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Critiques de Jean-Claude Kaufmann (115)
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C'est fatigant, la liberté...

Avec cet essai j'ai complètement redécouvert Jean-Claude Kaufmann. Je connaissais ses ouvrages de microsociologie qui scrutaient dans le détail nos intimités. Là au lieu de donner la parole à des anynonymes il la donne à différents auteurs, souvent des philosophes. Il s'appuie avant tout sur la théorie de l'économiste Albert Hirschman : Exit, Voice, and Loyalty. Plusieurs attitudes face à la vie. Il y a tout d'abord ceux qui sont loyaux, qui obéissent aux injonctions sociales. Dans la société traditionnelle, c'était la grande majorité des gens. Et puis avec la liberté et l'abondance, utopies devenues réalité, les choses ont changé, surtout à partir des années 60. On a pu s'exprimer davantage, dans la rue ou sur les réseaux sociaux.





Après une sorte de journal de confinement qui revient sur cette "drôle de vie" (première partie), puis un nécessaire préalable théorique (deuxième partie), c'est à la troisième attitude que s'intéresse le sociologue à moustache (troisième partie : le nouveau pays de cocagne). C'est cette partie qui m'a le plus intéressé, en particulier le sixième chapitre (Se retirer du monde). Enfin on en apprend plus sur cet "individu par défaut" épuisé par toutes ces décisions à prendre, ces efforts à faire, cette pression à subir… Gare à la surcharge ou au burn-out ! Heureusement, la plupart du temps il suffit de lever le pied, de prendre un peu de repos et de recul… avant de repartir dans la mêlée. Car l'auteur ne croit pas à un grand virage décroissantiste à 180°. Il ne pare cet être ralenti et ramolli ni de tous les vices ni de toutes les vertus, son propos est assez nuancé.





Moi qui aime prendre des notes, j'aurais aimé avoir une liste des différents types de fatigue. La typologie des divers décrochages que j'ai trouvé dans la presse aurait au moins pu être reprise (décrochage pathologique/intermédiaire/actif). Mais cela aurait nuit à la fluidité et au style de l'ouvrage. Celui-ci se lit rapidement et agréablement, enfin si vous avez quand même une certaine culture générale. En ce qui me concerne j'ai eu du mal parfois avec certains concepts repris et cités tels quels sans explications. Ainsi pour comprendre ce qu'est le "déplacement de l'expérience de la subjectivité" aurait-il sans doute fallu que je lise le livre d'Alain Ehrenberg, La fatigue d'être soi. Je n'en ai pas eu le courage. Fatigue quand tu nous tient...

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Pas envie ce soir

J.-C. Kaufmann livre une analyse détaillée des relations (hétéro)sexuelles, telles qu'elles ressortent de nombreux témoignages recueillis récemment. Dès le début, le sociologue annonce la couleur: malgré les avancées des idées féministes, il ne croit pas à la « fable » de l'égalité entre hommes et femmes dans l'intimité de la plupart des couples modernes. Ainsi il est amené à valider les stéréotypes bien connus. En particulier, selon J.-C. Kaufmann, l'homme a très généralement envie de rapports fréquents et complets. Par contre, la femme aurait une sexualité beaucoup compliquée et fluctuante, notamment dans la phase de routine où les couples durables finissent par s'installer. L'auteur souligne le déclin du désir chez la femme: celle-ci se résignerait trop souvent à des relations sexuelles de moins en moins souhaitées. Plus loin dans le livre, une analyse tente aussi de comparer les vécus très différents chez l'homme et la femme, en ce qui concerne leur sexualité.



Je pense que les personnes de sexe masculin ont une image subjective et très partielle du vécu féminin dans l'amour physique. Ce livre veut dissiper une ignorance et une vision trop optimiste des relations hétérosexuelles réelles. Il insiste sur la rémanence des conceptions rétrogrades dans les esprits et dans les pratiques sexuelles, à notre époque – en principe pour les dénoncer. Mais en pratique, l'ouvrage risque de valider une image trop négative de la plupart des femmes, qui sont présentées comme engluées dans des problèmes insolubles. Et j'aurais souhaité que l'auteur donne la parole à d'autres femmes beaucoup plus épanouies dans leur couple.
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Pas envie ce soir

Voilà, j’ai passé un été sans poster de critiques d’ouvrages. J’avais envie de lire, détachée de toute production postérieure, et de ne pas avoir à me questionner sur ce qu’il fallait retenir des lectures de l’été… Ça a été très agréable pour Tom la Patate et moi de ne pas « rédiger », mais le retour au bercail nous a fait réaliser que nous perdions nos « livres » lorsque nous ne les consignions pas.



Parmi les différents ouvrages de l’été, j’ai choisi d’ouvrir cette rentrée par un livre de sociologie bien sûr, car je suis encore fidèle à mon tout premier amour. L’auteur de cette étude n’est autre que le célèbre Jean-Claude Kaufmann, un sociologue relativement médiatique car il parle d’amour et de sexualité. C’est un spécialiste du quotidien et donc micro-sociologue, qui fouine dans la vie des ménages du lundi au dimanche, à la recherche d’une compréhension fine de l’amour au jour le jour. Tous ses ouvrages ne sont pas de niveau homogène mais j’avais été très marquée, à 20 ans, par son célèbre Casseroles, amour et crises qui révélait, entre autres, que les grandes décisions du couple se prenaient soit durant les repas, soit dans la cuisine.



Aujourd’hui, l’ouvrage dont je vais vous parler n’est pas un ouvrage des plus gais sur la vie de couple, bien que nous aimerions toutes et tous qu’il s’agisse de révélations heureuses. Pas envie ce soir, au titre sans équivoque, retrace les principales conclusions de recherches menées dans l’intimité des couples, notamment des « vieux couples », c’est-à-dire ceux qui ont dépassé la phase fusionnelle du début, qui sont passés de la phase « mouvement » à la phase « confort », pour reprendre les termes de Kaufmann.



