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Critiques de François Bon (147)
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Autobiographie des objets

Est-il rédhibitoire de ne pas faire partie de ceux que l'on nomme les seniors et que François Bon aurait sans doute qualifiés d'anciens, pour pouvoir apprécier ce qui fait la.moelle de ce récit? Certes la fréquentation des brocantes permet de rencontrer ces objets (sauf pour ceux qui sont de l'ordre du virtuel, et pourtant font partie de ce patrimoine des souvenirs personnels et générationnel) mais qui n'a pas eu l'occasion de les manipuler, de les démonter jusqu'à percer le secret de leur fonctionnement ou tout simplement parce qu'ils avaient cessé de plaire, aura plus de difficulté à créer la connivence avec l'auteur, que ne peut manquer de susciter cette plongée dans les abîmes du temps.

Surgis de la mémoire de l'écrivain, ils retrouvent le chemin de la nôtre, ces objets anecdotiques : la carte de France en plastique (n'y avait -il pas des trous pour pouvoir marquer l'emplacement des principales villes, une fois tracé le contour grossier des frontières?), le taille-crayon "animé" en forme de télévision, les planches de lettres à décalquer....

Ces objets constituent à n'en pas douter, un témoignage du fonctionnement social d'une époque, et il suffit d'infimes infléchissements d'un mode de fonctionnement pour que l'on bascule dans une autre histoire :



" J’avais acheté à Poitiers mon premier pantalon à pattes d’eph. Tous les copains avaient déjà le même. Je ne crois pas que le scandale, vis-à-vis de ma mère, ait concerné les pattes d’eph elles-mêmes : plutôt l'intuition qu'en trahissant la couturière du village, puis dans la ville le magasin qui avait l'exclusivité du magasin du tissu en commerce, une rupture bien plus violente et essentielle du monde s'amorcait, qui tuerait la petite ville, ferait des centre-villes (les plus grosses) une infinie boutique à fringues jetables, et des périphéries un entassement de sous-langues (Kiabi et les autres)"



L'écriture est surprenante, quelquefois à la limite du compréhensible :



"La relation aux fournisseurs et commerçants donc non pas soluble en passant du village à la ville."



Pas dramatique : on n'a pas d'intrigue à rebondissement, et le seul fil à suivre est celui des réminiscences de l'auteur.



Tout nostalgique des deudeuches, des machines à écrire à rubans, de Thierry la fronde ou des Teppaz, fera un plaisant voyage au pays des souvenirs enfouis et qui ne demandent qu'à ressurgir
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Autobiographie des objets

dans cette Autobiographie des objets, François Bon, romancier journaliste essayiste dont j'avais lu la passionnante biographie des Rolling Stones s' attache à définir à travers différents objets de sa jeunesse, dans les années 50 aux années 80, bref tous les objets de sa période avant qu'il ne vive de sa plume. Soit trente ans, durant lesquels le gros des Trente Glorieuses déferle sur la France : autoroutes, machines à laver, machines à écrire , téléviseurs, transistors, disques vinyles de rock’n’roll, livres de Joseph Kessel, cafetière…



A l'heure où la dématérialisation se fait de plus en plus présente, où les livres sont remplacés par les liseuses, les disques par des téléchargements, ect, François Bon interroge le rapport de l'homme aux objets qui l'accompagnaient dans sa vie d'avant, même si en même temps, c'est sa propre biographie à laquelle l'auteur se livre nà travers l’évocation de divers et hétéroclites objets qui ont peuplé sa vie “avant l’écrit”,



L'écriture de Bon est très belle, et tous ces objets, dont certains sont a priori anodins, prennent avec lui une force et une présence manifeste. Le début est très joli, et force indibutablement le lecteur à s'interroger aussi sur les objets qui restent associés à sa jeunesse et à les voir défiler devant ses yeux pendant la lecture du livre. Ainsi, pour moi dans le désordre, un arbre magique, une boite de PEZ, le minitel, une citroen, un prisunic, un photomaton, un projecteur de diapo....)

bon



Malheureusement, assez vite, malgré la fluidité du récit, on commence à se lasser de ce catalogue d'objets qui se succède les uns aux autres, et surtout on y voit une critique un peu éculée de notre société de consommation .



Les objets dont parle Bon avec tant d'amour dans la plume sont forcément vieux, rouillés, sans grande utilité fonctionnelle,et en parrallèle on ne peut que penser à nos objets technologiques si utiles et si design, mais en même temps dépourvu de la moindre âme. Peut-être ne suis je pas forcément de la bonne génération, et que les lecteurs de celle de l'auteur seront plus touchés que je nel'ai pu l'être, étant même un peu agacé par des relents un peu réactionnaires que j'ai pu déceler ici et là...



