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Critiques de Eric Reinhardt (807)
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L'Amour et les Forêts

Quel ravissement de trouver dans un auteur contemporain une telle qualité d’écriture ! Ce perfectionnisme est troublant.

J’ai été enchantée de suivre les déboires de cette « Emma Bovary » d’aujourd’hui. La compassion n’a rien d’évident pour ce genre de personnage. Pourtant, c’est touchée que j’ai refermé cet ouvrage, et admirative devant le travail rigoureux et fastueux fourni par M. Reinhardt.

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L'Amour et les Forêts

le livre s'ouvre sur la rencontre entre un écrivain et Bénédicte, fervente lectrice du romancier. Peu à peu, une confession s'installe et l'on découvre l'univers de Bénédicte. Malmenée par un mari humiliant, pervers, Bénédicte tente de s'échapper en rencontrant un homme sur un site de rencontre. Cette courte histoire intense fera basculer la vie de Bénédicte qui devra subir les foudres de son mari qui ne cessera de la détruire à petit feu. Si parfois, elle aura eu quelques soubresauts pour sortir de cet enfer, finalement, elle restera confinée dans ce quotidien dont elle ne sortira jamais.

Portrait d'une femme blessée, humiliée qui peu à peu s'est enfermée dans un quotidien familial humiliant. Ce roman qui touche la maltraitance conjugale montre que les mots et les attitudes sont aussi destructrices que les coups. Au fil du roman, on découvre le quotidien de Bénédicte, l'enfer dans lequel elle a été captive. Puis on comprend plus tard, comment tout cela a pu se produire grâce aux aveux de sa soeur jumelle.

C'est un roman fort qui donne à réfléchir qui effraie et émeut, un roman qui témoigne de l'horreur de ces femmes qui se perdent sous la vilainie de leur conjoint. La fin est intense...

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L'Amour et les Forêts

Bénédicte Ombredanne écrit à un de ses auteurs favoris et tous deux décident de se rencontrer. Elle va lui faire confidence d'une partie de sa vie et notamment de son existence terne et sans saveur un instant contrebalancée par la rencontre avec un homme de passage, Christian, qui va lui faire connaitre en quelques heures tout ce qu'elle n'a jamais vécu jusque là. Ce roman d'E. Reinhard est très fort et puissant, il ne laisse pas indifférent, à tel point que je n'en conseillerais pas franchement la lecture à une personne temporairement déprimée. En effet si le personnage de Bénédicte est attachant, celui de son époux est carrément haïssable, c'est un être qui va casser sa femme jusqu'au bout, jusqu'au point de rupture fatal. Cette histoire nous pousse à réfléchir et à nous poser les bonnes questions sur notre existence. Parfois aussi il y a une telle sensibilité dans les pages d'E. Reinhardt qu'elles paraissent avoir été écrites par une femme... Au delà du 1er chapitre qui est difficile à lire tant les phrases sont longues et pleines d'abstraction à tel point que j'ai failli arrêter ma lecture, certains passages sont nettement plus joyeux, parfois pleins d'humour ou de sensualité franche. Je ressors de cette lecture vraiment touchée. C'est un livre fort et puissant, jusqu'à la tristesse parfois la plus sombre.
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Sarah, Susanne et l'écrivain

Imaginez-vous être dans le Palais des Glaces, votre image se reflète à l'infini, identique ou légèrement déformée selon l'angle de vue.



C'est à peu près l'impression que donne ce roman qui pratique la mise en abyme, l'effet poupées russes, bref, l'imbrication d'une histoire dans une histoire dans une histoire.



Compliqué ? Non, finalement, pas tant que cela. Eric Reinhardt rédige son roman, c'est celui d'une femme qui veut écrire son histoire mais ne sait pas bien s'y prendre. Elle contacte donc un écrivain. Qui n'a pas de nom. Jusque-là, c'est simple. Mais cette femme, Sarah, ne souhaite pas qu'on reconnaisse au détail près qu'il s'agit d'elle. Donc, simple encore, on va lui substituer une sorte de double, nommée Susanne.



Durant tout le livre donc, nous allons assister aux échanges écrivain-personnage réel mettant au point au point l'aventure vécue par le personnage inventé, Susanne.



Là où cela se complique c'est quand la plume de Reinhardt passe allègrement de Sarah à Susanne et inversement, mêlant les noms des deux maris (que j'ai oubliés, ce n'est pas essentiel) et des quatre enfants. Ah par contre, là, on simplifie ou on embrouille, comme chacun veut, car les enfants ont deux fois les mêmes prénoms, âges et caractère : Luigi, 17 ans, bienveillant à l'égard de sa mère ; Paloma, 22 ans, outrée du comportement de sa mère et coupant les ponts avec elle durant trois ans.



