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Citations de Guillaume Le Touze (77)


Elle avait ce qu'on appelle un visage ingrat, une trace plus foncée sur sa peau partait de dessous sa tempe pour rejoindre la commissure de la lèvre en dessinant une sorte de grand oeil fermé, mais dès qu'elle souriait ou qu'elle riait, elle devenait la plus belle des petites filles. En la regardant, on avait le sentiment que la terre avait tremblé et qu'elle était la seule à avoir survécu au séisme.
(pages 138-139)
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- J'ai mal, j'ai mal ...
-C'est ce que m'a dit l'infirmière. Elle m'a dit qu'on avait mal, oui. Elle va lui faire une piqure au papi, comme ça, il n'aura plus mal, hein ? Voilà, je repasserai demain.
J'ai envie de lui claquer la gueule à ce con. Mais je prends seulement la main de Maurice comme on ferait avec un mourant parce que aujourd'hui c'est la seule façon de lui dire que je suis là.
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Il est grand, il est beau et c'est mon père.
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Il est des lieux qui imposent d'emblée, par leur magnétisme, une forme de narration. (...)
On n'a déjà plus l'âge de croire aux miracles, on sait que rien ne dure, ni la félicité, ni le mal-être, pour peu que l'on soit capable de regarder la vie en face. On ne cherche pas à être sauvé, simplement lavé d'une tristesse ou d'un engourdissement passagers. Ou bien, si la souffrance est nettement identifiée, on vient seulement chercher un peu de force pour repartir vers la vie ordinaire avec le courage d'affronter ce qui doit l'être. (p. 63)
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Car, elle l’avait constaté, les écrivains eux-mêmes commençaient à se demander s’il fallait continuer de couper des arbres pour diffuser leur prose. La tentation de la modernité avait été grande et on avait inventé de nouvelles machines. Afin de préserver nos forêts, on avait durablement installé dans la dépendance des pays pauvres dont on pillait les sols pour en extraire des minéraux précieux indispensables aux composants électroniques des machines à lire.
Pour vider leurs étagères et gagner de la place, les pays occidentaux avaient créé des centres de données qui consommaient de l’énergie et contribuaient largement à l’élévation de la température de la planète. Des stocks immobiles de papier imprimé remplissaient les entrepôts du monde occidental et certains commençaient à se demander s’il n’était pas vain de continuer à abonder cette pyramide de verbe immobile. La volonté d’imprimer massivement ce que le lecteur attendait était peut-être un mirage.
Leurs études de marché ne pourraient jamais totalement régenter le monde de la création, lieu de la surprise par excellence où surgit ce qui est singulier et qui devient, de fait, indispensable.
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De longues heures passées derrière son père à l'atelier, scrutant ses gestes, s'imprégnant de sa méticulosité et de sa lenteur, Antoine retint que les creux et les zones d'ombre racontent davantage les êtres vivants que les discours construits. (p. 45)
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Ce matin, dans la chambre, j'ai trouvé une pile de livres, sûrement des ouvrages qu'il a imprimés et reliés ici, dans le vieil atelier qu'il a remis en état en arrivant. J'ai pleuré en serrant sous mes doigts le creux qu'avaient laissé les caractères de plomb sur le papier bouffant. Cette typographie, cette reliure pleine toile, c'était l'oeuvre de mon père. J'avais enfin des raisons de l'admirer, mais pas comme un fils, il est trop tard pour ça. C'est en sentant mes côtes saillir sous mes doigts maigres que j'ai compris en quoi mon affection pour lui était celle d'une mère. Il s'est reconstruit de fond en comble, ces dernières années, au rythme de ma décomposition. Au fur et à mesure que mon père grandit, mes forces m'abandonnent. Nous avons réussi l'inversion parfaite.
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Marianne sait que les gestes quotidiens communs à tout le monde l'apaisent. Cette monotonie est peut-être le baume qu'elle est venue chercher. Certains soirs, pourtant, elle donnerait tout pour entendre quelqu'un frapper à sa porte, entrer et la serrer dans ses bras. (p. 29)
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Dès qu'il entend le mot "secret", Basou dresse l'oreille. Il a toujours adoré savoir ce qu'on ne veut pas lui dire. Parfois, à la maison, si papa et maman ont une conversation d'adultes, il sort de la pièce pour les mettre à l'aise. Quand ils se croient seuls, Basou revient, pieds nus sur la moquette, pour écouter à la porte. Mamie sait qu'il aime bien prendre l'écouteur du téléphone et elle l'appelle "ma concierge bien-aimée".
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Benoît avance jusqu’au bord du surplomb pour toucher le tronc d’un saule. Il écarta les doigts, cherchant la matière de l’arbre, sa paume caressant l’écorce, puis ses bras enserrèrent la colonne végétale pour l’attirer à lui. Son corps tout entier épousa la forme cylindrique, la proximité de la levée de terre et du fût permettant à ses pieds de demeurer ancrés dans le sol. Il y avait dans cette étreinte silencieuse quelque chose d’assez candide et pourtant, la charge érotique de l’instant était indéniable. En voyant l’inclinaison de sa tête, Clara comprit que Benoît avait posé une joue contre l’écorce. Elle détourna les yeux, gênée, et pour échapper à cette vision, elle n’eut d’autre choix que de jeter son dévolu sur un tronc accueillant, à bonne distance de Benoît.
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(...) elle sait que son amour pour Loïc est intact, mais elle se défend d'y penser trop souvent car se retrouver encore des années plus tard, dépositaire d'un sentiment mis sous cloche est une souffrance. (p. 84)
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( **après la mort de la mère)
Un chagrin pesant s'était abattu sur lui à l'automne précédent, il ne gardait aucun souvenir des semaines qui avaient suivi l'enterrement, absent à lui-même, dans l'attente d'un renouveau, sa solitude avait quelque chose d'absolu (...)
Le chagrin était nécessairement un chemin solitaire, quel que fût le frère que la vie vous avait donné .