Par exemple, pour l'auteur, les biens de consommation actuels remplacent peu favorablement les objets recyclables à l’échelle de générations, comme il le dit lui même dans un de ces chapitres : De deux ans en deux ans, il faut se débarrasser de l’ancien et remplacer par ce qui est tellement mieux.»



Bref, un livre nostalgique, ce qui est bien, mais aussi un peu moralisateur, ce qui est plus facheux.
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50 Micronouvelles

Etonnant ! Pas seulement vite lu, ce qui est la qualité la plus évidente d'un tel livre. J'ai lu ces 50 micronouvelles avec intérêt, 50 petits messages, 50 tweets.



Ces micronouvelles donc, sont destinées à être lues en version numérique.

Je les ai lues sur mon ordinateur portable, pas sur ma liseuse (quoique le format y serait accessible aussi après quelques manipulations informatiques).



Les nouvelles ont plus souvent le goût étonnant d'un court polar, une touche de suspense, un trait d'absurde, d'humour noir ... Peu ont la poésie d'un haiku (pourtant une forme courte aussi, si on y songe), mais j'avoue largement préférer des micronouvelles à du "nouveau roman". Je peux lire avec plaisir des pavés, mais à condition qu'une ponctuation bienvenue permette de respirer.



50 courts textes à découvrir.



PS ouvrage disponible en EPUB gratuit à ce jour (27 septembre 2014). Bonne lecture.
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Autobiographie des objets

De quelle acuité du souvenir dispose François Bon pour se remémorer le temps de l’ID 19, de la deux-chevaux, lorsqu’on jouait à trouver les départements des plaques d'immatriculation.

J’ai les mêmes souvenirs, mais ils sont un peu plus nébuleux.

Je devais avoir le même âge que l’auteur, celui de l’époque télévisuelle de Thierry la Fronde, de Cinq colonnes à la une, d’Intervilles.

Nous ne partageons pourtant pas les mêmes objets. Différence de milieu social peut-être ? Rien ne me rappelle le mellotron (instrument de musique équivalent à un orchestre symphonique).



Il faut être un farfouilleur de vide-greniers invétéré pour retrouver, à défaut de mémoire, les objets dont l’auteur nous parle.



L’écriture ne facilite pas la lecture car nous sommes plus près d'une analyse sociologique que d’une approche poétique à la Christian Signol dans “Les vrais bonheurs”, que j’ai lu en parallèle.

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Bruxelles Midi

Bruxelles midi est un recueil de 10 nouvelles rédigées par 10 auteurs différents et dont le titre illustre le thème : la gare de Bruxelles midi.





Rencontres ratées, rendez-vous impromptus, ou échanges sexuels tarifés, c’est le lieu de tous les possibles, même si pour certains Bruxelles Midi n’existe pas. La traversée des rails est une activité à haut risque et certains en feront les frais. D’aucune s’incarne dans toutes les silhouettes, d’autres survivent à même le sol au bon coeur des passants, mais risque-t’on d’y disparaitre?

Chaque texte jette un regard unique sur ce grouillement de vie qui anime les quais d’un gare. L’observateur peut devenir l’observé, et la stratification de la société y explose, dans un côtoiement aléatoire. La diversité des styles d’écriture accentue l’originalité du point de vue. J’ai particulièrement apprécié «Evidemment je n’ai rien vu», pour la présentation progressive du personnage dont on ne perçoit pas immédiatement l’identité, et «Alexandra revue et corrigée» pour l’atmosphère mystérieuse qui s’y installe insidieusement. Mais j’ai aussi apprécié «Transaction en cours « : lorsque le virtuel prend corps, l’apparence peut surprendre.

L’ensemble témoigne d’un vrai travail de rédaction, soutenu par une écriture riche et recherchée, avec cependant pour certaines nouvelles un caractère original mais abstrait qui m’a fait perdre le fil.



N'hésitez pas à découvrir ce titre téléchargeable gratuitement ici :

http://www.onlit.net/index.php?option=com_k2&view=item&id=586:bruxelles-midi



Soutenu par BELA, le site multidisciplinaire des auteurs francophones, qui accueille 500 auteurs francophones de Belgique

http://www.bela.be
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Dehors est la ville

Pourquoi ai-je lu cet ouvrage ? je ne saurais le dire exactement, peut-être parce qu'il n'attendait que moi avant que je ne le mette en rayon pour la bibliothèque dans laquelle je travaille.

