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Critiques de Jean-François Revel (69)
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Le moine et le philosophe

Bouddhisme : philosophie ou religion ? Comme cette question, beaucoup de thèmes sont abordés dans cet échange entre le père Jean-François Revel et le fils Matthieu Ricard. Le bouddhisme face à la sagesse, la métaphysique, la violence, la foi, la psychanalyse, l'ego, la vie quotidienne, la Chine, le Tibet…

C'est parfois très ardu, pas toujours facile à suivre, tant pour la philosophie que pour le bouddhisme. Rien de très nouveau non plus par rapport à d'autres livres, mais celui-ci a le mérite de présenter cette religion/philosophie avec moult détails, de manière très précise. Certaines notions du bouddhisme comme la vacuité, l'absence d’ego, méritent des relectures assidues.

Un livre de plus sur ce thème qui aide à en comprendre la complexité.
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La grande parade

C'est suite à une discussion sur les méfaits de la droite et de la gauche dans le monde à travers l'histoire que mon interlocutrice m'a proposé de lire ce livre. J'ai donc parcouru ce véritable pamphlet. Je ne connaissais J-F Revel qu'à travers la réflexion sur le Bouddhisme écrite en collaboration avec son fils Matthieu Ricard. J'ignorais tout de sa biographie et de ses idées. J'ai été surpris par le ton qu'il emploie ici. On ressent toute la hargne et le mépris qu'il peut avoir contre le socialisme et le communisme, la gauche en général. Également surpris par son apologie du libéralisme qui ne tolère apparemment aucune remarque. On a l'impression que ce qu'il énonce est une vérité qui ne souffre aucune contestation. Il est certain d'avoir raison. Pour ce faire, il s'appuie sur de nombreuses recherches et références qui étayent son récit qu'il nous restitue souvent à travers la caricature et l'ironie.

On aurait peut-être préféré plus de souplesse dans le propos, moins de certitudes. L'histoire nous a montré les erreurs tant de la gauche que de la droite avec leurs idéologies et leurs expériences concrètes respectives.

J'ai lu ce livre entre des entretiens avec Théodore Monod et Nomad Land de Jessica Bruder. Cet éclectisme me permet de relativiser beaucoup de choses, notamment la politique. Il me semble d'ailleurs que Matthieu Ricard a fait le bon choix en devenant moine bouddhiste. Il a choisi la sagesse, au-dessus de ces réflexions de droite ou de gauche qui seront certainement complètement caduques dans quelques siècles.
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La grâce de l'Etat

Ce livre était présent dans ma bibliothèque personnelle suite à un désherbage de celle de mon université. Il m'avait donc suivi depuis plus de 20 ans, et il était donc temps de le lire...



Ouvrage politique et polémique, La Grâce de l'Etat a été écrite par Jean-François Revel en 1981, quelques mois après la victoire des socialistes et dans les premiers mois du 1er septennat Mitterrand.



J'ai eu envie de cette lecture principalement pour mieux connaître Jean-François Revel, ce "philosophe" donnant la réplique à son moine de fils, Matthieu Ricard, dans l'ouvrage éponyme de 1997. Réputé pour son style "flamboyant", redoutable pamphlétaire, académicien décédé en 2006, journaliste libéral pourfendant dans L' Express puis le Point les errements du pouvoir socialiste, il n'a pas été plus tendre au début des années 90 avec le Président Chirac.



En fait, dans la Grâce de l'Etat, et en dépit de tirades dont le mordant et l'ironie ont pu parfois le faire taxer de frivole, appréciant les effets de manche, Jean-François Revel analyse avec une lucidité et un réalisme rétrospectivement remarquables la mise en place du nouveau pouvoir socialiste au début des années 80.



