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Citations de Claude Duneton (151)


En se donnant une postérité, gage de survie du royaume, le Roi et la Reine fournissaient à leur peuple, enfin ! l’assurance que Dieu les aimait et qu’il n’abandonnerait pas la France au pillage et aux exactions des mercenaires étrangers… Ils prouvaient que les prières étaient efficaces et utiles, et donc, implicitement, que Dieu existait, dans toute sa gloire paternelle. Le retard de ce Dauphin, né après vingt années d’attente commune, constituait une preuve supplémentaire que sa venue était exceptionnelle et miraculeuse, et son existence au-dessus du commun.

Deuxième partie. Des châteaux en Espagne
Chapitre I
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Louis XIII, appelé le Juste, était fort souvent comparé à un soleil éclairant le royaume très chrétien ; sa gloire éclipsait alors celle du Grand Turc, représenté par son croissant de lune traditionnel. C’est ainsi, avec l’habitude d’opposer le soleil à la lune, que l’on attribua tout naturellement à Dieudonné, qui venait de paraître, le symbole de l’astre du jour au commencement de sa carrière…

Deuxième partie. Des châteaux en Espagne
Chapitre I
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Louis regarda la basilique et pensa à tous les tombeaux des rois défunts, ses ancêtres. Ils allaient aujourd’hui avoir un nouveau successeur, avec la grâce de Dieu, en la personne de cet enfant qui allait naître, dont il avait demandé à la Vierge que ce fût un dauphin. Il pensa à son père, le roi Henri, à qui il donnait un continuateur ; (...).

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre XI
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Anne attendit la communion du prêtre avec extase : le mystère du Christ présent à quelques pas d’elle lui rendait la paix ; les douleurs se firent plus aiguës, sans l’inquiéter aucunement… Peut-être allait-elle mourir ce matin, songea-t-elle – et elle ne fut pas émue par cette pensée. Mourir pendant une messe ! Rien au monde n’était si aisé !… C’était aller au Créateur tout droit sur les ailes des anges, portée par les chants suaves qui sonnaient agréablement aux oreilles du Père tout-puissant. Elle songea soudain à son grand-père, le vieux roi fils d’Empereur qui avait fait construire un monastère gigantesque autour de sa chambre : une chapelle à côté de son lit ! Elle comprenait tout à coup ce qui l’avait intriguée pendant son enfance : cette disposition des pièces à San Lorenzo, où tout communiquait avec la chapelle. Son grand-père, elle en était sûre à présent, avait fait construire l’Escorial pour pouvoir mourir en écoutant la messe…

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre XI
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Il y avait, de plus, M. de Metz, abbé de Saint-Germain-des-Prés, qui avait apporté, en compagnie de plusieurs de ses moines bénédictins, les reliques de sainte Marguerite, que la Reine avait fait demander. Il y avait surtout, dans sa présence rassurante, le grand aumônier d’Anne d’Autriche, Philippe de Cospeau, évêque de Lisieux ; ce saint homme, âgé de soixante-dix ans, avait été l’ami du cardinal de Bérulle, fondateur de l’Oratoire, avait connu François de Sales – l’auteur du Traité de l’amour de Dieu. M. de Lisieux fréquentait assidûment Vincent de Paul et tout ce qui existait de charitable et de dévoué à la cause chrétienne ; il était doux, sage, très pieux et appelait Anne « ma bonne fille ». Elle, qui l’aimait, le traitait exactement comme elle eût fait de son propre père…

