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Citations de Claude Duneton (151)


Oh! ce n'est pas l'identité en soi qui importe, entendons-nous! Ni que celle des Français, bien composite ma foi, soit irremplaçable. Foutre! on s'en passera!... Ce qui est triste, dans la perte d'une identité, c'est qu'on est obligé d'endosser celle des autres. Et forcément avec un-je-ne-sais-quoi de retard dramatique qui fait une énorme différence dans la pratique du tout-venant. Ce qui est dommage, c'est qu'on devient alors un ballot qu'on ballotte, une marchandise pour le commerce ; avec la pauvreté au bout du quai, tôt ou tard. Voyez l'Afrique : c'est en perdant son identité qu'on devient esclave, depuis l'origine du monde, on n'y coupe jamais !
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L'illusion de Céline, comme l'illusion de tout le monde, était de croire en l'immobilité des choses. La permanence de la langue, de la société... Il se voyait au programme du bachot! Où est-il, dites-moi, le bachot à cette heure?
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Carolina disait qu’il ne faut rien savoir des gens ; quand on sait tout, il ne reste plus rien. Ils sont mangés …. Souvent il n’y a palus qu’à les vomir ! Ce qui est une rude entreprise ? Parfois ça peut durer toute la vie.
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Le limier – de « liem », lien – est un chien en laisse. « Il ne doit pas être un chien comme les autres. Sa première qualité est d’être haut de nez, mais il doit également être obéissant et secret, c’est-à-dire ne donner de la voix, et encore de façon discrète, qu’à bon escient. » Mais c’est son maître qui, tel un Sioux, utilisant différents indices (traces au sol, branches froissées, etc.), détermine, sans l’avoir vu, la nature, l’emplacement, et même l’âge de l’animal à traquer. Le limier au bout de sa laisse lui sert pour ainsi dire de pifomètre avancé !
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L'enseignement est un métier où il vaut mieux ne pas comprendre. Dès que l'on commence à admettre que les gosses qui sont en face de vous pourraient à la rigueur se passer de vos services, vous êtes foutu ! C'est un métier où il faut être buté, muré dans des certitudes, sinon l'engrenage du doute vous saisit, vous entraîne en des réflexions de plus en plus aiguës, déprimantes. C'est le cauchemar qui commence.
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Le sex-appeal, c’est le charme qui émane des personnes désirables. Ce mot anglais fit mode dans l’entre-deux-guerres, après le passage des premières troupes américaines qui avait contribué à le répandre ; cette notion d’attirance qui pouvait s’appliquer aussi aux hommes mettait au rancart la vieille expression « avoir du chien » qui ne se disait que des femmes. Le sex-appeal faisait plus neuf, plus franc, plus dynamique, autorisant un désir moins retors, plus ouvert que les fièvres louches chargées du péché des vieilles lunes ; reste que le succès du mot se fondait sans doute sur un curieux calembour phonétique chez des usagers dont la plupart ignoraient tout de l’anglais, et entendaient naïvement « sexe-à-pile. »
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Ces gens étaient capables de se tordre de ressentiment, de se cogner durement la tête contre les murs, de verser des larmes à pleins seaux, accompagnées d’imprécations, de cris terribles et de gémissements stridents à l’occasion de la mort d’un proche parent, tandis que la vue d’un homme roué vif sur la place publique, ébouillanté dans un chaudron ou grillé sur un bûcher ne procurait qu’un frisson, le plus souvent agréable, à leurs sens en émoi.
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C’est du béton