Bien que j’aie terminé ce livre il y a presque 3 mois, je me souviens du début qui expliquait que le désir chez les femmes et chez les hommes ne connaît pas la même route. Chez les femmes, le cycle conjugal du désir est le plus fort au moment des actes engageants, fondateurs. Grosso modo, le début d’une histoire, la préparation et le vécu du mariage, l’envie de fonder une famille, d’acheter une maison etc., sont des évènements de vie qui suscitent le désir et l’excitation, y compris sexuels. Dans la construction, dans l’engagement, dans la fondation, quand tout est encore possible, la femme maintient un rythme libidinal. En revanche, celui-ci chute après, comme vous l’aurez compris (enfin, ce n’est pas le cas pour toutes les femmes mais cela relève malgré tout d’une écrasante majorité). Chez l’homme, les choses se pensent différemment. Le désir est plutôt linéaire, sauf fatigue, stress et anxiété évidemment, mais il n’est pas soumis aux mêmes écarts. Car la femme souffre de plusieurs choses, n’en déplaisent aux hommes : de routine, de charge mentale, d’agacements. Et le mélange de ces ingrédients, à plus ou moins long terme, lutte contre le désir. Voici ce qu’explique l’auteur :



Sur la routine :

« Hommes et femmes se positionnent très différemment vis-à-vis de cette question. Il ne s’agit nullement d’un héritage historique, mais d’une nouvelle complémentarité des rôles dans les couples contemporains. Les hommes acceptent volontiers cette logique de confort, de réconfort et de moindre effort, qui leur permet de récupérer du stress et de la fatigue supportés au-dehors et qu’ils tentent d’élargir à l’ensemble de la famille pour en faire une philosophie du bien-être immédiat … Ils se sentent bien dans le petit monde stabilisé que le couple a édifié. Les femmes ont été les stratèges et ouvrières à l’origine de ce vaste système domestique, exigeant et perfectionné, qui génère inéluctablement des routines. Cependant, dans leur esprit, cette réification routinière doit être combattue par une sorte de mouvement permanent … Il faut que ça bouge, que ça bouge sans cesse. Face à cette agitation perpétuelle qu’ils ont parfois du mal à suivre, les hommes ont besoin de reprendre leur souffle. … Le prince charmant du début, si tant est qu’il ait existé, n’est plus qu’un gentil crapaud. Gentil, mais crapaud quand même. Avachi dans le canapé, il ne fait plus rêver. Il agace aussi à force de ne pas se secouer, de ne pas faire un minimum pour réveiller modestement le rêve de sa partenaire ».



Sur la charge mentale :

Cette vérité commence à être connue des hommes mais demeure incomprise. Il faut comprendre que les femmes ont généralement été l’ouvrière n°1 du couple et de la famille. Elles régissent la vie sociale, le quotidien à la maison et bien souvent l’organisation de tout ce qui touche aux enfants. Cela ne veut pas dire que les hommes n’aident pas, fort heureusement. Cela veut juste dire que généralement ils font, mais n’ont pas la pensée de faire. La femme va dire « il y a ceci, il y a cela » et l’homme, souvent de lui-même, va aider. Mais il n’aura pas connu le poids initial, celui de penser à ce qu’il y a à faire.

« La charge mentale tient non seulement au partage inégalitaire des tâches, mais aussi au nouveau jeu de rôles qui s’est établi dans le couple. Les femmes étant les stratèges et les organisatrices de l’univers domestique et familial, elles supportent une surcharge cognitive évidente. Il est question tout simplement d’une tête trop remplie pour pouvoir rendre le corps disponible ».



Sur les agacements :

« Dans le couple, l’agacement est massivement féminin, parce que les femmes sont en pointe dans tous les domaines et fixent de très grandes exigences (sauf en matière de sexualité). Les hommes ne peuvent donc presque jamais être à la hauteur, que cela concerne la tenue de la maison, la dynamique relationnelle ou l’éducation des enfants. Ce déficit chronique a le don d’énerver les femmes ».



En résumé, voici ce qui sépare les hommes des femmes dans leur rapport au désir. Les hommes ont une approche bien plus « simple » finalement, et l’on peut comprendre leur déception face à des femmes compliquées. Mais la question n’est pas de changer les uns ou les autres (même s’il faut clairement réinventer les rôles), mais de voir ce qui peut advenir avec une telle distribution des cartes.



Face à ce constat un peu décourageant, les recherches de Jean-Claude Kaufmann présentent des résultats encore plus déprimants.



Dans la meilleure des options, après des années de vie commune, la femme accepte de faire l’amour de temps en temps, avec un consentement oscillant entre « j’ai un peu envie » et « je n’ai pas vraiment envie mais je peux bien lui donner ça, la vie de couple est faite de compromis ». Ce n’est pas la panacée, me direz-vous, mais c’est somme toute relativement rare et mérite d’être applaudi. Avoir du désir quand on vit depuis 10 ans, 15 ans, 20 ans ou 30 ans avec la même personne relève d’un idéal quasi-inatteignable. D’ailleurs, cela se saurait, nous n’aurions certainement pas le même taux de séparation.

« J’ai vraiment pas envie de me forcer au début, je suis ailleurs, j’ai pas envie de ça. Il insiste quand même tranquillement et je me laisse entraîner. Après, comme on dit, l’appétit vient en mangeant – pas toujours pour moi, ce n’est pas vraiment des orgasmes, pas souvent. Mais finalement, je ne suis pas mécontente quand même, parce que cela m’a vidé la tête et je m’endors bien ».





Dans une autre version, le désir s’est absenté mais la tendresse demeure présente. La femme refuse de se forcer et l’homme accepte, bon gré mal gré.

« Ce si gentil mari ne les fait plus vibrer. Elles en sont désolées, mais elles n’ont plus de désir sexuel pour cet être aimé. Aimé, oui : elles le soulignent. Elles l’aiment vraiment. D’un autre amour, toutefois, fait d’un attachement chaleureux sur la longue durée. Pas le choc de la rencontre qui remue tout à l’intérieur. Avec le gentil mari, elles ne sont pas contre les caresses. Ou plutôt, elles ne seraient pas contre si ces caresses n’étaient pas presque systématiquement le prélude à des relations sexuelles, même s’il n’y avait pas pensé au début. Pourquoi le désir s’est-il enfui ? s’interrogent-elles avec angoisse ».





Nettement moins sympa, la troisième option relève de la femme qui ne supporte plus ni le peau-à-peau, ni l’odeur de son partenaire. A ce stade, le couple se dirige soit vers une chambre à part, soit vers un viol domestique, soit vers une séparation.



Il faut noter, et c’est un point très important, que le viol domestique concerne beaucoup, beaucoup, de couples. Et ceci à cause de la « zone grise ». La zone grise, c’est la zone où le consentement n’est pas clair, parce que la femme « épouse » n’est pas claire, rongée entre son sens du devoir de se soumettre au devoir conjugal (et oui, ça persiste !) et la défense de ses souhaits et intérêts personnels. Du coup, le « non, je ne veux pas » n’est généralement pas affirmé. Les femmes font semblant de dormir, disent « non » en rigolant, restent inertes et passives au possible pour faire comprendre… Les hommes ne pensent pas forcément mal faire (sauf violence évidemment). Personne ne leur a dit « non je ne veux pas et tu n’as pas le droit », alors ils caressent leur femme qui dort, ils forcent un peu, ils plaisantent… Et généralement, la femme en ressort plus dégoûtée qu’avant, mais avec le triste sentiment du devoir accompli et le soulagement d’avoir devant elle quelques jours tranquilles.



TRISTE CONSTAT DE RECHERCHE.



Qui donne quand même un peu envie de sauter par la fenêtre quand on pense que nous sommes en 2020.

Mais voici la réalité du paysage sexuel chez les couples hétéros, et c’est bien de la connaître.



Pourquoi les gens restent-ils ensemble si la question charnelle suscite tant de frustrations et de soucis ?

