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Critiques de D.H. Lawrence (303)
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L'Amant de Lady Chatterley

À la faveur d'une relecture toute récente de ce magnifique roman, L'Amant de Lady Chatterley, qui est sans doute le roman le plus connu de D.H. Lawrence, une sensation m'est venue spontanément... S'il est une activité qui me met en joie, une joie fulgurante, gourmande et insatiable, c'est bien celle de ... lire. Ah ! Lire... Lire sans entrave, lire n'importe où, n'importe quand, lire dans toutes les positions, lire seul ou pourquoi pas en charmante compagnie... Mais lire, oui, lire ! Il y a parfois quelque chose de furieusement jouissif dans la lecture... Un peu comme...

Tenez, un peu comme ce dont parle ce livre avec des mots si merveilleux, si brûlants et en même temps si simples.

Mais pourquoi ce livre est-il si beau ? Je n'arrête pas de me poser cette question, de la retourner dans tous les sens, fermer les yeux, revenir sur mes pas, faire le chemin en sens inverse, dans cette odeur des bois et de terre mouillée où j'aimerais tant marcher pieds nus sur les campanules à peine écloses, gorgées déjà de toute l'ivresse du jour à venir...

Il y a sans doute plusieurs lectures possibles de ce roman qu'on a parfois voulu cataloguer au rayon de la littérature érotique. Quand je dis rayon, c'est à peine une image, car paraît-il, c'est à cet endroit que certaines librairies le rangent...

J'ai y vu une histoire d'amour, mais cette histoire n'aurait su éclore sans le contexte historique et social qui la porte.

Elle s'appelle Constance et vient d'épouser Sir Clifford Chatterley, un riche aristocrate anglais. Nous sommes dans la vieille Angleterre puritaine et encore rurale du début du vingtième siècle. Clifford revient de la première guerre mondiale le corps abimé, disloqué comme tant d'autres hommes revenant de cette boucherie. Imaginez toutes ces femmes qui durant cette guerre se sont tant impliquées en arrière-plan, se sentant libérées, devenues responsables... Voir leurs hommes revenir du front, blessés atrocement. À quoi peuvent-elles songer alors, elles dans la force de l'âge et la plénitude de leurs corps ? Une forme d'amour mêlée de loyauté existe encore, fortement ; Lady Chatterley aime profondément Clifford, mais elle ne serait pas Lady Chatterley, c'est-à-dire une femme dans l'éveil, sans la paralysie de son mari.

La vie au manoir de Wragby devient pour Constance un vide, une vie qui n'existe plus. Dans ce lieu clos, Constance souffre. Elle ressent sa vie auprès de Clifford comme un sacrifice. Elle est malheureuse, triste, s'éteint peu à peu. Pour autant elle ne veut pas abandonner Clifford.

Le corps endormi de Constance ne demande qu'à s'éveiller. Le bois qui entoure la propriété devient alors son seul refuge, son sanctuaire. Et c'est au détour d'une clairière, offerte comme une brèche dans la tranquillité du bois, que Constance fait la connaissance d'Oliver Mellors, le garde-chasse de la propriété. C'est la rencontre avec un homme qui fait sa toilette derrière sa cabane, offrant son torse nu à la lumière du jour et au regard troublé de Constance, éprise brusquement elle aussi de cette lumière.

Alors Constance se met à respirer. Son corps veut naître de nouveau, ressusciter, émerger et s'embraser au soleil du printemps. Elle se sent brusquement comme un bateau sans attache, libre de voguer. Elle se laisse pénétrer par l'odeur des fleurs. Par l'amour aussi.

Ainsi surgit l'homme des bois, avec l'odeur des arbres, de l'humus et du désir. Forcément ces deux-là ne sont pas du même monde. Et c'est là aussi l'une des forces du roman qui est une peinture sociale de cette Angleterre encore rurale qui bascule brusquement dans l'ère industrielle. C'est une peinture sociale et psychologique.

Mutation où les paysans deviennent des ouvriers, où les aristocrates deviennent des patrons et ne savent pas trop comment faire. Où les paysages bougent aussi, les champs et les bois deviennent des mines à exploiter...

Mutation où les femmes de ces aristocrates sont amenées à sortir de chez elles, lâcher leurs occupations domestiques quotidiennes, rencontrer des hommes bien différents, des hommes qu'elles découvrent dans leur milieu, des gueux jetés sur les routes, des écrasés, et ceux qui ne sont pas abimés par la guerre ont un corps qui frémit dans la lumière, ne déplaît pas aux femmes. Ces hommes ont un cœur aussi...

Mutation où chacun sort de son entre-soi et cela peut faire des rencontres improbables. Parce que la solitude humaine ne connaît pas les frontières sociales.

Dans ce texte à forte portée sociale, la dimension érotique est un chemin de rencontre, ni plus ni moins.

Il n'est pas question d'adultère ici, puisque Clifford était favorable dès le départ à ce que Constance puisse réaliser son rêve d'avoir un enfant, et par ce biais prolonger le nom de la famille...

Cependant la transgression est bien là : faire l'amour avec quelqu'un qui n'est pas de la même classe sociale.

Dans cette mutation, les corps aussi vivent cela à leur manière, une sorte de dérive, des respirations nouvelles, la différence de l'autre dans cette brutalité parfois vorace fait jaillir le désir.

La tranquillité et le silence de l'homme viennent la prendre aux entrailles.

Constance Chatterley et Oliver Mellors vont devenir amants...

