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Critiques de Ito Ogawa (1632)
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La papeterie Tsubaki

文房具店 椿



Après les librairies, le commerce dont je raffole le plus, sont les papeteries.

Donc mon attirance pour ce livre était déjà dans le titre .

Hatoko, jeune femme d'une vingtaine d'année, hérite de sa grand-mère, d'une simple papeterie de quartier, à Kamakura, dont la véritable activité a toujours été la calligraphie. Mais à la différence d'autrefois, le travail consiste aujourd'hui, principalement à écrire un nom sur une enveloppe d'offrande, l'épigraphe d'une stèle ou le patronyme d'un nouveau-né, quand ce n'est pas une enseigne, la devise d'une entreprise ou une dédicace,.....toujours dans les règles de l'art. Élevée seule par la grand-mère, et initiée très jeune à cet art, elle va s'atteler à la tâche d'écrivain public.



Une tâche magique celle de l'écriture japonaise,

À l'écriture verticale ou horizontale,

Aux différents systèmes d'écriture, les kanji ( des caractères chinois, dont la juxtaposition forme le mot, environ 50000), alors que l'hiragana ( 50 caractères ), et le katakana ( 50 caractères, servant à écrire les mots d'origine étrangère) sont des sortes d'alphabets phonétiques . Ces différentes écritures pour un même mot, peuvent avoir des significations différentes, comme souvent rencontrées dans les livres de Aki Shimazaki.



Une tâche subtile celle de Hatoko, sollicitée pour tout ce qui est difficile à dire en face,

Un raffinement extrême dans les détails, comme le choix des outils d'écriture, de la couleur de l'encre, du papier, de l'enveloppe, du timbre...(« Si l'enveloppe est un visage, le timbre est le rouge à lèvres qui donne le ton. En se trompant de rouge à lèvres, on fiche en l'air le reste du maquillage. »),

Des us et coutumes délicates, “A la papeterie Tsubaki, la coutume est de servir une tasse de thé ou une boisson aux clients venus s'adresser à l'écrivain public”,

Des missives qui font sourire, une vieille femme qui désire une lettre de condoléance pour ses voisins, pour la mort de leur singe, une fillette, un billet doux pour son instit, un mari cocu, un faire part de divorce des plus courtois, un fils, une lettre écrite du paradis pour sa mère......



La jeune écrivaine publique du quartier participe au bonheur des gens, et ils lui en sont reconnaissants. Je vous laisse en sa compagnie, à Kamakura, dans sa petite papeterie à la découverte de cet univers fascinant, où le pouvoir est à l'écriture et aux mots. Elle vous fera aussi des confessions, vous fera visiter sa ville, ses temples, ses sanctuaires, connaître ses super copines Madame Barbara et QP, le rite sacré de l'adieu aux lettres, et beaucoup d'autres choses vraiment passionnantes et gare aux pâtisseries 😄.....vous ne le regretterez pas, croyez-moi 😊 !



Un coup de coeur !

Ce récit tout en délicatesse est magnifique, surtout quand on pense, qu'il se passe aujourd'hui, à l'ère Internet.







« Un écrivain public, c'était comme une pâtisserie de quartier,.... »
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La papeterie Tsubaki

Je ne sais pas pourquoi, mais les auteurs (du moins pour le peu que j'ai pu lire) Japonais ont la faculté de créer une atmosphère qui n'appartient qu'a eux.



Je suis à chaque fois bluffée, car je me rends compte que je lis un livre qui détend, qui a une atmosphère très zen et qui en même temps traite de sujet très sérieux , voir difficile. Je ne suis même pas sûre de pouvoir décrire cette sensation de lecture que j'ai à chaque fois que j'ouvre ce type de roman.





L'auteure m'a transportée dans son monde , son monde qui frôle le mien, d'une certaine façon. Une histoire qui a emporté Hatoko dans son passé.. et qui m'a , moi, renvoyée dans le mien auprès de ma grand mère.



Mais c'est surtout un roman qui, si il parle du souvenir, de la perception que nous avons des autres, des non dits, c'est aussi une ode a l'écriture à la calligraphie . Ce roman m'a donné envie de reprendre la plume et de rendre , certains de mes courriers plus personnel. Mais également de faire plus attention au papier dont je me sers.



Et puis c'est sans oublier la tradition, et les mœurs que les anciens nous apprennent, que l'on trouve parfois pénibles et contraignants… mais qui au fond quelques années plus tard nous fond nous replonger dans nos souvenirs et apprendre a notre tour au plus jeune.



Un roman a mettre entre toute les main, plein de douceur et d'amour.
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La papeterie Tsubaki

Quelle lecture étonnante et détonante... !! Un rythme lent...qui offre un art de vivre sa vie, et ce travail si particulier d'écrivain public qu'exerce notre narratrice, Hatoko...





Après la lecture captivante mais compacte des deux romans densément documentés de Paul Greveillac "Maîtres et esclaves" et "Les âmes rouges", j'avais une envie immédiate d'une lecture plus légère...et cette" Papeterie Tsubaki" s'est imposée joyeusement à moi, au vu de mon intérêt pour l'écriture, la correspondance, les plumes, les papiers et leur texture et ma pratique modeste ces dernières années d'"Ecrivain public"... auprès

de personnes en difficulté...en demandes diverses !



Fonction incroyable qui fait rentrer dans la vie des personnes, leurs émotions, leurs attachements, leurs soucis administratifs et autres... Voilà, je fais connaissance, avec grand plaisir, avec Hatoko, la narratrice , âgée de 25 ans, qui vient d'hériter , à la mort de sa grand-mère, de la papeterie familiale, qui offrait en sus , les services d'écrivain public, qu'exerçait la grand-mère avec beaucoup de conscience et de professionnalisme...



Une foule de détails sur le matériel, l'encre, les différentes textures de papier, les tampons, la calligraphie, la graphie simple, les traditions et les usages très spécifiques selon les circonstances des lettres à rédiger ,liées à telle ou telle circonstance de la vie: deuils, amours, cartes de voeux, .... et d'autres demandes nettement plus insolites ...