« Bien sûr, un désir partagé qui crée l’étincelle et fait sortir de soi permet de renouer avec l’élan fondateur et se pare des atours du rituel de confirmation. Le symbole est fort. C’est une inestimable cerise sur le gâteau. Un gâteau qui toutefois n’a pas besoin de cerise pour être savoureux. Les couples imaginent leurs rituels et leurs systèmes d’échange de manières extraordinairement diverses. Et la sexualité occupe dans ces systèmes une place très variable, de centrale à marginale. La centralité du sexe n’est ni une obligation ni une garantie de bonheur. C’est même peut-être l’inverse qu’il faudrait avoir en ligne de mire : partir d’attentes modestes pour pouvoir se réjouir des petites avancées ».



Alors que faire ? que penser ?

Le couple doit trouver ses propres arrangements, dit l’auteur. Trahir, s’ouvrir, parler, discuter, négocier, et choisir.

« La parole doit se libérer avec force, même si ce n’est pas facile … Car le refoulement, le silence, le sacrifice finissent par créer l’habitude du refoulement, du silence, du sacrifice et par rendre toujours plus compliquée l’expression d’un non-consentement. Le couple s’installe dans une routine qui masque l’insatisfaction des deux partenaires. Situation dangereuse en ce qu’elle peut engendrer une dégradation encore plus poussée de la relation … Ce travail des couples sur eux-mêmes restera difficile tant que les fables modernes de la sexualité ne seront pas déconstruites. Telle est la première urgence : dire la vérité sur ce qui se passe dans de nombreux couples. Ce simple fait pourrait déculpabiliser beaucoup de femmes. Cela permettrait aussi à beaucoup d’hommes de comprendre que ce ne sont pas eux en tant que personnes qui sont rejetées. Le chantier qui s’ouvre devant nous est gigantesque, mais enthousiasmant. Nous devons respecter l’autre dans le couple, entendre sa diversité. Et, malgré les divergences, les blocages, les non-dits, tenter avec bonheur et insouciance de faire (un peu) mieux l’amour ».



Voilà, je vous avais dit que cela vous ferait plaisir, une petite rentrée sociologique !



Jo la frite



PS : Sur des sujets similaires, lire Au-delà de la pénétration de Martin Page et King Kong Théorie, de Virginie Despentes


Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Pas envie ce soir

Un livre très intéressant, qui peut aider beaucoup de couples, Les aider à une réflexion sur leur vie sexuelle. Il peut être à la base de discussions au sein du couple, surtout pour les difficultés qui pourraient survenir dans leur vie sexuelle dans la durée.

Un livre à mettre dans la corbeille des jeunes mariés ?
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C'est arrivé comme ça

Premier roman d'un théoricien (reconnu) en sociologie - du couple notamment-. On pouvait craindre un style pesant.

J'y ai trouvé une aventure facile à lire, par un style alerte, par la place des dialogues, souvent vifs, parfois crus, et surtout l'écriture miroir qui double sans lourdeur le regards sur les situations.

Cette écriture miroir permet également de "rentrer" dans un niveau de compréhension, de description des attitudes, des réactions de cette relation improbable, que des descriptions ou seuls dialogues n’auraient pas permis.

Inoubliable? Non. Mais une histoire de vie que je retiendrai.



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L'entretien compréhensif

J'ai pour habitude de critiquer les ouvrages de la collection 128, mais là, je dois reconnaître que Jean-Claude Kaufmann a fait du très bon travail !

Le sociologue réussit à dépasser les méthodes et concepts méthodologiques depuis longtemps dépassés ou vieillots. Cela fait un bien fou de lire un sociologue qui n'a pas son esprit enserré et qui est ouvert d'esprit car beaucoup sont encore réticents à la méthode internet par exemple, ou de prendre ses distances avec la fameuse neutralité du sociologue. Hé oui, le sociologue n'a pas toujours besoin d'être neutre ; comme l'explique parfaitement Kaufmann, il faut adapter sa méthode et ses outils à son objet de recherche.



Je conseille cet ouvrage à tous les étudiants en sciences humaines et sociales ! (Il se lit très rapidement car il est vraiment passionnant.)
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Piégée dans son couple

Piégée dans son couple regroupe des témoignages de femmes (et de quelques hommes) qui se sentent enfermés dans leur relation amoureuse et ne savent pas comment y mettre fin ou ne s'en sentent pas capable tout simplement. Pour des raisons financières, par peur de la solitude, pour préserver les enfants, ... Les raisons sont multiples puisque chaque couple est différent et a des rancoeurs différentes.



J'ai lu cet ouvrage avec un certain détachement puisque je ne me sens pas concernée par le sujet, tout allant pour le mieux dans mon couple. Cependant, il m'a parlé quand même puisque des couples qui restent ensemble alors qu'il n'y a plus d'amour entre eux, j'en ai autour de moi.

Je ne citerais pas de noms mais il y a ce couple qui ne se sépare pas car lui a choisi le chantage : si tu me quittes, je ferais tout pour avoir la garde des enfants et je te pourrirais la vie...

Cet autre couple qui ne s'aime plus, qui l'a annoncé à tout le monde mais qui continue de vivre sous le même toit pour le bien des enfants, enfants qui ne sont pas au courant que leurs parents ne sont plus que colocataires...

Il y a cette jeune femme qui reste avec cet homme qu'elle n'aime plus, et qu'elle craint même, par peur de la solitude...

Je suis sûre que vous en connaissez vous aussi des couples qui se sentent piégés ensemble mais qui n'arrive pas à vivre séparément, qui ne sautent pas le pas malgré leur très fort désir de le faire... Ils attendent LE déclic. Et même lorsque celui-ci arrive, ils continuent de douter, reportent.

Je ne sais pas quel serait mon comportement si Chéri et moi devions nous séparer. Mais je pense que je m'accrocherais très fort et que j'aurai du mal à tourner la page moi aussi. On n'efface pas autant d'années d'amour en un simple battement d'aile.



Dans cet ouvrage, Jean-Claude Kaufmann lève le voile sur le mécanisme qui conduit au harcèlement intime et à l'enfermement. Il nous fait nous interroger sur le couple, sur l'amour, sur les relations hommes/femmes, sur l'évolution du rôle des hommes et des femmes dans la société d'aujourd'hui.
Lien : http://nunuchenomore.blogspo..
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C'est arrivé comme ça

Parlons tout d’abord de cette couverture. Une carte, deux visages, le coeur. Une couv’ minimaliste et qui pourtant donne envie d’en savoir plus. On se doute qu’on va entrer dans un jeu amoureux. Le résumé promet tout autant de bonnes choses: ce roman est original parce qu’on va pouvoir le lire de deux manières.



