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Critiques de Gerbrand Bakker (98)
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Parce que les fleurs sont blanches



« Au fait, comment sais-tu que ce sont des poiriers ?......

-Parce que les fleurs sont blanches,.... 

Un instant, vous regardez des poiriers en fleur et l’instant d’après quelqu’un vous dit que votre fils a une splénorragie. ».....



Gerard a trois fils, des jumeaux de seize ans, Kees et Klaas, et un autre plus jeune, Gerson. Sa femme l’ayant quitté pour un autre, il les élève seul. Un bête accident de route va chambouler l’existence fragile de ce nucleus exclusivement masculin qu’un petit chien vient compléter......

S’habituer, vivre avec la nouvelle situation extrêmement difficile, voilà le pitch de ce récit que l’auteur aborde dans un style très dépouillé. « S’habituer....On dit parfois que le temps guérit toutes les blessures. Un cliché terrible, que les gens sortent quand ils ne savent vraiment plus quoi dire.....Et puis : quand a-t-on fini de s’habituer ?....Où est le terminus de l’habitude ? ».

L’auteur néerlandais dans ce deuxième livre que je lis de lui, me happe à nouveau dès les premières phrases. Dans une prose très simple, il aborde un sujet difficile, sans mélo, ni psychologie complexe. Mais l’émotion est omniprésente dans cette simplicité qu’il renforce avec des dialogues et petits détails. Avec lucidité et calme, il nous guide à travers ce drame familial, vers une fin qu’il annonce très vite dans un compte à rebours.

C’est triste, poignant, délicat......Gerbrand Bakker est sans aucun doute, un auteur à ne pas passer à côté.



« Toujours novembre, toujours la pluie

Toujours ce cœur vide, toujours ».

J.C. Bloem (1887-1966).

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Parce que les fleurs sont blanches

Tout en émotion, Gerbrand Bakker nous offre un livre poignant, plein d'amour mais un roman où les émotions sont comme retenues. Pas de cri, pas de crise de larmes et pourtant cela se justifierait. Un roman d'ambiance presque en douceur mais le terme.n'est pas approprié, peut-être que pudeur est plus adapté.

Je suis admirative devant cette capacité à faire passer tant d'émotions avec si peu de mots . L'ambiance est comme feutrée et pourtant il se passe des drames. Même lorsque le père et ses trois fils sont victimes d'un accident de voiture, il n'y a pas de cris, de larmes, seul le plus jeune Gerson, celui qui sera gravement blessé dira " Aïe" face au choc. Il faut donc être sacrément doué pour faire passer tant d'émotions dans une retenue constante.

L'histoire se résume en quelques mots, un père se retrouve seul avec ses trois fils et leur chien. La mère est partie vivre sa vie en Italie.

Un déplacement, un accident de voiture et le drame, le plus jeune devient aveugle.

Je suis vraiment séduite par le style de cet auteur que je découvre par ce livre qui est visiblement un de ses premiers.

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Parce que les fleurs sont blanches

Je remercie la Librairie Coulier de Castres pour la lecture du roman « Parce que les fleurs sont blanches » de l’auteur néerlandais Gerbrand BAKKER. Publié en ce début d’année 2020 aux éditions Grasset ce roman est déchirant !

Klaas et Kees sont deux frères jumeaux de seize ans. Gerson, de trois ans leur cadet, souffre parfois de cette complicité, notamment lors du jeu qu’ils ont inventé et que Gerson appelle « noir », une sorte de partie de cache-cache.

p. 10 : » Vous, vous êtes deux, disait-il parfois, moi je dois tout faire tout seul. «

Gerard élève seul ses trois fils depuis que sa femme a quitté le foyer, envoyant une unique carte postale d’Italie par an pour leurs anniversaires. Gerson semble le plus affecté par cette absence.

p. 24 : » Notre mère qui, un jour, était partie dans la grande voiture qui brillait pour ne plus jamais revenir. «

S’il aime ses enfants, Gerard n’en reste pas moins maladroit, un peu en dehors de son rôle de parent. Ce jour-là, en route pour rejoindre leurs grands-parents, ils sont victimes d’un tragique accident de voiture. Si Gerard et les aînés s’en sortent relativement bien, Gerson va rester plusieurs jours dans le coma. Il sera pris en charge par un infirmier très investit, dont le rôle dans sa convalescence sera essentiel et un soutien pour Gerard, père totalement dépassé par les événements.