Ils vont devenir amants parmi le cri des geais et l'odeur des jacinthes, parmi les forces souterraines qui les guident, parmi la terre et leurs peaux.

Ils n'ont pas appris à se parler, à se comprendre, à savoir échanger. Et si la meilleure manière de communiquer lorsque les codes vous éloignent l'un de l'autre... et si la meilleure manière de s'apprivoiser était par l'entremise du désir et des corps ?

L'ivresse de la découverte de leurs corps épris, les jette l'un vers l'autre, sans attache, sans rempart, sans honte, les jette au bord du vide de leurs vies, ces vies qui s'emplissent brusquement de ce trop plein de désir, envie de ne plus être seul, envie d'exister, envie peut-être d'aimer aussi.

C'est une histoire d'amour tout simplement, où l'on parle, où l'on s'ébat, où l'on se débat, où les amants parlent avant et après l'amour, savent mettre des mots sur ce qu'ils ressentent dans leurs entrailles et leurs âmes, où le mot et la chose ont autant d'importance l'un que l'autre, sont en harmonie. Les mots parviennent à dire la sensualité des corps et le frémissement des cœurs, des mots qui nous sont adressés par ce livre et m'ont touché là.

Ainsi j'ai trouvé beau et touchant ce qu'ils faisaient de ces mots livrés à eux, parfois même l'homme parlant dans un patois britannique, la découverte des parties les plus intimes de leurs corps, les mots posés sur leur nudité, chaque mot devenant à son tour comme un tremblement.

Une façon de toucher avec les mots, avec les mains aussi, l'essence du monde, une façon pour eux d'être au monde, de s'emplir de ce monde ou peut-être de renaître dans ce monde.

Et le cœur qui s'en mêle, n'oublie jamais d'être présent à chaque instant.

C'est un plaisir qui ouvre leur corps comme un chant d'amour.

J'imaginais alors leurs visages ébahis de lumière et de plaisir, rafraichis par l'amour, après l'amour. Comme c'est beau tout ceci lorsqu'on le voit comme je l'ai vu, à travers les mots de l'auteur.

Dans cette clairière, dans cette cabane, parfois nus en courant sous la pluie, j'ai imaginé qu'ils repoussaient sans cesse les limites de leurs corps, c'est un vertige qui leur donne brusquement la sensation que le monde qui les habite s'étend plus loin que leur bras et leurs jambes entremêlés, ce monde qui s'étend par-delà le mouvement de leurs corps dans la terre mouillée qui semble les engloutir à jamais, ce monde qui donne l'impression de s'étendre à l'infini tout en étant peut-être concentré dans un seule seconde, un seul battement de cœur, un râle, un soupir, une respiration à chaque balancement de leur étreinte, dans l'orgasme qui vient, qui les embrase et les fusionne l'un à l'autre.

Ils vont à tâtons vers le corps de l'autre comme un territoire inconnu. La cassure sociale rend-elle ce corps de l'autre comme une géographie nouvelle ?

Parmi la comédie des corps il y aussi le sublime où s'élève l'âme, un peu comme le grain qui sort de l'ivraie. Où l'âme est caressée, chatoyée, chahutée, sublimée.

C'est un voyage sensuel dans l'amour.

J'ai senti que l'auteur voulait aussi nous glisser le propos que le sexe n'empêche pas l'amour et que l'amour n'empêche pas le sexe. Mais selon moi, le livre ne doit surtout pas se réduire à cette seule pensée, si toutefois c'est une pensée.

Les pages d'amour de ce roman sont magnifiques, c'est-à-dire l'amour que découvrent et vivent Constance et Mellors dans cette clairière coupée du reste de l'existence. Je voudrais les relire, je voudrais revenir à elles. Je voudrais vous donner envie de chavirer vers ces pages à gorges déployées.

Ici j'ai ressenti que l'auteur savait dire cette chose étrange qui souffre et qui lutte et que l'on nomme l'âme humaine.

Mais surtout, surtout, ce qui m'a sans doute le plus fasciné, ce sont les mots de cet écrivain, les mots d'un homme pour dire le désir d'une femme de vouloir devenir libre, être aimée, les sensations qu'elle exprime au seuil de son corps, prête à accueillir l'autre, pour dire l'orgasme féminin, ce sont les mots d'un homme écrivain qui exprime ce qu'une femme ressent.

Quand on y pense, ces mots ont été écrits il y a un siècle déjà, même si ce livre a été censuré en Grande-Bretagne jusqu'en 1960...

Ce sont pour moi les pages les plus troublantes, les plus solaires, les plus sublimes de ce roman....
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L'Amant de Lady Chatterley

Dans mon envie 2020 de revisiter les grands classiques, il était difficile de passer à côté de l'oeuvre maîtresse de D.H. Lawrence.

Longtemps, et aujourd'hui encore, considéré comme un roman érotique... au sens trivial du mot, - L'amant de Lady Chatterley - est mille fois plus que ça, même si l'érotisme y occupe une place forte, en tant que force de vie, force d'envies, force révélatrice, force émancipatrice. Une présence voulue, assumée, honnête, franche, joyeuse ; une présence consubstantielle à la nature de l'homme et qu'il ne peut refouler ou ne travestir qu'au prix fort d'un magasin de névroses dans lequel viendront s'approvisionner des Charcot, des Freud, des Jung et tant d'autres.

Nier l'érotisme ou le dissimuler derrière les falbalas du romantisme par exemple, c'est trahir profondément ce que nous sommes, d'où nous venons et ce vers quoi nous devrions nous diriger.

