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Citations de Georges Perec (859)


"Je me souviens des combles.
_Quel est le comble de la peur ?
_C'est reculer devant une pendule qui avance
_Quel est le comble pour un coiffeur ?
_C'est friser le ridicule et raser les murs."
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Georges Perec
La contrainte du prisonnier.
C'est une espèce particulière de lipogramme. On s'interdit parmi les 26 lettres du français, les lettres à hampe ( b,d,f,h,l,t) et les lettres à queue (g,j,p,q,y). (...)
ouvre ces serrures caverneuses
avance vers ces oeuvres rares...

Ex: si nous écrivions nous aussi sur nos écrivains, romans, vers aimés ou vomis sans ces consonnes ?
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Et c'est ainsi qu'après quelques années de vie vagabonde, fatigués de manquer d'argent, fatigués de compter et de s'en vouloir de compter, Jérôme et Sylvie accepteront- peut-être avec gratitude - le double poste responsable, assorti d'une rémunération qui pourra, à la rigueur, passer pour un pont d'or, que leur offrira un magnat de la publicité [...] Ce ne sera pas vraiment la fortune. Ils ne seront pas presidents-directeurs généraux. Ils ne brasseront jamais que les millions des autres. On leur en laissera quelques miettes pour le standing, pour les chemises de soie, pour les gants de pécari fumé. Ils présenteront bien. Ils seront bien logés, bien nourris, bien vêtus. Ils n'auront rien à regretter.
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Nous écrivîmes une belle lettre pour un copain qui était médecin à Pau (précisons qu'il n'était pas dermatologue et que sa femme n'était pas écuyère), belle lettre à mots couverts, car nous nous méfiions de la D.S.T. dont on disait qu'elle avait des hommes à elle dans tous les bourreaux de poste (p. 31).
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Rien ne sert de rien, cependant tout arrive.
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Je n’ai pas de sou­ve­nirs d’enfance” : je posais cette affir­ma­tion avec assu­rance, avec presque une sorte de défi. L’on n’avait pas à m’interroger sur cette ques­tion. Elle n’était pas ins­crite à mon pro­gramme. J’en étais dis­pensé : une autre his­toire, la Grande, avec sa grande hache, avait déjà répondu à ma place : la guerre, les camps. p. 17
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Il n'y a pas plus obscur qu'un blanc.
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La ville

Une ville: de la pierre, du béton, de l'asphalte. Des inconnus, des monuments, des institutions. Mégalopoles. Villes tentaculaires. Artères. Foules.Fourmilières ?
Qu'est-ce que le coeur d'une ville ? L'âme d'une ville ?
Pourquoi dit-on qu'une ville est belle ou qu'une ville est laide ? Qu'y a-t-il de beau et qu'y a-t-il de laid dans une ville? Comment connaît- on une ville ? Comment connaît-on sa ville ?


