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Citations de Céline Minard (279)


Elle empoigna sa contrebasse et joua pour lui seul le morceau de sauvagerie qu'il lui avait comme transmis. Il reconnut la pluie sur le poitrail des bêtes, le balancement grinçant des grands pins, l'éclatement de l'eau et du bois, la longue phrase du trajet plein de détours, les boules de moucherons dans les coins d'ombre, la fuite des poissons dans l'eau plate, le départ de la balle, la fuite des chevaux, la fuite des jours dans le temps, la fuite en elle même et à ce moment , il éclata en sanglots. Arcie continua de tirer l'archet sur le ventre de sa douleur, implacable et concentrée, afin qu'il en touche la vapeur ourdie de regrets.
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Elie descendait l'escalier et Isle le regardait pour la première fois. Elie n'en avait pas conscience, mais il descendait directement dans son cœur. Alors qu'il avait encore une vue plongeante sur la salle, il vit soudain au bar une beauté limpide, dorée comme la bière qu'elle buvait, douce, les bras chauds, le cou ployé, une merveille. Il ne la reconnût pas, mais il sentit en touchant la marche suivante, qu'il avait changé d'élan et qu'il évoluerait désormais dans sa lumière.
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A ce stade de sa conversation intérieure, il ne manquait pas de se rappeler à lui-même que l’ordre des rêves était assez particulier pour ne jamais se réaliser complètement dans le monde et qu’une partie ou une autre de sa construction mentale tomberait dans les abîmes avant même qu’ils entrevoient le début du pays où ils allaient enfin pouvoir s’arrêter. Ce à quoi il se répondait invariablement que c’était précisément pour cette raison qu’il fallait imaginer les meilleures, les plus grandes et les plus belles choses. Parce que de cette façon, même s’il ne devait advenir que la plus infime part de son rêve, elle serait tout de même assez consistante pour les rendre heureux.
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Personne ne bouge devant le bunker alpha.
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J'en avais des frissons par tout le corps, comme les isards. Et j'ai pensé tout à coup : voilà donc à quoi s'occupent les immortels !
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Elle s’insinue dans les cavernes, pénètre dans les failles, s’étire sur les fonds et soumet l’ensemble des guildes au calme terrifiant.
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Elie sentit tout de suite la méfiance de la femme. Il eut envie de la mordre pour la faire rire mais quelque chose dans sa posture l'en dissuada . Il s'accouda au bar comme il l'avait fait la veille et demanda un whisky d'une voix qui sembla lui sortir des oreilles.
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Furieux, Stevens ne sentait pas le danger et laissait monter en lui des millénaires de domination brutale. Des images le traversaient qui étaient des images d'homme. Des moutons frappés à coups de bâton, des ânes tirés par des longes, les gencives en sang, des chevaux bourrés de coups de pied et de coups de poing, des chiens battus à mort, des ours attaqués au couteau et à la machette. Le massacre des chevaux du Cos, le massacre des bisons imbéciles, les pièges à mammouth, les corps-à-corps avec des loups puants, la gueule ouverte, les luttes à mort de tous les hommes depuis la préhistoire avec ses grands rivaux, les seuls, les animaux, l'emplirent d'une haine incontrôlable. D'une haine radicale qui n'était pas la peur du chef ni la puissance du prédateur car il n'y avait pas de proie, lui-même était une proie, qui était la haine du semblable. Le seul cochon qu'il avait nommé s'était retourné contre lui. Ils se battaient en égaux, pas pour la troupe, pas une question d'honneur, mais entre eux ce fut à ce moment-là comme à l'aube des temps une question de vie ou de mort – lui ou moi – entre Titans. (page 225)
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Puis il sauta sur le vaporanet et fila en trombe et pagne au vent vers T. Tlön Flön où l'attendaient, peut-être, les ressortissants du catastrophisme linéaire.
