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Critiques de François Bon (147)
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Sapiens à l'oeil nu

La collection "À l'oeil nu" du CNRS est très intéressante et bien vulgarisée.

Ici on retrace l'Histoire d'Homo sapiens de sa spéciation depuis Homo erectus en Afrique. En fait on commence avant Homo sapiens avec la fin de l'histoire d'Homo erectus, ses migrations et ses spéciations en H. neanderthalensis, erectus, sapiens... Puis on se concentre sur H. sapiens, son origine, ses migrations, sa reconnaissance anatomique, ses arts, ses croyances, ses organisations sociales et politico-religieuses et l'évolution de ses différents critères depuis les premiers H. sapiens africains et leur sortie d'Afrique, leurs rencontres avec les autres espèces humaines, les traces qu'ils ont laissées, enfin celles qui se sont conservées... Pour essayer de raconter l'histoire de l'Homme avant qu'il puisse ne l'écrire.
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Proust est une fiction

Autant certains textes critiques sur l’œuvre de Marcel Proust peuvent être destinées à un vaste public ou même intéresser des lecteurs qui ne s'y seraient pas encore essayé, voire leur donner envie de sauter le pas, autant je crois que Proust est une fiction est un livre de groupie pour les groupies. C'est un concentré de madeleines pour ceux qui, comme votre serviteur, sont allés se recueillir sur le remblais à Balbec, sont partis en pèlerinage à Combray, ont donné à leurs enfants des prénoms issus du bottin proustien et qui, quand ils n'éprouvent pas le besoin de relire des extraits de La Recherche, lisent les travaux de ceux qui en font l'étude. À ceux-là, François Bon sait s'adresser. Et il le fait bien.



Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Rolling Stones, une biographie

Contrepoint.



Pourquoi je n'aime plus les Rolling Stones ?

Ils se sont détachés de moi comme la coquille sur la bernique frappée d'une mort certaine, ne créent plus rien d'important et semblent aujourd'hui être des vieilles carries dans de vieilles bouches. Ils sont encore debout, mais il suffit de les pousser pour qu'ils tombent en désuètude. Ils ont mal vieilli, très mal vieilli ! Les tirades de Keith Richards ne font plus "frétiller personne". Les gimmiques de Mick Jagger sont du recuit de chez recuit. Et les deux ou trois restants qui se sont rajoutés au fil des ans remplaçant les historiques ressemblent à des épouvantails à moineaux sans aucune plus value, sortis de nulle part !..

Le son, l'impertinence, la rebellion, la violence, la sensualité, l'originalité et la création dans les faubourgs de Londres qui firent d'eux pour tout une génération un étendard se sont volatilisés pour ne laisser place qu'à une coquille vide qui a laissé sur ses parois élimées quelques relents mal nettoyés. le temps a mal fait son oeuvre !

Ce groupe qui a bercé mon enfance dans une ambiance électrique, échevelée et furieuse telle une eau torrentielle balayant tout sur son passage est aujourd'hui morte pour ne laisser qu'un souvenir pathétique ! Oui, là, je brûle mes jouets, carrément ! Je voudrais tant pourtant les faire revivre pour la dernière jeunesse, mais quelque chose me retient de le faire, je n'en ai plus du tout le goût et la volonté. Les morceaux qui m'ont ensensé jadis ne seront plus présents à ma mort sur cette terre, ce que je portais jalousement comme une fière identité a cessé de me poursuivre, heureusement remplacée par autre chose !.. Peut-être même que cette épopée folle m'a fourvoyé et empêché de voir autre chose, comme une impasse existentielle !.. Quand j'enlève cette mauvaise peau, il n'en reste rien ! Peut-être que j'aurais un avis différent demain, mais il m'étonnerait ! Pourquoi attacher de l'importance à ce qu'il n'en a véritablement pas !..J'y ai cru comme à un sacerdoce, ce fut une grande illusion, une énorme passade qui ne devait pas bien me correspondre dans le fond puisqu'il n'en reste rien !..



Ils vont faire quoi maintenant ? A peine un arpège nouveau à se mettre sous la dent dans ce vieux faubourg londonien qui ..



L'humanité ne mène à rien dans la violence et la luxure !..