p. 69 : » Vous devez parler à Gerson le plus possible, et le toucher. On a connu des cas de patients dans le coma qui, d’une manière ou d’une autre, communiquaient avec les personnes présentes à leur chevet. Même dans le coma, certains entendent et sentent. En parlant et en touchant Gerson, en interagissant avec lui, vous pourriez, pour ainsi dire, le tirer de son sommeil. «

Lorsqu’il se réveille, Gerson réalise qu’il est aveugle. Tous réapprennent donc à communiquer pour guider le jeune Gerson. Mais l’amour et le soutien de sa famille suffiront-ils à Gerson ?

p. 119 : » Gerson était vivant, ses blessures guérissaient et il devait maintenant s’habituer aux séquelles de ses blessures. Mais comment s’habituer à ne plus jamais rien voir ? «

Ce roman de Gerbrand Bakker m’a happée par sa prose envoûtante. Une tragédie douce amère, où se côtoient pudeur et amour avec une intensité indicible.

La place du petit chien dans cette famille si attachante est primordiale. A l’intérieur de ce cocon rassurant se mêlent les voix des jumeaux adolescents aux pensées intérieures de Gerson.

Une fois de plus, l’auteur exploite les liens entre père et fils en milieu rural, entre obligations familiales et besoin de liberté.

Malgré le drame, la lumière traverse littéralement ce roman.
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Parce que les fleurs sont blanches

Il aura suffit de poiriers en fleurs et d’un moment d’inattention pour que la vie de Gérard, de ses jumeaux Kees et Klaas et de leur petit frère Gerson, basculent. Victimes d’un accident de voiture alors qu’ils se rendent chez leurs grands-parents, Gerson, le plus touché, tombe dans le coma et se réveille aveugle. Une réalité difficile à admettre pour un garçon de 13 ans, même si toute sa famille est là pour l’épauler...

Comment envisager l’avenir ?

Un court récit, très émouvant, qui narre le quotidien et les relations d’une fratrie qui essaie de surmonter les aléas de la vie. C’est raconté avec beaucoup de simplicité. Le texte est délicat, d’une grande beauté.

« Toujours août.

Toujours le soleil.

Toujours notre cœur vide »

Une lecture bouleversante.
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Là-haut, tout est calme

En effet, là-haut, tout est calme...Je m’y suis même endormie. Et moi, quand je m’endors, c’est que je suis très fatiguée ou que, simplement, je m’ennuie.

Et ce que je me suis ennuyée ! Les faits et gestes d’Helmer van Winderen, un fermier hollandais de 55 ans, ne m’ont pas du tout, mais pas du tout, intéressée. Celui-ci vit avec son vieux père, ses vaches, ses deux ânes et ses moutons dans une ferme du nord de la Hollande, bordée de champs spongieux et tout près du lac de l’IJsselmeer. Il a connu un drame dans sa jeunesse : la mort par noyade de son frère jumeau Henk, ce qui a entrainé comme conséquence immédiate l’abandon de ses études universitaires, littéraires, pour se consacrer à la ferme sous les ordres de son père, un homme autoritaire.

Ce drame, il y repense souvent, particulièrement lorsque l’ancienne petite amie de son frère, Riet, se manifeste et lui demande de prendre son fils à son service (ce fils, tiens, comme c’est curieux, s’appelle Henk, lui aussi).

Il s’accommode donc de cet adolescent un peu bougon, un peu révolté, un peu paresseux, un peu gentil tout de même, comme il faut bien qu’il s’accommode de son père. Enfin, disons que ce dernier, il l’a relégué tout en haut de la maison (celui-ci est grabataire) et le traite assez mal, c’est en fait la seule chose qui m’a fait sortir de mes gonds.



Et nous voilà accompagnant Helmer dans la préparation de ses repas, dans la traite de ses vaches, dans ses courses au magasin du village, dans la toilette de son père...

Et nous voilà aussi contemplant avec lui la corneille mantelée perchée sur l’arbre voisin, les photos du Danemark qu’il a fixées au mur...

