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Critiques de D.H. Lawrence (303)
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L'Amant de Lady Chatterley

Le poète et écrivain Philip Larkin résume à sa façon le procès et les conséquences de son verdict : On a commencé à faire l’amour en 1963, entre la fin de la "censure Chatterley" et le premier disque des Beatles.



Et bien, c’était pas folichon, le cul, chez les Anglais !



Ils Brexitaient déjà dans le lit conjugal, ces satanés Rosbeef.



Tout est histoire de savoir quand il faut se retirer (ni trop vite, ni trop tard) de ne pas laisser des factures impayées, ou des femmes insatisfaites sexuellement parce que leur Jules la joue à la Chirac (deux minutes, préliminaires comprises).



Et à ceux qui diraient que les femmes sont frigides, je leur répondrai qu’ils sont des mauvaises langues.



Je suppose, mesdames et mesdemoiselles qui lisez ma bafouille, que des amants merdiques, vous avez connu ça vous aussi. Le mec qui tire son coup et puis se vautre à côté pour ronfler, vous laissant sans jouissance, on a toutes connu ça (et les hommes qui aiment les hommes aussi, je ne suis pas sectaire).



Lady Constance Chatterley n’a pas de bol, après avoir été déniaisée dans sa jeunesse, elle a épousée Clifford Chatterley, un intellectuel avec un titre mais ce dernier a perdu l’usage de ses jambes et de tout ce qui se trouvait sous sa ceinture dans les tranchées de 14-18.



Pour la bagatelle, Constance est priée d’aller voir ailleurs – oui, elle a sa permission – et elle a même le droit de choisir un étalon reproducteur, puisque, en 1920, la banque du sperme n’avait pas encore de guichet spécial prévu pour les retraits en liquide.



À ceux qui voudraient lire de la gaudriole, du porno ou autre terme, ma foi, il perd son temps car ce qui était considéré comme pornographique en 1928 ne l’est plus en 2019.



On pourrait dire que le roman est érotique car rien n’est suggéré, on parle de phallus, de con et il parait que dans la V.O, Lawrence utilisait volontiers le mot "FUCK". Voyez, je le note en majuscule et personne ne va s’émouvoir ou perdre connaissance. Juste ma mère qui me fera les gros yeux. Et encore, s’il elle le voit (risque zéro).



Là où les dents ont dû grincer, c’est que Lawrence frappe aussi sous la ceinture et ne se prive pas de dresser un portrait peu flatteur des classes non laborieuses, celle qui a des dents, du fric, qui est allée à l’école, qui a des biens, qui ne bosse pas, qui fait bosser les autres, anybref, celle qui a des titres de noblesses et des noms à rallonge.



L’Angleterre des riches propriétaires qui ont fait leur fortune sur le dos des mineurs s’en prend plein la gueule aussi.



Parlant du déclin de cette Angleterre rurale pour une industrielle, de ces manoirs, châteaux, trop chers à l’entretien, qui se font abattre l’un après l’autre, l’auteur tape une nouvelle fois sous la ceinture, alors que les parties étaient déjà douloureuses. Certains ne veulent pas voir la vérité en face.



Revenons maintenant à notre Clifford qui va autoriser sa femme Constance à aller se faire monter par un autre et se faire engrosser, aussi. Mais attention, faut qu’elle continue de l’aimer, son Clifford, faudrait pas qu’elle y prenne du plaisir.



De plus, môsieur Clifford est persuadé qu’un jour, sa machinerie recommencera à fonctionner et là, il pourra lui faire des enfants. C’est beau de rêver.



S’il vous plait, pourrait-on faire un accident de chasse pour Clifford ? Ce personnage n’a rien pour lui et j’ai eu plus souvent envie de pousser sa chaise d’infirme du haut de la colline que je n’ai eu d’empathie pour lui.



Sir Clifford est hautain, égoïste, tyrannique, est pour la persistance des classes sociales, des apparences et pense que c’est lui qui sacrifie son existence pour sa femme et que c’est elle l’insensible. À se demander s’il l’a aimé un jour, Pitié, offrez-lui des lunettes de chez Afflelou ou baffez-le pour qu’il ouvre enfin les yeux.



Ou mieux, payons un tueur à gages pour lui régler son compte, même si, parfois, dans ses discours, il analyse correctement la société et que l’auteur avait besoin de créer un personnage tel que lui pour délivrer son fiel sur la société et son analyse, aussi.



Pas de bol pour le Clifford, c’est avec le garde chasse, Oliver Mellors, que sa femme va fauter. Pire, elle va y trouver du plaisir et en tomber amoureuse. Et ça, c’est pas permis.



C’est ça, le grand scandale du roman ! Pas tellement le fait que madame aille voir à côté, puisque le petit oiseau de monsieur son époux ne siffle plus, mais c’est le fait qu’elle jouisse avec son garde-chasse, qu’elle y prenne du plaisir, qu’elle en tombe amoureuse. Et ça, la société bien pensante anglaise ne le tolérait pas.



En 2019, ce roman n’a plus rien de sulfureux, plus rien de porno, plus rien de licencieux, personne ne se choquera du garde-chasse qui tire son coup dans une chasse gardée et qui nomme son pénis "Thomas" et le sexe de sa lady, son con.