Ainsi, lui qui fut très à gauche avant 1970, et même séduit un temps par le marxisme, il relève dans ce livre le manque de cohérence doctrinale et économique de la rhétorique socialiste. Le virage opéré par le leader socialiste dès 1983, bien avant l'aveu d'une partie de la gauche française de son glissement vers la social-démocratie début 2010, lui donneront raison. De même, les critiques qu'il dresse à propos des nationalisations, réalisées pour des raisons idéologiques sans rationalité économique, des dérives de l'audiovisuel public, de l'Etat bureaucratique, de l'activisme culturel colbertien de l'époque, apparaissent elles aussi rétrospectivement souvent pertinentes.



Tout au plus pourra-t-on rétorquer à ce libéral par amour des libertés individuelles et à ce défenseur du capitalisme par pragmatisme (un système imparfait, mais sans alternative sérieuse) que les théoriciens libéraux ne sont pas non plus dépourvus d'a priori idéologiques, et que, même si 20 ans plus tard, aucune alternative sérieuse nouvelle n'a réellement émergé, le système dominant n'en montre pas moins, à son tour, ses faiblesses intrinsèques. Ainsi, les analyses classiques selon lesquelles la progression de la richesse collective bénéficie aussi aux plus pauvres, ne sont plus vraies aujourd'hui.



Pour finir il est certain que cet ouvrage a vieilli. Les attaques cabotines contre Mitterrand ou Marchais ne font plus rire. Néanmoins, certains passages m'ont paru intéressants et transposables à l'observation de notre vie politique actuelle -les vieilles recettes de conquête et de consolidation du pouvoir n'ont hélas pas tellement changé-.



De plus, derrière son côté journalistique et vulgarisateur, il ne faut pas oublier que Jean-François Revel était aussi un ancien de la rue d'Ulm, agrégé de philo, ce qui fait qu'il n'est pas seulement un observateur et chroniqueur de la vie politique de son temps -ce que sont bien souvent seulement la plupart des journalistes, ce quoi rend sans intérêt leurs bouquins- ; il analyse et développe aussi une pensée politique, dont on peut étendre les perspectives encore aujourd'hui.



Un ouvrage daté donc, pas incontournable, mais dont la lecture en 3 heures rapides m'aura tout de même offert quelques réflexions intéressantes.
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Le moine et le philosophe



« Le Moine et le Philosophe » rassemble les échanges entre Jean François Revel, philosophe athée, et Matthieu Ricard, son fils, moine bouddhiste, proche du Dalaï Lama. Classé par thèmes, le livre tente par une série de questions d’interroger deux modes de pensée, de démarches intellectuelles et spirituelles. En abordant ce genre d’ouvrage, ces questions sont celles que le lecteur se pose plus ou moins explicitement. Comment expliquer le parcours de Mattieu Ricard promis à un brillant avenir scientifique et qui abandonne tout pour revêtir les habits d’un moine bouddhiste. Comment comprendre l’intérêt de l’Occident pour le Bouddhisme ? J. F. Revel replace certains éléments du Bouddhisme dans l’histoire de la philosophie occidentale. Mathieu Ricard développe les fondements de la philosophie (ou religion ?) bouddhiste, explique la situation du Tibet sous l’autorité chinoise, les tentatives politiques du Dalaï Lama. Certains chapitres restent plus ardus : les conceptions spirituelles du Bouddhisme… Mais l’ensemble est intéressant car le livre interroge l’Occident sur les limites de ses succès scientifiques…sur ses désastreuses idéologies des XIX ème et XX ème siècles. Reste les explications de Mathieu Ricard sur la philosophie ou la religion bouddhiste qui attire les européens et qui sont laissées à l’appréciation de lecteur.

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Le moine et le philosophe

Le fils parle de son engagement bouddhiste, pendant que le père se fait observateur passif de l'histoire de la philosophie occidentale.

Du point de vue du père, l'échec de l'utopie marxiste serait le point culminant des philosophies occidentales trop occupées à chercher le bonheur à travers une meilleure organisation en société. Donc le bouddhisme éveillerait l'attention d'un occident dépité, mais pas au point de remplacer une utopie politique par une métaphysique alambiquée. En effet la réincarnation en tant que continuation du flux de conscience ne remporte clairement pas l'adhésion du père. le fils voudrait prouver par ses expériences vécues mais il obtient le résultat inverse.