Et nous voilà encore plongés dans les souvenirs d’Helmer, dans sa « réflexion » (enfin, réflexion...c’est beaucoup dire) sur le passé, sur ce qu’aurait pu être le présent s’il s’était marié, sur ce qu’aurait été sa vie si son frère avait vécu.



« L’inoubliable quête du bonheur » dont fait état la 4e de couverture ? Cela me semble très exagéré ! En tout cas, ce ne sont pas les faits et gestes quotidiens d’Helmer ni ses pensées moroses et très peu décrites qui m’ont fait ressentir ne fût-ce qu’un soupçon d’empathie pour lui...



Là-haut tout était calme, morose et désolé. Dommage.

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Là-haut, tout est calme

Très beau texte sur le deuil et sur la vie telle qu'elle s'impose et non telle qu'on la rêvait. A travers le destin d'un paysan du nord de la Hollande qui a du abandonner ses études de lettres pour reprendre la ferme familiale après la mort de son frère jumeau, Gerbrand Bakker évoque avec poésie la mort, les difficiles relations fraternelles et le désir humain de maîtriser sa vie. Comment l'homme peut-il accéder à une paix intérieure quand toute sa vie n'a été que contraintes et renoncements ? A 55 ans, est-il trop tard pour changer ? Le récit est lent, comme sont lentes les journées à la ferme et comme est lente la rébellion du fils contre le père et contre une existence vide de sens. Dans ces paysages de tourbe, de saules et d'eau se cachent bien des drames et des non dits. L'histoire se révèle par petites touches, aussi nuancée et délicate que les tons gris, verts et bleus de cette région du Nord.
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Parce que les fleurs sont blanches

Ce roman néerlandais illustre à merveille le dicton « less is more ». En quelques touches noires (ex : le jeu de cache-cache, la privation de lumière) et blanches (ex : la couleur des poiriers en fleur), Gerbrand Bakker a composé une ode à l’absence. L’absence de la mère qui abandonne ses enfants pour refaire sa vie en Italie. L’absence du sens quand Gerson, le petit dernier, perd la vue (« nous vivons dans un monde fait pour être vu, et nous ne l’avons compris que quand Gerson est devenu aveugle »). Les absences du père qui jamais ne se comporte comme un homme responsable. Un père qui cède au sommeil pour mieux supporter l’éprouvante réalité. Gerson, lui, s’y réfugie pour retrouver la vue (« Quand je dors, je rêve et quand je rêve, au moins je vois encore quelque chose »). Gerson, sur qui se polarisent les malheurs et les espoirs d’une famille orpheline. Sa voix off, quand il est dans le coma, est émouvante de lucidité et de vérité. Tout comme celle de son alter-ego, le chien Daan, qui, lui aussi, perçoit le monde différemment, par les sons, les parfums et l’impression diffuse que donne le mouvement des hommes. Un roman qui fait un étrange écho aux troubles de notre époque, car si les malheurs s’enchaînent, la vie continue malgré tout : où est le terminus de l’habitude ? demande l’auteur. Un roman comme une fuite en avant, sur le temps qui, par définition, ne fait pas de prisonnier. À lire d’un trait, sans interruption, pour en apprécier la profondeur et la poésie.