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre XI
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Le roi Louis XIII aimait son confesseur. Le Père Caussin avait succédé dans la tâche subtile de diriger la conscience royale à un vieux jésuite écossais, le Père Gordon, qui était devenu paralytique et ne pouvait plus assurer ses fonctions. Le côté amical et direct, l’air de franchise qui se dégageait de toute la personne de ce confesseur suppléant, son amour du bien et de Dieu, enfin le caractère un peu naïf, sans doute, mais parfaitement sincère de cet honnête chrétien plaisaient infiniment au prince, qui l’écoutait volontiers ; il s’entretenait avec lui fort souvent des affaires temporelles aussi bien que des spirituelles.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre X
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Le Roi avait passé la journée dans le trouble et l’exaltation secrète causés par la compagnie prolongée d’une jeune vierge cloîtrée. Son corps, transi par le froid soudain qui avait suivi la pluie de décembre, réagissait en une flambée d’érections incontrôlées ; il fit, cette nuit-là, merveille. La Reine, surprise et ravie de tant de sève ravivée chez son époux débonnaire, remerciait le ciel à tout instant ; elle récitait dans la joie et l’aise, à voix très basse, une oraison à Notre-Dame, une autre à saint Norbert, chanoine de Cologne, qui, après d’innombrables dévotions et suppliques, semblait enfin répondre à ses vœux. Saint Norbert, homme viril, ayant été frappé par la foudre à un moment de grande exaltation, son vit était demeuré éternellement roide sous l’effet de la commotion ; c’est la raison qui le faisait supplier par les femmes dans le besoin d’enfants et prier des amantes qui vivaient chastement… Anne ne voyait jamais un orage sans une pensée pour lui – ce soir encore, à sa fenêtre en haut, elle avait vu le feu du ciel s’abattre et avait imploré dans son âme le bon saint de la fécondité. À mesure que saint Norbert lui répondait de plus en plus clairement, la Reine adressait toutes ses prières à la Vierge Marie et une à saint Guerluchon en Berry, pour que la semence royale, en elle, portât ses fruits.
C’était également le souhait le plus cher de toute la France – ensemble avec le désir ardent de la paix –, et ses sujets, dans la grande cité autour d’elle, l’accompagnaient dans son élan. Car un mystérieux cavalier, bravant la pluie d’orage, s’était mis en chemin aussitôt que le Roi était entré au Louvre. Il était allé par les rues de la ville : « Priez, bonnes gens ! » Ce messager diligent s’était arrêté dans toutes les églises, tous les monastères, toutes les chapelles les couvents, portant la nouvelle aux prêtres, aux vierges, aux bourgeois, aux manants, disant : « Priez, car ce soir le roi Louis connaîtra la Reine. Priez pour que Dieu nous donne un dauphin ! »
En sorte que cette nuit-là, pendant que le Roi était ainsi couché sur la Reine et la besognait, Paris, sa bonne ville qui ne dormait pas, était à genoux à ses côtés, dans l’ombre, et priait.

Première partie.Le fils de mon silence
Chapitre IX
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Ce parloir était une assez grande salle, proche de l’entrée du monastère ; elle comportait, à une de ses extrémités, un passage ménagé dans la muraille épaisse, lequel communiquait avec le quartier des nonnes. Ce passage était entièrement barré en son milieu par une grille, où les religieuses avaient loisir de voir leurs visiteurs et de leur parler, sans pour cela pénétrer dans la salle commune. Cette grille était éclairée de chaque côté par de hautes fenêtres donnant sur le cloître…(...)

