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Critiques de Jean-Hugues Oppel (216)
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Barjot

Pour son premier tour de Série Noire en solo, Jean-Hugues Oppel faisait fort!

Bien sanglant tendance gore, bien barré vengeance totale, bien parano style barbouzes; Barjot embarque dare-dare son lecteur... Pour peu que celui-ci survive à la première scène de massacre (âmes sensibles et amis des familles s'abstenir..) et poursuivre la prose nerveuse de l'auteur!

Pas à dire: Oppel rejoint les Daeninckx, Fajardie et Siniac dans la sarabande du Noir français!

1988, l'autre siècle... le thème n'est pas neuf des nettoyages occultes opérés par des mercenaires avec un gouvernement qui regarde ailleurs... Avec la bavure à la clef et un commissaire spécial qui ne vaut guère mieux, sinon moins que ses nettoyeurs! On patauge dans le sang et les tripes éclatées, dans l'odeur de la poudre.

Dans les moments de calme, lorsque ça ne tue pas, le bouquin fleure bon son petit bouquet d'un Paris presque disparu... Dame, une petite pause est bienvenue entre deux déchiquetages!

Un bon "hard boiled" bien de chez nous, le Barjot!... Dans le dessus du panier des productions du genre à la fin du siècle dernier.



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Brocéliande sur Marne

Chronique d'une petite bourgade où, tout comme aux galeries Lafayette, il se passe toujours quelque chose.

Dossier du jour, un futur complexe porté par les p'tits bras musclés de deux empaffés de promoteurs en cheville avec un maire qu'a dû oublier de prendre ses pilules anti-malversation du matin. Du midi et du soir itou, ce qui démontre déjà une admirable constance. Une ville de banlieue, ça respire, ça gronde, puis parfois, ça pète.

Brocéliande sur Marne est à deux doigts de plagier Misou-Mizou, d'exploser dans un nuage de soufre aux relents quelque peu incommodants.



Oppel et son phrasé au charme inimitable nous conte ici une fable moderne.

De celles si communes dans nos communes, tiens, je contrepéte, qu'elles en deviennent presque risibles.

Le pot de terre vs le pot de vin.



Les opposants sont tous admirablement croqués.

Un petit microcosme qui se croise régulièrement et se connait donc par coeur.

Si les uns possèdent l'ADN d'une hyène, et là où y a de la hyène, y a..., il est à souligner que les autres, les gentils dans l'histoire, ne demandent finalement qu'à apprendre pour conserver la tête hors de l'eau.



Pas manichéen pour un euro, Brocéliande sur Marne sublime l'humain dans ce qu'il a de plus vil et c'est peut-être bien pour ça qu'on aime...
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Barjot

Barjot, c’est clair il l’est Salgan. On le serait à moins. Zigouillée la petite famille, brulée dans les feux de l’enfer, après avoir été hachée menu à l’arme lourde.

Jérôme-Dieudonné à les fusibles qui crament, coma et tout le tintouin. Direction l’HP sans discussion.

Quand, quelques mois plus tard, Salgan retrouve la liberté, c’est avec une seule idée en tête, rayer de la planète les ordures qui ont foutu sa vie en l‘air. Mais que fait la police. Justement c’est elle qui tire les ficelles.

Le style Oppel c’est direct, des phrases qui claquent comme des coups de fouets. Un humour noir forcément, un regard sur ces contemporains cyniques et peu flatteur. Malgré la noirceur, un second degré bienvenu. Et puis surtout un tempo qui vous empêche de lâcher le bouquin. Le tout en 200 pages. Moi, je dis devant tout cela, respect J.H.

Oppel ça tient la route.







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Six-Pack

Alors six-pack, qu'est-ce à dire ?

La déclinaison de l'arbre généalogique de Tupac Shakur, 2pac pour les puristes, rappeur américain aujourd'hui décédé ? A part le bruit sourd des corps sans vie heurtant le sol, aucun ouaich ouaich spéciale cacedédi à l'horizon, piste suivante.