Pourtant, cet homme a de l’éducation, a lu des livres, a étudié, a fréquenté des officiers, mais les circonstances de la vie l’ont rendu amer, nihiliste et il a abandonné son beau parler pour reprendre le patois du coin.



À notre époque, on ne s’émouvra même pas de la critique de l’Angleterre de l’après-guerre, on a lu pire, on a lu plus cinglant dans le cynisme, on est allé voter, on a vu les résultats…



Donc, de nos jours, on haussera juste un sourcil là où, il y a 90 ans, on reniflait des sels pour se remettre de ses émotions tout en hurlant à la fatwa sur la tête de D.H. Lawrence avant d’enfermer son roman durant 40 ans dans les jupons de fer de Dame censure.



La lecture était plaisante mais on a tout de même beaucoup de blablas sur la fin et ça commençait à devenir un peu lourd, surtout quand la lady Chatterley nous la jouait petite fille amoureuse avec ses "dis-moi que tu me gardes. Dis que tu vas me garder, que tu ne me laisseras pas te quitter pour aller ailleurs ou avec quelqu’un d’autre".



Une oeuvre classique sur laquelle j’aurais dû me pencher un peu plus tôt mais, voyez-vous, il n’est jamais trop tard pour bien faire et se mettre à jour dans ses lectures érotico-classiques (bon, ce n’est pas les "Les onze mille verges" non plus).



Un roman que j’ai apprécié, même si les blablas sur la fin m’ont plus fait soupirer qu’autre chose.


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La Vierge et le Gitan

Est-il utile de présenter encore ce fils de mineur dont la liberté totale lui a coûté quelques années d’exil, lui qui haïssait les contraintes sociales et l’hypocrisie de la société anglaise confite. Lui qui fut l’un des premiers à si bien peindre l’ambivalence du sentiment amoureux, la violence du désir, les gradations du sentiment amoureux, à une époque où l’essentiel de la littérature s’alimentait de tous les problèmes de la vie en société, du positionnement social, de l’argent et de l’ambition. Lui qui d’un livre à l’autre a exploré l’approfondissement de la subjectivité de l’homme en proie à ses instincts naturels au contact notamment de la nature nous livre ici une excellent livre où une jeune femme anglaise découvre la sensualité au contact d’un homme frustre et fort de condition plus modeste qu’elle, un gitan.

On est loin des clichés habituels du « elle succomba sous son charme », puisqu’ici le désir est éprouvé mais non identifié. La jeune Yvette découvre le désir avec cet homme qui la regarde « intensément » avec « un sourire presque imperceptible » qui retrousse ses lèvres, et ses yeux qui « ne souriaient pas, et leur expression insinuante se durcit farouchement. » Et le « regard éloquent des yeux noirs qui infailliblement semblaient la pénétrer jusqu’en un point vital et inexploré. »… Je vous laisse deviner la suite du rite initiatique. Enfin, sachez qu’« un affreux spasme, assez violent en effet pour la tuer, secoua son corps blanc tout recroquevillé »…

Un récit écrit peut-être avec sa plume la plus enlevée même si le merveilleux « L’amant de lady Chatterley » nous a tous laissé un souvenir impérissable… N’est-ce pas ?



4.25/5

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L'Amant de Lady Chatterley

Publié en 1928 mais rapidement censuré, L’Amant de Lady Chatterley est considéré comme le Cinquante Nuances de Grey de l’époque, la qualité en plus (vous ne trouverez pas de chroniques de Cinquante Nuances de Grey sur ce site car la lecture a été tellement fade que 1. je n’ai rien trouvé à en dire d’intéressant, 2. rarement un livre m’avait paru aussi dépourvu d’intérêt pour refuser de lire la suite).

Largement décrié, le roman du britannique D. H. Lawrence a d’abord été publié à Florence à compte d’auteur en 1928 mais n’a été admis dans les librairies anglaises qu’après 1960 (l’auteur est décédé en 1930) après un procès de la maison d’édition Penguin Books pour publication obscène. Les scènes largement érotiques que d’aucuns ont estimé pornographiques ont été cause de cette mise à l’index durant trois décennies.



L’histoire en elle-même n’a pourtant rien de scandaleuse. Constance Chatterley est mariée à Clifford, un riche terrien qui revient infirme et impuissant de la Première Guerre Mondiale. Constance est jeune et Clifford, compréhensif. Constance, en jeune femme libérée, prend un premier amant, puis un deuxième. Elle entretient une relation bouleversante avec Mellors, le garde-chasse du domaine dont elle finit par avoir un enfant. Dans un même temps, D. H. Lawrence décrit une Angleterre industrialisée et triste où le paysage se couvre davantage de mines que de forêts. De longs passages décrivent ses campagnes houillères en opposition au reste de nature qu’ils subliment de lumière et de beauté. Pourtant, même si ces descriptions sont intéressantes, elles restent mineures et au second plan d’une histoire beaucoup plus sulfureuse.