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre VIII
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Mlle de La Fayette, cependant, avait le cœur tellement déchiré en arrivant aux Filles Sainte-Marie, au mois de mai, qu’à peine installée dans le couvent elle tomba malade. Au bout de quelques semaines, elle dut prendre les eaux pour affermir ses forces et tempérer la langueur qui s’était emparée d’elle, avec des migraines et une fièvre persistante qui lui rendaient continuellement les mains moites, les yeux battus, le front las et triste – aussi il lui fut impossible pendant des jours et des semaines de lâcher son ventre à sa chaise de commodités, où elle demeurait des heures. Les regrets de la Cour étaient assurément la cause de cette altération de sa santé, comme la sûreté du renoncement auquel elle s’était résolue en choisissant les exigences de la vie monastique. La règle obligeait les religieuses à se lever dès avant l’astre du jour pour prier à la chapelle, dans la lueur faible et vacillante de rares chandelles de suif à l’odeur âcre… Angélique pleurait souvent et, en même temps, elle demandait pardon à Dieu de ce chagrin et de ne pas faire au Seigneur le sacrifice de son existence dans la joie… Mais, en dépit qu’elle en eût, elle traînait jusque dans l’austérité de sa cellule de nonne le souvenir incessant des gaietés de la Cour et la nostalgie impie des vanités mondaines. S’offrant en épouse au Roi du Ciel, elle souffrait comme l’amante d’un roi de la terre. Ces impressions avaient été si fortes que sa famille s’était émue : le bruit avait couru que son frère venait à Paris pour faire un éclat et l’arracher de gré ou de force aux murs du couvent -mais il n’en avait rien été.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre VIII
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Elle écarta le rideau du baldaquin afin de chasser les ombres. À cette heure très matinale où la campagne blanchit, une lumière pâle baignait toute la chambre, et les mouches commençaient à se réveiller de la torpeur de la nuit. Anne descendit lentement de son lit. Elle prit le chapelet qui ne la quittait jamais, dont les grains avaient été sculptés pour elle dans un bois d’olivier de Valladolid, le baisa, puis, s’agenouillant devant le crucifix qu’elle faisait suspendre partout à son chevet et qui voyageait avec son baldaquin, elle se signa. Égrenant son rosaire, elle récita pieusement ses prières matinales, prononçant avec une ferveur spéciale la Salutation à la Vierge, qu’elle vénérait… Elle ajouta, ce matin, une action de grâce pour le repos de l’âme du duc, le salut de Felicia, et une Miséricorde pour son père Felipe, qui l’avait si mystérieusement visitée en songe.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre V
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La Reine se retourna dans son lit. Il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas rêvé de son père. Sa voix avait été si vraie, si présente, qu’elle en était bouleversée…(...)
Anne d’Autriche en était sûre maintenant : c’était l’âme errante du duc Henri qui lui avait envoyé ce songe étonnant où son père n’avait pas de tête ! Elle frissonna dans la pénombre du lit… Ana savait la puissance des revenants dont elle aimait les histoires : elle était certaine que le malheureux duc, voyant le Roi chez lui, était venu hanter la demeure de ses ancêtres.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre V
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Elle marchait à Aranjuez ; les bords de la rivière étaient vert, jaune et gris. Elle n’était qu’une enfant, et le roi son père était vêtu de noir. Ana ne pouvait voir son visage, qui lui était dissimulé, d’en bas, par la grande fraise qu’il portait autour de son cou. Vu ainsi, de dessous, cela faisait une immense fleur blanche dont la corolle épanouie lui cachait jusqu’à ses yeux… Ils avançaient tous deux sous les grands arbres minces le long de la rive du Tage et elle entendait la voix de son père qui résonnait dans un doux roulement au-dessus de la fraise, dont les tuyaux s’agitaient comme s’ils eussent été secoués par le vent… Mais il n’y avait pas de vent ; l’air était calme et immobile, et Ana sautait en l’air à petits bonds, sans lâcher la main qui la tenait, pour essayer d’apercevoir les yeux de son père et sa bouche qui lui parlait. Seulement la tête du roi était vraiment trop haut, trop loin, et la voix disait : « Regarde, ma chérie. Regarde les roseaux qui naissent de l’eau !… » C’était comme un chant, fort et doux, dans l’air jaune des bords du Tage : (...).

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre V
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Chantilly, le lendemain, Anne d’Autriche entendit sonner les cloches de la chapelle, à l’aube, et elle ne put se rendormir… Elle venait de faire un rêve qui la troublait : elle était petite fille et elle se promenait au bord d’une rivière, avec son père qui la tenait par la main. La Reine n’avait pas l’habitude de s’éveiller aussi tôt le matin ; elle aimait à dormir tard, surtout en cette saison où elle trouvait difficilement le sommeil et ne s’endormait parfois que longtemps après minuit. Elle songea que la fenêtre était restée ouverte sur le lac ; il y avait une fraîcheur autour de son lit et l’on entendait le clapotis de l’eau. Elle tira sur elle le drap de lin fin, propre et lisse, qu’elle n’avait pas touché…
C’était peut-être cela le bruit de son rêve : il y avait de l’eau…

