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Critiques de James Lee Burke (574)
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La moitié du paradis

« Dieu lui-même se tue en chaque feuille qui vole,

Et mieux vaut l’enfer que la moitié du paradis. »



C’est sur ces vers du poète américain Edward Arlington Robinson, qui lui donnent son titre, que s’ouvre le premier roman de James Lee Burke (datant de 1965) enfin traduit en France par les éditions Rivages. Exercice souvent un peu vain et servant juste la plupart du temps à placer l’auteur sous le signe d’un bien meilleur que lui (généralement Shakespeare dont on se demande parfois s’il n’a pas écrit que pour cela), l’épigraphe est ici, pour une fois, totalement justifiée en ce qu’elle donne réellement le ton de l’histoire qui va suivre.



L’histoire ou plutôt les histoires, puisque James Lee Burke s’attache à suivre les destinées de trois jeunes hommes dans la Louisiane du début des années 1960. Avery Broussard est le dernier descendant d’une famille de riches cultivateurs de canne à sucre déclassée au sortir de la guerre de sécession jusqu’à ce que le domaine, morcelé au fil des ans, finissent par disparaître. Accusant un penchant certain pour la bouteille et incapable après la mort de son père de relever la minuscule exploitation qui lui reste, il se lance dans le trafic d’alcool, ce qui lui vaut d’être arrêté et envoyé dans un camp de prisonniers de l’État. Musicien originaire du nord de la Louisiane, à la frontière avec l’Arkansas, J.P. Winfield se fait remarquer par un promoteur de spectacles. S’il espérait vivre de sa passion, il ne se doutait pas qu’il devrait pour cela devenir esclave de son manager, soutenir des campagnes promotionnelles pour des boissons énergisantes ou des campagnes électorales, et qu’il s’enfoncerait aussi peu à peu dans la drogue. Quant à Toussaint Boudreaux, docker et boxeur, il a la malchance d’être noir dans cet État et plus encore celle d’être une proie facile pour des trafiquants cherchant un pigeon qui pourrait faire diversion et tomber entre les mains de la police pendant qu’eux passeraient. Emprisonné, il croisera la route d’Avery Broussard.



Chacun d’entre eux touchera ou apercevra, plus ou moins fugitivement le paradis. Dans les bras d’une femme aimée pour Avery, au travers d’une promesse de carrière sportive pour Toussaint ou grâce au succès pour J.P. Mais, comme le disent les vers d’Edward Arlington Robinson, cela ne pourra que rendre la perte ou la fuite de ce paradis que plus terrible encore.

C’est un roman profondément pessimiste, ou plutôt janséniste d’une certaine façon, puisqu’il montre que, en fin de compte, le libre-arbitre des personnages ne sera jamais assez fort pour aller à l’encontre d’une destinée qui semble déjà écrite, que nous offre Burke. Si Toussaint, peut-être à cause de sa condition même de noir ayant grandi dans un État ségrégationniste, prend sur lui de se battre (sans pour autant couper à un destin qu’il ne fera qu’accélérer comme un ultime sursaut de liberté vis-à-vis de ce que la vie lui a réservé dès l’origine), J.P. et plus encore Avery à cause du contraste que l’auteur crée en lui donnant pour acolytes deux hommes révoltés, le trafiquant LeBlanc et Toussaint Boudreaux, apparaissent passifs, incapables d’aller à l’encontre de leur destin.



On sort de la lecture de La moitié du paradis avec des sentiments mêlés. Une certaine affliction et le plaisir d’avoir vu quelque chose de beau, comme l’écoute d’un bon vieux blues. Et l’on s’aperçoit que ce premier roman, qui annonce déjà le formidable Vers une aube radieuse – deuxième roman et sans doute chef-d’œuvre de l’auteur –, contient tout ce qui fera le succès de James Lee Burke ; la Louisiane, bien sûr, et puis le souffle lyrique, l’attachement à des personnages marqués par le destin, qu’ils luttent contre lui ou qu’ils l’attendent avec fatalisme. Sans être dénué de défauts, de quelques scories, ce premier roman de Burke méritait bien cette édition, aussi tardive soit-elle.


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La pluie de néon

Bienvenue dans le monde des policiers ni tout blanc, ni tout pourri.

Bienvenue dans le pays des enquêtes qui ne sont pas dirigées par le détective, mais qui le dirigent, parfois même contre son gré.

Burke rompt avec les règles classiques du polar. Son lieutenant Robicheaux ressemble plus à une boule de flipper qu'à un Hercule Poirot. Il est brinquebalé de gauche et de droite par les évènements, les subissant bien davantage qu'autre chose.

Toutes les questions de l'enquête ne trouvent pas de réponses, les michons ne sont pas forcément coupables (enfin si...enfin non, ce n'est pas aussi clair que ça) et pas forcément punis par la loi, qu'elle soit humaine ou divine.

Bref, une série de plus à inscrire à mon compteur (comme si je n'avais pas assez à lire, merci Lolo)

Et j'oubliais l'atmosphère ! Rha... la Louisiane !
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Jésus prend la mer

Neuf nouvelles datées de 1992 à 2007 composent ce recueil publié en 2010 chez Rivages et tout juste réédité en format poche. J’avais pour ma part attendu cette nouvelle édition pour l’acheter et je ne le regrette pas. Non que ce livre n’eût pas valu d’être acheté en grand format mais simplement parce que, reparaissant au moment où l’éditeur publie Swan Peak, il permet, par le biais d’une nouvelle centrale, de mieux faire la connaissance de l’un des personnages de ce roman, Albert Hollister, qui y apparaissait à peine esquissé. Et, ce faisant, il nous éclaire sur le travail de l’écrivain qui sait conférer à ses personnages une véritable personnalité quand bien même ils ne doivent que tenir un rôle très secondaire.



Mais au-delà de cet intérêt purement technique et un brin anecdotique, Jésus prend la mer est aussi un condensé des thèmes chers – des obsessions, même – de James Lee Burke. Sous une forme relativement épurée (l’épure reste toujours relative chez Burke, auteur sujet aux grandes envolées lyriques), on aborde ainsi la question de l’addiction, la façon dont un homme peut ou pas décider de passer le pas qui fera de lui l’égal de celui ou de ceux qu’il veut combattre et, bien entendu, la violence intrinsèque de l’Amérique. Une Amérique qui, d’un conflit à l’autre, de Pearl Harbour à l’Irak en passant par la Corée, est un pays perpétuellement en guerre. Contre les autres, mais aussi contre lui-même et qui apparaît souvent comme un ogre dévorant ses propres enfants. Les plus faibles, bien sûr. Que ce soit par le biais de l’ignorance entretenue des plus pauvres qui les mènera dans quelque geôle ou sur une plateforme pétrolière branlante, par la fabrication d’inadaptés sociaux qui n’ont plus que cette violence pour s’exprimer, ou en laissant ces invisibles dériver pendant que le président survole la ville à bord d’Air Force One.