Ce qui a choqué à l’époque, c’est le langage cru des descriptions des scènes érotiques. Les femmes de l’époque tentaient de se procurer L’Amant de Lady Chatterley pour mieux comprendre les choses de l’amour qu’on n’apprenait pas à des jeunes filles. Le point de vue pris par l’auteur est étonnant : j’ai trouvé ce roman très centré sur le plaisir féminin contrairement à ce que l’on pourrait penser pour un auteur britannique du début du XXème siècle. Parfois je me suis demandé s’il n’avait pas été écrit par une femme, tant l’étude des sentiments et des sensations me semblait réaliste et bien analysée.

J’ai trouvé quelques longueurs, notamment quand Constance prépare son voyage en Italie. Certains passages auraient sans doute mérité d’être abrégés mais ils n’enlèvent rien au côté précurseur d’un roman pareil.



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L'Amant de Lady Chatterley

Lu trop tôt je n'avais pas pu l'apprécier à sa juste valeur;et aujourd'hui c'est avec un grand plaisir que j'ai enfin pu apprécier ce livre à sa juste valeur.

Ce livre n'est pas un livre érotique au sens du terme;c'est plutôt une histoire d'amour galante;une très belle histoire d'amour,choking pour la noblesse anglaise.

J'ai beaucoup aimé,ce livre se laisse lire .
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L'Amant de Lady Chatterley

Ennui, mépris, dégoût.

Ce sont les sentiments que Constance (Connie) Chatterley en vient à éprouver pour son mari, Clifford, et pour leur domaine de Wragby, dans la campagne anglaise.

Tout avait pourtant bien commencé, à l'aube de ce nouveau siècle. Constance et Clifford se rencontrent, se sentent unis par une grande complicité intellectuelle. Ils se fiancent puis se marient. Puis s'en vient la Grande Guerre, qui prive Clifford de l'usage de ses jambes et de sa virilité. Mais qu'importe, pour lui « le côté sexuel ne signifiait pas grand-chose », et, quant à Connie, elle « n'était pas peu fière de cette intimité qui était au-delà du sexe, au-delà de la « satisfaction » de l'homme. (...) l'intimité était plus profonde, plus personnelle que cela. Et le sexe n'était rien d'autre qu'un accident, qu'un accessoire en tout cas ». Et le jeune couple de préférer se retirer au manoir familial de Wragby, loin de l'incessante agitation de la ville. Dans leur sombre demeure, Clifford et Connie tiennent salon avec quelques intellectuels divers et variés, et Clifford se pique même de devenir romancier. Connie se dévoue corps et âme (surtout âme) pour soutenir son époux invalide dans ce projet, qui semble lui redonner goût à la vie. « Le temps passait. Quoi qu'il arrivât, rien n'arrivait, car elle était superbement détachée de tout. Elle et Clifford vivaient dans leurs idées et dans ses livres ». Mais après s'être voilé la face pendant quelques années, Connie doit s'avouer qu'elle trouve ces bavardages philosophico-politiques vains, vides, désincarnés à force d'être cantonnés au monde de l'esprit. Elle en devient presque un fantôme, dépérissant d'ennui, d'inaction et de manque de vie dans sa triste chaumière : « la vie intellectuelle de Clifford et la sienne devenaient peu à peu un pur néant. Leur mariage, leur vie intégrée fondée sur l'habitude et cette intimité dont il avait parlé, devenaient certains jours absolument vides, du néant. Des mots, beaucoup de mots, et c'était tout. La seule réalité, c'était le néant, et par-dessus, l'hypocrisie des mots ».

Heureusement, le printemps revient, et il prend subitement à Connie l'envie de se promener dans le bois autour du domaine pour observer les petites fleurs et les petits oiseaux. En fait d'oiseau, elle rencontre Mellors, le garde-chasse grand, musclé, taciturne, viril. Ce qui devait arriver arriva, et Connie découvre le plaisir sexuel au féminin et la vraie passion. Elle met aussi les doigts dans l'engrenage compliqué de l'adultère, des différences sociales, de son envie de vivre en dilemme avec un reste de loyauté envers son triste sire de mari.



Bon. Vous aurez observé que je n'ai mis que deux étoiles à ce roman. « Quoi-comment-qu'est-ce ? Elle ose ne pas aimer ce chef-d'oeuvre ? » Ben... oui. Ennui, « déplaisance », indifférence, je n'ai pas éprouvé grand intérêt pour cette histoire. Ce roman est sans nul doute richement pensé, écrit et construit, moderne (et, je suppose, choquant) pour son époque, pose de grandes questions (opposition Nature/Progrès, lutte des classes, qu'est-ce que l'amour, la vie,...), décrit avec une infinie subtilité psychologique les pensées et comportements des personnages, et pourtant... Rien à faire, j'aurais vraiment voulu l'aimer, j'vous jure, mais non. J'ai trouvé tout cela trop intellectualisé, trop psychanalysé, ou au contraire, parfois trop vulgaire (en tout cas ce genre d' « érotisme » ne me convainc pas). Je n'ai ressenti aucune empathie pour les personnages, sacrément ambigus (la palme à Mrs Bolton), manipulateurs, malsains et/ou névrosés. Tout cela l'emporte sur l'histoire d'amour, qui à mon sens n'en est pas une, ou pas encore. Je n'y ai lu que l'histoire banale d'un désir physique et d'une passion, qui se transformeront peut-être en amour, un jour. Mais c'est une autre question, et une autre histoire.
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L'arc-en-ciel

Je suis allé à Eastwood, dans les années 80, visiter la maison de DH Lawrence.

