque d'un homme solitaire. Ce remâchement du propos, ce processus digestif de rumination, s'inscrit dans un univers fermentant et grouillant, où règne de manière obsessionnelle - ce livre se prêterait fort bien à cet égard à une analyse psychopathologique, le déchet, la matière en putréfaction, l'excrémentiel. C'est très spécial, çà n'est guère ragoutant, il stagne sur ce court opus un remugle permanent.
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Une trop bruyante solitude

Voilà un court roman à l'ambiance particulière mais qui m'a bien plu.

Le narrateur travaille à Prague sur une presse, chargé de compresser les déchets de papier destinés à être dissous et recyclés.

Il passe une bonne partie de sa vie dans un sous-sol, une cave dans laquelle sont déversés aussi bien des emballages des abattoirs maculés de sang que des fleurs fanées ou des livres précieux.

Cet homme mène une vie solitaire mais c'est un poète qui a décidé que chaque bloc de papier qu'il presserait serait une oeuvre d'art dans laquelle il enferme un livre précieux.

Il a aussi sauvé trois tonnes de livres qui remplissent son domicile menaçant de l'étouffer et rêve de leur offrir une seconde vie lorsqu'il sera à la retraite.

Mais la modernisation de la vie et de la société laisse peu de place pour des marginalités créatives de ce type...

Une lecture qui m'a marquée.
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Moi qui ai servi le roi d'Angleterre

Une leçon d'histoire par le petit bout de la lorgnette ...Ce roman fut suffisamment dérangeant pour attirer les foudres de la censure du régime tchèque des années 70.

Ainsi, notre héros, serveur, observe et jouit de l'argent facilement gagné lors l'euphorie boursière des années 20, rencontre l'amour de sa vie avec une Allemande, au moment de l'annexion de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne nazie, puis s'enrichit sans beaucoup de remords grâce à la spoliation de juifs de Lvov. Fier de sa réussite matérielle, il fait des pieds et des mains pour se faire enfermer dans la prison pour millionnaires ; cette dernière se révèle beaucoup plus confortable qu'à l'extérieur ... A sa sortie de prison, il opte pour un travail au fonds des bois, où il occupe seul avec quelques animaux une ferme abandonnée par une population allemande, dont le narrateur regrette le départ ... Sans en avoir l"air, et toujours avec une distanciation, dont on affuble souvent ses concitoyens tchèques, Hrabal égratigne le "politiquement correct" tchèque des années 60 et 70.

L'écriture de Hrabal est aussi belle que Prague : baroque mais limpide. L'amour des femmes (constante de l'écriture de Hrabal) et le goût pour le quotidien rendu fantastique (la description du repas durant lequel est servi un chameau farci, est un régal !) assaisonnent ce mets délicieux ...
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Une trop bruyante solitude

« Une trop bruyante solitude », un des chefs-d’œuvre de Bohumil Hrabal, est une œuvre tragi-comique et une parabole qui dénonce les régimes totalitaires.

« Tous les inquisiteurs du monde brûlent vainement les livres : quand ces livres ont consigné quelque chose de valable, on entend encore leur rire silencieux au milieu des flammes, parce qu’un vrai livre renvoie toujours ailleurs, hors de lui-même ».

Le roman, sous la forme d’un monologue, nous raconte l’histoire d’Hanta, un presseur de papier alcoolique qui vit seul et qui travaille dans une usine de recyclage de papiers. Depuis 35 ans, il pilonne et détruit des livres et papiers divers à l'aide d'une presse mécanique dans une cave humide infestée de souris. Mais il sauve régulièrement de nombreux chefs-d'œuvres de la littérature ou de la philosophie qu’il refile sous le manteau à des passionnés ou qu’il ramène chez lui en si grand nombre qu’ils forment des tours prêtes à s'effondrer à chaque instant, dans chaque pièce, jusqu’au-dessus de son lit, où il risque d’être écrasé et enseveli. Quand il ne peut sauver du pilon les trésors de notre culture mondiale, il pense longuement aux éléments qui vont constituer ses ballots car il veut offrir une sépulture unique et digne aux œuvres qu’il chérit. Il n’est donc guère productif ou du moins pas suffisamment ce qui lui attire les foudres de son supérieur.