Bilan : 🌹🌹

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Là-haut, tout est calme

Je vais avoir du mal à passer à un autre livre. Je crois bien que depuis Rosie, ma meilleure amie de Best Love Rosie, je n’avais pas ressenti un tel bien être, une telle sérénité à la fin d’une histoire. Pourtant la vie d'Helmer ne commence pas si bien. Il s’est toujours effacé devant la personnalité plus marquée de son jumeau Henk, le préféré du père. Quand ce dernier meurt dans un accident à l’âge de vingt ans Helmer doit reprendre le travail à la ferme avec son père. Les années passent dans un sacrifice douloureux jusqu’à la mort de la mère. Nous sommes dans la campagne hollandaise, douce et froide, figée dans le temps. Il y a une description abominable de la façon dont on tue les chats à la campagne, passage douloureux pour moi me ramenant au traumatisme vécu en Lozère. Bref à cinquante-six ans Helmer se retrouve avec un père grabataire et une ferme à gérer. Tous les quinquagénaires le savent, un matin n’est pas comme les autres, c’est un matin de décisions, de changement de vie et pour Helmer le moment est venu. Il commence par installer son père dans la chambre du haut, celle pas chauffée, histoire de lui montrer ce qu’il a enduré pendant son enfance. Il rénove et décore le rez-de-chaussée, passe en période d’observation, de recherche de quiétude, de bien-être, période troublée par la réapparition de l’ancienne fiancée de son frère et du fils de celle-ci prénommé Henk. Entre son père mourant avec qui il arrive à faire la paix et le jeune Henk envoyé à la ferme par sa mère, Helmer est à la recherche du bonheur. Il chasse les fantômes un par un. A la mort de son père et au départ de Henk, il laissera sa vraie nature reprendre le dessus. C’est un rêveur, poète, homosexuel, nature révélée il y a très longtemps par le garçon de ferme, chassé par le père et qui revient maintenant. Ils partent au Danemark, ensemble, vieux rêve enterré depuis des décennies. C’est une très belle histoire d’une vie sacrifiée en partie. L’auteur nous démontre que le bonheur n’a pas d’âge.
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Parce que les fleurs sont blanches

Parce que les fleurs sont blanches est l'un des tous premiers livres de Gerbrand Bakker, paru en 1999 aux Pays-Bas, bien avant Là-haut, tout est calme et Le détour, ses deux romans les plus connus. Parce que les fleurs sont blanches n'a pas l'intensité ni la densité narrative de ses récits ultérieurs mais il montre déjà un écrivain avec un univers bien particulier et qui a peu d'égal pour distiller une sorte de sérénité mélancolique et une grande pudeur devant les drames de l'existence. Dans ce roman, on entre de plain pied dans un monde familial essentiellement masculin, depuis que la mère est partie sans laisser d'adresse, avec un père, des jumeaux et un cadet qui n'a pas encore fêté ses 14 ans. Bakker n'a pas son pareil pour créer une ambiance, chaleureuse et foncièrement triste, autour des jeux de la fratrie, des trajets en voiture vers la maison des grands-parents ou du comportement d'un petit chien qui semble comprendre et absorber les tourments cachés des membres de la famille. Un accident de voiture qui rend le plus jeune fils aveugle devrait précipiter le livre vers le drame. Mais avec sa délicatesse, son sens des dialogues dont le caractère parfois absurde cache la douleur, Bakker ne plonge jamais dans le pathos, tout dans son style respirant un calme et une lucidité déchirante. Les narrateurs principaux du roman sont les jumeaux, presque assimilés à une seule personne, et de temps en temps leur frère, celui qui ne supporte pas le noir duquel il est désormais prisonnier. Et le livre, sans fausse note, va vers son dénouement, de manière presque paisible, alors que le lecteur ne peut qu'être bouleversé par ce qui finit par arriver. Comment écrire sur des événements tragiques en s'approchant au plus près de la lumière, tel est le don de Gerbrand Bakker, dont on espère que les ouvrages encore inédits en français seront bientôt traduits.
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Parce que les fleurs sont blanches

Une famille entièrement masculine: le père, Gérard, les jumeaux Klaas et Keees et leur petit frère Gerson vivent ensemble puisque la mère a quitté le domicile, ne donnant que rarement de ses nouvelles. La famille a également adopté un petit chien. Hormis les grands-parents paternels, on n'entendra pas parler d'autres membres de la famille.

Un jour l'accident survient, et si Gérard, les jumeaux et le chien s'en sortent plutôt bien, Gerson entre dans un coma profond . En revenant à lui, il découvre qu'il ne voit plus.

La famille entourera Gerson du mieux qu'elle le pourra.

Chez ce jeune Gerson de 14 ans, le désespoir est profond, et j'ai trouvé ce roman terriblement triste, et les faits injustes.