J'ai certes déjà entendu parler d'Edward Hopper étant passionnée de littérature américaine dans laquelle il est parfois fait mention à ce célèbre peintre mais sans jamais réellement connaître son travail. C'est peut-être cela qui m'a poussé à vouloir découvrir ce livre au final tout comme la couverture et le titre qui m'ont attirée. A gauche, le lecteur à le plaisir de découvrir une toile de l'artiste, toutes plus ou moins en rapport avec la ville et si le lecteur ne voit pas forcément celui-ci, François Bon est là pour expliquer comment cette représentation, même si elle se situe à bord d'une voiture ou dans une chambre est extrêmement imprégnée de la ville. En effet, à moins de se trouver dans un lieu complètement désert, tout est ville puisque celle-ci est en nous. Toute construction de l'homme fait référence à la ville et inversement. Même si la ville n'est que suggérée et non pas représentée dans les toiles présentées ici, François Bon nous fait ressentir cette présence omniprésente dans chacune des toiles.



Un ouvrage pas facilement accessible d'accès pour qui n'est pas habitué à lire des ouvrages de critiques d'art ou d'explications de peinture et dans lequel, j'avoue, je me suis parfois un peu perdue. Je ne regrette cependant pas d'avoir découvert cet ouvrage et ne peux que vous e recommander, ne serait-ce que pour les représentations d'Edward Hopper.
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Sortie d'usine

Je ressors de cette lecture plutôt chamboulée... Il faut bien s'accrocher, mais ça en vaut la peine. Un long monologue d'un ouvrir d'une usine en banlieue parisienne. Il nous raconte le gris, le terne, la vie en usine, le bruit, la poussière, l'ennui... Le sentiment d'accomplir chaque jour les mêmes gestes, comme un automate. Un livre au rythme lent, mais immersif... Un style particulier, mais qui nous fait vivre le quotidien, le monotone, la répétition... Déroutant, mais dans le bon sens.
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Sortie d'usine

Les 25 premières pages sont à elles-seules déjà époustouflantes et valent bien la lecture du livre ; un des plus beau incipit que j'ai lu (« Une gare s'il faut situer, laquelle n'importe il est tôt, sept heures un peu plus, c'est nuit encore. ») ; l'auteur nous plonge dans un monologue intérieur, ou plutôt un courant de conscience dans ce cas, à travers une syntaxe malmenée, déstructurée, de manière à recréer sous nos yeux les pensées réalistes du personnage et à nous plonger en lui. Et ça fonctionne, on s'y croirait ; le trajet quotidien pour aller au boulot, pointer, enfiler son bleu et rejoindre son poste de travail, tout se déroule naturellement, plaçant d'emblée l'atmosphère, celle du travail déshumanisé et des hommes usés jusqu'en eux mêmes. Une des meilleurs introduction possibles à un roman.

La suite du récit revient à un monologue plus narratif (mais qui se refait intérieur par moment), et se divise en quatre chapitres pour raconter quatre semaines ; de combien sont-elles éloignées les unes des autres, se suivent-elles d'affilé, dur à dire. L'auteur ne nous raconte jamais deux fois la même chose et ces chapitres permettent en réalité de présenter des aspects différents de la vie en usine : les accidents de travail, la solidarité des hommes et l'humour nécessaire à survivre sous une hiérarchie impitoyable, le vieillissement précoce et la chair marquée à vie, les maladies, les morts en usine et la cérémonie funéraire traditionnelle pour leur rendre hommage, la grève et le soulèvement face à la direction, les destins qui cherchent à fuir ce travail oppressant mais y reviennent inexorablement... la tentative de suicide... la démission, l'adieu à l'usine, la nostalgie malgré tout.

L'auteur parle à la fin, pour la première fois, à la première personne, et non plus à la troisième (ce roman est d'inspiration biographique) ; il a fini d'écrire, il n'a plus besoin de se distancer ; il revient devant les lieux de son ancien travail une dernière fois. Difficile de ne pas avoir la gorge serré à la fin de ce livre, ni d'oublier la fortitude dont font preuve ces hommes pour ne pas briser et trouver face à la pression constante un exutoire.
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Sapiens à l'oeil nu

La collection "À l'oeil nu" du CNRS est très intéressante et bien vulgarisée.