Et cela, Lawrence l'a compris qui réhabilite cette part essentielle, vitale de notre identité, de notre authenticité.

Lawrence nous oblige à nous regarder dans un miroir qui refuse de déformer l'image qui en appelle à lui pour refléter non pas ce que nous voudrions voir, mais peut-être ce que nous ne voudrions pas qu'il nous montre, hypocritement installés que nous sommes dans le douillet confort d'une transcendance malheureuse.

Il en va de l'érotisme dans cette oeuvre comme du portrait, j'entends par là "photographie", d'une Angleterre du début du XXème siècle.

Ce sont des mélanges d'instantanés et d'études d'un pays en pleine mutation, en pleine dislocation de ses repères, en pleine rupture avec sa "ruralité", accouchant d'un monstre bien plus obscène que l'érotisme : Mammon, incarné par l'industrialisation, la machine.

Je n'ai pas compté, mais l'exclamation des protagonistes : "l'argent, l'argent, l'argent !" doit bien figurer une bonne quinzaine de fois dans cette oeuvre.

Ce que nous dit Lawrence de cette nouvelle Angleterre est infiniment plus cru, plus impudique que ce que les bigots pourraient reprocher à l'érotisme, qui lui, se contente que de n'être.

Sans concessions, ce roman est aussi et surtout un roman social, un roman de moeurs, où l'on peut sentir quelques influences venues d'un Thomas Hardy ou d'un Émile Zola.

De plus, la plume de Lawrence, est habile, alerte, fine et acérée ; une belle plume, puissante, esthétique, brillante.

L'histoire, je ne vais pas être le nième à la répéter. Au contraire, il me semble plus "stimulant" de me contenter de vous dire d'aller à la rencontre de tout l'univers qui vit, bouillonne, exulte autour de Mellors le garde-chasse et de Constance- Lady Chatterley.

C'est une oeuvre magistrale de la "grande littérature", une oeuvre que l'on ne peut se dispenser d'avoir lu, pour des raisons qui ne vous exonèreront jamais d'avoir commis une telle impasse.

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L'Amant de Lady Chatterley

Prends garde, lecteur, de ce que la sève subversive de ce roman, qui parle à tes entrailles les plus intimes pour mieux atteindre tes pensées, est capable d'ensemencer en toi!

Foi de païenne subjuguée par ce grand Pan littéraire, l'outrage aux bonnes moeurs et au bien penser qu'il nous feule à l'oreille porte en effet bien plus loin que la réputation de sensualité sulfureuse qui l'entoure : c'est en effet contre rien moins que la société bourgeoise toute entière que la puissance érectile de ce brûlot s'érige.



De sensualité érotique il est pourtant bien question, très bien même, avec des pages splendides sur le chemin vers l'épanouissement sexuel de Lady Chatterley, la fusion charnelle avec Oliver Mellors et la puissance cathartique de cette relation. Les mots sont crus mais d'une rare justesse, profondément sensuels mais sans aucune vulgarité.

Mais autour de l'histoire de ces deux corps qui forment la charpente du récit, c'est la dénonciation d'un monde délétère que l'auteur nous donne à voir, et à repousser avec autant de dégoût que l'on a de volupté à percevoir l'élan vital qui unit les deux amants au coeur du petit bois dans lequel ils se retrouvent comme sur un îlot préservé de la déréliction : c'est avec des mots laids, froids comme de la celluloide que sont évoqués la société industrielle envahissante en cet après-guerre, envahie de machines, gouvernée par une élite morbide et gangrenée par l'argent.



Il fallait bien au moins la force du scandale d'une Lady couchant en-dessous de son rang, accouplée à la figure magnétique du personnage d'un garde-chasse volontairement retiré du monde, pour que porte ce cri de révolte contre une modernité en voie de déshumanisation, qui résonne d'ailleurs aujourd'hui de manière très actuelle, et face à laquelle le sexe comme énergie primale est le seul fragile rempart à opposer.



On aura compris que j'ai été subjuguée par ce roman brûlant et désespérant, prophétique et intemporel, et que je ne peux le recommander que chaudement!









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L'Amant de Lady Chatterley

Lisant les belles et justes critiques de Nastasia-B et de Palamede, des souvenirs anciens mais forts me reviennent, j'ai l'impression de revivre certaines scènes. Oui, quel livre important !

Ma touche personnelle d'amoureux des langues : il m'a fait découvrir la réalité de la langue comme signe de la séparation des classes au Royaume-Uni. On parle souvent de l'accent comme marqueur de classe outre-Manche - plus qu'ici - mais Lawrence montre qu'il s'agit presque de dialectes différents, et c'est un intérêt annexe mais réel de ce livre. Pour un angliciste débutant la langue des mines et de l'industrie est difficile quand celle de l'aristocratie paraît déjà familière, et cela souligne la vision sociale de Lawrence.
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L'Amant de Lady Chatterley

Un roman magnifique malheureusement trop souvent dévoyé par les non-lecteurs de cette œuvre très moderne parlant des normes de la société du 19iem siècle dans la bourgeoisie industrielle, normes pas si éloignées des nôtres, et surtout du choix d'une femme à être heureuse. L'allégorie de l'homme sauvage en opposition avec l'homme machine (jusque dans son fauteuil roulant) est forte en symbolique, et la scène du fleurissement des amants reste un des passages dignes des romantiques allemands les plus beaux dans ma mémoire de lectrice. Il est d’ailleurs amusant que, bien souvent, ce livre soit condamné en raison des choix de son héroïne, quand, d'un autre coté, on ne voit que de la misère humaine et du fatalisme dans boule de suif.... Un rare roman féministe écrit par un homme avant l'heure !
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L'Amant de Lady Chatterley

Quel beau roman, qui prône l'ouverture vers l'autre, la liberté et la conscience de soi et le plaisir sensuel désacralisé!