Difficile d'imaginer le contenu du livre d'après le titre: "Parce que les fleurs sont blanches", c'est aussi absurde que cet accident survenu à la suite d'une discussion autour de la couleur des fleurs de poirier.
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Le détour

Une femme mariée entre deux ages, enseignante dans une université à Rotterdam, est licenciée à la suite de sa liaison avec un de ses étudiants. Elle va fuir mari et pays,pour se cacher dans une maison isolèe au Pays de Galles.Un jeune homme solitaire viendra illuminer cette courte vie d'ermite. Le roman se déroule sur deux mois, il y a peu d'action mais est trés riche en sensations et les odeurs ont une importance particuliére.La Nature est au centre du livre,la mer au loin,la montagne,les sentiers,les animaux(surtout les oies-couverture du livre-et les blaireaux,qui ont des significations symboliques,dont l'interpretation,je pense,est laissé à l'imagination du lecteur).Un très beau livre,une écriture sensible(traduit du néerlandais),ou l'on ne s’ennuit à aucun moment.
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Là-haut, tout est calme

Une plongée dans un moment de la vie d'un homme, dont le père vieillit, à qui le frère jumeau mort 30 ans auparavant manque toujours autant et qui se demande pourquoi il fait ce qu'il fait, c'est-à-dire s'occuper de la ferme familiale. Autour de lui, des personnages entiers et farouches, de ses voisins à son nouveau garçon de ferme, des relations humaines tout en nuances...

Vraiment un beau moment de lecture, pas ennuyeux pour deux sous en dépit du côté parfois introspectif et routinier. ce roman m'a fait penser à la trilogie des Neshov de Anne B. Ragde, ou aux Chaussures Italiennes de Mankell : solitude, vie à la campagne, mais aussi questionnements de l'homme face à sa vie, à son avenir, à son passé... Le tout sans pathos ni prise de tête. Très belle ambiance.
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Le détour

Rien de racoleur dans ce roman d'un auteur néerlandais jamais lu.J'aime tenter ma chance ainsi avec des inconnus et avec Gerbrand Bakker,la cinquantaine,Le détour vaut le détour.Une universitaire hollandaise,qu'on imagine 45 ans à peu près,loue une maison paumée dans un coin perdu du Pays de Galles.Elle aussi est un peu égarée.Festival de la lose,pour emprunter une langue un peu pas de mon âge mais expressive.Elle est en rupture avec son mari,avec la communauté aussi,après une liaison scandaleuse aec un étudiant.Elle prend pas mal de comprimés.Malade?Et dans ce bout du monde elle reprend sa thèse sur la poétesse Emily Dickinson, souvent évoquée danqs les blogs littéraires, moins souvent lue, dont Bakker nous gratifie de ci de là de quelques citations. Quelques jours de la vie galloise nous sont ainsi contés,avec les tâches banales,réparer une clôture ou mettre une bûche dans le poêle.Tout cela est écrit très simplement,très concrètement,ce qui,parfois,entre herbe et pluies d'automne,entre boulangerie là-bas au bourg et quelques visites,est d'un bel effet poétique.



Qui sont-ils,ces visiteurs arrivant du sentier,alertant les oies du voisinage?Rhys Jones,un nom plus gallois tu meurs, éleveur de moutons dans le voisinage s'intéresse à elle.Mais surtout son fils Bradwen,20 ans,garçon un peu lunaire,affligé d'un léger strabisme,qui l'aide à bricoler au jardin,guère communicatif mais attentionné.Il répertorie les chemins piétonniers pour un guide touristique,près du Mont Snowdon assez proche,point culminant de Galles,1085 mètres,la "montagne" la plus gravie du Royaume-Uni.Complicité,tendresse,voire plus (?),s'installent doucettement entre les deux,pas mal déboussolés,lors de ce Détour,saine coupure ou vaine transition.C'est que le mari est à sa recherche, avec la bénédiction des parents de la fugitive,accompagné d'un policier clairvoyant.



Mais dans Le détour,rien de tout cela n'est vraiment important.seules comptent dans cette escapade galloise,cependant grave,le cri des oies dans l'enclos mal fermé,les traces d'un blaireau agressif,le chien tout mouillé de Rhys Jones,et le regard de Bradwen sur elle,sa propre fatigue.Depuis combien de temps ne l'a-t-on pas regardée ainsi?Et pour combien de temps encore?J'ai illustré cette chronique d'une des plus belles chansons de Simon et Garfunkel,qui cite Emily Dickinson.Elle est très ancienne,Paul et Art étaient très jeunes,moi aussi.

