AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Fritz Leiber (142)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Lankhmar - Intégrale, tome 2

Un second volume de l'Intégrale un peu moins intéressant et un peu plus inégal que le premier, mais avec quelques textes incontournables (et la genèse des Skavens ! )



Voici donc le volume 2 de l’intégrale du Cycle des épées de Fritz Leiber, après Lankhmar – Intégrale 1. Il comprend les volumes 4 (Épées et sorciers), 5 (qui, après avoir été appelé Le royaume de Lankhmar pendant des décennies, retrouve avec les deux éditions Bragelonne dont il a bénéficié un titre français plus conforme à l’original : Épées de Lankhmar) et 6 (La magie des glaces).



Petite précision : il n'y a pas de table des matières, donc en voici une :



Sous la tente de la sorcière : p 9.

L’embarcadère des étoiles : p 15

Les deux plus grands voleurs de Lankhmar : p 75.

Les seigneurs de Quarmall : p 90.

Épées de Lankhmar : p 173.

La tristesse du bourreau : p 375.

La belle et les bêtes : p 384.

Coincés dans le pays des ombres : p 386.

L’appât : p 393.

Sous la férule des dieux : p 396.

Piégés sur la mer des étoiles : p 411.

Le Monstrème de glace : p 425.

L’île de givre : p 455.



- Épées et sorciers



Ce premier volume fait 164 pages. C’est un fix-up composé de quatre nouvelles, publiées en VO entre 1964 et 1968 (l’une d’elles étant inédite à la parution du recueil).



* Sous la tente de la sorcière



Alors qu’il s’apprêtent à partir à l’aventure (pour changer), Fafhrd et le Souricier Gris font halte dans la plus petite des Huit Cités afin de consulter une sorcière. On ne commence pas une aventure sans un oracle… Le « nabot gris », comme l’appelle affectueusement son compagnon barbare, est sceptique sur les capacités de la sorcière en question, mais Fafhrd est intraitable. Sur ces entrefaites, leurs ennemis les attaquent, ce qui va donner lieu à une utilisation très… créative (et très cape et épée) de la tente de la devineresse.



Ce texte de 6 pages n’a pas grande importance ou intérêt, mais comme toujours avec notre duo préféré, il est agréable à lire.



* L’embarcadère des étoiles



Dédiée à « deux authentiques alpinistes, Poul Anderson et Paul Turner » , cette nouvelle est marquée du sceau de… l’alpinisme (étonnant, non ?). L’embarcadère des étoiles qui lui donne son nom est en réalité une haute montagne, au sommet de laquelle les dieux auraient, d’après certaines légendes, jadis installé leur forge, et qui abriterait toujours d’immenses richesses, sous forme de pierres précieuses. Fafhrd, montagnard aguerri ayant passé son enfance dans ces contrées, et fils d’un alpiniste de légende, pousse donc son ami le Souricier à tenter l’ascension, que nul n’a jamais menée à bien, de ce pic mythique.



Ce texte a un parfum Lovecraftien au début (et vaguement à la fin), rappelant l’ascension du Ngranek ou de l’Hatheg-Kla, et une atmosphère évoquant la Fantasy de Poul Anderson dans ses 15 dernières pages.



Tout ce qui concerne l’alpinisme, l’ascension, est intéressant, le fin mot de l’histoire un poil moins. Mais dans l’ensemble, c’est un bon texte (de 60 pages tout de même).



* Les deux plus grands voleurs de Lankhmar



Notre duo est de retour dans la cité de Lankhmar (et mine de rien, le livre est commencé depuis 75 pages, et c’est la première fois que le lecteur y met les pieds). Cette nouvelle fait le lien entre celle qui la précède et celle qui la suit (comme quoi, il y a bel et bien une cohérence, n’en déplaise à certains critiques du tome 1 de l’intégrale).



Fafhrd et le Souricier cherchent à fourguer les gemmes très particulières acquises à la fin de l’aventure précédente. Mais comme très souvent avec eux, après être revenus de leur dernière expédition riches comme Crésus, ils vont rapidement se retrouver pauvres comme Job.



C’est un excellent texte, sur le monde des voleurs de Lankhmar (une tautologie…) d’abord, avec de savoureux dialogues et une belle leçon d’humilité pour les deux plus grands voleurs de Lankhmar, qui se font avoir comme des bleus dès qu’un jupon et un décolleté entrent dans la danse.



* Les seigneurs de Quarmall



Cette nouvelle de 80 pages est une extension d’un texte d’Harry Otto Fischer, qui est ici repris en intégralité. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais cet écrivain de fantasy est en fait le co-créateur du monde de Nehwon. De plus, il a servi de modèle au personnage du Souricier Gris (tout comme celui de Fafhrd est vaguement basé sur Fritz Leiber en personne).



Quarmall est un étrange royaume souterrain, divisé en niveaux Inférieurs et Supérieurs, qui se situe sous les fondations d’une antique forteresse, où vit son seigneur. Chacun de ses deux fils dirige un des niveaux situés en-dessous : rivaux pour la succession, ils se vouent une haine farouche. A leur insu, Fafhrd et le Souricier Gris ont chacun été engagés comme garde du corps par un des princes, mais aucun des deux n’a conscience du fait qu’ils sont à quelques centaines de mètres l’un de l’autre : chacun croit son compagnon d’aventures à une moitié du monde de là…



C’est un très bon texte de Sword & Sorcery, avec un net parfum Lovecraftien (les seigneurs de Quarmall sont des descendants de Profonds). La situation singulière de Fafhrd et du Souricier donne lieu à des situations amusantes, l’origine de ce royaume est très intéressante, tout comme l’est la rivalité entre les deux princes. La fin est très réussie, bien qu’à-demi prévisible.



- Épées de Lankhmar



Ce roman court de 200 pages, publié en 1968, est en réalité une version étendue de la nouvelle « La fille de Scylla », parue en 1961. C’est le seul texte de ce volume 2 de l’Intégrale qui n’est pas un fix-up mais un vrai roman.



De retour à Lankhmar après une de leurs innombrables aventures (ce qui donne lieu à de savoureux dialogues lorsqu’ils s’aperçoivent qu’une délégation « musclée » de leurs tout aussi inombrables créanciers les attend à la porte de la ville), nos deux héros sont engagés par le seigneur de la ville (dont on découvrira par la suite les penchants sadiques très affirmés) pour assurer la sécurité d’une cargaison de blé destinée au souverain d’un royaume voisin, dont la bonne volonté est indispensable pour assurer la sécurité de la Cité. Sur un des bateaux qui convoient la cargaison, Fafhrd et le Souricier sont accompagnés par la fille du plus grand négociant de blé de Lankhmar, une très jeune femme qui possède une compagnie de rats blancs apprivoisés aux étonnantes capacités. Mais ni les animaux, ni leur maîtresse, ni la situation ne sont ce qu’ils semblent être de prime abord… La partie maritime du roman montre un aspect science-fantasy pas vraiment habituel chez Leiber (mais bien plus présent chez un autre maître de la Sword & Sorcery, Karl Edward Wagner), et met en jeu un personnage germanique quasiment Moorcockien.



Les rats sont au centre du récit : après avoir causé bien des ennuis à la flotte Lankhmarienne, c’est à la cité elle-même qu’ils vont s’attaquer. Et jamais le Souricier, qui se retrouve, isolé de Fafhrd, en première ligne, n’aura alors aussi bien porté son nom… On peut faire de vagues parallèles entre cette histoire et la légende du joueur de flûte de Hamelin : d’ailleurs, les comparaisons avec certains contes ne s’arrêtent pas là, puisque la hutte de Sheelba, par exemple, présente de suspectes ressemblances avec celle de la Baba Yaga des mythes slaves. Enfin, on peut remarquer que c’est le deuxième texte du cycle, après Les serres de la Nuit (qui se trouve dans le volume 1 de l’Intégrale), qui place les habitants de Lankhmar sous la menace d’animaux. On retrouve d’ailleurs en partie l’atmosphère de ce dernier texte.



Ce que je retiens personnellement, c’est que c’est probablement la première fois que nos deux compères glissent si nettement de l’antihéros vers le héros tout court. Il paraît quasiment évident que ce roman est la source d’inspiration des fameux Skavens du monde de Warhammer. Mais il ne faudrait néanmoins pas oublier le rôle de premier plan joué part les redoutables Dieux de Lankhmar dans l’histoire… (à ne pas confondre avec les Dieux adorés à Lankhmar).