Puis vient la question brulante pour le père : comment accepter que son fils ait abandonné une brillante carrière scientifique pour devenir moine ! S'engage alors le débat sur la perception de la contribution de la science au bonheur. Et là c'est le fils qui se montre le plus sceptique.

A chacun donc de prendre les arguments du père et du fils et d'en faire ce qu'il en veut. C'est le chemin qui compte. Au fil des lectures partagées sur Babelio, j'ai retenu ceci :

-Les mystiques nationalistes ou religieuses, la dictature du prolétariat ou celle de l'argent ont causé des ravages. Pour cette raison le débat démocratique doit être vif et ouvert. Chacun doit participer d'une manière ou d'une autre à la société civile. Les pouvoirs économiques et politiques de chaque individu doivent toujours être limités.

-Toutes les idéologies chantent la même chanson monotone "Je ne suis pas un animal" (cit. Wilhelm Reich). L'animal humain s'égare à cause de ses propres capacités cognitives. Ainsi notre espèce, par son énorme impact sur l'environnement, démontre une capacité d'adaptation limitée.

- Sans l'apport qu'une quelconque révélation, la vie après la mort existe réellement dans la mémoire vive des êtres proches survivants. Et donc cette mémoire doit être animée par l'exemple de la sagesse du défunt.







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Histoire de la philosophie occidentale : De..

Jean-François Revel est (était) un pédagogue hors pair. Son Histoire de la philosophie occidentale, loin de tomber dans les travers de la vulgarisation, rectifie au contraire les idées reçues: non, "philosophie" ne veut pas dire "amour de la sagesse", non "scepticisme" ne veut pas dire rejet de tout pour le principe, etc. En filigrane - ce qui a gêné beaucoup de partisans de la "démocratie" moderne et de la "culture de masse" (dont Revel fera les deux faces d'un même problème) - on peut déchiffrer assez distinctement son opinion personnelle: la forme la plus puissante de dictature de la pensée, c'est la démocratie occidentale moderne, parce que s'appuyer sur une majorité de cons, c'est encore la meilleure garantie pour un dictateur d'imposer facilement la pensée unique... Avait-il raison? Je me garderai bien de me prononcer.
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Le moine et le philosophe

Intéressant de lire deux points de vue différents sur une panoplie de thèmes avec des modes de vie et des convictions propres à chacun. Une vision occidentale face à l'orientale. Certains passages ne sont pas toujours convaincants mais ce livre offre une belle réflexion et permet de se positionner par rapport à ses propres convictions.
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Le moine et le philosophe

Partant avec un capital de sympathie envers le bouddhisme, il est vrai dû essentiellement à la figure emblématique de l'actuel Dalaï-Lama, je m'attendais à ce que la sagesse tibétaine, par la voix de son plus illustre représentant français, puisse remettre en question nos valeurs occidentales à travers une argumentation très étayée.



Hors, si l'échange est de grande qualité, d'une érudition certaine, souvent passionnant, parfois plus austère, il devient vite évident que les deux intervenants ne parlent pas le même langage, laissant parfois un goût d'inachevé, les thèmes abordés n'étant jamais véritablement débattus sur le même plan. Car si du côté de Jean-François Revel, nous sommes en présence d'un digne héritier de Descartes, au cartésianisme implacable, les propos de Mathieu Ricard s'inscrivent dans un tout autre système de valeurs, empreints de circonvolutions et de métaphores qui, si elles nous interrogent et nous séduisent, ne nous sont pas toujours très convaincantes.



Cela étant, et c'est aussi l'intérêt de ce livre, on décèle derrière cette confrontation dialectique, une lutte sourde entre le père et le fils, entre le maître et le disciple qui a trouvé sa propre voie, pris sa destinée en main, en espérant un jour sinon dépasser, au moins égaler le père.