Avec mon epouse très imprégnée des oeuvres de l'écrivain. C'était près de Birmingham, un des foyers industriels anglais. Ça m'a permis de comprendre, je crois, la pensée de Lawrence. Le lien entre l'impossibilité de vivre heureux dans un monde en pleine mutation industrielle et les disputes incessantes du couple central de l'intrigue. L'incompréhension fondamentale au sein de ce couple est causée par l'instabilité que l'on observe dans tous les domaines autour de ce couple et la difficulté de s'y adapter. Lawrence ne cesse de dénoncer cette déshumanisation aux répercussions sociales inimaginables. Lawrence, n'a cessé de vouloir remonter aux origines traditionnelles de l'humain. En s'exilant à Taos au Nouveau Mexique ou en Australie. Comme je le comprends ! Ce roman est essentiel si l'on veut comprendre la pensée de Lawrence. Tous les autres en découlent. "Women in love" en est le prolongement, ainsi que "L'amant de Lady Chaterley", entre autre. Lawrence nous amène à réfléchir à nos pulsions profondes. Longtemps avec mon épouse, nous nous sommes nous-mêmes considérés comme un couple lawrencien, suite à nos disputes incessantes et notre difficulté à vivre le monde tel qu'il se présentait à nous. Je crois que l'oeuvre de Lawrence est atemporelle. Lawrence met à nu nos pulsions animales, inconciliables avec la vie dans notre société post-industrielle qui nous éloigne de nos racines naturelles. D'où l'origine de romans comme le "Serpent à p!umes" ou " Kangourou". Ce voyage que nous avions effectué dans l'Angleterre des années 80, avec mon épouse, en pleine crise d'épidémie de la "vache folle", à travers la campagne anglaise parsemée de charniers de bovins calcinés, nous a montré le dérèglement de cette société que dénonçait déjà cet écrivain visionnaire.



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L'Amant de Lady Chatterley

Un roman comme on les aime avec une héroïne qui veut vivre sa vie physiquement et moralement mais l'époque du début du XXè siècle en Angleterre n'autorisait pas ce genre de situation...Les valeurs morales concernant le mariage ne permettaient pas aux gens d'avoir des relations extra conjugales malgré le pire qui aurait pu arriver à l'un des deux conjoints.

L'auteur a su aller au delà de toutes ces valeurs et à juste titre nous a écrit un magnifique roman avec des descriptions des plus intéressantes concernant les relations humaines qu'elles soient d'ordre moral ou/et physique.
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L'Amant de Lady Chatterley

Quel bel amant que cet amant-là !



Ce roman est un hymne à la liberté, à la transgression, à la vie !



D.H.Lawrence érige la sexualité comme fondement de la connaissance de soi et l’amour comme force quasi révolutionnaire permettant à l’individu de se libérer de ses entraves, de s’émanciper de toutes contraintes sociales qui l’enferment dans un rôle.



C’est aussi un roman historique et social très riche sur l’Angleterre du début du 20ème siècle où l’essor industriel a considérablement modifié l’espace et les comportements humains.



L’auteur dresse un portrait très sombre et pessimiste de la société anglaise de l’époque. L’industrie minière a transformé les paysages, les mines rognant petit à petit les champs, les bois, les fumées des hauts fourneaux s’apparentant aux nuages. Les hommes ne sont plus que des demi-hommes, à l’âme corrompue par l’argent, à la pensée stérile et aux corps brisés par la guerre ou la mine.



Dans cet univers désincarné, Lady Chatterley s’étiole et trouve refuge dans la forêt, sorte d’ilot paradisiaque préservé de toute laideur, où elle va rencontrer Mellors, le garde-chasse, être écorché, épris de liberté.



Deux corps, deux désirs qui s’apprivoisent et fusionnent, deux âmes qui convergent l’une vers l’autre dans le respect de leur différence, deux êtres qui se libèrent du poids de leur destin respectif. Une alliance des contraires qui laisse entrevoir la possibilité d’un autre monde.



Il y a chez ces amants là une sensualité, une joie, un accomplissement qui renvoie à l’innocence originelle de l’amour et qui est de toute beauté.



DH. Lawrence joue sur l’opposition de ces deux univers, minéral et végétal, intellectuel et sensoriel, mortifère et vivifiant et excelle tout autant dans les descriptions de l’un comme de l’autre. L’environnement, les saisons sont très présents et accompagnent les sentiments de Constance, de sa désincarnation à sa renaissance comme si ils faisaient partie intégrante d’elle-même, corps avec son âme. L’écriture sensible, poétique et simple de Lawrence confère à l’ensemble une grande intensité.



Tout contribue à créer un univers intimiste, édénique contrastant avec le chaos ambiant et sa déshumanisation et donnant le sentiment d’un renouveau possible.



Il y a sans doute une certaine utopie dans tout cela, mais des utopies racontées ainsi, je veux bien que l’on m’en conte encore et encore…



Mon coup de cœur de l’année 2013 !

