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Critiques de Guillaume Le Touze (47)
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Moi en plus beau

Se méfier de l’emballage.

Je me suis encore fait avoir mais j’ai des circonstances atténuantes. Il y a d’abord cette couverture pleine de promesses avec la présence fantomatique de Buster Keaton dont le spectre semble exhumer du Mécano de la Générale, qui m’a fait de l’oeil au milieu des garnitures insipides et sans imagination des autres romans mis en page comme des briques sur un toit.

Néanmoins, avec l’âge, une oeillade ne suffit plus à me tourner la tête et j’ai approfondi le sujet en toisant l’envers du décor, la quatrième de couverture, popotin du bouquin et baratin de l’éditeur. Et bien, le petit mot doux qui appâte les incrédules dans mon genre avec un personnage qui traque les lignes ferroviaires abandonnées a terminé de me séduire. Emballé, c’est pesé. Oui, l’esprit est aussi faible que la chair.

Outre Xavier, l’archéologue du rail rouillé, ce roman suit son frère Benoît, qui a réussi à compenser des troubles autistiques grâce au théâtre et qui à défaut de pouvoir exprimer des émotions normales, maîtrise de façon mécanique les usages de la société. Au fil des pages, s’immisce également le souvenir des parents avec la description de vieilles photos de famille et le personnage d’Ana, l’amie de la mère qui vit ses derniers jours en Israël.

Comme jouer aux petits trains ne remplit pas la vie de ce cheminot des mauvaises herbes, Xavier tombe amoureux, non pas d’une déléguée syndicale de la SNCF, mais de Clara, universitaire dont les recherches portent sur les écrivains qui ont cessé d’écrire. Elle pourrait peut-être s’intéresser dans un prochain roman aux écrivains qui continuent à écrire alors qu’ils n’ont plus grand-chose à dire.

Guillaume Le Touze n’a pas ce problème et son style est très abouti mais ce que je reproche essentiellement à ce roman, c’est au contraire, de ne pas en dire assez. Dans une ambition poétique, l’auteur survole des personnages qui pris individuellement sont d’une richesse et d’une justesse incroyables. A vouloir capter les émotions et les sensations, l’auteur a oublié l’incarnation. La prose élégante laisse les personnages un peu hors-sol.

J’aurai ainsi aimé que le lecteur puisse accompagner davantage Xavier dans ses fouilles dans les hautes herbes, les pieds boueux et les ongles pleins de terre, que Clara puisse rencontrer plus d’auteurs qui ont décidé de laisser les pages blanches immaculées ou assister aux représentations de Benoît sur scène.

La structure de ce récit fragmenté dont j’ai compris la résonance avec l’histoire familiale et le handicap du frère, isole trop selon moi les personnages. Chacun reste dans son monde et les liens qui les unissent ne franchissent que trop rarement les barricades des chapitres.

J’ai ressenti plus de frustration que de déception car l’écriture est belle, les personnages séduisants mais j’ai l’impression de ne pas avoir dépassé le stade des présentations.

Trop vaporeux pour moi.



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La mort du taxidermiste

Deux soirées à dévorer littéralement ce roman captivant et bouleversant, car il narre de façon originale des thèmes et questionnements universels: d'où l'on vient ? Nos origines ? l'Histoire d'une lignée ? d'une terre de naissance ou d'élection ?



La nécessité parfois de ne pas tout dire... pour survivre et "reconstruire"; le thème de la filiation prend dans cette narration une ampleur rare. Autour d'une figure paternelle, taiseuse et omniprésente, Bernard, taxidermiste de profession, a découvert cette passion par hasard, et assez tardivement, mais lui a permis de gérer ses parts d'ombre



"C'est là, entre montagnes et plaine, que Bernard découvrit sa vocation. le paysan qui l'accueillait pratiquait la taxidermie. (...)