Ce livre est bien plus qu'un roman érotique (qu'il n'est qu'à peine finalement) puisqu'il aborde aussi la lutte des classes, le féminisme et les conséquences de l'ère de l'industrialisation. Mais ce qu'on en garde, c'est bien sûr l'amour entre Lady Chatterley et le garde-chasse de son mari et qui naît peu à peu après de premiers ébats sexuels dans la forêt. Volontairement, Lawrence laisse son héroïne initier la relation sexuelle, la voulant pleinement actrice de son corps, de sa liberté individuelle (voir la postface d'André Malraux).

L'écriture m'a légèrement déroutée, les répétitions volontaires et insistantes apportant une grande modernité à un récit d'une société encore très dix-neuvième siècle et j'ai adoré la liberté de ton des personnages.

Après ce roman, je regrette qu'il n'y ait pas plus d'érotisme finalement dans les autres grandes histoires d'amour de Stendhal ou les Soeurs Brönte par exemple, qui comme Lawrence mettent en avant la liberté féminine.!
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L'Amant de Lady Chatterley

C'est une amie qui deviendra ensuite mon épouse, il y quelques décennies, qui m'a fait découvrir D. H. Lawrence. Ce fut un véritable choc. C'est un des des écrivains qui m'ont fait comprendre que la littérature pouvait être le reflet de la vie et s'affilier à des concepts philosophiques. Très vite, je me suis identifié à ses personnages. Leurs valeurs et leurs quêtes existentielles sont souvent aussi les miennes.

Il est toujours surprenant qu'un auteur ne soit pas apprécié de son vécu et encensé des années après sa mort, comme ce fut le cas de Lawrence. Difficile d'être en avance sur son époque, de bousculer les codes de la société bourgeoise bien-pensante, la morale hypocrite. C'est surtout cet aspect de l'auteur qui m'intéresse.

Je ne prétends absolument avoir compris tous les aspects de son oeuvre. Je livre juste mon ressenti.

Mais il me semble que Lawrence, à travers ses livres et sa vie, n'a cessé de lutter contre l'hypocrisie sociale et morale de la société victorienne, pour essayer d'en dégager l'aspect naturel de l'Humain. (Dans un autre registre, John Fowles, fait à peu près la même chose avec « La maîtresse du lieutenant français », où son héros de l'époque victorienne se torture contre ses penchants naturels pour rester fidèle à la société qu'il représente).

Lawrence voulait que ce livre soit un peu son testament littéraire. Il l'a même modifié 2 fois pour définir au plus juste ses idées. « L'amant de lady chatterley » est un peu un condensé de toutes les idées développées dans ses autres écrits.

Constance découvre véritablement l'amour avec son garde-chasse. L''amour physique, bien sûr, que ne peut plus lui donner Clifford, son mari invalide, (lui a-t-il jamais donné?), rendu impotent par ses blessures de guerre. Mais avec Mellors, elle se découvrira comme être « naturel », dépourvu du carcan social et pouvant s'assumer comme telle. Réellement Être Humain, dans toutes ses dimensions. Mellors la révélera à elle-même, comme femme, mais aussi comme être pensant. Il ne s'agit donc pas seulement de bouleverser les idées reçues sur le plaisir féminin et la virilité, comme j'ai pu le lire ailleurs. Ce serait bien réducteur.

Par ailleurs, les multiples traductions nous rendent une écriture précise mais poétique, tout en étant fluide.

Comme je m'en aperçois en relisant ces lignes, je suis incapable de détacher une lecture importante, la découverte d'un auteur... du contexte et de l'environnement de sa lecture. J'en retire quelques chose de « plein », ayant du sens. Lawrence est pour moi, maintenant du passé, mais un passé qui ressurgit parfois, au décours d'un souvenir...

C'est, je crois, une grande leçon philosophique que nous offre Lawrence.
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L'Amant de Lady Chatterley

« Le sexe, c'est seulement un contact, le plus intime de tous les contacts. »



Il ne faut pas en avoir peur mais le partager. Ce roman est magnifique. Cet antagonisme entre deux mondes, deux pensées, est si bien rendu. La plume de D.H. Lawrence est somptueuse, pleine de nuances et de sensibilité.



Je me suis passionnée pour Olivier Mellors, un homme qui laisse s'exprimer sa part de féminité et adore les fesses de la femme qui donne vie. Lady Chatterley, Constance manque encore, selon moi, de maturité mais elle sait déjà d'instinct beaucoup de la femelle qui est en elle, malgré son jeune âge. Une ode au plaisir, à la tendresse, au don de soi dans l'acte d'amour, de tout son corps et de toute son âme dans la « conscience sexuelle », une « fonction vitale » naturelle.



« Tu es réelle, même un peu chienne » « et sans honte »



Mellors, cet homme qui déteste le devenir de ce monde, qui en a peur parce qu'il sait la déraison qui aveuglera les masses pour l'argent. Nulle recherche du plaisir à regarder l'éclosion d'une fleur, surtout celle que l'on n'oublie pas tressée dans les liens d'amour, mais une vaine quête d'un bien dont on pourrait se passer et qui nous tue, à petit feu. Pourquoi tant de désolation dans le devenir d'un monde qui aurait pu être beau, sans « l'impudence de caste », sans le progrès, sans les mines et la grisaille qui avilit les couleurs, même celle du soleil et de l'espoir. Quel avenir pour notre civilisation dans ces conditions ?