Ici on retrace l'Histoire d'Homo sapiens de sa spéciation depuis Homo erectus en Afrique. En fait on commence avant Homo sapiens avec la fin de l'histoire d'Homo erectus, ses migrations et ses spéciations en H. neanderthalensis, erectus, sapiens... Puis on se concentre sur H. sapiens, son origine, ses migrations, sa reconnaissance anatomique, ses arts, ses croyances, ses organisations sociales et politico-religieuses et l'évolution de ses différents critères depuis les premiers H. sapiens africains et leur sortie d'Afrique, leurs rencontres avec les autres espèces humaines, les traces qu'ils ont laissées, enfin celles qui se sont conservées... Pour essayer de raconter l'histoire de l'Homme avant qu'il puisse ne l'écrire.
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Autobiographie des objets



Une fois n'est pas coutume, commençons par dévoiler les toutes dernières phrases: "Le monde des objets s'est clos. Le livre qui va vers eux ne cherche pas à les faire revivre. Il est la marche vers ce qui, en leur temps, permettait de les traverser. C'est la question de cette traversée qui est à nous aujourd'hui posée."



La traversée des objets: ils conduisent en effet vers la vie de celui qui les énumère et les décrit avec minutie et fraternité. Que disent-ils de lui, pourquoi ceux-ci n'ont-ils rien à dire alors que ceux-là peuvent tant signifier ? Beaucoup de proches, disparus pour la plupart, réapparaissent avec le sens des choses inanimées: "Les morts sont auprès: mains et voix. On entre dans les maisons, on les revoit tout au bout."



L'époque de François Bon, né en 1953, était encore celle de l'accumulation, on jetait peu par rapport à aujourd'hui, qui est l'ère de l'obsolescence programmée et du déchet. Tout se conservait, dans la boîte à jouets, mine d'or, les vieux roulements à bille, les toupies ou les photos de classe. Et surtout les livres, si importants pour cet homme qui préfère les mots aux images, qui choisit de voir un film de cinéma les yeux fermés: "Dans les vieux livres, on cherche notre aventure." On s'aperçoit que tout le récit — si on peut employer ce terme pour ce qui ressemble à une énumération pas chronologique — converge vers l'armoire à livres du grand-père aveugle, celui qui tenait un carnet de poésie dans les tranchées de 14-18, vaguemestre avec un âne.



Ceux qui ont vécu la même époque, les garçons d'abord peut-être, vibreront avec les souvenances de l'auteur: les mêmes passions d'adolescent, les mêmes premières lectures de la collection Rouge et Or, les voitures de ce temps, ces choses complètement oubliées, si significatives alors: première calculette HP, almanach et cartes Michelin, vinyles 45 tours, lettreuse Dymo,... "Est-ce que nous avons été la première génération pour laquelle l'accès à la voiture n'était plus un seuil ?" Et la traversée des objets de François Bon devient la nôtre, enfants qui avons vécu le même temps et pas loin de France. À la différence que nous n'avons pas connu les outils et ustensiles de la mer, les litrons pour les moules par exemple, dont nous découvrons le suranné rassurant des vieux usages: n'était-ce pas bon enfant de mesurer la marchandise au volume ?



Dans ce genre de livre, il n'y a pas un moteur d'intrigue qui pousse à découvrir la suite, si bien que composé d'une soixantaine de sections, il ne se lira pas d'une traite. Et il peut tout aussi bien se parcourir aléatoirement sans qu'on y perde rien, l'ordre séquentiel assurant toutefois une lecture complète. Chaque passage évoque un objet ou une série de même nature, et parfois bien plus, car l'auteur donne libre cours à ses souvenirs, l'un entraînant l'autre. Il tire parfois des conclusions ou prend position: "J'étais contre la photo, par principe. Qui s'occupe du langage doit voir avec les mots, et se contenter de son carnet de notes." Le ton est sobre, très méticuleux pour les descriptions techniques et si le nom de l'objet n'évoque d'abord aucune image, il s'assemble par magie devant vous. Sobre et sans lyrisme, sans ces emportements qui donnent des variations de rythme auxquels l'œuvre ne gagnerait pas vraiment: le livre terminé, je garde une impression esthétique de plénitude.



Je voue une passion aux vieux objets(1), aux vieilles images de ma ville(2), toutes choses qui font revenir le passé lointain à la surface. Quand cela se produit, même s'il s'agit de l'émergence de moments heureux, il y a toujours des regrets, car derrière chaque objet se dresse une ou plusieurs personnes qu'on a connues, ou soi-même — On ne peut pas plus s'aimer à distance qu'on ne s'aime au présent —, dont on sait le destin qui n'a pas été conforme aux espérances de ces heures-là, voire qui ont tout simplement accompli leur ultime destin. Voilà sans doute pourquoi, autour du plaisir troublant de revoir les images du passé, un nimbe de mélancolie flotte inexorablement, comme il imprègne subtilement les pages de ce livre attachant.