L'artisan conférait à ces formes vides et plates un volume qui ramenait l'animal du côté des vivants. le mouvement qu'il imprimait aux membres était une magnifique supercherie, une parfaite imitation de la vie. Lorsque Bernard fut invité à s'exercer sur une peau de renard, qu'il put lui offrir sa propre interprétation de l'essence du vivant, il comprit qu'il venait de découvrir ce qui l'occuperait toute sa vie et l'occupait peut-être déjà d'une

tout autre manière" (p. 40)



Cette vocation sera hautement symbolique de l'histoire, et du parcours complexe de Bernard; personnage central que nous ne croiserons que plus tardivement dans le roman; ce dernier débutant par le retour de Marianne, [ La fille de Bernard] en Corse, sur une île qui lui est d'autant plus chère qu'elle est reliée à une partie de son histoire familiale, qu'elle a besoin de retrouver et d'interroger...



Le roman est tel un puzzle ou telles des poupées gigognes... et le récit, descriptif des différents protagonistes sur trois générations vont s'éclaircir progressivement, mélangeant la grande Histoire ainsi que les destins individuels, parfois massacrés ou amputés par cette dernière, et comment chaque individu, dans des circonstances terribles, "broyantes"... construit

son propre chemin, avec des non-dits, des concessions, mensonges, malgré soi...



Dans tout cela, l'interrogation de chacun sur ses origines, sur la vérité de sa lignée, de ses ancêtres, de ceux qui ont précédé , connus ou non, qui ont construit le début de notre propre histoire . Notre enracinement plus ou moins sûr et ancien dans une lignée fiable... comme l'extrait suivant choisi nous l'exprime si justement:



"Peut-être parce qu'il jamais eu de grand-père paternel, son fils ne s'est jamais inscrit dans une lignée. Quant à lui, Bernard, qui ne se connaît pas d'avant, comment aurait-il pu préparer un après ? Maillon unique, il aura sans doute condamné son fils à vivre avec cette difficulté de n'avoir toujours été inscrit que dans le présent. "(p. 58)



J'ai , comme je l'ai formulé , au tout début de cette chronique, "dévoré" ce roman, bouleversant, nous emportant dans l'histoire de "Bernard", un homme solitaire, au parcours initial des plus malmenés... mais sa rencontre et son amour pour Louise, va transfigurer son existence.....

C'est lui le noyau... d'une histoire qui s'élargit, se déploie avec ses deux enfants, Antoine et Marianne, un frère et une soeur aux caractères entiers, différents, ne se comprenant qu'avec difficulté.

Marianne qui semble concentrer à elle toute seule, tous les questionnements et mal être de sa famille....



Une histoire aux multiples ramifications entre lumière et ténèbres... entre des paysages aussi contrastés que les différents personnages [entre les paysages corses, bretons , mais aussi ceux du sud de la France et la Kabylie]



Je ne rentrerai pas dans les détails de la narration, car l'auteur sait avec tant de talent nourrir le suspens, qu'il est hors de question que j'en prive les prochains et nombreux lecteurs !!



Petit mais très important détail à mes yeux: la réussite incroyable de la couverture de ce roman très original: un mélange de réalisme, d'exotisme, de mystère , d'insolite et de poésie,tout à la fois...



le meilleur signe après un enthousiasme aussi fort, ressenti à cette lecture, c'est ma grande difficulté à choisir la lecture suivante, ayant du mal à quitter ce que je viens de découvrir et d'aimer !!! Et "La mort du taxidermiste" va habiter un certain temps mon esprit !!
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Moi en plus beau

Qu’est-ce qui fait le plaisir de lecture ? Comment ça marche ? Pourquoi certains livres vous accrochent et d’autres pas ?



« Moi en plus beau » avait tout pourtant pour plaire. Un premier personnage, Xavier, archéologue « ferroviaire » - original – doté d »un frère, Benoît, censé avoir des troubles autistiques (mais one ne le verra guère). Une jeune femme séduisante, Clara, rencontrée sur un banc avec qui le premier personnage va se lier. Elle mène une enquête sur les raisons pour lesquelles des écrivains n’écrivent plus – un questionnement qui intéresse Guillaume Le Touze ?