C’est là le portrait doux amer, où la nostalgie se mêle au regret que rien n’ait vraiment su changer, d’un pays bien ancré dans ses préjugés et qui peine à avancer. Un portrait entre réalisme et fantasme poétique. Un bien beau recueil.



Et, en plus, beau bonus, vous apprendrez qu’entre deux règlements de comptes et l’ouverture d’un casino à Las Vegas, Bugsy Siegel vouait une véritable passion au yo-yo. Si avec ça vous n’êtes pas convaincus…


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Vers une aube radieuse

Germinal dans le Kentucky, noir intense !

Peut-être le meilleur Burke que j'aie lu tant le propos est sans fard et ne laisse aucune échappatoire aux personnages. Quelque chose de l'ordre du destin inébranlable est mis en place par Burke dés les premières pages, nul ne pourra sortir de cette histoire sans dommage. On pense vraiment à Faulkner en tournant les pages, surtout à Sanctuaire et à ses distilleries clandestines. Perry fait de son mieux, on pourrait croire à son salut, mais le monde minier est tel que l'inéluctable a tôt fait de le rattraper.

Très bon court roman.
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Les jaloux

1952, Houdson au Texas. Aaron Holland Broussard a dix-sept ans et parle de son quotidien. Son père a combattu pendant la seconde guerre mondiale et veille sur son éducation. Un jour, dans un drive-in, il assiste à une dispute dans un couple. En enfant bien élevé, il demande si ça va et tombe immédiatement sous le charme de Valérie. Elle quitte son boy friend et accepte les « avances » d’Aaron. C’est une fille connue, appréciée, enviée et être avec elle, est déjà, en soi, une fabuleuse aventure. Mais il s’avère que ce coup de foudre va être synonyme d’ennuis et pas des petits. Pourquoi ? « L’ex » de Valérie est Grady Harrelson, un garçon riche qu’on ne contrarie pas. Et il veut se venger de l’humiliation que lui a fait subir Aaron. Ce dernier n’a pas envie de se transformer en carpette et entend bien se faire respecter. C’est sans compter « leurs amis » respectifs, leurs parents, qui vont s’en mêler, intervenir, conseiller.

Rivalités, jalousies, clans, tous ces adolescents (il y a très peu de filles donc je mets uniquement le masculin) sont en plein passage à l’âge adulte. Ils veulent se comporter en homme mais ce n’est pas chose aisée. Il faut encore étudier, travailler pour l’argent de poche, obéir à ses géniteurs. Saber, l’ami d’Aaron est un peu un électron libre et il est capable du meilleur comme du pire. Il ne réfléchit pas et se laisse manipuler malgré les avertissements de son camarade.

James Lee Burke décrit à merveille les caractères, les influences subies par chacun. Les fils pourraient partir se battre en Corée, les pères ont déjà vécu les conflits armés. D’ailleurs poignards et révolvers se promènent dans ce récit et font partie du quotidien. Est-ce que se bagarrer est une preuve qu’on grandit ?

Quelle que soit la génération, les dialogues sont ardus, tous semblent préférer l’action à la parole. Quand ils s’expriment, il y a souvent une part cachée, des non-dits, voire des sous-entendus. L’auteur montre la complexité des relations humaines dans une ville où la fracture entre les classes sociales est importante, allant même jusqu’à entraîner des faits de violence.

Ce roman est très intéressant, il présente l’évolution des personnages qui changent au fil des pages. À chaque nouvelle situation, ils essaient de réfléchir, parfois seuls ou avec l’aide des adultes mais en voulant en parallèle prouver qu’ils sont capables d’agir en solo ou éventuellement à deux. Ils sont écartelés régulièrement entre dire ou taire la vérité. Ils sont confrontés à la bestialité : « Le mal absolu a pénétré dans ta vie, et tu n’y es pour rien. C’est ce qui détruit les gens. »

J’aime beaucoup l’atmosphère qui est installée dans ce recueil. C’est noir, très représentatifs des tensions entre les individus, qui n’ont pas tous le même but, les mêmes envies. Des références musicales accompagnent le texte. Elles sont en lien avec certains événements et c’est très bien pensé. Le passé a laissé des traces et beaucoup de questions se posent, nous permettant de réfléchir : qu’est-ce que le péché ? Quelles sont les valeurs qui habitent Aaron et les autres ?

L’écriture (merci à Christophe Mercier le traducteur) est profonde, puissante, il a les mots justes. Le style est réaliste, on a vraiment l’impression d’y être. Je verrai bien une adaptation en film. J’ai beaucoup apprécié cette lecture car certains protagonistes puisent en eux le courage nécessaire pour faire face et avancer en pouvant se regarder dans une glace.


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Dans la brume électrique avec les morts confédérés

Pour une fois j’ai fait le voyage à l’envers : j’ai vu le film et après j’ai lu le bouquin. Eh bien je n’ai pas été dépaysé : même ambiance moite étouffante et quelque peu glauque de la Louisiane qu’on connait, celle des bayous et des alligators, du racisme viscéral, du beaufisme sudiste traditionnel, et pourtant un monde qu’on se surprend à apprécier (pas tout, non plus, faut pas exagérer) peut-être même à aimer à cause des décors tellement irréels, et des gens, simples et complexes comme Dave Robicheaux. Vous connaissez Dave ? Physiquement vous voyez Tommy Lee Jones ? Vous avez Dave. Même si j’avais lu le bouquin avant le film, c’est sous les traits de Tommy Lee (le marshall Gerard dans « Le fugitif ») que je l’aurais imaginé : un flic désabusé, ancien alcoolique, mais d’une opiniâtreté notoire, non dénué de sensibilité, attaché viscéralement à ce pays qui n’est pas spécialement engageant.