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L'épine dans la chair

L'occasion a fait le larron. Le challenge solidaire et un petit livre publié dans la collection Folio 2€ je n'ai plus eu d'excuses, D.H Lawrence à nous deux!

Quelle agréable surprise! Les trois nouvelles que contient cet opus, publiées en 1914, appartiennent au recueil Les filles du pasteur. Trois nouvelles, trois univers différents, trois femmes, Emilie, Hilda et Elisabeth, trois destins ..

Quelle agréable surprise! L'écriture de D.H Lawrence est lumineuse, élégante. Qu'il s'agisse d'un camp d'entrainement militaire, d'une campagne anglaise aux premiers jours du printemps, de la tombée de la nuit non loin de la mine les décors surgissent en quelques lignes, les personnages, tiraillés entre conformisme et passion amoureuse, entre l'acceptation de leur vie et l'envie de se rebeller toujours et encore, sont plus vrais que vrais.

Je n'ai pas résisté à l'appel des filles du pasteur, à suivre.





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L'Amant de Lady Chatterley

Il y a des livres qui nous attire tellement, que parfois, on se dit qu'on les aime avant d'en avoir lu les premières lignes. Malheureusement quelque soit notre envie d'aimer ce livre, il arrive qu'il nous résiste, et à mon grand regret ce fut le cas pour L'Amant de Lady Chatterley.



Dans un premier temps j'ai été totalement emportée par la délicatesse de l'écriture de D.H.Lawrence. J'ai aussi été frappée par ses remarques toujours pertinentes aujourd'hui sur l'aspect matérialiste et superficiel de la "haute" société et des "masses". En revanche le ton nostalgique (et parfois pessimiste) avec le regret de voir l'avènement de la "nouvelle Angleterre", plus industrialisée et détruisant les majestueuses campagnes anglaises ... cela avait un air de déjà vu ; avec des discours semblables chez Thomas Hardy ou J.R.R.Tolkien, par exemple. Un discours presque commun pour son époque. Bien sûr, les descriptions érotiques le sont moins et j'imagine aisément que la bonne société edwardienne a dû s'exclamer de nombreux "oh ! shocking!" à la lecture de ces passages où le sexe est source de plaisir et non un acte mécanique dans la sacro-sainte institution qu'est le mariage - surtout depuis l'ère victorienne.



Là où j'ai le plus été déçue dans ma lecture, c'est que je ne me suis attachée à aucun des personnages.

Entre :

* Constance, dont Lawrence dit lui-même qu'elle cherche "aveuglément, avec une avidité de femme, désirait le bonheur, la certitude du bonheur." ;

* Clifford, le soldat rescapé de la Première Guerre mondiale devenu un roi ridicule dans une double tour d'argent : son fauteuil qui le prive de sa virilité et Wragby qui lui permet de régner sur les mineurs tout en étant éloigné de ce monde qu'il ne comprend pas ;

* et Oliver Mellors qui incarne une vision idéalisée du brave homme de la campagne qui derrière sa rudesse et son horrible patois cache une intelligence et des manières aussi raffinées que celle des bourgeois.

En fait, je n'ai pas réellement cru à ce trio. Trop de clichés sans doute. Sans parler de toutes ces digressions.... assez décourageante parfois.

Toutefois, D.H.Lawrence a très bien décrit la confrontation entre la classe ouvrière et la bourgeoisie anglaise : entre appréhension, fascination et envie.



En bref, D.H.Lawrence a laissé à la postérité un roman assez typique de début de siècle, mais qui ne m'a pas enflammée.

Dommage...
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L'Amant de Lady Chatterley

Je m'attendais à trouver un roman d'amour, plein de scènes audacieuses qui justifieraient sa réputation sulfureuse.

Certes, dans la deuxième moitié, quand la passion amoureuse et charnelle devient le sujet premier du roman, on assiste à certaines scènes qui ne sont pas à laisser entre toutes les mains.

Mais la première partie du roman, consiste en une longue présentation des lieux, des personnages, de leur histoire et surtout en de longs débats sur l'amour, la vie, le statut social des uns et des autres. C'est presque plus un roman philosophique qu'érotique comme il a été présenté. Il gêne surtout car il met en péril les classes sociales: lady Chatterley ne se plait ni avec son mari qui possède tout, ni avec son bel amant de la haute société. Elle préfère le garde qui vient du peuple et qui est renfrogné, âgé et taciturne.

Ses choix, son comportement, sa liberté de femme épanouie, tout était fait pour choquer à l'époque et certains peuvent l'être encore aujourd'hui.

Enfin, c'est si bien écrit qu'on en oublie peu à peu le texte pour l'histoire. Au début, cela peut gêner, c'est tout de même complexe mais les descriptions de la campagne anglaise, les longues discussions et surtout le récit des ébats amoureux sont construits dans une langue riche, recherchée et d'une fluidité surprenante.

Un grand chef d'œuvre que je suis heureux d'avoir enfin pu lire.
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La dame exquise

Passons, mais pas trop vite, sur cette "Dame exquise", délicieuse aïeule si juvénile, si gracile mais qui comme tant d'autres cache sous ces dehors avenants un pouvoir castrateur diabolique; même pouvoir pour la mère de "Mère et fille", qui va pourtant se retourner contre elle.