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— Je désespère de mon espèce Maine, j'en désespère. Voyez ce qu'ils ont fait, ce qu'ils n'ont jamais cessé de faire. Détruire, détruire, le pouvoir, la gloire, le pouvoir, c'est tout ce qui les meut. Le pouvoir. Et devraient-ils écraser la moitié du monde vivant pour ça, 90, 95 % du monde vivant, ils le feraient parce que régner, même sur 5 %, même sur juste un seul autre qu'on aurait gardé tout exprès pour, eh bien c'est suffisant, c'est ça, c'est ça qu'ils veulent et ont toujours voulu. Dominer, maîtriser, régner, le bonheur, le seul bonheur imaginable, survivre et régner.
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On emprunte un chemin : on le rend quand on est arrivé à destination. Est-ce que l'attention au présent pourrait suffire à constituer une méthode ?

Est-ce que l'attention établit le présent lui-même, son épaisseur ? Est-ce qu'elle le constitue comme durée ? Quelle limite y a-t-il à la durée du présent ? Ne pourrait-on imaginer un athlète de l'attention qui formerait un présent de plusieurs dizaines d'années ? Ou ne pourrait-on pas imaginer une attention d'une telle qualité qu'elle serait capable de condenser une grande durée de présent dans une fraction de seconde ?

Peut-on se surprendre soi-même ? Peut-on jouer seul aux échecs ?
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-Vous allez devoir choisir entre un rêve et un cauchemar,vous avez la durée d'une dégustation pour faire basculer votre vie et elle commence maintenant.
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-Ce profil me plaît.Organisée,décisionnaire,habituée à la pression,c'est un leader.
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-Vous ne pouvez plus entrer.Nous avons tout ouvert.Nous avons tout relié.
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Je fais partie de celles et de ceux que ce roman a déçu... Comme beaucoup, je m’attendais à autre chose en lisant la quatrième de couverture, alléchée par un sujet original.
J’ai eu du mal à suivre les longues descriptions de la nature.
J’ai eu encore plus de mal à suivre les pensées philosophiques de la narratrice. À comprendre même le sens des phrases.
Il est vrai que je suis un peu hermétique à la philo mais j’ai tout de même un soupçon d’intelligence... sans doute pas assez pour saisir la portée de ce roman.

Il est rare que j’ai un avis complétement noir ou complètement blanc sur un livre et quand je lis les critiques ici, sur babelio, je me retrouve un peu à droite et à gauche, un peu dans les pour et un peu dans les contre à la fois.
Mais là... je me reconnais entièrement dans toutes les critiques négatives.
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D’un entrepôt, nous avons fait une campagne.
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ECWC est la cave de garde la plus sécurisée de Hong Kong. Installée dans les anciens bunkers de l’armée anglaise, elle attire les collectionneurs depuis des années. Des Chinois, des Européens et des Américains avertis ont confié leurs vins aux bons soins de M. Coetzer, ancien ambassadeur sud-africain reconverti dans la gestion de la vitiviniculture. Ses talents de diplomate sont venus à bout de leurs dernières réticences, essentiellement liées au climat de la baie. Le système de climatisation multizone dont il a équipé les douze bunkers de son entreprise, à hauteur de trente millions de dollars, assure une température constante de 13 à 13,5 degrés Celsius et un taux d’humidité compris entre 65 et 75 %. Un éclairage ponctuel par lampes à sodium basse pression et un système de sécurité dérivé du secteur bancaire ont convaincu les connaisseurs les plus sourcilleux. Des bunkers enterrés à plus de vingt mètres de profondeur ne laissent passer ni vibrations ni lumière naturelle. Les bouteilles vieillissent mieux dans un environnement physique optimal. Physique et fiscal.
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Avant que la bouteille ne se stabilise au milieu de la chaussée qui longe le bunker, l’acier claque à nouveau. Un rayon de soleil traverse le reste de brume, inonde l’asphalte et le liquide doré qui clapote comme un lac contre la paroi du verre.
Le négociateur écoute encore une minute et enlève son casque.
– C’est une femme.
– Ou un type qui porte des escarpins.
La brigade d’intervention sort en silence. Les hommes suivent scrupuleusement le protocole. Trente-cinq minutes passent avant qu’ils ne reviennent au QG avec l’objet sécurisé.
– Un romanée-conti de 1969.
– Ou une bouteille d’urine matinale, question de point de vue.
Jackie Thran, la cheffe de brigade, n’est pas femme à se fier aux étiquettes.