L’auteur, James Lee Burke, (né en 1936), a fait de Dave Robicheaux le héros central de plus d’une vingtaine de romans policiers situés en Louisiane dans le secteur de New-Iberia (au sud de l’Etat). Le décor fait partie du personnage, comme le personnage fait partie du décor. L’auteur excelle à dépeindre ces paysages de « brume électrique » d’où émergent de fantomatiques silhouettes, dont on ne sait si elles sont réelles ou issues de souvenirs ou peut-être même de cauchemars.

La région de New-Iberia fait face aux agissements criminels d’un tueur en série. Dave Robicheaux, chargé de l’enquête, soupçonne un mafioso local et sa clique, Julius Balboni, surnommé affectueusement « Baby feet ». Une troupe de cinéma vient tourner dans le coin. Un des acteurs, Elrod Sykes, signale à Dave qu’il a vu un cadavre plus ou moins momifié dans le bayou. Or 35 ans plus tôt, Dave, encore enfant, a assisté au meurtre d’un noir à ce même endroit. Dans le même temps une autre jeune fille est assassinée et horriblement mutilée. L’enquête s’annonce difficile. Et pas coton. (en Louisiane c’est un comble)

Il y a le décor. Il y a les personnages. Il y a l’enquête. Tout ça fait déjà un bon polar bien ficelé. Mais Burke y ajoute une dimension fantastique, en faisant surgir de la brume « électrique » (annonciatrice d’orage ? de coup de vent ? de coup de sang ?) rien moins qu’un général sudiste (confédéré, donc, comme dans le titre), John Bell Hood. Ce général a vraiment existé, il s’est illustré à Atlanta et a dû capituler à Nashville. Dave est le seul à le voir et à parler avec lui. Comment faut-il considérer cet épisode ? L’auteur ne le dit pas et laisse décider au lecteur si c’est une hallucination, un appel du passé, une matérialisation (si on peut dire) de la conscience de Dave ? Peu importe au fond, ça s’imbrique bien à la fois dans le décor, dans l’enquête policière, et dans le portait psychologique de notre héros.

« Dans la brume électrique » est donc un très beau roman policier qui tient à la fois de la thématique habituelle du meurtre et de son élucidation, mais aussi du portrait fascinant d’un homme, d’une population et d’un pays qui peuvent nous paraître exotiques, et pourtant, la vérité humaine y est rendue dans toute sa laideur et dans toute sa beauté.

Ce roman aurait pu être désespéré, ou simplement classique comme un polar lambda, mais l’auteur, en y influant sa poésie, son goût du fantastique et son attachement pour son pays, en fait un véritable roman de terroir, à valeur quasi ethnologique.



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New Iberia Blues

Un premier crime violent... et d'autres vont suivre, chaque fois avec une mise en scène macabre. Dave Robicheaux et Bailey Ribbons, sa nouvelle coéquipière, sont chargés d'enquêter...



Il y a, avec "New Iberia blues", le plaisir de retrouver la Louisiane (pas vraiment celle des cartes postales, je vous l'accorde), son ambiance poisseuse, Dave Robicheaux et ses proches (Alafair et Clete Purcel). Et bien sûr l'écriture de James Lee Burke. Mais si l'histoire se révèle plutôt intéressante, elle aurait tout de même gagné à être plus condensée, plus rythmée. Le récit emprunte ainsi parfois certains chemins de traverse dont l'intérêt paraît discutable, et qui rendent l'intrigue peu limpide. Ce n'est pas la première fois que j'ai un tel ressenti (il en allait de même avec "l'arc-en-ciel de verre" ou "Swan Peak"). Peut-être, comme certain(e)s l'ont suggéré ici, cette série a aujourd'hui fait son temps...
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New Iberia Blues

Une femme est retrouvée flottant dans le bayou, crucifiée. Robicheaux et sa nouvelle partenaire sont chargés de l’enquête, alors que d’autres meurtres sont commis.



Ce livre est un tome 22 et je n’ai pas lu les précédents. Il peut se lire indépendamment pour ce qui est de l’enquête, mais ça m’a posé problème pour les personnages et leur contexte. Je pense que pour cette série, c’est compliqué de débarquer après autant de tomes. Il y a des rappels de ce qui s’est passé précédemment, suffisamment pour qu’on puisse suivre, mais il m’a clairement manqué des éléments de compréhension, surtout que certains personnages, hormis le héros et son acolyte, semblent récurrents.



Le livre est qualifié de roman noir plutôt que de roman policier et je comprends pourquoi. Avant d’en arriver à la dernière cent-cinquantaine de pages, on passe beaucoup plus de temps à explorer les états d’âmes des protagonistes et des relations entre eux ou de leur relation à leurs addictions, ou autres problèmes personnels, qu’à se pencher sur l’enquête. Ne pas savoir comment ils en étaient arrivés là, malgré les différents rappels, m’a handicapée dans ma lecture, je l’avoue.



Le gros point fort du roman est son ambiance. On est avec Dave et ses comparses dans le bayou, l’Histoire de la Louisiane et son contexte social pèsent sur l’ensemble du récit. D’autre part, l’auteur fait la part belle à l’introspection. Les personnages sont cabossés par la vie et il est plus question de tout ça que de l’enquête.



A côté de ça, on baigne un peu beaucoup dans la testostérone. Des mecs « virils » (entendez violents et sexistes), vétérans du Vietnam, nostalgiques du vieux sud, qui font « justice » eux-mêmes avec un tas d’armes et des femmes qui sont soit victimes, soit sous la protection de ces mecs. La seule femme ayant un peu de pouvoir ne semble être là que pour approuver les comportements délirants de Dave quand ils sortent du cadre légal de l’enquête. Si je ne savais pas qu’un des tomes de la série a été adapté avec Tommy Lee Jones, j’aurais bien vu Clint Eastwood dans le rôle du vieux flic hanté par le Vietnam et prêt à buter ses suspects.



Il y a une critique acerbe d’Hollywood et de sa corruption morale et une plongée dans la violence du crime organisé. Je n’ai pas trouvé que ça apportait grand chose à une intrigue qui souffrait déjà de pas mal de longueurs.



A part l’ambiance que j’ai trouvée bien retranscrite, je n’ai pas spécialement apprécié cette lecture. Trop long, trop introspectif et pas assez concentré sur l’enquête pour mon goût. Je ne regrette pas d’avoir testé, mais je ne compte pas en lire plus, ce n’est pas ce que je recherche dans un roman de ce genre.
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New Iberia Blues

Robicheaux revient dans un 22ème volet de ses enquêtes (si je ne m’abuse) et pour ma part, même si j’en ai 3 autres dans ma bibliothèque, New Iberia Blues est mon premier.