J'aimais bien pourtant ces bad boys des faubourgs de Londres qui extrapolaient sur des airs venus d'Amérique ; ils exprimaient la rupture et la radicalité eu égard à une société corsetée, mais battre le rappel pendant un demi-siècle en tapant sur des gamelles a provoqué chez moi une sortie de route anticipée qui fut je pense mise à profit par les arts, la littérature, les artistes peintres. En fait tout ça n'a plus rien à voir aujourd'hui avec les premiers souffles d'une jeunesse débridée, impatiente qui aspirait à bien d'autre chose ..
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Commonplace Book

Ce fut une lecture très très intéressante grâce au travail de François Bon qui nous permet de comprendre mieux le monde de Lovecraft et la création de certaines de ses œuvres. Ce roman consiste en un grand nombre d'idées de Lovecraft dont une minorité ont été utilisés pour certaines de ses œuvres tel que les montagnes alluciné. Toutes fois je recommande d'avoir lu au préalable certains classiques de l'auteur et notamment le recueil de nouvelles Dagon dont on peut se servir durant toute la lecture pour mieux comprendre la raison de la création de certaines œuvres. Je souligne aussi le fait qu'il est intéressant d'avoir laissé la version originale pour se faire sa propre traduction. J'ai beaucoup aimé cette lecture et je la recommande.
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Commonplace Book

Ce livre est la traduction du célèbre carnet de notes de Lovecraft - une curiosité et une lecture réellement intéressante pour les admirateurs ou les amateurs d'HPL.



L'éditeur a eu la bonne idée de le publier en version bilingue... ce qui permet au lecteur également bilingue de relever d'assez nombreuses et étonnantes erreurs de traduction. Bien sûr, la traduction n'est pas une science exacte... il ne s'agit toutefois pas ici d'aménagements sémantiques mais bien d'erreurs manifestes.



Trois petits exemples au passage : "weirdly" traduit par "sauvagement" (confusion avec 'wildly', sans doute...), "motto" (mot généralement traduit par 'devise' ou 'maxime') traduit par "motif", "farm-dotted valley" (une vallée constellée, parsemée ou jalonnée de fermes) traduit par "une ferme dans une vallée...".



Cela ne serait pas si irritant s'il n'y avait également les annotations du traducteur (François Bon), visiblement déterminé à afficher son érudition et un ton d'écrivain sérieux (par opposition, je suppose, à un simple "fan de Lovecraft" - cf. notamment ses références récurrentes aux motifs de l'escalier et du livre chez HPL)... mais qui réussit surtout à montrer une pédanterie assez insupportable et, ce qui est plus grave, mâtinée d'erreurs élémentaires. Deux exemples au passage :



- Walter Gillman, le protagoniste de "Dreams in the Witch House", présenté comme le narrateur de la nouvelle alors que celle-ci est racontée à la troisième personne (et que le personnage en question meurt à la fin).



- Plus gênant : M. Bon écrit que Clark Ashton Smith (un des "trois mousquetaires" de Weird Tales avec HPL et Howard) était "un personnage important" dans la vie de Lovecraft (en effet, ils étaient amis et correspondaient régulièrement) car il était (accrochez-vous) "rédacteur en chef de Weird Tales" (tiens donc...) et qui (je cite, pour prouver que je n'invente rien) "ne lui a jamais permis d'accéder au rêve d'un livre publié de son vivant.". Tout cela est évidemment totalement inexact. Monsieur Bon a manifestement confondu ce pauvre Clark Ashton Smith et Farnsworth Wright, le rédacteur en chef de WT à l'époque... Au-delà de la maladresse, j'avoue ne pas du tout comprendre comment un écrivain qui connait Frank Belknap Long et cite ST Joshi peut tout ignorer d'un auteur comme Smith (ce serait un peu comme si un spécialiste de Victor Hugo ne voyait pas du tout qui était Charles Nodier) ou faire preuve d'une telle légèreté... Il semble en tous les cas s'être pris les pieds dans le tapis (peut-être celui qui recouvre les marches de l'escalier lovecraftien récurrent).



Olivier Legrand
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50 Micronouvelles

On va s'essayer à la micro critique :



Enchanté par l'idée.

Déçu par la forme.

Frustré par le contenu.



... Bon en fait c'est pas si facile.

Néanmoins, j'ai plus eu l'impression d'avoir eu des petits fours par auteurs (sans oublier la présentation de son livre avant histoire de faire un petit coup de comm). Rien de bien rassasiant, ni même appétissant par moment.

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Tous les mots sont adultes : Méthode pour l'a..

