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Critiques de Jean Hougron (49)
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Tu récolteras la tempête

Fin des années 1940. Takvane, un gros bourg sur la rive laotienne du Mékong, en face d’un territoire qui s’appelle encore le Siam. S’y cotoient indigènes, laotiens et vietnamiens, et blancs débarqués de métropole ou nés en Indochine, militaires et fonctionnaires du rang, colons embourgeoisés ayant fait fortune grâce aux richesses locales, minables et repris de justice arrivés par pleins bateaux avec l’illusion d’une vie meilleure… Georges Lastin, le personnage principal du roman, les représente tous : médecin à la fois généreux, mélancolique et brutal, il a fui la métropole après avoir assassiné sa femme.

Dans un style presque documentaire, l’auteur nous plonge dans la vie quotidienne d’une colonie indochinoise à l’atmosphère tendue, poisseuse et torride, que beaucoup de blancs supportent grâce à l’alcool et aux femmes indigènes. Y pointent le racisme primaire des colons, la violence et le désespoir, les larcins, le lucratif trafic de l’opium, et en toile de fond la guerre d’indépendance qui gronde. C’est un texte un peu long, mais pour qui s’intéresse à l’histoire de l’Indochine c’est un document magistral.

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Par qui le scandale

Ce livre fait partie du cycle de Jean Hougron "la nuit indochinoise".

Il a été publié en 1960 et est le dixième opus du cycle. L'action se déroule en France.

Le narrateur, André Essen, raconte les derniers mois de sa vie. Jeune, il fut un voyou. Fils d'un boutiquier de province, la vie tranquille qu'on lui destinait le faisait gerber. Après un certain nombre d'exactions en tous genres, on lui donne le choix : le trou ou l'armée en Indochine pour se refaire une "virginité". La virginité acquise après un "contrat" qu'il gère au minimum syndical, il se crée une situation en Indochine dans une maison sérieuse avant de la quitter pour des activités plus ou moins licites, avant de finir par une expulsion et un retour en France dans un emploi, cette fois, très bien rémunéré où il peut développer de sérieuses compétences, de tueur à gages. Tout ceci en une grosse dizaine d'années.

Et puis tout s'use, l'assassinat sur commande finit aussi par le lasser, sa dernière opération est un fiasco et le voilà face à son destin, face à ses employeurs qui ne font pas vraiment dans la dentelle, comme on peut se douter.

Ce livre publié en 1960 est un peu comme si on voyait l'envers du décor du film très mystérieux de Jean-Pierre Melville, le Samouraï. Melville ne dévoile rien de son personnage, du Samouraï. Ou si peu. Ici, le narrateur fait, au contraire, un retour – saisissant – sur sa vie, sa haine du genre humain, l'amour d'une jeune femme, qui reste un fragile ilot d'espoir vain.

Plusieurs choses sont intéressantes dans ce livre : le portrait d'une petite frappe qui se construit peu à peu dans la haine de la société. L'être asocial, par excellence. Un loup solitaire. Je viens d'en parler. Non plus intéressant, c'est le retour dans la ville natale où il retrouve son frère qui a pris la suite du père dans le commerce. Il peut mesurer que le décalage de départ est devenu un gouffre d'incompréhension. Ses fréquentations d'alors qui voulaient, aussi, tout bouffer ou tout casser, c'est selon, sont rentrées pitoyablement dans le rang. Lui, André Essen, a changé de catégorie (de calibre, pourrais-je dire ?) pour faire partie de l'aristocratie des voyous. D'ailleurs, alors que certains fonctionnent désormais au gros rouge, lui, va à la bibliothèque municipale et emprunte un livre sur les pharaons …