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Là-haut, tout est calme

A la mort de son frère jumeau, Helmer se résigne à le remplacer et à seconder son père, agriculteur dans le nord de la Hollande. Délaissant ses projets d'études littéraires, il s'installe dans la ferme familiale pour s'occuper des bêtes puis bientôt de son père vieillissant et grabataire.



Le tumulte intérieur qui secoue Helmer n'a pas de prise sur le calme extérieur qui déroule ses jours et ses saisons au rythme d'une nature conciliante.



Un livre à la mélancolie infinie qui semble sourdre des personnages, des animaux, des paysages et qui finit par étreindre le lecteur.
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Là-haut, tout est calme

Comme dans L’Annonce (de Marie-Hélène Lafon), un fermier hollandais de 55 ans décide de prendre sa vie en main, de changer les choses : cela fait 35 ans qu’il travaille malgré lui avec son père, 35 ans que son frère jumeau Henk est mort dans un accident et que lui, Helmer, a dû abandonner ses études de lettres pour « remplacer » son frère à la ferme.



Comme dans L’Annonce, il y a aussi une dualité entre le dedans et le dehors, à un double titre : le dedans de la ferme qu’Helmer se décide à changer, à rafraîchir pour vivre selon ses goûts et le dehors dont il est finalement assez lointain, les visites du collecteur de lait, du marchand de bestiaux ou celles de sa voisine ne semblent pas troubler un quotidien bien établi ; le dedans, l’intimité d’Helmer, les sentiments ui se font peu à peu droit de cité, qui remuent profondément l’homme et le dehors, la nature, les canaux, les saisons, les oiseaux et le travail avec les animaux de la ferme qui paraissent immuables, hors du temps.



C’est un magnifique roman, lent et intense, dont les pages se déroulent toutes seules pour dire avec simplicité le deuil, la gémellité, le corps, la nature. Pour tenter de faire la paix avec le passé, avec le père, pour crever le plafond de solitude qui pèse sur Helmer, pour oser être soi-même. Cela m’a un peu fait penser aux Chaussures italiennes de Henning Mankell avec l’arrivée inattendue d’un personnage surgi du passé mais Gerbrand Baker possède une voix bien personnelle que je retrouverai avec joie dans d’autres lectures.
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Le détour

Se savoir malade, s’isoler, se recentrer sur soi est le sujet de ce roman. Emplit de douceur, de nature et de poésie, cet ouvrage est magnifiquement écrit. Fuir pour mieux se retrouver et avoir encore un peu l’illusion et la liberté d’exister et de choisir, même le pire.
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Le détour

J'ai tout d'abord été attiré par la couverture du livre. En effet, ces jolies oies et ce bleu profond, mélancolique, automnal et brumeux... m'ont tapé dans l’œil. J'ai ainsi pris le livre entre mes mains, j'ai lu le résumé, ce dernier ne m'a pas totalement convaincu mais j'ai malgré tout décidé de lire ce roman de Gerbrand Bakker, un auteur qui m'était tout à fait inconnu.



En gros, vous l'aurez compris, j'ai plus lu le livre pour les oies de la couverture que pour le résumé !! :-)



Eh bien malheureusement je n'ai pas trop aimé... Il y a très peu de dynamisme dans ce roman qui me parait sans grand intérêt. Je me suis assez ennuyé et n'ai pas toujours très bien compris où l'auteur voulait en venir, c'est dans l'ensemble assez triste et fade. Mais je continuerai à dire que la couverture est magnifique !!



Bref, si je met de côté les jolies oies blanches, je dirai, pour faire un peu d'humour, que ce livre ne vaut pas le détour ! :-)
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Juin