Je suis très énervé contre ce livre qui porte un titre emprunté à Maurice Blanchot, énervé à cause de son sous-titre : « Méthode pour l'atelier d'écriture ». Ou il y a équivoque sur le sens du terme « méthode », ou bien je suis trop idiot pour comprendre de quelle manière cela serait une méthode, ou enfin il y a franchement tromperie sur la marchandise. Depuis le début des années 1990, François Bon, écrivain, se consacre aux ateliers d'écriture à vocation littéraire auprès de publics très variés. Une méthode pour l'atelier d'écriture (littéraire), me semble-t-il, devrait a minima contenir l'énoncé des thématiques (s'il y en a) que l'animateur aborde durant les séances (avec ou sans progression, à expliciter), les textes littéraires dont il se sert et la manière de les utiliser, l'indication des propositions et modalités d'écriture (cadre, durées, contraintes éventuelles, possibles inducteurs intermédiaires et/ou complémentaires, etc.), les règles relatives au partage (lecture) et aux retours sur les écrits (finalités, formes, limites, etc.), et enfin, si possible, quelques exemple de textes dont ces dispositifs ont permis la production en groupe. Il ne s'agit pas là de « transposer des recettes », qu'il soit bien clair, et un animateur-lecteur du livre qui s'approprierait ces « recettes » telles quelles sans citer son inventeur serait tout simplement coupable de plagiat, comme pour n'importe quelle oeuvre de l'esprit – c'est la loi. Mais que Bon s'ingénie à brouiller délibérément les pistes, à occulter ses dispositifs, à placer dans le désordre les textes littéraires, leur apparente raison d'être (ex. un discours sur le visage...) et le commentaire afférent (… suivi d'un commentaire sur la ponctuation), (un chapitre sur « les trajets, la ville », comportant l'énoncé d'une contrainte sur la syntaxe (p. 59)), à partager avec une extrême parcimonie (euphémisme!) les productions des participants, en obscure consonance voire en claire dissonance avec les textes d'auteurs adjacents... tout cela a eu pour conséquence de m'agacer démesurément. Nous ne saurons du cadre que la circonstance – que je trouve critiquable – que François Bon refuse d'écrire en même temps que les participants. Il n'y a qu'à se référer à la table des matières : un capharnaüm (même typographique) inouï, dans lequel aux chapitres, nommés « cercles », sauf un « Chapitre à part » (allez comprendre pourquoi celui-là n'est pas un cercle, peut-être est-il une ellipse!?) s'alternent des « hommages » : à Georges Perec, à Franz Kafka, à Valère Novarina, à Bernard-Marie Koltès. Et dans les « cercles » il y a des « variations », des italiques, des focus sur une oeuvre, un auteur, plusieurs auteurs en vis-à-vis...

J'avoue que si j'ai poursuivi jusqu'à son terme cette lecture exténuante, éprouvante pour mes nerfs irrités, ce n'est que pour la beauté et l'intérêt des fragments des auteurs, parfois classiques mais qui le plus souvent m'étaient totalement inconnus, surtout les poètes contemporains. Les rarissimes productions d'atelier étaient aussi souvent délicieuses. Et enfin, rares pépites laissé choir inopinément par Bon, j'ai profité de quelques considérations dont il a consenti à nous faire part sur les spécificités de l'écriture en atelier, sur lesquelles, au demeurant, je me trouve en accord avec lui. Si l'auteur éprouve autant de réserves à partager ses expériences, tout en ayant cependant l'envie ou l'ambition d'en publier un ouvrage, qu'il soit charitable, qu'il se limite à compiler une anthologie des magnifiques morceaux qu'il utilise : nous comprendrons bien mieux sans son verbiage prétentieux les raisons de ses choix, et sauront en tirer notre propre nourriture.
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Rolling Stones, une biographie

Gros pavé de François Bon sur la vie des Rolling Stones. La vie car traite aussi bien du parcours artistique que de ce qui fait la vie sociale entre amis, amours et famille. C’est très dense, documenté et la tentative d’objectivité louable. Beaucoup de figures sont rencontrées au gré de la lecture…

Cette biographie traite surtout de l’époque des débuts aux années 80. Le rôle de Brian Jones, l’oublié, est bien réhabilité. Jagger et Richards ne sont pas décrits comme des icônes à regarder avec les yeux de l’amour quand Watts et Wyman auront tenté d’être plus que des faire-valoirs ! Quant à Taylor et Wood seront-ils un jour des « Stones » ?