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre V
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(...) le cachot qu’il allait occuper était celui-là même qui avait servi tous ces derniers temps à Dubois, le célèbre alchimiste. Ce dernier venait de le quitter tout juste l’avant-veille : cela expliquait pourquoi on n’avait pas encore pris la peine de refaire sa chambre.
Pierre éprouva un affreux malaise : Dubois était cet aventurier dont on avait tant parlé au printemps et que le Roi avait fait condamner au bûcher pour sorcellerie… Ancien prêtre et grand voyageur, ce charlatan prétendait avoir appris l’alchimie en Orient, où il avait vécu dans sa jeunesse, et recueilli les secrets de maîtres fort rares ; il se vantait de pouvoir transformer du vil plomb en or fin. Présenté à Richelieu, qui était très en peine de métal précieux pour les caisses de l’État et la conduite de la guerre, il avait produit une impression favorable sur le Cardinal. Il fut ensuite introduit auprès du Roi, lequel avait lui-même tâté naguère de l’alchimie – l’une de ses anciennes passions. Dubois fut sommé de s’exécuter devant témoins pour appuyer ses dires. On organisa donc une démonstration devant toute la Cour, pendant laquelle il changea, sous les yeux ébahis des princes et des princesses, deux petites balles de mousquet en des balles d’or pur ! Un tel prodige fit lever chez tous des espoirs infinis : Louis XIII, transporté de bonheur autant que d’étonnement, avait embrassé le magicien et l’avait nommé, séance tenante, président des Trésoreries de France. La Porte n’avait pas assisté lui-même à cette épreuve, mais l’exploit avait été commenté pendant plusieurs jours de rang chez la Reine, laquelle avait été présente et rapportait avec enthousiasme tous les détails de l’aventure. Or, dans les semaines qui avaient suivi, l’habile homme n’avait plus été capable de fournir une seule once d’or, malgré toutes ses belles promesses, ni même la plus infime parcelle du précieux métal, en dépit des prières, exhortations, mises en demeure de Richelieu, qui en réclamait six cent mille livres. Son Éminence, qui pensait sincèrement avoir vu par ce biais la fin des graves soucis d’argent dont souffrait le royaume et la réalisation de toutes ses ambitions, avait d’abord tremblé d’impatience, puis elle était passée aux menaces, et enfin la supercherie était venue au jour. Cette affaire avait provoqué tant de gorges chaudes chez les ennemis du Cardinal que celui-ci, vert d’humiliation autant qu’accablé par l’effondrement de ses projets de fortune, avait fait condamner l’imposteur au supplice pour cause de… magie noire ! Dubois, qui avait attendu la mort dans un cachot de la Bastille, venait donc d’être brûlé vif l’avant-veille.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre V
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Cependant, Marie, dont le caractère à la fois très pieux et très chevaleresque s’affirmait, plût à Dieu ! d’année en année, souffrait maintenant de voir souvent sa maîtresse malheureuse, et comme persécutée. Après les grandes espérances qui étaient nées à la Cour, quelque temps plus tôt, lorsque Sa Majesté avait failli être enceinte, comme on s’était réjoui avec trop de hâte de cet héritier à la couronne que l’on attendait depuis douze ans, la déception avait été grande quand Anne avait de nouveau fait une de ses fausses couches précoces. Ce chagrin s’était traduit dans l’entourage par une froideur marquée à l’égard de cette fausse mère… L’âme d’héroïne de Marie de Hautefort et sa générosité naturelle qui l’inclinait à se mettre du parti du plus faible, comme l’avaient fait ses ancêtres qui étaient chevaliers, l’engagèrent à profiter de la faveur du Roi et du soin qu’il avait d’elle pour venir en aide autant qu’il lui était possible à la Reine délaissée. Comme, d’autre part, elle avait sucé avec le lait de sa nourrice la langue des grands troubadours, il lui avait été aisé de parler parfaitement le castillan, ce qui la rapprochait de manière décisive d’Ana de Austria, en qui cette orpheline avait senti très vite, une fois la première méfiance passée, l’affection d’une mère d’adoption. Sa loyauté, son sens de l’honneur avaient conduit la favorite du Roi à devenir aussi celle de la Reine, qui, en l’absence forcée de sa vieille complice Mme de Chevreuse, lui donnait le rôle de l’amie intime. Confidente sûre, Marie était sa plus fidèle alliée… Cette situation n’était pas sans irriter beaucoup le cardinal de Richelieu, lequel avait cru d’abord pouvoir gouverner cette enfant à sa guise, après avoir acheté la bienveillance de la grand-mère à son égard. Avec Marie, Son Éminence était tombée sur le mur froid, impénétrable, de l’incorruption.