Retrouvons « le contact les uns avec les autres, avec un peu de délicatesse et un peu de tendresse. C'est notre plus grand besoin. »



Sur ces mots, Sir « John Thomas dit bonsoir à lady Jane, la tête un peu basse, mais le cœur plein d'espoir. »
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L'Amant de Lady Chatterley

Tout ce serait-il joué en un instant ?

Lord Clifford Chatterley avait jugé froidement la situation. Il avait épousé Constance, une jeune et belle écossaise à l'esprit indépendant. Un mariage arrangé entre gens de la bonne société. Mais il était revenu des champs de bataille de la Grande Guerre invalide. Alors il s'en était ouvert à son épouse, ici dans les bois de son domaine : si elle voulait se choisir un amant afin de porter un enfant, il y consentait. C'est à cet instant que le troisième protagoniste de cette histoire fait son apparition : Oliver Mellors, le garde-chasse. Vivant symbole de 'homme des bois frustre, libre.

Ou est-ce le fruit de lente déliquescence ?

Constance refuse de se laisse glisser. Sa vie peut s'envisager vide de toute perspective. En bonne épouse, elle soutient son mari s'épanouit cyniquement dans une vie de romancier plus populaire que vraiment talentueux.

Wargby, leur résidence, appartient à cette morne campagne anglaise marquée du sceau noir de l'industrie minière. La pluie tâchant les sols comme les cœurs. En quittant sa carrière littéraire pour prendre en main ses affaires, Lord Chatterley parachève le rejet de Connie...

Reste l'espace préservé des bois – terres frondeuses car siège des exploits de Robin Hood – et l'homme qui s'y est volontairement retiré. L'amant, l'homme sauvage, si éloigné des conventions de la société anglo-saxonne que leurs premiers échanges amoureux sont simplement, mécaniquement sexuels. Et l'épanouissement de cet amour aura toujours pour ressort principal l'acte, décrit dans des termes les plus explicites. Tout comme leurs échanges : Oliver appréhende les femmes de sa vie sur le plan du sexe et Connie essaye à mots couverts d'évoquer l'amour, tout en ne retenant que les propos les plus licencieux...



" L'Amant... " est une réflexion sur une transformation. On retient principalement le parcours d'une femme qui s'affranchie des conventions sociales pour vivre son amour – son plaisir ? - Mais c'est aussi une britannique analyse du passage de la société traditionnellement rurale à l'ère industrielle et ses conséquences sur les hommes. Sur ce fossé qui se creuse entre gens de peine – de peu – et la Bonne Société où les gentlemen-farmer se font capitaines d'industrie.

Ce fossé, qui rends l'histoire d'amour entre la Lady et le domestique plus inconcevable. A fortiori car le ressort est non une forme de romantisme romanesque mais le sexe. Qui continue à donner à l’œuvre sont petit " parfum de scandale "...

Pour ma part je retiendrai l'évolution de Lord Chatterley : capable de toute les concessions pour conserver la présence – la considération ? l'amour ? - de son épouse. Il devient un monument de cynisme et de dégoût : préoccupé de la réussite de ses entreprises minières et tyrannisant avec veulerie sa garde-malade par dépit.



" L'Amant... " est une œuvre dérangeant. Son style est incomparable. Il offre des perspectives de réflexion. Il use les mots les plus crus. Il évoque des bouleversements sur le plan humain pour chaque personnage en particulier et pour l'ensemble de la société britannique. Ces changements semblant paradoxalement inextricablement liés.

L'amour triomphe-t-il de l'adversité ? La question reste posée...

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L'Amant de Lady Chatterley

Incontestablement le roman le plus connu de l'auteur, à cause du scandale, et d'une réputation sulfureuse. Un grand malentendu je crois. Lawrence fait la description et le procès d'une société, celle de son époque, en pleine mutation. Et c'est cela qui est réellement intéressant dans ce livre. Lord Chatterley, représentant d'une classe sur le déclin, une espèce en voie de disparition, ce qui ne l'empêche pas de mépriser tout ce qui n'appartient pas à la même caste que lui. Les méfaits de l'industrialisation, ce qui fait ressembler l'homme de plus en plus à une machine. La destruction de la nature. La violence des rapports sociaux. Les milieux littéraires, artistiques décrits au vitriol. Tout cela dans un très beau style.



Reste ce qui fait la renommée du livre, la passion charnelle de Constance avec le garde chasse de son mari, Mallors. C'est là qu'on voit à quel point le temps passe vite : difficile d'imaginer que le livre ait pu être objet d'un procès à ce sujet en ...1960. Je ne crois pas que cela choque grand monde de nos jours. Et je trouve que si le livre a vieilli c'est dans ces pages de passion. Déjà, je trouve globalement les personnages masculins infiniment plus intéressants, consistants, que Constance, et tout ce qui touche la sensualité féminine trahit très fortement un point de vue masculin. Mais le livre est vraiment intéressant par d'autres aspects, ce qui donne envie de mieux connaître d'autres facettes de l'oeuvre.
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L'Amant de Lady Chatterley

C’est un retour à la nature (restituée avec maestria par le film de Pascale Ferran) dans laquelle vit Mellors, que nous propose Lawrence de toute urgence. La sexualité est l’élément essentiel de la vie (de la vraie) selon le romancier. La froideur est liée à son absence, notamment chez Clifford et c’est la civilisation qui, par sa froideur a tué la sexualité non seulement chez l’aristocratie, mais un peu partout. La guerre a grandement façonné une civilisation en ruines.