Ce qui est extraordinaire c'est qu'on ne s'y perd pas autant que ça et même qu'on finit par trouver très sympa de mélanger réalité et fiction. Parmi les deux femmes (la vraie, l'inventée) il y a une architecte qui abandonne son cabinet pour se livrer à la création d’œuvres posées dans son jardin et une femme qui écrit et devient dingue d'un tableau religieux qu'elle mettra des mois à se décider à acheter. Pour finir par le gratter jusqu'à la toile et...Non, là, il faut le lire pour le croire !



Reinhardt fait preuve d'un machiavélisme étrange, inventant des actes fous pour ses personnages et plongeant son lecteur dans une perpétuelle interrogation : bon sang, mais de quoi, de qui parle-t-il et qu'est-ce qu'il lui, prend d'inventer de telles situations ?



Jusqu'au moment où on s'en moque totalement, se laissant emporter par le rythme et la folie du roman.

Folie, c'est le mot, puisque nous voilà au centre psychiatrique de Dijon, la Chartreuse, dont j'aimerais bien découvrir le Puits de Moïse, si tant est qu'on puisse visiter le site sans être obligé d'y faire un séjour... !



La lecture de ce roman permet de réfléchir à ce qui fait la réussite et la longévité d'un couple. Comment ne pas se sentir floué, comment ne pas sur-réagir, comment tout de même être attentif aux détails matériels alors qu'il semble que l'amour est au-dessus de tout cela ? Comment ne pas donner à l'autre l'impression que tout est acquis, gagné, pour la vie ?

Le thème est vieux comme l'humanité mais l'auteur a choisi de l'aborder avec originalité.



«Coup de cœur des lecteurs » affiche le petit cœur scotché sur la couverture de l'exemplaire que je viens de lire. C'est vrai, j'ai bien aimé, moi aussi, malgré peut-être longueurs et digressions (notamment la vie de l'écrivain chargé de rédiger le roman de Sarah).
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Sarah, Susanne et l'écrivain

Après son divorce, Sarah écrit à un écrivain qu’elle admire pour lui proposer de raconter son histoire. C’est ainsi que naît Suzanne, le double narratif de Sarah. Un roman sur l’emprise amoureuse, la fascination artistique et la violence psychologique, qui joue à perdre le lecteur dans un jeu de miroir et de faux-semblants, mais qui, en multipliant les allers-retour, se met à ronronner, manque d’une étincelle de subversion et d’intensité et n’arrive jamais vraiment à émouvoir.
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Sarah, Susanne et l'écrivain

À force de fabriquer des mises en abîme, Eric Reinhardt est tombé dedans..

Sans spolier le roman, je me pose la question de la qualité des relectures des éditeurs : Par quel tour de passe-passe, à la toute fin du roman, le Jonathan de Suzanne devient le Joanna de l'écrivain??

Si c'est intentionnel, alors je n'y comprends plus rien et c'est décidément trop d'invraisemblances pour moi.
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L'Amour et les Forêts

J'ai refermé ce livre en me disant, enfin un écrivain contemporain qui sait écrire et offre une prose généreuse, magnifique, incandescente, parfois magique, souvent délectable qui attrape le lecteur dans ses rets pour l'entraîner irrémédiablement dans l'étude scrupuleuse des angoisses d'une héroïne prise dans l'engrenage d'un mariage ridicule, avec un "petit" homme, comptable de tout, voulant tout contrôler, à commencer par le quotidien de chaque instant de son épouse.



Pendant un jour, un seul jour de sa vie, elle va se rebeller et s'octroyer une totale liberté, source de bonheur intense, mais qu'elle va payer cher, extrêmement cher .... c'est le début de sa vertigineuse descente aux enfers. Pauvre libellule affolée, elle va se cogner aux fils de la toile que l'araignée Jean-François s'est acharnée à tisser autour d'elle.



A la suite de l'auteur, nous plongeons dans les méandres tortueux de la pensée de Bénédicte Ombredanne, jeune femme brillante, intelligente, délicieuse, mais trop effacée, trop soumise, qui accepte (mais pourquoi donc ?) de subir le harcèlement de son infect mari, personnage parfaitement odieux qui le devient de plus en plus au cours du roman. Une jeune femme qui s'est donné pour mission le bien-être de ses enfants et de son mari afin de transmettre à son entourage l'image idyllique de l'imposture véhiculée par la parfaite et impossible famille heureuse, "façon Ricoré".

Quant aux enfants, parlons-en ! une fille en pleine crise d'adolescence, qui prend un malin plaisir à emm.... sa mère et un fils, gamin capricieux ; la mère représentant l'autorité suprême auprès des deux enfants, c'est, bien entendu, elle qui subit la vindicte de ses rejetons !



