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Citations de Gabriel Garcia Marquez (1313)


Sans arrêt, quelle que fût l’heure endormie ou éveillée, dans les moments les plus sublimes comme les plus sordides, Amaranta pensait à Rebecca, car la solitude avait fini par trier ses souvenirs, avait incinéré les encombrants monceaux d’ordure nostalgique que la vie avait accumulés dans son cœur, et purifié, magnifié et rendu éternels les autres, les plus amers.
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Cependant il atteignit le sommet de sa gloire le jour où le président de la République, don Marco Fidel Suarez, et son cabinet de ministres au grand complet vinrent jusqu'à la maison pour constater l'authenticité de sa célébrité. Ils arrivèrent vers trois heures de l'après-midi, étouffant sous les hauts-de-forme et les redingotes de drap qu'ils n'avaient pas quittés en trois jours de visite officielle sous le ciel incandescent du mois d'août, et durent repartir aussi intrigués qu'ils étaient venus car durant deux heures désespérantes le perroquet refusa de prononcer la moindre syllabe, en dépit des suppliques, des menaces et de la honte publique du docteur Urbino qui s'était entêté dans cette invitation téméraire malgré les sages mises en garde de son épouse.
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Il pensait que le monde irait plus vite si les vieillards étaient moins encombrants. Il dit : "L'humanité, comme une armée en campagne, avance à la vitesse du plus lent." Il prévoyait un avenir plus humain et par là même plus civilisé, dans lequel les hommes seraient isolés dans des villes marginales dès l'instant où ils ne pourraient plus suffire à eux-mêmes, afin de leur éviter la honte, les souffrances, le solitude épouvantable de la vieillesse. Selon lui, et d'un point de vue médical, la limite d'âge pourrait être de soixante ans. Mais en attendant ce degré suprême de charité, la solution était l'asile, où les vieillards se consolaient les uns les autres, nouaient des liens selon leurs goûts et leurs aversions, leurs joies et leurs tristesses, à l'abri des discordes naturelles des générations plus jeunes. Il dit : "Entre vieux, les vieux sont moins vieux."
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On n'a pas l'âge que l'on paraît mais celui que l'on sent.
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Gabriel Garcia Marquez
Il était encore trop jeune pour savoir que la mémoire du cœur efface les mauvais souvenirs et embellit les bons, et que c'est grâce à cet artifice que l'on parvient à accepter le passé.
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"On apprécie un bon écrivain à ce qu'il déchire plus qu'à ce qu'il publie." Il est vrai que je n'ai déchiré ni mes brouillons ni mes notes, mais j'ai fait pire : je les ai relégués dans l'oubli.
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Dès lors, je n'ai plus compté en années mais en décennies. Celle de la cinquantaine a été décisive, parce que j'avais pris conscience que presque tout le monde était plus jeune que moi. Celle de la soixantaine la plus intense, car j'avais cru ne plus pouvoir me permettre de faire des erreurs. Celle de soixante-dix à quatre-vingts a été terrible, car elle aurait pu être la dernière. Cependant, quand je me suis réveillé en vie le matin de mes quatre-vingt-dix ans dans le lit heureux de Delgadina, il m'est apparu que la vie ne s'écoulait pas comme le fleuve tumultueux d'Héraclite mais qu'elle m'offrait l'occasion unique de me retourner sur le gril et de continuer à rôtir de l'autre côté pendant encore quatre-vingt-dix années.
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La vie entière n’aurait pas suffi à Billy Sánchez pour déchiffrer les énigmes de ce monde fondé sur le génie de la radinerie. Il ne comprit jamais le mystère de la lumière de l’escalier qui s’éteignait avant que l’on arrive à l’étage, pas plus qu’il ne découvrit comment la rallumer. Il lui fallu presque toute une matinée pour apprendre que sur chaque palier il y avait une petite pièce avec des cabinets, et il s’était résigné à les utiliser dans les ténèbres lorsqu’il découvrit qu’on pouvait allumer en poussant le verrou de l’intérieur afin que personne n’oublie d’éteindre en sortant. La douche, qui se trouvait à l’autre extrémité du couloir et qu’il s’entêtait à utiliser deux fois par jour comme dans son pays, se payait à part et comptant, et l’eau chaude, contrôlée par la direction, était coupée toutes les trois minutes.