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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Deux ans plus tard – c’était en 1630, et elle n’avait que quatorze ans –, la jeune fille accompagna Marie de Médicis à Lyon, où le Roi était retenu malade. C’est à cette occasion que Louis jeta pour la première fois les yeux sur elle et commença à la distinguer. La modestie et la beauté de cette petite Hautefort, sa franchise aussi, le touchèrent tellement que le monarque, que l’on n’avait jamais vu faire de galanteries aux dames, ne put bientôt plus se priver du plaisir de la voir et de lui parler. Il l’entretenait de chiens, d’oiseaux, de volée et de chasse à courre, en grands détails, et Marie, qui avait bien connu la campagne, savait passablement les mœurs des oiseaux et tenait des propos raisonnables sur le comportement des lièvres, et même des renardeaux. Aussi, quand la Reine Mère s’échappa vers l’exil en Flandre, fuyant les meutes que Richelieu paraissait avoir mises à ses trousses, quelques mois après être revenue en Ile-de-France, Louis XIII donna la belle enfant à la reine Anne comme fille d’honneur, la priant de la bien traiter et de l’aimer pour l’amour de lui. Dans le même temps, pour souligner sa faveur, il faisait engager la grand-mère, Mmc de La Flotte, comme dame d’honneur.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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En quelques jours, on ne parla plus que de Mllc de Hautefort, dont tous les souhaits les plus chers semblaient se réaliser. Elle fut présentée par la princesse à la Reine Mère, qui fut également si charmée qu’elle l’accepta parmi ses filles d’honneur. C’est de ce moment que l’éclat de son extrême beauté, jointe à son extrême jeunesse, lui valut le surnom d’« Aurore » que toute la Cour lui donna. Car Dieu, après tout, l’avait conduite à la cour de France et Marie louait le Seigneur comme une bonne chrétienne d’avoir exaucé ses prières. Sa piété parut donc très vive, son esprit éveillé, sa bonté inépuisable, et toutes ces qualités, jointes à une grande fermeté, la firent aimer et rechercher de tous ceux qui l’admiraient déjà.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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L’aimable enfant était si belle, si douce, si bien morigénée qu’elle fit, sur bien des personnes de qualité qui la virent en compagnie de sa grand-mère, plus qu’une heureuse impression. Sa grâce, son esprit précoce séduisirent tant la princesse de Conti qu’elle la voulut mener avec elle en promenade, et tout le monde tâchait à deviner quelle était cette charmante jeune personne que l’on voyait à la portière de son carrosse.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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Les douze premières années de Marie s’écoulèrent dans la monotonie et l’austérité de la vieille demeure périgourdine, en compagnie de sa sœur la plus jeune, Charlotte, appelée d’Escars, qui avait six ans de plus qu’elle. Elle y fut élevée par les nourrices et les servantes, dans la vieille langue de ses aïeux, qui étaient chevaliers et poètes, dont on lui racontait les histoires, les croisades et la foi immense. Ils étaient, lui disait-on, les protecteurs des veuves, des orphelins et des prêtres. Marie mélangeait ces histoires avec les récits, qu’elle entendait chez sa grand-mère, de la vie brillante et agitée de la Cour, où se faisaient et se défaisaient les destinées glorieuses et le destin du royaume. Quand elle avait onze ans, elle s’enfermait dans une chambre de la tour et demandait à Dieu, à genoux, dans une ardeur sauvage, qu’il la conduise à la cour de France… Elle disait à Dieu que peu importait la manière et ce qu’elle ferait là-bas : qu’il voulût seulement la rendre belle, pour voir Monseigneur le Roi et Notre-Dame la Reine.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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Marie était née en 1616, dans le vieux château féodal de Hautefort, à deux lieues et demie d’Excideuil, dans le Périgord, sur une colline qui domine la Baure. Son père mourut quelques jours seulement après sa naissance dans cette demeure antique qui avait appartenu au fameux poète Bertrand de Born, oublié de tous, et à bien d’autres illustres personnages des temps anciens, eux aussi sortis des mémoires. Avant de devenir une noble résidence, ce château de Hautefort avait servi très longtemps de rempart dans les guerres des Anglais. La mère de Marie avait suivi d’assez près son époux dans la tombe, de sorte que l’enfant était restée orpheline en très bas âge, presque sans biens, et elle avait été confiée aux soins de sa grandmère, Mme de La Flotte, une noble personne qui séjournait parfois à Paris et se rendait à la Cour, d’où elle rapportait toutes sortes de contes merveilleux sur la vie de douceur et de fêtes qu’y menaient des princesses et des demoiselles de bonne naissance et de haute vertu.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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