Ce livre a un intérêt pour les nouvelles générations pour découvrir l’ambiance des années 60 et le début du rock en Angleterre dans le sillage des Beatles ! Témoignage d’une époque où la chronique était attendue chaque mois dans les magazines Rock’n’Folk et Best.



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Notes sur Balzac

J’ai découvert François Bon sur YouTube où il anime une chaîne consacrée à la littérature. Ses monologues inspirés, passionnés, improvisés sont remarquables. Son style mordant, son humour, son expérience en tant qu’éditeur et auteur, son parcours professionnel tout cela contribue à rendre son propos original et captivant. Je ne pouvais donc pas résister à l’envie de découvrir ses « notes sur Balzac » en espérant retrouver dans ses écrits, la verve et la fantaisie dont il fait preuve à l’oral.

J’ai retrouvé effectivement un style d’écriture très personnel, mais auquel manquait la spontanéité et la simplicité que procure un propos tenu face caméra.

Le début est prometteur, on y découvre les confidences d’un Balzacien très tôt converti. La suite est un peu faible dans la mesure où il s’agit, comme le titre l’indique, de « notes » sur Balzac. On a l’impression qu’il s’agit de la compilation de quelques idées et impressions notées au fil des lectures plutôt que d’un essai structuré et abouti. Un livre en devenir en quelque sorte.



Cela ne serait pas très pénalisant s’il le texte n’était pas en plus entaché de quelques erreurs typographiques, mots manquants ou doublés (très peu tout de même).



Mais ce qui m’a le plus gêné en fait c’est le style heurté de certains passages : « … je m’enferme tout le jour avec les livres. Quand ça embraye, je ne cesse plus de trois jours et trois nuits. La tête juste un vertige. » On comprend, mais je préfère une écriture plus explicite, moins télégraphique.



Passons outre ces petits défauts et réjouissons-nous du fait que Balzac inspire encore de nos jours des livres et des commentaires de la part de passionnés de littérature.



— « Notes sur Balzac », François Bon, Tiers Livres Éditeur (2016), 128 pages.
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Rolling Stones, une biographie

François Bon signe une bio sérieuse des Rolling Stones. L'histoire de la rencontre de deux ados qui rêvaient de devenir Chuck Berry : Mick Jagger et Keith Richards qui se sont rencontrés à la gare de Dartford, banlieue sud-est de Londres. D'autres moments sont passés à la machine des souvenirs dont la mort de Brian Jones à vingt-neuf ans dans sa piscine ou Meredith Hunter poignardé par un Hell's Angel. Puis quarante ans d'histoire frôlent la légende de drogue, d'amour, de mondialisation de leur musiques, un zeste de rébellion et beaucoup de fric à ne savoir qu'en faire. Une bio à l'image de ces icones du rock, avec toujours un côté décalé et une accumulation de témoignages qui permettent de suivre leurs traces décennie après décennie. Un travail fort bien mené et fait pour être applaudi par les fans de toujours. Sans doute le livre le plus complet sur ce thème.
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Sortie d'usine

Un court roman offrant une plongée dans la condition ouvrière et, surtout, à la torsion que la vie en usine impose au langage: le narrateur devient, peu à peu, une conscience globale de tous ces destins, une voix collective dont l'ambition n'est pas de raconter mais de fixer l'irracontable. On ne peut qu'être sensible à l'extrême tendresse que l'auteur, ancien ouvrier lui-même, éprouve pour le peuple d'ombres dont il brosse ici le portrait. A lire dans une époque qui nie l'existence d'une lutte des classes: rappeler, par la même occasion, que le français ne prend pas sa source à l'académie.
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Bob Dylan : Une biographie

La première biographie que je lis sur le poète chanteur.

Je ne jugerais pas trop donc sur la totale pertinence de tout ce qui est dit .



Le style est agréable. François Bon évoque parfois son propre parcours, son propre rapport à Dylan .



Je note qu'il survole sa carrière à partir des 80'/90 et s'attarde par contre beaucoup sur les débuts.

Il est assez distant envers les "Chronicles ": il souligne souvent que selon lui, elles tiennent plus de la "légende écrite par Dylan himself" que de la vérité.
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Paysage fer

2 étoiles pour l'idée originale mais le voyage fut long. J'aime beaucoup l'idée de noter et décrire ce qui nous entoure au quotidien mais je regrette le style un peu trop télégraphique et c'est donc parfois un peu confus. Une lecture qui malgré tout sort de l'ordinaire.
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Rock'n Roll : Un portrait de Led Zeppelin

Comme à l’accoutumée et avec grand renfort de documents voire d’expériences vécues, François dresse une fresque sur les groupes et chanteurs majeurs des années 60-70.

