Ce n’est pas Halloween, non, mais ça tombe bien ; cette bande-dessinée sortie tout droit de l’imagination de Davy Mourier se lit à toute période et à toute heure, seul ou accompagné ! Premier opus d’une série, La Petite Mort se laisse lire en une heure, même pas, et pour cause ! Courte et simple, dépeignant le quotidien d’une faucheuse, ou plutôt dans ce cas-ci, d’une famille de faucheuses. Un monde comme vous ne l’aviez jamais pensé !
Aux prémisses de l’histoire en elle-même, quelques mots sur l’objet-livre et la bande-dessinée : entre les planches en noir et blanc dédiées à l’existence des faucheuses, on trouve quelques anomalies glissées ici et là qui servent d’interludes, ce sont les planches de fausses publicités calquées sur de vraies marques, altérées pour l’occasion. Et des planches en couleur pour quelques épisodes des faucheuses, parce que la Mort n’est pas qu’un long manteau noir et froid. Intéressant à noter également, et c’est ce qui permet de renouveler l’intérêt régulièrement, c’est l’usage de différents procédés pour obtenir une bande-dessinée qui n’est pas uniforme dans son visuel. Collages d’images réelles, dessins gribouillés à la main ou assistés par ordinateur, de quoi s’émerveiller à chaque page !
Toutes ces variations sont les bienvenues, parce qu’elles permettent de ne pas s’encrer dans une seule ambiance ; entre les techniques visuelles et l’humour noir, cynique, le lecteur regarde avec intérêt et se laisse plus facilement happer dans les épisodes trépidants d’une existence en tant que faucheuse. D’ailleurs, l’humour utilisé ne manquera pas de faire grogner, voire d’offusquer, certains lecteurs, tandis que d’autres s’en gausseront volontiers. Oui, c’est sombre et glauque, oui, les situations dépeintes n’ont rien d’amusant dans un contexte réel, mais ici, cet humour apaise tout en nous aidant à comprendre la gravité des faits.
On découvre avec Petite Mort, le plus jeune membre de la famille, le métier de faucheuse. Pas de bol, parce que ce jeune-là ne veut pas faire ce métier, lui qui préfère se voir fleuriste. C’est donc avec lui qu’on apprend le dur métier de faucher les vivants au bout de leur temps, parfois avec un humour décapant, parfois en se demandant qu’est-ce qui se passe entre ces pages. Pas de scénario au sens propre, juste des tranches d’existence pour Petite Mort junior qui doit gérer son futur travail, et sa vie sociale avec des mortels… entraînant de longs moments de solitude et de doutes pour cette jeune pousse. Et, mine de rien, de la réflexion profonde lorsqu’on voit au-delà de l’humour grinçant.
Sujets tournés en dérision et références à la Pop culture dans presque toutes les pages, parfois même trop, qu’en reste-t-il de ce petit moment ? Il reste l’humanité qu’on ressent dans ces êtres d’os et de temps. Il reste le sérieux dans chaque sourire, les thèmes chers à nos cœurs de vivants, et chers aux cœurs des morts, malgré tout. L’acceptation de soi, la confiance en soi, l’amitié. Le regard des autres et les jugements biaisés, lancés par simples préjugés qui ne veulent rien dire, les maladies que l’on voudrait ne plus voir, si seulement on pouvait les contrôler. De la maturité entre ces lignes de noir et blanc, de quoi aborder des sujets forts avec humour, et, caché derrière, respect et attention, lorsqu’on se sent capable de ne pas prendre la chose au premier degré. À lire dans certaines conditions, donc.
Seul regret que j’y vois, à cette bande-dessinée bien sympathique et décalée ? Les interruptions régulières des épisodes « faucheuse » avec les fausses publicités, certes marrantes, mais qui ne m’ont pas plus intéressé que ça, je les ai même trouvés lourdes sur la fin. Un petit goût d’inutile, et en même temps, pas si dérangeant que ça. Juste… pas aussi savoureux que le reste. Alors, La Petite Mort Tome 1 ? Je suivrais la suite qu’a prévu Davy Mourier avec plaisir, j’ai d’ailleurs les autres opus qui m’attendent dans ma bibliothèque ! Petite Mort junior pourra-t-il imposer son choix de devenir fleuriste ?
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