"Mais écrire d'une belle main n'est pas le seul travail de l'écrivain public.

Quand on libelle une enveloppe pour un mariage, qu'on écrit un nom sur un diplôme ou qu'on rédige un curriculum vitae, une beauté de pure forme est requise. La plupart des gens trouvent belle une graphie qu'on croirait imprimée. Mais l'écriture manuscrite, celle de la main d'un être vivant, possède un supplément d'âme qui ne se résume pas à la simple beauté formelle."





Un roman enchanteur à souhait, en décalé total avec nos quotidiens envahis par nos écrans d'ordinateur ou de smartphones !!



"Une belle écriture ne tient pas à une graphie régulière, mais à la chaleur, la lumière, la quiétude ou la sérénité qui en émanent. J'aimais ces écritures-là." (p. 168)



"Malgré le nombre de commandes qu'elle avait honorées en tant qu'écrivain public, l'Aînée ne s'était jamais perdue de vue. Jusqu'à sa mort, elle avait été elle-même. Et maintenant que son corps avait disparu, elle continuait à vivre dans les calligraphies qu'elle avait laissées. Son âme les habitait. C'était ça, l'essence de l'écriture." (p. 191)



Une lenteur de récit, voulue, accentuée pour mettre en relief la nature, l'instant présent, la saveur des rencontres, des choses, des boissons, gourmandises que notre papetière-écrivain public offre à chaque client qui entre dans sa boutique... Au fil des demandes, Hatako.. se perfectionnera dans sa pratique de calligraphe et d'écrivain public, elle apprendra aussi beaucoup sur elle et sur sa relation à sa grand-mère , plus tendre qu'elle ne le percevait... de son vivant.



Un souvenir personnel en parenthèse rapide: j'ai une vraie passion pour la correspondance manuscrite , "à l'ancienne", que je poursuis depuis de très nombreuses années, parallèlement à ma pratique quotidienne devant l'écran de l'ordi... J'ai commencé à trouver "sacrée" l'écriture et la correspondance, lorsque pendant mes années d'université, je me suis mise à écrire abondamment à ma grand-mère maternelle que j'adorais, ...lui faisant des collages, choisissant des cartes postales...pour lui faire partager mon quotidien dans la capitale, mon environnement et ainsi briser le grand isolement où elle se trouvait en Bretagne !! Devenue aveugle, les derniers temps, elle faisait relire et relire la correspondance que je lui avais envoyée au fil des années, à la charmante dame qui venait prendre soin d'elle... le réconfort des mots et des Lettres...De son côté, moins à l'aise pour écrire, elle m'envoyait des missives adorables, avec des pétales de fleurs , intercalés...Un joli souvenir , qui m'émeut toujours en l'évoquant...



Si vous lisez ce roman qui est un vrai petit bijou... vous ne regarderez plus jamais comme avant une lettre manuscrite , même "banale" ou même juste une carte postale, animée de la main humaine !!



Il y aurait mille choses à dire de ce roman incroyable... mais je crois en avoir déjà trop dit...



Juste un détail non négligeable: le plaisir des yeux...pour les pages de calligraphie japonaise, reproduites au fil du récit...Ce roman faussement simple, demande en réalité une très grande attention pour apprécier l'ouvrage dans toute sa diversité , sans omettre l'abondance d'informations sur les traditions , codes, rituels et coutumes japonais...Nature, Poésie, Spiritualité, écoute et attention unique aux autres, religion, culte des morts, Politesse et savoir-vivre dans une société très policée, saveurs culinaires (qui prennent une place significative, toujours dans ce même plaisir d'accueil et d'ouverture à l'Autre ), etc.



Après ce grand coup de coeur, inutile d'exprimer ma curiosité très éveillée pour découvrir les autres fictions d'Ito Ogawa , très, très vite!!



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******Un interview passionnant d'Ito OGAWA dont je vous communique le lien :



https://www.journaldujapon.com/2018/06/04/ito-ogawa-la-douceur-du-quotidien/

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La République du bonheur

Me voici de retour à ma papeterie préférée Tsubaki à Kamamura ! Ma jeune écrivaine publique Hatoko s’attèle à la confection des faire-part de son propre mariage avec le papa de sa copine de six ans QP. Et quel faire-part, j'aurais bien aimé en recevoir un ! Comme toujours un raffinement extrême dans les détails, de la couleur et qualité du papier jusqu’au timbre, un petit bijou ! Pour qui n’a pas lu le premier livre aucun souci, ici commence une nouvelle histoire.

Dans ce deuxième opus on va se rapprocher un peu plus de Hatoko , Poppo pour les intimes, qui nous dévoile, l’éducation sévère de sa grand-mère, qu’elle garde très vivement dans sa mémoire alors qu’elle est devenue officiellement la belle-mère de QP. Sa période "ganguro" ( détails dans le texte) raffolant de Lady Gaga nous révèle aussi son côté déjanté, que la mamie a fortement limé par la suite 😁, mais aussi sa nostalgie de la tendresse d’une vraie famille avec mère et père.



Ce livre est vraiment une République du Bonheur, où le bonheur découle de petites activités et gestes simples du quotidien, comme faire du thé suite à la cueillette de feuilles du théier du jardin, aider un gamin malvoyant à écrire sa propre lettre des Fêtes des mères pour sa maman, cueillir de l'armoise dans la nature pour en faire un repas en compagnie de QP, déguster des yeux un curry au chinchard pané....Hatoko ne prend pour acquis aucun de ces moments et les savoure en remerciant les dieux . Magnifique non ?

Et vous aurez encore pleines d'autres surprises....juste pour vous mettre l'eau à la bouche, comment régler sa rage envers un mari infidèle, qui de plus à cause de cela a perdu son boulot et à la suite sa Vie dans un accident ? Eh bien c'est facile, vous demandez à mon écrivaine publique préférée Hatoko de vous adresser une lettre de la part du mari mauvais et inconscient où ce dernier y reconnaîtrait toutes ses erreurs. Aussi simple que ca. En plus elle vous servira une de ses boissons chaudes ou froides dont elle seule en possède le secret, et dont elle vous donnera la recette. Magnifique non ?

