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Citations de Céline Minard (279)


Jeff marchait à grands pas et pensait aux hommes, à ce qui les sépare, à ce qui les relie, aux fusils, et aux formes que prend la curiosité irrépressible des uns pour les autres.
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Il n'en revenait pas. Avoir parcouru plus de neuf cents miles sans rien de plus méchant qu'une ou deux anicroches de saloon, et quelques transactions tendues avec un groupe de migrants isolés, c'est-à-dire avoir été assez malin pour tracer sa route en déjouant la majorité des pièges naturels et humains, et tomber là, en pleine montagne désertique, alors qu'il n'y avait pas eu trace d'âme ni de près ni de loin depuis des jours, tomber là sur un voleur de cheval d'une telle décontraction, c'était vraiment la poisse. Il se serait tiré une balle dans le pied qu'il l'aurait mieux pris.
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Elle empoigna sa contrebasse et joua pour lui seul le morceau de sauvagerie qu'il lui avait comme transmis. Il reconnut la pluie sur le poitrail des bêtes, le balancement grinçant des grands pins, l'éclatement de l'eau et du bois, la longue phrase du trajet plein de détours, les boules de moucherons dans les coins d'ombre, la fuite des poissons dans l'eau plate, le départ de la balle, la fuite des chevaux, la fuite des jours dans le temps, la fuite en elle-même et à ce moment, il éclata en sanglots.
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Il se sentait grandi, calme, augmenté de quelque chose qu'il n'aurait pas su nommer et qui n'était pas un savoir.
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Et bien sûr, à ce stade de sa conversation intérieure, il ne manquait pas de se rappeler à lui-même que l'ordre de ses rêves était assez particulier pour ne jamais se réaliser complètement dans le monde et qu'une partie ou une autre de sa construction mentale tomberait dans les abîmes avant même qu'ils entrevoient le début du pays où ils allaient enfin pouvoir s'arrêter. Ce à quoi il se répondait invariablement que c'était précisément pour cette raison qu'il fallait imaginer les meilleures, les plus grandes et les plus belles choses. Parce que de cette façon, même s'il ne devait advenir que la plus infime part de son rêve, elle serait tout de même assez consistante pour les rendre heureux.
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Les conditions idéales sont-elles celles auxquelles on ne peut échapper, celles qui nous obligent ?
La promesse et la menace sont-elles deux façons d’évaluer et de traiter le risque inhérent à toute rencontre humaine ? Deux possibilités de transformer la violence ? De la régler (réglage). De la négocier (équilibrage).
Il n’y aurait rien de plus dangereux alors qu’une relation humaine qui ne serait ni une promesse, ni une menace. Qui n’aurait rien d’une annonce.
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À midi quand je travaille au jardin, je me baigne dans le lac. Brièvement. L’eau est glacée, saisissante, elle régénère en profondeur. Dix minutes de bain et c’est la fatigue d’une matinée entière qui s’efface des fibres, elle clarifie l’esprit. Je me sèche, me rhabille et monte m’asseoir sur un muret au soleil pour manger. Des fourmis plein les mains. J’ai hâte d’avoir des légumes frais à disposition, et surtout des salades et des patates. Je ramasse les épinards et l’oseille sauvage mais les sachets lyophilisés, les conserves constituent l’essentiel de mon alimentation et commencent à me peser, les fruits secs aussi. Je mange en regardant mes plans, le travail accompli, le travail qui vient. J’ai noté les emplacements des framboisiers sauvages, des nappes de fraisiers en bordure de forêt, je les guette, je ne risque pas de les oublier. J’espère aussi qu’il y aura quelques bons coins à champignons. Des girolles, des russules, des bolets pour commencer. Et lorsque j’y pense, je regrette à chaque fois de n’avoir pas de poule. Mais je ne suis pas venue monter une ferme. Ou bien si ? Ou bien si : ce serait cela l’entraînement général, monter une ferme ?
Les plans de bambous ont atteint une hauteur d’un mètre trente. À la fin de l’été, ils seront adultes et acclimatés. Et moi ?
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Il n’y a pas, n’est-ce pas, de promesse sans contrepartie ? Ou il y en a ? Je ne vois pas.
La meilleure menace est celle qui se passe de son exécution, parce que c’est là précisément que réside son pouvoir, la pression qu’elle exerce : ne pas se réaliser.
Est-ce refuser l’autorité à celui qui l’exige par la menace, c’est précisément s’approprier ce qu’il demande ? Est-ce pour cette raison qu’il est impossible d’ignorer une menace ? Plus encore qu’une promesse.
L’autorité : le grand jeu de l’humanité ?
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Passé les derniers blocs, la pelouse alpine déroule sa pente, lisse et régulière jusqu’aux abords des pins où elle rencontre des landines rases et des landes fraîches tapissées de rhododendrons. J’ai tour à tour côtoyé et suivi de l’oeil le torrent pour le rejoindre à son embouchure sur la gravière qui borde ce côté du lac. L’eau glaciale, transparente, laisse voir les truites qui maraudent entre les pierres. Un gros tronc gris passe par-dessus le déversoir du torrent qui bouillonne en se jetant dans l’eau plane du chaudron. Il est suffisamment large pour qu’on puisse s’y asseoir avec une ligne et une boîte de teignes en restant discrètement à couvert. Les poissons affectionnent les arrivées d’eau qui leur procurent une nourriture plus variée que celle des fonds, je reviendrai. Sur la rive gauche, la gravière se poursuit sur une centaine de mètres, bordée d’un côté par la lame coupante de l’eau et de l’autre, par le sous-bois de pin dont le sol craque et bruit sous les pas. Puis brusquement, elle grimpe aux flancs du cirque et se perd dans les rochers.