Le samouraï, je vous dis…

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Le Naguen

Du pur « space-opera » .Sur la Terre ,rescapée de plusieurs conflits et catastrophes ,un régime hypocritement dystopique manipule les populations.Il dirige un empire galactique agressivement impérialiste qui se heurte à un très ancien empire celui des Vors . Ceux-ci mènent une guerre défensive grâce à une technologie supérieure qui inflige de grosses pertes aux agresseurs. Or un pilote chevronné ,Dreik, fait prisonnier est renvoyé sur Terre .Seul humain ayant rencontré les ennemis , il est porteur d’une demande d’armistice .Mais n’est-il pas un cheval de Troie programmé pour déstabiliser son camps? C’est la question qui le tourmente et qui inquiète le gouvernement terrien. Scénario complexe , la description de chacun des belligérants est fouillée , cohérente , non manichéenne .Les péripéties sont nombreuses et variées, seule la fin me paraît assez floue. Beau travail tout de même avec des aperçus originaux : importance de la politique, rôle de la sexualité dans les objectifs de guerre. Une remarque , le titre porte sur un élément somme toute secondaire.
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Le signe du chien

Un enquêteur de la confédération intergalactique, qui réunit les races de 23000 planètes de huit galaxies (ce qui finalement fait assez peu ) , est envoyé sur une planète qui est restée à l’écart pendant six siècles (surprenant, alors que les vols subspaciaux ne prennent que quelques jours…) pour s’assurer qu’elle reste conforme aux règles d’évolution de la confédération (après six siècles d’isolement?) et retrouver les traces d’un croiseur disparu dans ses parages. Bon, l’histoire est assez classique mais on a plaisir à lire les spécificités des races découvertes dans les galaxies.

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Les Asiates

Les Asiates /Jean Hougron



Pierre Bressan, 23 ans, est en route à bord d’un navire, avec sa jeune femme Françoise âgée seulement de seize ans, pour l’Indochine, colonie française à l’époque. Douanier jeune marié, il a choisi l’aventure, nourri de lectures exotiques. Françoise a tant rêvé devant cette carte de l’Indochine qu’elle a du mal à croire que le moment de découvrir le pays de ses rêves est arrivé. Ainsi commence ce beau roman au temps de la colonie.

1907 : Pierre et Françoise sont installés à Saïgon et de suite, Jean Hougron nous plonge dans l’ambiance du pays avec un art absolument remarquable, entre la chaleur humide, les odeurs exotiques et le bruit incessant.

De retour du bal chez le gouverneur, Pierre et Françoise se livre à une joute très particulière que l’auteur nous décrit avec talent et retenue. On ne peut pas dire que l’entente sexuelle soit au beau fixe et un retour dans le passé au moment de la nuit de noces à Florence permet de comprendre pourquoi une peur irrépressible se dresse entre eux comme un mur une fois au lit sous la moustiquaire. De guerre las, Pierre ira demain retrouver ses collègues pour une virée à Cholon, avec restaurant chinois, fumerie d’opium et jolies congaïs. Et puis il y a Nam, la jeune boyesse annamite objet de désir parmi d’autres pour Pierre qui se lasse vite de tout corps féminin.

On retrouve les personnages 40 ans plus tard, en 1947. Pierre que l’on appelle alors le Père a 63 ans consacre son temps à des mise en bouteille de maquettes de bateaux et veille sur sa chienne Yra. Son fils Henri va sortir de prison et sa femme a sombré dans l’alcoolisme. Pierre veille sur sa petite fille Henriette quand il n’est pas avec une de ses trois jeunes concubines.

Comment le couple Pierre et Françoise en est arrivé là ? C’est la suite du roman qui nous l’apprend peu à peu, avec une alternance de chapitres évoquant le passé à partir de 1907 et le présent en 1947. En jouant ainsi sur deux périodes, l’histoire de la famille Bressan nous est contée avec ses drames et ses guerres au cours de quarante années.

Au fil des mois et des années, on va suivre Pierre, un homme obsédé par le corps des femmes jeunes, une véritable addiction, un être veule et détestable qui rapidement va imposer, mais toujours sans violence, deux concubines à Françoise qui ne le satisfait pas sexuellement. Pauline l’eurasienne et Sao l’annamite subiront elles aussi le caractère volage de Bressan.

Françoise est une femme gracieuse dans les premières années de mariage, mais fragile et mal aimée, qui rapidement sombrera dans l’alcoolisme.

Leur fils aîné Henri est un homme de combines pas toujours légales et qui connaît la prison. Et puis il y a les innombrables femmes de Pierre et les nombreux enfants métis et quarterons illégitimes qui ne valent pas mieux que les parents. L’alcool et l’opium vont aussi contribuer à la destruction de tout lien familial au sein d’une pitoyable tribu de sang-mêlé dont les histoires sont la fable de Saïgon.