Ça ne craint rien, c’est du solide ! – d’une résistance à toute épreuve. Il est sans doute surprenant de voir cette locution robuste classée en fin d’une section futile, où il n’est que des balles au bond. C’est que malgré l’apparence elle ne vient pas des chantiers de construction, mais du monde du sport – un domaine si fertile qu’il demanderait un livre à lui seul. Il y a là d’ailleurs une parfaite illustration du fonctionnement des métaphores : on ne dit pas « c’est du béton », dans le bâtiment, pour dire « c’est solide », puisque, précisément... ça en est ! Le béton est ici une image – construite à l’origine sur la technique du « mur » au football. Les joueurs « font le mur » lorsqu’ils se placent en un rang serré devant leurs buts, pour parer un coup franc tiré par l’équipe adverse. De là l’idée qui s’est développée chez les joueurs de rugby d’une défense si compacte, si infranchissable, qu’elle paraît une barrière de « béton armé  ». Faire du béton, pour les rugbymen, c’est s’incruster, s’accrocher au sol (souvent boueux, du reste !), soit dans une mêlée, soit dans une tactique de défense destinée à résister à un adversaire plus mobile. L’expression était déjà en usage dans les années 1950 parmi le monde agité et loquace des supporters de rugby. De là s’est développé au cours des années 60 un second degré de la métaphore, pour désigner un système de défense sans faille dans toutes sortes d’autres domaines. Ce peut être une documentation riche et complète : « Son dossier, c’est du béton ! » Ce sont aussi des arguments solides, étayés par des preuves indiscutables, dans la défense d’une cause controversée : « Ses arguments, tu peux y aller, c’est du béton ! »...
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(...) : à mesure que la situation politique se compliquait, la tension augmentait entre le Roi et Anne d’Autriche ; car le gouvernement de Louis XIII se durcissait sous l’influence de Richelieu, qui, une fois entré au Conseil, et toujours sous le couvert de suaves protestations de modestie, avait obtenu une emprise grandissante sur l’esprit du Roi, en même temps qu’un rôle prépondérant dans la conduite des affaires. Le nouveau ministre s’était tout de suite opposé à l’Espagne, pour laquelle il ne cachait plus son hostilité, et aussi aux grands seigneurs du royaume, dont il barrait les prétentions, particulièrement ceux qui étaient huguenots. Les grands murmurèrent, puis, de cabale en cabale, ne tardèrent pas à comploter contre ce prélat arrogant qui cachait sa détermination autocrate sous les dehors d’une humble papelardise.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre II
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La pédagogie c'est de la merde. Je le dis tel que je le pense, du moins celle que nous pratiquons. Je le dis en homme qui a suivi un entraînement pédagogique intense, des stages, des classes d'application avec des champions du coupage de cheveux en quatre. En homme qui a passé quinze années de sa vie à disséquer des éléments de structures anglaises, à les présenter un par un comme les éléments d'un jeu de construction, à les empiler chaque fois de façon plus rationnelle et plus attrayante... C'est du bluff ! De la poudre aux yeux.
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Les gens n’aiment pas beaucoup qu’on leur enlève leurs illusions.
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Les chemins du savoir sont comme les autres, pleins de ronces.
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Je fais souvent des photos des monuments aux morts
Que je peux croiser,et je vous l assure, je repense a chaque fois a ce livre
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Chavirer
Dans la langue d’oc, au sud de la France, on appelait cap virar l’action de mettre la tête, cap, en bas et les pieds en l’air, Ce qui arrive si on renverse un carrosse dans un fossé profond, ou si une barque se retourne sur l’eau. En français, cela donna chavirer.
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Je me disais que cet intérieur blanc des cuisses des femmes est sans doute le plus bel endroit du monde. Que lorsque je mourrais, si j’avais le sentiment des choses laissées, mon regret ce serait l’intérieur blanc des cuisses des femmes !
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Je dédie ce livre à l'inconnu qui, un soir de juillet 1977, à la cafétéria d'un supermarché de la banlieue Sud, alors que, les yeux un peu vagues, je rêvassais à la composition de ces pages, m'a pris pour un paumé, et, avec beaucoup de délicatesse, m'a donné dix francs.
Je ne lui avais pas parlé ; j'avais simplement expliqué à son petit garçon que les corbeaux qui évoluaient au fond de la piste de l'aéroport étaient les petits du Boeing 707 qui venait d'atterrir.
Il faut toujours dire de jolies choses aux petits garçons.
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— Sont-ce bien des diables, maman ?
— Ce sont des âmes damnées qui souffrent en Enfer. Mais les âmes que le diable emporte ne périssent point, elles brûlent éternellement.
— Qu’est-ce à dire : éternellement ?
— Leur tourment n’a jamais de fin et le feu qui les cuit durera jusqu’au Jugement.
— Je ne veux point aller en Enfer, maman ! Le Dauphin était inquiet ; il y avait une supplication dans sa voix.
— Aussi n’irez-vous point, Louis, si vous dites bien vos prières et n’offensez jamais Dieu. — Assurément ?
— Il est vrai. À condition que vous soyez vigilant et que vous aimiez toujours notre sainte mère l’Église, ajouta Anne, qui lui caressait la joue pour le rassurer.