L'historique de la bière à travers les âges alors ? Récit originellement paru en 1996, comme une légère appréhension à l'idée de n'y déguster qu' une pinte de binouze éventée. Nouvelle voie sans issue. Excepté la vision d'hectolitres d'hémoglobine, pas l'once d'un demi à se jeter dans le gosier.

Procédons par ordre. Bouquin paru dans la collection Rivages/Noir, cinq victimes sanguinolentes dénombrées en quinze pages. Hum, hum, et s'il s'agissait tout bêtement d'un surnom. Celui du tueur en série refilant des nuits blanches à l'inspecteur Saverne...



Sec, nerveux, ramassé, un récit sans fioritures à la trame atypique. Habituellement, lorsqu'un méchant n'a pour seule et unique passion que de collectionner les cadavres, il s'ensuit généralement le petit jeu classique du "attrape-moi shérif si tu peux " entre le gentil inspecteur régulièrement borderline et le méchant multirécidiviste au passé familial souvent délicat. Maman picolait, me battait, se prostituait à la maison, me foutait devant la chaîne sénat à la moindre incartade, bref, du classique de chez classique. Ici, la matière grise supplante l'action pure. Un plan basique en deux points. Comprendre les mécanismes d'un tel déséquilibré puis, une fois la chose assimilée, lui tendre un piège en priant bien fort le dieu bourbon qu'il daigne aimablement tomber dedans. Inhabituel mais bougrement efficace.

Des chapitres brefs histoire d'accentuer un peu plus l'urgence de la situation.

Un inspecteur en délicatesse avec sa hiérarchie ( encore ) et la bibine ( toujours ).

Un processus d'élucidation inhabituel parfaitement retranscrit.

Ce polar tourmenté fait la part belle à la psychologie. Réflexion et tension se taillent la part du lion. A dévorer sans modération, une cafetière aussi noirâtre à portée de main...



A noter, pour la petite histoire, qu'il en a été tiré un film en 2000 sous la direction de Berbérian . Anconina et Diefenthal n'y décrochèrent ni Oscar, ni César, ni Babar, ni...
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Chaton : Trilogie

Une très belle découverte. C'est le premier polar de Jean-Hugues Oppel que j'ai lu. J'ai participé, en début d'année, à un jury de nouvelles policières organisée par la mediatheque departementale de Seine et Marne. Et le parrain était Jean-Hugues Oppel. J'ai eu la chance de le rencontrer avec les autres membres du jury en janvier 2020 et j'avoue avoir été séduite par sa personnalité, son humour, son savoir et son éloquence. A ma grande honte, je n'avais jamais lu de livre de cet auteur alors que je connaissais à l'avance cette rencontre. ..Mais peut-être que j'attendais justement de le voir et de l'apprécier. Donc maintenant c'est chose faite. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce polar. Son style est difficile à définir mais je dirais qu'il a un vocabulaire et un style bien à lui...Il joue sur les poncifs de policiers...Il mène l'humour bien à propos, les meurtres sont pensés, bien amenés mais il n'y a pas de cadavres à tous les coins de pages. Il est plutôt dans le polar un peu politique, un peu social, mais paraît-il ( je n'ai pas lu d'autres romans de lui) les univers changent. Ses romans sont bien documentés, ils se dégustent, bien que certains de ses récits soient qualifiés de "romans de gare", je ne peux pas le mettre dans un style bien défini. ..Et c'est tant mieux. ..

"Chaton : triologie" qui a été écrit en 2002, à été primé "Prix du Polar de Cognac" et "Prix Sang d'Encre des Lycéens à Vienne....excusez du peu.

L'histoire maintenant : Dix cadavres ont été découverts dans une maison en meulière isolée dont un trouvé sans mains ni têtes. Vu les différentes armes qui ont été utilisées et la découverte d'un laboratoire clandestin à la cave,

on pense à un règlement de compte entre malfrats. Valérie Valencia va mener l'enquête avec son équipe.