Ça ne m’a aucunement gênée dans ma lecture donc ne prenez pas cette excuse pour ne pas lire ce roman.

Même si ce livre peut impressionner par sa taille, pas loin de 600 pages, il se dévore et se lit aussi vite qu’un roman qui contiendrait moitié moins de pages. Donc, ne prenez pas cette excuse pour ne pas le lire.

Par contre, des raisons pour le lire, j’en ai plusieurs à vous suggérer.

La première est le style. C’est rythmé, l’auteur donnant un enchaînement parfait aux chapitres. Si l’intrigue est complexe, jamais le lecteur ne se sent perdu. On s’approprie les personnages et le lecteur les assimile très vite.

Justement, les personnages. Vient en premier, bien sûr, Dave Robicheaux, qui, si le personnage reste classique par certains côtés, ne sombre pas dans les clichés. C’est un homme futé avec un instinct (un peu) sur développé, protecteur avec sa fille, fidèle dans son amitié envers Clete Purcel, c’est un flic aguerri qui fait preuve de sagesse et n’hésite pas à se remettre en question. Clete est l’ancien partenaire de Dave et, pour moi, le plus attachant. Courageux, serviable, gentil, il forme un duo avec Robicheaux quasi rêvé.

Les lieux, la Louisiane et ses bayous, ces paysages uniques, James Lee Burke en parle avec amour et nous décrit des endroits, des fleurs, des marécages, comme s’il peignait un tableau. L’écologie reste très présente tout au long de ce texte.

De la même façon, il raconte son Etat, son Histoire, le mélange des couleurs de peaux, des origines, des rites et des croyances, mais aussi l’espoir de le préserver encore un peu et donne l’exemple dans cet opus de la Californie Hollywoodienne, pervertie par l’argent et la célébrité.

Enfin, la trame de cette enquête qui est, ne l’oublions pas, importante et complexe.

Il est assez difficile d’en parler sans risquer d’en dire trop.

Plusieurs meurtres sont perpétrés selon un mode opératoire qui ne cessera d’envoyer Robicheaux sur de fausses pistes surtout qu’il a l’esprit ailleurs depuis que sa fille s’est entichée d’un homme travaillant pour une équipe de production d’un film dont le producteur lui-même est dans le collimateur de Dave et Clete.

Pour résumer, tout est très bon dans ce roman, rien à jeter, même la couverture est superbe !

Donc, pas d’excuses et vous m’en direz des nouvelles.






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Dans la brume électrique avec les morts confédérés

Mon premier Burke , après avoir vu le film de Tavernier que j’avais aimé. C’est peu de dire que le livre ne m’a pas déçu . j’ai aussitôt entrepris , en bon lecteur compulsif , de lire tous les volumes parus et depuis je suis les parutions de Burke ( pas seulement les Robicheaux). J’aime l’ ambiance poisseuse et rêveuse de ses descriptions , ce monde du bayou avec ses conflits et ses fidélités, ses personnages hantés par leur passé , Dave et Clete ,chevaliers blancs aux mains souvent rouges . Dans celui-ci , le cinéma s’installe à New Iberia et dans la tête de Dave , faisant ressurgir les vieilles guerre , et les culpabilités rongeuses. Du grand Burke.
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Robicheaux

On parle souvent de retrouvailles avec un vieil ami lorsque l’on évoque la parution d’un nouveau roman de James Lee Burke mettant en scène le shérif Dave Robicheaux, plus communément surnommé Belle Mèche et dont les aventures nous ont accompagnés durant plusieurs décennies en suivant les investigations de ce légendaire flic de New Ibéria qui devient ainsi la paroisse la plus célèbre de la Louisiane. Une série comptant pas moins de vingt-et-un romans dont certains figurent parmi les monuments de la littérature noire et transcendent les genres comme Prisonniers Du Ciel (Rivages/Thriller 1992) ou Dans La Brume Electrique Avec Les Morts Confédérés (Rivages/Thriller 1994), Purple Can Road (Rivages/Thriller 2007), La Nuit La Plus Longue (Rivages/Thriller 2011) ou Swan Peak (Rivages/Thriller 2012). Mais comme dans toutes longues relations amicales, on a pu éprouver quelques déceptions à la lecture de certains ouvrages de cette série emblématique en décelant quelques facilités notamment au niveau de l’intrigue à l’exemple de L’Arc-En-Ciel De Verre (Rivages/Thriller 2013) et Créole Belle (Rivages/Thriller 2014) qui m’ont incité à faire l’impasse sur Lumière Du Monde (Rivages/Thriller 2016). Mais après trois ans sans nouvelle, la curiosité l’emporte sur toutes les réserves pour découvrir Robicheaux, nouveau roman de la série dont la sécheresse du titre résonne comme un point final.



Plus vulnérable que jamais, Dave Robicheaux peine à se remettre de la disparition de Molly, son épouse qui a trouvé la mort lors d’un accident de la route. Pour ne rien arranger, Clete Purcel, son ami de toujours, semble être en délicatesse avec un nervis de la mafia, Fat Tony Nemo et un riche propriétaire de casino, Jimmy Nightingale, en lice pour une candidature au sénat et qui pourrait être impliqué dans la disparition de huit jeunes femmes sur l’espace d’une vingtaine d’années et que l'on a retrouvées mortes du côté de la paroisse de Jeff Davis. Entre colère, solitude et désarroi, Dave Robicheaux flirte dangereusement avec ses vieux démons qu’il tente de mettre de côté au détour d’une biture carabinée dont il n’a plus guère de souvenirs. Jointures des mains éraflées, contusions sur le crâne et articulations douloureuses, il semblerait que la nuit n’ait pas été de tout repos pour cet homme qui était parvenu à rester sobre depuis tant d’années. Et l’incident pourrait être anodin, si l’on n’avait pas retrouvé, au petit matin, le corps du chauffard impliqué dans l’accident de Molly. L’homme a été battu à mort. Se pourrait-il que Dave Robicheaux ait franchi la limite à ne pas dépasser ? Lui-même semble prêt à le croire.



