Avant de me plonger dans les premières lignes de ce petit livre, je l'imagine déjà comme l'une des belles histoires d'amitié de la littérature. Hans et Conrad, deux amis fidèles pour la vie. Hans Schwarz est juif, mais bon peu importe, vit dans un univers plutôt bourgeois. A 16 ans, au lycée Karl Alexander Gymnasium de Stuttgart, il ne brille pas plus que ses camarades, mais se fait remarquer par sa solitude. Si les autres le méprisent par moment, il n'en fait guère une affaire personnelle et laisse couler les guerres personnelles comme l'eau de la Neckar qui traverse majestueusement la ville.
Un matin comme tous les autres, ou presque, le soleil plonge la ville dans les reflets de sa Neckar. Ce matin, un nouvel élève entre en scène, Conrad Graf von Hohenfels, une tête d'un blond princier, la noblesse dans ses vêtements et dans son maintien. Une cour s'affaire autour de lui à la cour de récréation, mais il n'en semble guère touché par ses marques de fausses attentions, conscient de son statut familial et de la noblesse de son sang.
Un coup de foudre dans le genre amitié. Hans et Conrad, deux adolescents qui, à priori, n'ont pas grand-chose en commun, sauf la volonté de s'isoler des autres, commencent à échanger des regards, des invitations, des silences surtout des silences. Les histoires d'amitié sont toujours belles, mais Conrad ne semble inviter Hans dans sa noble demeure que lorsque ses parents y sont absents… Un signe ? Pendant ce temps-là, les moqueries anodines devenues insultes méchantes envers Hans se font de plus en plus fréquentes. Et plus… le nazisme s'installe tranquillement au pouvoir, et dans les nobles demeures de la région.
Le nazisme, plus fort que l'amitié. Les hommes sont devenus fous. Mais ce n'est qu'une passade, ils vont revenir à la raison, se dirent les plus optimistes. le père de Hans est décoré d'une noble distinction au cours de la précédente guerre, il n'a guère de soucis à se faire, pourquoi un ancien combattant serait montré du doigt, simplement pour ses origines… Pourtant, il envoie son fils à l'autre bout de ce monde, en Amérique…
Pourquoi me suis-je mis à lire ce court roman, ou cette longue nouvelle ?
Bien sûr, j'en avais entendu parler depuis quelques années, il me faisait envie même, puis j'aime beaucoup les bières allemandes, des blanches qui ont du goût, ou des blondes qui ont du corps, en écoutant quelques vieux disques de Krautrock d'un autre temps, et je me vois bien lire et relire Hermann Hesse. Alors pourquoi pas Fred Uhlman…
Pour ce récit historique d'une justesse d'émotions, pour découvrir les prémices de l'antisémitisme à travers le regard d'un enfant, pour accompagner mon fils dans cette lecture, programme de 4ème et parce que les histoires d'amitié recèlent souvent des trésors d'humanité, ce qui semble beaucoup manquer à cette époque.
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