La trilogie écrite dans le titre correspond aux trois actes criminels décrit dans ce livre.

Inutile de vous dire que je lirai d'autres livres de cet auteur.

Je ne peux que vous le conseiller.
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Le démon de Medhi

J'avais déjà lu des polars de Jean-Hugues Oppel qui m'ont bien plu. Celui-ci est destiné aux enfants. Comme pour ses romans pour les adultes, il mêle le suspense et l'humour. Roman court.il est très agréable à lire.

Medhi, un adolescent, va au cinéma avec ses amis. Après lui avoir donner de l'argent pour cette sortie, elle réalise une heure après qu'il s'est servi dans son porte-monnaie. Elle pense que son fils est amoureux...Sandra la mère de Mehdi décidé d'aller le chercher à la sortie du cinéma pour s'expliquer avec lui...

Un joli livre destiné aux jeunes ados.
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Zaune

Des parties de poker dans un squat de la banlieue Ouest. Bluff et mise. Parmi ces joueurs, une flamboyante rouquine, belle à croquer, Zaune. Et son frère Nanar, accro et déjà en manque. Zaune et Nanar, même mère mais père différents, absents tous les deux. Alors que les autres joueurs sont partis dans la nuit profonde et froide, ils restent devant ce pavillon n°19. La jeune femme fulmine, pensait que c'était fini toutes ces conneries. Mais elle voit bien les anciennes marques, bleu-noir cerné de rougeâtre. Et les nouvelles, fraîches et roses. Une gifle pour lui faire comprendre qu'il file encore un mauvais coton. Lorsqu'une voiture grise, toutes vitres fumées, s'approche d'eux, Zaune pressent du vilain tandis que son frère se décompose. La voix anonyme et glaciale réclame son dû. La voiture disparaît aussi vite qu'elle est apparue. Et Nanar fait de même. Il a voulu jouer dans la cour des grands et n'aurait visiblement pas dû. Les flics et les méchants lui courent après. Zaune n'a d'autre choix que de le sauver. Une véritable course-poursuite s'engage alors..



Oppel nous plonge dans la banlieue, noire, avec ses HLM, ses zones désaffectées, sa racaille et ses animateurs de MJC qui tentent de lui donner un semblant de vie. L'on est entrainé dans cette course-poursuite et l'on n'a pas une minute pour récupérer. Les balles fusent et les apparences sont trompeuses. L'auteur nous livre un polar très efficace, rythmé et entrainant. Des phrases courtes, une écriture incisive et sèche, des personnages au meilleur de leur forme et une peinture sociale déprimante.



Zaune... noir et blanche...
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Vostok



Ici l’intrigue n’est juste qu’un prétexte pour J.H. Oppel. Celui de pousser un coup de gueule contre l’argent roi, les multinationales, la corruption, le profit sur le dos d’une main d’œuvre autochtone réduite au silence, au mépris de l’écologie, etc.

Dans ce microcosme, l’Onusienne Tanya Laurence doit délivrer un rapport pour révéler d’éventuelles irrégularités. Comme l’accueil est aussi froid que tendu, l’aide de Tony Donizzi ne sera pas de trop.

On suit avec un certain plaisir ce polar, même si les méchants manquent de subtilité et les bons bien trop mystérieux. N’empêche ce duo obtient notre sympathie sans difficulté et l’on tremble devant les dangers qui plane au dessus de notre enquêtrice.

Oppel nous rappelle que devant la folie des hommes, dame nature a toujours le dernier mot. Et que notre mépris ou notre aveuglement se paie cash. Intéressant.
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Zaune

Zaune. Un prénom. Une destinée.

Deux lignes sur son CV : l'arrogance de la jeunesse, la beauté du diable.

Régulièrement, Zaune zone dans la zone en écoutant le groupe Ozone...ou pas.

Les jours se suivent et se ressemblent, les nuits aussi. Un peu de poker entre potes, beaucoup de glande.