Bénédicte Ombredanne, dont le nom est systématiquement donné en entier, tout au long du livre, comme pour montrer qu'elle existe, non pas en tant que "être humain Bénédicte", mais exclusivement en tant que "épouse Ombredanne", n'a pas su ou voulu s'extirper de l'emprise insidieuse qu'au cours des années son conjoint a étendu sur elle. Pourquoi ?

Sa soeur nous l'apprendra au cours de la confession éprouvante et hallucinée qu'elle livre à la fin de l'ouvrage, dans un récit fiévreux et haletant qui permet également au lecteur horrifié de découvrir la totale abjection du triste sire Jean-François Ombredanne.



Une plongée vertigineuse et terrifiante dans les affres de la psyché humaine !



à laquelle je ne mettrai qu'un seul bémol, mais celui-ci est de taille. En effet, la parution de cet ouvrage a fait l'objet d'une polémique. Une lectrice de l'auteur s'est reconnue dans le personnage principal. L'auteur prétend que Bénédicte Ombredanne lui a été inspirée par plusieurs femmes de sa connaissance, ce qui est fort possible, il n'y a donc rien à dire à cela. Mais plus grave : la dite lectrice reconnaît dans l'ouvrage des confidences faites à l'auteur ainsi que des passages entiers d'une confession qu'elle lui aurait écrite, concernant ses déboires !

Si cela est avéré, le comportement de Monsieur Reinhardt devient choquant et inadmissible !

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Le système Victoria

Un ingénieur français marié, fils d'un ouvrier polonais, est foudroyé en pleine rue par une directrice des ressources humaines d'un groupe international.

Une histoire d'infidélité apparemment banale, comme on peut en trouver dans les romans de gare. Toutefois, il vaut la peine de traverser les cent premières pages qui servent avant tout à définir le cadre du récit.

Cette longue introduction n'est pas désagréable, car l'écriture d'Eric Reinhardt est fluide, aérée et finalement très plaisante. Mais, pour être tout à fait honnête, la concision n'est pas le fort du natif de Nancy.

Cela dit, ce livre est émaillé par la tension entre la dureté du système capitaliste pour le 98% de ses serviteurs et les avantages incroyables qu'il offre aux 2% qui en profitent de manière illimitée. Et cette tension prend forme à travers une multitude de scènes de la vie de Kolski: son enfance, ses études, sa première vraie relation, sur le chantier qu'il dirige, dans un hôtel de luxe avec sa maîtresse...

Le premier tableau qui m'a ému dans ce livre de 522 pages se trouve p. 105. Il s'agit du portrait de la mère de David Kolski (le narrateur) vieillie prématurément par une vie où tout son potentiel a trop vite été éteint par son rôle d'épouse d'un pater familias devenu rapidement un tyran domestique pour elle-même et ses enfants.

Détail tout sauf anodin, on apprend quelques pages plus loin, que David avait déjà choisi son bord politique au cours de ses études: la gauche et rien d'autre. Et, malgré son rôle de directeur des travaux pour une grande entreprise de BTP et sa rencontre avec une ogresse néolibérale décomplexée, il reste fidèle à ses idées contre vents et marées. Émouvant et beau dans un contexte où tout le pousse à «devenir réaliste»…

Malgré certaines longueurs déjà évoquées, je n'ai pas pu m'empêcher de lire ce roman jusqu'au bout avec l'impression d'entrer dans l'intimité profonde d'un homme à la fois banal et extraordinaire. Et si, à travers la description des vices de la maîtresse néolibérale de David Kolski, Reinhardt voulait en réalité remettre en cause notre modèle économique débridé et broyeur d'idéaux ?

Je me réjouis de découvrir d'autres opus d'Eric Reinhardt.
Lien : https://fr.wikipedia.org/wik..
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L'Amour et les Forêts

Un livre fort duquel se dégage une attraction qui emballe le lecteur.



On ne peut qu'etre touché par le destin si noir de cette Bénédicte Ombredanne, femme battue et méprisée par son mari qui reve d'horizons meilleurs. le comportement de son mari choque, scandalise et nous restons accrochés au roman en espérant que le quotidien de cette femme bouleversante va s'améliorer, qu'elle va réussir à se libérer de l'emprise néfaste de cet homme, que la vie enfin va lui sourire. Oui, nous espérons, page après page, nous attendons, nous sommes captivés et nous lisons le livre jusqu'à la fin sans en perdre une miette.



Cet ouvrage a obtenu notament le "prix roman france télévisions 2014", Bravo à l'auteur, il ne l'a pas volé !
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L'Amour et les Forêts

Quel livre saisissant ! Quelle force dans les mots, dans la restitution de la souffrance de l’héroïne ! Quelle puissance d’évocation dans la violence des situations ! Avec quelle justesse l’auteur arrive-t-il à dépeindre la toxicité de la relation qui unit les protagonistes de cette histoire !