Rendons en passant un hommage compatissant à l'enfant qui dans "Le gagnant du cheval de bois" enfourchera en vain le cheval de la fortune pour gagner l'amour de sa mère, en même temps que nous regarderons courir après leurs idéaux "Deux idéalistes" férus de liberté et de pur bonheur mais rattrapés par leur matérialisme.

Arrêtons-nous un instant sur la troublante nouvelle "La mort de Pan", sorte de miroir inversé de L'amant de Lady Chatterley qui à base de troublantes métaphores décrit le rendez-vous sensuel manqué d'un couple de quinquagénaires dont le yin et le yang n'ont pas su se trouver.

Fort de ce voyage stimulant où chaque nouvelle est une étape de pure beauté littéraire au fond de la psyché humaine, on peut alors poser son bagage dans la dernière, "L'homme qui aimait les îles", un de ces textes sur lequel on sait que l'on va revenir souvent méditer, un pur bijou d'allégorie sur le sens profond et le chemin de douleur comme d'épanouissement qu'est la vie humaine.



C'est un bonheur d'aborder à travers ces huit nouvelles la profondeur et la créativité d'un auteur qui dans son "pèlerinage sauvage" aura exploré la vie plus fort et plus loin que toutes les petites âmes qui le ravalèrent au rang de pornographe, et dont la voix mérite encore d'être entendue.

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L'épine dans la chair

Un jeune soldat estropie par mégarde un officier au cours d'un exercice. Il cherche à s'enfuir et retrouve son amie qui s'offre à lui pour la première fois. Je vous laisse découvrir la chute. Comme toujours, chez Lawrence, on retrouve les thèmes de la quête existentielle, de l'homme aux prises avec la société qui l'empêche de se réaliser, du désir physique, des difficultés à concilier les points de vue de la femme et de l'homme…

Je n'ai lu la première nouvelle que je trouve parfaite. La traduction de cette édition nous permet d'apprécier le style précis et poétique de l'auteur. De plus, c'est la première fois que je lis une fiction se déroulant dans la Lorraine occupée par les Allemands entre 1870 et 1918. Assez déroutant !
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L'Amant de Lady Chatterley

J'avoue que c'est le film de Pascale Ferran qui m'a fait connaître le roman. Je l'ai vu à sa sortie en 2006 et j'avais été très impressionnée par le sujet : une femme libre qui s'émancipe des tabous sexuels et sociaux de son temps.

Le roman de D. H. Lawrence "L'amant de Lady Chatterley" publié en 1928 est la troisième version, considérée comme définitive par l'auteur.

C'est un très beau portrait de femme qui a fait scandale.

Je trouve le roman particulièrement réussi alors qu'il a été interdit jusqu'en 1960 jugé pornographique. C'est l'adultère torride qui a choqué et pourtant les descriptions des scènes d'amour sont d'une grande sensualité et délicatesse.

Nous sommes en pays minier dans l'Angleterre des années 20, il y a donc un siècle. La jeune Lady Constance Chatterley vit à Wragby, une demeure aristocratique en pleine nature avec son mari Sir Clifford revenu infirme de la guerre. Elle dépérit avec cet homme qui est impuissant sexuellement et qui travaille comme entrepreneur à la mine. Elle n'aime pas les conventions ni les mondanités et préfère se promener dans la forêt et cueillir des fleurs. C'est là qu'elle rencontre régulièrement Oliver Mellors, le garde-chasse, avec qui elle va découvrir l'amour physique.

La passion va naître entre eux parce qu'ils sont à égalité, cherchant à jouir ensemble. Leurs sens vont s'animés comme quand la nature s'éveille, une nature omniprésente et protectrice.

D. H. Lawrence sait décrire l'orgasme féminin et le plaisir de Constance de voir le sexe de l'homme qu'elle aime malgré leurs différences d'appartenance de classe. Elle transgresse la morale et les normes en découvrant le plaisir de donner et de recevoir.

Elle se moque des classes dominantes et on voit bien la dimension sociale et économique de l'époque en filigrane.

Quand j'ai appris que le titre initial proposé était "La tendresse" je n'ai pas été surprise parce que leur relation est sérieuse et ils veulent vivre ensemble.

Ce qui me semble le plus important dans cette belle histoire d'adultère qui se termine bien c'est l'idée que la conquête du plaisir permet l’émancipation des femmes. Je suis tout à fait d’accord.





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L'amazone fugitive

Je n'ai lu que la première nouvelle, dans l'édition Stock de 1993. Cette nouvelle s'inscrit tout naturellement dans le monde Lawrence. Il y est question d'une jeune femme, au Mexique ou son mari possède une mine d'argent. Cette épouse s'ennuie et ne se plaît pas dans ce monde où l'argent et le profit occupent toute la place dans le monde de son mari. Alors elle décide de s'enfuir à la recherche d'un monde plus primitif, plus authentique, aux croyances ancestrales du soleil et de la lune. Lorsqu'elle arrive dans le village Indien, elle sait ce qui l'attend. Elle y est déjà préparée. C'est le grand retour aux sources. Une fois de plus, Lawrence confronte notre monde occidental, industriel au retour à l'homme primitif qui vit selon les lois de la nature. On suit le parcours physique et mental de cette femme, ses interrogations sur le sens de sa vie.

