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EAN : 9782070362097
251 pages
Gallimard (17/10/1972)
3.73/5   93 notes
Résumé :
Premier roman d'Henri de Montherlant, de l'Académie Française, Les célibataires décrit les moeurs de ces vieux garçons et vieilles filles dans le Paris des années 1920. Paru en 1934, ce roman a d'abord été publié, sous forme de feuilleton, dans la Revue des Deux Mondes. Ayant reçu le Grand Prix de Littérature de l'Académie Française, ce roman s'éloigne des récits autobiographiques d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Connu pour ses récits venimeux adressés à la gent féminine, Henry de Montherlant se dédie cette fois-ci à portraiturer un vieux garçon selon son habitude persiflante et habile à souligner le ridicule des gestes, habitudes et paroles issus de la bêtise – qui est celle de collaborer par l'ignorance à l'ignominie d'un destin.


Montherlant n'épargne personne mais il assassine dans la soie d'une écriture volubile et primesautière. Dans les intrigues, les mascarades et les faux-semblants, l'art De Montherlant consiste à jouer habilement de l'identification et de la distanciation. Nous ressortons de sa lecture un brin vexés, bien que toujours souhaitant croire que l'insulte s'adressait à un autre.
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Léon de Coanté a pour oncle Elie de Coëtquidan. Les deux hommes vivent dans une maison parisienne, boulevard Arago. Célibataires, ils vivent avec une ménagère et ont perdu, chacun, une grande femme de leur vie en la personne de la mère de Léon et soeur d'Elie. Les deux hommes ne travaillent pas mais les difficultés financières poussent Léon à chercher un travail pour subvenir à leurs besoins. Timide, Léon s'ouvre à un monde qu'il sait hostile et difficile tandis que son oncle cultive un caractère altier et volontiers contradictoire. Elie, pour obtenir de son frère une pension, menace d'épouser une roturière et de salir ainsi le nom familial.
La critique est acerbe et, par là, drôle. Ces hommes sont des oisifs inutiles à la société et pourtant ils s'accrochent à la vie, par toutes les mains que celle-ci semble leur tendre. Ces héritiers d'une aristocratie anachronique s'étouffent dans leur propre inaction et il leur faut, pour se sortir de cette délicate situation, user soit de rouerie malveillante, soit de courage dont ils n'ont plus la moindre idée.
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Phénoménal ! Cruel, lucide, cynique et très drôle !

Lisez ma critique sur :
http://www.bibliolingus.fr/les-celibataires-henry-de-montherlant-a80136618
Lien : http://bibliolingus.fr
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Découverte (enfin pas découverte mais première lecture ) De Montherlant avec "Les célibataires". Ce ne sera pas la dernière car j'ai beaucoup aimé ce roman. La description du Paris des années trente, celle de ces deux "héros" à la fois crispants et quand même un peu touchants, celle des rapports familiaux et sociaux, celle des petites mesquineries et des petits calculs, celle de la ville et celle de la campagne.
Quant à la langue elle regorge de petites perles et de mots bien oubliés aujourd'hui qui se dégustent avec plaisir.
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S'il fallait conseiller un roman par lequel aborder l'oeuvre romanesque De Montherlant, ce serait celui-là.
Les personnages y sont traités avec drôlerie et Montherlant nous offre des descriptions superbes du Paris des années 1930.
Ce roman a obtenu le grand prix du roman de l'Académie française en 1934 et un prix anglais en 1935, le prix Northcliffe.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Tout ce temps, M. Elie malaxait une boulette de mie de pain qu’il avait rapportée du restaurant, boulette que sa salive et la saleté de ses doigts avaient rendue si noire et si brillante qu’on l’eût prise pour une boulette de goudron. À certain moment, il s’arrêta net dans une évocation sentimentale qu’il était en train de faire, et se mit à fureter sous les meubles, avec des yeux hagards. « Qu’est-ce qu’il y a, l’oncle ? » demanda Léon, inquiet. « J’ai perdu ma boulette », dit le vieux, le visage bouleversé. Léon, s’agenouillant, la chercha avec lui. Quand il l’eut aperçue, il eut une courte hésitation : puis il songea que c’était son dernier soir auprès de son oncle, et au nom du passé, au nom de la famille, au nom du souvenir de sa mère, il ramassa l’immonde petite chose et la lui tendit.