Tout part ici de ce fameux concert de mai 1975 à l’Earl Court de Londres auquel l’auteur se rendit avec des amis depuis son Anjou natal dans « une Opel Kadett brune ». Puis c’est la fascination immédiate pour cet ange blond, chemise ouverte sur torse velu (Robert Plant), ce guitariste empli des riffs les plus fabuleux (Jimmy Page), ce bassiste-organiste discret et efficace (John Paul Jones) qui colle si bien à la frappe de bûcheron de ce batteur monolithique (John Bonham).

Et c’est justement par ce batteur que l’on commence, John Bonham, des environs de Birmingham – qui, avec Robert Plant, représente l’envers « prolétaire » du groupe – mort le 25 septembre 1980 et qui mettra fin au groupe tant il en constituait l’alchimie. Pourtant, quand Jimmy Page le voit sur scène et veut absolument le recruter, John Bonham n’y croit pas trop : il veut bien « dépanner » sur une tournée mais pas plus. Car le groupe s’est formé sur les ruines des fameux Yardbirds dans lequel défilèrent quelques guitaristes qui s’y sont fait les riffs et ont depuis laissé quelques traces : Eric Clapton, Jeff Beck et Jimmy Page. Et puis il y a bien sûr quelques anecdotes : ainsi l’origine du nom du groupe « Lead Zeppelin » [de l’anglais « lead » (prononcé « lède »), le plomb] viendrait d’une plaisanterie de Keith Moon, batteur des Who, voit tomber le « a » de Lead sous l’influence de Peter Grant.

La lecture se fait donc au gré du temps et des albums (en tout huit), François Bon s’ingénie à brosser le portrait de chacun des membres du groupe. D’abord il y a John Bonham, celui qui apprend la batterie dans une caravane puis finit par demander des modifications techniques aux fabricants qui s’empressent de lui faire essayer gratuitement ; Jimmy Page qui apprit la guitare par hasard, parce qu’il s’ennuyait dans la maison de ses parents et qu’un visiteur l’a oubliée un jour et qu’à la radio passait un morceau d’Elvis que Jimmy se mit en devoir de vouloir reproduire. Ce qui le conduira à devenir un musicien professionnel dès 16 ans, un de ces fameux « requins de studio ». C’est aussi le cas de John Paul Jones, le bassiste-organiste, qui lui vient d’une famille de musiciens saltimbanques et qui n’est pas toujours pour rien dans la création zeppelinienne : arrangeur de cordes, pianiste et bassiste émérite, on lui doit le riff d’entrée du fameux Black Dog qui ouvre le Led Zeppelin IV.

A force, tout ce beau monde se croise dans les studios et finit par jouer ensemble. On notera que souvent des parties de guitares dans les albums des grands groupes comme les Rolling Stones sont de Jimmy Page. On sait aussi que John Paul est le pianiste qui officie sur leur fameux « She’s Like a Rainbow .» Quant à Robert Plant, il est recruté un peu comme Bonham, parce que sa voix de bluesman a fait le tour de l’Angleterre et du monde du rock et que Jimmy Page le voit sur scène et repère son potentiel.

Ainsi va le livre, François Bon part dans le passé, revient à ce qu’il appelle les « horloges », temps forts de cette aventure du rock, où les dates sont marquées et marquantes, zoome avant et arrière, explique la composition de telle ou telle chanson, l’ambiance de tel ou tel album, de tel ou tel concert, toujours sous la houlette du massif Peter Grant, producteur et organisateur en chef secondé par le fameux Richard Cole qui entraîne souvent l’excessif Bonham dans des frasques sexuelles, alcoolisées et emplies de drogues diverses. On peut expliquer la prise de drogues par le nombre des tournées, la pression croissante et les marathons surhumains des concerts qui durent jusqu’à trois heures de temps. C’est aussi l’époque où l’on ruine les chambres d’hôtel, où l’on fait scandale, où l’on saccage et où l’on finit par être interdit ici et là. Mais tous les excès n’ont eu guère qu’une issue pour les deux batteurs les plus fous et géniaux de ce monde trépidant, Keith Moon et John Bonham, même destin à deux années d’intervalle. Dans la légende aussi, on apprend que Jimmy Page avait racheté la propriété d’Aleister Crowley, le sulfureux écrivain occulte du début du siècle dernier et qu’il reste fasciné par le personnage allant jusqu’à racheter à prix d’or les manuscrits le concernant. Le rock et les déviances occultes et diaboliques ont toujours fait bon ménage. Encore est-ce un signe des temps ?