Et pourtant non, je n’ai pas accroché. Quelques passages originaux sur la quête de Xavier, l’archéologue qui piste les anciennes voies ferroviaires en observant les courbes de niveau d’un terrain. Mais parfois il suffit de peu pour vous faire dévier de votre lecture.



Exemple page 17 : il y est question toute la page de Xavier, et au beau milieu de la page une phrase étrange : »Que vient-on chercher sur les lieux de son enfance lorsqu’on aborde la cinquantaine ? se demandait Benoit. » Benoît ? Vraiment ? N’est-ce pas plutôt Xavier dont il est question dans la phrase précédente et la suivante ? Une erreur qu’aurait laissée passer Actes Sud ? Etrange ..

Perturbée par cette page 17, j’ai avancé plus loin mais avec un œil critique posé sur le texte à la recherche d’une autre erreur – pas vraiment propice au plaisir de lecture.



Il y a de beaux passages, comme lorsque Benoît se livre à une forme de sylvothérapie. Benoît est comédien, et il a l’air beaucoup plus « sain » que bien de nos contemporains, avec leurs nouvelles additions aux écrans. Il écrit aussi dans un journal, et son écriture vaut beaucoup mieux que bon nombre d’écrits qu’on peut trouver ici ou là.



Il y a encore quelques personnages secondaires intéressants. Comme Ana qui a consacré sa vie à la question des troubles du développement et s’est occupée de Benoît enfant.

Ou encore cette jeune femme noire, Hiba, qui est arrivée de très loin pour faire une étape à Briançon. Elle rencontrera Benoît et sera ramenée en voiture par Xavier et Clara vers sa nouvelle destination. Car oui Clara et Xavier sont désormais ensemble – comme il se doit.



Il y a aussi une reproduction de quelques photos à la fin. D’où on imagine que ce récit est en partie autobiographique, mais on n’en saura pas beaucoup plus.



Je suis peut-être passée à côté d’un plaisir de lecture – désolée – mais sans vouloir vous priver de tenter l’expérience à votre tour.

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La mort du taxidermiste

La mort du taxidermiste, c’est l’histoire de Bernard et de sa famille, du secret familial, du déracinement, de l’exil, de la reconstruction, de l’amour, de la quête d’identité, tout cela à la fois.



Tout est mélangé, un peu décousu, mais l’histoire est tellement bien amenée qu’on a envie de savoir ce qui se cache derrière toute cette attente, cette recherche de la place de chacun au sein d’une famille.



Quel est mon ressenti ? Je cherche encore. Tout se télescope dans mon esprit. Ce roman ne laissera personne indifférent. En tout cas, moi, il m’a bouleversé.



Si vous voulez en savoir plus, lisez la critique de Fanfanouche54, elle en parle tellement mieux que je ne saurais le faire. C’est d’ailleurs elle qui m’a donné envie de lire ce livre  et la couverture aussi m’attirait tout particulièrement.

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Tu rêves encore

Marc, prothésiste dentaire est un rêveur. Il a souvent besoin de faire le point sur sa vie.

Quand sa femme le quitte, l’empêchant de voir sa fille, il est anéanti mais ne lutte pas contre cette décision.

Après quelques errances, il tente de se recréer une vie dans le sud de la France mais reste meurtri.

C’est une histoire intéressante aux multiples rebondissements.

La progression est un peu chaotique, retours dans le temps, irruption de nouveaux personnages…., mais ça se lit avec curiosité et ferait un bon sujet de film.

Les descriptions de paysages sont très précises et les caractères des personnages bien cernés et approfondis.

J’ai ressenti bien de la compassion pour Marc.