On sort de cette lecture estomaqué et chancelant, et ce d’autant que s’il s’agit en l’occurrence d’une fiction, on sait parfaitement que la violence faite aux femmes n’en est pas une. Or, Eric Reinhardt nous fait entrer de plain-pied dans l’univers confiné, étouffant et destructeur d’un foyer où se joue la domination et la mise à mort de l’un des membres du couple par l’autre.



Bénédicte Ombredanne, brillante et pétillante agrégée de lettres, grande amoureuse des livres, en particulier de ceux de Villiers de l’Isle-Adam auquel elle a consacré son mémoire de maîtrise, déçue par son existence, s’en est construit une fictive. Pour y vivre elle-même, mais surtout peut-être pour en offrir l’image au reste du monde. Ce qu’elle attendait de la vie et qui n’est pas advenu, elle en a fait une fiction, qu’elle s’échine à transformer en réalité pour les autres, y compris pour ses plus proches amis et sa famille. Une fiction qu’elle préfèrera poursuivre jusqu’à la mort, plutôt que d’y renoncer. Elle a fait de sa vie un roman. Son roman.

Mais elle en confie le soin de la rédaction à un écrivain dont l’œuvre l’a éblouie. Un écrivain qui va devoir se débrouiller avec cette matière fictionnelle si difficile à démêler et avec laquelle il a lui-même du mal à faire la part des choses.

Au point qu’on ne sait plus, en tant que lecteur, ce qui, dans ce que Bénédicte raconte à Eric et prétend avoir vécu, s’est réellement passé ou pas. Car on finit par s’apercevoir qu’elle choisit de raconter ou de taire certains épisodes et certains aspects de sa vie en fonction de son interlocuteur.



Le roman démarre ainsi, sur la rencontre entre cet écrivain qui a reçu une lettre particulièrement touchante et la lectrice qui en est l’auteur. On pense alors s’embarquer dans une autofiction, avec une identification entre le narrateur et l’auteur, qui portent le même nom.



Mais le roman emprunte très vite une autre voie, celle d’une forme romanesque plus classique ayant pour sujet le harcèlement conjugal, et j’avoue m’être demandé pourquoi Eric Reinhardt avait choisi cette entrée en matière, comme si le roman avait deux faces. Même après avoir refermé le livre, je m’interroge encore, bien que cela ne m’apparaisse ni superflu ni artificiel et que j’aie quelques pistes de réflexion.

A la détresse de cette femme suscitée par la médiocrité de la vie fait écho celle de l’écrivain qui n’arrive pas à donner à son écriture l’intensité qu’il voudrait.

Tous deux se réfugient dans la littérature, et l’écrivain Eric Reinhardt trouve des mots magnifiques pour dépeindre l’intensité de l’acte d’écrire et la valeur existentielle de cette expérience, qui a pour corollaire celle de la lecture, tout aussi puissante. 

La réalité n’est-elle que celle que l’on façonne, que l’on suscite par le verbe ? Rêve et réalité ne sont-ils pas intimement liés ? C’est ce que semble suggérer l’ombre de Villiers de l’Isle-Adam, ce magnifique écrivain du XIXe siècle, sous le patronage duquel est placé le roman...

Sans doute le double regard du narrateur écrivain et du personnage lui-même permet-il de donner un double éclairage à l’histoire, si important ici : du point de vue intérieur de l’héroïne et de celui d’un être extérieur.



Quoi qu’il en soit, Eric Reinhardt signe un roman magnifique, et l’on fait corps avec son héroïne, notamment dans les pages où son mari la mitraille de questions, la réveillant la nuit, ne lui laissant aucun répit pour qu’elle « avoue » son méfait, l’adultère. Des pages denses, sans aucun paragraphe, qui ne laisse au lecteur aucun loisir de respirer, qui subit ce que subit Bénédicte Ombredanne. Et on se désespère de la voir se laisser écraser, au moment même où on se dit qu’elle pourrait s’insurger et se libérer...



En le refermant, comme me l’a soufflé MelleFifi, une autre lectrice, on se dit qu’on devrait le relire, tant Eric Reinhardt distille habilement les éléments de son histoire. On le relirait assurément de manière différente...


Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Sarah, Susanne et l'écrivain

Un cru exceptionnel à mon avis ; cette lecture me remplit d'une grande admiration.