Deuxième partie. Des châteaux en Espagne
Chapitre V
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— Savez-vous seulement ce que sont les poils du con, Monseigneur ? s’enquit-elle d’un ton guilleret.
Petit Louis fit un signe de dénégation timide.
— Comme cela ? Ne savez-vous point ce que sont les petits conins des demoiselles ? Les petits conins velus ? N’avez-vous jamais grattouillé celui de mademoiselle votre nourrice quand elle vous tient au lit tout nu ?
À chacune de ses questions, le garçonnet continuait de secouer la tête avec un air de parfaite ignorance qui affligeait la duchesse. — Ah ça ! dit-elle en se relevant, que lui enseignez-vous donc, ma fille ?
« Ma fille » prenait un air des plus pincés.
— Je lui enseigne, ne vous déplaise, madame, à ne pas offenser Dieu et à bien dire ses prières, comme il est de mon devoir. En outre, je ne crois pas que Sa Majesté la Reine approuverait cette conversation sur le velours des dames.
— Et Dieu, qui nous donne la vie par ces petits trous, n’est-il pas bien aise qu’on en parle aux enfants ? s’indigna Mme de Rallewaert, se moquant avec éclat. Quand je pense que son père au même âge mettait sa main sous mes jupes et qu’il tendait hardiment sa guillerie en relevant sa cotte pour qu’on la lui branlât ! Ah ! les temps deviennent bigots et revêches. Son grand-père, notre bon sire – Dieu ait son âme ! –, doit se retourner dans son tombeau à SaintDenis ! Adieu, Monsieur.

Deuxième partie. Des châteaux en Espagne
Chapitre V
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Il y avait aussi ce conseil, utile pour un homme qui hantait les palais des souverains : « La vérité n’est pas toujours bonne, il la faut bien souvent taire ; ou s’il y a de la nécessité à la déclarer, il est besoin de faire comme les Pharmaciens & les Apothicaires, qui dorent la pilule pour la mieux faire avaler. »

Deuxième partie. Des châteaux en Espagne
Chapitre IV
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Pour dire autrement, ce nouveau dauphin de France se trouvait être proprement le neveu de l’Europe entière. Il aurait dû devenir, dans ce royaume dédié à la Vierge en honneur de lui, un prince de famille : un Jésus de paix.
Il n’en fut pas ainsi… Dieudonné, dit Louis comme son père, dit XIV encore enfant, était né d’un orage. Sa vie ferait hurler les foules et tonner les canons : sa vie ne serait que bruit, tumulte, fêtes, fracas, plaintes aussi, et guerres, et rugissements – elle serait couronnée par les cris des pauvres gens.
Pierre de La Porte, qui, pour l’heure, coulait à Saumur des jours monotones, pourrait écrire, trente années plus tard, sur ses carnets, parlant du nourrisson de ce dimanche de septembre : « Avec raison, on le pouvait appeler le fils de mon silence. »

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre XI
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