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Citations de Gabriel Garcia Marquez (1313)


La cérémonie officielle s’acheva à six heures du soir, quand les invités d’honneur se retirèrent. Le bateau repartit tous feux allumés, en laissant un sillage de valses jouées au piano mécanique, et nous restâmes durant un instant à la dérive au-dessus d’un abîme d’incertitude avant de nous reconnaître les uns et les autres et de nous enfoncer dans la mangrove de la beuverie.
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Nous étions attablés à la seule cantine du village, buvant une bière glacée, quand un homme qui avait l'air d'un arbre, avec des jambières et un pistolet de l'armée à la ceinture, s'approcha de nous. Rafael Escalona fit les présentations, et il me fixa du regard en retenant ma main dans la sienne.
"Vous êtes parent avec le colonel Nicolás Márquez ? me demanda t-il.
- Je suis son petit-fils.
- Alors, votre grand-père a tué le mien."
C'était le petit-fils de Medardo Pacheco, l'homme que mon grand-père avait tué en combat singulier. Je n'eus pas le temps d'avoir peur, car il avait prononcé ces mots sur un ton chaleureux, comme s'il voulait me dire que d'une certaine façon nous étions parents. Pendant trois jours et trois nuits nous fîmes la nouba dans son camion à double compartiment, mangeant du ragoût de chèvre et buvant du brandy à la mémoire de nos grands-pères.
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A la différence des jeunes femmes de l'époque, qui avaient négligé le culte de la mort, elles étaient expertes dans l'art séculaire de veiller les malades, de réconforter les agonisants et d'ensevelir les morts. Ma mère ne leur reprochait qu'une chose : leur habitude de se brosser les cheveux avant de dormir. " Mesdemoiselles, leur disait-elle, on ne se coiffe pas la nuit, cela retarde le retour des marins."
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C'était un mari parfait : il ne ramassait rien, n'éteignait jamais la lumière, ne fermait jamais une porte. Le matin, dans l'obscurité, lorsqu'un bouton manquait à ses vêtements, elle l'entendait dire : "Un homme aurait besoin de deux femmes : une pour l'aimer, l'autre pour lui coudre ses boutons." Tous les jours, à la première gorgée de café, il poussait un hurlement déchirant qui n'effrayait plus personne, et lâchait ce qu'il avait sur le coeur : "Le jour où je ficherai le camp de cette maison, tout le monde saura que c'est parce que j'en ai assez de toujours me brûler la langue." Il disait aussi qu'on ne préparait jamais de déjeuners aussi appétissants et variés que les jours où il ne pouvait rien manger parce qu'il s'était purgé, et il était à ce point convaincu de la perfidie de son épouse qu'il finit par ne plus prendre de purgatifs si elle n'en prenait aussi.
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Pendant la nuit de noces, un scorpion qui s'était introduit dans sa pantoufle mordit Rebecca au pied. Elle sentit sa langue s'engourdir mais cela ne les empêcha pas de passer une lune de miel qui fit scandale. Les voisins étaient terrifiés par les cris qui réveillaient tout le quartier jusqu'à huit fois par nuit, jusqu'à trois fois pendant l'heure de la sieste, et priaient qu'une passion si intempestive n'allât troubler le repos des morts.
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GABO* : Moi, je ne relis jamais mes livres une fois qu’ils sont imprimés, par crainte d’y découvrir des défauts qui m’auraient échappé. Quand je vois la quantIté d’exemplaIres vendus, et la gentillesse des critiques, j’ai peur de m’apercevoir que tous, lecteurs et journalistes, se sont trompés, et que le livre est en réalité une grosse merde.


*Surnom de Gabriel Garcia Márquez donné par ses étudiants.
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Maîtresse pour la première fois de son destin, Angela Vicario découvrit que la haine et l'amour sont deux passions réciproques.
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Telle fut l'innocente façon dont Florentino Ariza inaugura sa vie mystérieuse de chasseur solitaire. Dès sept heures du matin, il s'asseyait seul sur le banc le moins visible du parc, feignant de lire un livre de poèmes à l'ombre des amandiers, et attendait de voir passer la jeune et inaccessible demoiselle avec son uniforme à rayures bleues, ses chaussettes montant jusqu'aux genoux, ses bottines à lacets de garçon et, dans le dos, attachée au bout par un ruban, une natte épaisse qui lui descendait jusqu'à la taille. Elle marchait avec une arrogance naturelle, la tête haute, le regard immobile, le pas rapide, le nez effilé, son cartable serré contre sa poitrine entre ses bras croisés, et sa démarche de biche semblait la libérer de toute pesanteur. A son côté, allongeant le pas à grand-peine, la tante, avec son habit de franciscaine, ne laissait pas le moindre interstice qui permît de s'approcher d'elle. Florentino Ariza les voyait passer quatre fois par jour, à l'aller et au retour, et une fois le dimanche à la sortie de la grand-messe, et la vue de la jeune fille lui suffisait. Peu à peu il se mit à l'idéaliser, à lui attribuer des vertus improbables, des sentiments imaginaires, et au bout de deux semaines il ne pensait plus qu'à elle.
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Le plus à craindre, dans cette maladie de l'insomnie, ce n'était pas l'impossibilité de trouver le sommeil, car le corps ne ressentait aucune fatigue, mais son évolution inexorable jusqu'à cette manifestation plus critique : la perte de mémoire. Elle voulait dire par là qu'au fur et à mesure que le malade s'habituait à son état de veille, commençaient à s'effacer de son esprit les souvenirs d'enfance, puis le nom et la notion de chaque chose, et pour finir l'identité des gens, et même la conscience de sa propre existence, jusqu'à sombrer dans une espèce d'idiotie sans passé.