Au final, on se retrouve avec un excellent texte de Fantasy (généraliste plus que réellement Sword & Sorcery), avec un petit aspect Science-Fantasy. Si vous aimez les Skavens, cette lecture sera un incontournable pour vous.



- La magie des glaces



Publié aux USA en 1977 et pour la première fois en France en 1983, ce recueil comprend sept nouvelles et une novella. Conçu comme un fix-up, il place néanmoins en troisième position la nouvelle Coincés dans le pays des ombres, qui est une suite directe à Épées de Lankhmar et qui aurait donc logiquement du être placée en premier.



* La tristesse du bourreau



La Grande Faucheuse de Nehwon n’a plus que quelques battements de coeur pour atteindre le quota de morts que son supérieur a fixé… et dans le lot, elle choisit Fafhrd et le Souricier Gris. Mais ces derniers vont déjouer son plan…



Un texte de 8 pages sympathique, avec pas mal d’humour (surtout à la fin).



* La belle et les bêtes



Fafhrd et Le Souricier rencontrent une étrange femme bicolore, d’une prodigieuse beauté, au détour d’une rue de Lankhmar.



Un texte minuscule (deux pages), d’un intérêt limité mais avec une fin réussie (et encore une fois marquée du sceau de l’humour).



* Coincés dans le pays des ombres



En plus d’être une suite directe du cinquième roman du cycle (comme je l’expliquais plus haut), cette nouvelle est aussi dans la continuité de La tristesse du bourreau. Une fois de plus, la Mort cherche à attirer nos deux compères dans son royaume, et elle va être bien près de réussir cette fois. Sauf que les deux mentors de nos héros vont s’en mêler, et que ces derniers vont, d’une certaine façon, tomber de Charybde en Scylla…



Ce petit texte (6 pages) a le double mérite de nous montrer le sort de certains personnages du roman précédent et d’éclairer d’un jour nouveau les relations entre nos deux héros et les sorciers qui leur servent de mentors.



* L’appât



Ce texte de trois pages ressemble à une fusion entre La tristesse du Bourreau et La belle et les bêtes. Il est sympathique mais d’un intérêt limité.



* Sous la férule des dieux



Parce qu’ils se vantent de leurs succès amoureux (et parce qu’ils n’ont pas eu la décence d’invoquer leur nom, même -et surtout- en vain depuis des lustres), Fafhrd et le Souricier attirent le courroux de trois des dieux de Nehwon : Issek (celui de l’hilarante nouvelle Des temps difficiles à Lankhmar -volume 1 de l’Intégrale-), Kos et Mog. Ils décident de leur donner une bonne leçon, en détournant d’eux toutes leurs anciennes conquêtes (toutes celles qui apparaissent dans les deux volumes de l’Intégrale, plus quelques autres encore spécialement créées pour l’occasion).



C’est une nouvelle très amusante, notamment grâce à sa fin très réussie. C’est aussi une nouvelle occasion (finalement assez rares dans ce cycle) d’en apprendre plus sur les divinités de Nehwon.



* Piégés sur la Mer des étoiles



Nos deux intrépides aventuriers, une fois de plus poussés par leur soif d’or et de jolies femmes, se retrouvent entraînés loin sur l’océan équatorial de Nehwon (également appelé Mer des étoiles), un endroit où personne n’est jamais allé, peuplé de créatures mystérieuses et siège de phénomènes naturels terrifiants.



Dans cette nouvelle assez étrange, nos deux héros soutiennent des théories tirées par les cheveux sur les phénomènes dont ils sont témoins (et victimes). Personnellement, j’ai assez peu accroché, ce qui, sur l’ensemble des deux tomes de l’Intégrale parus jusqu’ici, aura été plutôt rare.



* Le monstrème de glace



Nos deux héros sont à leur QG de Lankhmar (qui est, ce qui n’étonnera personne, une taverne…), lorsque deux aventurières d’une grande beauté déboulent dans la salle. Elles ont juste le temps de donner une bourse à chacun des deux, les chargeant de recruter un groupe de 12 mercenaires pour sauver l’équivalent d’Eldorado ou d’Atlantis d’une invasion de Mingols ayant troqué leurs chevaux pour des bateaux (comme quoi, G.R.R. Martin n’a pas tout inventé…) avant que le Sorcier de glace qui a incité les dits Mingols à lancer leur invasion maritime de Nehwon ne les capture à l’aide d’un sortilège. Contre toute attente, nos deux compères ne vont pas dépenser l’argent en catins et en vin, mais faire exactement ce pour quoi ils ont été engagés.



Le « monstrème » qui donne son titre à la nouvelle est un néologisme plutôt bien trouvé, qui sera expliqué dans le texte. Cette aventure maritime, plutôt intéressante, n’a pas une fin qui règle toutes les questions qu’elle pose, mais c’est en fait normal, car l’intrigue se poursuit dans le texte suivant.



* L’île de givre



Cette nouvelle est la suite directe de la précédente (et fait également fortement référence à L’embarcadère des étoiles). Arrivés sur l’île de Givre, les deux aventuriers s’aperçoivent que la situation est légèrement différente de celle qui leur a été décrite, et que l’endroit possède de singulières propriétés : en fait, il semble être à la croisée de plusieurs mondes ou univers… De plus, les habitants, sans dieux depuis des lustres, ont trouvé deux divinités bien mal en point, venues d’un univers différent, appelées… Odin et Loki. Ils les soignent, en quelque sorte, recréant un embryon de culte. Fritz Leiber adopte en effet la théorie, qui sera reprise par d’autres écrivains, selon laquelle la puissance d’un dieu (voire sa simple existence) est directement proportionnelle au nombre de ses adorateurs, et que si ce dernier devient trop faible, la divinité prend une consistance ectoplasmique et voyage entre les mondes pour en trouver de nouveaux.



Ce texte marque une évolution fondamentale des deux personnages : de loups solitaires, ne tolérant que leur compagnie mutuelle, Fafhrd et le Souricier se muent en capitaines, meneurs d’hommes et individus responsables, et d’antihéros, ils se transforment en héros populaires (tendance qui était déjà visible dans le tome 5 du cycle et qui tranchait radicalement avec les tomes précédents). A la fin du texte, ils adoptent même un quasi-mode de vie sédentaire, après leur vie d’aventures, avec de nouvelles compagnes, et délaissent le vol pour un honnête commerce. Fafhrd subit aussi une évolution après avoir reçu une grave blessure dont je vous laisse découvrir la nature à la lecture du livre.



Pour autant, j’ai trouvé ce texte assez moyen. Par contre, sa fin donne une furieuse envie de lire le tome 7 du cycle pour voir l’évolution des deux personnages.



- En conclusion



Globalement, j’ai trouvé ce volume 2 de l’Intégrale moins fondamental pour l’amateur de Fantasy et moins intéressant que le premier. Si les textes longs sont tous plus ou moins intéressants (mention spéciale à Épées de Lankhmar et à Les seigneurs de Quarmall, ainsi qu’à L’île de Givre -plus pour l’évolution des personnages que pour l’intrigue-), il n’en est pas de même pour les textes courts, dont l’intérêt est le plus souvent nettement plus limité. De ce point de vue là, le volume 1 était, de mon point de vue, plus « équilibré ». Malgré tout, pour l’amateur de Fantasy / jeu de rôle (ou de Skavens) qui cherche à remonter aux sources du genre, c’est l’ensemble du cycle des épées (donc des volumes de l’Intégrale Bragelonne) qui reste une lecture incontournable. C’est donc, tout compte fait, un achat tout à fait recommandable (surtout pour dix euros).
Lien : https://lecultedapophis.word..
Commenter  J’apprécie          154
Blood is not enough

17 histoires de vampires rassemblées par Ellen Datlow, ce recueil a attiré mon attention. Comme dans toute anthologie, on trouve du bon et du moins bon. Celle-ci m'a laissé une curieuse impression, parce que j'y ai trouvé de l'excellent et du très mauvais. Pas vraiment d'à peu près. On passe de la haute voltige à l'ennuyeux et fastidieux. Et le gore est vraiment gore. Ça passe parfois pour moi... pas cette fois. Pourtant, j'en ai lu, des passages très limite dans certains bouquins, alors il m'en faut beaucoup, mais j'ai trop ressenti la surenchère.