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Tantôt, il y restait à l’état végétatif, songeant : « A cette heure, les gens sont à leurs affaires, doivent faire des choses à heure fixe », et il gardait la bouche entr’ouverte, comme pour manifester mieux encore son relâchement. Mais à présent, ainsi étendu, il s’endormait, et c’était devenu son rêve : dormir le plus longtemps possible durant l’après-midi. Même il en vint à commander à Mélanie, de préférence, des plats lourds, des haricots, des purées, pour que la digestion sûrement l’endormît. Il s’éveillait vers les quatre heures, bâillant comme si le sommeil lui avait donné sommeil, les yeux pleins d’eau, les plis de l’oreiller imprimés sur ses joues, et se disant : « Eh ! bien, encore une de tirée ! » Car, depuis la décision prise de quitter Arago, « tirer » les journées était devenu son grand bonheur. Chaque jour, il effaçait la journée sur son calendrier de portefeuille, dans sa hâte d’arriver à la date du départ. Parfois même si impatient que, vers midi, il effaçait la journée en cours comme si déjà elle était close. Et puis, vers six heures, il avait un renouveau de contentement, parce que la fin de la journée approchait. A neuf heures, il était au lit.
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Parisiens, Parisiennes, vos vies folles de lutte, amères et surmenées ! Mais, ce 11 juillet, c’est Paris au ralenti, les gens qui partiront dans trois semaines, et qui « partent » moralement en n’en fichant plus une datte, comme le rond-de-cuir qui à onze heures moins cinq pose la plume et cesse le travail, parce qu’il doit quitter le bureau à onze heures et demie. Avec ce billet inattendu dans sa poche, et cette conscience bienheureuse que l’affaire Lebeau était finie, M. de Coantré connut un sentiment très nouveau pour lui : une répugnance nette et vive à rentrer tout de suite boulevard Arago. Au lieu d’aller prendre l’autobus à la gare Saint-Lazare, comme il en avait l’habitude, il lambina vers les boulevards, en jouissant singulièrement de tout ce qu’il voyait, comme si c’était la première fois.

Les gens qui avaient crispé le visage jusqu’à six heures, parce que time is money, maintenant perdaient en flânant tout le temps qu’ils avaient gagné à force de taxis, de secrétaires, de sténo. Il y avait là des Français, pas beaux (glissons), et des Françaises, de tournure médiocre (parce que peu « femmes »), mais bien habillées et souvent plaisantes : on dirait que, chez nous, c’est l’homme qui a été fait d’une côte de la femme ; la femme a tous les avantages. Et entre ces Français coulait la lie de toutes les nations, dont ces Français n’étaient nullement gênés, qu’ils ne reconnaissaient même pas pour une lie. De place en place, comme les cratères laissent échapper le feu central, les « machines parlantes » des cafés servaient d’exutoire au faux sentiment, au faux pathétique et au faux sublime que cette foule avait dans le cœur. D’ailleurs, en quelque ordre que ce fût, tout ce qu’on lui offrait sur ces boulevards était faux, – alors que, du moins à notre époque, le seul luxe est l’authenticité. Les magasins exposaient des « bronzes » en creux et des colliers de « perles » à cent francs ; les camelots vendaient des « montres » à dix francs, des « parfums » qui étaient de l’eau rosie, des « stylos » qui n’étaient pas des stylos ; les cafés servaient des orangeades où il n’y avait pas d’orange, des orgeats où il n’y avait pas d’orge ; les gramophones jouaient des morceaux qui n’étaient pas, à beaucoup près, le morceau qu’avait créé le compositeur ; les banques affichaient des cours fictifs, les grands journaux des nouvelles inventées de toutes pièces, des photos truquées, les résultats d’épreuves sportives, résultats décidés à l’avance ; les cinémas déroulaient des films où il n’y avait aucune différence de talent, nous voulons dire de non-talent, entre la star multimillionnaire et la dernière des figurantes. Et tout cela était-il particulier à Paris ? Que non, mais cela s’y trouvait dans une grande tradition. Les œuvres jouées ou chantées à quelques pas d’ici, et la façon de les jouer et de les chanter depuis des siècles, témoignaient que, chez nous, rien n’est beau que le faux, le faux seul est aimable.