Il reste heureusement la sensibilité qui donne accès à la vie menée par Constance et Olivier et les caractérise peut-être plus encore que la nature et la sexualité.

Un très beau livre pour moi.

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L'Amant de Lady Chatterley

Une sensualité forte et et douce, tout près de la nature, dans la volupté des sens et de la chair, une fête sauvage et le comble de la civilisation finalement. Quand l'amour rencontre le désir et le plaisir, c'est un miracle. Et une écriture somptueuse. Il ya du sexe? Ah oui. On dirait cela aujourd'hui.Il y en a, et c'est ce qui a effrayé et déchaîné la censure.. Mais il y a tellement plus que cela, ou plutôt au-delà..
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Le Renard

Le Renard est un court roman, 137 pages exactement, de l'auteur anglais D.H. Lawrence.

L'histoire est celle de deux femmes d'origine citadine, qui se sont retirées quelque part dans la campagne anglaise pour exploiter une petite ferme, avec des poules, des canards et quelques vaches. L'auteur ne les décrit quasiment que sous leurs noms patronymiques, tel que le voisinage d'ailleurs les connaît : March et Banford. Nous sommes à l'automne 1918, hélas pour ces deux jeunes femmes, le grand rêve agricole s'étiole, la ferme vivote, l'affaire n'est pas très rentable, elles ont dû se séparer des quelques génisses qu'elles possédaient pour se consacrer uniquement à élever la volaille.

Et puis, il y a ce renard qui rôde, qui se fait de plus en plus menaçant, les nargue à la lisière du bois, dépèce désormais chaque jour une poule de la basse-cour...

Elles sont découragées.

On ne sait rien du projet qui les a amenées là, on ne sait rien vraiment de leurs relations, ce qu'il y avait avant qu'elles ne viennent ici, ce n'est pas important. On les sent unies par un amour qui les protègerait et en même temps elles sont comme sur un fil tendu où il ne suffirait pas grand-chose pour que le paysage se fissure. Elles ont besoin l'une de l'autre, c'est cela qui les tient sans doute...

Et puis un jour, Henry Grenfel, un jeune soldat de retour de la guerre débarque... Il pensait retrouver son grand-père qui était l'ancien propriétaire de la ferme, mais le vieil homme est mort depuis...

Le jeune homme est harassé et un peu dépité. Comme il est plein de douceur, les deux jeunes femmes proposent de lui offrir l'hospitalité pour quelques jours...

Voilà, le décor est planté ! À partir de cet instant, un jeu ténu va se jouer, sournois, indicible, entre les trois personnages dans une tension palpable, grandissante à chaque instant, c'est presque comme une lutte, où le désir s'insinue, tandis que le renard rôde à la lisière du texte.

L'histoire est construite sous la forme d'un vrai huis-clos.

J'ai été subjugué par la densité de sentiments et d'émotions condensés en si peu de pages, sentiments et émotions qui ne sont jamais dits à ciel ouvert, tout est sous-jacent, tu, enfoui, caché par des pulsions qui sommeillent et s'éveillent comme des braises...

C'est incroyablement sensuel, presque animal par moments. Troublant, cruel aussi.

Le désir, la jalousie, la domination, s'invitent comme une farandole dans cette narration puissante, thèmes sans doute chers à l'auteur et que j'avais déjà aperçus dans L'Amant de Lady Chatterley.

Il y a quelque chose d'animal qui rôde parmi les pages et l'auteur joue subtilement avec ce quatrième personnage qu'est le renard et qui fera basculer le récit vers l'envers du décor...

C'est bref, c'est dense, c'est percutant, c'est juste un chef d'oeuvre.
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L'homme qui était mort

« L'homme qui était mort » est en fait un hymne à la vie, à l'amour. Jésus se  « réveille » de son tombeau, et commence à redécouvrir le monde qui l'entoure. Réfléchissant sur le sens de sa vie passée et les actes commis. Il croît s'être fourvoyé, avoir raté sa vie, celle d'avant sa mise à mort. C'est au cours de cette errance qu'il va rencontrer la prêtresse d'Isis qui va voir en lui le retour d'Osiris. Jusqu'à leur union charnelle, sous l’œil approbateur de la déesse Isis. L' « homme qui était mort » va renaître à la vie.

Dans ce conte philosophique, Lawrence dans une vision panthéiste, unit, dans un élan d'une rare spiritualité, la bible et la mythologie antique dans un seul « Tout ». Comme s'il n'y avait, au fond, qu'une seule vérité, qu'une seule façon d'appréhender le monde dans sa totalité. Je suis assez d'accord avec cette pensée. Lawrence, en génie visionnaire, va au-delà des dogmes et de la bien-pensance. La plénitude de l'Homme ne peut naître que de cette unité.

Ce texte est d'une rare poésie, d'une beauté enveloppante, qui nous raccorde à l'essentiel, où la description de la nature, du soleil couchant nous élève et nous prépare à l'acte d'amour. Lawrence sait aussi nous faire entrevoir le Divin, le Spirituel dans la description des actes quotidiens, ceux du paysan qui l'accueillera à sa sortie du tombeau, entre autre.