Mais ce qui est, à mon sens, fascinant c’est l’aspect technique de composition et d’enregistrement de cette époque. Par exemple, dans Headley Grange, vaste manoir anglais, on place la batterie au centre et on décale les micros ; Jimmy Page a besoin de faire fabriquer une double manche 12 cordes et 6 cordes pour interpréter Stairway to Heaven sur scène et pour la petite histoire se fait offrir une Fender Télécaster achetée en Californie par Jeff Beck et sur laquelle il joue le solo dudit Stairway .

En quelques albums et en 12 années de création intense, Led Zeppelin a rejoint le panthéon des grands groupes de rock. A cause des riffs acérés de guitare distordue, on les assimile au heavy métal, les considérant comme les inventeurs de ce courant. Mais à la lecture de cet ouvrage, on apprend mieux que les influences de Led Zeppelin sont diverses, copiant parfois les grands du blues (deux procès pour plagiat notamment de Willie Dixon pour Whole Lotta Love qui reprend ses paroles) mais aussi partant de cette alchimie qui fait un grand groupe et où chacun apporte : Jones, le classicisme, Page, le blues et le folk aux guitares accordées en DADGAD (Ré-la-ré-sol-la ré = accordage pour jouer Kashmir)), Plant les paroles issues de ses lectures de fantasy et Bonham le martèlement wothanien des vikings de ma chanson préférée : Immigrant Song dans l’album III.

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Bob Dylan : Une biographie

François Bon, on le sait, continue à publier les histoires et biographies d’artistes et de groupes légendaires : avant Dylan, il y eut les Rolling Stones et après il y a Led Zeppelin.

Dans le cas de Dylan, son but est de donner des éclaircissements sur l’autobiographie de Dylan (Chroniques) dans laquelle, celui-ci semble ne raconter que ce qu’il veut mais surtout ce qui contribue à créer sa légende.

Parti d’une petite ville du Minnesota, intéressé par les chansons folk et notamment celles de Woody Guthrie, Dylan monte de petits groupes avant de s’inscrire en musicologie à l’université puis de partir tenter sa chance dans les clubs folk newyorkais. Partout où il ira, il semble qu’il se crée un personnage, un peu comme le souligne F. Bon comme Bardamu était le double de Céline, Bob Dylan sera celui de Robert Zimmerman. A l’instar de Rimbaud -« je est un autre ». Par exemple, il cultive son côté « clochard céleste » prétendant être orphelin à son arrivée à New York alors que ses parents sont des commerçants prospères d’un magasin d’électroménager.

Quand Dylan crée, c’est toujours avec cette légère distorsion de la réalité, cet arrangement avec sa vie qui pourrait être perçue comme une série de masques, presque comme une œuvre d’art. Paradoxalement, sa musique ne souffre que de peu de prises et d’over dubs (rajouts d’instruments ou de voix après –coup), ce qui déroute beaucoup les musiciens professionnels qui jouent avec lui : peu d’indications, suivre la main du maître sur la guitare ; deux prises maximum. En fait le personnage Dylan n’est jamais là où on l’attend : pour l’avoir vu en concert, on sait qu’on ne va pas reconnaître les musiques et les chants, qu’il ne va pas s’adresser au public sauf pour présenter ses musiciens. Il en va de même sur ses albums : après avoir été propulsé dans les premières places grâce à la scène folk qui lui fera rencontrer Joan Baez, il va –selon certains puristes – la « trahir » en électrifiant les instruments. Encore maintenant, on en parle et je me souviens avoir lu dans une encyclopédie que Bob Dylan avait dénaturé le folk en rajoutant des guitares électriques, ce que François Bon appelle le « Dylan » d’avant 1966, bascule au festival de Newport où l’on n’a pas le temps d’enlever les amplis du groupe précédent, Dylan vient avec une guitare qu’il branche alors qu’on attendait le « hobo » avec sa guitare acoustique. De même, de nos jours il n’est plus guère à la guitare mais au piano ou à l’orgue et se présente de profil au public. Jamais où on l’attend.