Pour ma part, j’ai choisi de suivre l’histoire de Charlène et Sami en sautant d’un personnage à l’autre, pour bien suivre l’histoire. Je ne sais pas après avoir refermé ce livre si j’ai bien fait d’agir ainsi. J’ai mis plusieurs jours à le lire, avec un mal fou à apprécier ce que je lisais. Pourtant , dans le fond ce roman c’est tout ce que j’aime d’ordinaire. L’auteur est un sociologue réputé, et cela se remarque tout au long du roman. Jean-Claude Kaufman maitrise son sujet. Il mêle et entremêle avec brio un certain nombre de thèmes de notre société actuelle: Internet, le célibat et les manières de le briser, la libre pensée des années 2000, le changement des codes entre hommes et femmes. Et pourtant, bien des fois j’ai décroché, j’ai eu un mal fou à avancer et j’avais l’impression de piétiner à force d’aller et venir du début à la fin. J’ai eu l’impression que l’auteur en ayant cherché à adopter un ton résolument moderne s’en sortait très mal, comme s’il cherchait avec sa mentalité parisienne à s’insérer dans la province.



Finalement, est-ce vraiment la « faute » de l’auteur?



Le roman se découpe avec l’intervention de deux personnages, et même si j’ai souvent été choquée par Charlène et sa façon de parler bien que j’aime beaucoup ce ton dans la littérature moderne contemporaine c’est au final cette voix-là que j’ai préféré. Alors qu’au début je préférais le style fleur bleue et doux de Sami. Tout comme la carte de la couverture, mon avis et mon ressenti a été retourné.



C’est arrivé comme ça c’est donc la rencontre par le biais d’internet de Charlène, une trentenaire fêtarde, qui multiplie les conquêtes, vivant toujours en banlieue chez sa mère et avec des complexes énormes et de Sami, un trentenaire assez solitaire, beau gosse, sportif et romantique. Charlène et Sami sont loin des clichés. Charlène est ce qu’on attend d’un homme tant dans sa façon de parler que dans sa personalité: et à l’inverser Sami est l’image qu’on a d’une femme. Jean-Claude Kaufman brise tous les codes avec ces deux personnages.



Charlène est le personnage dans lequel je me suis reconnue. Dix ans en arrière, j’étais Charlène. Sami m’a rapidement agacé et j’ai maintes fois eu envie de le secouer tellement je l’ai trouvé mou, naif et inintéressant. Force est également de constater que tout oppose ces deux personnages. Et pourtant ils finiront par se « trouver » bien que la fin soit d’une brutalité extrême et que je me suis demandée à quoi jouait l’auteur. Il laisse en suspens l’intrigue au moment même où le lecteur se sent intéressé.



Donc bien que ma lecture eut été gâchée par le style de l’auteur qui s’est voulu raisonnablement différent d’un personnage à l’autre et que j’ai trouvé que ça ne fonctionnait pas, je recommande tout de même ce livre pour ce qu’il est: une formidable analyse des nouveaux codes concernant les relations hommes/femmes en 2012. Et puis, il n’y a qu’en lisant un livre que l’on peut s’en faire une idée plus précise. Je le relirais sans doute plus tard, en cette fois choisissant la seconde lecture possible.
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C'est arrivé comme ça

Ce qui m’a séduite au premier coup d’oeil, c’est cette magnifique couverture rouge toutes douce avec vernis sélectif sur les coeurs et les visages. J’ai vraiment eu un coup de coeur pour l’objet en lui même! La quatrième de couverture laissait présager une histoire d’amour originale et il ne m’en fallait pas plus pour succomber à ma curiosité et me plonger dans cette lecture. Je ne connaissais pas cet auteur mais c’est une agréable surprise et je suis ravie de cette découverte!



L’intrigue du livre repose entièrement sur la rencontre, la relation et l’évolution entre Charlène et Sami. Les thèmes principaux sont les rencontres par le biais d’internet et l’amour évidemment. L’originalité de l’histoire, je l’ai trouvé dans les personnages totalement différents l’un de l’autre mais aussi dans la façon dont l’auteur à écrit ce roman.



Dans ce roman nous faisons la connaissance de Charlène, une jeune femme extravertie, dont la vie amoureuse se résume à la collection de ses conquêtes sur Internet pour une nuit. On pourrait la trouver vulgaire ou encore un peu garce mais non, j’ai aimé ce personnage par la joie et la soif de vivre qu’elle avait, par ses rêves qu’elle nous révèle et aussi par ses complexes, son langage, sa façon d’être. On est loin de la femme romantique au coeur d’artichaut qui vit une histoire pleine de guimauve, ici tout parait tellement réaliste et crédible, la vraie vie en somme! Je pense qu’il est facile de s’identifier à elle ou encore de reconnaître une amie sous certains de ses traits. Le second personnage principal, Sami, sort lui aussi de l’ordinaire! Un homme beau, très beau même, avec beau visage, muscles et tout et tout mais là aussi, on est loin du macho ou du prétentieux! C’est quelqu’un d’absolument adorable pour lequel on se prend très vite d’affection. Il est calme, timide, réservé, et croyez le ou non, il n’a pas l’expérience avec les femmes que l’on pourrait lui croire. Grand romantique enfermé dans sa solitude depuis pas mal de temps pour l’un et grande fêtarde qui a peur de se poser mais qui rêve au prince charmant pour l’autre, ces deux là vont voir toute leur vie, leur quotidien basculer lors de leur rencontre qui se déroule d’une façon qu’ils étaient loin d’avoir imaginé!



La narration est alterné puisque c’est d’abord Charlène et ensuite Sami qui nous raconte l’histoire. Le vocabulaire est courant et parfois grossier surtout dans les partie ou Charlène parle mais sans être désagréable ou trop vulgaire. La plume de l’auteur est vraiment très fluide et très agréable à tel point, qu’on pourrait le lire d’une seule traite. L’histoire est très intéressante avec ces deux personnages qui sont totalement voir extrêmement différent et qui pourtant vont se rencontrer et bouleverser leur vie et leur quotidien. Je pensais d’abord que l’auteur avait alterner la narration par chapitre mais non, la première partie est consacré à Charlène et la seconde à Sami. Les deux personnages nous racontent la même histoire mais de leur point de vue, avec leurs mots et leurs sentiments. J’avais un peu peur de trouver l’histoire ennuyeuse et répétitive mais pas du tout! J’ai adoré voir ce que chacun pensait, ressentait et comment ils vivaient chacun à leur façon leur rencontre. Tout au long de la lecture on se rend compte qu’ils sont totalement opposé et pourtant fait l’un pour l’autre pour ce que chacun apporte à l’autre. J’ai passé un excellent moment et à la fin du livre, je n’avais qu’une envie, demander une suite à l’auteur parce que j’ai envie de connaître la suite, de savoir comment vont évoluer Charlène et Sami à l’avenir, etc…



Pour conclure, C’est un roman coup de coeur que j’ai absolument adoré et qui sort des sentiers battus non seulement pas son histoire mais aussi par sa structure narrative. Je vous le recommande vivement!!
Lien : http://momentprecieux.fr/Des..
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Premier matin : Comment naît une histoire d'a..

