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Citations de Claude Duneton (151)


Ce fut à l’occasion de ces négociations délicates pour le compte du Saint-Père que Giulio Mazarini rencontra Richelieu à Lyon, en 1630 ; le Cardinal se prit d’une vive estime pour l’habile courtoisie du jeune homme et pour l’efficacité de son admirable talent. Il songea dès lors à se l’attacher. Quelques mois plus tard, à Chambéry, l’Italien avait été présenté à Louis XIII, auquel il avait beaucoup plu. Les brillantes interventions du diplomate, qui avaient fini par conduire à la paix en Italie du Nord à la fin d’octobre de la même année, établirent Mazarini dans une solide réputation de négociateur international. Récompensé par la charge de vice-légat du pape Urbain VIII, puis devenu nonce à Paris en 1634, il était entré, dès 1640, au service de Richelieu, qui l’avait fait nommer cardinal, bien qu’il ne fût point prêtre.

Deuxième partie. Des châteaux en Espagne
Chapitre VI
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— Les prêtres ne peuvent-ils donc faillir, maman ?
— Non, Louis, les prêtres ne peuvent faillir pour la raison qu’ils sont prêtres et que Dieu les inspire. Il les faut donc croire toujours. Le Dauphin méditait gravement avant de s’endormir sur l’infaillibilité des prêtres…

Deuxième partie. Des châteaux en Espagne
Chapitre VI
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D’Espagne, il arriva une autre nouvelle : il venait de naître une petite infante à Madrid, presque en même temps que le Dauphin – en vérité le mardi 7, jour de Fontarabie ! Elle s’appelait Maria Teresa. Il ne pouvait exister parente plus proche de Petit Louis par le sang, puisque cette enfant était la fille de la sœur du Roi, Mmc Élisabeth, et du roi Felipe, le frère de la Reine… La petite princesse était donc sa double cousine germaine, presque une sœur, et la concomitance de ces deux naissances parut à plusieurs comme un signe divin en faveur de la paix. Certains se hâtèrent de murmurer qu’il ne resterait plus, dans quelques années et la guerre ayant cessé entre les deux nations fraternelles, qu’à marier ces deux princes pour rapprocher encore les liens qui les unissaient. La petite infante n’était-elle pas, elle aussi, un quart de souche française par descendance du roi Henri ?...

Deuxième partie. Des châteaux en Espagne
Chapitre I
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Ces soins du corps étant accomplis, il restait à donner au dauphin de France, avant toute chose, ce qui devait être la première action de sa vie : il lui fallait entrer dans le sein de l’Église.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre XI
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L’âme doit rencontrer son Créateur seule à seul, disait-il.
Et c’était l’opinion de saint Ignace.
Louis était fasciné par la perspective de ce face à face géant avec Sa Divine Majesté. Il en parlait avec des yeux luisants, fixés sur la lumière qui tombait de la fenêtre haut placée du côté du cloître, derrière la grille, et qui enveloppait Angélique dans une auréole céleste…