L'histoire de Juin, de Gerbrand Bakker, débute en l'année 1969, le 17 juin, précisément, avec la visite de la reine Juliana dans un petite village des Pays-Bas. Un peu lasse, la souveraine se soumet malgré tout volontiers à un exercice routinier : discours, déjeuner, musique locale et de petites tapes sur la tête des enfants blonds. 40 ans plus tard, au même endroit, ce jour est encore dans les mémoires, mais pas seulement pour le passage de Juliana. Quelques heures après son départ, une petite fille est morte, renversée par la camionnette du boulanger. Ecrivain des non-dits et des drames jamais oubliés, Gerbrand Bakker est à son affaire dans un livre qui examine les dégâts psychologiques, directs et collatéraux, que cet évènement tragique a occasionné. Le moins que l'on puisse dire est que l'auteur s'attarde en chemin, saisissant des détails au vol, passant d'un personnage à l'autre, n'évoquant que fortuitement le souvenir de cette journée-là. Le traumatisme est profond, on s'en doute, notamment chez la mère de la fillette qui se réfugie dans le foin de la grange de la ferme à l'écart de son mari et de ses trois garçons. La douleur est synonyme de silence chez Gerbrand Bakker et encore plus dans ce livre que dans les précédents publiés en France. Un peu trop pour qu'une certaine langueur ne finisse pas par vous saisir à la lecture de ce roman qui, heureusement, sait aussi soigner ses descriptions du village de Wieringerwaard et de cette région septentrionale des Pays-Bas. Des polders mais pas de bol d'air dans cette histoire sombre et étouffante.




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Le détour

Un troupeau d'oies, plein cadre en couverture du dernier roman traduit de Gerbrand Bakker, Le détour. Ce n'est pas anodin, elles ne sont pas loin d'avoir le premier rôle dans un livre qui raconte la solitude d'une femme, isolée par choix dans une maison du nord du Pays de Galles. Une femme et des oies. Ces dernières disparaissent les unes après les autres. Un renard ? Peut-être ! Sûrement pas le blaireau qui l'a mordue, elle, pas les oies. Le détour est riche en sensations, les odeurs y ont une importance toute particulière. La description du paysage est minutieuse tous comme les gestes quotidiens et banals de cette ermite volontaire dont on ne sait si elle va se reconstruire ou sombrer. Bakker a d'ailleurs ajouté une intrigue parallèle, avec un mari à la recherche de son épouse disparue, qui n'est ni nécessaire ni passionnante. L'écrivain néerlandais est adepte d'un style ciselé, sensuel et magnétique. Se dégage du Détour une sorte de sérénité blafarde. Que se passe t-il dans la tête de son héroïne dont le livre de chevet est un recueil d'Emily Dickinson ? Mystère de l'âme humaine, retranscrit dans un ouvrage dont l'infinie tristesse, malgré quelques pointes d'humour délicat, est contagieuse. De ce qu'il peut bien advenir de cette femme, les oies n'en ont cure. Elles cacarderont toujours.
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Là-haut, tout est calme

Ce roman psychologique sur le sens et la solitude de l’existence est exactement comme le paysage dans lequel il se déroule : calme et sobre, avec le vert des prairies et le gris des nuages qui se réfléchissent dans la rivière. C’est là-haut, dans ce paysage du nord des Pays-Bas, où un ciel bleu recouvre parfois la terre, que vit Helmer van Wonderen. Tout ce qui est arrivé à ce cinquantenaire introverti est expliqué : son frère jumeau bien-aimé mort dans un accident de voiture à 20 ans, la fin de ces études littéraires, le décès de sa mère complice, son attachement à Jaap, le garçon de ferme que son père a mis à la porte et surtout son étrange relation avec ce père très âgé, grabataire et proche de la mort, qu’il soigne cependant consciencieusement mais avec lequel il maintient un certain silence. Le contact qu’Helmer a avec le monde extérieur est minimal. Helmer vit la « tête sous les vaches » et 'il « ne l'a plus jamais sortie de là.» Mais en lui sommeille le profond désir d’une relation moins passive avec le monde et avec les autres. Cet état résigné s’agite alors et l’amorce du changement brusque se traduit par l’installation de son père au premier étage. Le mort ou presque mort qui a dominé jusqu’à présent sa vie figure alors pour Helmer « là-haut » tandis qu’en bas, il modifie, transforme, peint… améliorant non seulement la partie habitable de la ferme mais également son existence. A cause d’un contact inattendu avec l’ancienne petite amie de son frère et du fils de celle-ci qui vient travailler pour lui à la ferme, il se détache de l’ombre de son frère malchanceux. Son existence se rempli de lumière ou de nuages et s’anime enfin.

Le roman se termine par la modeste perspective qu’i réalisera enfin son idéal.

Le style est comme le paysage : informel et concis.

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