J'avais eu un gros coup de cœur pour la première épisode "La Papeterie Tsubaki",

presque pareil pour celle-ci. Je n'aime pas les suites, mais ici c'est loin d'être une suite, un délice, une délicatesse sucrée ( je raffole des pâtisseries japonaises !) à elle seule, à déguster en ouvrant grands les yeux et le cœur, sous peine de laisser filer un de nos meilleurs moments de notre Vie de lectrice ou lecteur !
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Le restaurant de l'amour retrouvé

Un jour, en rentrant du travail, Rinco constate que son petit ami indien a vidé les lieux. Disparus les couteaux, les casseroles, les ustensiles qu'elle avait soigneusement choisis. Hors de vue les meubles, la télévision, les rideaux, le paillasson. Envolés les millions de yens prévus pour ouvrir leur propre restaurant. Parti le gentil fiancé indien qui partageait son futon et sa vie. Seule rescapée, la jarre à saumure rangée près du compteur à gaz, dernier souvenir de sa grand-mère adorée...Sous le choc de cette sordide rupture, Rinco perd sa voix, incapable désormais de prononcer le moindre mot. Elle décide alors de retourner dans son village natal, auprès de la mère qu'elle avait quittée sans regret dix ans plus tôt. Celle-ci l'héberge à condition qu'elle accepte de s'occuper d'Hermès, sa truie apprivoisée. Tous les jours donc, Ringo prépare la pitance de l'animal, tout en aménageant le local où elle souhaite ouvrir son restaurant. Et bientôt, L'Escargot ouvre ses portes; un endroit cosy où elle prépare une cuisine raffinée et personnalisée. Très vite les villageois se bousculent pour s'assoir à l'unique table du restaurant où paraît-il on peut trouver l'amour, résoudre ses problèmes, réaliser ses vœux.



Ito OGAWA est un peu la Audur Ava Olafsdottir japonaise. On retrouve dans ses livres la même douceur, la même naïveté que dans ceux de l'islandaise. Ce restaurant de l'amour retrouvé est une parenthèse de tendresse que l'on déguste d'autant plus qu'il s'agit ici de gastronomie. Des recettes cuisinées avec amour pour oublier un chagrin d'amour. Une cuisine qui évoque les souvenirs d'enfance, la transmission et le partage. Rinco, personnage en plein doute, va se reconstruire en donnant du plaisir aux autres. Ce retour aux sources sera aussi l'occasion de se rapprocher d'une mère qu'elle jugeait sans la connaître. Sans voix, Rinco s'exprime au travers de ses plats et trouve une consolation dans le bonheur de ses convives.

Un roman tout en émotions, mais aussi en retenue, en pudeur qui raconte les choses de la vie avec simplicité et candeur. Un conte de fée réconfortant, plein de bons sentiments qui fait autant de bien qu'un repas bien préparé. A savourer.
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La papeterie Tsubaki

Une jeune fille de 25 ans revient dans la ville de son enfance pour tenir la papeterie Tsubaki. Sa grand-mère ( "L'ainée" ) est décédée , alors qu'elles ne se voyaient plus. Ce n'est pas seulement un commerce qu'elle lui lègue, c'est aussi un métier, celui d'écrivain public qu'elle exerçait et pour lequel , elle l'a formée , à la dure…

Peu à peu , elle se fera une clientèle, et fera des rencontres , de sa charmante voisine, Madame Barbara (une vieille dame dynamique et bonne vivante ), à deux petites filles , Hatoko (dite Poppo), va s'ouvrir aux autres, faire son deuil, et digérer sa culpabilité.

Mais ce n'est pas ce que je retiendrais de ce roman, d'autres écrivains exploitent ces thèmes là avec plus d'intensité .

Ce que je retiendrais c'est le raffinement, la délicatesse, le respect des coutumes, de la transmission, la poésie.

Ogawa Ito raconte merveilleusement le métier d'écrivain public au Japon . Recevoir le client, comprendre sa demande, lui offrir une tasse de thé pour le réconforter, puis une fois qu'il est parti, dans la concentration due à la solitude, choisir le papier adéquat , choisir sa taille, choisir l'instrument (pinceau, stylo plume..), choisir le bon alphabet (il en existe trois...), être inspirée pour le texte, ne pas avoir le droit à l'erreur (car le papier peut être rare et cher… ) , se lancer, être satisfait du résultat, trouver LA bonne enveloppe, trouver le bon timbre, aller poser le tout dans la boite aux lettres…

Tout un rituel d'un extrême raffinement , à l'heure où il est si simple d'envoyer un mail…

Et que fait Poppo quand elle ne travaille pas ? Et bien , qu'elle boive du thé , qu'elle mange ou qu'elle se promène à l'ombre des cerisiers en fleurs, elle nous transporte ailleurs. Car c'est certainement ce qu'on vient chercher dans ces pages, un peu d'exotisme…

Il ne se passe pas grand chose dans ce roman, le rythme est lent presque contemplatif, ouaté, mais il dégage beaucoup d'impressions : le printemps qui arrive, l'encre, la beauté , la gourmandise, un exquis raffinement…



' Impression Soleil Levant"...
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Le Goûter du lion

Je le dis d'emblée, alors que ma Pal dégouline de partout, le billet de Sandrine ( @Hundreddreams) m'a fait acheter de suite ce livre qui pourtant traite d'un sujet grave et triste et que normalement j'aurais préféré ne pas lire. Donc comment dénier le pouvoir des billets de mes amies (is) babeliotes. Ce n'est pas la première fois que je succombe à un billet et entame le livre de suite ( Peco, Bison et Cie peuvent en témoigner 😁) . Passé ce bavardage inutile revenons à l'essentiel , c'est à dire, ce livre.