Au terme de la lecture de Robicheaux, on ne peut s’empêcher d’éprouver un sentiment de déjà-vu avec un schéma narratif éprouvé où l’intrigue gravite autour d’un riche propriétaire terrien ambivalent plus ou moins inquiétant, un membre de la pègre atypique se révélant plus dangereux qu’il n’y paraît et un tueur psychopathe dont les exactions vont impacter les membres de la petite communauté de New Ibéria. Si l’on y ajoute l’éternel désarroi de Dave Robicheaux, les peines de cœur de Clete Purcel et même l’apparition de quelques fantômes de soldats confédérés surgissant de la brume de marécages, on comprendra que ce dernier opus répondra aux attentes des aficionados souhaitant retrouver tous les ingrédients qui ont fait le succès de la série. Alors bien sûr il y a le charme de ces opulentes descriptions d’une Louisiane envoûtante et l’enchantement de quelques dialogues percutants qui constituent la marque de fabrique d’un auteur qui ne parvient plus à se renouveler. Le compte n’y est donc pas, même si l’on note ici et là quelques évolutions dans le parcours des personnages qui hantent la série. Tout d’abord la disparition de Molly qui réalimente la détresse de Dave Robicheaux replongeant dans les affres de la boisson avec une mise en abîme qui tourne court puisque l’enjeu, avec un tel personnage légendaire, demeure couru d’avance. On retrouve donc un individu en bout de course, toujours en proie à ses cauchemars, qui tente de lutter du mieux qu’il peut contre les forces du mal. Parce qu’il émerge du texte une dimension spirituelle qui prend de plus en plus d’importance dans l’œuvre de James Lee Burke, l’intrigue prend parfois une tournure étrange au gré des introspections d’un héro tourmenté qui trouverait une certaine forme de réconfort dans les préceptes de la Bible. Bien rôdée, la dynamique entre les différents acteurs récurrents de la série fonctionne toujours afin de pimenter l’intrigue au gré des frasques de Clete Purcel et des commentaires tranchants d’Helen Soileau qui sont toujours au rendez-vous en formant avec ce bon vieux Belle Mèche un trio bancal ne manquant pas de charme, malgré un sentiment d’essoufflement qui imprègne d’ailleurs l’ensemble de l’intrigue tournant autour de Jimmy Nightingale, ce richissime candidat au Sénat et Smiley, cet étrange et inquiétant tueur psychopathe que l'on retrouvera semble-t-il dans le prochaine roman de la série. C'est probablement avec ces deux protagonistes, dont les portraits sont fort bien dressés, que l'on retrouvera un regain d'intérêt pour un récit dont les entournures se révéleront à la fois denses et complexes, mais sans surprises.



A n'en pas douter, Robicheaux comblera donc les fans de la série sans pour autant avoir d'ambition en matière d'intrigue qui tourne désespérément en rond. Cependant, on ne peut s'empêcher d’apprécier la richesse d’une écriture solide et cette extraordinaire atmosphère que l’auteur distille avec un talent indéniable au gré de ses romans qui charmeront tout de même les lecteurs les plus lassés dont je fais partie.



James Lee Burke : Robicheaux (Robicheaux). Rivages/Thriller 2019. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier.



A lire en écoutant : I’am Coming Home (live) de Clifton Chenier. Album : Live ! Clifton Chenier & The Red Hot Louisanian Band. 1993 Arhoolie Production Inc.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Une tache sur l'éternité

Il est difficile pour moi de commenter un livre de James Lee Burke, car je suis conscient que je manque de réalisme et de recul sur mon analyse.

Je ne vous cache pas que James Lee Burke est mon auteur préféré...

C'est toujours avec un plaisir non feint, que je savoure les "Robicheaux" tout comme je savourerais un Single malt hors d'âge...

Ça peut paraître exagéré pour certains, mais nous avons tous nos défauts, non ? et je consomme avec modération mes "Burke" et le Whisky aussi, surtout le Whisky....



Une tâche pour l’Éternité est un joyau.... La présence d'Alafair renforce la beauté de l'histoire.

Je ne tiens pas à raconter en long et en large le fil de l'histoire... Il faut déjà avoir lu les précédents "Robicheaux" pour savourer Une tâche pour l’Éternité.... comme pour certains Single malts : ils s'apprécient si votre palais à déjà goûté aux effluves délicates du malt tourbé....



En conclusion, je regrette qu'il n’existe que 5 étoiles pour les notations car il y a vraiment des livres d'exceptions...
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Lumière du monde

Je ne dirai pas qu’il n’est pas bon, pour un enquêteur, de prendre des vacances, parce que le crime les attend au tournant. Non, ce serait trop facile. Je dirai que Dave Robicheaux et Clete Purcell ne pensent même pas qu’ils sont en train de prendre des vacances, non, ils aspirent simplement à une pause, un répit avant de retourner en Louisiane. Le Montana, un des Etats les plus calmes qui soit, semble idéal – enfin, du moins, depuis la fin de Swan Peak. S’ils avaient eu raison, Lumière du monde n’aurait pas de raison d’être.

Qu’est-ce qui rend Dave Robicheaux et les siens si attachants ? Leur passé, leurs nombreuses blessures, leurs failles ? Le fait qu’ils essaient d’agir de la manière la plus juste possible, en entrainant le moins de dégâts possible ? Le fait aussi, que l’on peut craindre pour le héros, qu’il n’en ressortira peut-être pas indemne, ni lui, ni les siens, même si ses capacités de résilience sont grandes.

Dave Robicheaux est le narrateur principal de ce roman. Grâce à un narrateur omniscient, qui prend parfois le relais, nous découvrons les actions et les pensées d’autres personnages tels qu’Alafair, fille de Dave, que Gretchen, fille de Clete, ou que Wyatt, un personnage qui prouve qu’il faut aller bien au-delà des apparences avec cet auteur. Je suis tentée de rapprocher Gretchen et Wyatt, tant leurs fêlures sont importantes, tant leurs complexité, leur instinct de survie, leur indifférence au pouvoir et à l’argent les rend éminemment intéressants – et attachants, même si ce n’était pas vraiment gagné.

Et l’intrigue, me direz-vous ? Nous retrouvons des thèmes chers à James Lee Burke. Les exactions du passé ont toujours des conséquences sur le présent, ne serait-ce que de la manière dont certains se permettent de traiter ceux qui sont différents ou qu’ils jugent différents : le racisme, l’homophobie, l’antisémitisme sont toujours présents. Une lassitude certaine transparaît derrière ce constat, bien des combats restent à mener.