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre VIII
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Avec Marie, Son Éminence était tombée sur le mur froid, impénétrable, de l’incorruption.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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Avec cela, cette Aurore, que l’on appelait aussi Olympe, avait infiniment d’esprit, qui fleurissait sur un naturel espiègle et railleur ; elle donnait à tout ce qu’elle disait un tour agréable et un enjouement accompagné de modestie qui faisaient l’enchantement de tous ceux qui avaient eu, même une fois, le privilège de converser avec elle. Sa voix avait une belle clarté et elle avait conservé de son enfance en Périgord un léger chantonnement particulier à ceux qui ont été élevés dans les parlers du Sud et les provinces d’Aquitaine. Cette qualité lui donnait un ton tendre et passionné qui semblait l’embellir encore. Elle aimait du reste les vers avec passion et, bien qu’elle n’en écrivît point elle-même, elle les récitait avec une grâce et un goût capables de ravir l’âme la plus fruste et la moins sensible aux effets de la poésie. Cet art naturel lui avait acquis un succès et une réputation inouïs dans le salon bleu de la marquise de Rambouillet, où elle fréquentait avec assiduité dans le temps où elle n’était pas tout entière au soin d’entretenir sa tendre et intime amie la Reine.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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Le Roi prenait l’absence d’Angélique comme un deuil -mais sans profiter d’aucune des consolations d’un deuil véritable : sans les égards, les voix feutrées, les mots du regret, les cérémonies funèbres qui, en agitant le trouble, eussent apaisé la douleur de sa poitrine. Il éprouvait un deuil secret, clandestin, privé… Louis songea qu’il eût préféré la pompe de vraies funérailles, avec les obligations et le désespoir qu’elles eussent comportés, à la déchirure immobile, à l’étreinte suffocante qui grevait son cœur aimant. Il eut envie de mettre un habit noir. Il fit ôter les plumes de son chapeau et voiler le crucifix de sa chambre… De nouveau, il se sentait abandonné, menacé, fragile, assailli de toutes les difficultés et les menaces de la terre. Il se sentait las, sans force, sans aucun courage ni envie de lutter. Il eut la tentation de demander ses oiseaux et renonça… Il se sentit vieilli, usé, comme si cette jeune fille absente, qui avait la mine d’être une enfant, lui avait été à son insu un garde du corps particulièrement magnanime. Comme si elle avait été une fée… Il essaya de prier, mais il sentit qu’il éprouvait aussi du ressentiment envers Dieu lui-même, qui la lui volait.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre III
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Louis était cependant un homme trop imprévisible pour sa confidente la plus intime… Au milieu de la peur qu’il lui montrait et d’une irrésolution maladive, il se trouvait capable d’un courage et d’un esprit de décision tout à fait insolites, pourvu que le danger devînt très réel et extrêmement imminent. En effet, ce monarque pusillanime qui n’osait pas s’opposer à son propre ministre dans les petites choses, tant il craignait le courroux de Son Éminence et était subjugué par elle, ce roi honteux qui n’osait disputer une faveur ou octroyer sans autorisation un bénéfice subalterne – et qui enrageait tout le premier de cette faiblesse ridicule de son caractère ! – n’avait-il pas fait preuve d’une bravoure immense, l’année passée, devant le danger épouvantable de l’armée espagnole qui menaçait d’envahir Paris ?…

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre III
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Sous prétexte de pieuse retraite, elle s’enfermait souvent seule dans une cellule du couvent qu’elle avait fondé naguère au Val-de-Grâce, dans le faubourg Saint-Jacques, et qu’elle dotait de ses deniers ; la Mère supérieure, qu’elle avait choisie originaire de la Franche-Comté espagnole, comptait parmi le petit nombre de ses fidèles. Grâce à la bienveillante complicité des religieuses amies, ce couvent, où elle avait son petit appartement privé, constituait l’unique refuge de la Reine, qui d’ordinaire vivait nuit et jour entourée des personnes de sa maison. C’était le seul endroit où elle pouvait faire réponse aux lettres qu’elle recevait, longuement, à l’abri de tous les regards et sans autre témoin que Dieu lui-même, qui l’assistait de sa grâce à cause de l’amour que Sa Majesté portait à son Église. Ces lettres, elle les confiait dès son retour à son discret porte-manteau qui les chiffrait selon le code et les faisait parvenir… Elle savait que La Porte, l’incorruptible, l’inconditionnel La Porte, était non seulement un des plus habiles hommes de son entourage, le mieux capable de mener à bon terme l’affaire la plus délicate – cela, il l’avait plusieurs fois montré –, mais qu’il se serait laissé arracher la langue devant un pont d’or plutôt que de la trahir. Il était le seul de ses proches serviteurs à qui elle ait pu confier la grille d’une correspondance si dangereuse pour elle au cas où elle viendrait à être découverte… Dangereuse aussi pour lui : Pierre, le plus intime colporteur des secrets de sa souveraine, risquait en permanence sa propre vie.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre II
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Ces derniers temps, le porte-manteau d’Anne d’Autriche – qui, plus ou moins, avait toujours été aussi son porte-lettres – prenait de plus en plus l’allure clandestine et les apparences d’un émissaire secret. Depuis deux ans surtout que s’étaient rallumées les guerres avec l’Espagne, où la Reine écrivait. Elle n’avait jamais accepté, en effet, d’interrompre sa correspondance avec ses frères bien-aimés : le roi Philippe, quatrième du nom, successeur de leur père, et le Cardinal Infant – les descendants, comme elle, de la maison d’Autriche, les arrière-petits-enfants de Charles Quint… Ce faisant, elle était fort étroitement surveillée par les innombrables espions à la solde du cardinal de Richelieu, lequel la soupçonnait, non sans quelque cause, d’informer régulièrement l’Espagne de tout ce qu’elle pouvait glaner ici des secrets de la Couronne. Il l’accusait de plus en plus résolument auprès du Roi, son mari, de franche trahison. Anne, il est vrai, dite d’Autriche et si résolument espagnole, ne cachait ni son hostilité ni parfois son mépris pour cette cour de France qui la tenait encore pour étrangère et la traitait à présent comme une ennemie vouée du royaume. Depuis vingt et un ans qu’elle était en France, elle continuait à vivre à l’heure de Madrid, de fait et de cœur… Elle savait pertinemment que le ministre redoutable intriguait plus que jamais pour la faire répudier, elle qui demeurait sans enfants malgré ses ardentes prières, les pèlerinages et les vœux qu’elle avait entrepris. Un rien pouvait la faire renvoyer en Espagne et, depuis que le Cardinal avait rétabli l’état de guerre avec ce pays, que les armées royales avaient essuyé d’âpres revers de fortune, à Corbie, elle se savait de plus en plus clairement à la merci de la colère de Son Éminence.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre II
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Le prédicateur poursuivait en haut sa fustigation passionnée du sexe aimable ; sa voix parvenait, réverbérée et lointaine, mêlée aux lamentations des malheureuses pécheresses, odieusement accablées par tant de bouleversements et d’affreuses malédictions.
— Qu’elles craignent aussi que le diable n’entre par soi-même et en propre personne en leur sein et en leur corps ! Ou que la terre ne s’ouvre sous elles et les engloutisse ! Ou que la foudre ne les écrase en un instant ! Ou que quelque autre grand malheur extérieur ne leur advienne !…