Drieu la Rochelle, dans sa magnifique préface parlera du « resserrement entre le spirituel et le corporel ». Il a raison.
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Le serpent à plumes

Dans « Le Serpent à plumes », Lawrence poursuit sa quête vers le retour aux croyances primitives, seule possibilité pour l'occidental, d'échapper au déclin spirituel. Je ne me souviens plus du tout de l'intrigue. Seulement la croyance en Quetzalcoatl - le Dieu Serpent - par l'un des personnages, et la volonté de s'éloigner du monde occidental. Ce voyage au Mexique (où il est lui-même allé) est pour Lawrence l'occasion d'éprouver, une fois de plus, le retour aux forces de la nature, dont s’est éloigné l'occidental, abîmé dans la société industrielle européenne. Je me souviens avoir été entraîné, comme ses personnages, vers ce retour aux sources. Magistralement écrit, je ne me suis pas ennuyé une seconde.
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L'Amant de Lady Chatterley

L’histoire est connue : Dans l’Angleterre du début du 20ème siècle, où les femmes commencent à s’approprier leurs pensées et leurs corps, Constance épouse un aristocrate et devient Lady Chatterley. Hélas, Clifford part à la guerre, et en revient en fauteuil roulant. La vie sexuelle du couple est réduite à néant. Constance doit constamment aider et soutenir son mari au détriment de sa vie de femme, et Clifford ne lui donne pas une once de tendresse en échange de ce qu’il considère comme normal.





Constance étouffe dans cette vie, et sa santé en pâtit. Et lorsqu’enfin une infirmière la seconde pour qu’elle se rétablisse, sa famille l’incite à se divertir avec un amant. Dans le même temps, son mari voudrait bien un héritier et lui propose de trouver discrètement un gentleman pour avoir une aventure sans lendemain avec lui et lui donner un enfant. A condition que cela ne change rien à leur mariage…





Constance s’interroge alors sur ses droits et devoirs en tant que femme, sur l'importance qu'elle doit accorder à ses aspirations et à celles de son corps, sans trouver de réponse sur ce qu’elle doit faire d’elle-même. Elle rencontre alors Mellor, le garde-chasse encore marié mais séparé de sa femme, et des réponses se profilent sur ce qu’elle désire vraiment, ce que veut son corps mais aussi son esprit ; Ce qu'elle veut tout entière puisqu'avec lui, son corps et son esprit sont enfin réunis. Et finalement, n'est-ce pas simplement cela, l'amour ? De simple aventure dans les bois, cette relation devient rapidement fusionnelle et pourrait bien changer leurs vies. Mais le divorce n’est pas encore monnaie courante à l’époque, et le respect des convenances est la seule certitude à laquelle veut s’accrocher une population dont les mœurs évoluent. Constance et Mellor vont-ils sacrifier leurs sentiments aux convenances, ou bien le scandale éclatera-t-il ? Et s’il éclate, sera-ce pour le meilleur… ou pour le pire ?





*****



Si ce classique a une réputation sulfureuse et raconte effectivement une histoire d’amour, il est avant tout le formidable portrait de l’Angleterre de la révolution industrielle, d’une société en plein bouleversement technologique et en pleine évolution des mœurs à laquelle la population tente de s’adapter : Quelle place reste-t-il pour l’aristocratie dans cette société ? Quel y sera le rôle de la femme ? Des classes sociales ? D.H. LAUWRENCE nous y livre toute une série de réflexions intéressantes sur le contexte socio-politique de l’époque, et c’est ce qui rend ce livre passionnant et en a fait un chef d’œuvre : Car il mêle intimement l’individu avec son époque et montre comment les deux évoluent l’un avec l’autre.





Ainsi, le sexe est très présent dans les réflexions échangées entre les protagonistes, parce qu’il correspond aux bouleversements subis par la société à cette époque. Cependant, contrairement à ce que suggère sa réputation, les scènes d’amour nous sont épargnées, simplement suggérées après quelques gestes tendres. Je n’ai pas vu le film mais d’après ce que j’en ai entendu, il est peut-être plus érotique que le livre lui-même ?





Quant à la plume, elle est belle et facile à lire, ce qui fait de ce classique une œuvre très abordable. Vous n’avez donc plus d’excuse pour ne pas le découvrir. J’ajoute que dans l’édition que je vous présente en photo, vous pourrez lire la préface de D.H. LAUWRENCE qui explique et défend son œuvre contre les jugements et censures qu’elle a subi :



« L’esprit garde, au fond de lui, une antique peur du corps et de la puissance du corps. Et c’est l’esprit qu’il convient de libérer, de civiliser sur ce point. La terreur que le corps inspire à l’esprit a rendu fou d’innombrables hommes. »



« L’obscénité n’apparaît que si l’esprit méprise et craint le corps, si le corps hait l’esprit et lui résiste. »



« La vie n’est acceptable que si l’esprit et le corps vivent en bonne intelligence, s’il y a un naturel équilibre entre eux, et s’ils éprouvent un respect naturel l’un pour l’autre. »





L'avantage des classique est que, bien souvent, les questions qu'ils posent restent en partie d'actualité longtemps après, car ils abritent une part d'universalité. Ici, que ce soit l'histoire ou les questions posées, il y a encore aujourd'hui matière à réfléchir avec l'auteur...


Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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La fille perdue

Avec ce roman, on est encore entre deux mondes, deux époques avant-guerre représentées par Alvina, jeune femme anglaise cherchant à s'émanciper de la vie qui l'attend.