C'est quand tu crois que ta vie ne peut pas être plus merdique que m'dame ironie vient malicieusement toquer à ta porte. T'aimerais lui dire " ah non, c'est en face ", mais tu peux pas car trop souvent l'ironie nie, peau de chien va!

Nanar, le petit frère, a replongé.

Rien à voir avec Le Grand Bleu mais plutôt avec Gang de Requins.

En véritable gland de base, il a titillé ou il fallait pas.

Il se planque et il fait bien. Faut pas jouer dans la cour des grands quand on sort à peine du bac à chnouf.

Sa vie ne tient plus qu'à un fil. Ariane aux abonnées absentes, c'est encore Zaune qui va s'y coller.

C'est qu'elle l'aime son con de frangin, et vivant de préférence.

Entre le "milieu" un brin rancunier et la maison poulaga qui veut également lui mettre la main dessus, le temps presse, le décompte mortel est enclenché...



De la course-poursuite, de la vraie, de la bonne, t'en veuuuux?

Oppel fait plus dans le Speedster que dans le Vivaro et c'est tant mieux!

Départ canon, accélération de malade, finish sur les jantes, merci de ne pas vomir avant l'arrêt total du véhicule.



Tenue de route impeccable. Ce millésime d'occase ( 1991 ) ne paye pas de mine mais contentera facilement tous les amateurs de sensations fortes dans le confort le plus absolu. L'écriture est sèche, nerveuse, consommant très peu de caractères à la ligne.



Niveau assurance, inutile d'investir à perte, le risque de s'y ennuyer étant relativement minime.



Vérifier cependant la présence d'airbags en bon état de marche si vous voulez en réchapper sans trop de bobos.



Zaune, de 0 à 100 palpitations en moins d'1mn , qui dit mieux?





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Zaune

Course-poursuite de dingue à travers la banlieue

*

Sur un rythme effréné, ultra-nerveux sans temps mort, le lecteur entre de plein fouet dans une histoire glauque de règlements de compte dans une banlieue très chaude.

C'est parti, accrochez vos ceintures et surtout munissez-vous d'un sac à vomi :)

*

Dans une atmosphère étouffante, sombre, semblant sans espoir, la chevelure dorée-cuivrée détonne. Mais qui est-elle? Serait-elle cet ange rédempteur?

Zaune, un personnage atypique, solaire, empathique. Celle qui croît à un monde meilleur que celui où elle évolue (un milieu mafiosique, de drogue et de corruption). Elle veut sauver son frère Nanar de sa propre destruction. Y arrivera-t-elle? Avec quels pauvres moyens? Saura-t-elle s'entourer d'autres anges bienveillants? Et puis, les apparences sont trompeuses, on le sait bien. En quelques pages, sur à peine 36h, vous saurez tout sur cette aventure.

*

J'ai bien aimé cette écriture directe, très imagée avec un langage de banlieue très réaliste. Le lecteur devient acteur, dans une immersion rapide vers le danger permanent. On a à peine le temps de souffler. C'est vraiment une cadence infernale. On en redemande pourtant que déjà l'épilogue arrive.

*

Je vais m'intéresser à ce que cet auteur nous propose dans le même style, assurément!



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Brouillard au pont de Bihac

Référence à peine voilée, à mon sens, à celui du pont de Tolbiac de Malet admirablement repris par Tardi ultérieurement, ce brouillard peine à se lever et s'achève en vous laissant l'esprit méchamment embrumé.



Deux nouvelles initialement écrites par Oppel pour se retrouver bédéiser - on a qu'à dire que le mot existe, en vous remerciant – par Gabriel Germain, j'ai envie de murmurer à tue-tête :

♫Gaby, oh Gaby, tu devrais pas m'laisser la nuit 

J'peux pas dormir, j'lis qu'des conn'ries ♪



Nouvelle tirade à bulles de la collection Rivages/Casterman/Noir, on en attend forcément beaucoup. Trop, certainement...

Si Brouillard Au Pont de Bihac tire largement son épingle du jeu en proposant un récit abouti et anxiogène prenant sa source en plein conflit Yougoslave, que dire du dispensable 58 Minutes Pour Mourir - même John McClane se serait fendu d'une moue dubitative à sa lecture - prévisible de bout en bout.