Pourtant, quand il ne « joue » pas à Bob Dylan, Robert Zimmerman, c’est monsieur tout-le-monde qui rentre dans sa petite ville de Duluth au milieu des années soixante où personne ne connaît son succès, c’est un membre de la famille comme un autre ; c’est aussi ce personnage victime de son image et qui se cache des curieux de toutes sortes en achetant maison sur maison, avec de grands parcs inaccessibles, jusqu’à posséder 15 maisons dont une espèce de château où François Bon devine sa grande solitude. Enfin, c’est un personnage constamment en quête de lui-même, ni tout-à-fait poète ni tout-à-fait rock star mais à la fois les deux, Dylan est présenté comme un paradoxe vivant.

Reste une biographie très agréable à lire en ce sens où l’auteur se pose encore des questions, notamment en recoupant témoignages et biographies , possède une érudition évidente sur les courants et la musique de cette époque, capable de citer types et marques de guitares ainsi que les accordages et les accords, car c’est aussi cette culture qui intéresse le lecteur ; les grands noms du folk – j’avoue en avoir appris beaucoup –jusqu’aux clubs newyorkais où se croisent les stars du passé, du présent et de demain. De même, sans en faire une analyse universitaire et détaillée, il se réfère à telle ou telle chanson pour établir la correspondance, les échos qu’elle pourrait susciter pour illustrer son propos, quelques bribes de paroles –traduites un peu légèrement parfois, mais qu’importe – et le nom de quelques musiciens qu’on ne choisit pas par hasard. Il y a toujours mise en scène du personnage mis en abyme dans ces chansons.

François Bon sait faire de la vie des célébrités majeures du rock et du folk, des romans à part entière rien que dans la chronologie des albums et dans l’évolution de son personnage ambivalent. Personne ne comprend Dylan, à commencer par lui-même ; et puis pourquoi le faudrait-il ? L’énigme le rend plus vivant.

Une lecture passionnante.

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Daewoo

Il n’est pas facile de parler de ce livre. Mais ce n’est rien par rapport à ce qu’il raconte. Il s‘agit en effet de se rendre à l’usine Daewoo de Fameck qui vient de fermer. Une grande majorité de femmes se retrouvent au chômage. On les écoute raconter leur histoire, leurs rêves de voyage, leur joie d’être ensemble lorsqu’elles étaient à l’usine.

C’est aussi le constat d’un échec politique, d’un fiasco économique et par delà même, une approche concrète des méfaits de la mondialisation. C’est le mépris des dirigeants, l’inconsistance des fameuses « cellules de reclassement » où les femmes se voient offrir des emplois dans le télémarketing ou le dressage animalier. François Bon nous fait vivre une aventure sous ces ciels gris de Lorraine où les ouvrières deviennent de vraies héroïnes de la vie, nous apprennent la survie et la dignité, dignité de ceux qui gardent toute leur fierté quand bien même les médias grossissent l’évènement, insistant sur la désolation. Il recueille les confidences entre un café et une conversation, il s’imprègne des lieux, en construit une pièce de théâtre et l’on voit très bien comment les entretiens enregistrés au mini-disc, finissent par se transformés pour être joués sur une scène car François Bon alternent les genres. On assiste à la discussion à bâtons rompus puis on lit la pièce, la scène qu’en fait l’auteur. Pas un mot n’est changé, et l’on note au passage le respect que François Bon porte à ces ouvrières qui le reçoivent. On est loin des reportages voyeuristes d’une certaine télévision. Travaillant pour le Centre Dramatique de Nancy alors dirigé par Charles Tordjman, François Bon a déjà l’idée de sa pièce, donner la parole à ceux qui ne l’ont pas ou alors tronquée par l’esprit du moment. Avec tous ces personnages, on fouille par le menu cet échec, ce retrait de Daewoo qui implanta trois usines en Lorraine, alléché par les subventions publiques, on remonte jusqu’à Mr Woo, fondateur de cette firme, sorte de self-made man à la coréenne, on parle aussi de la visite des dirigeants avec un traducteur, de l’incompréhension mutuelle qui n’était pas uniquement due au barrage de la langue.

Et puis plane ce fantôme qui revient en filigrane, allégorie si ce n’était que de la fiction, de ce gâchis, de la mise en échec de ces bonnes volontés qui élisent cette Sylvia – à la mémoire de laquelle le livre est dédié tout entier – comme porte-parole, un peu naturellement, pendant les luttes où la solidarité est de mise, où l’on brûle des palettes devant l’usine et l’on se sert les coudes, pour s’apercevoir bien sûr que tout était déjà programmé depuis longtemps, on se rend compte – ce n’est hélas pas nouveau et ça continue- que la vie de personnes dépendent d’un seuil de rentabilité et l’on déplace une usine comme on joue au Monopoly.