( p.123)
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Georges Perec
Tout portrait se situe au confluent d'un rêve et d'une réalité
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Une bibliothèque que l'on ne range pas se dérange : c'est l'exemple que l'on m'a donné pour tenter de me faire comprendre ce qu'était l'entropie et je l'ai plusieurs fois vérifié expérimentalement.
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Ils rêvaient d'abandonner, de tout lâcher, de partir à l'aventure. Ils rêvaient de repartir à zéro, de tout recommencer sur de nouvelles bases. Ils rêvaient de rupture et d'adieu.
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L'Express était sans doute l'hebdomadaire dont faisaient la plus grand cas. Ils ne l'aimaient guère, à vrai dire, mais ils l'achetaient, ou, en tout cas, l’empruntant chez l'un ou chez l'autre, le lisaient régulièrement, et même, ils l'avouaient, ils en conservaient fréquemment de vieux numéros. Il leur arrivait plus que souvent de n'être pas d'accord avec sa ligne politique (un jour de saine colère, ils avaient écrit un court pamphlet sur "le style du Lieutenant") et ils préféraient de loin les analyses du Monde, auquel ils étaient unanimement fidèles, ou même les prises de position de Libération, qu'ils avaient tendance à trouver sympathique. Mais l'Express, et lui seul, correspondait à leur art de vivre; ils retrouvaient en lui, chaque semaine, même s'ils pouvaient à bon droit les juger travesties et dénaturées, les préoccupations les plus courantes de leur vie de tous les jours. Il n'était pas rare qu'ils s'en scandalisent. Car, vraiment, en face de ce style où régnaient la fausse distance, les sous-entendus, les mépris cachés, les envies mal digérées, les faux enthousiasmes, les appels du pied, les clin d’œil, en face de cette foire publicitaire qui était tout l'Express - sa fin et non son moyen, son aspect le plus nécessaire -, en face de ces petits détails qui changent tout, de ces petits quelque chose de pas cher et de vraiment amusant, en face de ces hommes d'affaires qui comprenaient les vrais problèmes, de ces techniciens qui savaient de quoi ils parlaient et qui le faisaient bien sentir, de ces penseurs audacieux qui, la pipe à la bouche, mettaient enfin au monde le vingtième siècle, en face, en un mot, de cette assemblé de responsables, réunis chaque semaine en forum ou en table ronde, dont le sourire béat donnait à penser qu'ils tenaient encore dans leur main droite les clés d'or des lavabos directoriaux, ils songeaient, immanquablement, répétant le pas très bon jeu de mots qui ouvrait leur pamphlet, qu'il n'était pas certain que l'Express fût un journal de gauche, mais qu'il était sans aucun doute possible un journal sinistre. C'était d'ailleurs faux, ils le savaient très bien, mais cela les réconfortait.
Ils ne s'en cachaient pas: ils étaient des gens pour l'Express. Ils avaient besoin, sans doute, que leur liberté, leur intelligence, leur gaieté, leur jeunesse soient, en tout temps, en tous lieux, convenablement signifiées. Ils le laissaient les prendre en charge, parce que c'était le plus facile, parce que le mépris même qu'ils éprouvaient pour lui les justifiait. Et la violence de leurs réactions n'avait d'égale que leur sujétion: ils feuilletaient le journal en maugréant, ils le froissaient, ils le rejetaient loin d'eux. Ils n'en finissaient plus parfois de s'extasier sur son ignominie. Maisils le lisaient, c'est un fait, ils s'en imprégnaient.
Où auraient-ils pu trouver plus exact reflet de leurs goûts, de leurs désirs? N'étaient-ils pas jeunes? N'étaient-ils pas riches, modérément? L'Express leur offrait tous les signes du confort: les gros peignoirs de bain, les démystifications brillantes, les plages à la mode, la cuisine exotique, les trucs utiles, les analyses intelligentes, le secret des dieux, les petits trous pas chers, les différents sons de cloche, les idées neuves, les petites robes, les plats surgelés, les détails élégants, les scandales bon ton, les conseils de dernière minute.
Ils rêvaient à mi-voix, de divans Chesterfield. L'Express y rêvait avec eux. Ils passaient une grande partie de leurs vacances à courir les ventes de campagne; ils y acquéraient à bon compte des étains, des chaises paillées, des verres qui invitaient à boire, des couteaux à manche de corne, des écuelles patinées dont ils faisaient des cendriers précieux. De toutes ces choses, ils en étaient sûrs, l'Express avait parlé, ou allait parler.
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Georges Perec
Ce qui est le plus net pour moi dans le travail sur "Je me souviens", c'est que je ne suis pas le seul à me souvenir. C'est un livre que je pourrais appeler "sympathique", je veux dire qu'il est en sympathie avec les lecteurs, que les lecteurs s'y retrouvent parfaitement. Ca fonctionne comme une sorte d'appel de mémoire parce que c'est une chose qui est partagée".
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Les éléphants sont généralement dessinés plus petits que nature, mais une puce toujours plus grande.