La forme choisie n'est pas courante, mieux, elle me semble unique et extrêmement difficile à mettre en oeuvre nous demandant un peu d'adaptation en début de parcours. Car qui est l'énonciateur ? Il s'avère que trois personnes ont cet honneur : Sarah la femme réelle qui a fait part de sa vie grandement malmenée par le cancer et aussi par son mari, puis Suzanne, une sorte de réplique d'elle -même crée par l'auteur, mais pas non plus trop dupliquée, et enfin l'écrivain, sorte de magicien qui va inventer une belle histoire proche du réel en dialoguant avec la femme qui est son inspiratrice.

Donc ce trio uni comme les doigts de la main compose à mesure des discussions un roman qui tient en haleine le lecteur qui se retrouve à une place particulière grâce à ce dispositif ingénieux, celui de participant à l'écriture et aux mystères de la création, rien de moins.

On a donc tout le matériau sous les yeux, l'histoire racontée par Sarah suivi des bouts de récits donnés par l'écrivain qui deviennent mis en pages une translation dans le temps et l'espace de l'originale.

Et cela n'est pas un cours pour apprentis écrivains mais un passionnant livre qui se dévore en se nourrissant aussi de la personnalité d'Eric Reinhardt qui met sa plume savante au service des arts, des villes aimées et surtout des causes de la femme en général qu'il semble bien apte à servir. Bravo.

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Sarah, Susanne et l'écrivain

A 45 ans, Sarah décide de quitter momentanément le domicile conjugal pour créer un électrochoc chez son mari qu'elle aime mais qui la délaisse un peu et ne tient pas ses engagements.

Mais le résultat de ce départ ne va pas du tout engendrer ce qu'elle espérait.

Elle contacte alors un écrivain pour qu'il raconte son histoire, mais sous un autre nom qui sera Suzanne.

J'ai un avis très partagé sur ce livre.

Le sujet, qui m'avait semblé saugrenu au départ, se révèle finalement intéressant.

Sarah, Suzanne, on ne sait d'ailleurs parfois pas de qui il s'agit, elles s'entremêlent dans des lieux et des contextes différents.

Ce qui m'a finalement dérangé, c'est quand l'auteur écrit avec emphase, une écriture que je trouve prétentieuse.

Et pourtant, c'est bien écrit, on ne peut pas dire.

Globalement, c'est donc une lecture plutôt positive, bien qu'un peu longue (j'ai failli plusieurs fois abandonner), qui tourne en rond, et qui m'a finalement plus agacée que séduite.
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L'Amour et les Forêts

Bon, bon, bon... Sans nul doute, un des ressentis de lecture le plus difficile à écrire. Je crains d’écrire un billet décousu tant je termine ma lecture partagée. Je découvre l’écrivain Eric Reinhardt avec ce titre : croisé quelquefois vaguement, jamais je n’ai feuilleté un de ses livres, je ne l’ai jamais vu, jamais entendu. Ma chef avec qui j’échange parfois sur mes lectures me met ce roman entre les mains avec une petite phrase d’encouragement : « c’est un livre étrange qui m’a dérangée plusieurs jours après l’avoir terminé. » Me voilà à devoir lui donner mon avis ! Suis bien embêtée ! Pour ma part, je termine ma lecture pas du tout perturbée par ce roman, c’est mal engagé ! Certes, l’histoire de Bénédicte Ombredanne, l’héroïne, est tragique : cette femme est la prisonnière de son mariage raté avec un homme qui la rabaisse sans cesse et pulvérise chez elle toute étincelle d’estime de soi grâce à un arsenal de tortures psychologiques perverses et monstrueuses. J’ai passé les 400 pages du folio à être désolée pour elle, ses enfants et tous les choix - et les non choix – qu’elle fait. J’ai bu le calice jusqu’à la lie : malgré l’envie de « démonter la tronche » de son mari et de secouer Bénédicte comme une bouteille du célèbre soda jaune, j’ai patiemment suivi la descente aux enfers du couple charmant et de leurs deux bambins. La description de la déchéance de Bénédicte qui sombre dans les eaux noires de la soumission et de la servilité à courir après l’ombre d’un amour qui n’existera plus, car il n’a au final jamais existé que dans son esprit, recèle de détails sordides à la pelle. Éric Reinhardt a travaillé son sujet : l’engluement de Bénédicte dans ses rapports avec son mari ainsi que dans son propre esprit qui l’écartèle sans cesse entre ce qu’elle veut donner à voir de son amour, et ce qu’elle vit vraiment, va l’étouffer jusqu’à la mort. L’écriture lente, ralentie sans cesse par des descriptions interminables et au final peu utiles rend parfaitement ce moment où l’air commence à manquer dans le couple. On sent symboliquement les cordes s’enrouler autour du cou de Bénédicte. Ainsi, quand son mari apprend sa trahison et qu’il vomit jours et nuits ses questions sur l’adultère commis, l’auteur retranscrit quasi sans ponctuation ses interrogatoires, les uns enchaînés aux autres, dans un paragraphe interminable. On est immergé dans la vie de couple de l’héroïne tout comme dans sa tête où vit une forêt de pensées, sombre et profonde dans laquelle elle ne cesse de s’égarer avant de s’y perdre tout à fait. C’est pour moi un roman psychologique extrêmement juste dans le récit de la mécanique en place du harcèlement psychologique dans le couple. C’est aussi de façon paradoxale pour moi, un roman « trop écrit », où l’écriture au final prend plus de place que l’héroïne du roman qui restera toujours à distance, une héroïne pour qui le prénom reste indissociable de son nom de famille, une sorte d’Emma Bovary qui nous touche et pour qui l’on compatit mais qui ne nous émeut pas. Alors, ce récit et ce personnage que l’on nous dit être issu d’une rencontre réelle de l’auteur avec une lectrice dans le train, deviennent prétextes à une profonde réflexion sur l’équilibre des individualités au sein d’un couple, sur les déséquilibres produits par l’éducation d’un gosse mal aimé qui devient le bourreau de sa compagne, sur les compromis accordés par celle qui fuit à tout prix la solitude mais qui ne se donne jamais les moyens de véritablement être aimée. J’admets que cela a fonctionné mais cette distance que je n’ai pu combler entre Bénédicte et moi ne m’a pas permise de « ressentir » véritablement ce roman. J’en ressors circonspecte sans trop savoir le pourquoi du comment et où Reinhardt voulait vraiment nous emmener : le dernier chapitre est pour moi inutile, l’histoire était close. Elle aurait pu être autre chose si Bénédicte avait suivi un autre chemin dans la forêt, c’est ce que je me suis répétée tout le long du roman. Quelle scène cruellement inutile...
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Comédies françaises