Comme à son habitude, l’air de rien, Jean-Claude Kaufmann a fait un remarquable travail sociologique. Au lieu de nous assommer avec des chiffres et des statistiques et d’en tirer des conclusions, il nous présente des situations, des exemples, qui pourraient être anecdotiques, mais qu’il a choisi justement parce qu’ils sont au contraire significatifs, représentatifs. A nous d’en tirer des conclusions. Cette façon de procéder rend son travail accessible et d’une lecture aisée pour tout un chacun.

Cet ouvrage part donc du principe suivant : « Le plus souvent un couple se forme non pas parce qu’il l’a décidé mais parce qu’il ne rompt pas. La seule vraie décision est la rupture. Pour former un couple, il suffit que ne cesse jamais le mouvement qui entraîne, mouvement de reproduction des habitudes. Il suffit de se revoir le soir après le premier matin, et la vie aura acquis un arrière-goût de déjà-vu rassurant. » Et tout au fil de ce court ouvrage l’auteur par à la recherche des ingrédients qui font ou défont le couple en formation : le réveil, la toilette, le petit déjeuner, la première découverte des habitudes de l’autre, … Jean-Claude Kaufmann apporte une fois de plus dans un livre prenant un regard neuf sur un sujet à la fois banal et original.
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La femme seule et le Prince charmant

Ce livre est écrit par Jean-Claude Kaufmann, un sociologue qui tente de chercher le prétexte plutôt que l'analyse qui pourtant constitue l'essentiel de ce livre.



La femme entre vingt et cinquante ans : développer l'idée que la vie seule est une vie en deux. Pourquoi ?



La femme se trouve régulièrement entre deux pôles : le négatif et le positif. La joie, la peine. Le rire, les larmes. De là, démontrer que cela ne concerne que la femme seule ? Il se pourrait qu'il se trouve une femme seule en chacune de nous ?





La femme seule raconte à la société qu'elle est libre, elle n'a besoin de personne pour vivre. Le prince charmant ? C'est quand elle le désire !



Le prince est un homme amoureux d'elle, elle a forcément autorisé son amour. Le Prince, c'est celui dont elle rêve. Intouchable, irrésistible, rêvé : il est de l'ordre du conte de fées. Le veut-elle vraiment ? Tout ceci, vous l'aurez compris tient à la majuscule.





En fait, le Prince provoque le pôle négatif : Où est-il ?



Elle vit en harmonie avec elle-même et le Prince débarque dans ses rêves, à cause de qui ?



La société !





Selon l'histoire, le mariage est une base sociale puis la découverte du célibat permet l'isolement qui déclenche la créativité. Une façon de se connaître, de se reconnaître.



Le célibat est une individualisation qui permet de se chercher soi-même.





L'individualisation remonte au XVIIIème siècle :



la déclaration des droits de l'homme, la mise en place des fondements de la science moderne, les penseurs : de Socrate à Montaigne qui développent le souci de soi.



La personnalité : soi-même.





Au XIXème siècle, pourtant la femme est devenue une mère : la vertu du foyer.



Pourtant la révolution avait voté le divorce. La femme reprendrait sa liberté ?



Minute ! La restauration permet l'annulation de cette loi. On tente de garder la base du foyer : la femme et la mère.





Le mouvement d'émancipation individuelle développe l'idée du célibat. Pourquoi se marier ? Autant rester célibataire si l'on doit rester enchainé au lien du mariage : ça vous dit quelque chose ?



On y reviendra plus tard..





Avant cet épisode, la famille était le centre de la société. Qui sont alors les célibataires ?



Les cadets, les militaires, les journaliers miséreux, les servantes, les religieuses ou les prostituées.





Le célibat éclate donc à la fin du siècle :



on se veut autonome, libre, des rêves plein la tête. On reprend donc la suite d'un mouvement commencé un siècle auparavant :



des villes : on part à la campagne.



Être seule : c'est être contre culture (on motive sa propre révolution).



La femme est de plus en plus diplômée, elle entame sa vie professionnelle : le mariage c'est pour plus tard. Vivre seule ou avec les copines, c'est la même chose : on s'amuse, on rit, pas de restriction, pas d'obligation.





Et la société dans tout ça ? Elle voit d'un mauvais œil cette liberté ! Il faut dire que plus libre signifie plus légère. La femme célibataire change alors son aspect :



chignon et dentelle jusqu'au cou afin de paraître avec plus de caractères. Mais la femme moderne, celle de la ville : se maquille, s'habille comme elle aime (plus élégante, plus parfumée) c'est la femme autonome.





On a donc deux paysages : la femme seule est introvertie ou libérée. Après tout, la société y trouvera le plaisir de mesurer la différence et le caractère de chacune. Une forme d'indépendance ? Pas si certaine ! C'est encore la société qui décide.





Qui est la femme de 14-18 ?



Elle fait peur à l'homme ! Oui, disons surtout en haut de l'échelle sociale.



Elle vit seule.



Elle fait tout.



Et si l'homme reprenait sa place ? On fait comment ?



On inverse les rôles : une médaille pour la mère de famille nombreuse. La femme devient donc l'héroïne, fatiguée par les années de guerre : pourquoi pas !





La société fait quoi ? Elle développe la vie à la maison avec y compris le confort : réfrigérateur, machine à laver.. Ce que l'homme n'avait pas prévu : la femme tellement bien dans cette nouvelle vie s'accorde le fait d'être elle-même. Conclusion : la femme se libère !





Prise entre le désir de soi et le reflet d'une société : où trouver sa place, son rôle dans un monde qui régurgite un droit d'un autre siècle ou replace son envie à l'endroit efficace et consommateur (la maison) ?





La femme du XXème siècle se retrouve donc en zone de combat avec elle-même :



la bataille des sentiments.



Vivre seule ou se marier, tel est le terrain glissant où se joue son honneur.



L'arbitre ? La société.



J'en conclus que l'époque provoque l'individualisation et l'individualisation créée le changement d'époque. Un roulement de vingt ans :



20 ans : célibataire ; 40 ans : mariée ; 60 ans : seule (veuvage ou divorce)



Vous me direz : Quelle différence avec l'homme ? C'est peut-être parce que pour lui tout est clair. Il se marie lorsqu'il est devenu un homme puis à la quarantaine un retour sur le célibat (pas toujours mais il repense à sa jeunesse, nostalgique peut-être de sa liberté) puis il termine sa vie à deux en attendant que..





Pourquoi la femme seule ressent alors le doigt accusateur dirigé sur elle parce qu'elle ne rentre pas dans les cases ? La société ! (oui, je me répète mais c'est qu'elle dirige beaucoup )





Pourquoi se met-elle alors à la recherche du Prince charmant ?



Le sauveur !



Le réconfort !



Les deux opposés enveloppent le Prince charmant, il se doit être le vainqueur de la terrible bataille avec la société, brave et conquérant : C'est le gladiateur de l'amour.