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Comme tu as changé

Premier roman pour adulte de Guillaume Le Touze, sorti en 1992,"Comme tu as changé" raconte l'histoire d'un adolescent qui descend en Espagne passer des vacances avec ses parents. Cet adolescent, Paul, le narrateur, va en quelques jours observer ce qui l'entoure et lui-même dans un regard sans concession et passif à la fois. Il est à ce moment de l'adolescence où l'ennui règne, où l'on voudrait grandir, accélérer le temps, quand certaines minutes semblent une éternité et qu'elles vous étouffent. Mais voilà que le père s'en va, la mère se détourne, perdue, et pour la première fois Paul tente d'être maître de sa vie et de ses désirs. Il fugue, part retrouver ce père alcoolique auquel il n'est pas si attaché, plus prétexte à justifier la fuite qu'autre chose.

C'est un roman d'apprentissage, un de plus pourrait-on dire, mais comme toujours avec Guillaume Le Touze (dont je connais les romans qui suivront) l'intérêt réside dans le style de l'écrivain, vraiment unique, qui ne peut que plaire ou déplaire, avec la même violence, mais jamais laisser tiède. En apparence, le texte est presque dénué d'affect. Pas de débordement, d'envolées lyriques. Une suite narrative au scalpel. Mais, et c'est ce qui m'ensorcèle dans ma lecture de cet auteur, la tension est permanente. Une des raisons que j'ai trouvées pour expliquer mon addiction est je pense que les phrases alternent la description de la réalité d'un paysage, d'un vêtement, d'un corps le plus frontalement possible, pour ensuite se déployer tels des cercles concentriques à la faveur d'un adjectif un peu incongru, d'un adverbe tranchant. L'inconscient du lecteur imprime la singularité de la prose, la complexité du monde intérieur de l'adolescent. L'action avance dans sa logique presque monotone mais les événements décrits sont tout sauf anodins. L'histoire peut sembler banale mais Guillaume LeTouze, et cela s'accentuera dans ses futurs romans, fait de la vie de son héros un destin. Il nous montre qu'une vie peut prendre son envol ou basculer pas nécessairement dans une action d'éclat ou extraordinaire, mais aussi dans le banal apparent d'un quotidien semblable à beaucoup d'autres. Seulement, et c'est ce qui fait toute la richesse du roman, quand Paul trouve enfin sa voix propre et unique, il fait acte de création en faisant de sa banalité un trésor rare à ne pas dilapider.

Ainsi en est-il de la littérature de Guillaume Le Touze : la recherche d'une voix pudique et sensible, qui ne se donne pas à entendre facilement dans le brouhaha du monde littéraire actuel, mais qui, une fois le lecteur prêt à l'écouter, résonne en lui comme un chant millénaire.
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La mort du taxidermiste

J’ai d’abord pensé que le personnage principal de La Mort du Taxidermiste était Marianne, une jeune femme que l’on suit quand elle se réinstalle en Corse, le pays de sa mère, celui des vacances d’été. Ce n’est que vers la page 40, au cours du deuxième chapitre titré (il y en a treize) que j’ai compris que ce beau roman se construit autour de Bernard, son père. On découvrira petit à petit toute la famille : Bernard et son épouse Louise ; Marianne et Antoine, leurs enfants, aux caractères si différents ; Pauline et Lisandre, les parents de Louise, Corses exilés sur le continent, propriétaires d’un café dans un petit village du Sud de la France ; Thomas, le fils d’Antoine, heureux de vivre, et Agnès, la compagne d’Antoine, qui n’est pas la mère de Thomas, douée pour mettre les gens en confiance et pour, momentanément, apaiser la colère qui habite Marianne. C’est à elle que Bernard, 75 ans, se sachant malade d’un cancer, conscient que ses jours sont comptés, remettra un précieux document confié, dit-il, par un de ses amis. Et Bernard, d’où vient-il ? de Bretagne, comme son nom l’indique (il s’appelle Caradec), que sa mère de 17 ans, célibataire, a dû fuir pour se protéger des brimades infligées « aux filles-mères », comme on disait à l’époque…



