Citations de Javier Cercas (532)
Et l'échec, il n'y a rien qui rende plus dingue...
"Il considérait que la littérature est une maîtresse possessive.
Soit il la servait avec un zèle et une dévotion absolus, soit elle l'abandonnait à son sort."
Le roman est une arme de destruction massive contre la vision totalitaire du monde
Comme tout bon menteur le sait, un mensonge ne réussit que s'il est pétri de vérités
La réalité tue, la fiction sauve.
Et, pour quelque raison inconnue, [Cosette] lisait davantage des auteurs que des livres ; quand elle aimait un écrivain, elle finissait tous ses livres, même si tous ne lui plaisaient pas, ou même si elle ne les comprenait pas (dans une rédaction, elle écrivit un jour qu’elle préférait les livres mauvais des auteurs qu’elle aimait aux bons livres des auteurs qu’elle n’aimait pas) : c’est ainsi qu’elle lut, avant ses dix-sept ans, tout Stephen King, tout Ursula K. Le Guin, tout Pere Calders, tout John Irving, tout Roald Dahl, tout Sergi Pàmies, tout Huraki Murakami.
Pasternak était poète, dit Olga. Tu aimes la poésie ?
— Pas tellement, reconnut Melchor qui avait lu peu de poésie. Les poètes, pour moi, ce sont des romanciers paresseux.
Olga eut l’air songeur.
— Peut-être, dit-elle. Mais pour moi, presque tous les romanciers sont des poètes qui écrivent trop.
Ici c'est une terre inhospitalière, très pauvre. Elle l'a toujours été. Une terre de passage où ne restent que les gens qui n'ont d'autre solutions que de rester, ceux qui n'ont aucun autre endroit où aller. Une terre de perdants.
les véritables héros sont tous morts, tombés au champ d, honneur, tombés
dans l, oubli surtout.
De toute façon, si tu regardes bien, en réalité ce n’est pas de la guerre dont parlent les gens. C’est de la bataille de l’Èbre. Ce sont deux choses différentes. La bataille a duré quatre mois, la guerre trois ans.
(page 253)
Dans le fond, le français et l’espagnol, c’est la même langue : du latin mal parlé.
... tomber amoureux, c'est se laisser vaincre à la fois par le délire et par une maladie que seul le temps est capable de guérir.
Les bons menteurs ne font pas seulement traffic de mensonges,mais aussi de vérités,et les grands mensonges se fabriquent avec de petites vérités...p.65
Depuis un certain temps la psychologie insiste sur le fait qu'on peut à peine vivre sans mentir,que l'homme est un animal qui ment:la vie en société exige cette dose de mensonge qu'on appelle éducation (et que seuls les hypocrites confondent avec l'hypocrisie )...p.39
L'histoire se répète. Marx a remarqué que les hauts faits et les grands personnages apparaissent deux fois dans l'histoire, la première fois dans une tragédie et la seconde dans une farce, comme si, lors des mutations profondes, les hommes, effrayés par leur responsabilité, convoquaient les esprits du passé, adoptaient leurs noms, leurs gestes et leurs devises pour représenter, usant de ce déguisement prestigieux et de ce faux langage, une nouvelle scène historique, comme s'il s'agissait d'une conjuration des morts. Concernant le 23 février, l'intuition de Marx se vérifie, même si elle semble incomplète. La légende est partiellement fausse : le général Pavía n'avait pas fait irruption dans le Congrès à cheval mais à pied ; sous ses ordres... (p.192)
L’inspecteur veut savoir qui est Damián Carrasco et Melchor lui répond que c’est un vieil ami dont il a perdu la trace.
- C’est ça, et moi je suis Mahatma Gandhi. Arrête des conneries, réplique Blai. Qu’est-ce que tu trames, raconte-moi un peu.
(page 183)
L’appareil atterrit ponctuellement à huit heures cinquante-cinq minutes à l’aéroport de Palma, qui ne ressemble pas à l’aéroport d’une petite île de la Méditerranée, mais à celui d’une métropole des États-Unis.
(page 83)
C'est ça : la haine empoisonne jusqu'à la moelle.
C'est une situation d'extrême nécessité qui fait s'opposer ceux qui n'ont rien à manger et ceux qui ont de quoi manger; ces derniers ont très peu , juste ce qu'il faut , mais ils ont quelque chose.Et en effet , ici , ça commence à prendre l'allure d'une tragédie , parce que ceux qui ont faim ont raison de haïr ceux qui peuvent manger et ceux qui peuvent manger ont raison d'avoir peur de ceux qui ont faim.Et c'est comme ça qu'ils arrivent tous à une conclusion terrifiante: c 'est soit eux , soit nous. Si eux gagnent , ils nous tuent ; si nous , on gagne ,on doit les tuer.Voilà la situation impossible à laquelle les responsables du pays ont conduit ces pauvres gens. ( p 200 )
Melchor prit au hasard quelques livres courts qui l'ennuyèrent au point qu’il ne les finit pas. Le jour où il les rendit à la bibliothèque, le Français était en train de cataloguer un livre très épais, en deux tomes, intitulé Les Misérables. Inévitablement, Melchor se souvint de l'admonestation récurrente de sa mère : "Si tu veux être aussi misérable que moi, ne travaille pas à l'école."
- Tu l'as lu ? demanda-t-il.
- Évidemment, répondit le Français. C'est un roman très connu.
- Et c’est bon ?
- Ça dépend.
- Ça dépend de quoi ?
- Ça dépend de toi, répondit le Français. L'écrivain fait la moitié d'un livre, l'autre moitié, c'est toi qui la fais.