Une autre manière pertinente de présenter ce livre est certainement de la confier à l'auteur en personne dans la video du Seuil.



Sur le thème des objets du souvenir, voir deux billets Un roman musée et Moment en or de Textes & Prétextes à propos du Musée de l'innocence de Orhan Pamuk.



(1) Moins pour leur possession que pour le potentiel de leur simple évocation. Ils justifient parfois à mes yeux, à eux seuls, la lecture d'un vieux Maigret.

(2) Voir mon billet sur "Le pendu de Saint-Pholien."


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Daewoo

A travers le témoignage de quatre femmes dont l'une se suicidera, c'est une photographie de l'état du monde du travail, ou l'on s'implante dans des régions à coup de subvention et qu'on laisse sur le carreau des centaines de famille en

fermant l'usine qu'elles années plus tard. Un scandale qui se banalise sans qu'a aucun moment nos gouvernants ne lèvent le petit doigt. François Bon montre la détresse, la colère, la désespérance de ces gens manipulés, jetés à la rue sans aucun espoir. Le témoignage de ces femmes vous serre le coeur à l'image de Nadia qui préfèrera voir son outil de travail aux proies des flammes plutôt qu'abandonnée. Daewoo s'est redonné une dignité à des gens qui n'ont plus que la colère et les mots pour exprimer leur désarroi. Et Daewoo pourrait s'appeler Moulinex, Arcelor MIittal, Continental etc ... la liste est malheureusement scandaleusement longue.
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Bob Dylan : Une biographie

Je n'ai qu'un regret : que ce livre n'ait pas été publié lorsque j'avais 15 ans, et que, littéralement fan du chanteur, je traquais fébrilement toute information le concernant. En même temps, cela m'aurait privée du plaisir de retrouver, dans les pages de François Bon, des pans entiers de mon adolescence. Lorsque les titres de chansons en anglais sonnaient comme de fières devises, comme des points de repères à l'abri des adultes, comme un fléchage vers les chemins de traverse et une façon d'aborder l'existence : "Like a Rolling Stone", "Just Like a Woman" (Tout un programme, pour une fille de 15 ans...).

Au formica orange et au lisse des années 70 s'opposait la rugosité de la voix de Dylan, aux promesses chaque année déçues d'un printemps à nouveau chaud, à l'absence malheureuse de toute plage sous les pavés, le souvenir des protest songs (déjà au programme en anglais...), les éxubérances de "Sara", le violon de "Hurricane" accompagnaient des années pas si drôles, finalement, sur fond de crise du pétrole, de montée du chômage, et de "fini de rêver maintenant...'

Je vous épargnerai (enfin, non) la douze-cordes de mon petit frère et le violon de ma soeur, les reprises à deux voix, l'ahurissement paternel de nous voir apprécier cette voix qui lui vrillait les nerfs, tout comme la pochette de Sticky Fingers des Stones...

François Bon écrit un livre amoureux et curieux, amoureux de musique et de poésie, et curieux de l'artiste et de ce ce qui a fait de Robert Zimmermann un Bob Dylan. Parfois, on croule un peu sous les noms propres, et les petits bouts de bio de tel ou tel musicien de studio m'indiffèrent un peu (elle intéressera les grands amateurs, ceux qui peuvent vous réciter par coeur le nom du bassiste d'un tel à tel festival, la marque de guitare de tel autre sur tel album...) : tout ceci contribue cependant à donner une idée précise du milieu, de l'époque, de la façon dont se fabriquait la musique que des millions de jeunes se sont mis à écouter dans le monde entier.

Le destin de cet homme, comme celui des Beatles, des Stones, est très particulier : bien avant que l'on parle de "people", ils ont accédé à un type de célébrité tout à fait nouveau à l'époque, et ont fait l'objet d'un culte dont le livre de François Bon nous montre à quel point il était difficile à vivre. Continuer de créer, conserver l'énergie qui fait que ce matin là, dans votre esprit va pousser une chanson, cette chanson, et qu'il est indispensable de l'écrire, et qu'il est indispensable de la chanter, c'est cette constance que François Bon, qui nous livre de très belles traductions des intraduisibles chansons de Dylan, nous permet de mesurer.