Autre thème auquel peu d’auteurs américains sont insensibles : la famille. Et elle en prend un sérieux coup dans ce roman. Si Dave fait tout ce qu’il peut pour protéger les siens (et se souvient qu’il a échoué avec Annie, qui fut assassinée), il a grandi dans une famille qui n’en était plus une. Clete n’a pu veiller sur sa fille dont il ignorait l’existence jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour lui offrir non pas une enfance protégée, mais une enfance tout court. Prendre soin des siens, c’est aussi accepter d’être aidé. Quant aux adversaires des deux amis, ils ne savent pas ce que le mot « famille » veut dire. Love Younger a réussi à détruire ses enfants les uns après les autres. Il est aussi question d’adoption, et je pense que les motivations de certains adoptants feront bondir certains. Ou comment donner une autre idée de la charité, derrière les belles images.

Je n’oublie pas un autre personnage central, Asa Surette, tueur en série effrayant. Si je n’ai pas aimé ce personnages, j’ai aimé l’analyse qui est faite de ce personnage, de ces motivations, bien plus que si nous avions été « dans sa tête » comme c’est la mode dans de nombreux polars. Il ne s’agit pas non plus qu’un travail de profilage, avec ces certitudes bien tranchées, plutôt de ramener à des dimensions humaines un être qui fascine certaines personnes : Asa Surette est un être humain pervers, manipulateur, sadique non un génie du crime.

Je terminerai ma chronique par deux citations :

Je suis persuadée que les vrais héros parmi nous sont ceux qu’on ne remarque jamais.

Existe-t-il plus grande autorité que celle de l’ignorance ?
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Dieux de la pluie

C’est avec circonspection que l’on a découvert Hackberry Holland l’an dernier à l’occasion de la traduction en français de Déposer glaive et bouclier, roman publié aux États-Unis en 1971. Le personnage, dans ce roman de jeunesse, nous évoquait alors une esquisse de Dave Robicheaux, un personnage pas encore abouti. De la même manière, Billy Bob Holland (oui, le cousin de Hackberry qui est lui-même le descendant direct du Son Holland de Texas Forever) que James Lee Burke a commencé à mettre en scène il y a quelques années nous semblait être un personnage qui, pour être nouveau, demeurait extrêmement proche dans ses attitudes comme dans sa philosophie de la vie, du policier cajun.

Aussi ne fera-t-on pas durer plus longtemps le suspense : le Hackberry Holland que James Lee Burke retrouve ici près de quarante ans après Déposer glaive et bouclier reste incontestablement un avatar de Robicheaux. Comme ce dernier, il reste profondément marqué par la guerre, par son alcoolisme, la perte de son épouse et, sous des dehors de vieux sage fataliste peine à accepter la violence du monde dans lequel il vit. La seule différence patente avec le héros louisianais de Burke est peut-être le fait que Hackberry cède bien moins facilement à la fureur. C’est donc plutôt du côté du paysage qu’il faudra chercher les différences. Ici donc le bayou cède la place à l’aridité du sud-ouest du Texas. Sorti de là, les ressorts de l’intrigue, les trajectoires des personnages correspondent parfaitement à ce que l’on peut trouver dans la série phare de Burke.

Tout commence ici par la découverte de neuf cadavres. Neuf immigrées clandestines asiatiques sommairement enterrées au bulldozer après avoir été abattues à la mitraillette et dont les entrailles renferment encore les boulettes d’héroïne qu’elles transportaient. En enquêtant sur ce crime, Hackberry Holland, devenu shérif, se trouve confronté à un véritable nœud de vipères dans lequel s’entrelacent et s’affrontent trafiquants, proxénètes, tueurs à gages et un jeune couple qui a eu le malheur de croiser leur route et, pour quelques centaines de dollars, de se mêler à cette affaire.

Sans surprise, donc, Dieux de la pluie obéit point par point à la trame des romans habituels de James Lee Burke. Peut-être toutefois le fait que Holland se montre plus solitaire qu’un Robicheaux toujours en binôme avec son ami Clete Purcell permet à l’auteur de bien plus s’attarder sur tous les personnages embringués dans cette histoire et de leur donner une véritable épaisseur. S’il y a bien quelques véritables et incurables salopards, la plupart de ceux dont Hackberry Holland va croiser la route, Nick Dolan le proxénète demi-sel, Pete et Vicki les jeunes paumés ou même Clawson l’inquiétant agent fédéral, s’ils ont leur part d’ombre ont aussi, quelque part, une conscience, des blessures, qui leur confèrent une véritable complexité. Et puis, il y a Jack Collins, le Prêcheur, croquemitaine psychopathe, certes, mais dont le comportement se révèle toujours étonnant, surprenant, jusqu’à susciter une pointe de compassion si ce n’est de sympathie.

Abordé avec une pointe de réticence, Dieux de la pluie se révèle donc être une bien agréable surprise. Beau roman sur la quête de rédemption, il bénéficie de la toujours très belle écriture de James Lee Burke et d’une intrigue qui, si elle est parfois pour le moins tirée par les cheveux, se tient et, surtout, menée à tambour battant, accroche bien vite le lecteur.


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Une saison pour la peur

Que dire de cette lecture? Je suis totalement amoureuse de James Lee Burke , de la Louisianne et de son personnage Dave Robichaux, donc, oui j'ai aime cette lecture. Même si dès le départ , de l'histoire, on connaît les tenants et les aboutissants. Toujours charmée par les descriptions de Burke sur la flore, les odeurs, l'eau, la tradition et les valeurs louisianaises. Cette lecture nous ramène quelque peu en arrière dans la vie de Robichaux. Sa fille est encore toute petite, son ami et comparse de toujours, Cletus, est moins présent et il a toujours des ennuis avec son service de police. Je n'ai pas lu dans l'ordre les différents opus de Burke, mais c'est toujours une belle lecture. Comme vous voyez, amoureuse comme je le suis, je ne sais être objective. Je termine en vous disant que je continuerai à lire Burke et à vous dire que je l'aime.
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Prisonniers du ciel

Après la pluie de néons, Prisonniers du ciel, je prends les Robicheaux dans l'ordre.

C'est un roman fracturé, coupé en deux par un drame tel qu'il efface toute la violence des scènes précédentes et suivantes. Ca marque, ça heurte, ça fait mal, on en tremble, on est choqué, parce que l'injustice est tellement bien amenée que sur le moment c'en est épouvantable, on voudrait crier, rembobiner, on se demande comment Robicheaux en est arrivé là.