J’ai lu une première fois ce livre il y a environ 50 ans et j’avais été marqué par cette aventure indochinoise. Aujourd’hui, connaissant bien les lieux, les cadres et les modes de vie après plusieurs voyages depuis les années 90, je me représente mieux les situations même si depuis 1947, bien des choses ont changé.

Ce roman de plus de 600 pages est un magnifique et terrible témoignage d’une époque révolue, celle du colonialisme. Il est bien dommage que Jean Hougron fasse partie de ces écrivains oubliés dont l’œuvre est pourtant remarquable et se dévore à pleines dents avec le dépaysement assuré. Les « Asiates » est sans conteste le roman phare de Hougron, avec une construction extrêmement habile qui donne de la profondeur aux personnages. Des personnages très divers et pour la plupart assez haïssables et manipulateurs tout en étant attachants, si ce n’est Gaston, le fils aîné de Pierre et Françoise, qui toujours s’avance dans la vie ceint de vertu et d’honnêteté.

Pour la petite histoire, il faut savoir que le terme « asiate » désigne toute personne originaire d’Extrême-Orient, qu’elle soit, dans le roman, vietnamienne, métis ou blanche. Pour être plus précis, seuls Pierre et Françoise ne sont pas nés en Indochine. En tout cas, les Asiates du livre ne furent jamais des colonisateurs, mais plutôt des aventuriers quelque peu déboussolés dans le dépaysement.

À noter qu’un très utile arbre généalogique se trouve en fin de volume, auquel on aura recours souvent en cours de récit pour se rappeler qui est qui !

En résumé, un très beau roman.





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Les portes de l' aventure

Pas un roman cette fois mais trois nouvelles sans liens directs entre elles. Si ce n’est que l’on y retrouve ce qui fait la matrice du cycle La Nuit Indochinoise : des hommes en échec en France qui allaient chercher aventure et fortune dans cette Indochine qui était le far west français.



Dans la première nouvelle Legras construit des routes dans un pays où trouver des bons ouvriers et des bons matériaux est déjà un exploit. Tel Sisyphe il lutte sans relâche, contre les éléments, les animaux et les hommes qui dégradent les voies aussi vite qu’il les construit. Si le travaille ne suffisait pas il doit faire le coup de feu contre les pillards et même échapper à un troupeau d’éléphants qui semble vouloir rejeter le constructeur colonial.

La motivation, Legras la trouve dans l’argent qu’il épargne laborieusement et qui lui permet de rêver de retourner en France la tête haute. Mais dans combien d’années ?



Le retour au pays est justement le sujet de la seconde nouvelle, la plus intéressante à mon sens. Henry revient dans son village, fortune faite en Indochine, son argent lui donne le droit d’épouser Françoise son amour de jeunesse dont le notaire de père ne le jugeait pas digne. Effectivement sa richesse lui ouvre toutes les portes et Françoise et sa famille promettent le mariage.

Mais sept ans ont passé la belle n’est plus la même et Henry a changé, la vie paisible de la province française mais monotone commence à lui faire horreur, le virus indochinois coule dans ses veines. L’aventure est là-bas dans la chaleur de Saïgon, Henry comprend qu’il n’y aura pas de retour.



La troisième nouvelle est une course au trésor, celui de la secte Hao Bihn disparu de la Grande Pagode dont le gardien a été égorgé. Mais avant Frémont un soldat français métis avait pu lui extorquer le plan de la nouvelle cachette de l’or sur l’île de Poulo Condor.

Pour Frémont c’est la chance d’une vie, petit sergent de l’armée coloniale il attend d’être démobilisé pour partir à la recherche de la fortune, la quête sera semée d’embûches et sans surprise finira sur un échec.



Ce cinquième tome de La Nuit Indochinoise n’est pas le plus convaincant des sept, mais il participe utilement à la mosaïque dessinée par Hougron. Cette fois le sujet central est celui du mirage du retour, les trois protagonistes courent après l’argent, le Sésame qui les ramènera au pays pour une vie meilleure. Mais le retour est une chimère, il n’est pas possible, soit l’argent n’est pas trouvé, soit il est trop tard, soit l’Indochine a déjà capturé l’âme de l’exilé.

