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Citations de Guillaume Le Touze (77)


Irène lui prend la main et la serre fort, mais dans son dos, elle entend des sanglots. Martine s'est effondrée dans un fauteuil et elle s'excuse déjà de se laisser aller comme ça. Irène se place derrière Sidonie et la serre dans ses bras. Elles ne font plus qu'un seul corps sans qu'un seul mot soit échangé entre elles. Depuis qu'Irène est entrée dans la pièce, tout est revenu, la moindre nuance dans le regard de Sidonie a un sens qu'elle seule peut percevoir. La jeune fille a enfin trouvé quelque chose qui lui donne indéniablement un ascendant sur sa mère. Elle peut triompher, sa victoire est éclatante. Ses yeux recèlent une violence tranquille et déterminée, elle est enfin légitime dans cette maison.
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Sur la portion de voie dont le tracé lui était confié chaque ingénieur imprimait sa marque, son propre style.(...)

Il s'agissait d'un jeu entre l'homme et le paysage, le premier tentant d'apprivoiser le second qui se laissait faire un temps, mais reprenait sauvagement des droits dès le retour du silence.Une partition subtile entre la végétation et les intempéries permettait au paysage d'effacer plus ou moins rapidement les traces humaines. Et finalement, ce que cherchait Xavier, ce n'était pas tant de mettre au jour d'anciens rails en fonte que de témoigner de la dispute infinie entre l'homme et le paysage. Cette lutte se jouait souvent à armes inégales, mais il y avait du génie et de l'acharnement dans les deux camps.

( p.66)
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L'obscurité baigne Paris depuis longtemps déjà et les lumières aux fenêtres commencent à s'éteindre, leurs traînées jaunes sur le zinc livide des toitures disparaissent les unes après les autres. Le halo blafard de la grande ville envahit les contours de façon indistincte, les reliefs se noient, une onde de froid recouvre le paysage qu'Agnès observe, assise à son bureau. Par contraste, le confort douillet de la pièce couverte de livres la réchauffe.
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Léopold a toujours été comme une évidence devant moi, et je n'ai jamais pris la peine de chercher à savoir d'où il venait, qui il était. Notre rencontre était écrite. Pour la première fois de ma vie j'ai trouvé un homme qui sait vivre avec mes silences et mes secrets, ma vérité et ses aménagements.
Alors je ne veux pas connaître le long chemin qui l'a mené ici.
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C'est là, entre montagnes et plaine, que Bernard découvrit sa vocation. Le paysan qui l'accueillait pratiquait la taxidermie. (...)
L'artisan conférait à ces formes vides et plates un volume qui ramenait l'animal du côté des vivants. Le mouvement qu'il imprimait aux membres était une magnifique supercherie, une parfaite imitation de la vie. Lorsque Bernard fut invité à s'exercer sur une peau de renard, qu'il put lui offrir sa propre interprétation de l'essence du vivant, il comprit qu'il venait de découvrir ce qui l'occuperait toute sa vie et l'occupait peut-être déjà d'une tout autre manière. (p. 40)
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Peut-être parce qu'il jamais eu de grand-père paternel, son fils ne s'est jamais inscrit dans une lignée. Quant à lui, Bernard, qui ne se connaît pas d'avant, comment aurait-il pu préparer un après ? Maillon unique, il aura sans doute condamné son fils à vivre avec cette difficulté de n'avoir toujours été inscrit que dans le présent. (p. 58)
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Tout d'un coup, Basou n'a plus tellement envie d'être seul. Il sent la maison toute vide autour de lui. Il entend des craquements. Basou sait qu'il ne peut y avoir personne, que la porte est bien fermée, mais il ne peut pas s'empêcher d'avoir un peu peur.
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Les études de marché ne pourraient jamais totalement régenter le monde de la création, lieu de la surprise par excellence où surgit ce qui est singulier et qui devient, de ce fait, indispensable.