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- Fais tes adieux à Fernanda, la supplia t-elle. « Une seule minute de réconciliation mérite mieux que toute une vie d’amitié.» (p318)
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— Qu'est-ce qu'il dit ? demanda-t-il.
— Il est très triste, lui répondit Ursula. Il croit que tu vas mourir.
— Dites-lui, fit le colonel en souriant, qu'on ne meurt pas quand on veut, mais seulement quand on peut.
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[...] son directeur de conscience avait marqué à l'encre violette les jours d'abstinence dans les rapports entre époux. En retirant la Semaine sainte, les dimanches, les fêtes de précepte, les premiers vendredis du mois, les retraites, les sacrifices et les empêchements périodiques, la partie utile [...] se réduisait à quarante-deux jours éparpillés dans une forêt de croix violettes.
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Neruda s'endormit à l'instant et se réveilla dix minutes plus tard, comme les enfants, au moment où nous nous y attendions le moins. Il apparut dans le salon, en pleine forme, le monogramme de l'oreiller imprimé sur sa joue.
"J'ai rêvé de cette femme qui rêve", dit il.
Matilde voulut qu'il raconte son rêve.
"J'ai rêvé qu'elle rêvait de moi, dit-il.
- Ca, c'est du Borges", répliquai-je.
Il me regarda, déçu :
"C'est déjà écrit ?
- Si ça ne l'est pas, il l'écrira un jour. Ce sera un de ses labyrinthes."
A six heures du soir, aussitôt monté à bord, Neruda prit congé de nous, s'assit à une table écartée et commença d'écrire des vers limpides, trempant sa plume dans l'encre verte avec laquelle il dessinait des fleurs, des poissons, des oiseaux en guise de dédicaces à ses livres. Au premier coup de sirène, nous cherchâmes Frau Frida et la trouvâmes sur le pont des secondes au moment où nous allions repartir sans lui avoir dit adieu. Elle aussi venait se réveiller de la sieste.
"J'ai rêvé du poète", nous dit elle.
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Le jour où je demandai aux bouchers si le métier d’équarrisseur ne révélait pas certaines prédispositions à tuer un être humain, ils protestèrent : " Quand on sacrifie une bête, on n'ose pas la regarder dans les yeux. " L'un d'eux me dit qu'il ne pouvait pas manger la viande d'un animal qu'il avait égorgé. Un autre m'avoua son incapacité à sacrifier une vache qu'il avait connue, surtout s'il avait bu de son lait. Je leur rappelai que les frères Vicario, eux, saignaient les porcs qu'ils élevaient et qui leur étaient si familiers qu'ils les appelaient par leur nom. " C'est vrai, me répliqua quelqu’un, mais remarquez qu'ils ne leur donnaient pas des noms d'êtres humains. Uniquement des noms des fleurs. "
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Ils vivaient en silence comme deux vieux époux échaudés par la vie, au-delà des fièvres de la passion, au-delà des mensonges barbares du rêve et des mirages de la déception, au-delà de l'amour. Car ils avaient vécu ensemble assez de temps pour comprendre que l'amour est l'amour, en tout temps et en tout lieu, et qu'il est d'autant plus intense qu'il s'approche de la mort.
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C'est ainsi que se déroula la "marche silencieuse", la plus émouvante de toutes celles qu'a connues la Colombie. De l'avis de tous, partisans comme adversaires, au terme de cette journée historique l'élection de Gaitán était inévitable. Les conservateurs le savaient aussi, à cause de la violence qui avait contaminé tout le pays, de la férocité de la police contre le libéralisme désarmé et de la politique de terre brûlée. Le spectateurs de la corrida qui eut lieu cette même fin de semaine dans les arènes de Bogota assistèrent à l'expression la plus ténébreuse de l'état d'esprit du pays, quand la foule descendit des gradins, indignée par le flegme du taureau et l'incapacité du torero à l'achever. La populace déchaînée dépeça le taureau vivant. Les nombreux journalistes et écrivains qui avaient assisté à cet acte de barbarie ou l'avaient entendu raconter l'interprétèrent comme le plus épouvantable symptôme de l'épidémie de rage qui s'était propagée dans toute la Colombie.
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Car Mina voyait les fauteuils à bascule osciller tout seuls, croyait que le spectre de la fièvre puerpérale se faufilait dans les chambres des femmes en couches, que l'odeur des jasmins du jardin était un esprit invisible, qu'une ficelle tombée par terre dessinait les numéros du gros lot de la loterie, qu'un oiseau sans yeux s'était égaré dans la salle à manger et qu'on n'avait pu l'en chasser qu'en chantant "La Magnífica". Elle croyait reconnaître grâce à des codes secrets les lieux et l'identité des personnages des chansons qui arrivaient de la Province. Les malheurs qu'elle avait imaginés se produisaient tôt ou tard, et elle devinait qui allait arriver de Riohacha coiffé d'un chapeau blanc, ou de Manaure avec une colique qu'on ne pourrait guérir qu'avec du fiel de charognard. Car, prophétesse de métier, elle était aussi une guérisseuse occasionnelle.
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Tout roman est une devinette du monde.
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Il commença par lui demander ce qu'elle pensait du docteur Juvenal Urbino. Elle lui répondit sans presque y réfléchir :
"C'est un homme qui fait beaucoup de choses, trop peut-être, mais je crois que personne ne sait ce qu'il pense." Puis elle médita [...]
"C'est peut-être pour ça qu'il fait tant de choses, dit-elle : pour ne pas penser."
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Jusqu'alors, il ne lui était jamais venu à l'idée que la littérature fût le meilleur subterfuge qu'on eût inventé pour se moquer des gens [...].
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