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Citations de Christian Oster (274)


je me suis fait la réflexion que, si ma vie quelques jours auparavant avait basculé, aujourd'hui j'entreprenais de la laisser flotter avant qu'elle coule.
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Vous ne l'appellez pas ? me demanda l'homme. En fait, dis-je, et je m'interrompis, m'avisant que, si j'avais Andrieu en ligne, je ne saurais pas exactement comment lui présenter les choses, chute, vélo cassé, perspective d'un déjeuner à la ferme auquel j'eusse hésité à le prier de se joindre, évidemment, ignorant ce qu'en penserait mon hôte, ce que j'en pensais moi même et ce qu'il en penserait lui, Andrieu...
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Il était une fois un prince qui cherchait une princesse, c’était moins ennuyeux comme occupation que de passer de longs après-midis au palais à ne rien faire. Le prince prit la direction de la forêt. Pour trouver une princesse, c’était plus sûr. Il en existait aussi dans les châteaux qui faisaient de la tapisserie en attendant le mariage, mais le prince ne courait pas après les princesses de château, il les jugeait trop molles. Il préférait les princesses de forêt. Les princesses de forêt sont moins faciles à trouver et, en général, elles ont des problèmes. Soit elles ont été enlevées, soit on leur a jeté un sort. Mais justement c’est plus excitant.
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Vendredi soir? a suggéré Georges. On était mercredi. Or personne n'avait rien de mieux à faire ce vendredi soir, et j'ai noté une fois de plus que nous étions tous disponibles, peu sollicités par nos autres semblables, que nous sollicitions peu, également, ou que nous étions mis depuis longtemps en position d'éviter.
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En gros, c'était du passé, une sorte de préhistoire où rien n'avait encore de nom, une vie d'avant les livres qui parlent des hommes et des femmes, une vie d'avant les douleurs construites et où toute question se suspendait dans l'attente écervelée de l'avenir.
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"Pourtant j'avais, j'étais bien obligé de l'admettre, toutes les raisons de lui en vouloir, il effaçait la ville, les gens, il resurgissait de façon obscène, avec tout ce passé sur la figure. Or je voulais être seul, avec du temps devant moi et le moins possible derrière."
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"Tout le monde a besoin de parler, a-t-elle dit. Peut-être, ai-je dit, mais il y a un temps pour ça."
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C'est précisément parce que j'avais peu connu William, ai-je compris, que sa mort m'atteignait, me l'enlevait d'autant plus en m'interdisant de mieux le connaître et ce que je perdais, notamment, outre ce que j'avais connu de William, c'était ce que j'en avais pas connu et que je n'en connaîtrais jamais, c'était là, dans cette zone hors d'atteinte, que se tenait l'irréparable, et non dans le souvenir que je conservais de lui, dont on sait comment la vie s'accommode, comment de ce qui disparaît elle fait d'abord sa charge, puis son compagnonnage, avant de composer avec l'oubli.
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Puis j'ai observé avec intérêt cette image de moi hors de mon atteinte, ballottée dans la confusion de l'avenir.
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- un b ? Fit la poule Denise
- un b, oui, répéta la poule Marge. Un B est venu se mettre
Devant ton œuf. Et un b devant un œuf, Ça fait un bœuf.
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Seulement, ma carotte avait beau avoir des yeux, et écarter les feuilles de la carotte précédente, elle n'arrivait pas à voir la mer, et pour cause : devant la carotte précédente, il y avait une autre carotte précédente. Je le dis comme ça, parce que je ne sais pas comment ça s'appelle, la carotte qui précède la carotte précédente, dans ce sens-là. Sans compter que devant la carotte qui précédait la carotte précédente, il y avait une autre carotte qui précédait celle qui précédait la carotte précédente. Et ainsi de suite jusqu'au bout du potager.
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Un homme en veste à petits carreaux vert pomme souhaita à Bertin la bienvenue, lui demandant, après des précautions oratoires où il avait convoqué deux subjonctifs et une concordance des temps, s'il voulait bien leur donner une idée de son niveau.
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le visiteur, alors, ne devenait plus seulement une gigantesque oreille, son cerveau ne se transformait plus seulement en un vaste et bruyant pavillon où, livré à lui-même, quelque adolescent eût exploité avec sauvagerie les possibilités de son tuner. Non. Une vision pourfendait le son, s'y entrelaçait, s'y superposait sans le recouvrir, l'épousait sans cérémonie aucune, en un éphémère et dévastateur embrasement.
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Je te quitte, dit-elle. Très bien, dis-je, moi aussi. Je te rappelle que tu as des affaires chez moi, dit-elle. Je les mets sur le trottoir ou tu passes les prendre ? Ça m'est égal, dis-je. Ok, dit-elle. Attends, dis-je. Quoi ? dit-elle. Non, rien, dis-je, et elle raccrocha.Il m'apparut que nous venions de trouver un accord. Il me sembla également que nous n'étions pas tristes, mais ce n'était pas certain.