Il se doit être l'enveloppe qui réconforte, un réconfort doux et sage : le doudou.



Oui, je sais les hommes qui liront ces phrases pourront clamer haut et fort qu'on leur en demande trop : le pôle positif et son contraire mais maintenant il sait que la femme vit dans deux mondes !





Si le Prince ne se pointe pas à l'horizon, elle se perd dans ses envies : le conte est une mascarade, le rêve vire au cauchemar : le monde réel s'impose dans l'idéal.



Alors, elle devient l'investigatrice de sa vie en deux :



avec l'âge, les possibilités réduites, l'habitude qui s'installe et les exigences qui sont montés de dix crans. La femme seule s'affirme et se déclare grande gagnante de la plus belle mascarade de sa vie : avoir cru au conte raconté lorsqu'elle était enfant et écrit il y a des siècles ainsi faire rêver ou même endormir la belle jeune fille qui fait le ménage et se marie avec par la suite de beaux enfants. L'histoire au fil des contes sera toujours : Le mariage ? C'est un homme qui vient la chercher même s'il doit la réveiller ou la sortir de chez elle. Elle qui riait avec sept petits hommes qui ne pensaient qu'à son bien-être pour finir mariée avec des enfants sans vraiment savoir comment elle a vécu sa vie.





Bref, la femme mène un combat en deux : la société et elle-même.



Mariée ou célibataire ? L'on peut penser aujourd'hui qu'elle fait son choix. La société patriarcale a trouvé son nom. Et la femme a trouvé son chemin : seule ou mariée ?



La femme dispose d'un peu plus d'alternative au mariage comme au célibat. Le statut devient de plus en plus un choix.



Et pourtant, à vivre toute sa vie en deux : que reste-t-il de la vie à deux ?





L'autre n'est pas forcément du sexe opposé, le patriarcat n'est visible que dans ses lois et dans la visibilité qu'il accorde à un monde libéraliste et capitaliste.



Alors la prochaine époque sera-t-elle le doigt sauveur de la femme qui la montera sur la première marche de la reconnaissance mais au prix de quelle politique ?





La femme sera libre et l'homme aussi lorsqu'ils se verront comme une complémentarité, non en concurrence. Mais la concurrence est une histoire de prix et de reconnaissance ! Mais c'est surtout le petit bureau qui commande les ficelles du haut de son parloir : la société.



La femme doit se faire sa propre révolution accompagnée par l'homme et nullement influencée par aucun parti politique car la femme n' en est plus à dicter ses lois mais à proclamer ses droits.
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Burkini : Autopsie d'un fait divers

Je lis Jean-Claude Kaufmann car j'apprécie sa démarche de sociologue de la vie quotidienne, et je partage ses intérêts pour l'analyse des apparences, des rapports de genre, de l'identité. Dans cette « autopsie » de « l'affaire » du burkini éclatée en août 2016 en France, sont convoqués surtout l'excellente recherche de 1995 sur la sociologie des seins nus à la plage et le pamphlet de vulgarisation sur la menace identitaire de 2014. De la première, je garde un souvenir très vif, celui d'un ouvrage marquant ; du second, l'impression vague que, tout en ayant acquis certaines informations, je n'avais pas été convaincu par les conclusions que l'auteur en tirait, sans savoir pour autant contester l'argumentaire démonstratif, peut-être parce que celui-là me semblait trop rapide. Je crois que de ce dernier essai il me restera une impression qui se situe à mi-chemin entre ces deux travaux. Il faut dire qu'ici l'argumentation est « contradictoire » (de l'aveu même de l'auteur), et qu'elle ouvre sur des thèmes très complexes et variés, dont la démocratie, le féminisme, la laïcité (souvent indiquée par raccourci peu explicité comme « la République » - où la majuscule ne lui confère pas son sens juridique propre, mais celui, médiatique, qui pourrait être soumis à toujours plus de critique...)

La contradiction se pose en ces termes (dans la structure du livre) : la première partie démontre que « l'affaire » a été un montage médiatique totalement manipulé (par Nicolas Sarkozy, s'apprêtant à candidater pour la seconde fois au mandat présidentiel), que les interdits municipaux étaient juridiquement totalement infondés, et politiquement dangereux, aptes uniquement à « libérer la parole raciste », selon le commentaire de Najat Vallaud-Belkacem. De plus, l'analyse de le recherche sur les seins nus révèle sa première utilisation pertinente : la plage n'est pas l'école : c'est un espace suprême d'expérimentation de la liberté et d'auto-normation [en sociologie la « norme » se situe quelque part entre la statistique et le droit !]. Vouloir « normer » la plage par le pouvoir, c'est sacrifier la démocratie au nom de la République.

Deuxième partie (intitulée : « La laïcité sur la défensive »). Des circonstances de la confusion que les politiques de droite et de gauche ont fait subir à ce principe sacro-saint, et de sa dénaturation par rapport à celui de 1905. Mais la laïcité est-elle devenue un « rêve perdu » ? Est-elle contrainte de se décliner en « laïcité dure », en réaction au processus identitaire de la « seconde modernité », à cette « construction identitaire épuisante » et menaçante du vivre en commun, opposée à la « laïcité ouverte », généreuse mais naïve ? Ce processus identitaire est-il réellement un exercice de la liberté comme ultime « fuite de la liberté », [qu'il est regrettable qu'à aucun moment Erich Fromm ne soit cité !] exemplifié par les femmes qui décident de se voiler ? Et, par conséquent, est-il vraiment nécessaire d'opposer le principe de la laïcité républicaine à celui de la liberté démocratique ? La démocratie n'est-elle pas le système qui a auto-produit son antithèse (ou antidote ?) : la protection des minorités ? La loi de 1905 n'eut-elle pas à affronter des ennemis redoutables, et maints « retours au religieux » ? – par comble d'ironie, le symbole continue d'être vestimentaire : la soutane hier, les voiles et autres burkinis aujourd'hui – ? Pourquoi les intolérants (les tenants de « croyances à fonction identitaires ») poseraient davantage problème à la démocratie aujourd'hui qu'à bien d'autres époques même récentes ? [On aura compris bien sûr que cette formulation sub specie de questions représente mes propres objections aux contenus de ce ch., qui est au demeurant celui sur lequel j'ai pris le plus grand nombre de notes...]

Troisième ch. : « Le voile et le burkini ». De la manière dont les sciences sociales honnêtes déconstruisent le discours idéologique qui, lui, n'est fondé que sur l'islamophobie plus ou moins décomplexée. Typologie des voiles, burkini comme effectif moyen d'émancipation féminine, sa conception et succès commercial en Australie, sa radicalisation par l'action conjointe des fondamentalistes islamistes et des tenants de la droite dure anti-musulmane.