Pour tous ceux et celles qui ne connaissent pas encore cet immense auteur.
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L'Amant de Lady Chatterley

Ce livre n'a pas été une grande révélation pour moi, bien au contraire. Je l'avoue, je me suis ennuyée pendant ma lecture.

Tout d'abord, je n'ai pas ressenti d'empathie pour les personnages. Constance n'est pas très vive intellectuellement parlant et plutot mollassonne. J'avais envie de la prendre par les épaules et la secouer.

Mellors m'a énervée à parler patois et vouloir paraitre plus bête qu'il n'est en réalité.

Clifford est suffisant et hautain.

Quand à l'histoire, il s'agit d'un triangle amoureux des plus classiques. Aucune originalité de ce coté là.

Bref, ça n'a pas été une réussite pour moi...



Pioche de janvier 2022 choisie par Jacline
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L'Amant de Lady Chatterley

Livre connu comme oeuvre érotique et qui a dû être sulfureux à sa sortie. A le lire aujourd'hui, certes, les scènes de sexe sont explicites, mais ne sont pas noyées de sensualité, ni a fortiori par une sensualité torride ni même suggestive. de ce point de vue, le récit m'est apparu assez plat.



J'ai bien davantage aimé la description de la vie à cette époque encore victorienne, où la femme anglaise n'avait guère de place en dehors de son rôle de mère et d'épouse et où les tressaillements sociaux de l'entre-deux guerres commencent à se faire sentir. Là Lawrence se révèle un brillant conteur.



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L'Amant de Lady Chatterley

J'ai acheté L'amant de Lady Chatterley il y a quelques années. A l'époque, j'étais encore étudiante en traduction-interprétation et souhaitais améliorer ma connaissance des classiques de la littérature des pays dont j'étudiais les langues. J'ai donc profité des connaissances inépuisables de mes professeurs de littératures anglaise et espagnole : j'ai pioché, dans l'ensemble de leurs cours, des titres représentatifs d'une certaine époque ou d'un certain mode de pensée.

Une grande partie de l'oeuvre de D.H. Lawrence s'est donc retrouvée sur ma liste « Angleterre ». A juste titre, car comme me l'a révélé ce premier contact avec l'oeuvre de ce monstre sacré de la littérature, L'amant de Lady Chatterley transcende effectivement l'époque qu'il décrit.



Nous sommes dans la période de l'entre-deux guerres, dans les Midlands. Constance, notre héroïne, s'est installée à Wragby, la demeure des Chatterley, avec son mari, Clifford, devenu Lord Chatterley depuis la mort de son père.

Clifford est infirme depuis sa participation aux combats de la Première Guerre mondiale. Il est aussi impuissant, ce qui le désespère, puisqu'il voudrait un héritier mâle qui lui succède à la tête de Wragby.

Constance, de son côté, s'ennuie auprès de ce mari féru de littérature (Clifford devient un auteur publié et remporte un certain succès).

Toutefois, ses rencontres avec Michaelis d'abord (lui aussi est un auteur et est plus d'une fois invité à Wragby par Clifford) et avec Mellors ensuite vont bouleverser Constance et la pousser à s'interroger sur ce qu'elle considérait jusque là comme des certitudes.



L'amant de Lady Chatterley est tout d'abord un roman d'amour. Les scènes érotiques sont effectivement bien présentes. Mais, à notre époque, difficile d'être choqués par une telle illustration des sentiments de Mellors et Constance. A l'époque de la publication de ce roman, toutefois, Lawrence a certainement choqué les bourgeois et ce roman a d'ailleurs été considéré comme violant la loi sur les publications obscènes (le Obscene Publications Act de 1959).

Mais le sexe n'est pas le seul sujet de ce roman. On peut en effet y voir aussi une certaine opposition/comparaison entre la « vieille » Angleterre et la modernité. Wragby semble être une demeure hors du temps, enfermée dans une tradition pourtant quelque peu dépassée. Les mines, visibles depuis le domaine des Chatterley, représentent la modernité. Michaelis, le premier amant de Constance, peut en quelque sorte être considéré, lui aussi, comme un symbole de cette « nouvelle » Angleterre qui s'annonce : homme du commun, il s'est élevé bien au-dessus de sa condition grâce au succès qu'il remporte sur le plan littéraire. Ce succès qui lui vaut d'ailleurs l'admiration (et l'envie) de Clifford, pourtant aristocrate…

L'amant de Lady Chatterley illustre donc le fait que les classes sociales sont mises à mal par la modernité qui s'annonce. Les clivages sociaux, s'ils sont encore présents, sont moins marqués qu'avant la guerre et, plus d'une fois au cours de la lecture de ce beau roman (et surtout de la magnifique plume de son auteur), on se rend compte que des gens comme Clifford sont mal armés pour faire face à une telle évolution. Certes, Lord Chatterley s'engage dans la modernisation de ses mines, il se tient au courant de ce qu'il se passe autour de son domaine (grâce aux bavardages de son infirmière), mais on le « sent » pourtant comme étant d'une autre époque… Peut-être à cause de son infirmité, l'immobilisme du corps se reflétant alors dans l'immobilisme de sa classe sociale ?