C’est avec un sentiment très mitigé que je referme ce roman… que j’ai failli abandonner en cours de route, moi qui ai découvert Eric Reinhardt avec Le système Victoria, qui ne m’avait pas laissée indifférente, et qui l’avait ensuite tant aimé avec L’amour et les forêts, puis La chambre des époux. Et, chose rare, c’est en lisant certaines critiques sur Babelio en cours de lecture donc (en général je les lis après avoir fini un livre, pour ne pas me laisser influencer) que j’ai été convaincue de continuer et j’ai bien fait car, après avoir aimé les premières pages, puis été complètement perdue voire prise d’un ennui profond aux alentours de la p.150 lors de la longue (trop longue à mon goût !) digression autour du roman dans le roman sur Max Ernst et Jackson Pollock, puis la longue et encore trop longue partie sur les errances obscènes de Dimitri sur Internet, j’ai retrouvé le cap et l’histoire promise en 4e de couverture et je me suis régalée. Au final, ce qui relève du romanesque et de la fiction autour du personnage de Dimitri et de son obsession de la rencontre décisive est ce qui m’a vraiment accroché. Mais je me suis aussi vraiment régalée avec la deuxième moitié du livre, surtout à la lecture des mails moqueurs et ironiques écrits par Dimitri au fils d’Ambroise Roux et à VGE, qui sont tellement drôles ! Et il y a, c’est vrai, des passages réellement délicieux dans le portrait au vitriol d’Ambroise Roux, le plus puissant des lobbyistes du patronat français, que fait Dimitri à travers le prisme de d’hagiographie qui lui a consacré Anne de Caumont, et notamment sur la question de la femme. « Ambroise Roux n’a jamais abordé une négociation difficile, affirme-t-il ensuite, sans déjeuner au préalable avec une très jolie femme… « Passer deux heures avec une très jolie femme me mettait sur la longueur d’onde du sexe féminin qui donne la primauté de l’intuition sur l’intelligence… Précisons toutefois que la femme, cet être si adorable, si intuitif et si précieux pour l’homme ne l’est réellement que si elle est très jolie, charmante, voluptueuse, naturellement. » No comment, effectivement ! Avec tout ça, il y a une vraie diatribe contre la droite et le patronat français, on en apprend beaucoup sur la politique économico-industrielle de la France giscardienne, et la guerre que se sont livrée le secteur des télécoms et celui de l’informatique et des réseaux numériques. La plume d’Eric Reinhardt est acérée et il faut le reconnaître, assez réjouissante. Au final, j’ai dévoré les 200 dernières pages, alors chapeau M. Reinhardt, car ce n’était pas gagné, vous avez failli me laisser sur le bord de la route mais votre talent a fait le reste. Je vous pardonne les répétitions à outrance, les figures de style parfois pesantes et la construction pour le moins déconcertante de votre roman. Et j’ai bien aimé, p.410, la référence à L’amour et les forêts, en la personne de la sœur jumelle de Bénédicte d’Ombredanne qui rencontre Alexandra dans le train.
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L'Amour et les Forêts

Le narrateur Eric, écrivain (c'est l'auteur bien sûr!), fait la connaissance d'une jeune femme, Bénédicte. Et c'est tout un drame qui défile : mariée, deux enfants, son conjoint – qui ne vaut pas grand' chose - l'humilie, la rabaisse, la nie, la harcèle jour et nuit, la contrôle, lui interdit toute indépendance. Elle connaîtra une brève embellie le jour elle s'octroiera une journée de bonheur avec un amant. Et le drame va s'accentuer.