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Proust est une fiction

Le livre n'est plus frais dans ma mémoire, mais je viens de le recommander et je veux expliquer un peu pourquoi. L'analyse moderne de François Bon, reposant sur des bases statistiques est absolument passionnante, même si je ne suis pas un Proustologue compétent (voyez la critique de Brigetoun qui explique). Oui, comme François Bon, je me dis qu'il faut relire la recherche, et pas juste une fois.

Mais encore... : le titre peut se lire comme "Le Proust que je vous livre est une fiction". J'ai hurlé de rire (au sens propre) à lire ses dialogues imaginaires entre Proust et Baudelaire, ses scènes du Père-Lachaise, et sa reprise des délires sur les liens entre Proust et Lautréamont. Et il m'a bien fallu racheter une édition des poésies d'Isidore Ducasse, ça grattait trop.



J'ai mis des "..." dur, dur, je ne peux pas en voir sans repenser à ce que dit Lautréamont des points terminateurs. Et la balle rebondit, reprenez-là au vol.
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Bob Dylan : Une biographie

Le Livre qui m'a (un peu) fâché avec la littérature. "Bob Dylan une biographie" de François Bon est un livre ennuyeux, qui nous relate l'histoire d'un lieu, puis des parents de Dylan, et sa jeunesse peu intéressante, j'ai trouvé le livre mal écrit et j'ai du me forcer pour le lire (je vous avoue que je ne l'ai pas fini) ce n'est ni une lecture palpitante, ni intéressante, et ma foi il plaira peut-être aux gros fans de Dylan mais pas aux "moyens fans" moi je craquais surtout sur "Blowin' In The Wind" (dont j'ai fais un cover ici) mais je ne connais pas plus que ça Dylan, je n'ai pas grandis avec, voilà pourquoi ça ne m'a peut-être pas autant captivé qu'un vieux fan. A vous de juger.
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Sortie d'usine

Comment décrire ce livre? C'est assez difficile en fait.

Le sujet : une usine en banlieue parisienne et un ouvrier.

Ce livre nous raconte le quotidien de la vie en usine, le bruit, la poussière, les machines,la grève, la mort, l' accident, la déprime, la dépression et l'ennui surtout l'ennui. Le temps figé, monotone, les tâches tellement répétitives que le moindre incident créé une distraction bienvenue.

A la fin du roman, le narrateur revient sur les lieux après avoir démissionné. Fraîchement débarqué à Paris, c'était son premier job trouvé par le biais d'une boîte d'interim.

L'écriture est très particulière, la syntaxe aussi. Ce qui se passe dans ce livre pourrait se passer en une journée ou en cent ans. Tout se passe et rien ne se passe pourtant. En plongeant dans le cœur de l'usine, c'est dans sa non-vie que nous nous trouvons immergé, le vide jusqu'à l'écœurement.

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Autobiographie des objets

À sa sortie, j'avais noté ce titre de François Bon, qui attendait depuis dans ma PAL. J'hésitais à en commencer la lecture, craignant l'ennui (titre hermétique, contexte trop relié à la France et peut-être un petit côté passéiste agaçant). J'avais tort car très vite, je suis entrée avec plaisir dans ces chroniques intitulées d'un objet ou d'un souvenir. Je me suis sentie interpellée par les propos de l'auteur, même si époque et pays diffèrent, et ses réflexions sur les objets qui nous entourent dans notre vie quotidienne touchent au plus près de tout lecteur qui veut bien se laisser prendre dans les filets de la réminiscence. Un bel exercice de mémoire et du souvenir, dont le mot-clé est celui de rémanence.

Je crois maintenant être prête à plonger dans le roman de Georges Pérec, La vie mode d'emploi.
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Tous les mots sont adultes : Méthode pour l'a..