Ce qui m'a séduite sans doute au première abord dans le sujet, c'est la location : le Japon dans la nature, un pays et une expérience qui m'ont toujours laissée de magnifiques souvenirs, ici de surcroît l'île aux citrons dans la mer intérieure du Japon, qu'il faut gagner en bateau. Et puis la mer, source d'énergie infinie, pour moi ce qu'il y a de plus proche du paradis. Beaucoup moins séduisant le sujet , une femme de trente trois ans au seuil de la mort, qui se rend à cet endroit pour y passer ses derniers jours. Pourtant …..

L'institution s'appelle La Maison du Lion, Elle, Shizuku Umino.

Le temps d'une lecture, dans cette maison de fin de vie on va s'immiscer dans le délice suprême de la vie jusqu'à la dernière goutte, où la seule règle est d'être libre. On peut participer cependant , Seulement Si l'on veut, à des petits rituels comme un goûter servi tous les dimanches aux conditions particulières, et propositions succulentes pour qui a un bec sucré comme moi 😋.

Un goûter qui est au coeur de l'histoire, d'où le titre.





La plume de Ito Ogawa est magique, vaporeuse , j'en avais déjà fait l'expérience avec sa magnifique Papeterie Tsubaki et sa suite. Ici encore avec cette magie elle métamorphose un sujet lugubre en joie de vivre qu'elle plante dans un décor paradisiaque “Quand j'ai ouvert les yeux, la mer scintillait, illuminée par un incroyable sourire, et les feuilles des citronniers luisaient comme des vagues dans le paysage. Un soupçon de parfum d'agrumes flottait dans l'air….”

Et puis il y a Rokka un petit chien, que Shizuku aurait voulu tant avoir dans son enfance , mais jamais eu, donc mieux vaut tard que jamais 😊. Et enfin tout ces desserts sucrés qui ne sont que sensations et plaisir, d'une grâce et beauté infinie. Bref, de quoi mourir en beauté 😊.



La mort elle-même ne m'a jamais fait peur, mais c'est la décrépitude terrible qui le précède qui me terrifie, y étant témoin tour à tour à celle de mes proches. Ici le préambule de misère est largement amorcé par l'âge de la victime , l'endroit et les conditions paradisiaques que lui octroie la vie et bien sûr par la beauté, la grâce et la finesse de la plume de Ito Ogawa. J'espère bien partir comme Shizuku bien que j'ai largement dépassé son âge 😁 !

Lisez-le sans hésitation , c'est une magnifique lecture où votre âme sera réchauffée par le soleil et la mer, et le goût des desserts et pâtisseries japonaises dont perso je raffole ! Même si cela semble une fable, c'est une fable qui fait un bien fou ! Vive la littérature japonaise !



« Rien n'est jamais inutile. Tout a un sens…. »

« Vivre, c'est être la lumière de quelqu'un d'autre. »

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Le Goûter du lion

Atteinte d’un cancer à l’âge de trente-trois ans, Shizuku Umino ne veut pas terminer sa vie dans une chambre d’hôpital déshumanisée. C’est pour cela qu’elle se rend dans La Maison du Lion, un établissement de fin de vie situé sur l’île aux citrons dans la mer intérieure du Japon. Un endroit paradisiaque qui lui permettra de trouver la paix, loin des traitements agressifs standards visant à prolonger surtout la douleur…



En suivant les derniers pas de Shizuku Umino, le lecteur découvre tout d’abord un endroit aussi paisible que splendide, uniquement accessible en bateau, idéal pour profiter des derniers instants de la vie. Au fil des pages, il fera également la connaissance des autres pensionnaires de l’établissement et ne manquera pas de s’attacher à la chienne Rokka, adorable petite boule de poils qui se lie d’amitié avec cette jeune femme qui avait toujours rêvé d’avoir un chien et qui lui réchauffera le cœur jusqu’au derniers instants.



Malgré un sujet foncièrement triste, mais abordé avec beaucoup de douceur et de délicatesse, « Le goûter du lion » se concentre surtout sur ces petits plaisirs de la vie dont il faut profiter, allant d’un brin de musique à une bonne tasse de café, en passant par ce rendez-vous hebdomadaire, organisé chaque dimanche à 15 heures, où le dessert préféré de l’un des pensionnaires est servi, accompagné d’une lettre qui invite à découvrir les souvenirs qu’il suscite chez la personne en question. Un petit rituel qui permet d’en apprendre plus sur les autres résidents tout en dégustant leur friandise préférée…



Si je suis généralement assez fan du style nippon et des ambiances contemplatives, j’ai visiblement du mal à accrocher pleinement aux romans d’Ito Ogawa. Je ne suis certes déjà pas grand amateur de desserts à la base, ce qui m’a peut-être empêché de savourer ce roman comme il se doit, mais j’avais déjà eu la même impression de « fadeur » en lisant « La Papeterie Tsubaki ». Je n’ai rien contre une bonne dose d’onirisme et de contemplation, mais tomber en admiration devant la beauté du sourire d’une banane est visiblement au-dessus de mes moyens…



Je retiendrai donc surtout le dépaysement offert par cette île aux citrons, l’amitié sans condition de cette adorable chienne, ainsi qu’un sujet douloureux abordé avec beaucoup de délicatesse.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Le Ruban

Le Ruban de Ito Ogawa, premier livre d'une auteure japonaise que je lis,

une superbe découverte - lu en octobre 2017.

Sumire adore les oiseaux, la première phrase de cette histoire m'a déjà fait fondre, les oiseaux, je les aime autant que Sumire et Hibari (Sumire veut dire Violette et Hibari veut dire Hirondelle), Sumire la grand-mère et sa petite-fille Hibari. Nous sommes transportés dans un monde de douceurs, mais aussi de chagrins, nous voyageons au Japon, mais aussi à Berlin au temps maudit de la construction de ce mur de la honte. Tout cela grâce à un petit oiseau prénommé Ruban qui a eu le bonheur d'être couvé dans le chignon de Sumire et d'éclore dans la petite main d'Hibari alors écolière.

Ruban, une belle perruche calopsitte, un jour prend son envol, et cause un chagrin immense à Sumire et Hibari, mais il va semer la joie à gauche et à droite, comme un long ruban sans fin, tissé de fils de bonheur. C'est une histoire touchante, tout en douceur, un livre qui nous enchante et nous apporte de belles émotions dans ce monde pas trop gai.