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La chambre



De Jean Hougron (1923-2001) j’ai lu au fil des années pratiquement tous ses romans. Entre 1969 et l’année de son décès exactement 17.

C’est par hasard que je suis tombé récemment sur "La chambre" qui a été publié en 1982 et qui ne fait pas partie de son cycle romanesque de l’Indochine française.



En cherchant, j’ai découvert, par ailleurs, de lui une nouvelle d’une quarantaine de pages de 1955, intitulée "Quatrième étage", que je compte commenter ici prochainement.



C’est au cours de ses pérégrinations pendant 5 ans en l’actuel Vietnam, Cambodge et Laos, quand il n’avait que 24 ans, que Jean Hougron a commencé sa remarquable carrière littéraire, qui a débuté en 1950 avec "Tu récolteras la tempête" et qui fût tout de suite un grand succès de vente.



L’adaptation à l’écran, en 1957, par Marcel Camus, dont c’était le premier film, de son roman "Mort en fraude" avec Daniel Gélin, Anh Méchard et Jacques Chancel, a sans doute amplement contribué à la popularité de l’œuvre de Jean Hougron.



Contrairement à ces romans et d’autres romans exotiques, tels "Les portes de l’aventure", "La terre du barbare", "Rage blanche", "Soleil au ventre", etc. l’ouvrage sous rubrique est une œuvre foncièrement psychologique.



L’histoire commence par l’arrivée à Lieuvain (une ville fictive de la France profonde) du docteur Simon Gentier qui y vient remplacer le docteur Jonard qui part avec son épouse un mois en vacances.



Comme toubib, il fait très vite la connaissance des notables et personnalités de l’endroit, parmi lesquels la riche héritière Hélène Delalande, 32 ans.



Entre Simon et Hélène se développe très vite une relation amoureuse complexe et compliquée. Les 2 protagonistes trimbalent tous les deux une lourde hypothèque de leur passé, qui inhibie, voire perturbe, un rapprochement stable et durable.



Il y a bien entendu l’interférence d’autres personnes de leur environnement dans la relation du couple, mais c’est essentiellement la confrontation psychologique de 2 âmes perdues par des événements antérieurs qui provoquent le doute, la méfiance, la peur et des volte-face pénibles et douloureux.



Rendre un livre de 358 pages serrées avec un tel thème captivant, relève à mon avis de l’exploit et de l’art.



J’ai été content de retrouver Jean Hougron, même si son récit n’est pas situé dans cette atmosphère nostalgique de l’Indochine française.



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Tu récolteras la tempête

Le roman se déroule dans le petit village de Takvane, au Laos, à la fin des années 40. La France, affaiblit par la Seconde Guerre Mondiale et l'occupation japonaise en Indochine, peine à réimposer sa domination sur les peuples de la région. La grandeur de la France coloniale est sur le déclin. Et l'auteur, Jean Hougron, qui a lui-même vécu plusieurs années dans cette Indochine d'après-guerre, dépeint de façon très réaliste l'ambiance de ce petit village et raconte à son lecteur les différentes histoires des protagonistes qui l'habitent ainsi que les relations complexes qui les lient ou les délient, avec pour fil rouge un certain docteur, Georges Lastin.



J'ai vraiment apprécié la manière dont l'auteur expose la complexité de ce microcosme : les liens fragiles qui unissent ou désunissent les Blancs entre eux, ou ceux entre Blancs et les autres communautés sous leur domination agonisante (Laotiens, Vietnamiens, Chinois, Hindous, etc). La multitude de personnages nous donne accés à une multitude de points de vue. Chacun a sa propre histoire, ses propres problèmes, sa propre vision du monde et ses propres convictions, et la communication entre chaque groupe et chaque individu semble quasiment impossible. L'auteur ne donne raison à personne, il ne fait que constater et laisse le lecteur libre de se forger sa propre idée des situations et des personnages.