Cet échange nourri nous interroge d'ailleurs sur les raisons qui ont poussé Mathieu Ricard à arrêter un parcours brillant dans la recherche en génétique, à quitter le monde scientifique et les valeurs du modèle occidental. Et à la lecture de ce livre, on y perçoit clairement un besoin vital de spiritualité, une nécessité de sens en toute chose, d'engagement pour les libertés fondamentales d'un peuple, que l'athéisme froid et l'académisme un peu trop convenu de son père ne permettaient probablement pas d'embrasser.
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Le moine et le philosophe

C'est un livre qui m'a donné beaucoup de forces dans ma vie professionnelle et personnelle avant que je n'applique mes propres valeurs mûries et réfléchies et parfois moins douces que le boudhisme.
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Le voleur dans la maison vide

C'est l'un des plus beaux livres de mémoires qu'il m'ait été donné de lire. L'écriture est à la hauteur du personnage, et le récit de son passage à Normal Sup est passionnant.
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Sur Proust. Remarques sur « A la recherche ..

Sur Proust, on peut lire cet essai, pas mal du tout, réédité en 2013. Ces « Remarques » de Jean-François Revel font suite à une relecture de sa part afin, dit-il, de « se reposer des théories […] fuir leur dogmatisme étouffant et les oublier au contact des textes originaux ». L'approche me convient. Le livre a été écrit en 1955, quelques chapitres ajoutés en 1959 et une parution en 1960. Lecture stimulante pour qui aime Proust compte tenu du caractère d’extrême proximité entretenue avec le texte, toujours abondamment cité, et qui tord le cou à certaines idées reçues sur Proust et La Recherche. L’essai montre par la même occasion que le commentaire théorique, aussi érudit soit-il, ne peut à lui seul rendre compte de ce qu'est l’œuvre littéraire. Style élégant et percutant.



La Recherche, une œuvre coupée du réel ? Reprenant à son compte la formule de Painter, d’une « autobiographie créatrice », Revel analyse et illustre une géologie proustienne (p.34) où l’imagination, loin d’être la négation de la réalité, en est plutôt le révélateur. C’est ainsi que Proust, à partir du vécu et de la « vérité » des détails, atteint le plus haut comique ou le plus profond sérieux. Contrairement au reproche qui lui est adressé d'une oeuvre déconnectée du réel, elle est au contraire pétrie à son contact et reconfigurée par l'expérience personnelle de l'auteur. Et c’est là que Revel nous dit rencontrer en Proust le créateur magistral.



Complaisant ou snob Proust ? S'il s'est penché sur l'oisiveté d’une classe sociale particulière, c’est qu’elle est SON sujet. Il débusque le snobisme et l'examine ainsi qu’un anthropologue. La constellation des Guermantes est en effet peuplée de gens snobs qui passent leur temps à s’inviter ou à s’éviter. Mais Proust ne s’est pas contenté de la seule classe aristocratique pour décrire des snobs : on en rencontre également chez les grands et des petits bourgeois (les Verdurin et leurs fidèles notamment). La chronique ordinaire de la société ne se limite pas à celle des mondains, elle s’élargit aussi à celle des employés (Aimé) et des gens de maisons (Françoise), des artistes (Elstir, Vinteuil), des intellectuels (Bergotte). Proust y excelle, bien plus selon Revel, que dans « les morceaux » habituellement cités (la madeleine, le buisson d’aubépine etc.), et que dans la poésie des noms et des lieux.