Gros point fort notoire de ces deux essais aux qualités narratives très distinctes, le trait noir corbeau de Germain, bien loin d'égaler le graphisme hypnotique de Frank Miller et de sa fabuleuse série Sin City mais suffisamment maîtrisé pour vous donner l'envie d'enquiller et ce malgré quelques facilités scénaristiques forcément moins surprenantes, pour le coup, de par le fait, effectivement.



On pourra y voir ici la parfaite incarnation du verre à moitié plein ou à moitié vide, c'est selon...

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Carton blême (BD)

À l'origine, "Carton blême" est un court roman écrit par Pierre Siniac en 1985. Jean-Hughes Oppel (scénariste) et Boris Beuzelin (dessinateur) ont adapté cette histoire futuriste en roman graphique... Ce ne sont donc pas des "inconnu" 's !



Si demain vous n'êtes pas en bonne santé, vous l'avez dans le c** ! Et c'est bien à cause du "trou de la sécu"...



Parce que dans ce troisième millénaire, on est arrivé au cœur d'une société où l'air est devenu irrespirable (au sens propre comme au figuré), où criminalité, délinquance juvénile et chômage ont fait exploser les statistiques, où le fondement insondable de la Sécurité Sociale a crée une nouvelle citoyenneté, mesurée à son degré d'état physique.

Le ministre de l'intérieur Salvanty (visualisez une espèce de momie sur laquelle on a greffé les touffes de poils du professeur Tournesol) a eu une très lumineuse idée qui fait d'une pierre, deux coups ! Chaque être humain de plus de 16 ans doit se soumettre a un contrôle médical semestriel et se voit attribuer ensuite un carton bleu (pour bonne santé) ou un carton blême (pour santé en berne, ce qui signifie : déchet "d'homme" négligeable). Et si dans ce monde de violence les flics doivent intervenir ou vous secourir, le carton bleu tient lieu de "sésame". Si, par contre, vous affichez le carton blême, vous pouvez vous agenouiller jusqu'au sang, ils vous laisseront crever dans toute légalité.

"Bienvenue à Merde-la-ville [...]. Nouvellement promu à la tête de la B.C.U.I. (Brigade Criminelle Urbaine d'Intervention) avec les félicitations du préfet de police." : le divisionnaire Héclans (coefficient de santé 93/100 ; visage amer d'un homme que sa femme va quitter) qui se farcira désormais le dossier déjà épais du "tueur au marteau"...



Les dessins aux traits incisifs et fébriles, aux couleurs crépusculaires de Beuzelin servent très bien le scénario d'Oppel qui a su aller à l'essentiel. Une bande dessinée taillée à la hache...ou aux coups de marteau...histoire de nous faire pénétrer dans la tête ce qui nous pend au nez (qu'il vaut mieux ne pas avoir enrhumé).

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Ambernave

Dans le port d'Ambernave, il y a des marins qui boivent et qui boivent et reboivent et qui reboivent encore pour se soustraire le temps d'une beuverie à leur triste réalité. C'est la crise. Les chantiers navals ferment. Seuls le chômage et la misère prospèrent. La ville est en effervescence : un tueur en série rôde dans ses bas-fonds. Le « Croque-mitaine » se montre particulièrement cruel. Ses victimes ont les membres fracturés, disloqués et orientés en tous sens. Le tableau est bien sombre mais heureusement une belle histoire d'amitié va débuter. Emile Lebaron, un ancien docker clochardisé surnommé « Patte folle » car unijambiste, rencontre dans un hangar désaffecté un colosse aphasique et complètement ensauvagé. Le colosse mystérieux peut se montrer impitoyable, seul son chiot peut l'attendrir. Emile le prend en charge, l'héberge dans son cloaque et le nourrit de conserves volées. Ce duo improbable matérialise le roman préféré d'Emile, « Des souris et des hommes » qui sert de toile de fond à cette histoire.



