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Citations de Edgar Hilsenrath (400)


"Elle avait souvent souhaité dormir seule quelque part, croyant comme beaucoup de monde qu'ici-bas le droit à la tranquillité était le privilège des gens heureux. Mais lorsqu'elle avait enfin été seule, la solitude s'était abattue sur elle comme une chape de plomb. L'homme n'est jamais content [...]."
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"quand j'ai vu le Führer pour la première fois, ça m'a fait un choc, parce que je croyais voir Slavitzki, mais je me suis tout de suite dit : Non ! ça ne peut pas être Slavitzki. Slavitzki, il a une grosse bite et il est carnivore, tandis que ce type-là, il a une petite bite et il est végétarien. Et Slavitzki, il a des yeux d'ivrogne et un regard vide, tandis que ce type-là, il a les yeux d'un prophète."
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LE MEURTRIER ET SON AVOCAT

— COMBIEN EN AVEZ-VOUS TUÉ ? demanda l’avocat.
— Une douzaine, exactement, dit le meurtrier.
— Pourquoi juste douze ?
— Pour ne pas me tromper dans mes calculs.

— Vous serez naturellement acquitté, dit l’avocat, parce qu’on peut prouver que vous n’êtes qu’une victime de la société. Vous êtes d’ailleurs un cas classique.
— Qu’est-ce qu’un cas classique ?
— Ce que vous êtes, dit l’avocat. Votre père buvait et votre mère faisait le trottoir. Enfant, vous étiez régulièrement battu. À l’âge de cinq ans, vous avez été violé par un policier. Adolescent, vous voliez des voitures. Vous n’avez pas achevé l’école. Vous n’avez pas appris de véritable métier et plus tard, vous étiez la plupart du temps au chômage.
— C’est vrai, dit l’assassin.
— Dans notre nouvel État, vous ne pouvez pas être condamné.
— Parce que je suis une victime de la société ? Et que mon cas est par ailleurs classique ?

— Oui, dit l’avocat.
— Le tribunal va condamner la société à ma place ?
— Bien sûr.
— C’est vrai ?
— Bien sûr que c’est vrai.

— Mais j’ai assassiné ces femmes uniquement par ennui, dit le meurtrier.
— Cela ne fait rien.
— La société sera quand même condamnée ?
— Oui, dit l’avocat.

— Comment condamne-t-on la société, et comment le jugement est-il exécuté ?
— En changeant la société, dit l’avocat.
— On peut la changer ?
— C’est ce qu’on veut justement essayer de faire.

— Qui détient le pouvoir ici ?
— Les sociologues et les psychologues.
— Quel genre de gouvernement est-ce ?
— Un gouvernement humain.
— Va-t-il rester au pouvoir ?
— Pas longtemps, dit l’avocat.

— Alors il faut que mon procès ait lieu sans tarder, dit le meurtrier. Avant que ce gouvernement humain ne soit renversé.
— Je vais faire mon possible, dit l’avocat.
— Qui veut renverser le nouveau gouvernement ?
— La réaction.
— Ils sont nombreux ?
— Oui, dit l’avocat.

— Si mon procès a lieu assez vite, et si je suis libéré à temps, je pourrai tuer encore quelques femmes avant que le gouvernement humain ne soit renversé ?
— Vous le pourrez.
— Alors mon procès ne doit pas être retardé !
— Je vais faire mon possible, dit l’avocat.

(p. 99-100)
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À L’ÉPOQUE, ON POUVAIT ENCORE CROIRE À QUELQUE CHOSE

— RÉVEILLE-TOI, PETIT ! Réveille-toi !
— Qu’est-ce qu’il y a, père ?
— Ne baisse pas la tête.
— J’essaie de la tenir droite.
— Tu ne peux pas ouvrir les yeux comme il faut ?
— Non.
— Tu as le regard vitreux. Est-ce qu’on t’aurait donné des yeux de verre à la naissance ?
— Je ne sais pas.
— Et cette posture avachie !
— Oui, père.
— Qu’est-ce que tu as, mon garçon ?
— Je n’en peux plus, père.
— Ça vient de cette saloperie de drogue !
— C’est possible, père.
— Réveille-toi, petit ! Réveille-toi !
— Je préfère ne pas me réveiller, père.
— Tu es fatigué ?
— Pas vraiment.
— Alors quoi ?
— C’est juste que je ne veux pas me réveiller.

— Tu as des problèmes, mon garçon ?
— Non. Mais je ne sais pas où je vais.
— Ça, c’est un problème.
— Pourquoi est-ce que je vis, père ?
— Quelle question, mon garçon ! Tu offenses Dieu.
— Je ne le sais pas, père.
— Tu ne crois en rien, mon garçon. Voilà ton problème.
— Que veux-tu dire, père ?
— Vous autres, les jeunes, vous êtes incapables de croire à quoi que ce soit.
— C’est possible, père.
— Il faut croire à quelque chose, mon garçon.
— Oui, père.
— Tu veux croire à quelque chose ?
— Non, père.

— Quand j’avais ton âge, mon garçon, c’était différent.
— Comment cela, père ?
— Nos yeux étaient radieux.
— J’en ai entendu parler, père.
— Nous étions emplis de foi.
— Oui, père.
— L’homme doit avoir foi en quelque chose.
— Oui, père.

— Nous avions foi dans le peuple et dans le pays. Et dans le Führer.
— Oui, père.
— Surtout le Führer, tu comprends ?
— Le Führer qui a construit les chambres à gaz ?
— Celui-là, mon garçon !
— Qui a exterminé des peuples entiers ?
— Oui.
— Et qui a causé la mort de millions d’Allemands ?
— Oui, mon garçon.