Un essai de Thorstein Veblen : "La théorie de la classe oisive" (1899, traduit de l'anglais en 1970), entre en "coïncidence involontaire" avec La Recherche. Sa description d'une classe "en consommation improductive de temps", permet à Revel d’appréhender l’attitude de Proust face à la politique. Il relève que cette dernière (la politique) est partout présente dans La Recherche, illustrée par l'affaire Dreyfus mentionnée très tôt. Mais également par la description de la médiocrité de certains personnels de la haute administration (Norpois, parfait exemple du carriérisme véreux), de l'incompétence de l'Etat-Major ou de certains hommes politiques, par la bêtise du nationalisme, tout comme du bellicisme ambiant, de l'aveuglement ou de l'hypocrisie qui sont omniprésents.



Sur l’amour, Proust sceptique et superficiel ? Le narrateur de la Recherche est persuadé que l’amour, ne peut être partagé, ni même ne peut exister. L’amour est « L’annonce d’une solitude irrémédiable ». L’être aimé n’est pas aimé pour lui-même, c’est un absolu qui est recherché à travers lui. Vision platonicienne, selon Revel, et non psychologique. Comme en art où l’objet éveille à quelque chose de plus durable et plus précieux. Mais Proust, lui, ne croit à aucune transcendance, à la différence de Platon. L’amour n’est donc que souffrance et la vie est tragique. Sa conception de l’amour/maladie n’a rien de superficiel et plonge ses racines jusque dans l’antiquité (Lucrèce, Théocrite, Catulle). Revel renvoie à deux textes de Freud (Sur le narcissisme, paru en 1914 et Deuil et Mélancolie écrit en 1917 que La Fugitive illustre parfaitement), qui trouvent un écho puissant dans La Recherche (p. 143). Rien à voir donc avec une conception de l’amour superficielle qui ne serait que représentative d’une certaine classe à la Belle Epoque comme beaucoup ont pu dire.



La « vérité » est toujours fluctuante et rien n’est jamais sûr ni acquis chez Proust. Infidélité et mensonge semblent régner dans toute relation entre individus et rendent donc l’amour ou l'amitié impossible. Odette a-t-elle couché avec Forcheville le soir où Swann la cherchait ? Personne n’en saura jamais rien... L’amitié que le narrateur porte à Saint-Loup est alors d’autant plus exceptionnelle. Mais Revel note qu’elle le détourne cependant de sa vraie vocation littéraire. On peut aussi s’interroger sur ce qui nourrit les relations dans La Recherche ? Plaisir de la rencontre ou des mondanités ? Médisance et méchanceté sont pratiquées comme des sports. Cette société qui ne s'amuse pas plus qu'elle ne travaille est le terreau d’un pessimisme nécessaire à Proust pour écrire selon Revel.



Enfin, il établit un parallèle entre Montaigne et Proust, deux écrivains proches par leur œuvre taxés tous les deux de superficiels, mondains et complaisants. Ce sont des observateurs et non des théoriciens : "Ils remplissent leurs filets d'autant plus abondamment qu'ils ne se demandent pas au préalable selon quels principes ils vont trier le matériel qu'ils amènent à la surface". Ils ont une sensibilité qui leur permet de capter ce que les autres ressentent. "Avec des journées de psychopathes ils ont édifié des vies de sages". A propos des deux Revel ajoute que "Les injections de substance neuve sont plus rares dans l'histoire de la pensée que les remaniements doctrinaux" et qu’à ce titre ils sont exemplaires.



L’essai se termine par une réflexion sur l’œuvre d’art. Proust pense qu’elle procède d’un moi profond qu’il distingue du moi social et quotidien - sujet de « Contre Sainte-Beuve » -, chaque artiste ayant son monde d'images préalable à son expérience, "son pays". Revel montre à quel point la limite stricte décrite par Proust est dans son cas plutôt poreuse. Que serait en effet son œuvre sans les innombrables remontées fournies par son moi quotidien et dans lesquelles il n'a cessé de puiser pour nourrir la Recherche ? Quant à sa théorie de la mémoire, elle est le fruit de la mode de l'époque (c'est à dire Bergson et la réaction anti-intellectualiste à l'oeuvre dans toute l'Europe au début du XX° siècle). Et si on a les images de son temps, cela peut aussi conduire à des bévues de jugement ajoute Revel (Proust admire Anna de Noailles et Maeterlinck, Léon Daudet, ignore Apollinaire, Max Jacob ou Jarry). C’est sur ces deux derniers terrains qu’il le trouve plus « faible ».