Cependant, j'ai parfois trouvé le rythme d'écriture un peu lent ou maladroitement mené et ai quelquefois éprouvé de l'ennui. Je pense que cela est dû au fait qu'il y a beaucoup de personnages et que l'auteur éparpille des fragments d'histoires de chacun tout au long de ces presque 500 pages. Plusieurs fois, j'étais perdu dans les noms des personnages et il me fallait revenir en arrière pour me rappeler le début de leur histoire. Et puis, j'ai eu souvent du mal à m'identifier à ces personnages principalement Blancs, masculins, ivrognes pour la plupart, violents et clairement mysogines. Bien sûr, cela représente probablement fort bien la mentalité de l'époque (et je suis bien content de ne pas en avoir été !) mais pour le lecteur de 2023 que je suis, très sensible aux questions féministes contemporaines, je n'ai pas vraiment réussi à éprouver de la sympathie pour toute cette galerie de personnages, si ce n'est pour certains portraits de femmes, la plupart du temps victimes de ces monstres d'hommes.



Mon ressenti global pour ce livre est donc en demi-teinte. J'ai aimé les histoires racontées et la complexité qu'elles engendrent dans les relations entre les personnages et leurs rapports au monde mais j'ai beaucoup moins aimé la manière dont elles étaient amenées et, malgré tous les efforts de l'auteur pour expliquer et justifier les agissements de ses personnages, je n'ai pas éprouvé un quelconque attachement émotionnel pour aucun d'eux…
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Rage blanche

Une plongée dans l'Indochine française, une leçon d'Histoire à hauteur d'hommes besogneux, avares de tendresse.

Le roman, magistralement construit, est envoûtant tant son écriture est riche et évocatrice des paysages, des situations, des sentiments.

Legorn, un Français de Normandie, est installé au Laos depuis de nombreuses années. Il gère la ferme ; sa femme fait tourner le "bungalow", un bistrot-restaurant. Les affaires sont prospères, trop peut-être. Au tournant des années 40-50 les coups de feu et les grenades visent tantôt les locaux tantôt les Blancs. La vie de Legorn a basculé au kilomètre 134, pourquoi ?
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Mort en fraude

Les héros de La nuit Indochinoise sont en général des français en échec en métropole qui tentent leur chance en Indochine, des hommes qui n’ont rien à perdre et sont presque prêts à tout. Paul Horcier ne fait pas exception à cette règle. Il quitte Marseille avec une lettre d’embauche à Saigon mais aussi de la fausse monnaie qu’il doit juste convoyer pour des trafiquants. Évidemment Horcier va se faire avoir et devenir une cible pour des truands de Saïgon qui ne plaisantent pas.

A peine arrivé il doit fuir et s’enfoncer dans la campagne vietnamienne avec l’aide une jeune indigène rencontrée par hasard.



L’intérêt du roman n’est pas dans une intrigue policière assez simpliste mais dans la découverte par un français naïf de la réalité de la vie dans les campagnes du Vietnam. Il découvre des paysans faméliques, apeurés et peu hospitaliers pour un européen inconnu. La guerre faisant rage entre les soldats français et ceux du Viêt Minh, les paysans sont rackettés par ces derniers qui non contents d’enrôler les jeunes hommes de force leur prennent jusqu’au dernier grain de riz.

Horcier se retrouve exilé au milieu d’hommes et femmes déprimés, décimés par les fièvres tropicales et surtout passifs devant les évènements. Mais soudain Horcier, l’homme sans qualités, décide de se révolter et de secouer la torpeur de ses hôtes.

Le livre prend toute sa dimension quand le volontarisme de l’étranger se heurte à l’inertie des indigènes, il doit vaincre le fatalisme d’une population habituée au malheur, pour cela il faut payer de sa personne et prendre des risques. Mais convaincre les paysans d’agir c’est aussi les exposer, leur faire prendre partie au milieu d’une guérilla, Horcier ne mesure pas vraiment les conséquences de ce qu’il a déclenché.



Encore une réussite pour Jean Hougron avec un court roman qui est bien plus signifiant qu’il n’y parait. Les questions que soulèvent les actions de Horcier appellent des réponses cornéliennes, elles mettent aussi en avant les différences culturelles irréductibles entre colonisateurs et colonisés. Les guerres de libération, souvent présentées en combat entre le bien et le mal sont plus complexes à la lumière de la littérature.