Mais passons, les excellentes nouvelles, magistrales, font passer la pilule. En particulier, The sea was wet as wet could be, To feel another's woe, Down among the dead men...

Je ne sais pas comment noter ce recueil, de ce fait, alors je vais lui mettre la moyenne, puisque ça reflète mon impression sur l'ensemble des récits.

Notez que ça doit être la toute première fois que j'écris un retour en français sur un ouvrage n'ayant pas été traduit. Je ne sais pas ce qui est préférable, en fait.
Commenter  J’apprécie          140
Ceux des profondeurs

Parmi les premiers textes de l’ami Fritz, on en trouve un qui s’intitule Le jeu de l’initié (Adept’s gambit en VO). Le récit met en scène Fafhrd et le Souricier gris, donc futur Cycle des Épées, donc fantasy. La femme de Leiber a envoyé le papelard de son mari à Lovecraft (oui, LE Lovecraft, celui de Providence, vu qu’on n’en connaît pas cinquante). Lovecraft l’a retourné (le texte, pas la femme de Leiber), accompagné de moult commentaires et encouragements. Là-dessus, correspondance intense entre les deux L, écourtée par la mort d’HPL, victime de son karma et d’un cancer de l’intestin. Il en restera une grosse influence de Lovecraft sur Leiber, lequel fera son fonds de commerce des histoires mêlant fantastique, science-fiction et horreur, avec du mythe de Cthulhu dedans pour certaines. Et ça tombe bien, parce que Ceux des profondeurs est un de ces textes, à la fois pastiche, compilation et palimpseste.





Roman hommage au pote Lolo qui a tant pesé sur le parcours de l’auteur, Ceux des profondeurs procède du même esprit que Retour à Arkham de Robert Bloch (réédité sous le titre Étranges Éons chez le même Mnémos). Bloch et Leiber sont aux lovecrafteries ce que Black & Decker est au bricolage : de la grosse référence incontournable.

Et des références, il y en a plein Ceux des profondeurs et Retour à Arkham. Rien que les titres, déjà… Le jour où on créera des palmes académiques de l’intertextualité, il faudra les décerner aux deux compères.

Alors tu vas me dire que claquer dans un texte la ville d’Innsmouth, l’université Miskatonic ou des divinités dont le nom ressemble à un tirage foireux au Scrabble est à la portée du premier scribouillard venu. Oui-da, que je te répondrai comme ils disent dans les vieux bouquins. Des bronzes inspirés par Lovecraft, il s’en coule plus que de migrants en Méditerranée (remake IRL de Ceux des profondeurs à 20000 figurants qui passionne moins les foules que GoT). Alors oui, c’est facile de lovecraftiser à la va comme je te pousse et je connais quelques auteurs qui mériteraient qu’on leur coupe les mains pour leur passer l’envie d’écrire et les pieds pour être raccord avec ma phrase suivante. Bloch et Leiber, eux, sont des pointures.

Ceux des profondeurs et Retour à Arkham se rattachent à l’œuvre de Lovecraft sans chercher à se faire passer pour du Lovecraft. Au lieu d’un pastiche sans âme de moine-copiste, leurs auteurs pondent leurs propres romans, où les références font sens et ne servent pas qu’à clamer “regardez, j’ai lu Cthulhu, je suis super balèze”.

Les deux ouvrages sortent presque en même temps, 1976 pour Leiber, 1978 pour Bloch. Bob est d’ailleurs mentionné page 55 par Jo la Fritz, via un certain Robert Blake. Lovecraft avait tué Blake dans Celui qui hantait les ténèbres pour se venger gentiment de Bloch qui l’avait buté dans Le Visiteur venu des étoiles. Après on se demande pourquoi les gouvernements autoritaires mettent les auteurs en prison… Ces gens passent leur temps à s’assassiner pour de faux. Des fous dangereux, je vous le dis !





Dans Ceux des profondeurs, Leiber part sur une base de pastiche classique. Le récit se présente comme un manuscrit retrouvé dans une maison en ruine, un topos chez Lovecraft et ses épigones. Une nouvelle de Robert Bloch va jusqu’à s’intituler Manuscrit trouvé dans une maison abandonnée, ça annonce la couleur (tombée du ciel) dans la catégorie lovecrafterie récurrente.

Schéma habituel : le narrateur explique de façon hyper posée et tranquille qu’il lui reste peu de temps avant de se faire pulvériser par une bestiole épouvantable (ce flegme !…) et qu’il a décidé d’occuper ses dernières heures à raconter sa vie à coups de longues phrases noyées sous un déluge d’adjectifs, voici son histoire sans le poum poum final de New York Unité Spéciale.

J’avoue n’avoir jamais accroché à cet artifice littéraire, pas plus qu’à son équivalent cinéma, le found footage. Impossible de croire une seconde à ce procédé du vrai faux truc authentique créé de toutes pièces. Après, peut-on reprocher à un artifice d’être artificiel ?… Vous avez quatre heures, perso j’ai autre chose à glander que me perdre en questionnements débiles.





Et le narrateur, donc, de coucher son histoire sur le papier. Quatre-vingt-dix pages. En quelques heures. À la plume. Quiconque s’est déjà servi d’une plume – et j’en suis – applaudira l’exploit. Ce poignet d’acier bat tous les records de vélocité et d’endurance, mieux qu’un clavier et un traitement de texte !

Sur le détail de l’histoire, je te renvoie au bouquin. Je suis chroniqueur, pas recopieur de romans.

La lecture demande une connaissance de l’œuvre de Lovecraft sans la nécessiter pour autant. Je m’explique. Si tu as lu Lovecraft, tu capteras les multiples références explicites aux entités et créatures (Azathoth, Dagon, Cthulhu, Nyarlathotep), ouvrages fictifs (Necronomicon), lieux réels (l’Antarctique des Montagnes Hallucinées, l’Australie de Dans l’abîme du temps) ou imaginaires (R’lyeh, Innsmouth, Y’hanthlei, Arkham, l’université Miskatonic), personnages (Wilbur Whateley et Henry Armitage de L’Abomination de Dunwich, Randolph Carter du Cycle du rêve, Georges Gammell Angel de L’appel de Cthulhu, Edward Pickman Derby du Monstre sur le seuil), idem les références implicites (i.e. ce qui se trame sous la maison du narrateur n’est pas sans rappeler la nouvelle Les rats dans les murs). Et encore, je ne cite pas tout, parce qu’il y en a beaucoup beaucoup, pour ainsi dire la totalité des écrits de Lovecraft et de l’univers étendu de Cthulhu (mention des chiens de Tindalos, inventés par Frank Belknap Long dans la nouvelle éponyme et repris par Lovecraft dans Celui qui chuchotait dans les ténèbres).

Si tu n’as pas lu Lovecraft, l’intertexte va te passer au-dessus, merci La Palice. Soyons clair, tu perds une bonne moitié de l’intérêt du roman. Cela dit, ne pas capter les allusions n’empêche pas de comprendre le récit et l’histoire d’horreur fonctionne quand même.

Elle suit un développement classique. Le narrateur raconte le début de sa vie, normale dans les grandes lignes, avec juste quelques bizarreries sans conséquences (pour le moment), glissées çà et là comme autant d’indices. Ensuite, un cran au-dessus des excentricités pittoresques, poignent des trucs aussi chelous que la conjugaison du verbe poindre. La trame horrifique se met en place quand on relie ces signes disparates. De machins étranges en bidules mystérieux, le narrateur commence à se poser des questions sur la réalité de ce qu’il voit/entend/ressent, dans une ambiance d’entre-deux propre au fantastique. Vient enfin la confrontation avec l’horreur et la révélation finale qu’on va tous crever dévorés par des monstres innommables et périphraseux (au hasard, ceux des profondeurs).





Texte lovecraftien sur la forme, Ceux des profondeurs l’est aussi sur le fond. On y retrouve les thèmes chers à HPL, les couleurs irréelles et hors du prisme, l’architecture bizarroïde, le mélange de surnaturel et de science-fiction, les rêves comme accès à une autre dimension de connaissance du réel, une vision du monde si nihiliste qu’elle redéfinit la notion de pessimisme… Ce court roman témoigne d’une connaissance et d’une compréhension rares du mythe de Cthulhu.