Sa vie commence vraiment lorsque, fiancée à un Australien qui l'attend dans son pays, elle prend la décision de rester en Angleterre. 10 ans passeront avant qu'elle ne rencontre l'amour à nouveau, devenant entre temps orpheline et héritière de dettes qui la mettent sur le carreau, déclassée et sans regret de l'être. Car Alvina veut vivre comme elle l'entend, ou plutôt, si elle veut vivre sa vie, elle n'a pas vraiment le choix. Face à tous les redresseurs de torts qui l'entourent, Alvina rit, et c'est ce que j'ai aimé dans son caractère, cette capacité à rire et à s'émerveiller alors qu'elle a peur, qu'elle ne sait pas ce qu'elle va devenir.

Elle s'attachera ainsi à une petite troupe de théâtre formée de Français, Suisses et Italien qu'elle suivra malgré les réprobations de ceux de sa classe.

C'est un beau portrait de femme que D.H Lawrence nous offre, en lutte contre un monde passéiste et prête pour le nouveau. Pourtant, à quel point est-elle vraiment libre d'agir?

J'ai aimé le ton faussement léger et un brin ironique de l'auteur qui évite de tomber dans la tragédie, et j'ai pensé à Lamiel, de Stendhal, qui elle aussi lutte pour sa liberté.

Quelques longueurs malgré tout, mais un roman très plaisant à lire et qui illustre bien l'Europe d'avant-guerre.
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Le Renard

Etrange récit assez envoûtant que ce "Renard" qui désigne à la fois le goupil voleur de poules et le jeune Henry, ambitieux prétendant aux dents longues, familier de la ruse et des artifices pour parvenir à ses fins.



March et Banford sont deux femmes anglaises qui s'installent dans une ferme à l'issue de la Première Guerre mondiale. On ne connaît pas l'histoire particulière de ces deux amies qui, à trente ans passés, sans mari, sans enfants, décident d'élever poules et canards. Inexpérimentées, peut-être un peu utopistes, elles vivotent plus qu'elles ne vivent de leur activité agricole. Un beau jour, arrive un jeune homme en uniforme canadien, il est le petit-fils de l'ancien propriétaire de la ferme. Rapidement, il conçoit le dessein de séduire March, cette forte femme aux allures viriles qui fend le bois, dresse des palissades, nourrit la volaille et porte pantalon et bandes molletières. Un plan à deux inconciliable avec le trio que forment deux femmes et un homme.



Lawrence plante le décor en quelques pages et donne une atmosphère à la fois poétique par le spectacle de la nature et oppressante par la mise en place de ce huis-clos paysan qui enferme une poignée de personnages dans un drame latent jusqu'au dénouement.



Le récit semble tout d'abord inoffensif avant que l'atmosphère et les relations entre protagonistes se tendent et s'intensifient. On ne peut pas parler de suspens mais réellement de tension. J'ai apprécié cette narration bien qu'à mon sens, Lawrence, sous l'apparence de mettre en scène de manière moderne des femmes indépendantes, nuise finalement à ses héroïnes dont il prépare l'asservissement à l'homme par leur incapacité à échapper aux calculs et à la ruse de l'homme-renard.



"Le Renard" n'est pas un roman d'amour, c'est un roman de domination, celle du mâle sur les femelles. L'histoire de l'Humanité ?





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L'Amant de Lady Chatterley

Si vous souhaitez lire un roman érotique, passez votre chemin !

Au regard de l’évolution de la société depuis sa sortie, les quelques scènes de sexe apparaissent bien raisonnables. Non vraiment l’intérêt de ce roman réside dans autre chose !

D’abord un très beau personnage : les interrogations, le mal être mais aussi la spontanéité, la liberté et la droiture de cette jeune Lady Chatterley sont fort bien décrits et c’est une héroïne que j’ai trouvée très attachante. Issue de la haute bourgeoisie, mariée jeune avec un noble qui reviendra infirme et impuissant de la guerre de 14-18, elle s’ennuie à mourir dans le domaine de son mari situé dans les Midlands à proximité des mines de charbon.

La galerie de personnages qui gravitent autour d’elle est aussi très réussie : le mari Clifford qui incarne le conformisme et l’absence de scrupules des classes supérieures, la sœur, l’infirmière, le père etc

Je serai plus réservée sur le personnage du garde-chasse Mellors, un homme curieux, du moins à mon sens, qui rejette les autres, revendique sa virilité en étendard et semble toujours insatisfait. Je ne l’ai pas trouvé très attachant.

C’est aussi une belle réflexion sur ce qui fait un couple. L’amour charnel en est le ciment et pour un classique c’est étonnant et plutôt amusant d’avoir des descriptions plutôt précises et non édulcorées de leurs rencontres. L’histoire d’amour en devient d’autant plus convaincante.

C’est également une réflexion sur la société anglaise évoluant dans un environnement industriel, s’éloignant des valeurs fondamentales et de la nature et de et de plus en plus obsédée par l’argent. Sur ce point, le roman a des accents prémonitoires : destruction du milieu naturel, société de consommation qui arrivera ensuite…..tout était en germe dans ce livre.

Je ne mets pas toutes les étoiles car j’y ai trouvé des longueurs mais cela reste un roman plutôt passionnant, atypique, avec un très beau personnage féminin et plein de de pistes de réflexion. Intemporel finalement !

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L'Amant de Lady Chatterley

Constance, Lady Chatterley, meurt d ennui à petit feu auprès de son mari Clifford revenu handicapé de la guerre. Incapable de la satisfaire physiquement et de lui donner un enfant. Constance va s éveiller à la sensualité auprès du garde chasse de son mari.

Roman très sensuel, un peu cru, souvent poétique qui met en balance deux visages de l Angleterre.

Roman que j ai trouvé long à démarrer. Peut être que j avais trop d attentes.
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