Je suis très énervé contre ce livre qui porte un titre emprunté à Maurice Blanchot, énervé à cause de son sous-titre : « Méthode pour l'atelier d'écriture ». Ou il y a équivoque sur le sens du terme « méthode », ou bien je suis trop idiot pour comprendre de quelle manière cela serait une méthode, ou enfin il y a franchement tromperie sur la marchandise. Depuis le début des années 1990, François Bon, écrivain, se consacre aux ateliers d'écriture à vocation littéraire auprès de publics très variés. Une méthode pour l'atelier d'écriture (littéraire), me semble-t-il, devrait a minima contenir l'énoncé des thématiques (s'il y en a) que l'animateur aborde durant les séances (avec ou sans progression, à expliciter), les textes littéraires dont il se sert et la manière de les utiliser, l'indication des propositions et modalités d'écriture (cadre, durées, contraintes éventuelles, possibles inducteurs intermédiaires et/ou complémentaires, etc.), les règles relatives au partage (lecture) et aux retours sur les écrits (finalités, formes, limites, etc.), et enfin, si possible, quelques exemple de textes dont ces dispositifs ont permis la production en groupe. Il ne s'agit pas là de « transposer des recettes », qu'il soit bien clair, et un animateur-lecteur du livre qui s'approprierait ces « recettes » telles quelles sans citer son inventeur serait tout simplement coupable de plagiat, comme pour n'importe quelle oeuvre de l'esprit – c'est la loi. Mais que Bon s'ingénie à brouiller délibérément les pistes, à occulter ses dispositifs, à placer dans le désordre les textes littéraires, leur apparente raison d'être (ex. un discours sur le visage...) et le commentaire afférent (… suivi d'un commentaire sur la ponctuation), (un chapitre sur « les trajets, la ville », comportant l'énoncé d'une contrainte sur la syntaxe (p. 59)), à partager avec une extrême parcimonie (euphémisme!) les productions des participants, en obscure consonance voire en claire dissonance avec les textes d'auteurs adjacents... tout cela a eu pour conséquence de m'agacer démesurément. Nous ne saurons du cadre que la circonstance – que je trouve critiquable – que François Bon refuse d'écrire en même temps que les participants. Il n'y a qu'à se référer à la table des matières : un capharnaüm (même typographique) inouï, dans lequel aux chapitres, nommés « cercles », sauf un « Chapitre à part » (allez comprendre pourquoi celui-là n'est pas un cercle, peut-être est-il une ellipse!?) s'alternent des « hommages » : à Georges Perec, à Franz Kafka, à Valère Novarina, à Bernard-Marie Koltès. Et dans les « cercles » il y a des « variations », des italiques, des focus sur une oeuvre, un auteur, plusieurs auteurs en vis-à-vis...

J'avoue que si j'ai poursuivi jusqu'à son terme cette lecture exténuante, éprouvante pour mes nerfs irrités, ce n'est que pour la beauté et l'intérêt des fragments des auteurs, parfois classiques mais qui le plus souvent m'étaient totalement inconnus, surtout les poètes contemporains. Les rarissimes productions d'atelier étaient aussi souvent délicieuses. Et enfin, rares pépites laissé choir inopinément par Bon, j'ai profité de quelques considérations dont il a consenti à nous faire part sur les spécificités de l'écriture en atelier, sur lesquelles, au demeurant, je me trouve en accord avec lui. Si l'auteur éprouve autant de réserves à partager ses expériences, tout en ayant cependant l'envie ou l'ambition d'en publier un ouvrage, qu'il soit charitable, qu'il se limite à compiler une anthologie des magnifiques morceaux qu'il utilise : nous comprendrons bien mieux sans son verbiage prétentieux les raisons de ses choix, et sauront en tirer notre propre nourriture.
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Bob Dylan : Une biographie