Je n'en dirai pas plus, lisez les critiques de mes prédécesseurs, elles sont très bonnes. Merci aussi à Krout qui m'a suggéré un jour de lire ce livre.
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La papeterie Tsubaki

Et si je levais un peu les yeux de mon bouquin... regarder les cerisier pleurer, s'envoler ses larmes de fleurs...



Sentir le vent bousculer ma crinière ondoyante et voir s'emmêler quelques fleurs de cerisier venir atterrir dans mon verre de bière. Regarder ces fleurs si éphémères embellir les vies de promeneurs anonymes, de belles amoureuses ou de sombres et tristes solitaires. Comme un feu d'artifice floral qui illumine les jardins à l'ombre du zen et des temples. D'ailleurs, question temple, je me retrouve à Kamakura. Splendide ville où règne le Daibutsu de sa majestuosité, des vagues qui se déchirent sur ses falaises, et de longues marches d'escalier pour atteindre l'antre sereine des nombreux temples égrainés aux abords de la forêt.



Guider par quelques senteurs, animer par le plaisir d'un thé fleur de geisha, je découvre une papeterie que je n'avais jusqu'à présent jamais osé pénétrer. C'est que je suis timide et qu'il me faut du temps pour oser m'aventurer dans certains plaisirs de la vie. M'attabler à la terrasse, commander une bière, et la regarder, écrire, s'appliquer sur chaque syllabe calligraphiée, trouver le bon sens d'écriture, l'enveloppe adéquate, la qualité du papier, de l'encre, de la plume, surtout pas de critériums. Même le choix du timbre a son importance. Chaque chose a de la valeur dans la correspondance, même dans une lettre de rupture.



Qui y'a-t-il de plus beau dans la vie éphémère d'un pauvre type que d'entrapercevoir le kimono ouvert sur cette toison brune à part justement voir un cerisier pleurer de ses milles fleurs. La jeune et belle Hatoko, loin de mes fantasmes lubriques et mal perçus, reprend la papeterie de l’Aînée, sa grand-mère. Et par la même occasion se lance dans le métier, ô combien incongru en cette période 2.0, d'écrivaine publique. De cartes de vœux aux mots de rupture, de lettres d'amour au derniers mots d'un amour, elle y met tant d'âme, de beauté et de bonté dans chacun de ses gestes, dans chaque mot ou chaque kanji employé. Elle laisse surtout la lettre reposer une nuit auprès de l'autel sans cacheter l'enveloppe, la nuit étant le royaume des ancêtres, leurs conseils de bienveillance s’immisceront à l'intérieur.



« La Papeterie Tsubaki », c'est du bel ouvrage qui fait du bien à la vie, comme un bon verre de Nikka. Ou un verre de vin blanc accompagné de la personne choisie. Ou une bonne bière. Parce qu'au final, lorsque la papeterie tire son rideau, on boit pas mal dans ce roman d'Ito Ogawa dont les effluves maltées se mêlent harmonieusement avec celles d'un thé et d'une fleur de cerisier. Il y est question d'âme et de tristesse, de peine et d'amour, de moi et de Kamakura.



Merci. Infiniment.

Et si je reposais mes yeux vers mon verre de bière...
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Le restaurant de l'amour retrouvé

Si j’apprécie toujours autant la plume de l’auteure, mise en valeur par sa traductrice Myriam Dartois-Ako, je suis moins sensible à l’art culinaire qu’à celui des lettres. En effet, j’avais fait sa connaissance dans « La papeterie Tsubaki » qui m’avait enchantée.



J’ai retrouvé une ambiance intimiste, des sentiments bien exprimés, une fine analyse des liens du sang et des secrets de famille, mais je me suis perdue dans les longues descriptions de préparations de mets aussi variés qu’appétissants pourtant. Elle consacre des pages entières à cela, et même si le message reste lié à l’amour, au don de soi, et si la poésie est omniprésente, je me suis un peu lassée par moment.



Par contre l’histoire de cette jeune femme de vingt-cinq ans qui rebondit après une rupture des moins élégantes, qui revient dans le giron maternel malgré des relations plus que distendues, qui se bat pour vivre de sa passion en montant un mini restaurant très original, est très plaisante. Des messages positifs sont distillés régulièrement, et concevoir un repas pour l’autre est envisagé ici comme un acte de bienveillance quasi mystique.

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Le Ruban

J’aime vraiment la plume de cette auteure, et encore plus quand elle vole au gré des émotions, des métaphores, et qu’elle nous emmène là-haut loin dans le ciel avec les oiseaux.



J’ai juste été un peu déstabilisée par la forme du roman, me demandant à un moment donné s’il s’agissait de petites nouvelles, puis non, à la fin j’ai retrouvé le fil.



Quand la vie est aussi fragile qu’un oisillon, que les souvenirs laissent place à la nostalgie, à la méditation sur le sens de la vie, et que les oiseaux paraissent des anges, je me laisse emporter.



La fin est surprenante, évoquant certains passages historiques qui ont dû en laisser plus d’un en souffrance. Quant à faire un nid, est-ce seulement l’apanage des volatiles ? Et la nidation, celui des humains ?



J’ai bien aimé, même si mon coup de cœur absolu d’Ito OGAWA reste La papeterie Tsubaki.

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Le Goûter du lion

L'île de la consolation



L'île aux citrons. Une île aux paysages magnifiques lovée dans la mer intérieure du Japon. Île d'un ultime voyage pour Shizuku qui est atteinte d'un cancer avancé.

Elle s'installe dans la Maison du Lion, un établissement dans lequel les invités viennent passer leur derniers jours.

Tous les dimanches à 15 heures, les invités communient autour d'un goûter que Madonna tire au sort parmi leurs demandes.

Dans cette maison, où la règle est d'utiliser son temps comme bon lui semble, on partage à travers ce dessert plus qu'un moment de bonheur pour les papilles. On partage également un souvenir joyeux bien souvent lié à l'enfance. Une madeleine de Proust, réminiscence heureuse, qui laisse planer une agréable odeur de nostalgie.