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre I
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Finalement, je vous laisse à penser si le diable – qui a accoutumé de pécher en eau trouble ! – parmi tout ce tracas s’oublie à bien jouer son rôle et son personnage !… Il est à croire que, tout ainsi que l’oiseleur, quand il voit la terre couverte de neige, en sorte que les oiseaux et les autres animaux ne peuvent rien trouver à manger, lors principalement, tend son rets et ses appâts pour les attraper… (il se frotta les mains, et ses yeux lançaient des éclats diaboliques)… ainsi le diable prépare-t-il ses ruses ! Mais particulièrement quand il voit une femme se plaire à se montrer débraillée pour donner de l’amour : c’est lors qu’il attise et renouvelle en elle les feux amortis de la sensualité…

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre I
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C'est ma façon de concevoir la genèse : au commencement était la chanson.
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Rage de cul passe mal de dents. (p. 35)

Vieux proverbe
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d. XVIe 1522 manger son pain blanc le premier : enfant qui a été traité plus délicatement en jeunesse, qu'il aura moyen de l'être étant avancé en âge; enfant élevé délicatement et qu'on prévoit ne devoir pas avoir beaucoup de bien dans la suite.
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Partout, à bout de souffrances et de privations, les pauvres gens se révoltaient contre les impôts trop lourds, contre la famine ; c’étaient les Croquants dans les provinces du Périgord, et maintenant les Nu-Pieds, disait-on, dans la Normandie : de toutes parts arrivaient de fâcheuses nouvelles. Il était injuste qu’on les fît périr et massacrer, au lieu de les soulager de la misère des temps… Elle avait mal à songer à ces gens qui mouraient parce qu’ils avaient faim dans le royaume, elle disait à Louis que c’était le devoir d’un roi de rétablir la paix. Avec la paix, il n’aurait pas besoin d’autant d’argent pour payer des soldats ; ses sujets seraient donc moins pauvres, outre qu’ils reprendraient le goût de travailler les champs, de faire pousser des récoltes dont ils pourraient se nourrir, eux-mêmes et leurs familles, au lieu de se faire brigands sur les grands chemins, où, du reste, ils offensaient Dieu : assurément, leur souverain aurait à répondre un jour devant le Tout-Puissant des crimes de ses pauvres !
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Il a décroisé l'une de ses mains et s'est gratté vigoureusement le mollet. Le geste a fait remonter la jambe de son pantalon un peu plus haut, et j'ai vu qu'il portait des supports-chaussettes. Au bout de la courroie, la boucle noire dentée mordait le fil de la lisière et tirait à elle un triangle d'étoffe comme une chienne sournoise.
- Tu devrais connaître l'amour, a dit la voix au-dessus de ma tête. C'est une de ces rares illusions qui permettent d'exister.
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On habite pendant des mois dans la même maison. On n’y pense jamais. On s’ignore. Et tout d’un coup, c’est le coup de foudre. L’amour était une chose bien bizarre. 
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La foudre a frappé les imaginations depuis les temps les plus reculés. Le coup de foudre était connu au XVIIe siècle, mais pas encore comme le témoignage d’une « passion violente et soudaine » ; il traduisait alors la stupeur d’un événement inattendu, généralement catastrophique. Furetière commente ainsi ce coup-là en 1690 : « Quand ce favory apprit la nouvelle de sa disgrâce, ce fut un coup de massue qui l’estourdit tout à fait, ce fut un coup de foudre qui l’abattit. 
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