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« Après, il y a le matin. Le petit déjeuner dans l'hôtel, la rue avec l'impression qu'on n'y est pas. La nostalgie, aussi. Impossible de ne pas se souvenir. L'envie de quitter ça, plus forte encore. La proximité de la gare, avec un train dans deux heures, l'absurdité d'être encore là à attendre alors que derrière soi, dans le passé immédiat, rien ne fait écho. Sûrement pas Diane sur son banc, le visage moins fermé que dans son bain, sans doute, mais comme nettoyé de la vie. J'ai patienté, comme on dit. Sans m'éloigner de la gare. J'ai marché. Tourné autour de la gare, en empruntant les rues nécessaires. Croisé des touristes, bien sûr. Des gens qui arrivaient, qui partaient. Je me suis ressouvenu d'un temps où je voyageais, jeune. J'ai chassé ce souvenir. Je me suis demandé si, dans ma situation, vieillir avait un sens. Je me voyais plus mort que vieux, en fait. Pas tout à fait mort. Encore une fois, je m'habituais. Cette femme en allée, ce type dans le jardin, je commençais à les intégrer. Tous deux faisaient partie de ma non-vie. Ils la meublaient. »
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Pour dire les choses vite, quand je suis rentré chez moi ce soir de juillet, il y avait un homme mort dans le salon. Pour le dire plus précisément, l’homme était allongé sur le ventre, à l’aplomb de la mezzanine où nous avions notre chambre, Diane et moi, et dont j’ai vu que la balustrade avait cédé. Nous devions depuis longtemps renforcer cette balustrade, qui commençait à présenter du jeu. Je sortais d’un rendez-vous de travail particulièrement improductif et j’étais plutôt de mauvaise humeur, si bien que ma première réaction a été une forme d’agacement, un peu comme si je venais de trouver le salon en désordre ou, pour être plus juste, comme si ce qui ressortait de ce que j’avais découvert avait prioritairement à voir avec le désagrément. J’ai rapidement pris conscience que l’homme était mort, du moins après l’avoir vérifié comme j’ai pu, palpation du pouls, test du miroir, constat d’un début de rigidité, mais l’agacement a persisté alors même que je me rendais compte de la gravité de la situation. Je tentais de me représenter, au-delà de cet écueil psychologique, les faits avec la plus grande objectivité, et je me suis mis en devoir, alors que je n’y parvenais pas encore, de les aborder de manière efficiente. Bien que je n’eusse pas vu sa voiture garée devant chez nous (ce qui était d’ailleurs normal à cette heure, dix-neuf heures, puisqu’en principe elle rentrait vers vingt heures de ses consultations à l’hôpital, j’ai pensé que Diane était peut-être là (avec ce corps au milieu du salon, tout devenait possible) et j’ai commencé par la chercher dans la maison, en évitant de crier son nom à cause du mort, par une sorte de pudeur qui interférait avec ma sidération, puis des voisins. Nous avions hérité avec la propriété, Diane et moi, d’une double mitoyenneté, et, en dépit de la distance de quelque cinquante mètres à laquelle s’érigeaient nos murs d’enceinte, les sons portaient. Si j’ai pensé que Diane pouvait être là, c’est aussi, évidemment, parce que l’homme n’ayant guère pu entrer chez nous par ses propres moyens – la serrure n’avait pas été forcée -, il n’y avait qu’elle pour avoir pu l’y introduire.
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Je me suis dirigé vers la piscine...j'y suis entré lentement.....j'ai couvert une dizaine de longueurs, que j'ai comptées, et, dès la septième, j'avais retrouvé cette sensation d'ennui caractéristique de la nage dans un espace fermé, identique, j'imagine, à celle que font naître toutes les activités qui miment le déplacement, comme le vélo d'appartement, et où la conscience aiguë d'être privée de destination se combine avec celle, plus souterraine, que le temps n'y changera rien et que par conséquent, même quand il sera écoulé, selon la limite qu'on se sera fixé, on ne sera toujours arrivé nulle part.
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Elle s'est donc laissée aller avec cette sorte de chavirement passif que charpente la honte, parfois, chez les femmes quand elles cèdent trop tôt , à leur goût et qu'elles vont se perdre dans les bras de quelqu’un dont elles n'ont pas pris le temps faire le tour, dont elles ont choisi sciemment de ne pas faire le tour.
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Je pris ma voiture, atteignis Blaye en un quart d'heure, m'excentrai vers la gare à l'aide d'un fléchage efficace, qui m'amena droit, au bout d'une impasse, sur un petit bâtiment résolument quadrangulaire, de facture ancienne, fleuri aux fenêtres, et dont on peut trouver l'équivalent, miniaturisé, au bord des circuits de trains électriques.
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- Vous savez, dit la princesse, il est possible que je vous aime finalement.
- Je me demande si je ne vous aime pas aussi, avoua le prince Prudent.
- Ce que je vous propose, reprit la princesse Prudence, c’est qu’on y réfléchisse un peu ensemble.
Mais en vérité, on voyait bien qu’elle n’allait pas y réfléchir. Imprudemment, elle n’écoutait que son cœur, et elle aimait déjà le prince. Et, si le prince Prudent avait été moins prudent, il se serait rendu compte qu’il l’aimait déjà aussi. Mais on ne se refait pas.
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