Shizuku réapprend à vivre avec cette fin qu'elle sent approcher à grands pas. Trouver un équilibre entre le sucré et le salé. S'extasier devant la banalité de la vie représentée par une banane, fruit d'un arbre choisi par Bouddha pour nous rappeler le côté éphémère de la vie.

Accepter la mort tout en reconnaissant son envie de vivre.





Ce roman contemplatif, doux et délicat revêt la forme d'un immense haïku balisé de moments délicieux.

Shizuku est telle le soleil déclinant qui éclabousse la mer de sa lumière pour laisser place ,peu à peu, à la lueur d'espoir des étoiles aux confins d'un univers inconnu.













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Le restaurant de l'amour retrouvé

Bienvenue à l'Escargot, le restaurant des voeux réalisés et des amours comblées!



Quand son petit ami la quitte, en vidant leur appartement, Rinco en perd la voix... Démunie de tout, sa seule option est le retour au village natal où une mère peu aimante cohabite avec Hermès, le cochon.

Le projet de l'ouverture d'un petit restaurant serait-il la chance de retrouver le langage et le bonheur?



Élégance de l'écriture, simplicité du style, légèreté de la narration, pudeur des sentiments... C'est sans conteste un livre à l'ambiance très japonaise, pimentée d'un humour décalé et d'une construction littéraire un brin surréaliste.



Il y règne une belle sérénité dans l'observation de la nature et des petites choses du quotidien.

Il y flotte des fumets exotiques, des mets insolites, et un curieux menu végétarien français.

Le descriptif précis du savoir-faire parlera sans doute à ceux qui adorent cuisiner. J'en ai apprécié la jolie et naïve philosophie de partage tout en la trouvant quand même un petit peu prévisible.



Un livre généreux, plein de bons sentiments et qui excite les papilles!

L'Art culinaire en thérapie, jolie formule...

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Le Goûter du lion

Je vais vous parler d'un sujet grave, triste, traité cependant ici avec beaucoup de douceur, de délicatesse, mais aussi, - chose étonnante, avec gourmandise : la fin de vie. Gourmandise ? Je lis votre étonnement. Mais oui, j'ai bien dit gourmandise et ne voyez là aucune idée de vouloir choquer tant le sujet est chargé d'émotion. Écoutez un peu...

Nous sommes au Japon. Atteinte d'un cancer, la jeune Shizuku Umino âgée de trente-trois ans vient d'apprendre par son médecin qu'elle n'a plus que quelques semaines à vivre. La nouvelle lui a fait comme l'effet d'un séisme sous ses pieds. Nous sommes en décembre et probablement ne verra-t-elle pas fleurir les amandiers aux premiers jours du printemps.

Shizuku vit seule.

Le plus proche membre de sa famille est son père qu'elle n'a pas vu depuis cinq ans... Et puis elle ne veut pas l'inquiéter... Pour autant, elle ne veut pas finir ses jours dans la chambre d'un hôpital déshumanisé, recevant les derniers soins palliatifs dans une solitude accablante et anonyme, raccordée à des tuyaux branchés de partout.

Le hasard de la maladie l'amène à venir terminer ses jours sur l'île aux citrons, située en mer intérieure de Seto, dans la Maison du Lion. C'est bien sûr un établissement de soins palliatifs, mais au bord de la mer, sur une île, dans une maison entourée de vignes et de citronniers, on accompagne les derniers jours des personnes atteintes de maladies incurables en les aidant à emprunter d'autres chemins, loin des soins agressifs ou des traitements visant à prolonger la vie... Ici tout est fait pour apaiser les douleurs du corps et de l'âme.

La directrice de la Maison lui a écrit pour lui dire qu'on l'attendait, qu'une chambre était prête pour l'accueillir, mais plus qu'une chambre, c'est un lieu, une communauté d'invités comme elle, une île, qui l'attendent.

Son arrivée est prévue le 25 décembre, le jour de Noël. C'est la première fois depuis longtemps qu'on l'attend quelque part. La directrice, une certaine Madonna l'accueille au ponton du bateau. Bon pas la vraie Madonna quand même, je tiens à vous le préciser. Ici toutes les personnes ont droit de porter un surnom de leur choix, que ce soient le personnel de l'établissement ou bien les invités. Oui, les personnes qui viennent résider dans la Maison du Lion sont appelés des invités...

Dans ce récit écrit à la première personne, nous découvrons à travers les yeux, les gestes, les mots de Shizuku, un lieu et des personnes qui y vivent, qui viennent à sa rencontre. Nous découvrons ses premiers jours sur l'île aux citrons, ses étonnements, ses joies, ses révoltes, le désir de vie qui bat jusqu'au dernier souffle, la douceur qui vient non pas comme une résignation mais comme une apesanteur où le corps se dérobe, tandis que le coeur s'allège d'un fardeau.

L'île aux citrons, c'est un zeste de bonheur entouré d'océan.

Il y a la chienne Rokka qui se prend tout de suite d'amitié pour le jeune femme, ne la quitte plus...

Je me suis pris moi aussi d'affection pour cette chienne qui ressemble à une grosse boule de neige épaisse, qui va et vient, se frotte à sa nouvelle maîtresse, se niche dans le creux de ce corps frêle qui s'effrite, accompagnant d'une tendresse fidèle, celle qui va partir dans quelques jours vers on ne sait où... Peut-être que la chienne Rokka ressent ces choses-là, peut-être qu'elle est une passeuse à sa façon, s'est déjà pelotonnée contre un corps qui n'est plus, le fera encore longtemps après...

Et puis il y a ce rendez-vous hebdomadaire, le goûter du Lion, chaque dimanche à 15 heures, c'est comme un rituel... Chaque pensionnaire qui arrive est invité à exprimer sur une longue lettre un souhait, la commande d'un mets de son choix et à condition qu'il en écrive les raisons et l'attachement à un souvenir particulier. C'est un tirage au sort qui dicte le choix.