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La plaque de cuisson est conçue pour fonctionner de deux à trois heures par jour. Couplée au dispositif qui permet de fondre et de traiter la neige, elle consommera vingt à vingt-cinq pour cent de l’énergie produite. Tous les éclairages sont des leds intégrés à la paroi. Une batterie est dédiée à la recharge d’un ordinateur ou d’un téléphone cellulaire.
En cas d’urgence.
J’ai dessiné la bibliothèque, la couchette, les assises et la table. Ces éléments sont partie prenante de la structure. La table peut se rabattre et glisser dans un rail sur toute la longueur de la pièce. Les assises latérales, situées de part et d’autre de l’œil-de-bœuf, sont amovibles. La couchette est fixe. La bibliothèque également, en partie. Un cube indépendant de soixante-dix centimètres de hauteur peut faire office de table basse ou de siège, il contient un coussin rond bourré de kapok et un tapis de huit millimètres d’épaisseur. Deux placards intégrés sont destinés aux vêtements, la vaisselle est contenue sous l’évier. La carabine et les munitions sont sur le rayonnage au-dessus de la porte. Les skis se remisent en entrant dans le coffre vertical au-dessus d’un compartiment prévu pour contenir trois paires de chaussures. Un stand recevra mon violoncelle quand j’aurai renvoyé son étui rigide dans la vallée. Il est en bois de hêtre comme l’arrêt de pique. Il s’harmonise avec l’habillage de chêne plaqué, ignifugé et hydrofugé, des parois internes et du mobilier encastré. Les portes comme dans un bateau, il faut lever le pied pour les passer.
C’est une belle planque.
Aujourd’hui a eu lieu la dernière rotation nécessaire à mon installation.
J’ai commencé à remplir mes cahiers.
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Les cinq hommes sont repartis avant que le soleil ne passe derrière la montagne. Le pilote préfère éviter les vols de nuit et les huit voyages qu’il a effectués aujourd’hui avec ces longues minutes de stationnaire précis ont requis suffisamment de son attention pour qu’il ait envie de se détendre dans la vallée. Les quatre techniciens étaient dans cet état de fatigue euphorique que procure le travail accompli, ils ne pensaient qu’à redescendre, prendre un peu de repos, retrouver leur foyer. De mon côté, je n’aurais pas apprécié outre mesure de devoir leur offrir l’hospitalité et peut-être l’ont-ils senti. Ce qui est sans importance.
J’ai confié au pilote l’ultime paiement (en espèces) qui met un terme à mon projet, qui n’en est plus un, puisqu’ils m’ont aidé à le réaliser.
Ils n’auront pas à revenir pour raccorder les panneaux photovoltaïques aux batteries, je le ferai moi-même, pour l’ensemble de la structure et pour le module sanitaire installé quelques dizaines de mètres plus bas.
Quand le bruit de l’hélicoptère a été absorbé par la distance, j’ai senti l’épaisseur de l’air et j’ai pu voir le tube de vie dans lequel je vais désormais m’abriter et passer mes jours, si ce n’est mes journées.
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La meilleure menace est celle qui se passe de son exécution parce que c'est là précisément que réside son pouvoir, la pression qu'elle exerce : ne pas se réaliser.
Est-ce que refuser l'autorité à celui qui l'exige par la menace, c'est précisément s'approprier c qu'il demande ? Est-ce pour cette raison qu'il est impossible d'ignorer une menace ? Plus encore qu'une promesse.
L'autorité : le grand jeu de l'humanité ?
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J'ai pensé à une énorme guimbarde, j'ai pensé à la sangle tendue entre les deux écailles comme l'anche d'un instrument à vent démesuré.
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Ce n'était pas une ligne au-dessus d'une ligne comme celle que je pratiquais depuis des semaines, c'était une ligne dans un volume, au-dessus au-dessous de rien, complètement perchée. Tendue dans le vide, dedans. L'étude personnelle.
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Etre vigilant, se placer où il faut dans les conditions optimales. Ni en danger ni hors de danger.
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Et l'obstacle fait toujours partie du chemin car s'il le détourne, il le façonne et s'il ne le détourne pas, il s'y incorpore. Un obstacle absolu couperait le chemin. Mais alors il le changerait en impasse, et il n'y a pas d'obstacle dans une impasse. Il n'y a qu'un demi-tour.
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Je dois savoir si la détresse est une situation, un état du corps ou un état de l'esprit.
On peut être accroché à une paroi à trois mille quatre cents mètres d'altitude en plein orage nocturne sans être en détresse. On peut aussi sous le même orage nocturne se sentir au chaud au fond de son lit au coeur de la détresse. On peut aussi avoir soif, être fatigué, blessé sans être en détresse.
Il suffit de savoir que la boisson, la nourriture, le repos, le secours sont à portée de main. Qu'on peut les atteindre. Plutôt facilement.
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Bird et Brad tenaient pour excellent le principe qui régit toute rencontre dans la prairie et qui veut que d'aussi loin qu'on aperçoive l'autre, on ne marque pas sa présence excessivement et surtout, on continue de marcher.
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Le souvenir de sa vie chez les Indiens lui arrivait par vagues, il s'arrêtait, marteau en main, des clous pleins les poches, et ressentait passer dans ses muscles le mouvement de la chasse au bison, l'odeur de l'herbe écrasée, le bruit des flèches, la brutalité de l'attaque.
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