C’est le gourou de la chanson populaire américaine, Bob Dylan, bientôt septuagénaire, et rares sont ceux qui ont cru que ces longues et pénibles années le trouveront toujours égal à lui-même et toujours si frais et disposé à produire. Donc, pour cette longévité si bien assumée, Francois bon a pensé qu’un flash-back sur l’ensemble du parcours artistique de cet emblématique chanteur à la carrière si légendaire et glorieuse vient à point nommé. En somme, une rétrospective est nécessaire pour considérer sa carrière si longue et pérenne. De son vrai nom Robert Allen Zimmermann, il est né à Duluth le 24 mai 1941 dans le Minnesota, son pseudonyme ou nom d’artiste lui a été inspiré du nom du poète gallois Dylan Thomas. Il passa son enfance dans la localité de Hibbing, un petit patelin qui renfermait une réserve de mines non loin de la frontière canadienne. Quand il atteint l’âge de 10 ans, il prend l’initiative à lui seul de faire une escapade vers Chicago. Malgré son tout jeune âge, il passa deux années entières dans cette ville réputée être la patrie du blues. Et comme la fugue lui était bénéfique au moins pour cette heureuse raison, il a eu la chance de rencontrer le célèbre bluesman Big Joe Williams. Ce dernier, à son tour, lui fait un geste qui le marquera peut-être pour le restant de sa vie, et il était question d’une vieille guitare que lui a offert le légendaire artiste. Cette anecdote est souvent narrée. Vers ses vingt ans, Bob Dylan se lance dans l’exploration du vaste pays qu’est l’Amérique, dont il parcourut plusieurs états, avant de rejoindre l’université du Minnesota pour entamer des études en littérature. Par la suite, il prend la décision de rallier la ville mythique de New York où il aura la grande opportunité de croiser son idole de ce temps-là : Woody Guthrie, et saisira l’occasion d’enregistrer quelques titres avec la chanteuse Carolyn Hester. En 1961, il enregistre son premier album qui lui permit de s’essayer aux grands classiques du blues et du folk, et à partir de là, il peaufina un style qui va désormais devenir son feeling musical accompagné de son cachet vocal un peu spécial et original, parce qu’il se distingua avec sa voix nasillarde qui a l’impression de sortir du nez. À ses débuts, quand on l’écoutait, des remarques se faisaient au sujet de sa voix, et les commentaires allaient bon train. Les uns disaient qu’il avait une voix accomplie, et les autres entonnaient : “What a horrible voice !” (Quelle voix horrible !). Son premier disque personnel fut The Freewheelin’ Bob Dylan, dans lequel il dévoila son talent de véritable auteur et sa prédisposition à la poésie, qui provoquèrent l’enthousiasme des auditeurs, et le titre de renommée Blowin in the wind (Souffler dans le vent) fut très applaudi, rendu populaire par la suite, et repris par d’autres chanteurs dont notamment le groupe Peter Paul and Merry. Et depuis, il n’a jamais arrêté de tourner,icône de la musique populaire américaine, qui comme un vieux vin se bonifie en vieillissant. Cela ne l’exempt pas pour autant de toute critique, parce qu’il fut dans un passé récent la cible de pas mal de chroniqueurs, lui reprochant de s’éloigner de son engagement pour la liberté et les droits civiques. Comme c’est le cas d’une chroniqueuse du New York Times qui a voulu réduire l’aura de Bob Dylan en titrant son écrit le concernant par un “Blowin’ in the idiot wind” (Souffler dans le vent idiot). Et bien d’autres articles incisifs rédigés à son encontre, étayés évidemment par des arguments dont la plupart paraissent tenir la route. Enfin, malgré les polémiques et autres controverses, Bob Dylan reste quand même un phénomène artistique à part.
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50 Micronouvelles

Etrange ouvrage s’il en est que ce recueil de textes ultra courts ! Les éditions Thaulk ont proposé à 50 auteurs d’écrire autant de micro-nouvelles de 140 caractères maximum. Le résultat en est aussi disparate que leur notoriété (importante pour Norbert Spinrad ou Joëlle Wintrebert, un peu moindre pour Thierry Crouzet et quelques-uns ou carrément confidentielle pour certains autres). Le lecteur y trouvera quelques haïkus, aphorismes, poèmes en prose, sans oublier quelques additions ou jeux de mots ou d’idées. Comme toujours, du bon et du moins bon, du quelconque et de l’excellent. Chaque micro-nouvelle est présentée sur une page elle-même précédée de la couverture d’un livre de l'auteur.

Il est bien difficile de donner une impression générale de ce recueil à la Prévert. Le lecteur se contentera de noter au passage ce qui lui a plus particulièrement plu : « Le lendemain de la fin du monde, le silence se fit dans l'univers. Soulagé, Dieu rangea ses éclairs et ôta ses boules Quiès. » (Michel Pagel) ou « Suite à des restrictions budgétaires, l'auteur de ce texte a été licencié avant d’entamer l’écriture de son manuscrit. » (Nicolas Ancion) ou encore « La souffrance des autres, je peux la supporter, mais pas la mienne. Bizarre. Les morts ont raison d'être morts, la preuve : ils y restent. » (Ulysse Terrasson) ou bien « Las de constater qu’ici tout était sexe, là tout était argent, qu’ailleurs tout était Dieu, il se contenta de penser que tout était relatif. » (Pacco) Rien que pour ces quelques (rares) pépites, cet ouvrage mérite la lecture, sans s’illusionner toutefois sur le côté promotionnel de cette bizarre entreprise.
Lien : http://lemammouthmatue.skyne..
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Bruxelles Midi

Il s'agit d'un recueil de 10 courtes nouvelles écrites par 10 auteurs différents, ayant toutes en commun le contexte géographique de la gare internationale de Bruxelles-Midi.



Le recueil a l'avantage appréciable d'être disponible sous format numérique, gratuitement. Les nouvelles sont hétéroclites dans leur ambiance et leur style, souvent surréalistes à la belge, et fournissent presque toutes une dizaine de minutes de lecture divertissante. Lorsqu'on attend le train par exemple.



Appréciable aussi pour le lecteur belge ou étranger fréquentant la gare en question, cela est plus parlant.



Agréable.



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