( p.107)
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Il n'y a que sur cette île [ La Corse] qu'elle puisse trouver une façon d'être qui soit la sienne. Il ne s'agit pas de s'approprier le rôle de ses aïeules, la manière dont elles façonnèrent leur identité, mais leur présence tutélaire la guidera. Ici, elle peut s'inscrire dans une lignée qui murmure à son oreille une féminité qui lui convient. La Corse lui a été transmise. Si elle ne l'a pas choisie, du moins l'a-t-elle acceptée. A elle d'en faire une force plutôt qu'un fardeau. (p. 14)
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Laurent est à cinquante centimètres devant moi et je vois son dos monter et descendre au rythme de ses pas. Il a cette façon incroyable de dérouler ses longues jambes en marchant, ce qui fait onduler l'ensemble de son corps. Je ne quitte pas ses épaules des yeux, je les fixe jusqu'à en oublier le paysage magnifique qui m'entoure et l'odeur de garrigue. Pourtant, mes narines me rappellent brusquement à l'ordre. Une senteur délicieuse et nouvelle m'envahit. Ce n'est ni celle des cyprès, ni celle des chênes verts ou du romarin, et je finis par comprendre d'où elle provient. Laurent dégage un parfum envoûtant. Il ne s'agit pas d'une eau de toilette comme j'ai pu sentir sur Mathieu. Je pense que Laurent n'en met pas. Non, ce doit être l'odeur de sa peau ; ce parfum sucré comme la vanille et cet effluve de miel pimenté, peut-être est-ce sa transpiration ? Et, en un instant, l'évidence s'impose : c'est une odeur d'homme, Hier encore, on m'aurait demandé de définir ces mots, j'aurais été en panne. Je ne sais même pas si j'aurais pensé à l'eau de toilette de Mathieu. Mais aujourd'hui, il me semble que je cours après ce parfum depuis des années. Laurent marche devant moi, il a mon âge et il sent l'homme.
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Mais c’est lorsque son pied buta contre un obstacle que Xavier comprit. Il trébucha et bascula sur le sol capitonné d’une jeune herbe enracinée sans grande conviction dans un humus encore meuble. Au sol, il se retourna pour adresser un signe au ciel et vite, se remit debout pour sortir ses outils de son sac. Le piochon filait droit le long du rail que dissimulait une fine couche de végétation. En creusant davantage, il tomba sur une traverse, des éléments du ballast et plus loin, le deuxième rail enterré sous une épaisseur beaucoup plus importante, il se trouvait enfin face à ce qu’il était venu chercher.
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Il doit y avoir le premier amour avec son lot d'illusions et après, tous les autres, où l'on a enfin appris à attraper ce qui se présente au moment où cela se présente, débarrassé de tout ce qui pèse.
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Guillaume Le Touze
Nous avons grandi et nous sommes devenus adultes dans un univers qui nous demandait sans cesse de nous adapter à lui. Il fallait avancer, c'était le maître mot, aller de l'avant, évoluer. Cela recelait la justification de toute chose et excluait toute forme d'immobilisme. Il ne fallait pas s'arrêter, la réflexion devenait dangereuse car elle risquait d'engendrer de la réticence.
"Le cercle" dans la revue Kaizen N° 40 septembre/octobre 2018
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La géographie de l'endroit où son père avait été enfermé s'effaçait lentement, comme si les lieux refusaient eux aussi de témoigner des souffrances humaines qu'ils avaient abritées, faisant écho au renoncement de son père, seule issue possible pour sa survie. (p. 156)
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Dis-moi quelque chose
Sur lequel notre vie puisse s'élever

Un mot
Qui à lui seul pourrait ouvrir
Le silence les regards noueux

Et les portes de la fragilité
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Évidemment, cela n'intéresse pas grand monde, mais ne serait-il pas juste de rendre hommage à tous ceux qui, une pioche ou une pelle à la main, ont sué sang et eau pour faire advenir le progrès ? ( p.116)
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Ce n'était ni une question de lectorat, ni de marché du livre, ni de posture sociale ou d'effet d'annonce, seule une crise intérieure profonde détournait un écrivain de son écriture. Il cessait d'entendre sa propre musique et ce silence intérieur devait être glaçant.

( p.82)
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Leur mère avait passé plusieurs étés entre ces murs de l'immédiat après-guerre.Grâce à sa tante Eugénie, elle avait eu accès aux colonies de vacances de la ville de Nîmes et avait ainsi pu quitter Paris l'été qui avait suivi la mort de sa mère. Seule, sans adulte pour lui montrer la voie, elle avait dû faire confiance aux enfants de son âge pour continuer à cheminer dans la vie.

( p.42)
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Xavier plongea dans la griserie propre à cette solitude si particulière que l'on ne connaît qu'en pleine nature.

( p.62)
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Guillaume Le Touze
Ce qu’il avait pris pour de la brume n’était qu’une colonie mouvante de nuages qui montaient de la rivière en contrebas, léchant les prés jusqu’à la voie de chemin de fer, avant de rencontrer l’asphalte un peu moins froid que la terre et se frotter à la pierre des façades. Un vent régulier s’était mis à souffler et poussait maintenant la masse ouateuse vers l’ouest, enroulant des volutes de vapeur au gré des obstacles sur lesquels elle se disloquait, ménageant chaque fois une percée pour la lumière du matin.
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