MPAGE-20130329-1825_0.mp4
Payot - Marque Page - Hiromi Kawakami - Les dix amours de Nishino.
" J'ai tant voyagé que ma robe est tout usée
Ma robe que le froid pénètre
Loin si loin de chez moi
le ciel est clair ce soir mais
Comme mon cœur souffre"
Irako Seihaku
Quand on a pleuré, on a plus froid que d'habitude.
Un défaut n'est jamais que l'envers d'une qualité, disait toujours ma mère.
Le temps de Kojima Takashi s'est écoulé selon la moyenne, son corps et son esprit se sont développés selon la moyenne.
Moi, au contraire, je ne suis sans doute toujours pas une " grande personne " digne de ce nom. Quand j'étais à l'école primaire, j'étais très mûre pour mon âge. Mais au fur et à mesure que le temps passait, devenue collégienne, puis lycéenne, j'ai cessé au contraire d'être adulte. Avec les années, j'ai fini par devenir parfaitement puérile. Je suis peut-être d'une nature à ne pas faire bon ménage avec le temps.
- Vous pouvez lire cette écriture ?
- Eh bien, pour être honnête, je n'y arrive pas vraiment ! a-t-il répondu en riant, avant d'ajouter : " Mais c'est une écriture magnifique, ça ne fait aucun doute ! "
- Ah bon ?
- Enfin, Tsukiko, si vous voyez un homme séduisant, même si vous n'échangez aucune parole, je suis certain qu'il vous arrive de vous dire, drôlement bien, celui-là ! Non ? L'écriture, c'est exactement la même chose !
( Devant une vitrine, en contemplant lettres et calligraphies )
Si c'était un grand amour, il était primordial d'en prendre soin, comme d'une plante à qui on donne de l'engrais ou qu'on protège de la neige. S'il s'agissait d'une autre espèce d'amour, inutile de s'inquiéter, il suffisait de le négliger en attendant qu'il se déssèche. C'est ce que ma grand-tante se plaisait à dire, comme elle aurait énoncé une évidence.
La douleur physique est une chose qui engendre le désarroi de la façon la plus terrible.
Quand on tombe amoureux, l'âge, les tics, le caractère, tout ça n'a plus d'importance.
Quand on se trouve en tête à tête avec soi-même, on remue toutes sortes de pensées.
Ce n'est pas avec mon moi visible que je converse, c'est avec celui qui reste invisible, celui qui flotte dans la pièce, semblable à des parcelles qui me donnent mon moi à pressentir.