La vraie question à se poser est la suivante : jusqu’ici, on se situe dans la copie carbone, qu’est-ce qui différencie ce texte de ceux de Lovecraft ? Où est la touche Leiber ? Ceux qui ont répondu “je n’ai pas de touche Leiber sur mon clavier”, vous sortez.

Si le récit est écrit avec sérieux (on parle quand même d’un auteur cité par Stephen King et Terry Pratchett comme une de leurs influences), Leiber ne se prend pas au sérieux. Chez lui, l’écriture est un jeu, qu’il aborde avec recul, sans prise de tête ni melon surdimensionné, il le prouve tout le long de son livre (voire de sa bibliographie complète).

Chez Lovecraft, on croise du Grand Ancien à la pelle (de Cthulhu). S’il est un Grand Absent dans son œuvre, c’est l’humour. Par chance, Leiber a un peu plus le sens de la rigolade. Certains passages de Ceux des profondeurs présentent un aspect si hénaurme que je me demande s’il faut les prendre au premier degré ou s’ils flirtent avec la parodie.

Une certitude, le narrateur sent la vanne à plein nez. Georg Reuter Fischer incarne le double de Leiber : le même Reuter en deuxième place, prénom et nom de famille germaniques. Premier clin d’œil, Leiber a connu IRL un Harry Otto Fischer, qui est une des sources d’inspiration de son Souricier gris. Second clin d’œil, le choix de CE nom dans CE contexte. Pour ceux qui n’ont pas collaboré avec les Allemands lors de la dernière guerre mondiale, Fischer signifie pêcheur dans la douce langue des vert-de-gris. Quand on sait la place qu’occupent dans l’œuvre de Lovecraft la mer, les ruines sous-marines et les bestioles mi-ichthyeuses mi-batraciennes, y a de quoi se rouler par terre de rire. Enfin, ça fait sourire, quoi.

Idem le quotidien de Fisher qui sur certains aspects sent bon le second degré. Le coco a de quoi vivre sans bosser et occupe son temps libre à baguenauder par monts et par vaux, dormir douze heures par nuit et écrire des poèmes. Bref, un écrivain, l’incarnation de la glandouille dans l’imaginaire collectif.

En moins jovial, le prologue t’annonce que le manuscrit a été découvert le 16 mars 1937, le lendemain de la mort de Fischer. Or, le 15 mars 1937, qui c’est qui mort ? Lovecraft himself. Le genre de “coïncidence” et de “comme par hasard” qui mériterait un épisode d’Alien Theory.

Sur Lovecraft, Leiber s’est fait plaisir en enchâssant les incarnations. Son double de papier Fischer possède certains traits de Lovecraft. Sa santé chancelante, par exemple, ferait passer Elric de Melniboné pour un modèle de corpore sano où ranger du mens sana à foison. Sa poésie imbitable renvoie l’écho des Fungi de Yuggoth et autres poèmes fantastiques (quand on les a lus, on comprend pourquoi Lovecraft est connu pour sa prose plus que pour ses vers). Cet hybride Leiber/Lovecraft va rencontrer Albert N. Wilmarth, personnage de Celui qui chuchotait dans les ténèbres, utilisé ici comme doublure de Lovecraft. La correspondance entre Wilmarth et Fischer, le “rôle d’un mentor professionnel” du premier envers le second sur les questions d’écriture, ces éléments relèvent de l’autobiographie. Là-dessus, Leiber réalise un triple combo, puisque Wilmarth va conseiller à Fischer de lire des nouvelles parues dans un magazine pulp, Weird Tales… et écrites par un certain Howard Phillips Lovecraft.

À ce niveau de mise en abyme, la fosse des Mariannes peut rougir de honte devant sa propre petitesse.





Là où beaucoup ont tendance à refaire du Lovecraft à l’identique, Leiber apporte sa touche personnelle en osant le changement. Bouh le vilain ! ne manqueront pas de s’écrier les gardiens du temple. Souhaitons-leur une mort lente et douloureuse et revenons à nos shoggoths.

Plutôt qu’une énième visite de la Nouvelle-Angleterre, Leiber plante son décor en Californie. De l’est à l’ouest, de l’humidité à la sécheresse, de la forêt ombragée aux champs de caillasse recuits par le soleil. Fini de barboter dans la flotte au large de Boston la traditionnelle, la thématique sera chtonienne aux abords de Los Angeles l’avant-gardiste. Paf ! Après, rassure-toi, la senteur marine figure au programme des réjouissances : le Pacifique est à portée de main et de tentacule.

J’ai apprécié que Leiber instaure une certaine distance par rapport au cadre habituel de Lovecraft et de ses descendants littéraires, dont beaucoup ont oublié le concept d’horreur cosmique, soit une échelle bien plus vaste que le confetti du Rhode Island. Si Leiber cite l’ensemble des patelins visités par les nouvelles de Lovecraft, il insiste dans le texte sur leur éloignement. Le Massachusetts, le Vermont, Providence font figure de bout du monde.

Au-delà des 270 000 références, je me demande s’il n’est pas là, le principal hommage de Ceux des profondeurs. Sortir le mythe de Cthulhu du canon sans le dénaturer pour autant. Prolonger en la nourrissant l’œuvre qui l’a nourri.





Est-ce le roman de l’année ? Non. Est-ce LE roman de Leiber ? Non. Et faut pas être allergique au style vieillot et surchargé. Mais sans s’imposer comme une œuvre majeure, Ceux des profondeurs mérite qu’on y jette un œil. Parce que l’hommage estampillé “du Lovecraft sans en être” est réussi. On peut même imaginer un quiz ou un jeu à boire autour des références à découvrir dans cette centaine de pages (je sens qu’il va y avoir des comas éthyliques…).

À mon avis, pas le titre le plus indiqué pour démarrer, mais après tout, ça peut être une occasion d’entrer dans Lovecraft ou Leiber par la petite porte. Je parle bien sûr de leur œuvre littéraires pas de leurs fesses, vu qu’ils sont morts. Encore que… Entre Lovecraft qui a bossé sur la nouvelle Le nécrophile de son pote Clifford Martin Eddy et Leiber qui te parle d’une “absolue union charnelle” entre le père de Fischer et sa dulcinée morte et enterrée… hein… je me dis qu’on pourrait bien voir Cthulhu tourner dans le prochain Jacquie et Michel.
Lien : https://unkapart.fr/ceux-des..
Commenter  J’apprécie          121
La Grande Machine

Carr Mackay travaille à pôle emploi, enfin quelque chose comme ça, il est un bon élément impliqué dans son boulot. Arrive à son bureau cette fille à l'air effrayé, dans son sillage, une belle grande blonde, une superbe beauté à la coiffure impeccable. A partir de là, aux yeux de Carr tout fut comme frappé de mort. La fille avec laquelle il sort ne le voit même plus. Pour Carr toute la ville de Chicago n'est qu'une immense machine et ses habitants sont ses rouages. Il vient de s'éveiller ... Mais d'autres le sont aussi et n'ont pas forcément des intentions très louables. Pour ne pas se faire remarquer il faut garder sa place dans la machine.

Entre nouvelle et roman, l'atmosphère y est tendue, L'auteur nous emmène dès la première page vers un récit fantastique, pas de temps mort tout s'enchaine rapidement, comme une fuite en avant. Au travers de ce texte Fritz Leiber tisse un regard critique sur notre société ou la plupart du temps nous vivons comme des robots dépourvus de sentiment, ne regardant plus les personnes, les situations qui se présentent. Un monde avec des œillères. dirigé par la télé, la radio, la pensée unique. Visionnaire Fritz Leiber ?

Commenter  J’apprécie          120
A l'aube des ténèbres

Pour éviter à la civilisation de s'écrouler, un groupe de scientifiques décide de prendre les choses en main et de confisquer le pouvoir politique. Pour asseoir leur pouvoir, ils mettent au point une religion directement inspirée du Moyen-Âge, agrémentée de technologie pour impressionner les esprits : les cathédrales diffusent des ondes apaisantes durant la messe pour forcer un état de grâce et de recueillement chez les fidèles, les prêtres sont équipés de champs de force qui leur assurent une « protection divine » bien tangible, et des sorciers tout en effets spéciaux sont fréquemment mis en scène dans l'unique but d'être impitoyablement détruits sous les yeux d'une population soulagée d'être protégée par de tels saints hommes.