Conclusion de Revel Proust infiniment plus convaincant, car créateur, dans l’exercice d’anthropologie littéraire et celui de l’observation maniaque de la progression des désastres de la passion ; beaucoup moins sur la théorie construite autour de la mémoire et de la création artistique. A méditer chacun se fera une idée. Un essai passionnant et très riche qui offre des angles de réfléxions multiples sur la Recherche et de nombreuses autres pistes de lectures ou relectures.



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Sur Proust. Remarques sur « A la recherche ..

Il s'agit ici de quelques entrées dans l'œuvre de Proust, quelques remarques - bien développées tout de même- qui au moment d'entrer dans La Recherche, permettent parfois de lever les yeux d'une lecture dont il est parfois difficile d'extraire l'essentiel, de comprendre les mécanismes.

Je retiens l'attention que Jean-François Revel porte, dans l'œuvre de Proust, au réel, à l'oisiveté, au snobisme. Trois clés tout à fait intéressante pour une première lecture de l'œuvre de Proust.
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La connaissance inutile

Déjà il y a vingt-cinq ans, Jean-François Revel dénonçait par cette réflexion philosophique et sociologique le trop plein d'informations fournies à tout un chacun suite à la révolution des médias, qui n'a abouti qu'à un appauvrissement de l'analyse et donc ne consiste qu'à une connaissance inutile. Le propos est toujours actualité et je ne peux donc qu'en recommander la lecture.
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Le voleur dans la maison vide

Jean François Revel a été certainement un des journalistes les plus lucides. De part sa formation (Normalien) et ses nombreuses fonctions journalistiques (Directeur de l'Express) il a côtoyé de grandes figures littéraires et politiques. Il a pu déceler plus tôt que beaucoup d'autres , prisonniers peut être d'une pensée marxisante dominante, les tentatives de totalitarismes. Car il était indépendant de caractère et courageux.

Une très belle plume, parfois acide, mais toujours au service de la vérité.
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Histoire de la philosophie occidentale : De..

Jean-François Revel (1924-2006) est journaliste, philosophe et agrégé de philosophie, il est le père de Mathieu Ricard moine bouddhiste tibétain. Il est l'auteur d'un certain nombre d'ouvrages traitant de philosophie de politique de religion. Son ton est assez libre et original, il ne se range pas dans un courant de pensée particulier, mais réfléchi de manière autonome et personnelle aux grands problèmes de notre temps sans dogmatisme. Son livre « Histoire de la philosophie occidentale » est conçue à l'usage des non-philosophes même s'il comporte quelques passages ardus.



C'est un bon pédagogue et ses explications sont assez claires sans être simplifiées à outrance afin de ne pas sacrifier la qualité des exposés à un raccourci facile à comprendre, mais trop superficiel pour être utile. J'ai apprécié ses commentaires sur le logos (page 54) sur l'être et le non-être de Parménide (page 63) je pense avoir mieux compris la théorie de la réminiscence platonicienne. Il se montre très critique envers Descartes, mais ces propos sont argumentés. Ainsi il nous montre que Descartes se contredit lorsqu'il nous propose de douter de tout, mais qu'après avoir énoncé cette règle il s'empresse de faire une exception en considérant que l'existence de Dieu ne peut être mise en doute.



La lecture de ce livre a renforcé mon opinion sur les philosophes en général, quoi qu'on en dise, ceux-ci ont un vocabulaire spécifique et même à l'intérieur d'un concept philosophique chaque philosophe pris individuellement donne un sens différent aux mots, chacun à son propre vocabulaire et devrait commencer chacun de ses ouvrages par un lexique ou un dictionnaire de définitions. C'est tellement vrai qu'il existe une collection de livres parus chez Ellipses consacrée au vocabulaire de chaque philosophe : « Le vocabulaire de Schopenhauer », « Le vocabulaire de Descartes » etc. Cette collection comprend déjà une centaine de volumes, un filon inépuisable pour un éditeur !