Il est vraiment très difficile de résumer ce magnifique roman sans dévoiler un ou des éléments importants, ce qui reviendrait à gâcher le plaisir de suivre le jeu de piste que nous a préparé Guillaume Le Touze, avec embûches et faux indices. Des éléments sans rapport entre eux se révèlent posséder des liens étroits, un personnage anodin devient important, des événements finissent par s’emboîter ou se compléter… Autour des thèmes des origines, de la filiation, des liens générationnels, l’histoire se construit et nous révèle bien des surprises. L’Histoire, la grande Histoire, aussi, d’ailleurs ! Je mets un temps fou à écrire cette critique parce que, en même temps, je suis en train de relire des passages entiers et que je me retrouve aussi émue que lors de ma première lecture. Voilà l’effet qu’il produit sur moi, ce bref roman : l’urgence de le relire, tout de suite, sans attendre !



Challenge Multi-défis # 6
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La mort du taxidermiste

La mort du taxidermiste est un beau livre sur la quête d’identité, les secrets de famille, la filiation pour les lecteurs qui aiment ce genre. Je ne suis pas entrée dans l’histoire parce que je n’ai pas cru au parcours de Bernard. Malheureusement, je suis beaucoup trop terre à terre pour me laisser emporter dans une fiction. J'ai toujours besoin de la preuve, peut-être une déformation professionnelle. Je dois avouer que j’ai lu ce roman non pas pour les personnages mais pour la Corse, île sublime que j’adore. Côté positif, j’ai aimé la belle écriture de l’auteur.
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La mort du taxidermiste

Les cauchemars de Marianne ont réussi à s’immiscer dans sa minuscule cabine-couchette sur ce bateau qui la ramène vers ses origines, là-bas, en Corse.

Pour trouver l’apaisement auquel elle aspire, Marianne éprouve le besoin de fouler les lieux où son histoire familiale du côté maternelle a pris racine.

Sa perception de l’île comme terre de ses ancêtres la mène dans un village de montagne où bon nombre de maisons montrent tristement leurs volets clos.

Montagnes, forêts, clairières et maquis vert-bleuté, tous ces lieux auront-ils l’effet rassurant qu’elle recherche pour faire face à ses tourments ?



Ses parents, Louise et Bernard se sont rencontrés dans les Bouches-du-Rhône, un lieu d’exil pour l’un et pour l’autre. Bernard y découvre sa passion pour la taxidermie, redonner l’illusion de la vie en conférant un mouvement plein d’allant à ces dépouilles d’animaux. Leurs deux enfants, Marianne et Antoine auront des attentes et des vues diamétralement opposées et une relation bien différente avec leurs parents. En exposant le mal-être de Marianne, l’auteur met sensiblement en avant sa frustration éprouvée dans ses liens du côté paternel et son désespoir à vouloir trouver un ancrage familial du côté maternel. Alors que son frère Antoine partage les silences du taxidermiste, les non-dits de leurs parents, sans demander davantage, Marianne éprouve depuis toujours le besoin de s’appuyer sur des certitudes pour trouver sa place et apaiser ses rancœurs.



J’aurais aimé être emportée par cette lecture comme Fanfanouche24 et Cigale17. Beaucoup de sujets qui interrogent profondément y sont esquissés : exil, fin de vie d’un père ou époux, dommages collatéraux de la colonisation, coulisses cruelles des aménagements de barrage, place et rôle de chacun dans le noyau familial… mais, mais, j’ai trébuché sur de nombreux fils qui sont tirés de cette pelote familiale sans avoir de précisions sur certains questionnements. Trop de paramètres se télescopent, dont certains que j’ai jugés complètement inutiles au détriment d’autres qui auraient mérité d’être davantage développés. J’ai trouvé ce pêle-mêle plutôt confus.



Les relations filiales difficiles ou apaisantes, tendues ou réconfortantes que l’on perçoit nettement au cœur de ce roman manquent d’analyse et de profondeur.