Quatrième ch. : « L'avenir des femmes ». Là commence l'argumentaire d'apparence inversée : sous la forme de la trajectoire qui mène certaines femmes musulmanes à porter le voile (choix qui est présenté comme irréversible [et en quelle honneur?!] et prosélyte), et fort heureusement en intégrant un petit peu des paroles des intéressées, un petit peu, pas autant que les femmes au seins nus jadis, la thèse est que ce choix entraîne une restriction progressive de la liberté, qu'elle développe une emprise non seulement sur l'individu mais sur le collectif, par voie d'imitation et de « normation », à l'instar des seins nus. En parallèle, est indiquée et dénoncée une bifurcation du féminisme, d'après Elisabeth Badinter, entre féminisme universaliste et différentialiste, et celui-ci, dans sa version identitaire, serait absolument et uniquement celui qu'empruntent le féminisme islamique, les « anticoloniaux » qui, à l'instar de Christine Delphy, défendent que : « Les mécanismes du système patriarcal et du système raciste sont similaires » (p. 174), les signataires du manifeste : « Pour la défense de la liberté d'expression, contre le soutien à Charlie Hebdo ! », et autres « ennemis irréductibles de la République » [!!!].



À y bien réfléchir, à l'instar du pamphlet de 2014 où le sous-titre de Identités était « Une bombe à retardement », je me rends compte que c'est le pessimisme de Kaufmann que je refuse. Refus du pessimisme sur la laïcité de 1905, refus du pessimisme qui consiste à opposer la démocratie à la République, l'identité identitaire à la superposition des différents niveaux (plus ou moins pacifiques selon la réception d'autrui...) d'identités collectives, les luttes, espaces, moyens d'émancipation de naguère avec ceux d'aujourd'hui. Je pense à la plage des années 65-75, mais aussi à celle des années 25-45, et aussi, pour les femmes musulmanes européennes, à celle des années depuis 2001. La très belle cit. suivante relative à l'épopée des seins nus me semble ne rien avoir perdu de son actualité (et je suis sûr que les « ennemis irréductibles de la République » pourraient, en la sortant du contexte, la reprendre à leur compte!) :



« Je leur avais demandé pourquoi. Elles avaient beaucoup de mal à répondre : leur décision avait été intuitive, elles n'avaient pas trop réfléchi à leurs motivations, elles en avaient soudain eu envie, me disaient-elles. […] Au détour des phrases, elles parvenaient cependant à exprimer des sensations plus profondes. Le désir essentiel était d'accoucher d'un autre corps, historiquement nouveau. De fabriquer ici, à la plage, une gestuelle féminine en rupture radicale avec des siècles de discrétion soumise, d'en finir avec les épaules basses et les yeux baissés, avec la retenue et la timidité, les rôles de figuration en arrière-plan. » (p. 185-186).
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Piégée dans son couple

Jean-Claude Kaufmann nous livre dans une première partie, le témoigne de deux femmes principalement qui se sentent prises au piège dans leur couple. Pour ma part, j'ai survolé ces témoignages de vie assez spécifiques.



Dans une seconde partie, le sociologue aborde un contexte de compréhension afin d'appréhender les causes et le mécanisme où le couple s'engouffre dans les pièges du silence, de l'isolement et de l'éloignement. L'auteur évoque l'historique du couple amoureux du moyen-âge à aujourd'hui, le fonctionnement de l'homme et de la femme dans la relation amoureuse et son couple, l'évolution du rôle des femmes et des hommes dans la société d'aujourd'hui.



Et enfin, en troisième partie, le sociologue apporte un témoignage d'homme. Une manière de conduire le lecteur à entrevoir la difficulté auprès de chaque bord du couple.



L'approche est intéressante. Il est question de couple, d'amour et d'importance portée à sa co-construction. La communication, la bienveillance, le respect de soi et de l'autre semblent être les outils prédominants à leur réussite.
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Le sac

Que se cache-t-il dans le sac des filles ? De cette tarte à la crème, le sociologue Jean-Claude Kaufmann en fait un véritable sujet d’étude. Les conclusions sont aussi passionnantes qu’amusantes, bien plus profondes que l’on pouvait le croire dans un premier abord.

Les témoignages recueillis traduisent autant des réalités sociales (la sempiternelle image de la femme nourricière chargée comme un mulet pour soigner sa petite famille, par exemple) que les casses têtes quotidiens, ici moins futiles qu’ils n’y paraissent (quel sac choisir face à une vie multiple ?). Le regard bienveillant du chercheur souligne la complexité et la symbolique des relations des femmes à leurs sacs. Selon lui, le sac fait la femme. Les listes des objets qu’il renferme constituent autant d’indices troublants.

A coup sûr, après cette lecture, on regardera son sac à main d’un autre œil.

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Aimer son corps

Si j’ai choisi ce titre, c’est avant tout pour comprendre pourquoi les femmes veulent toujours être plus minces et pourquoi nous ne sommes jamais satisfaites de notre corps. On a tendance à simplifier le phénomène, d’accuser les magazines qui présentent des mannequins rachitiques. En réalité, c’est bien plus complexe que ça.



Pour exemple, Jean-Claude Kaufmann, sociologue français, a choisi les fesses. Pourquoi les fesses ? Car c’est une partie du corps souvent critiquée et détestée « j’ai de grosses fesses », « de la cellulite », «une culotte de cheval ». Les femmes aimeraient les réduire, les rendre plus fermes, parfois les muscler ou les arrondir. L’auteur ne nous donne pas une seule réponse mais plein de pistes à cette quête de la minceur. Il nous parle des différentes époques comme celle de la grosseur comme preuve de haute classe sociale puisque les riches mangeaient à leur faim et les pauvres étaient émaciés, en proie aux maladies et à la famine. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, on nous prône de faire attention à notre santé, de manger ceci et d’éviter cela, on nous pousse à faire du sport. L’auteur traite aussi de l’image de la femme dans la mode, dans le cinéma mais aussi de son émancipation.



Cet ouvrage est absolument génial car il apporte beaucoup d’éléments de réponse tout en nous faisant réfléchir sur notre société actuelle. Comme le dit si bien le sociologue, nous sommes tous acteurs de cette machine infernale vers la minceur. En perdant du poids, en faisant du sport, on crée un groupe qui marginalise ceux qui ne font pas de régime. Et si le meilleur moyen d’arrêter la machine était tout simplement de s’accepter ?
Lien : http://romansurcanape.fr/aim..
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Un lit pour deux

Sous-titré "La tendre guerre", ce dernier opus nous emmène dans l'intimité des nuits ... après nous avoir parlé du 'Premier Matin' il y a quelques années :)



Sociologue du couple depuis une vingtaine d'années, l'auteur traite ici du 'lit conjugal'.



Quelques évocations historiques où il rappelle que la chambre conjugale telle que nous la pratiquons est d'origine assez récente, de la fin XIXème, voire courant XXème siècle ..



Entre lit classique français en 140 cm de large, très grands lits de 160 ou même 180 cm, lits jumeaux pour couples à modulation thermique dissociées et jusqu'aux chambres séparées il y en a pour tous les goûts



Des ronflements insupportables aux 'voleuses' de couettes il parcourt les comportements pour founir un panel eshaustifs des comportements qui peuvent aboutir à des séparations nocturnes ou totales ...