Voilà un livre plein d'empathie, féministe, où le récit est habilement mené. On ferme le livre bouleversé par le destin tragique de cette femme. L'analyse psychologique est fine, mais je ferai une réserve sur l'attitude des enfants qui est à peine ébauchée, et que je ne comprends pas.

Quant à la forme, l'auteur use hélas trop souvent d'un style qui se fait lourd, il insiste, il charge la barque à l'excès. Un tic inutile, alors que le lecteur a déjà compris.
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L'Amour et les Forêts

J'ai persévéré quasiment jusqu'à la moitié, ne sachant pas que penser de ce livre, ayant, au début du moins, envie de savoir ce qui allait arriver à Bénédicte Ombredanne (dont le nom est répété sans cesse jusqu'à la nausée)….Mais le style agaçant, la personnalité peu attachante de l'héroïne, l'histoire improbable et la fatuité de ce roman ont eu raison de ma persévérance. Les éditions Gallimard sont parfois surprenantes...

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L'Amour et les Forêts

Je ne voulais pas le lire. J’avais tellement détesté Cendrillon (que j’avais abandonné au milieu, exaspérée par le style et par l’histoire) et les interviews de l’auteur m’horripilent à un point tel que je me refusais de lire ce roman, pourtant apprécié sur la plupart des blogs.



Il a fallu toute la persuasion de mon plus cher ami (qui connaît parfaitement mes goûts littéraires) pour me laisser fléchir et lorsqu’il m’a mis le livre dans les mains avec cette injonction : « lis-le, je t’assure que c’est extraordinaire ! », je l’ai saisi de mauvaise grâce, avec l’arrière-pensée que je n’en lirai que quelques pages…)



Et puis j’ai été séduite immédiatement par l’écriture. Quel style ! De longues phrases extrêmement bien tournées, des mots justes, une écriture qui fait naître des images aussi réelles que si la scène se déroulait devant nos yeux et des émotions qui surgissent sans crier gare. Nulle trace de ce style que j’avais trouvé pompeux (lors de ma lecture de Cendrillon), d’un auteur se regardant écrire. La musicalité des mots résonne à nos oreilles et atteint notre cœur et nos tripes avec une aisance incroyable.



L’histoire n’est pas étrangère à la fascination qu’exerce ce roman. J’ai été happée, malmenée, j’ai avalé les pages comme si c’était un roman policier, ayant beaucoup de mal à refermer le livre, attendant avec impatience le moment propice pour me replonger dans cette atmosphère étouffante, pleine de souffrances. La précision psychologique, les multiples interrogations de l’héroïne, ses contradictions qui sont le ferment de tout être humain, sont si bien décrites par les mots de l’auteur qu’on ne peut rester insensible.



Est-il besoin de raconter l’histoire ? Je suppose qu’elle est connue de tous. Une femme subissant le harcèlement de son mari tente de s’ouvrir une porte de sortie en idéalisant sa vie.



Quant au dernier chapitre, il m’a anéantie. Je l’ai lu, les larmes dégoulinant sur mes joues. La beauté de ce dialogue sur les arbres est sidérante. Chaque parole suscite une double interprétation, c’est sublime.



Bien sûr, j’ai lu la polémique autour de ce roman, mais elle n’a aucunement entachée mon adoration pour ce livre qui, malgré un sujet lourd et pesant, met à jour le pouvoir magique de l’écriture.
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L'Amour et les Forêts

Voilà un livre dont on ne ressort pas indemne.un vrai coup de poing.on ressent de l'empathie pour cette femme brillante .on se demande pourquoi elle ne quitte pas cet homme pervers,abject et malsain.

la fin est cruelle et bouleversante.

Comment se remettre d'un tel récit?
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Comédies françaises

Les lobbies à l'assaut de l'internet français.