Quelques siècles plus tard, en 2300, tout paraît sous contrôle, et cette nouvelle Église règne sans partage sur le monde. Pourtant, ça et là, des phénomènes de sorcellerie non-provoqués par le pouvoir sont rapportés : des énormes loups fantomatiques sont aperçus en dehors des villes, des prêtres entendent des voix intérieures qui les induisent en tentation, des petites créatures ricanantes jouent de mauvais tours aux passants, … La population commence à prendre peur, et le doute commence à s'installer dans le camp des prêtres, qui ne parviennent de fait plus à stopper ces manifestations : et si, finalement, les mythes qu'ils avaient créés avaient une part de vérité ?



L'esthétique qui se dégage de ce roman est très agréable : ce mélange entre une foi primitive et tape-à-l'oeil à base de miracles, de démons et d'interventions divines derrière lesquels se cachent les dernières grandes avancées en physique, en cinéma et en robotique est assez savoureuse. Tout comme le doute qui s'insinue chez les dirigeants : même s'ils tirent les ficelles (parfois au sens propre) des manifestations divines, une fois qu'ils se retrouvent face à quelque chose qu'ils ne comprennent plus, ils sont finalement soumis aux mêmes réflexes que leurs fidèles. Car après tout, tous les enfants sont élevés dans la foi, et seuls quelques rares adultes, à qui on révèle toute la supercherie, sont choisis pour faire partie de l'élite.



Très bon roman de science-fiction, sur un thème vraiment original, à la fois drôle et profond.
Commenter  J’apprécie          110
Le Cycle des épées, tome 1 : Epées et démons

Parmi la production pléthorique de la fantasy moderne, il convient parfois d'en revenir aux classiques, aux indémodables, aux sources du genre. Il y a "Conan le Cimmérien", le monument lyrique et ténébreux de Robert Howard. Il y a "Le seigneur des anneaux", épopée féérique et mythologique gigantesque du fameux J.R.R. Tolkien. Et puis, moins connu chez nous, il y a "Le cycle des Épées", du grand Fritz Leiber.

Mettant de côté la grandiloquence épique de Howard et le naturalisme poétique de Tolkien, Leiber s'attache à créer un univers cohérent, crédible, médiéval, tournant le dos à tout manichéisme. Bref, un monde crédible, proche du moyen-âge tel qu'on le connaît, à ceci près que nos héros sont voleurs ou magiciens...

Des personnages un tantinet cyniques et immoraux, mais qui n'ont pour seul principe que celui de la survie : leurs quêtes ne sont jamais éloignées de leurs propres besoins, et leur vengeance est souvent un plat qui se déguste bouillant.

Sous l'écriture d'un Leiber en pleine forme, Fafhrd et le Souricier gris survolent les toits de la cité de Lankhmar, et survivent même à l'impensable.

Il est à noter que Leiber, primé à de multiples reprises (7 prix Hugo, 4 Nebula, 2 Locus, 3 World Fantasy...) fut un correspondant assidu de Lovecraft, qui le conseilla pour la rédaction des premières nouvelles du monde des Épées.

Un classique indémodable, à découvrir si possible dans la nouvelle traduction de Bragelonne, moins ampoulée que celle-ci.
Commenter  J’apprécie          110
Le cycle des épées - Intégrale

Un grand barbare nordique et un petit gus tout sec, des aventures pleines de monstres, de magie et de trésors… et tu te dis que cette liste a un air de déjà vu. Ah oui, ça… la recette du binome que tout oppose et l'univers de la sword and sorcery ont trouvé preneur. Sauf qu'ici on revient aux sources – l'ami Fritz fait partie des fondateurs du genre – avec des textes pas tout jeunes. Lovecraft en a lu certains, c'est dire si ça remonte ! A l'époque, Conan pointe à peine le bout de son nez, la sword and sorcery est encore balbutiante, le terme n'existe même pas. Aujourd'hui, Leiber n'a pas pris une ride (enfin, lui si, vu qu'il est mort à 82 ans, mais son oeuvre non), ses textes restent une base dans laquelle j'aime à me replonger.

La qualité du Cycle des Epées tient à deux choses. Dune… ah non, ça c'est Herbert… D'une, le monde de Newhon, avec la célèbre cité de Lankhmar appelée à devenir le modèle de bien des villes de fantasy. Si Leiber n'a pas inventé le concept de guilde des voleurs, c'est lui qui l'a popularisé. Pas sûr qu'il y ait des masses de cités à pouvoir rivaliser dans le genre, à part l'Ankh-Morpork de Pratchett.

De deux, Fafhrd et le Souricier Gris, ses héros pas manichéens pour deux sous. Ils ont plutôt un bon fond mais ne s'encombrent pas de principes moraux, de beaux discours et de valeurs classieuses. Un jour ils se vendent comme mercenaires, le lendemain ils cambriolent un temple, entre deux ils claquent leur blé en ripailles, godets et nénettes à la cuisse légère. On est donc loin des personnages propres sur eux d'un Tolkien, des preux chevaliers en blanc contre les vilains bandits en noir. Pas pour rien si le Souricier s'habille en gris. Pour faire un parallèle avec le cinéma, la sword and sorcery est à la high fantasy ce que le western spaghetti est au western à la papa avec ses cow-boys immaculés. Moins net, moins vertueux, moins moral… donc plus intéressant.
Lien : https://unkapart.fr/lectures..
Commenter  J’apprécie          101
Le grand jeu du temps

Un livre de référence, des concepts très intéressants, mais…



Ce roman est un précurseur et un livre de référence sur le concept des manipulations du cours de l’histoire et de la guerre temporelle entre deux factions cherchant à modifier les événements pour leur propre profit. Ce concept a été décliné sous de nombreux angles, dans plusieurs médias et par moult auteurs jusqu’à nos jours. Les amateurs de Star Trek Enterprise seront d’ailleurs familiers avec lui.



Intrigue



Deux factions, nommées « Araignées » et « Serpents », se livrent une guerre s’étendant sur tout l’univers et sur au moins deux milliards d’années d’intervalle temporel, à coups de modifications de l’histoire devant favoriser leurs intérêts. Précisons d’emblée qu’on ignore la nature et l’aspect des membres des deux factions jusqu’à la toute fin du roman, où on en a un bref (et assez nébuleux) aperçu. Une troisième faction est aussi évoquée, mais en 3 lignes.

Sur Terre, les Araignées (le camp que servent les héros) favorisent les intérêts de l’Ouest (le roman a été écrit en pleine Guerre Froide, ne l’oublions pas), tandis que les Serpents favorisent l’est. De l’antiquité à la seconde guerre mondiale, de l’enlèvement du bébé Einstein a l’utilisation d’une bombe nucléaire dans une bataille navale entre Grecs et Crétois, les opérations des deux camps sont menées par des individus, de la Terre ou d’ailleurs, arrachés à la mort. Il y en a de deux catégories : les Soldats proprement dits, et les Amuseurs. Ces derniers, le plus souvent des femmes, servent au repos du guerrier et a sa remise en état psychologique et physique entre deux opérations. Elles sont donc à la fois filles à soldats, psychologues, infirmières, et épaule maternelle sur laquelle pleurer.

L’histoire commence alors que deux groupes de soldats atteignent un des refuges d’Amuseurs. Ces Endroits sont en fait des univers de poche, de la taille d’un hangar à zeppelin, qui peuvent entièrement couper leurs liens avec l’espace-temps normal, si nécessaire. Et c’est précisément ce qui arrive quand l’appareil qui les relie par un fil ténu à notre cosmos disparaît. Commence alors une enquête « policière » classique en environnement clos, étant entendu que le voleur et l’appareil ne peuvent être qu’à l’intérieur de l’univers de poche.



Oui, mais…



A ce stade, le concept de guerre temporelle, d’individus arrachés à la mort pour changer le cours de l’histoire (bien que pas original, car utilisé aussi par d’autres auteurs) et la perspective d’une enquête policière devraient vous allécher, et vous devriez vous dire que ce roman a l’air diablement intéressant. Effectivement, certains concepts sont absolument fascinants, comme cette idée de l’auteur selon laquelle le cours de l’histoire, même modifié, reste globalement identique, le cosmos changeant simplement les acteurs du jeu : par exemple, si Rome tombe bien avant le cinquième siècle, sous les coups des Germains disons, c’est un Empire Germain christianisé qui prendra sa place, et l’Eglise Catholique Gothique qui prendra la place, de façon quasiment identique, de l’Eglise Catholique Romaine.