C'est l'art de James Lee Burke, ses personnages sont tels que le tissu cicatriciel de leurs émotion ne guérie jamais. Alors ça suinte à chaque page, mais bon dieu que c'est bien fichu. Tout ce background, cette psychologie longuement tournée et mise en place avec soin, l'écrivain la donne à lire après mille précautions et dés lors, Robicheaux ne surprend plus, l'anticipation de ses actions conditionne la compréhension de l'intrigue.

Il n'empêche que cette coupure, cette plaie immense que Burke impose à son héros, si effectivement elle permet au scénario de rebondir, elle ouvre de tels abîmes de tristesse que la douleur fait alors office de compagnon de route pour le lecteur. Mais marcher sous l'eau, en plein dans le bayou et ses eaux boueuses, oblige à certaines extrémités, il devient nécessaire de sniffer l'empathie à la paille pour espérer rester connecté avec cette histoire de vengeance, au risque de perdre pieds et sombrer définitivement avec Robicheaux.

Un très beau roman, marquant, Robicheaux entrant définitivement dans la classe des héros que l'on croise en s'en souvenant.
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Dans la brume électrique avec les morts confédérés

À New Iberia, en Louisiane, les corps de jeunes femmes sont retrouvés atrocement mutilés. Dave Robicheaux, inspecteur du shérif, est en charge de l’enquête. Ancien alcoolique, homme d’honneur, il est tenaillé par des souvenirs vieux de 35 ans : en 1957, peu de temps après le grand ouragan, il a assisté dans les marais à l’assassinat d’un Noir qui ne fut jamais résolu et dont personne ne veut se charger des décennies plus tard. « À l’âge de dix-neuf ans, je ne voulais pas accepter l’éventualité que le meurtre d’un homme pût être traité, dans la société qui était la mienne, avec la même indifférence qu’un ongle cassé. » (p. 21) Instinctivement, Dave sent que ce crime raciste et les meurtres des jeunes filles sont liés.

À cela s’ajoute le tournage d’un film dans la région : le metteur en scène est très proche de Julie Balbonie, figure de la pègre locale. Et l’acteur principal du film, Elrod Sykes, est un alcoolique qui voit surgir des morts confédérés de la brume des marais. « La brume était aussi rose et épaisse qu’une barbe à papa et donnait l’impression de claquer de décharges électriques, pareille à un kaléidoscope de langues de serpents en train de s’agiter. » (p. 223) Mais voilà, Sykes n’est peut-être pas si fou puisque Dave Robicheaux lui-même converse de plus en plus souvent avec un Général de l’armée sudiste. Cela dit, il lui est bien difficile de faire admettre la véracité de ses visions. « Quel degré de raison était en droit d’attendre de la plupart des gens un homme qui s’en va déterrer des objets datant de la guerre de Sécession dans un marécage au milieu de la nuit, afin de prouver justement qu’il est sain d’esprit ? » (p. 241) La seule et unique preuve est tellement improbable que, finalement, le regard glisse dessus sans y attarder.

Les méthodes de Robicheaux sont parfois douteuses. Assisté de l’agent Rosie Gomez du FBI, il met les pieds dans une sombre histoire de prostitution, de règlements de compte entre Blancs et Noirs, de drogue, de mafia et de corruption. Le shérif ne le soutient pas. Dave le sait, il dérange un peu partout où il fourre son nez. Mais à mesure que l’affaire devient plus personnelle, elle devient plus sombre et Dave Robicheaux n’est pas homme à laisser les ténèbres s’installer. « Étions-nous à la recherche d’un tueur en série qui avait opéré sur tout le territoire de l’État, d’un psychopathe du cru, d’un maquereau ou peut-être même d’un torpédo de la pègre ? Des flics se trouvaient-ils impliqués ? » (p. 358) Les suspects sont nombreux, les fils de l’intrigue se multiplient et les affaires du passé peuvent expliquer les crimes du présent.

Dave Robicheaux est le narrateur et c’est sa voix qui déroule l’intrigue. Homme au passé houleux, il s’est racheté une conduite et incarne le parfait gentleman du Sud. Tatillon avec le langage de ses interlocuteurs, il goûte mal les grossièretés et les blagues de mauvais goût. Pour autant, il n’a pas la langue dans sa poche et sa répartie fait mouche, tout en restant d’une politesse exquise. Il manie également le patois créole avec habileté et sait se faire écouter des petites gens, particulièrement des Noirs qui se sentent moins que jamais intégrés dans la population du Sud.

Les relations entre Blancs et Noirs sont toujours entachées d’un passé indélébile. La guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage n’ont pas réglé tous les conflits. Si les Noirs se sentent exclus, les Blancs ne sont pas non plus totalement à l’aise : « les peurs raciales, et très certainement la culpabilité des Blancs à l’égard des injustices raciales, ont du bien du mal à mourir. » (p. 215)

J’ai commencé cette lecture par temps d’orage et de pluie – ce temps qui me convient tellement – et je suis entrée de plain pied dans l’atmosphère lourde et humide des marais de Louisiane. Un bref passage par la Nouvelle-Orléans m’a plus que jamais donné envie de découvrir cette ville : « Sans son atmosphère de païenne et décadente, ses spectacles de strip, ses racoleuses, ses bonimenteurs de music-hall, ses macs-taxis, et ses camés à la cervelle atteinte, la ville serait aussi attrayante aux yeux de la plupart de ses touristes qu’un parc d’attraction à thème agraire dans l’ouest du Nebraska. » (p. 143) La majorité de l’intrigue se déroule cependant loin de la grande ville, dans un coin perdu de l’État de Louisiane, là où l’on sent vibrer toute l’Histoire, de la Guerre de Sécession aux exactions du Ku Klux Klan, en passant par quelque sombre cérémonie vaudou.

James Lee Burke signe un polar haletant savamment teinté de surnaturel. Les discussions de Robicheaux avec le fantôme du général confédéré ne sont pas des éléments incongrus. Elles sont parfaitement sens dans la résolution de l’enquête et renvoie sans cesse l’homme à sa propre existence. Le temps s’abolit lors de ces étranges rencontres et certaines ruptures sont réconciliées. Je n’ose en dire plus de crainte de déflorer le roman. Les raisons de le lire ne manquent pas. Les amateurs de polars seront largement servis avec ce personnage de flic rugueux et sensible et cette intrigue très bien ficelée. Ceux qui aiment les ambiances ambiguës pourront également goûter la puissance de ce roman dont la quatrième de couverture dit qu’il a des accents faulknériens, ce dont je ne doute pas, même si je m’interroge sur la nature de tels accents…

Revoir le film de Bertrand Tavernier, Tommy Lee Jones dans le rôle de Dave Robicheaux, est un vrai plaisir après avoir découvert le texte original. Tavernier a fait le choix de transposer l’action après l’ouragan Katrina, soit une bonne dizaine d’années plus tard que l’intrigue originale. Mais il le fait avec intelligence et cohérence. L’interprétation est magistrale et la bande originale rend parfaitement hommage au texte de James Lee Burke. Le tout reste très fidèle au roman et prend une dimension dramatique supplémentaire. Bref, un moment cinéma particulièrement réussi qui fait suite à un très bon roman.