Je suis tombé par hasard sur « Ambernave », un roman qui a reçu le Grand Prix de Littérature Policière en 1995. J'ai aimé sa dimension sociale, son réalisme poétique, son humour loufoque et sa prose populeuse et enjouée. Un roman à la sauce Siniac, à la fois maîtrisé et gouailleur, sombre et fraternel.
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Vostok

Après Barjot ! et sa truculence sarcastique, il fallait bien que je me fasse un avis plus approfondi sur Jean-Hugues Oppel. Et son plus récent Vostok est tombé à point nommé.



Vostok met en scène Tanya Laurence, inspectrice des Nations Unies, en visite dans la société Métal-IK qui exploite les métaux rares au fin fond de l’Afrique. Huis-clos, climat aride et tensions politiques, il y a déjà du grain à moudre dans le synopsis de départ ! L’héroïne se voit affublé d’un garde du corps, Tony Donizzi dont la venue sur le site est louche, mais dont les compétences ne sont plus à prouver. Le fond de ce thriller est annoncé dès le départ par l’auteur dans l’intitulé de ses chapitres : un compte-à-rebours est lancé et personne ne sait encore d’où cela va éclater.

À grands coups d’ironie, de descriptions atypiques et de dialogues tranchants, Oppel prend un malin plaisir à dénoncer le cynisme des grandes multinationales, qui placent immanquablement leurs intérêts financiers devant les intérêts de leurs employés et de leur environnement, même proche. L’auteur dépose ça et là quelques conceptions écologiques, ce qui n’est pas désagréable, évidemment, d’autant plus qu’il le fait avec ses sous-entendus habituels sur la bêtise des règlements et l’ironie constante de nos dirigeants.



Bizarrement, la question finale après cette lecture pourrait être « L’important n’est-il pas d’aimer et de vivre heureux le temps qui nous est mis à disposition ? » Certains cherchent malgré tout à profiter de tout et de tout le monde, allez comprendre... C’est ça aussi du Oppel, dénoncer par un coup de gueule et, au fond, s’en foutre royalement !

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Tenebre

Un roman policier qui commence par une course poursuite rudement bien menée pour mettre dans l'ambiance d'autant que c'est le fuyard terrorisé qui narre. Puis vient la présentation de deux policiers qui ne s'aiment pas beaucoup devant un cadavre. On commence à voir venir mais l'auteur reprend son souffle, moi aussi et je me prends à découvrir le personnage principal, l'inspecteur ou le commandant, je ne sais plus trop avec le changement de terminologie chez la poulaille, mais aucune importance, ce mec, dont la vie est brisée, va la jouer comme un franc tireur. Et on entre dans l'histoire avec des remugles de sectes satanistes. La fin est surprenante, assez inhabituelle.

J'ai bien aimé l'écriture teintée d'ironie de Jean-Hugues Oppel et sa manière d'alterner les péripéties.
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French Tabloïds

Jean-Hugues Oppel, c’est du polar, cru et social ; c’est « Vostok », « Barjot ! » et une quantité d’autres romans coups de poing dans la gueule, et du coup ce sont ces « French Tabloïds » qui méritent, au moins, la même attention !



Après les résultats de la présidentielle française de 2002 et la révolte ressentie par une partie du pays, c’était trop tentant pour Jean-Hugues Oppel, il fallait en faire quelque chose pour répondre à la démagogie politique et à la désinformation médiatique ; et pourtant, il a mis trois ans à sortir ce roman après ces événements. « French Tabloïds » est un polar bien sec avec des personnages parfaitement campés, pas extraordinaires, mais qui respectent à la virgule près la caractérisation donnée par l’auteur en tout début d’ouvrage. Ainsi, dès les premières lignes, il pose le cadre de son polar (après en avoir rappelé la définition qui lui sied : « roman noir violent », « le mal dans l’organisation sociale transitoire », « littérature de la crise », mots de Jean-Patrick Manchette) : en mars 2001, nous prenons en marche la une des journaux et la vie de sept personnages qui ne nous quitteront plus.