(p. 17-18)
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Le Troisième Reich était une SARL de gazage. Quand ses actions montèrent en flèche, les actionnaires entrèrent en extase. Hommes et femmes, jeunes et vieux s’étreignirent en une extraordinaire masturbation de masse comme il ne s’en était jamais produit. Ensuite, quand les actions chutèrent, ce fut autre chose. Les visages cessèrent de tressaillir, les bites devinrent flasques, les chattes séchèrent. Un beau jour, l’entreprise fit faillite. Les actionnaires encaissèrent le choc, s’effondrèrent mais se redressèrent vite, comme des culbutos, et achetèrent de nouvelles actions auprès des bureaucrates d’après-guerre à l’Est et à l’Ouest, de part et d’autre du grand Mur. Ils vont toujours bien.

(“Le Troisième et le Quatrième Reich", p. 84-85)
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Je crois que les nazis m'ont refusé le droit à l'existence parce que j'étais juif. En Amérique, le droit à l'existence m'a été refusé parce que je n'avais pas de succès.
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…les gouvernements de tous les pays de cette planète se foutent royalement de savoir si vous vous faites tous massacrer ou non. Le problème juif leur casse les pieds, à vrai dire, personne ne veut se mouiller.
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- Je suis écrivain. Les livres, c'est comme la coiffure. Il faut attirer l'attention des gens sur un livre à l'aide de la publicité. Peu importe s'il est mal écrit. Les gens se précipiteront dans les librairies pour le réclamer. Il y a des chefs-d’œuvre qui ne se vendent pas, simplement parce que l'éditeur n'en a pas fait la promotion.
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- Pauvre Allemagne ! Tu as refoulé trop de choses et tu as des problèmes de digestion. Le monde entier le sait. On est inquiet et on redoute tes flatulences. Rien d'étonnant. Et ta constipation laisse de nouveau sortir l'ancien esprit malfaisant, dans un emballage bien présentable, qui rampe en flairant une aube nouvelle.
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« Tu n’as pas vraiment dormi. Ces pensées ont surgi de ta somnolence. Ces derniers temps, ça t’arrive souvent. Tu ne sais plus distinguer entre les rêves et les pensées. Mais tu n’es pas encore cinglé, juste affamé. » (p. 48)
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- Maintenant tu ne pourrais plus rentrer dans la police, dit Sigi en secouant la tête, même si tu le voulais ; tu as l’air beaucoup trop faible.
- Oui je sais. Mais je n’ai pas changé d’avis. Même si j’étais plus costaud, je ne me présenterais pas à la police … Tout le monde n’est pas fait pour ça.
- Ça s’apprend vite.
- Non, dit Ranek, pas ça. Ranek eut un sourire imperceptible. J’ai déjà fait des coups tordus, tordus ou franchement moches, comme tu voudras ; j’en ai pas mal sur la conscience. Mais je n’ai jamais tué personne.
- Quand tu es flic, tu n’as pas besoin de tuer, dit Sigi. Tu emmènes les gens à la gare, c’est tout. Après, qu’on les fusille, ce n’est pas ton affaire.
- Ça revient au même, dit Ranek, c’est un meurtre ; tu le sais aussi bien que moi.
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« Ces Allemands sont un bien singulier peuple de haute culture, dit le consul. De loin en loin, la conscience de leurs poètes et de leurs penseurs semble se retrancher derrière les monocles de leurs généraux puis disparaître dans les bottes de leurs soldats. Là, elle est piétinée jusqu’à ce qu’il n’en reste rien.
- Pas d’aide à attendre d’eux.
- Pas d’aide, dit le consul.
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Ce qui avait survécu devait être fécond, afin que le diable vît que Dieu ne semait pas pour rien.
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« À l’époque où nous avions besoin de l’Amérique, les portes étaient fermées. Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin d’elle. » (p. 33)
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« Mon besoin de sexe est directement lié à ma puissance créatrice, à la foi en mon génie artistique. » (p. 99)
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Et soudain les gros sacs de lait de sa mère éclatèrent. Et ce furent des torrents de lait qui dévalèrent la montagne et se répandirent dans les vallées anatoliennes. Et les torrents devinrent des fleuves. Et les fleuves devinrent des mers. Le lait de sa mère coulait de par le monde à grands flots, seul le petit Wartan, couché sous la vigne, en demeurait privé. Et le petit Wartan hurlait, hurlait, avide du lait de sa mère qui coulait partout, sauf dans sa bouche.
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[...] toute Américaine a une idée précise de ce qu'un homme doit dépenser pour elle. Ça dépend de ce qu'elle croit valoir, de son estime de soi, de ses complexes, de son degré de haine des hommes, mais ça dépend aussi du rôle de la femme dans ce pays, de son éducation qui la prépare à devenir un objet sexuel, si précieux dans une société conformiste.
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Au schtetl personne n’est vraiment jeune, dit l’oncle Jossel. Et il n’y a pas de vrais enfants
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C'est vrai que j'avais l'air d'un Juif.(...)Je devais donc en rajouter, tuer mieux que les autres. Pour leur montrer que je n'en étais pas un. Je veux dire, un Juif. Tu piges? (...) Mias tu peux me croire, Itzig. Jen n'étais aps antisémite. Je ne l'ai jamais été. J'ai suivi le mouvement, c'est tout.
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Tu seras étonné d'apprendre, Itzig, que moi, Max Schulz, artiste capillaire, j'ai perdu la main. Faut dire, ça faisait un moment que je n'avais pas coupé de cheveux. Pendant longtemps, mon exercice a été de tirer au fusil, sur des cibles juives, comme on disait alors.
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