Un grand merci à Steppe de Babelio qui m'a offert ce livre.
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Les jaloux

James Lee BURKE, 86 ans et romancier prolifique, nous offre, selon lui, avec « Les Jaloux » un de ses meilleurs romans. NB : roman paru en 2016 aux USA et en 2023 en France.



James Lee BURKE est un monument de la littérature policière et sans doute de la littérature tout court. Son cadre privilégié est la Louisiane où il a installé son héros christique Dave Robichaux et son ami déjanté Clete Purcell.

Avec « Les jaloux » nous partons dans les années 50 à Houston- Texas en plein boom pétrolier. Les personnages principaux sont des adolescents : Aaron et Saber que l’on peut voir comme des préfigurations de Robichaux et Purcell, des personnages fragiles qui essaient de garder le contrôle mais dont les décisions et les actes les acculent au pire.



Les thématiques sont souvent les mêmes avec James Lee Burke, des thèmes très sombres : une société malade, souffrante, délirante, corrompue en proie à toutes les dérives, cloisonnée, ne sachant plus faire la part entre le bien et le mal ; une violence omniprésente qui unit et oppose à la fois.

Il nous dessine un panorama social cruel où vivent côte à côte les plus riches souvent en lien avec les familles mafieuses, les plus pauvres prêts à toutes les combines foireuses, les déclassés, les classes moyennes férues de principes et notamment de principes religieux et bibliques, les noirs survivant au milieu d’un racisme ordinaire quasi endémique (le suprématisme aryen s’affiche sans complexe).

Chacun agit, interagit. Il y est toujours question de puissance de pouvoir, d’argent, de vengeances, d’humiliations.



On le voit l’ambiance est lourde, étouffante. L’intrigue se déroule lentement, de façon complexe. Elle est servie par la belle écriture et le style inimitable de James Lee BURKE fait de dialogues allusifs remplis de sous-entendus et de références, de portraits qui disent magnifiquement l’ambiguïté de chaque personnage (contrairement aux apparences il n’y a aucun manichéisme) et surtout la beauté sensuelle et poétique de la nature. BURKE sait en restituer chaque perception, chaque sensation… Le lecteur voit, sent, ressent.



J’allais oublier une composante essentielle chez BURKE, l’amour, le grand, l’unique, le pur celui qui permettra de survivre, de construire et rachètera les fautes, les pêchés pourrait-il dire.



Une citation magnifique, page 277, « Tous les gens ont leur bizarrerie, c’est ce qui les rend humains »



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Black Cherry Blues

Dave Robicheaux, ancien lieutenant de la criminelle dégoûté par la violence, et toujours installé comme loueur de bateau en Louisiane dans les marais de la Nouvelle-Orléans. Il a renoncé à sa profession et depuis il a recueilli une petite fille et il a aussi perdu sa femme assassinée par deux truands. ( voir Prisonniers du ciel ,la deuxième enquête de Robicheaux)

Il vient ici à la rescousse d’un ancien pote, contraint d'enquêter sur les accidents dont est victime Dixie,un ex chanteur de rock, ancien ami d'enfance. Aussi Robichaud quitte sa Louisiane pour s’enterrer vivant dans le Montana dans la réserve indienne des « pieds-noirs » où la lutte entre des militants indiens et une compagnie de forage qui convoite leur territoire entraîne Dave Robicheaux dans une spirale de violence. Et voilà bien notre héros en mauvaise posture. Heureusement Il sera aidé par les voies de sa femme et de son père mort .

Un scénario solide, au personnage principal attachant, et d'une très belle écriture. Excellent roman qui a reçu Le Grand Prix de la littérature policière 1992 ainsi que le prix mystère de la critique 90 mais aussi il a été récompensé aux États-Unis par lettre car Awards 1990 qui couronne le meilleur roman policier de l'année.

Bref si vous n'avez pas encore lu ce roman et à lire de toute urgence et à ne surtout pas manquer.

Et si vous ne connaissez pas Dave Robicheaux sachez qu’il est le héros d'une vingtaine de romans, ( Black cherry blues est le troisième).

Hanté par la question du mal et de l'injustice, Dave Robicheaux est l'un des personnages les plus charismatiques du polar contemporain. Il a été incarné au cinéma par Alec Baldwin et surtout par Tommy Lee Jones dans l'inoubliable Dans la brume électrique.


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Créole belle

La Louisiane dans toute sa splendeur ! Avec Dave Robicheaux et son acolyte Clete Purcel on est servi. Au-delà de l'ambiance, parfaitement restituée, de la moiteur du bayou et de l'écume venue du golfe, on plonge dans une intrigue des plus glauques, à la recherche de Tee Jolie Melton (probablement Créole Belle) une chanteuse noire qui a disparu.



Navigant sans cesse en eaux troubles, nos deux enquêteurs vont tenter de se sortir d'un imbroglio composé d'intérêts financiers issus du pétrole, de traditions esclavagistes et racistes, de passé nazi, de tueurs à gages et autres prostituées et des membres de leur famille. Finalement, le chemin qui mène à la chanteuse disparue est semée de mille embûches, entourloupes diverses, bluffs, stratégies personnelles et mauvaises intentions.



On sue à grosses gouttes, et pas seulement à cause de la météo ! Plus le roman avance, plus les fils se croisent et se décroisent, et plus l'atmosphère est tendue, et moins on y voit clair. C'est captivant. L'apothéose est grandiose !



Roman noir s'il en est, Créole Belle demande quand même une certaine attention pour ne pas perdre le fil des 600 pages. Parfois les situations passent du cocasse à l'exagéré franchissant une frontière ténue qui peut dérouter, voire détourner, le lecteur. Mais ceux qui s'y laisseront prendre ne le regretteront pas car ils seront marqués par ce récit qui vient sans cesse chatouiller, voire énerver, notre sensibilité.
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James Lee Burke

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