Le dimanche qui vient, le goûter qui va tâcher de reproduire le plus fidèlement possible ce mets, permet aux pensionnaires de le partager dans un moment convivial et touchant, en partager aussi le souvenir impérissable qui sera évoqué comme le vertige d'une madeleine de Proust. Peut-être que le bonheur d'être à la Maison du Lion tient dans cette impatience d'attendre chaque dimanche...

En dehors du goûter du dimanche, il y a d'autres gourmandises qui égrènent ce récit, le bol de douha pour accueillir le matin, l'okayu, des mochis, des cannelés, une tarte aux pommes, un thé de kombu...

« Nous savourons le délice suprême de la vie jusqu'à la dernière goutte », aime à dire la directrice du lieu.

Car ici il est question de saveurs, celle des derniers instants...

Parfois l'écriture délicate et très belle d'Ito Ogawa se fait onirique, traverse des paysages et des miroirs, convoque des personnages du passé, des voix, allument des bougies au seuil d'une porte...

Ce récit ne tombe jamais dans le pathos, même si on chemine le coeur serré vers les dernières pages, même si l'émotion nous étreint le coeur, parce que forcément la jeune Shizuku ressemble à quelqu'un de proche, qui n'est plus...

Ici, le sujet n'est pas le droit à mourir dans la dignité. C'est autre chose. Ici, les mots d'Ito Ogawa nous entraînent dans une maison où ceux qui vont mourir sont entourés, apaisés, les papilles éveillées au goût de l'instant présent. Accepter la mort, accepter son désir de vivre, accepter cela, l'accueillir comme on regarde la mer, comme on s'éprend de l'horizon, comme on respire le parfum du yuzu à pleins poumons.

En creux, Ito Ogawa ne dit-elle pas cette douceur qui manque à notre société, en particulier sur ce sujet ?

J'ai aimé pendant toutes ces pages douces, délicates, emplies de pudeur, accompagner à ma manière la jeune Shizuku, non pas dans sa dernière demeure, mais dans sa dernière île...

Je referme le livre, avec un sentiment apaisé en moi. Il y a encore cette bougie qui n'en finira pas de brûler dans ma mémoire, au seuil de la porte d'une chambre, tandis que la chienne Rokka apprivoise déjà les gestes d'un nouveau pensionnaire qui vient d'arriver...



Quelques jours après sa lecture, je me suis surpris à sentir en moi ce livre qui continuait de résonner comme le ressac d'une mer intérieure...

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La papeterie Tsubaki

Bonheur, délicatesse, finesse, sont les mots qui me viennent en tournant, avec regret, la dernière page. Il m’est revenu à l’esprit, tout le long de la lecture, une phrase d’une jeune amie qui relevait mon courrier le temps de mes vacances : - Tu as plusieurs lettres manuscrites, quelle chance !

L’histoire d’une jeune japonaise écrivain public qui a repris le flambeau derrière sa grand-mère qui l’a élevée. En fonction des lettres demandées, elle choisit bien sûr ses mots, mais surtout le papier, l’encre, le timbre et la calligraphie. Elle est entourée de personnages atypiques comme sa vieille voisine et le baron autour de plats qui font saliver, sans oublier les cerisiers en fleurs.
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La papeterie Tsubaki

Aussi délicate que les camélias qui fleurissent sa devanture, la Papeterie Tsubaki nous donne envie de pousser sa porte, de pénétrer dans cet espace intime et feutré et de rencontrer Hatoko et sa bienveillance. Cette jeune femme de vingt-cinq ans, en raison de son histoire personnelle et son vécu, sa rupture avec le Japon puis ses retrouvailles, fait preuve d'une maturité étonnante. Elle accueille chaque client venu demander un service épistolaire avec respect et empathie, art enseigné par l'Aînée. Je me suis glissée dans sa peau d'écrivain public, et j'ai suivi chacune de ses commandes avec délectation.



À mon tour, j'ai écouté ces êtres en peine de plume, essayé de comprendre leur histoire, leur personnalité. J'ai aimé me glisser dans leur âme pour choisir au mieux papier, enveloppe, timbre et outils de calligraphie adaptés, sans oublier le substrat essentiel, le corps de la missive. Les mots sont choisis avec soin et articulés selon un ordre bien réfléchi, les formules de politesse relèvent d'un savoir ancestral et approfondi. Le bien-fondé de leur requête semble essentiel, car l'objectif premier est surtout d'apporter une aide réelle, et non d'accomplir un travail que par paresse un client délèguerait.



le bonheur d'autrui est la clé de la motivation de Hatoko.



Cet ouvrage est un pur plaisir et j'ai eu l'impression de participer à la vie du quartier, de me balader avec ses habitants, de goûter les mets délicats qui sont décrits. J'ai aimé aussi les lettres calligraphiées en japonais, et je me dis que l'écriture d'imprimerie est bien fade et impersonnelle à côté de tout ce qui fait la richesse des billets personnalisés ici décrits. Autant de messages subliminaux au-delà des mots.

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Le Ruban

" Oui, désormais, j'allais vivre tournée vers l'avenir.

Je n'avais plus peur.

Puisque nos âmes étaient liées pour l'éternité par un RUBAN invisible...."

Tout a été dit déjà , bien sûr mais.....

Voici un drôle de roman japonais délicat et lumineux, original, délicieusement murmuré à nos oreilles tels des chants d'oiseaux susurrés sous forme de petites histoires qui commencent comme un conte joué par une petite fìlle et une grand- mère fantasque , passionnée d'oiseaux ...

Elle trouve un œuf tombé du nid, le met à couver au sein de son chignon blanc, au creux d'un pompon rose pâle .

Éclos , elle lui donne le nom de RUBAN. " Car il est celui qui nous relie pour l'éternité ...."

Cette jeune perruche calopsitte jaune magique apportera "joie et sérénité" à tous ceux qu'elle croisera ...

Mais n'en disons pas plus ....