« … lorsque je lis, je ne lis pas vraiment, je ramasse du bec une belle phrase et je la suce comme un bonbon, comme un petit verre de liqueur jusqu'à ce que l'idée se dissolve en moi comme l'alcool; elle s'infiltre si lentement qu'elle n'imbibe pas seulement mon cerveau et mon cœur, elle pulse cahin-caha jusqu'aux racines de mes veines (…) ».

Hanta, féru de littérature, à la fois sauveur mais aussi bourreau des livres, rompt sa solitude grâce à la lecture. Il vit avec ses souvenirs et avec les auteurs des livres, fantômes avec qui il échange.

La critique du régime communiste est implicite. Hanta ne se plaint jamais mais Hrabal nous fait ressentir l’atmosphère oppressante d’un régime qui méprise l’art et broie les individus comme les livres. La guerre est d’ailleurs présente (son absurdité particulièrement) via celle que se livre les rats dans les égouts de Podbaba.



« Une trop bruyante solitude » (d'abord diffusé en 1976 à Prague sous forme de publication clandestine) est une critique virulente des sociétés totalitaires. C’est le livre qui a valu au grand écrivain tchèque le plus de notoriété. Il a été adapté au cinéma et au théâtre.

C’est le deuxième livre de Hrabal que je lis (après « Trains étroitement surveillés ») et sa réputation de chef-d’œuvre n’est absolument pas usurpée. On y retrouve grotesque et humour noir. Ce texte est très fort, j’ai encore une fois adoré. Prochaine lecture de Hrabal : « Moi qui ai servi le roi d’Angleterre ».
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La petite ville où le temps s'arrêta

Je trouve à ce livre des parentés à toute une série d'auteurs et d'origines très diverses... le point commun ça doit être... moi... et ce que j'apprécie et aime profondément. A la fois n'importe quoi, mais touchant, drôle, pathétique, sensible, grotesque, une certaine impudicité ou absence de tabou, ou iconoclaste, où quelque chose est là ou presque, mais sans projet véritable.

On ne sait pas non plus bien trop ce que ça raconte, ce sont des éléments d'une vie, de quelques années de vie "quotidienne".

La routine : faites-moi rire.
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Une trop bruyante solitude

C'est clairement un Hrabal bien plus mature qui parle ici que dans ses premiers «Trains Etroitement Surveillés» : tout est plus élaboré, plus condensé, bourré de références littéraires, mais surtout encore beaucoup plus sombre. Car là où dans le premier roman le jeune protagoniste pouvait trouver du réconfort dans un acte d'héroïsme (discutable), cette histoire-ci se termine par une ferveur très détaillée et en même temps tragique du protagoniste Haňtá envers la société déshumanisée. L'ironie désarmante de ce livre est qu'il est un «écraseur professionel de livres» (« trente-cinq ans j'écrase du vieux papier et des livres ») qui nous confronte à cette déshumanisation: Haňtá broie/écrase des livres en vieilles ballots, mais il chérit aussi ces livres, en extrait les meilleurs et les plus beaux, cite par exemple Kant, Rimbaud et Hegel, et décore les ballots de vieux papiers qui sortent de sa machine de belles couvertures de livres d'art. Donc, le travailleur manuel Haňtá est à la fois un artiste-intellectuel et, à travers ses voyages dans les égouts de Prague, également un expert du côté sordide de la société moderne. Ses descriptions rappellent involontairement le Kafka des ‘Métamorphoses’ et ‘La Colonie Pénitentiaire’, bien que cela puisse être une comparaison trop évidente, peut-être que l'œuvre la plus sombre de Piranèse est une meilleure référence. La chose intelligente est que Hrabal évoque tout un monde somnolent en seulement 90 pages et y ajoute à la fin un point saisissant et dramatique, un règlement avec le monde désenchanté et aveuglement mécanisant.
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A batons rompus avec bohumil hrabal

Livre d'entretiens dans un premier temps avec l'auteur tchèque puis cinq petites histoires démontrant les procédés narratifs que Hrabal décrit dans l'interview.

Ouvrage surtout réservé aux fans de l'écrivain qui raconte la place de l'écriture dans sa vie, sa méthodologie pour écrire et sa relation à la langue tchèque.

On y voit un homme facétieux, dont l'idole est Hasek, passionné, et tragiquement lucide sur la place de la littérature.