Mes attentes n’ont pas été pleinement comblées mais je ne regrette pas du tout cette découverte de l’auteur. Il sait magnifier les lieux en nous offrant de très jolis passages. La narration, d’une beauté sensible, véhicule aussi les émotions chez chacun des personnages et aborde très délicatement la disparition du taxidermiste.

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Dis-moi quelque chose

Ce livre m'a paru juste et touchant.



Il raconte surtout l'histoire d'Igor ; dans la première partie il est :

enfant inquiet

fils presque abandonné par ses parents partis vivre leurs passions (altruistes, mais passant leurs enfants au second plan !)

collégien interne qui découvre l'amitié

adolescent marqué par la beauté des paysages, des animaux et des hommes d'Afrique

frère initié à la vie à Paris, à ses côtés frivoles et à sa désespérance

jeune homme qui vit pleinement sa passion pour la mer, son métier de plongeur, son homosexualité, puis apprend qu'une relation intime n'est pas forcément symétrique

orphelin qui perd en outre tout point commun avec le reste de sa famille



La deuxième partie est une histoire d'amitié entre Igor, beau trentenaire et Mathilde, qui a presque soixante-dix ans. Beaucoup de pudeur, de tranquillité, de confiance. Je reviens sur mon premier adjectif : tout paraît juste mais j'ai assez raconté.



Le récit est linéaire, la langue simple, tout coule facilement. Ce qui ne veut pas dire que le livre est superficiel et inconstruit. La première partie se lit comme un roman d'apprentissage, Igor découvre l'amitié masculine, les amours difficiles entre hommes, Guillaume Le Touzé nous prépare à cette magnifique amitié hétérosexuelle, non dépourvue d'admiration pour les corps, profonde et désintéressée, bien sûr inexplicable.



Il y a beaucoup de personnages dévoués et intelligents ; capables de sacrifices, mais ce n'est pourtant pas un monde sans mauvais, sans souffrance, loin de là. Les ruptures, les deuils, les trahisons et même la bêtise sont tissés dans le décor.



Belle lecture, qui rend heureux plus que joyeux, et m'a causé une nuit courte : pas moyen de le lâcher avant la fin.
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Attraction

Un court roman surprenant, poétique ou cru selon les moments, étonnant et dérangeant, dramatique et enfantin, bouleversant et un peu fou.
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Attraction

A ce jour, j’ai lu tous les romans « pour adultes » de Guillaume Le Touze, et quelques-unes de ses œuvres pour la jeunesse. Le dernier roman « adulte », « Attraction », date de 2005. Huit années bien longues pour moi (je confesse avoir même contacté dernièrement les Editions Actes Sud pour savoir si une nouveauté allait bientôt paraître…), car je me suis attachée à la voix si singulière de cet auteur français qui ne ressemble à aucun autre, ni dans son écriture, ni dans son personnage d’auteur, car il est sans doute l’un des écrivains les moins médiatiques qui soit. Si vous voulez connaître Guillaume Le Touze, lisez ses livres. Point.

J’ai choisi de parler d’« Attraction », car, outre le fait d’être le dernier opus de l’écrivain, il prolonge le fil de soie débuté avec « Comme tu as changé » en 1992. Comme tous les auteurs précieux et talentueux, Guillaume Le Touze construit une œuvre sous la forme de « Thème et variations ». Les intrigues, les personnages, les époques, sont différentes, mais une mystérieuse familiarité dessine une sorte d’arbre généalogique dont les racines sont visibles et dont chaque livre est une branche qui ne demande qu’à engendrer d’autres branches.

