Dan O’Brien sait trouver les mots pour parler nature, écologie, développement durable, agriculture… En tout cas, j’avais l’impression qu’il me parlait directement.
Le surpâturage n’est jamais bon. Très tôt, mon père avait créé des parcelles pour les vaches de mon grand-père et ensuite pour nos chevaux. Papy faisait déjà des tournantes dans ses semis.
L’auteur, dans son roman autobiographique, met le doigt sur un autre problème que le surpâturage dans les Grandes Plaines des États-Unis : la présence des vaches, animal qui ne s’y trouvait pas avant et qui n’a rien à y faire, surtout dans des prairies clôturées, où elles gaspillent l’herbe (les animaux gaspillent souvent quand il y a trop à manger) et détruisent les biotopes qui s’y trouvaient avant, du temps où les bisons marchaient sur les plaines, avant l’arrivée des génocidaires Blancs.
Bien que les Amérindiens pensaient que les bisons seraient éternels, jamais ils n’ont réussi à mettre l’animal en voie de disparition. Bien que parfois, ils les tuaient uniquement pour les langues (donnant la mauvaise idée aux Blancs), jamais les bisons ne se retrouvèrent aussi peu sur le territoire.
Puisque les vaches ne sont pas adaptées au climat rude des grandes plaines, puisqu’elle n’a rien à y foutre, puisque l’agriculture se casse la gueule et que plus personne ne sait rembourser ses emprunts, notre auteur a eu l’idée de revenir à la grosse bêbête noble qui passaient sur ces terres : les bisons (à ne pas confondre avec Le Bison qui arpente les terres du site Babelio et que je salue).
Oui, j’ai apprécié la plume de Dan O’Brien, cela faisait longtemps que je souhaitais lire ce roman de nature writing et j’ai mis du temps à le trouver. Il n’a même pas eu le temps de dire ouf qu’il était dévoré.
Attention, ne cherchez pas un récit trépident ou bourré de suspense, bien qu’il soit angoissant pour un éleveur de savoir s’il réussira, ou pas, à rembourser la banque, si ses bêtes vivront, s’il arrivera à manger à sa faim… Ok, suspense présent !
Dans ces pages, vous trouverez surtout le récit d’une conversion, des récits de nature, d’élevage (bovins ou de bisons), de montage de clôture, ainsi que d’un morceau de l’Histoire des États-Unis, des Amérindiens et d’un homme qui aimerait que la nature retrouve son état d’avant, celui d’avant qu’on ne foute tout en l’air.
O’Brien est un conteur qui m’a envouté, comme je vous le disais, j’avais l’impression qu’il me parlait personnellement.
Son récit a trouvé des échos en moi, du temps où j’étais gamine et que je suivais mon grand-père partout, dans sa ferme. Certes, je ne suis pas passionnée d’élevage bovin (pas du tout, même), mais maintenant, j’aurais bien envie de goûter du bison, élevé par l’auteur, et tué à la carabine, dans sa prairie, sans le stress des abattoirs et l’engraissement dans des paddocks où les bisons sont malheureux.
C’est un roman de nature writing, mais pas que… c’est aussi une charge sur le capitalisme effréné qui nous pousse à moult conneries, à bien des hypocrisies, à bien des horreurs sur les animaux, la nature et les hommes.
C’est aussi une ode à la nature, à une vie plus saine, une vie faite de petites choses, du travail acharné, du respect des autres êtres vivants et une ode à la liberté. Le but ne doit pas être la course aux rendements, mais au bien-être personnel (celui qui n’est pas monnayable).
Un excellent roman, même si vous y connaissez que pouic à l’élevage de vaches ou de bisons, car la Nature, ça devrait parler à la majorité d’entre nous… Non ?
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