Un ouvrage que je recommande si on est intéressé par cet auteur.
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La chevelure sacrifiée

Bohumil Hrabal (1914-1997) est l'un des plus importants écrivains tchèques de la seconde moitié du XXe siècle. Après des études de droit interrompues à partir de 1939 en raison de l’occupation allemande, il exerce des métiers divers, ouvrier, voyageur de commerce, figurant de théâtre, cheminot... Il entre en littérature en 1963 mais après l'invasion soviétique de l'été 1968 qui met fin au Printemps de Prague, il connaît des ennuis avec la censure et est interdit de publication. Il connaitra à nouveau la censure entre 1982 et 1985. Finalement il meurt à Prague le 3 février 1997 en tombant – ou en sautant ? – de la fenêtre de l'hôpital où il est soigné. Son roman La Chevelure sacrifiée date de 1976.

L’action se déroule vers 1920 dans une petite ville de Bohème et c’est Maryska qui nous la conte. Maryska et Francin sont mariés et tiennent une brasserie. Lui, est un homme posé, discret, frugal, très amoureux de sa femme ; elle, est plus jeune de caractère, presque gamine, pleine de vie et d’énergie, « quand je mange, je ne mange pas, je dévore » avoue-t-elle ingénuement, dotée d’une très belle et imposante chevelure, l’un de ses principaux charmes pour Francin, « …ces cheveux dont il était tombé amoureux. » Deux caractères bien différenciés dont Francin a parfois du mal à s’accommoder, sa Maryska ne correspondant pas avec son idée « de la femme convenable ». Le bouquin s’achève sur un caprice de Maryska se faisant couper les cheveux, signe d’un renouveau mais aussi début d’une nouvelle histoire puisque Francin lui promet « Alors ma petite fille, dit-il, on va commencer une nouvelle vie ».

Le roman enchaîne des scènes charmantes sur la vie d’une brasserie ou l’abattage du cochon, puis il y aura l’arrivée inopinée de l’oncle Jo, frère de Francin et cordonnier de son état, et ses frasques avec le personnel de la brasserie. Nous découvrons aussi l’entrée de la modernité dans le petit village, la radio et le gramophone, prétextes à de jolis paragraphes.

Le roman est bien écrit, l’écriture est dense, exubérante, bien rythmée, utilisant un vocabulaire très précis. Je ne sais pas pourquoi, mais la lecture de ce roman m’a fait penser à certains films d’Emir Kusturika. Les scènes se succèdent, mêlant le crédible à l’onirique voire au farfelu, « comme toujours M. Kropàcek était assis dans le side-car et conduisait sa moto d’un pied posé sur le guidon ».

On peut trouver dans ce roman une fraîcheur et une tendresse délicieuse, une certaine poésie, je le comprendrais, mais pour ma part néanmoins, je n’y ai pas trouvé beaucoup d’intérêt. Heureusement le texte n’est pas très long, et ceci compensant cela, on arrive facilement au point final et l’on referme le livre dubitativement.

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Trains étroitement surveillés

L'action de ce roman très court est teinté d'une ambiance très étrange. Tout se passe en temps de guerre, on y trouve beaucoup de soldats, beaucoup d'armes et d'explosifs. A travers une narration cocasse et à la limite de l'absurde on y trouve énormément de souffrance et d'espoir qui nous porte à une fin bouleversante.


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Une trop bruyante solitude

Bien curieux petit roman que cette « Trop bruyante solitude » de l’écrivain tchèque Bohumil HRABAL (1914-1997) dont j’ai découvert l’existence grâce au très joli « L’ultime parade de Bohumil Hrabal » du grand Jacques JOSSE, ce dernier paru en 2016 chez La Contre Allée. Dans son livre, JOSSE insiste sur ce roman aujourd’hui présenté en nos colonnes, le présentant comme une relique, un mal nécessaire et un chef d’oeuvre. Écrit en 1975, ce bouquin sort en 1976 en Tchécoslovaquie sous forme de samizdat (dans la clandestinité). HRABAL a régulièrement été atteint par la censure, considéré comme dangereux aux yeux du pouvoir communiste.