Constance, semble s'adapter beaucoup mieux aux changements. Elle est décrite au début du roman (et plus d'une fois par la suite) comme étant une « beauté démodée », pleine et ronde, avec une cascade de boucles brunes en guide de chevelure ; et donc à l'encontre du modèle « garçonne » qui fait fureur à l'époque. Néanmoins, Constance n'a pas cette espèce de conscience de sa supériorité dont fait parfois preuve Clifford. Si ce dernier est très « Lord Chatterley », Constance pourrait aussi bien être Mrs Smith que Lady Chatterley : elle ne m'a jamais parue, à aucun moment du récit, imbue de sa position ou du titre que son mariage lui a procuré.

C'est certainement dû au fait que Constance est, d'abord et avant tout, une femme. Elle est faite pour l'amour, pour le ressentir et le provoquer chez les autres. Elle est faite pour la maternité (sa description physique nous le prouve également) et pour les plaisirs simples qu'apporte un foyer heureux. Dès le début, on comprend que son mariage avec Clifford n'est pas idéal. Malgré la patience et l'abnégation dont Constance fait preuve en s'occupant de Clifford, on perçoit une certaine disharmonie dans ce couple : lui n'est pas assez amoureux ou, en tout cas, pas assez démonstratif pour une femme comme la sienne.

J'espère pouvoir le faire comprendre grâce à mon modeste avis : L'amant de Lady Chatterley est bien plus que le roman d'amour dont il a la réputation. C'est un récit extrêmement bien écrit, parfois cru mais toujours juste. C'est le miroir d'une époque. C'est aussi une analyse très poussée de la mentalité et des sentiments de l'ensemble des personnages qu'il nous est donné de rencontrer.

Ce roman a bien mérité son qualificatif de « classique ».







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L'Amant de Lady Chatterley

Un livre, « Anaïs Nin : sur la mer des mensonges » lu en début 2021, m’a incité à lire « L’amant de lady Chatterley » car Anaïs Nin, dont on suit la vie dans les années 1930, écrivait alors un essai sur D.H. Lawrence. Comme quoi, la bande dessinée peut amener à la lecture de classiques de la littérature.



Ce roman a été publié en 1928 à Florence, mais seulement en 1960 au Royaume-Uni, après un procès pour tenter de l’interdire. Pour cette raison, je pensais trouver une œuvre avec un forte connotation érotique. Or, franchement ce pan de l’œuvre existe, mais avec beaucoup moins de passages explicites que dans d’autres livres ayant fait l’objet de procès de censure (par exemple dans « J’irai cracher sur vos tombes » pour un autre livre lu cette année).



« Le flux et le reflux de nos affections est en réalité ce qui conditionne notre existence. D’où l’importance des romans, si l’on sait les utiliser. Ils peuvent nous instruire et nous orienter dans notre affection, ou, inversement, la détourner de ce qui est mort pour nous. Ils sont capables de nous révéler les lieux les plus secrets de l’existence. Car les passions secrètes sont l’élément dans lequel doit baigner notre conscience, pour se purifier et se renouveler. »



L’amant de lady Chatterley présente également les grandes évolutions du début du 20e siècle : la fin de la vieille Angleterre, avec ses domestiques et ses grands domaines vers une société plus moderne, les conséquences de la première guerre mondiale, avec le handicap du mari, Clifford Chatterley, l’industrialisation avec l’importance des mines de charbons en Angleterre, la lutte des classes avec l’amour entre une lady, Constance Chatterley, surnommée Connie, et un garde-chasse, Olivier Mellors, comme l’avait vécu les propres parents de David Herbert Lawrence, bourgeoise et mineur.



Certains passages égratignent aussi d’autres auteurs passés ou contemporains de David Herbert Lawrence qui s’exprime à travers Constance Chatterley de manière assez savoureuse… Pour illustration sur Marcel Proust :

- « J’ai essayé mais il me rase.

- Il est vraiment exceptionnel.

- Possible, mais il me rase avec toute cette subtilité ! Il n’a pas de sentiments personnels, il ne fait que disserter sur les sentiments. J’en ai assez de cette vanité mentale.

- Tu préférerais une vanité animale ?

- Peut-être ! Mais on pourrait peut-être se passer de la vanité ».



Un roman que je suis contente d’avoir lu et qui me donne envie de poursuivre ma découverte de la littérature anglaise ! Sans doute avec « Nord et Sud » d’Elisabeth Gaskell.

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L'Amant de Lady Chatterley

Superbe.

Ce livre a été une révélation pour moi. Bien avant la mode des livres de romances insipides (Harlequin) et plus récemment les bêtises de romances à base de bad boys et de jeune fille frivole que l’on voit fleurir sur les étals des magasins, cette œuvre est une référence en matière de romance, de sensualité et d’érotisme.

L’attirance de Constance pour son garde-chasse, la lutte des classes qui s’opère, sous fond de déliquescence de l’Empire Britannique, donne beaucoup de charme à cette œuvre très sulfureuse, surtout pour l’époque.

Un livre à lire et à relire...

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