Jonathan Swift, Pensée sur divers sujets
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Il est évidemment difficile d'imaginer une maison qui n'aurait pas de porte. J'en ai vu une un jour, il y a plusieurs années, à Lansing, Michigan, Etats-Unis d'Amériques. Elle avait été construite par Franck Lloyd Wright : on commençait par suivre un sentier doucement sinueux sur la gauche duquel s'élevait, très progressivement, et même avec une nonchalance extrême, une légère déclivité qui, d'abord oblique, se rapprochait petit à petit de verticale.
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Une seule personne dans l'immeuble déteste vraiment Madame Nochère : c'est Madame Altamont, pour une histoire qui leur est arrivée un été. Madame Altamont partait en vacances. Avec le souci d'ordre et de propreté qui la caractérise en tout, elle vida son réfrigérateur et fit cadeau de ses restes à sa concierge : un demi-quart de beurre, une livre de haricots verts frais, deux citrons, un demi-pot de confiture de groseilles, un fond de crème fraîche, quelques cerises, un peu de lait, quelques bribes de fromage, diverses fines herbes et trois yaourts au goût bulgare. Pour des raisons mal précisées, mais vraisemblablement liées aux longues absences de son mari, Madame Altamont ne put partir à l'heure initialement prévue et dut rester chez elle vingt-quatre heures de plus ; elle retourna donc voir Madame Nochère et lui expliqua, d'un ton à vrai dire plutôt embarrassé, qu'elle n'avait rien à manger pour le soir et qu'elle aimerait bien récupérer les haricots verts frais qu'elle lui avait donnés le matin même. « C'est que, dit Madame Nochère, je les ai épluchés, ils sont sur le feu. » « Que voulez-vous que j'y fasse ? » répliqua Madame Altamont. Madame Nochère monta elle-même à Madame Altamont les haricots verts cuits et les autres denrées qu'elle lui avait laissées. Le lendemain matin, Madame Altamont partant, cette fois-ci pour de bon, redescendit à nouveau ses restes à Madame Nochère. Mais la concierge les refusa poliment.
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En face du monde, l'indifférent n'est ni ignorant ni hostile. Ton propos n'est pas de redécouvrir les saines joies de l'analphabétisme, mais, lisant, de n'accorder aucun privilège à tes lectures. Ton propos n'est pas d'aller tout nu, mais d'être vêtu sans que cela implique nécessairement recherche ou abandon ; ton propos n'est pas de te laisser mourir de faim, mais seulement de te nourrir.
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Ce qui caractérise cette époque c'est avant tout son absence de repères : les souvenirs sont des morceaux de vie arrachés au vide. Nulle amarre, rien ne les ancre, rien ne les fixe. Presque rien ne les entérine. Nulle chronologie sinon celle que j'ai, au fil du temps, arbitrairement reconstituée : du temps passait. Il y a vait des saisons. On faisait du ski ou les foins. Il n'y avait plus de passé, et pendant très longtremps il n'y eut pas non plus d'avenir ; simplement ça durait. On était là.

p.98
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Habiter une chambre, qu'est-ce c'est ? Habiter un lieu, est-ce se l'approprier ? Qu'est-ce que s'approprier un lieu ? À partir de quand un lieu devient- il vraiment vôtre ?Est-ce quand on a mis à tremper ses trois paires de chaussettes dans une bassine de matière plastique rose ? Est-ce quand on s'est fait réchauffer des spaghettis au-dessus d'un camping-car? Est-ce quand on a utilisé tous les cintres dépareillés de l'armoire- penderie? (...) Est-ce quand on y a éprouvé les affres de l'attente, ou les exaltations de la passion, ou les tourments de la rage de dents ? Est-ce quand on a tendu les fenêtres de rideaux à sa convenance, et posé les papiers peints, et poncé les parquets ?

( Galilée, 2017, p.50)
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Ma dame d'ambre rare
Armada amarrée en rade de Madère
Arbre d'ébène
Méandre de marbre

D'année en année à même de me rendre
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