Le problème, c’est que si le concept est fascinant, sa déclinaison est assez épouvantable. Je ne sais pas trop si c’est du au style propre de l’auteur sur ce roman en particulier (je précise que pour avoir lu une partie du Cycle des épées, je n’ai aucun problème avec le style de Leiber en général, bien au contraire), à la qualité de la traduction ou à l’ancienneté de celle que j’ai lu (1978), mais ce roman est franchement pénible à lire. Entre un usage hasardeux de temps de conjugaison vieillots, des phrases à rallonge (jusqu’à six fois « et » pour des phrases-paragraphes faisant le quart de la page), l’usage assez fréquent de vers ou d’expressions étrangères (allemandes essentiellement) pas toujours explicitées, des personnages passant du coq à l’âne dans leurs dialogues (omniprésents) sans qu’on comprenne parfois de quoi ils parlent ou comment et pourquoi de telles ellipses (il m’est arrivé de me dire : « mais il manque du texte ou quoi ? »), on passe plus de temps à s’agacer qu’à apprécier. Et on a hâte d’avoir fini (heureusement, le bouquin est court). Ajoutez à cela une caractérisation des personnages floue, certains concepts de la guerre temporelle (la différence entre Démons, Fantômes, Zombies, etc) jamais correctement explicités, et une tendance marquée de l’auteur à un verbiage pseudo-littéraire desservant complètement la clarté et l’impact de l’histoire, et on se dit qu’il tenait un concept formidable mais qu’il l’a quelque peu (et c’est un euphémisme) sabordé.



En résumé



En bref, concept intéressant, histoire pas inintéressante sur le fond, mais beaucoup trop nébuleuse et assez pénible à lire sur la forme. Malgré tout, pour quelqu’un passionné par le thème de la guerre temporelle, comme moi, et qui veut tout lire à son sujet, ça reste une lecture intéressante. Pour les autres, si les histoires de police du temps, de modification ou de guerre temporelle vous intéressent, je conseille plutôt de vous tourner vers Poul Anderson et son cycle de la Patrouille du Temps. Beaucoup plus clair et facile à lire. Sans compter Robert Silverberg qui a rédigé pas mal sur le sujet lui aussi.
Lien : https://lecultedapophis.word..
Commenter  J’apprécie          100
Le Cycle des épées - Comics

Ce tome regroupe les 4 numéros parus en 1990/1991. Il comprend 7 histoires ayant comme personnages principaux Fafrhd et le Souricier Gris, créés par Fritz Leiber et héros du Cycle des Épées (à commencer par Épées et Démons). Ces 7 histoires sont des adaptations de récits écrits par Fritz Leiber. Les scénarios sont d'Howard Chaykin, les dessins de Mike Mignola, l'encrage d'Al Williamson et la mise en couleurs de Sherlyn van Valkenburg.



2 membres de la Guilde des Voleurs de la cité de Lankhmar ramènent à la Maison des Voleurs un important butin. Ils sont attaqués par 2 malandrins qui ne s'étaient pas coordonnés. C'est ainsi que se rencontrent Gray Mouser et Fafhrd. Dans la première histoire, leurs dulcinées respectives ainsi que le vol des bijoux les amènent à devoir investir la Maison de la Guilde des Voleurs. Dans l'aventure suivante, ils parcourent le territoire de ce pays à la recherche d'aventures intéressantes. Ils croisent pour la première fois le chemin de Sheelba, un sorcier. Par la suite ils pénètrent dans une tour où vit un sorcier reclus immortel ayant peur des loups. Ils dérobent ensuite un charmant pavillon de marbre ce qui les oblige à demander l'aide de Sheelba et Nigauble (un autre sorcier). Ils ont encore à visiter un incroyable magasin dans le quartier le plus louche de Lankhmar. Puis Fafhrd rejoint un mystique prêchant la foi en Issek, alors que Gray Mouser sert de collecteur de fonds pour un caïd. Enfin une vieille légende les amène sous l'eau dans le royaume du Roi des Mers, en son absence, pour aller taquiner les femmes de son harem.



La première histoire mettant en scène Fafhrd et le Souricier Gris date de 1936, et Fritz Leiber écrira leurs aventures jusqu'en 1983, l'équivalent de 7 tomes. Ils sont braves et courageux, mais ils sont aussi capable d'apprécier les liqueurs et ils courent volontiers la gueuse. Dans la préface de Chaykin et la postface de Mignola, ces auteurs expliquent que Fafhrd et le Souricier Gris ont eu un aussi grand impact sur eux que les héros de Robert E; Howard, ou ceux de Michael Moorcock. C'est la raison pour laquelle ils ont souhaité y rendre hommage au travers de cette adaptation. Si ces épisodes ont connu les honneurs d'une réédition, c'est surtout parce qu'ils ont été dessinés par Mike Mignola, peu de temps avant qu'il ne crée Hellboy, son propre personnage en 1993. À la même époque, il travaillait concomitamment sur Ironwolf, également avec Howard Chaykin.



Cette époque de la carrière de Mike Mignola correspond à l'époque charnière pendant laquelle il expérimente de plus en plus avec les aplats de noir, leur placement et leur forme, tout en s'éloignant des dessins réalistes, en particulier en ce qui concerne les silhouettes et les traits des visages. Il s'agit d'une époque où il travaille encore avec un encreur, ici un vétéran talentueux, à savoir Al Williamson. Il est visible qu'au fil des épisodes Migonla affine son style pour aller plus vers l'épure et que Williamson adapte petit à petit son travail pour mieux transcrire les crayonnés de Mignola.



Pour le premier épisode, Mignola et Williamson s'appliquent à créer un urbanisme particulier pour la cité de Lankhmar, ainsi qu'une mode vestimentaire originale. Le lecteur a le plaisir de déambuler dans des quartiers exotiques, habités d'individus singuliers. Il découvre un sorcier articulant des incantations très visuelles. L'histoire est très classique et réserve peu de surprises. Le dessin des visages peut fortement déconcerter si vous n'êtes pas familier du style de Mignola avec des sortes de gros pâtés en lieu et place des lèvres. Le deuxième épisode permet à Mignola de s'essayer à l'évocation de différents styles de cités de part le monde de Newhon. Mais à nouveau, l'intrigue est bien mince et beaucoup trop classique. Chaykin n'arrive pas à faire passer la personnalité des 2 héros. Mignola commence à se lâcher dans la troisième histoire pour favoriser l'ambiance aux détails, toujours sur une trame trop facile.



Avec la quatrième histoire, Chaykin, Mignola et Williamson ont enfin trouvé un équilibre satisfaisant pour que l'histoire dans son ensemble présente un potentiel de divertissement satisfaisant. Le second degré pointe son nez, ainsi qu'une forme douce d'autodérision. Mignola prend visiblement un grand plaisir à concevoir des aménagements intérieurs qui mélangent plusieurs styles improbables tels qu'une vieille bibliothèque avec des meubles de type empire.



À partir de la cinquième histoire, Chaykin trouve un peu de verve (il faut dire que l'histoire s'y prête plus), même s'il fait encore trop reposer l'avancement du récit sur les dialogues d'exposition, et pas assez sur les images. Mais l'histoire originale de Leiber est une charge claire et transparente contre le consumérisme, parfaitement intégrée à ce monde moyenâgeux baigné de sorcellerie. Mignola conçoit des visuels baroques enchanteurs et dépaysants. Williamson a trouvé la technique d'encrage adaptée pour ne pas être en conflit avec le style de Mignola. La mise en couleurs trahit un peu son âge, et surtout une volonté trop visible de se démarquer des palettes habituelles pour faire un peu artistique. La sixième histoire est tout aussi piquante et baroque. La dernière est un peu plus convenue en ce qui concerne l'intrigue, mais toujours aussi inventive et envoutante pour les images.



Ces adaptations de Fritz Leiber ne sont pas toutes de même niveau. Il faut un peu de temps (la moitié de l'ouvrage à peu près) pour que Mignola se sente à l'aise et que Williamson travaille à l'unisson des crayonnés. Howard Chaykin se révèle peu adroit à transposer ces histoires en bandes dessinées, à la fois par la part trop importante dévolue aux dialogues d'exposition, et à la fois par son incapacité à faire passer la personnalité de Fafhrd et du Souricier Gris. Il est vraisemblable également que le choix des histoires adaptées n'ait pas été le plus judicieux. Je mets quand même 4 étoiles parce que je reste sous le charme des épisodes les plus réussis.
Commenter  J’apprécie          102
Après... la guerre atomique

Cette anthologie thématique de science-fiction, établie par Charles Nuetzel, et parue chez Marabout en 1970 est une vraie réussite.