Imaginez tous ses philosophes qui se parlent entre eux en donnant un sens différent aux mots qu'ils emploient, pas étonnant dès lors que les étudiants y perdent leur latin et que les philosophes et les professeurs se contredisent eux-mêmes et considèrent avoir raison tout seuls. Un premier effort pourrait être fait par tous pour harmoniser le vocabulaire. C'est ce qu'a tenté de faire en son temps (1863 - 1963) le philosophe André Lalande en rédigeant son « Vocabulaire technique et critique de la philosophie » un ouvrage de 1376 pages paru chez PUF. Leibniz avait lui aussi conçu le projet d'une langue philosophique d'où auraient été éliminées toutes les ambiguïtés de définition, ce qui aurait permis de traiter les problèmes métaphysiques par une sorte d'algèbre logique ou « combinatoire » ou encore « caractéristique » universelle.



Je pense que la bonne manière d'aborder la philosophie serait de commencer par la lecture de la biographie des philosophes puis par l'étude du vocabulaire parallèlement à la lecture des textes de base.



Après avoir expliqué que les grands systèmes philosophiques n'ont plus cours aujourd'hui et n'intéressent que les chercheurs, l'auteur conclut en citant Cicéron : « Rien ne peut être dit de si absurde qui ne soit dit par quelques philosophes » (page 520). Ce jugement sévère n'a pas pour objectif de nous éloigner de la philosophie mais au contraire de nous inciter à exercer avec vigilance notre esprit critique.



— « Histoire de la philosophie occidentale de Thalès à Kant », Jean-François Revel, Nil éditions (1996) 523 pages.
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La grande parade

L’ouvrage est à la fois une mine d’informations et de bon sens. On pourrait presque reproduire tout ce qui s’y trouve sous forme de citations. L’analyse de J. F. Revel présentée, non seulement sous l’angle de l’économie mais aussi de la sociologie, nous aide à comprendre pourquoi, malgré l’évidence criante, les esprits rechignent à évoluer. Particulièrement en France, pays sous le joug de l’économie administrée, comme nul autre en Europe. J. F. Revel nous fait savoir qu’il a lu Bastiat, Mieses et Hayek. Au moins il sait de quoi il parle quand il défend ce qui tombe sous le sens, le libéralisme. C'est-à-dire la liberté et la responsabilité, le droit pour chacun d’entreprendre et d’échanger.

Il nous montre bien aussi que la formule « L’enfer est pavé de bonnes intentions » s’applique parfaitement au communisme.

Juste quelques petites réserves « périphériques ». A propos des Etats Unis. L’Etat américain a fini par avouer que les armes de « destruction massive » de Saddam Hussein n’avaient jamais existé. Concernant l’engagement américain contre la Serbie, l’écrivain Vladimir Volkoff, spécialiste de la désinformation et adversaire du communisme comme J.F. Revel, y était hostile.

Dans le cadre du Droit et de l’économie, J.F. emploie malencontreusement l’expression « justice sociale ». Dans son ouvrage « Droit, législation et liberté » (dans le premier des trois tomes de la traduction française de Raoul Audoin), Hayek démontre que cette formule est totalement dépourvue de sens.

A part ces petits détails, un livre à lire et relire. Cette « critique » est basée sur une relecture.

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Un festin en paroles : Histoire littéraire de..

Un texte que tout amateur du bon vivre se doit d'avoir dans sa bibliothèque. Toujours érudit, jamais ennuyeux. Un classique !
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La tentation totalitaire

Tentation de pouvoir et de manipulation de masses.



Propagandes et désinformations se font les armes de quelques uns.