Ce que j’aime par-dessus tout, dans cette œuvre particulière, est le fait qu’elle m’entraîne dans des mondes qui me sont souvent étrangers. En effet, comme dans « Attraction », les personnages engendrés par l’auteur sont souvent des marginaux. Ils portent en eux un monde qui n’obéit pas aux lois policées de la société. Lâchons le mot : ils sont différents. Cette sentence a été décrétée par leurs pairs, les condamnant à un exil intérieur dont ils ne peuvent s'échapper qu’au travers de miracles : miracle de rencontres, humaines, artistiques. Un tel est orphelin en mal de père, un autre homosexuel rejeté, celle-ci est une attardée mentale, celle-là une femme en mal d’enfant. Des maux assez banals, ou pour le moins courants, si ce n’est que chez Guillaume Le Touze chaque être porte en lui une soif d’absolu qui le rend ombrageux, rétif, indiscipliné, exigeant… On a envie de les aimer ces êtres blessés, on les aime, mais on ne sait comment les apprivoiser. Ils ne sont pas sympathiques au premier abord, et j’aime ce refus de racolage facile auprès du lecteur. J’ai toujours peiné à la lecture d’un roman de l’auteur, parce que je ne comprends jamais tout à fait ce qu’il me raconte, que les personnages m’échappent. Mais c’est précisément parce que je ne comprends pas mais que je sais qu’arrivant au bout de ma lecture j’aurai fait un chemin dans l’inconnu et que mon horizon se sera élargi, que je m’accroche aux pages et que je tiens à rester du voyage. La route tracée par l’auteur est constituée de phrases à la beauté âpre, sensuelles, captives, une beauté adolescente et insolente qui se refuse tout en vous allumant… On se surprend à fermer les yeux, suspendre son souffle, laisser la musique s’écouler et le suave poison se diffuser dans ses artères. C’est une littérature organique, mouvante, presque accessible mais qui se dérobe toujours un peu…

Guillaume Le Touze écrit beaucoup pour les enfants. Il y a chez lui quelque chose de pur, d’intact, que l’on retrouve au cœur et au corps de ses personnages cabossés. Les dialogues sont abrupts, violents quelquefois. Au moment où l’on s’y attend le moins, un trait d’humour vous cueille et vous rend le sourire. L’auteur aime ses personnages, il les défend, prend fait et cause pour eux.

La nature a un rôle important. La mer, un paysage de montagne, un sentier escarpé reflètent le paysage intérieur des protagonistes. Tout se gagne, exige un effort, un dépassement de soi. Le désir surprend les corps par la vision volée d’un espace de peau dans l’abandon du sommeil, un parfum de sueur âcre qui vous prend aux tripes. Rien n’est familier à ses êtres à la mémoire morcelée, tout est neuf et premier.

Si vous aimez une fin confortable aux histoires, vous ressentirez une frustration. Mais, au fond, le thème de l’apprentissage de la frustration est sans doute le thème fédérateur chez Guillaume Le Touze. Qui dit frustration, dit choix, qui dit choix, dit renoncement.

Grandir, semble nous dire l’auteur, est laisser en permanence une porte ouverte à l’inconnu qui peut bouleverser et emporter tout sur son passage. Vivre, c’est laisser la fenêtre ouverte même en plein hiver, pour renouveler l’oxygène. Ecrire, c’est porter un rêve comme un cerf-volant au-dessus de sa tête, dans le ciel aussi bleu que celui de la couverture d’ « Attraction », cette part de nous-même insoumise aux lois de la gravité, sauvage et rebelle, notre plus beau trésor.


Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Moi en plus beau

Beaucoup de descriptions de la nature, peu de dialogues. Un métier de travailleur des surfaces tout à fait ennuyant... Les aiguillages, etc... Comment les modèle on pour son usage? L'affirmation de "la solidité" ;)... Comment j'ai trouvé au total!? Très intimiste et pas du tout pensé pour le lecteur!
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Dis-moi quelque chose

C'est un très beau livre, sensible et généreux qui célèbre une amitié rare autant qu'improbable entre Mathilde âgée de soixante- dix ans et Igor âgé de trente ans.

Rien ne le laissait présager ,sa force, dans ce cas est de l'ordre du choix affectif, en dehors des liens familiaux.

L'empreinte des années ne va jamais intervenir dans ce lien absolu, c'est la puissance de leur rencontre à des moments de deuil pour lui, de la maladie grave d'un ami cher pour elle ,qui vont les faire vibrer à l'unisson.....