Intéressant, parfois amusant !



Merci à Babelio de m'avoir adressé cet ouvrage :)


Lien : http://les.lectures.de.bill...
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C'est arrivé comme ça

Que dire de ce livre ? Pour le moins, je peux affirmer qu'il est original sur tous les plans : la couverture, la construction du récit, la narration, la chute... C'est à la fois son principal atout et son plus grand défaut.



Je m'explique. L'auteur a choisi de faire un récit à deux voix. La première partie est racontée par Charlène, et la deuxième, par Sami. Le lecteur choisit comment il lit l'histoire, soit en commençant par l'une des parties, soit en alternant (un chapitre Charlène, un chapitre Sami). Pour ma part, j'ai fait le choix d'alterner. Peut-être que c'était une mauvaise idée, car du coup les événements se produisent deux fois et on avance au ralenti. Mais l'intérêt est d'avoir deux éclairages très différents sur ce qu'il se passe.



Car Charlène et Sami sont à l'opposé l'un de l'autre. La première est aussi insouciante et légère que l'autre est sérieux et triste. L'une collectionne les coups d'un soir et l'autre est plus coincé qu'un majordome (je n'ai rien contre les majordomes, je vous assure). La première est profondément complexée par ses grosses fesses et l'autre est beau comme un dieu.

Ils ont des avis extrêmement différents sur leur histoire. Mais le plus intéressant, c'est de voir ce qu'ils pensent l'un de l'autre, car cela ne correspond pas à l'image qu'ils ont d'eux-mêmes. Sami voit Charlène comme une véritable fée, un souffle de vie, un rayon de lumière venu éclairer son existence. Celle-ci se voit comme une fille banale avec des fesses exagérément grosses ((« le cul du diable », comme elle dit). Pour elle, Sami est un vrai beau gosse qui a l'air de venir d'une autre planète tellement il est coincé, timide, introverti et inintéressant. Ce dernier se voit comme un moins que rien incapable d'intéresser une femme (il n'a pas tout à fait tort, il n'a aucune conversation). Ils interprètent ce qu'ils voient et entendent de l'autre, et se trompent souvent. Charlène, voulant fuir un baiser, ne fait que faciliter le chemin à Sami. Sami, voulant faire plaisir à sa belle, lui fabrique des fauteuils, mais ils deviendront l'incarnation du manque de dynamisme de leur couple tant ils font vieillots. Et ainsi de suite.



J'ai aimé l'intimité qu'on a avec le personnage qui prend la parole. On le comprend, on est pris d'affection pour lui, on lui souhaite de trouver le bonheur (avec l'autre protagoniste, si possible, sinon c'est pas marrant). Et dès qu'on passe à l'autre protagoniste, le premier devient un étranger à travers ses yeux. Sami, qu'on comprenait si bien au chapitre d'avant, a des réactions parfaitement incompréhensibles pour Charlène et pour nous. Au chapitre d'après, c'est Charlène qui devient un vrai mystère.



Avec ce livre, on se rend compte à quel point il ne peut y avoir une seule vérité. Il y a autant de vérités que de personnes, car nous avons tous un point de vue différent sur les événements. Nous sommes subjectifs et nous aussi il nous arrive de nous méprendre sur les intentions d'autrui.



La fin ne m'a pas plu. J'aime les chutes originales et j'exècre les happy ends, mais je trouve qu'il y a un goût d'inachevé dans ce livre. (Attention ! Gare au spoil pour ceux que l'histoire intéresse !) On termine sur un grand point d'interrogation du côté de Charlène alors que Sami sait d'emblée qu'il souhaite finir sa vie avec elle. Elle est étouffée mais ne peut le quitter (il est tellement beau qu'elle ne se sent pas de la plaquer comme ça, il habite juste à côté de son travail, ce qui est extrêmement pratique, et il est si sensible qu'elle a peur de lui faire du mal). Lorsqu'il lui fait une proposition (mais vous ne saurez pas quoi), elle est acculée, presque désespérée. Lui ne s'en rend même pas compte et espère une réaction positive. Et le plus frustrant c'est qu'on ne saura jamais quelle réponse elle va donner ! L'auteur a laissé une fin ouverte, sûrement pour que le lecteur puisse décider si ces deux-là auront un avenir commun ou se sépareront. Mais merde, non ! On veut savoir !



Je n'ai pas trop su quoi penser en refermant le livre. Le demi-désespoir de Charlène colle à la peau et il est évident que les deux ne sont pas faits pour vivre ensemble. J'ai donc eu une mauvaise impression de l'histoire. Ça m'a déprimée pour la soirée (et pourtant je ne suis pas si sensible que ça).
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Le sac

Thème sociologique original et traité sur le ton de l'amusement, l'auteur nous fait partager sa curiosité avec malice et compréhension, et ne porte aucun jugement sur les femmes qui portent les sacs.

J'avoue porter un regard différent sur mes sacs, et certainement je ne les choisirai plus comme avant !!!
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Sex@mour

L’amour sur internet c’est tendance ! J’ai acheté ce livre par simple curiosité pour découvrir l’univers des rencontres à l’ère du numérique.

Je l’ai trouvé très intéressant et l’auteur a pour ma part bien étudié son sujet. Il nous permet de découvrir différentes personnes qui témoignent de leurs expériences au fil des rencontres et des rdv. Des témoignages qui font réfléchir sur l’amour virtuel.
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Pas envie ce soir

J'ai ressenti un malaise diffus tout au long de la lecture de ce livre. De prime abord, le thème m'a paru intéressant mais force est de constater que, non seulement je n'ai rien appris, mais qu'en plus ce livre ne peut en aucun cas aider une femme qui s'interroge sur la question du consentement !! (ce qui est très fort vu que c'est tout de même le sujet du livre..).

L'auteur se contente d'enfoncer des portes ouvertes et de nous servir des préjugés éculés...(l'homme aurait tout le temps envie, la femme ne sait pas dissocier sexe et sentiments etc..) et de nous servir des témoignages tout au long du livre sans aucune analyse valable et surtout sans aucune piste de réponse (ha oui les deux dernières pages du livre pardon....). J'ai donc compris qu'au début d'une relation conjugale la femme est satisfaite de sa sexualité at qu'après elle n'éprouve plus de désir mais le mari oui tout le temps ! (c'est le sujet principal du livre, martelé à toutes les sauces..) les féministes sont bonne à jeter (la fable de l'égalité, ça m'a bien fait rire..). Bref, pour une femme, lire ça c'est glaçant ! Surtout que vous restez avez ce constat tout le long du livre et voilà c'est tout !

Bref, aucune nuance, aucune analyse sérieuse sur le consentement (il ne fait qu'ajouter des témoignages bout à bout). Au fur et à mesure de ma lecture, je me disais toujours la même chose "oui....et alors ?"
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