La puissance pauvre se voit anéantie en silence dans l'indifférence la plus absolue.



Et, la tentation se fait alors totalitaire.



A lire et faire découvrir aux plus grands nombre pour sa modernité et son actualité.
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Descartes inutile et incertain

Déjà dans son "Histoire de la philosophie occidentale" publié en 1994, JF Revel exprimait le peu de considération qu'il a pour l'œuvre de Descartes .

J'ai d'abord pensé que "Descartes inutile et incertain" -le compliment est extrait des Pensées de Pascal- , publié en 1998 était une occasion d'enfoncer le clou en troquant le marteau initial pour la masse que méritait le sujet . Vérification faite, il s'agit exactement du même texte que le chapitre sixième de l'Historie susnommée, auquel ont été ajoutées huit pages d'une conclusion qui n'apporte pas grand chose. Malice d'édition et/ou période de vache très maigre pour l'auteur.



Cela n'enlève rien à l'intérêt de l'essai qui démonte, d'une façon que j'ai trouvée très convaincante, que Descartes n'a pas apporté grand-chose de nouveau à part un système métaphysique dont la clé de voûte est l'existence "démontrée" de Dieu, duquel dérive un ensemble de théories en physique, biologie, psychologie ,...qui se sont à peu près toutes révélées fausses.

"La connaissance de Dieu conduit à la connaissance détaillée de l'univers, tout le cartésianisme est dans cette conviction".



Revel parcourt notamment quelques unes des hypothèses intuitives, erreurs de raisonnement, fautes de logique, approximations qui émaillent les écrits du philosophe qui, modestement, se pensait le seul capable depuis l'antiquité de venir à bout de ces difficiles problèmes.

Mais: "il ne s'agit pas tant ici de dresser le catalogues des erreurs scientifiques nombreuses commises par Descartes que de cerner l'erreur d'orientation globale qui découlait nécessairement de la façon même dont il posait le problème de la connaissance en la rattachant à la véracité divine, et dont il expliquait le monde en le soumettant à sa théorie de la nature de Dieu."



Il dénie à Descartes, adepte d'une philosophie au sens antique,incluant toutes les autres disciplines y compris la science, tout caractère novateur, faisant de lui un homme du passé, finalement dogmatique, proche par la démarche de l'école scolastique avec laquelle il entendait rompre.

"Or précisément, toute la critique de la scolastique consistait à séparer enfin complètement la philosophie première et les sciences d'observation. Descartes ne semble pas l'avoir compris."



Revel souligne l'incompréhension fondamentale de Descartes pour la vraie révolution scientifique du temps, illustrée par Galilée puis Newton notamment, celle de l'induction qui consiste à partir des faits de l'expérimentation pour concevoir les théories devant rendre compte des premiers, quand lui Descartes privilégie de façon inconditionnelle l'intuition-formulation d'hypothèses relevant, pour lui, de l'évidence- et la déduction à partir de celles-ci : "il ne se propose pas d'expérimenter au sens où Galilée le faisait. A l'inverse, comme Platon, il a confiance dans la validité absolue de ses principes a priori, aperçus par la seule lumière du raisonnement, et donc, par avance, il est sûr de leur efficacité dans la pratique".



Revel décrit aussi un Descartes, peu curieux de s'enrichir des découvertes scientifiques de son époque mais principalement préoccupé de s'enquérir si celles-ci rentrent dans l'ordre de son système, sinon de les tordre pour les y faire rentrer ou les rejeter quand c'est impossible.



Polémique bien sûr, en ce pays. Il n'est que de lire l'article consacré à Descartes dans Wikipédia pour s'en convaincre!

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Le moine et le philosophe

Joute intellectuelle entre le père et le fils autour du religieux, de la métaphysique, du spirituel et de la science, passionnante même si je ne goûte pas personnellement à toutes les idées de l’un ou de l’autre. Mais c’est ça qui est prenant et éveille notre curiosité.
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