Hanta, le personnage central de cette histoire, travaille dans un atelier de destruction de papiers en tout genre depuis 35 ans à Prague : livres, toiles de peintres, journaux, emballages de boucheries souillés de sang, etc. Il utilise une presse pour son travail dans une cave infestée de rats et de souris. Seulement, il voit passer beaucoup de livres près d’être pilonnés, il décide d’en sauver quelques-uns, lui l’illettré. Comme les papiers détruits forment de grosses balles, il décide de placer au centre, en leur noyau, un livre indemne, comme un coeur qui bat. Un bouquin par grosse boule, comme un livre caché qui pourra être miraculeusement retrouvé plus tard pour continuer à circuler, on pense ici bien sûr au « Fahrenheit 451 » de Ray BRADBURY. Devant sa presse, Hanta tue le temps en vidant force cruches de bière, sorte d’élixir lui faisant tenir le coup, puisqu’il magnifie ces bouquins que pourtant il détruit, tout comme il en détruit l’encre par des procédés chimiques, rendant impossible l’héritage tant désiré. Parfois il enrobe les balles de toiles de peintres, pour les habiller, les rendre plus jolies.



Hanta chérit « ses » livres, leur propose une deuxième vie, une résurrection (on croise régulièrement les visages de Jésus et Lao-Tseu), il en garde d’ailleurs une belle quantité par-devers lui. Seulement, son monde va s’écrouler, ce monde où il allait à son rythme, lent (provoquant le mépris de son supérieur), ce monde onirique provoqué par des vues de couvertures de livres, un monde certes cloisonné mais figure d’un certain espace sécurisé. En effet, une presse hydraulique géante va remplacer celle de son atelier, sur laquelle il suffira d’actionner quelques leviers et boutons pour accomplir en un temps record une tâche bien supérieure que celle de Hanta jadis. De nouveaux ouvriers, jeunes et dénués de sentimentalisme pour le monde de la lecture, vont à leur tour actionner la machine infernale sans même penser à leurs gestes. Désespéré, Hanta va mettre en scène sa propre mort, comme HRABAL a peut-être mis la sienne propre en scène.



Dans ce livre, le monstre totalitaire est plus que sous-jacent. Il côtoie pourtant les anges, les anciennes amours du narrateur Hanta. Ce roman est un long monologue, fait de rires et de désillusions, de farces et de désenchantements. HRABAL dépeint le système communiste par allégories, l’absence de liberté, le productivisme à outrance, l’impossibilité d’aimer, l’individualisme provoqué par la folie du système en place. Il se rapproche beaucoup de l’atmosphère de l’un de ses maîtres et concitoyens, KAFKA. L’influence d’un ORWELL de « 1984 » ou d’un ZAMIATINE de « Nous » est très prégnante dans cette espèce de bureaucratie contrôlant tout. Quant aux passages plus absurdes, ils semblent extirpés de pages de Samuel BECKETT. Le rendu est profondément dystopique, et sa brièveté le rend encore plus puissant et saisissant, Hanta pouvant être vu comme une sorte de résistant à la machine totalitaire. Il y laissera sa peau.



« Une trop bruyante solitude » est typiquement le genre de bouquins où l’on ne comprend pas tout, par son immense richesse, ses images nombreuses, un bouquin duquel on ressort secoués et emplis de questionnements. Il est indéniable qu’une nouvelle lecture sera nécessaire, elle permettra d’entrouvrir de nouvelles portes dans un monde du plausible.



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Une trop bruyante solitude

Un court roman qui se déroule à Prague, après la Seconde Guerre mondiale, sur fond de révolution industrielle. On y suit un homme qui compresse du papier, donc des livres et autres affiches, depuis 35 ans, dans une machine qui les transforme en blocs destinés à être recyclés. Toutefois, il a une façon de procéder, de réaliser ces cubes, à un rythme et dans une démarche artistique qui ne correspondent pas forcément aux attentes de son patron... Une belle œuvre écrite avec beaucoup de sensibilité et une pointe de mélancolie.
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Une trop bruyante solitude

J'ai été scotchée par la lecture de cette histoire. L'écriture est à la fois tranchante et pleine de poésie. On se retrouve plongé dans la cave remplie de fanstasmagories du personnage, dans ses pensées où se mélangent questionnement et philosophie, ainsi que dans les propres idées politiques de l'auteur qui ressortent au travers. Un roman très frappant qui rappelle inévitablement Fahrenheit 451 de Bradbury.
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