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Les portes de l' aventure

Un recueil de trois nouvelles d'intérêt divers. Si la première qui raconte une chasse au trésor d'un intérêt plutôt secondaire, les deux autres récits sont bien plus intéressants. Le descriptif de la ballade à vélo de "L'homme du kilomètre " est des plus plaisant à lire et fourmille de détails rendant la narration très attractive. La dernière nouvelle, décrit le long cheminement d'un homme revenu d'Indochine avec pleins de rêves à réaliser et qui, finalement, se rendra compte qu'il n'est pas fait pour la vie routinière citadine et finira par prendre la décision de retourner à son point de départ. A noter que la description de l'héroïne (et sa comparaison avec les rêves entretenus) est intéressante et le final de la nouvelle des plus logiques bien qu'inattendu
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Soleil au ventre

Dans ce troisième volume de « La Nuit indochinoise » réapparait le personnage de Georges Lastin héros du premier roman « Tu récolteras la tempête ». Devenu transporteur il est capturé par le Viet Minh lors de l’attaque d’un convoi.

Emprisonné dans la jungle avec quelques européens Lastin dévoile qu’il est médecin est devient celui de tous dans le camp, ce qui lui confère un statut et le respect des geôliers ainsi qu’une certaine facilité à établir des contacts. C’est là qu’il rencontre Ronsac un français maladif et My Diem sa magnifique et mystérieuse épouse vietnamienne dont il va tomber amoureux.



Si la première partie est épatante, du roman d’aventure à l’état pur, la suite consacrée à la relation orageuse entre Lastin et My Diem souffre de longueurs et Hougron peine à la rendre passionnante.



Le début du roman est haletant avec une scène d’action inaugurale de haut vol, une description de la vie dans un camp Viêt Minh parfaitement réussie en particulier sur le plan des relations entre prisonniers et gardiens faites de brutalité mais avec une compréhension mutuelle qui rend les choses supportables. Les Viets détestent les coloniaux prisonniers mais les connaissent et c’est réciproque. Chacun joue son rôle et une relation est possible, dans ce cadre Lastin est l’homme idéal, le médecin soigne sans distinction et se fait respecter par son détachement et sa solidité.

Sorti du camp par miracle il n’a de cesse de retrouver Ronsac et surtout sa femme My Diem dont il est sûr de faire la conquête. A Saigon tous les européens se connaissent et les retrouvailles seront rapides. Commence la seconde partie du livre où les amants vont jouer un je t’aime moi non plus qui finit par être un peu lassant.



Au second degré on peut sans doute voir à travers ce couple une métaphore de la relation entre les français et les vietnamiens. Une curiosité mutuelle, une attirance charnelle mais une méfiance permanente due à la domination des uns sur les autres, Lastin passe son temps à traquer l’insincérité chez My Diem, la soupçonne de double jeu. De son côté My Diem accuse Lastin d’égoïsme et de ne pas la comprendre. A la lecture de « Soleil au ventre » il devient aisé de comprendre l’attachement que les coloniaux pouvaient avoir pour l’Indochine même si c’était pour des mauvaises raisons et pourquoi les vietnamiens ne pouvaient les accepter.

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Soleil au ventre

Comme beaucoup de "suites", "Soleil au ventre" sent le plat réchauffé.

Et à la différence de la daube, le réchauffé littéraire passe mal.

Surtout l'histoire sentimentale avec l'ex-espionne des Viets n'apporte pas grand-chose, tandis que la première partie (la route, l'attaque, la captivité) auraient aussi bien pu prolonger le premier tome...
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Tu récolteras la tempête

"Tu récolteras la tempête" se lit bien...

Ce qui est amusant, c'est qu'il est presque directement transposable au milieu colonial africain des années 50-60.

Que ce soit la mentalité et le comportement des "colons" ou "expatriés", ou les relations entre les différentes communautés..

En Afrique, on remplace les Chinois d'Asie par les Libanais (commerçants), et les frictions rapportées entre Laotiens et Vietnamiens sont remplacées (par exemple) par les frictions entre Peuls et Wolofs...