Eric Reinhardt a choisi ici un thème assez méconnu du grand public sur les balbutiements d'internet et l'avance incontestable de la France dans ce domaine. Mais c'est sans compter sur la pression de groupes d'intérêts mesquins qui vont faire capoter l'émergence hexagonale de cette révolution informatique. En parallèle, cette enquête est menée par un jeune journaliste, Dimitri, dont la vie est décrite de façon sociologique: ses attentes, ses humeurs, ses amours, sont analysées tout en profondeur. Et puis, cette digression nous montrant comment la prééminence du Paris artistique de Breton a basculé vers le New York de Pollock: où comment la France s'est fait chiper la vedette dans l'Art et les télécoms !
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Sarah, Susanne et l'écrivain

" Comment peut-on disparaître aussi vite de la vie de ceux que l'on aime ? "



Sarah, quarante-quatre ans, a contacté un écrivain qu'elle admire pour lui raconter son histoire afin qu'il en fasse un roman. Dans ce futur roman, Sarah s'appellera Susanne, ce double littéraire de Sarah habitera une autre ville qu'elle, exercera un autre métier qu'elle mais vivra le même drame.



Après avoir été frappée par un cancer, Sarah a choisi d'abandonner son métier d'architecte pour se consacrer à sa passion d'artiste : construire des cabanes-refuge. "Elle chérissait ce quotidien comme quelqu'un qui a failli mourir. Vivre après les frayeurs d'un cancer est un cadeau inespéré. C'est puissant et tenace. Chaque jour était béni. Sarah en éprouvait une immense gratitude."



Mais après vingt ans de mariage, Sarah ne se sent plus aimée par son mari comme elle le désirerait. Tout va pourtant apparemment bien entre eux, ils ne se disputent jamais, "il me négligeait dans une ambiance idyllique", mais chaque soir, son mari se retire dans son bureau, la laissant seule avec leurs enfants de dix-sept et vingt ans. Dans le même temps, elle s'aperçoit qu'il possède soixante-quinze pour cent de leur domicile conjugal, cette répartition a été définie lors de l'achat de leur résidence principale alors que, depuis des années, elle assure la totalité des dépenses quotidiennes du couple pendant que son mari fait fructifier l'argent qu'il gagne. Elle demande à son mari de rééquilibrer cette répartition et de se montrer plus présent. En vain... Pour provoquer un électrochoc, elle lui annonce qu'elle va aller vivre ailleurs quelques mois, le temps de le laisser réfléchir à leur situation.



Cette décision va provoquer un enchaînement d'évènements aussi bouleversants qu'imprévisibles.



Ce nouveau roman d'Eric Reinhardt fait écho à son roman "L'amour et les forêts" dans lequel il avait romancé la vie d'une lectrice qui s'était confiée à lui. Ici le roman entremêle habilement, sans jamais nous perdre, les dialogues entre Sarah et l'écrivain et l'histoire de Susanne inventée par l'écrivain à partir des éléments que Sarah lui a transmis.

Eric Reinhardt raconte les violences sournoises que son héroïne a subi de la part de son mari avant qu'elle ne parte s'installer ailleurs, la violence du silence dans laquelle il l'a ensuite enfermée, véritable torture psychologique. Il décortique l'implosion de la famille, le déclassement social et la descente aux enfers de cette femme "au cœur trop exigeant, usé par l'espérance". Ce rejet est vécu par Sarah comme une véritable répudiation " Je rejoins la confrérie des femmes abandonnées lâchement et légalement, après des années de bons et loyaux services et d'enfantement. Mon devoir est terminé, les enfants sont élevés avec brio alors dehors maman, dehors l'épouse, pas un merci. Limogée sans le moindre égard."

Ce roman nous permet également de nous approcher du travail de l'écrivain et explicite la posture qui est la sienne vis à vis de celle qui lui confie son histoire. Comment il écoute Sarah, comment il s'approprie son histoire pour en faire un roman, pourquoi il choisit délibérément de modifier certaines scènes ou péripéties, pourquoi il attribue à Susanne certaines réactions à l'opposé de celles de Sarah, comment il enrichit son roman de ses propres fantasmes ou souvenirs... on se retrouve au cœur du travail du romancier, de sa façon d'écrire une fiction à partir du réel avec la possibilité qu'a l'écrivain de rendre justice et réparation à l'opprimée dans sa fiction. C'est passionnant ! " Voilà que je parle de moi, Sarah, à la troisième personne, c'est bien la preuve que ce que l'on vit parfois nous propulse dans des espaces mentaux qui font de nous, de nous tous, des personnages de fiction".

La relation entre Sarah, lectrice, et un écrivain est également bien observée. Un contact via les réseaux sociaux, des échanges de mails puis une rencontre et des liens mystérieux se tissent peu à peu entre eux.

Aucune longueur, aucune baisse de rythme, de la tension dans ce roman écrit d'une plume d'une grande élégance et brillamment littéraire. Une lecture addictive.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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