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“Son rôle dans la maison était le rôle des patrons, quand ils sont incompétents : il consistait à compliquer les choses, en voulant y fourrer son grain de sel, pour montrer qu’il était le patron.”
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- L’oncle, j’ai une mauvaise nouvelle à vous apprendre…
M. Elie leva la tête vivement, écarquilla les yeux, montrant toutes ses prunelles pâles.
- Quoi donc ?
- Il y a une nouvelle dette dans la succession et quand elle sera payée, je n’aurai plus que deux mille francs.
M. de Coëtquidan respira. C’est une singulière façon de s’exprimer, propre à l’espèce des MM. de Coantré, que parler à un tiers de « mauvaise nouvelle », quand cette nouvelle n’est mauvaise que pour soi.
- A vrai dire, dit M. de Coantré, il n’est pas encore sûr qu’on paye. Il faut que je recherche dans mes papiers. Si par hasard je retrouvais…
- Hon, voilà Minine ! dit M. Elie. Il veut rentrer.
Il avait entendu miauler derrière la porte de la maison. Il se leva et alla ouvrir au chat, auquel il donna quelques morceaux, dépeçant bravement la viande avec ses doigts, à la marocaine.
-Oui, reprit M. de Coantré, il se peut que la trouvaille que j’avais faite de la lettre de M. d’Aumagne, qui, si elle avait été conçue en termes…
- Hon, Minine ! Vous voulez sortir ?
Le chat, en effet, était retourné vers la porte, et miaulait, pour sortir à présent. Ces chats de la maison Arago tenaient de l’homme : ils voulaient sans cesse être où ils n’étaient pas. Aussi M. de Coëtquidan, esclave passionné de leurs moindres désirs, était-il toujours à ouvrir une porte quelque part, et la phrase : « Il veut rentrer. Il veut sortir », avait même tourné à la scie entre Mme de Coantré, Léon et Mélanie. Remarquons, en passant, que M. de Coëtquidan disait vous aux chats, ce qui a assez grand air. Disait-on vous aux chats à la cour de Louis XIV ?
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Vidéo de Henry de Montherlant
Narcisse Slam a répondu au décalé et intimiste Questionnaire de Trousp, autant inspiré par celui de Proust que des questions de Bernard Pivot. Site Internet: https://trousp.ch/
0:00 Introduction 0:17 Que pensez-vous de cette citation? «C'est curieux un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. C'est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup.» Marguerite Duras 1:19 Quel métier n'auriez-vous pas aimé faire? 3:06 Quelle qualité préférez-vous chez l'Homme? 4:22 Quel est pour vous le pire des défauts? 5:38 Avec quel écrivain décédé, ressuscité pour une soirée, aimeriez-vous boire une bière au coin du feu? 8:33 Comment imaginez-vous les années 2050? 11:18 Quel mot vous évoque le plus de douceur? 12:48 Comment commence-t-on un roman? Par exemple L'Épouse? 16:23 Si vous pouviez résoudre un problème dans le monde, lequel choisiriez-vous? 20:18 Que pensez-vous de cette citation? «Les écrivains sont des monstres.» Henry de Montherlant 23:19 Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte? 25:09 Si votre maison brûle, qu'aimeriez-vous sauver en premier? 28:36 Comment construit-on un personnage? 32:04 Remerciements
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