La première partie retrace l'enfance d'Igor, petit garçon qui a horreur de l'école, auprès de parents enseignants, très unis et attentifs, pour eux , chaque matin, le réveiller est un nouveau déchirement ...

Il a un grand frère,Laurent,avec lequel, les liens ne sont pas très forts, envoyé en pension, il découvre progressivement son homosexualité....ses parents partent en mission humanitaire en Afrique, la rencontre avec Mathilde l'aidera à retrouver ses marques affectives grâce à l'amitié complice de cette vieille dame , passionnée par la vie.

On pourrait dire que le thème de l'ouvrage est l'amitié, mais à partir de quand glisse t- elle vers l'amour?

Faut - il un baiser ou un attachement?

Igor est comme un funambule,son équilibre il le doit à une intériorité profonde et des rencontres hors du commun, sa fragilité le rend vibrant....

"Mathilde et Igor se serrent longuement la main.

Leurs regards se croisent déjà, ils n'écoutent plus Pierre.

Pour le moment, le silence leur convient parfaitement.

Ils se sont reconnus, les mots viendront plus tard.

Ils ont tant de choses à se dire qu'il vaut mieux prendre son temps."



Naturellement, je ne dévoilerai pas la fin.....
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La mort du taxidermiste

C'est curieux notre notation d'étoiles, en tout cas la mienne. J'en ai mis parfois 4 alors que la qualité du roman était bien inférieure à celui ci. Je pense qu'il m'a manqué dans ce livre un enchaînement, des précisions et qui plus est, une conclusion dans laquelle je me suis perdue.

Néanmoins, c'est un livre très touchant qui aborde plein de moments dont l'existence peut souffrir : l'immigration, le secret, les incompris familiaux, les relations filiales, la religion, le retour aux sources, l'âme des maisons... et j'en oublie certainement.

Je l'ai lu rapidement preuve de la qualité du récit ou de son raisonnement sur moi.
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Tu rêves encore

Trop court, trop rapide, trop survolé. Comment adhérer à une histoire si riche en évènements, à des personnages au vécu si complexe avec tant de raccourcis. J'ai eu l'impression que toute l'énergie de l'auteur s'était concentrée dans le scénario, alors que le seul sujet qui m'intéressait était les personnages. C'est le premier livre que je lis de cet auteur, j'en retire une impression de drame sirupeux. Ce commentaire écrit à chaud n'est bien sur que mon avis …
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La mort du taxidermiste

La photo de couverture est attirante, tout comme le style et l’histoire qui démarre en Corse. Ce roman court doit se lire assez rapidement au risque de se perdre avec de trop nombreux personnages. La vie du taxidermiste est intéressante, mais l’histoire part trop dans toutes les directions et le lecteur ne sait plus sur quel chemin il se trouve.
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Tu rêves encore

Voici un livre que j'ai lu, il y a déjà un certain temps.

Et pourtant la souffrance de cet homme qui se retrouve seul, sans signe précurseur d'abandon, est toujours présente dans mon esprit.

Alors qu'au fil des années, il a retrouvé un certain équilibre, sa fille Chloé réapparaît.

Comment arrivera-t-il, malgré le chagrin qui revient, à reconstruire des relations familiales.

La plume est alerte et m'a vite entraînée à partager cette profonde souffrance.

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On m'a oublié

Les parents de Guillaume sont obligés de s'absenter pour deux jours et c'est son oncle Patrick qui va aller attendre le garçon à l'école et s'occuper de lui pendant ce temps...

J'ai bien aimé ce roman écrit du point de vue du garçon et qui montre des relations adultes-enfants intéressantes.
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Comme ton père

Relecture à l’occasion du confinement. Plutôt bien écrit, mais sans rien de saillant, ce qui explique que cette relecture ne m’a absolument rien rappelé. Même impression qu’avec « tu rêves encore » , autre roman du même auteur. Déçu ( point de vue personnel), va faire de la place dans ma bibliothèque.
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