Quant aux colons, dans les deux cas, il y a ceux qui resteront toujours persuadés d'être la race supérieure, et ceux qui essayent de se mettre à la place de l'indigène, sans toujours y réussir.
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Rage blanche

Deuxième volet de la Nuit Indochinoise, Rage Blanche se déroule au nord-ouest du Laos dans une vallée reculée mais fertile qui attire les européens qui n'ont pas peur de travailler une terre généreuse pour les courageux. Parmi eux Legorn fait figure de modèle : sérieux, honnête, acharné il a réussi à créer une exploitation enviable jusqu'au jour où il est victime d'une attaque soi-disant vietnamienne pendant laquelle sa femme et son fils sont tués et lui gravement blessé.



A sa sortie de l'hôpital Legorn est brisé mais déterminé à régler ses comptes, comme pour travailler la terre Legorn va être patient, opiniâtre et endurant et reconstituer les faits, les responsabilités et en tirer les conséquences.



Rien de spectaculaire chez Hougron mais un réalisme froid où les caractères sont explorés, le colonialisme et les tensions communautaires sont un levier des comportements, indigènes, métis ou colons doivent tenir un rôle en adéquation avec leur origine.

Mais les inimités et les intérêts se moquent des races et Legron colon sans remords mais sans vice a gagné du respect dans chaque clan et saura en jouer avec habilité. Mais les rapports sont rudes, la méfiance est de rigueur même entre amis.

Dans une atmosphère tendue, avec une violence sous-jacente prête à exploser un suspens s'installe, et même si le lecteur a deviné l'issue du roman, il est emporté par une narration sèche et rigoureuse. Un grand livre qui continue l'exploration de la société coloniale indochinoise sans rien cacher des travers des uns et des autres.

A noter bien sûr la profonde connaissance de cette terre indochinoise et de ses habitants qui rejaillit dans le texte de Hougron et qui lui donne une totale crédibilité.

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Le Naguen

C’est un roman bien écrit, une histoire originale et une intrigue bien ficelée.

- La fin invite à une suite, mais ne laisse pas l’intrigue en suspend (j’aime autant pour ma part).

Dans ce roman la narration au sens « article décrivant des faits vus de l’extérieur » prend plus de place que l’action ou que les dialogues.

- Ce n’est pas déplaisant, car le lecteur a ainsi une vue complète des événements relatés sur la période

- Et que cela est très bien écrit,

- C’est une originalité dans mes lectures,

- Mais ce n’est cependant pas le type de narration que j’affectionne le plus.

Le héros a un rôle plutôt de spectateur, voire de marionnette des puissants et la manière dont il pèse sur les événements amène le lecteur a une réflexion poussée (moi en tout cas).

- C’est là aussi un point d’originalité dans mes lectures.

En tout cas, si un second volet avait été publié, j’en aurais volontiers fait la lecture.

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Tu récolteras la tempête

Superbe roman descriptif de la vie en Indochine dans les années 60 sans rien éluder de la difficulté de la vie quotidienne et en en faisant un roman très agréable à lire et à découvrir : UN roman (et un auteur )à découvrir !
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Tu récolteras la tempête

A l'heure où les séries télévisées supplantent le cinéma, il est tentant de se lancer dans une série littéraire. Accroché par le titre "La nuit Indochinoise" le premier volume "tu récolteras la tempête" m'a vraiment convaincu.

Dans une petite ville du Laos écrasée de chaleur et d'orage, sont reclus laotiens, vietnamiens, chinois et autres asiatiques ainsi que des colons français, qui représentants de la nation coloniale, forment le haut du panier. Sauf que ceux-ci sont essentitellement des râtés qui ont quitté la métropole pour se refaire dans les colonies.

Pour la plupart la deuxième chance ne leur sourit pas et ils retombent en échec bien qu'étant dominants puisque blancs.



Ces hommes sans talent, sans avenir, souvent devenus alcooliques ou opiomanes se vengent sur les femmes surtout si ce sont des concubines locales mais les françaises ne sont guere mieux traitées. Tous les trafics sont pratiqués, les combines sont tolérées et le sens moral absent.

