Franz-Olivier Giesbert - Histoire intime de la Ve République. Vol. 3. Tragédie française
Un jour, un chercheur sidéré par les résultats de ses travaux nous dira peut-être que ce qui nous distingue vraiment des grands singes, en fin de compte, c'est qu'ils n'ont pas, eux, un statut juridique digne de ce nom.
J'ai compris très tôt qu'il valait mieux passer sa vie à aimer plutôt qu'à détester. On se sent mieux, le soir, avant de se coucher. De surcroît, haïr fatigue. Je n'ai plus l'âge.
Le grand âge qui est le mien m’a appris que les gens sont bien plus vivants en vous une fois qu’ils sont morts. C’est pourquoi mourir n’est pas disparaitre, mais, au contraire, renaître dans la tête des autres.
Si j’ai réussi à me faufiler chaque année dans la classe supérieure, c’est parce que je faisais illusion. Même si je voulais devenir Hugo, c’est-à-dire écrivain, j’étais déjà, sans le savoir, journaliste dans l’âme : un imposteur qui savait embobiner son monde. Grand lecteur, je pris l’habitude de glisser, jusqu’en terminale, des citations dans mes copies ou mes interrogations orales.
De tous les animaux de ferme, le porc est, à cause de sa psychologie, de son empathie et de sa mémoire, le plus proche de l’homme. Mais comme s’il y avait un lien de cause à effet, c’est aussi le moins respecté par notre espèce, le plus martyrisé, mis plus bas que lisier.
[...] Les barrières sont les meilleures alliées de l'amour; plus elles sont hautes, plus il est grand.
J'aime les citations. Quand elles sont réussies, elles peuvent en dire bien plus qu'un livre : chacune devient une philosophie ou un monde en soi. Souvent, elles en disent très long sur la vanité des choses et des gens.
Même quand j'étais heureux en ménage, ce qui fut souvent le cas, je continuais à rechercher le très grand amour, celui qui, selon Spinoza, constitue un "accroissement de nous-même".
Le porc figure très haut dans les classements d’intelligence des animaux, toujours derrière les chimpanzés, mais souvent au niveau, voire au-dessus des éléphants ou des grands dauphins, très loin devant les chiens. Cet imbécile de Descartes comparaît les bêtes à des horloges, mais le porc aussi est, j’en suis sûr, capable de se dire comme nous : « Je pense, donc je suis. »
L’avenir, c’est du passé qui recommence. Le monde a toujours besoin de boucheries, pour réguler l’espèce. Il mouline sans arrêt les mêmes vanités. Rien ne change donc jamais, ici-bas. Sauf qu’il y a de moins en moins de curés et qu’il faut de plus en plus de gendarmes.