Elle ne contient que des textes brillants d'auteurs prestigieux. En fin de volume Nuetzel nous offre une petite chronique (dossier Marabout) "la guerre atomique est pour demain". Ils sont tous là, où presque...Matheson, Van Vogt, Melchior, Asimov, Leiber, Bradbury, Brown...et bien d'autres grands noms qui ont fait la SF moderne.
Commenter  J’apprécie          100
Notre-Dame des ténèbres

Frank Westen est un écrivain de fantastique et de science-fiction. Depuis une colline qui domine San-Francisco, il observe une silhouette chez lui. Fritz Leiber signe un roman fantastique dans l'esprit de Lovecraft. La lecture est plaisante et l'ambiance bien présente. Pour les amateurs du genre.
Commenter  J’apprécie          90
Le grand jeu du temps

Le roman Big time et la nouvelle The Oldiest soldier sont regroupés avec toutes les autres références aux guerres du temps dans La Guerre Uchronique - Intégrale publiée par Mnémos et sortie en janvier 2020 dans une traduction révisées complétée par une introduction et un glossaire inédit.
Commenter  J’apprécie          90
La Guerre Uchronique - Intégrale

C'est un des problèmes des piles de bouquins à lire dont a hauteur n'est plus mesurable, on finit par se rendre compte qu'on a des doublons : le roman Big Time et la nouvelle The oldest soldier avaient déjà été traduits et publiés en poche sous le nom le grand jeu du temps dans la collection le Masque/science fiction. Que ce soit l'une ou l'autre traduction, pour moi, elles restent encore à lire toutes les deux.
Commenter  J’apprécie          90
Demain les loups

Un abandon.

La peur de la bombe atomique a poussé la plupart des humains à se réfugier sous terre et à se fier à la science pour survivre.



Le point de départ est intéressant et le résumé de l’éditeur m’avait donné très envie de découvrir ce livre. Le hic étant qu’on est dans de la SF « à concept » et que donc les personnages ne sont là que pour servir l’histoire. Ce qui a été un premier point négatif pour moi: j’ai besoin d’accrocher aux personnages pour me sentir concernée par ce qui se passe. Même pas de les aimer, mais de les trouver suffisamment intéressant pour que ce qui leur arrive ne m’indiffère pas complètement. Ensuite, 2e point qui m’a gênée: je croyais lire un roman, or j’ai découvert qu’il s’agissait de nouvelles de la pire façon qui soit: en arrivant à la fin de la première d’entre elles. J’ai malgré tout commencé la lecture de la suivante, pour découvrir une histoire se déroulant beaucoup plus tard dans le même univers et de nouveaux personnages dont le sort m’était tout aussi indifférent que celui des précédents. Je ne prenais aucun plaisir à ma lecture, je me suis donc arrêté là.



Je n’ai pas abandonné ma lecture parce que je trouvais que c’était mauvais, je pense que ce livre est un bon livre: il développe des idées très intéressantes, de façon intelligente. Dans le format et le concept du recueil, ça ressemble un peu aux nouvelles écrites par Asimov, il y a une critique de notre société et une vision pessimiste de notre avenir, avec une dénonciation des dérives de la science et de la technologie à outrance. Ce n’est juste pas ce que j’aime lire, ni dans le format (les nouvelles), ni dans la forme (les personnages en tant qu’outils pour construire l’histoire). Quand à la plume, elle m’a également laissée indifférente, même si j’ai apprécié certaines touches d’ironie. Je l’ai trouvée typique du genre et de l’époque d’écriture.



Bref, ce n’était pas ce que j’avais envie de lire, mais si vous appréciez le genre, n’hésitez pas, c’est un bon cru
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          90
Le Cycle des épées, tome 1 : Epées et démons

Un nordique et sa compagne, exilés dans la cité de Lankhmar pour faire rendre gorge aux membres de la guilde des voleurs, croisent la route d'un sorcier et de sa belle, également en fuite et aux prises avec les monte-en-l'air. De supercheries en coup de théâtres, leurs aventures commenceront gaiement. Mais l'horizon n'est pas aussi clair lorsqu'on se frotte à la puissante guilde des voleurs, et les deux jeunes hommes vont rapidement perdre le semblant d’innocence qui pouvait leur rester.



———



C'est un bilan assez mitigé que je tire de la lecture de ce premier tome du Cycle des épées de Fritz Leiber.



Mitigé car, d'un côté, j'ai bien failli arrêter ma lecture au bout de quelques pages, tant je n'ai pas su apprécier le ton et le style employé par l'auteur en début de récit (sans parler de la préface). Le choix des termes et les répétitions accentuent les traits, caricaturent les personnages et leurs choix ; je n'arrivais pas à comprendre s'il s'agissant de niaiserie ou d'une volonté de donner un ton décalé qui, finalement, rendait le récit grotesque, les acteurs peu crédibles, et les situations risibles. Si la fantasy m'est un peu familière, j'étais là perdu et décontenancé, ne sachant pas si j'avais affaire à une mauvaise parodie, ou une mauvaise copie.

Dans le premier quart du roman, on s'ennuie ferme. Des matriarches molestent de jeunes hommes à coup de boule de neige, des guerriers-pirates craignent le courroux de leurs mamans, on découvre les penchants de l'auteur pour la sexualité (chose qu'il rabâche d'ailleurs dans la préface), sans plus, sans rien d'intéressant.



Mais dès qu'une réelle intrigue pointe le bout de son nez, dès que la belle Vlana dévoile ses plans au grand Fafhrd, le ton change et l'intérêt pour le roman également. À partir de là, dès lors qu'ils quitteront l'ambiance matriarcale des terres gelées, l'histoire débutera réellement. On verra notamment la genèse de notre duo de héros, dont notamment le Souricier Gris, jeune sorcier privé de son mentor, qui basculera dans la magie noire.

L'opposition entre nos jeunes gens et la guilde des voleurs (appuyée sur une puissance magique des plus malveillante) sera le point d'orgue de ce premier tome. De léger et désinvolte, le quotidien des deux compères deviendra sombre et lugubre, tenant le lecteur en haleine et le poussant vers la suite de cette épopée qui, bien que rattrapée in extremis, commençait pourtant assez mal.



En conclusion, si l'on arrive à tenir, ou si l'on souhaite simplement passer directement au second chapitre (la perte sera minime) le premier tome de ce cycle des épées pourra susciter l'intérêt du lecteur. La lenteur et la niaiserie du début de roman, n'ont d'égal que l'avidité et la rapidité avec laquelle on dévore son dénouement.



Je trouve donc là un récit de fantasy avec un grand potentiel, et moi qui n'en avais jamais entendu parler, je lirai volontiers la suite.
Commenter  J’apprécie          90
Le grand jeu du temps

Un des grands thèmes de Leiber :la guerre temporelle où s'affrontent Araignées et Serpents à coup de modifications de l'histoire et d'anachronismes ( bombe A chez les Crétois) .Le combat est mené sur le terrain par des auxiliaires (humains ou ET) recrutés au fil des siècles (par résurrection en général) . L'idée est fascinante , fortement marquée par la mentalité de guerre froide ,( le titre français fait référence aux affrontements feutrés entre russes et anglais vers l'Afghanistan ) . La majeure partie du roman se passe en vase clos dans un lieu mi - bordel , mi-hôpital destiné à la remise en forme des guerriers du temps . Et c'est là que le bât blesse car le récit poussif n'est pas à la hauteur des promesses de la situation. Où sont le sens de l'épique et l'humour du "Cycle des épes"?
Commenter  J’apprécie          80
Le Cycle des épées, tome 2 : Epées et mort

Épées et Mort se compose de 10 récits plus ou moins indépendants.