Les communautés cohabitent et se haîssent en silence, chaque clan a ses hiérarchies ce qui permet presque à chacun d'être dominant à son tour.



Ce qui frappe très vite c'est la crédibilité du monde colonial décrit par Hougron, tout sonne juste de la moindre description au plus long des dialogues. Roman d'atmosphère, roman noir qui rappelle Simenon, "Tu récolteras la tempête" n'épargne personne pas plus les coloniaux, que les locaux qui sont leurs miroirs la servilité en plus.

Au centre du jeu le docteur Lastin semble échapper aux défauts communs, charismatique, désintéressé et proche de la population locale il pourrait être un modèle mais lui même cache des secrets et des faiblesses. Au fil du roman les autres personnages s'écartent de lui : le départ, la folie, la mort et pour quelque uns la rédemption les séparent. A la toute fin du roman on comprend que Lastin aussi est à la croisée des chemins.



Ce serait une erreur de croire que Hougron doit être jeté dans l'oubli parce que le monde des colonies doit disparaître, d'abord pour la qualité littéraire de ses romans et ensuite parce qu'il restitue une époque telle qu'elle a existé et que c'est plus éducatif que le révisionnisme historique.



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Je reviendrai à Kandara

Comme beaucoup d'entre nous sans doute, confinement oblige, j'ai fureté dans ma bibliothèque à la recherche d'un bouquin que je n'aurais pas lu. J'ai sorti un petit « Poche » aux pages jaunies et poussiéreuses, écrit en 1955 par un auteur que je ne connaissais pas. La chance était avec moi !

Jean Hougron décrit avec brio la psychologie d'un professeur de lycée, personnage bizarre que rien ne semble vraiment intéresser, qui vit en permanence avec le regret d'un échec qu'il aurait connu au début de son mariage à Kandara, alors colonie française en Afrique occidentale. Il ne dira jamais rien de précis sur cet échec. Sa vie se déroule tristement dans une petite ville de province, grise et terne, jusqu' à cette nuit où éclate un meurtre dans la maison voisine de la sienne. Il croit avoir vu l'ombre de l'assassin mais se garde de le signaler à la police, par passivité, par indifférence. Grave erreur car tout va se retourner désormais contre lui, d'autant plus qu'il finit par se croire menacé et tire impulsivement sur le supposé coupable.

Même en prison André Barret reste fidèle à lui-même, détaché de tout. Il s'y sentira même parfois heureux, profitant de chaque promenade quotidienne pour admirer les guêpes qui tournoient dans le tilleul de la cour. Une issue favorable pour lui ne changera rien à son comportement, ni à ce qu'il ressent.

L'auteur parvient parfaitement à créer l' atmosphère dans laquelle vit Barrier, et celle de cette petite ville. J'ai souvent songé à Simenon au cours de ma lecture.

Ce fut donc une heureuse surprise !

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Mort en fraude

Petite déception que ce "Mort en fraude" . L'histoire est creuse et les personnages sont de réelles caricatures . Ainsi Horcier le personnage principal qui est l'exemple même du brave colon : intelligent, courageux et honnête ( enfin presque .....) face à des indigènes fourbes, lâches et souvent haineux .

Jean Hougron affiche ici visiblement ses idées qui étaient celles de l'époque plutôt colonialiste prônant la supériorité de l’homme blanc apportant la civilisation aux pauvres indigènes se complaisant dans un statut d'esclave. . Conception qui était moins ouvertement affichée dans les romans précédents et qui surtout était contrebalancée par la description de colons étant de vraies ordures.

Bien sûr on retrouve de très belles pages sur la réalité de l’Indochine de l’époque, je pense notamment au piquage du riz mais le personnage principal semble très/trop idéalisé par Jean Hougron qui dépeint un homme qui après s'être rapidement habitué à la vie pauvre du village où il se cache va tout comprendre et surtout juger pour se révéler meneur d’hommes et décideur du sort du village se jouant tout autant des troupes du Viêt-Minh que des forces d'occupation française et même de ce que veulent réellement les villageois.

Ceci dit le roman vaut la peine d'être lu pour se rendre compte des mentalités de l'époque et pour les superbes descriptions des paysages et de la vie en Asie du sud-est à l'époque.
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