( p.19)
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Guillaume Le Touze
Je suis venu jusqu'ici, j'ai traversé le monde pour une phrase. Papa, je t'aime.
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Enfances

Les villes nous racontent des histoires. Qu'on en franchisse les portes à pied, en voiture, en train, qu'on y atterrisse en avion après les avoir survolées, la question demeure identique: comment habite-on ces endroits, comment les modèle- t-on pour son usage ?

( p.15)
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Dans l’avion du retour, elle mit de l’ordre dans ses notes et constata qu’elle s’était jusqu’alors peu intéressée à l’accueil réservé aux livres des auteurs sur lesquels elles avait travaillé. Elle avait croisé des écrivains qui n’écrivaient plus, sans parvenir à élucider la question du choix ou de l’impossibilité. Un jour, ils avaient cessé de consigner leur pensée par écrit. Or Clara savait que l’anéantissement d’un groupe humain passe toujours par la destruction ou l’effacement de ses productions intellectuelles.
Partout dans le monde, à toutes les époques, les bourreaux déshumanisent leurs victimes pour se dédouaner de leurs crimes en commençant toujours par nier leur capacité à produire de la pensée. Clara estimait donc que quelqu’un qui avait accès à l’écriture avait le devoir moral de continuer.
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‘Nous sommes tous multiples et divisés’, souffla-t-elle dans un sourire.
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Il suffit que le mouvement s'arrête pour que monte l'ennui. C'est une touffeur diffuse, quelque chose de la tuberculose qui vient déchirer les côtes dans le sens de la longueur. Les après-midi où je disais à Riquet de venir me voir, nous ne savions jamais quoi faire. Assis, parallèles, sur le bord du lit, l'immobilité pouvait durer une heure, parfois. Pendant ce temps-là, la carcasse résonnait d'envies innombrables qui se tuaient toutes seules avant de sortir. Riquet finissait par poser des questions qui commençaient toutes par "si".
J'essaie. Si je n'étais pas bloqué dans une petite voiture, si ce n'était pas les vacances, si je supportais de me regarder, si je n'avais pas trop chaud...Rien n'émerge, je n'ai pas d'imagination, pas d'envies.
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Depuis des années, Xavier a su s'adonner librement à sa passion pour ce qui a permis aux hommes de se rencontrer, ces axes grâce auxquels ils ont pu échanger et progresser en apprenant de l'autre. Il a encore la naïveté de croire en ce monde- là, celui où le virtuel n'a pas tout supplanté, celui où l'on prend le risque de se confronter à la présence physique de l'autre dans ce qu'elle peut avoir parfois de dérangeant.
Xavier vit en réalité dans un monde rayé de jolis rubans oscillant qui s'appellent Via Aurelia, Route de la soie, Caravane des épices (..)
Ce qui l'anime réside dans l'idée que chacun sans le savoir met ses pas dans ceux des autres.
( p.115)
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La charge émotionnelle des lieux à l'abandon tient principalement à une forme de silence irréversible, contrepoint à ce que l'on imagine de leur sonorité au temps de leur splendeur. Tout est silencieux alentour et pourtant, l'esprit n'en finit pas d'égrener une bande- son au volume étourdissant.

( p.41)
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Mathilde dégage une jeunesse et une fraîcheur qu'Igor a déjà l'impression d'avoir perdues.
Il est fasciné par sa liberté et son indépendance d'esprit.
À aucun moment elle ne cherche à passer pour une dame respectable.
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