C’est un livre triste mais tellement vivant. Ce sont des vrais gens qui parlent, sans fard, de leurs vies gâchées, sans voix off pitoyable, l’auteur n’existe que dans ses déplacements, quelques photos volées sur les sites désolés pour construire son décor et par l’objectivité de son appareil à recueillir les impressions sous le regard bienveillant de Sylvia, finalement personnage essentiel de cette histoire .

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Autobiographie des objets

De quelle acuité du souvenir dispose François Bon pour se remémorer le temps de l’ID 19, de la deux-chevaux, lorsqu’on jouait à trouver les départements des plaques d'immatriculation.

J’ai les mêmes souvenirs, mais ils sont un peu plus nébuleux.

Je devais avoir le même âge que l’auteur, celui de l’époque télévisuelle de Thierry la Fronde, de Cinq colonnes à la une, d’Intervilles.

Nous ne partageons pourtant pas les mêmes objets. Différence de milieu social peut-être ? Rien ne me rappelle le mellotron (instrument de musique équivalent à un orchestre symphonique).



Il faut être un farfouilleur de vide-greniers invétéré pour retrouver, à défaut de mémoire, les objets dont l’auteur nous parle.



L’écriture ne facilite pas la lecture car nous sommes plus près d'une analyse sociologique que d’une approche poétique à la Christian Signol dans “Les vrais bonheurs”, que j’ai lu en parallèle.

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Sortie d'usine

Un livre qui vous laisse sonné. Quel en est le personnage principal? Peut-être l'usine elle-même, monstre impitoyable dont on voit bien l'allégorie lorsque dans une scène à l'écriture sublime, le narrateur, tout à la fin, la contemple de la rue...



Car ici, sortie d'usine se comprend de diverses manières. Ce n'est pas seulement la sortie du soir, la "débauche", meilleur moment de la journée. C'est aussi la démission du narrateur, qui a réussi à la quitter. Ce sont aussi les rêves de démission -parfois réalisés, parfois brutalement suivis d'échecs- de ceux qui ont réussi à accumuler un petit pécule pour aller ouvrir un bar ou autre mise à son compte, comme on dit. La grève, petite parenthèse enchantée (la scène où les ouvriers occupant l'usine déambulent respectueux dans les bureaux de la direction est extrêmement jouissive). C'est enfin la sortie définitive de ceux qui sont morts au travail, ou quelques mois après avoir pris leur retraite.



Mais le monstre-usine, on s'en accommode aussi, comme Jonas dans le ventre de la baleine. François Bon passe en revue les ruses dérisoires, les stratégies subtiles pour s'y faire une place et y survivre. Les photos de pin-ups graffitées, scotchées autour du poste de travail. Les courses en transpalette, utilisé comme une trottinette capricieuse de 120 kilos. Se rappeler les conversations du dîner de la veille pour éviter l'ennui de l'automatisme, de ces mêmes gestes répétés à longueur de journée. Se plonger dans un livre à la pause déjeuner.



On est très loin ici de la caricature de l'ouvrier. On peut même se dire après avoir lu ce livre que l'ouvrier moyen, cela n'existe pas.
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Sortie d'usine

Sortie d’usine est une lecture passionnante et indispensable pour mieux comprendre les enjeux socio-industriels actuels.
Lien : https://www.bdgest.com/chron..
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Passants

L’exercice proposé est le suivant : choisir un tableau parmi ceux du musée des Beaux-Arts de Lyon, et écrire.

21 écrivains se sont prêtés au jeu sous la coordination éditoriale Pierre Zancarini. Parmi eux : Charles Juliet, Michaël Glück, Michel Le Bris, Brigitte Giraud, Jean-Bernard Pouy, Tiphaine Samoyaut, Jane Sautière, Claude Burgelin, François Bon, Jean-Pierre Martin, et d’autres.

Passants est un beau livre, avec une mise en page particulièrement réussie des tableaux qui ont inspiré les textes. On appréciera la composition graphique, l’utilisation des détails, l’originalité et la modernité de la présentation.

Les tableaux dont le rendu des couleurs est superbe font toute la valeur du livre. On peut toutefois regretter que les textes soient inégaux et pas toujours à la hauteur du projet.

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