La trace de ton sang dans la neige.
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Soudain, passant du coq à l'âne, comme il le dit lui-même, il lui demanda de façon abrupte quel serait en définitive le système de gouvernement approprié aux nouvelles républiques. Sans lever les yeux de son assiette, le général lui demanda à son tour :
" Et vous, qu'en pensez vous ?
_ Je pense que l'exemple de Bonaparte est bon aussi bien pour nous que pour le monde entier, dit le Français.
_ Je ne doute pas un instant que vous le croyiez, dit le général sans dissimuler son ironie. Les Européens pensent que seul ce qu'invente l'Europe est bon pour le reste du monde et que tout ce qui est différent est exécrable.
_ Je croyais savoir que Votre Excellence était le promoteur de la solution monarchique ", dit le Français.
Le général leva les yeux pour la première fois. " Eh bien, vous ne saviez rien du tout, dit-il. Mon front ne sera jamais souillé par une couronne. " Il signala du doigt le groupe de ses aides de camp et conclut :
" Iturbide est là pour me le rappeler.
_ À ce propos, dit le Français, la déclaration que vous avez faite lorsque l'on a fusillé l'empereur a redonné un grand espoir aux monarchistes européens.
_ Je ne changerais pas un mot de ce que j'ai dit à cette occasion, dit le général. Qu'un homme comme Iturbide ait fait des choses aussi extraordinaires me remplit d'admiration, mais que Dieu me garde de son sort comme il m'a gardé de sa carrière, bien que je sache qu'on ne me délivrera jamais de la même ingratitude. "
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Son souffle avait la tiédeur de sa voix et sa peau exhalait un parfum léger qui ne pouvait être que celui de la beauté. C'était incroyable : au printemps précédent, j'avais lu un magnifique roman de Yasunari Kawabata sur les vieillards de la bourgeoisie de Kyoto qui payaient des sommes énormes pour passer la nuit à contempler les jeunes filles les plus belles de la ville, nues et droguées, tandis qu'ils agonisaient d'amour dans le même lit. Ile ne devaient ni les éveiller, ni les toucher, ni même songer à le faire, car l'essence même de leur plaisir était de les regarder dormir. Cette nuit-là, en veillant sur le sommeil de ma belle, je fis mieux que comprendre ce raffinement sénile : je le vécus dans sa plénitude.
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Le docteur Urbino n'était pas d'accord : un président libéral ne lui semblait être ni plus ni moins qu'un président conservateur en plus mal habillé.
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Il se souvint d'Angeles Alfaro, l'éphémère et la plus aimée de toutes, qui était venue pour six mois donner des cours d'instruments à cordes à l'école de musique, et qui restait avec lui sur la terrasse de sa maison les nuits de lune, telle que sa mère l'avait mise au monde, jouant les suites les plus belles de toute la musique sur son violoncelle dont la voix devenait celle d'un homme entre ses cuisses dorées. Dès la première nuit de lune, un amour de débutants enfiévrés leur avait chamboulé le coeur. Mais Angeles Alfaro était repartie comme elle était venue, avec son sexe tendre et son violoncelle de pécheresse, sur un transatlantique battant le pavillon de l'oubli, et il ne resta d'elle sur les terrasses lunaires qu'un mouchoir blanc agité en guise d'adieu qui, sur l'horizon, ressemblait à une colombe triste et solitaire, comme dans les poèmes des Jeux floraux. Avec elle, Florentino Ariza avait appris ce qu'il avait plusieurs fois éprouvé sans le savoir : que l'on peut être amoureux de plusieurs personnes à la fois et avec la même douleur, sans en trahir aucune. Seul au milieu de la foule sur le quai, il s'était dit, pris d'une colère soudaine. "Le coeur possède plus de chambres qu'un hôtel de putes." Son visage était baigné de larmes à cause de la douleur de l'adieu. Cependant, le bateau à peine disparu à l'horizon, le souvenir de Fermina Daza avait de nouveau occupé tout son univers.
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La science a supprimé les distance, proclamait Mesquiades. D'ici peu, l'homme pourra voir ce qui se passe en n'importe quel endroit de la terre, sans même bouger de chez lui.
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Il se consolait de sa brutale solitude avec des femmes à l'odeur de fleurs mortes qu'il idéalisait dans les ténèbres.
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"Riche, non, disait-il. Je suis un pauvre avec de l'argent, ce qui n'est pas la même chose."
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... je retournai au collège, obnubilé par l'extravagance géniale de José Manuel Marroquin, un poète de Bogotá qui déchaînait l'auditoire dès cette première strophe :

Maintenant que les aboiements chiennent, maintenant que les chants coquent,
maintenant qu’au lever du jour les grands sons clochent ;
que les braiments ânonnent et les roucoulements oisellent,
que les sifflements gardiennent et les grognons cochonnent,
que la rose aurorée campagne les vastes dorés,
tu perles de liquides verses comme je larme des pleurs
et froidant de frissons bien que l’embrase s’âme,
je viens soupirer des pousses fenêtré à tes dessous.

Bien entendu, je semais le désordre partout où je passais en récitant les interminables strophes de son poème, mais en même temps j’apprenais à déclamer avec le naturel d’un autochtone sorti d’on ne savait où.
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Mais avant d’arriver au vers final, il avait déjà compris qu’il ne sortirait jamais de cette chambre, car il était dit que la cité des miroirs (ou des mirages) serait rasée par le vent et bannie de la mémoire des hommes à l’instant où Aureliano Babilonia achèverait de déchiffrer les parchemins, et que tout ce qui y était écrit demeurait depuis toujours et resterait à jamais irrépétible, car aux lignées condamnées à cent ans de solitude, il n’était pas donné sur terre de seconde chance.
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Une seule minute de réconciliation mérite mieux que toute une vie d'amitié.
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On n'est de nulle part tant qu'on n'a pas un mort dessous la terre.
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Les choses ont une vie bien à elles; il faut réveiller leur âme, toute la question est là.
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