– Voyez vous-même. Elle tend la bouteille ouverte à Ethan Coetzer qui secoue la tête avec une moue de dégoût.
– Un peu chargée, peut-être, mais je ne suis pas médecin.
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INCIPIT
Personne ne bouge devant le bunker alpha.
La brume matinale se dissipe lentement, elle monte et s’accroche aux frondaisons avant de s’évanouir. Il est un peu moins de six heures du matin, le vent d’est fait bruire la végétation basse.
Il n’y a plus un seul uniforme dans le paysage.
Les hommes armés se sont regroupés dans l’ancienne maison du gardien qui leur sert de QG depuis cinquante-neuf heures. Ils ont les yeux rivés sur la porte d’acier qui devrait s’ouvrir dans quelques minutes pour la troisième fois consécutive depuis le début des opérations. Ils ne tenteront pas ce matin un nouvel assaut. Ils attendent les ordres. Le négociateur est arrivé au milieu de la nuit, il a besoin d’un contact direct avant de décider d’une méthode d’action. Il a lu et mémorisé les rapports des deux derniers jours, il est concentré sur les sons. Des perches Mini Boompole ont été installées durant la nuit au-dessus de la porte alpha dans l’angle mort de la caméra de surveillance extérieure. Ses oreilles sont prises dans les coussinets enveloppants d’un casque à réduction de bruit, il est coupé de son environnement sonore immédiat, il regarde monter la vapeur qui s’échappe de son mug de thé noir. Vingt secondes avant que la porte ne s’ouvre, il sursaute.
Il analyse le bruit de chacun des pas déroulés sans précipitation sur les neuf mètres du corridor souterrain, baisse le volume d’un coup quand l’acier blindé lui vrille les tympans en cognant contre les murs de l’entrée du bunker. La porte est ouverte.
Une main gantée apparaît, pose une bouteille au sol, la couche. Tandis que la main prend appui sur le vantail, un pied chaussé d’un escarpin noir sort de l’entrebâillement, se glisse sous le corps de verre et lui impulse un vif mouvement rotatif.
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Les éléments sont exagérés. Depuis quatre jours, c'est le vent. Il détrône la chaleur, il la pousse dans la vallée à grands coups de trompe. Plus rien n'est immobile. Les insectes ne décident plus de leur trajectoire, les geais rasent la pelouse pour éviter les bourrasques, les rapaces à l'inverse prennent de la hauteur. Tout bouge. Le moindre brin d'herbe, l'aiguille la plus enfouie dans la pelote des pins, les crottes des isards sur les cailloux. Il n'y a pas de rémission. Rien ne s'arrête. Le calme est un moment de suspension entre une tempête et une autre, plus chaude. Lorsqu'il s'installe, il est si surprenant, si dense, qu'il devient une matière, une forme de l'air.
Il n'y a pas d'état moyen ici. Rien de ce qui se rapprocherait d'une normale saisonnière en matière de climat. S'il y a des saisons, elles ne correspondent pas à l'idée tempérée qu'on en a. Les éléments s'essayent les uns les autres, et c'est un exercice violent, hors catégorie. Les fins du monde se succèdent mais sans régularité, les renaissances peuvent survenir en pleine journée ou en pleine nuit, c'est indifférent. La montagne n'a pas de bon sens. Elle n'est pas vivable. Elle me rappelle quotidiennement que ce monde n'est pas le mien. Il ne m'appartient pas, il ne me sert pas. Il n'est pas exploitable, c'est à peine si on peut y tenir un jardin. Mais je vois tout. Je vois les changements, j'assiste aux métamorphoses. La griffe du brouillard sur une crête, l'invasion qui passe, la chaleur accumulée dans les pins qui lève des bouffées de tabac blanc, le ciel en est fait, le dépôt de la rosée jusqu'aux genoux, l'armée des iris raides pâlissant dans les prés, la montée des étoiles. Je vois la lune bouger.
Il n'y a aucune stabilité, nulle part, l'activité est constante et contrairement à celle des mégalopoles, elle n'a aucun rapport avec nous. Ce monde n'est pas fait pour nous, et c'est un immense soulagement. Il n'est pas fait pour nous : on peut donc y vivre – si on y parvient.
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