Cet ouvrage merveilleux tisse une trame légère , aérienne , sensible et pudique , profonde discrètement présente .....filée par un "oiseau messager" au sein d'histoires poétiques qui entremêlent souvenirs et larmes, deuils , profonds chagrins , naissances et belles rencontres dans un univers flou et feutré où les bonheurs sont attrapés au vol, tels des messagers d'espoir , de consolation vibrants, et surtout d'insatiable liberté .....

Cet ouvrage doux , poétique, gourmand , voluptueux nous apporte une évasion bienvenue .IL laisse entendre une voix inusitée , une musique qui fait le pari de la vie, toujours, en donnant du bonheur aux autres ....inlassablement .C'est l'oiseau le fil du récit ....

La couverture nous apporte beaucoup : plumes colorées, captées , attrapées , photographiées lors d'un instant grave comme fixé : semblable à une minute d'éternité ....

Où l'on fait connaissance avec" Sumire " qui veut dire Violette et "Hilari " qui veut dire Alouette ....

" Ruban était là quelque part dans les cieux ."je n'arrivais pas à empêcher mes larmes de couler ..."

"Il était vivant et il le resterait ....."

Ce récit m'a fait penser à "Petits oiseaux "de Yoko Ogawa .

Traduit du japonais par Myriam Dartois - Ako .
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Le Goûter du lion

Ah, Shizuku, comme tu m'as émue aux larmes! Comme j'ai aimé faire ta connaissance!



Sur l'ile aux citrons, tu as décidé de te rendre , te sachant en fin de vie. Trente trois ans, si jeune, si seule. Je t'ai accompagnée avec appréhension. Car l'approche de la mort fait peur, surtout quand on l'a vue se dessiner sur le visage d'un être aimé. Je redoutais un peu trop de pathos aussi.



Mais tu m'as ouvert les yeux sur une autre manière d'aborder la finitude. Même si , bien sûr, les derniers moments dans la vraie vie ne se passent hélas pas toujours aussi sereinement pour tout le monde... Ta pureté d'âme, ta gratitude envers les petits bonheurs du jour, ton élan vital , malgré la colère, la révolte qui te prennent parfois, ton attachement aux souvenirs précieux des moments partagés avec ton père adoptif, cette fusion tendre entre toi et la petite chienne Rokka, m'ont éblouie. Ta lumière, Shizuku. Et comme Hatako, dans " La papeterie Tsubaki", tu sais tellement goûter toutes les saveurs des mets qui te sont servis dans la maison du lion. Là où des personnes chaleureuses entourent ceux qui vont partir. Là où le goûter du dimanche rassemble autour d'un dessert désiré par l'un des " invités", lié à un souvenir. Là où une bougie témoigne de chaque âme envolée.



La tienne brille, indéfiniment. Merci à Ito Ogawa de t'avoir créée, avec toute la sensibilité et la délicatesse qui la caractérisent.
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Le restaurant de l'amour retrouvé

« Chaque gorgée faisait s'épanouir une prairie fleurie dans mon corps. Je ne m'imaginais pas encore très bien ce qu'était le paradis, mais si, à ses portes, on m'offrait ne serait-ce qu'une gorgée de ce champagne, j'y resterais sûrement pour l'éternité. »



Jamais un roman ni un livre de recette digne d’un grand chef étoilé n’avait autant excité mes papilles gustatives. Un florilège d’arômes vous enivre durant la lecture, vous met en appétit et embaume votre cœur. Les descriptions culinaires y sont si bien décrites que chaque page vous met l’eau à la bouche.



Ce roman ne parle pas de cuisine à proprement parlé mais d’une histoire d’amour entre Rinco, une japonaise de 25 ans, et sa passion pour l’art culinaire qui guérit de tout. A la suite d’une déception amoureuse Rinco perd sa voix.



« … Ma voix était devenu transparente... Elle avait purement et simplement disparu de mon organisme. Comme quand on baisse le volume de la radio à zéro. La musique et les voix vibraient en moi, mais rien ne sortait. J’avais perdu ma voix. Ca ne me manquait pas. J’avais l’impression que mon corps s’était allégé.»



C’est avec une jarre de saumure héritée de sa grand-mère, comme seule compagne de voyage, qu’elle quitte tout pour retrouver son village, sa terre natale qu’elle n’a pas revue depuis 10 ans. Un retour en arrière qui la replonge dans un passé douloureux, vers un avenir incertain et une mère dépourvue de tout sentiment.



« Ma mésentente avec ma mère était précisément cette boue en moi, mais si je demeurais sereine, elle ne salirait pas tout mon cœur. Donc, je faisais en sorte d’éviter ma mère le plus possible. En un sens, je m’appliquais à ignorer sa présence. J’étais convaincue que c’était là le seul moyen de garder le cœur pur. »



Pourtant ce retour aux sources sera le début d’une rencontre, d’une thérapie, d’une douce vérité qu’elle était loin d’imaginer. Rinco sera bercée par le souvenir bienveillant d’une grand-mère qui lui a transmis l’amour d’une cuisine chaleureuse et salvatrice. De l’autre subsiste le regard amer d’une mère froide et frivole qui a bien des égards la conduira au sommet de son art.



Un premier roman prometteur devenu un best-seller au Japon. C’est toujours avec surprise et émotion que je découvre la littérature et la culture japonaise. Il en découle toujours une humilité et une sagesse qui me fait du bien. L‘écriture d’Ito OGAWA est lyrique et enchanteresse. Quand elle décrit les mets sur la table dressée, c’est un pur moment de poésie me faisant monter les larmes aux yeux. On y découvre la place prépondérante de la gastronomie dans la culture japonaise, un lien important dans la tradition nippone et un trait d’union entre les hommes et les femmes. Un bon plat mitonné avec amour sauve de tout.



Le restaurant de l’amour retrouvé, une pincée de sincérité, un zest de passion, une bonne dose d’amour et de désir pour un livre qui se savoure et vous laisse une douce et délicate saveur sur le palais !



Mot de faim :



« Un repas, c’est parce que quelqu’un d’autre le prépare pour vous avec amour

qu’il nourrit l’âme et le corps »


Lien : http://marque-pages-buvard-p..
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