La première nouvelle, L’Eternel Retour, voit Fafhrd et le Souricier Gris quitter définitivement Lankhmar, suite aux événements tragiques qu’ils y ont vécu. Ils partent alors à l’aventure, non sans croiser deux personnages bizarres, Sheelba au Visage Sans Yeux et Nigauble des Sept Yeux, qui prophétisent chacun leur retour dans la Cité des Quarante Mille Fumées. Et bien entendu, après avoir fait une bonne partie du tour du monde de Nehwon, les deux héros retournent en ville…



Dans la seconde histoire, Les Joyaux dans la Forêt, ils poursuivent un trésor. Un mage fou a en effet déposé de grandes richesses sans protection dans une tour perdue. Mais le fait qu’il ait communiqué largement sur ses trésors est assez étrange. Une sympathique histoire avec des pièges atypiques.



Dans La Maison des Voleurs, les deux compères retournent dans ces lieux maudits, ayant été escroqués par un des bandits. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur les sous-sols de ce bâtiment décidément à éviter !



Sur Le Rivage Désolé, les deux hommes font face à leur destin, emmenés là par une malédiction, un piège maléfique qui tente de les broyer.



La Tour qui Hurle attire les voleurs, et les utilise comme pitance pour tenir des monstres à distance. Une courte nouvelle qui flirte avec l’horreur.



L’Île Naufragée nous emmène en bateau, tandis que Fafhrd pêche un poisson ayant avalé une bague. Pillards, drakkars, cité engloutie sont au programme de ce récit mouvementé sur des mers plus ou moins ignorées…



Les Sept Prêtres Noirs n’aiment pas que l’on dérange leurs idoles, comme Fafhrd et le Souricier vont s’en rendre compte dans cette poursuite en rase campagne.



Les Serres de la Nuit lancent les deux compères sur les traces de voleurs aériens bien particuliers, qui terrorisent les dames de Lankhmar.



Dans Le Prix de l’Oubli, les deux voleurs s’emparent d’une maison ! Un petit pavillon de chasse, qu’ils ont la bêtise de transporter jusqu’au lieu où leurs amours ont décédé. Il leur faudra se lancer chacun dans une quête désespérée sous les ordres de leur magicien mentor pour essayer de retrouver la sérénité.



Et enfin, la visite du Bazar du Bizarre va se révéler bien plus dangereuse qu’attendue, au point cette fois de faire collaborer Sheelba au Visage Sans Yeux et Nigauble des Sept Yeux, et de donner des objets magiques à Fafhrd pour qu’il accomplisse une mission impliquant… le multiverse ?



Recueil de nouvelles forcément inégales, en intérêt et en longueur, on peut cependant noter qu’Épées et Mort n’en comporte pas de ratée. Des récits de fantasy tragi-comiques, où les deux voleurs roublards sont souvent manipulés ou soumis au bon vouloir de forces supérieures, ce qui entame rarement leur moral et jamais leur camaraderie. Un bon moment de lecture.


Lien : https://bibliosff.wordpress...
Commenter  J’apprécie          80
Le Cycle des épées, tome 5 : Les épées de Lankh..

Un grand barbare nordique et un petit gus tout sec, des aventures pleines de monstres, de magie et de trésors… et tu te dis que cette liste a un air de déjà vu. Ah oui, ça… la recette du binome que tout oppose et l'univers de la sword and sorcery ont trouvé preneur. Sauf qu'ici on revient aux sources – l'ami Fritz fait partie des fondateurs du genre – avec des textes pas tout jeunes. Lovecraft en a lu certains, c'est dire si ça remonte ! A l'époque, Conan pointe à peine le bout de son nez, la sword and sorcery est encore balbutiante, le terme n'existe même pas. Aujourd'hui, Leiber n'a pas pris une ride (enfin, lui si, vu qu'il est mort à 82 ans, mais son oeuvre non), ses textes restent une base dans laquelle j'aime à me replonger.

La qualité du Cycle des Epées tient à deux choses. Dune… ah non, ça c'est Herbert… D'une, le monde de Newhon, avec la célèbre cité de Lankhmar appelée à devenir le modèle de bien des villes de fantasy. Si Leiber n'a pas inventé le concept de guilde des voleurs, c'est lui qui l'a popularisé. Pas sûr qu'il y ait des masses de cités à pouvoir rivaliser dans le genre, à part l'Ankh-Morpork de Pratchett.

De deux, Fafhrd et le Souricier Gris, ses héros pas manichéens pour deux sous. Ils ont plutôt un bon fond mais ne s'encombrent pas de principes moraux, de beaux discours et de valeurs classieuses. Un jour ils se vendent comme mercenaires, le lendemain ils cambriolent un temple, entre deux ils claquent leur blé en ripailles, godets et nénettes à la cuisse légère. On est donc loin des personnages propres sur eux d'un Tolkien, des preux chevaliers en blanc contre les vilains bandits en noir. Pas pour rien si le Souricier s'habille en gris. Pour faire un parallèle avec le cinéma, la sword and sorcery est à la high fantasy ce que le western spaghetti est au western à la papa avec ses cow-boys immaculés. Moins net, moins vertueux, moins moral… donc plus intéressant.
Lien : https://unkapart.fr/lectures..
Commenter  J’apprécie          80
Le Cycle des épées, tome 1 : Epées et démons

J'avais déjà lu la série il y a fort longtemps, et la réédition par Bragelonne récemment m'a donné envie de m'y replonger. Ça m'avait laissé de bon souvenirs.



Premier d'une longue liste d'aventure, épées et démons nous pose le décor et les personnages.



D'abord en alternant entre Fafhrd, dans sa toundra natale et son désir de "civilisation" et Souris et son désir de vengeance. D'ailleurs ce dernier passera de souris à Souricier, tout un symbole.



Bien sûr, nos jeunes hommes étant des jeunes hommes, ils trouvent l'amour dans les bras de jeunes femmes, ce qui ne leur apporte pas que du bonheur (j'entends mon homme dire "t'façon, c'est toujours la faute des femmes!", je proteste). Enfin, les choses entraînant un autres, les voilà à Lankhmar, cité de brumes et de mystères.



Ainsi commence leur amitié et leurs aventure.



Je ne vois rien à redire vraiment sur ce livre. Le style est facile à suivre et agréable, seuls les dialogues sont un peu... maniérés dirais-je. Les deux compères ne manquent pas d'humour (à défaut, peut-être, d'une peu de morale, personne n'est parfait).



Il se passe plein de chose mais à la fois, je trouve que ce n'est pas assez. C'est vraiment une introduction, on nous présente les personnages et l'univers, les raisons de leurs futures pérégrinations. Vous savez, dans vos cours de français on vous dit que toute histoire est divisée en 5 parties? Bon ben là, le livre entier c'est la situation initiale et l'élément déclencheur. Manque les péripéties.



Donc, forcée de (re)lire la suite!
Commenter  J’apprécie          80
A l'aube des ténèbres

Voici un roman de science-fiction déjà fort ancien et tout à fait original, qui prend à contre-pied le lecteur. En effet, l'auteur imagine dans l'avenir une société théocratique dirigée par les prêtres du Grand Dieu, garants du "Bien". Ces prêtres, parfaitement organisés, fabriquent des pseudo-"miracles" - fruit d'une technologie élémentaire, mais efficace - destinés à édifier le peuple: ils émerveillent ou terrifient, mais le but essentiel est de soumettre et d'abrutir par la propagande.

Comment s'opposer à cette entreprise de domination perverse ? Une "sorcellerie", armée des ombres inspirée par "Sathanas", apparait pour combattre le pouvoir des prêtres du Grand Dieu; elle parvient à les mettre en échec sur leur point fort, les "miracles". Il s'ensuit une lutte à mort entre les forces du "Bien" (dominantes) et celles du "Mal" (rebelles). Bien entendu, c'est le "Mal" qui triomphera, et le peuple en sortira gagnant.

De cette jolie fable, le lecteur pourra tirer quelques leçons utiles concernant les conflits politiques actuels. En tout cas, l'idée de base est très intéressante. Le récit est bien mené et le ton est allègre. Petit clin d'oeil: l'auteur s'amuse à donner aux personnages des prénoms volontairement "écorchés", par exemple frère Goniface ou frère Chulian.

Commenter  J’apprécie          80




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Fritz Leiber (1103)Voir plus

Quiz Voir plus

Le manga en quelques mots (facile)

Quel est le pays d'origine du manga ?

La Chine
Le Laos
Le Vietnam
Le Japon

5 questions
1486 lecteurs ont répondu
Thèmes : manga , mangakaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}