Victor Courcaillet est une petite personne médiocre mais dont les actes vont résonner très fort dans l’histoire, il est rapidement acoquiné par Piers Goodwhile, mercenaire-assassin-expert ès armes en mission qui fait ses rapports à Jacques Lerois, commissaire aux Renseignements Généraux ; tous deux font partie du même complot visant à faire réélire le Président sortant, sobrement appelé dans les dépêches secrètes le « Champion », complot auquel participent également la société PML Consulting, vraie-fausse agence de communication composée de Simon Pierry, Jean-Luc Matthieux et Paul Lassène, redoutables spécialistes en désinformation. Enfin, peut-être la personne la plus tendre et la plus honnête du lot : Hélène Carvelle tente de faire sobrement son chemin dans les méandres de l’administration policière.

Au-delà du contenu et du contexte qui sied parfaitement à ce type de polar, bien social et bien réflexif, Jean-Hugues Oppel use de ses ressorts habituels pour appuyer son ton cru avec un style pas chic mais choc. Anaphores bien senties, vocabulaire cru et petites piques au système politique actuel fourmillent dans ce roman qui passe si vite. Pour parachever le tout, Jean-Hugues Oppel illustre son propos avec une explication complète de la pseudo montée de la violence grâce à un manuel complet du parfait désinformateur, le tout est bien sûr saupoudré de magnifiques titres de journaux prouvant notre capacité à nous laisser faire, et le pire c’est que l’auteur est bien capable d’avoir trouvé toutes ces unes dans les journaux de 2001 et 2002 !



« French Tabloïds » me rassure donc une nouvelle fois sur mon appréciation de l’écriture de Jean-Hugues Oppel : c’est drôle, c’est percutant et c’est cinglant ! Le tout en plus ressemble très fortement à de la politique fiction et en ce moment nous avons ô combien besoin de notre capacité de réflexion.



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French Tabloïds

« Non. » « Le choc. » « Catastrophe.» « Etat de choc.» Les unes des presses quotidiennes et hebdomadaires illustrent bien la stupeur et l’incrédulité des Français au soir du premier tour des élections présidentielles de 2002. Le candidat d’extrême-droite s’est qualifié pour le second tour. C’est une première. Dans « French tabloïds », Jean-Hugues Oppel revient sur l’année qui a précédé cette élection. Un président impopulaire dont le septennat a été miné par les affaires doit se faire réélire une nouvelle fois. Les sondages le donnent perdant face à son rival. Ce dernier doit donc être sorti de la course à l’Elysée dès le 21 avril. L’auteur va imaginer deux stratagèmes permettant la conquête des « cœurs et de l’esprit » des électeurs. Le premier est un trio de consultants qui a pour mission d’entretenir un climat de peur. Pour ce faire, ils veillent à ce que les médias traitent en permanence de l’insécurité. Chaque fait divers doit être monté en épingle. La peur doit être présente au quotidien. Et quand l’actualité est trop avare en violence, il ne faut pas hésiter à en inventer, voire même à en créer. C’est d’ailleurs l’objectif du second stratagème mené par un policier des services secrets et un prestataire étranger expert en manipulation mentale. Il a pour mission de transformer un citoyen frustré et révolté en un tueur de masse. Le drame doit survenir en amont des élections pour marquer durablement les consciences. Nous comprenons mieux la citation de Saint Just mise en épigraphe du roman : « Un peuple n’a qu’un ennemi dangereux, son gouvernement. »



Les chapitres sont entrecoupés de Unes de journaux. Si au départ, ils évoquent des événements anodins comme la fête de l’ortie, les titres consacrés à l’insécurité font se faire plus nombreux et resserrés et rendront une impression de matraquage. Le texte est d’une grande fluidité et le lecteur devine facilement les événements en arrière-plan. Une enquête sur un assassinat mène dans une impasse car la hiérarchie policière se montre soucieuse de ses seules statistiques et l’opinion préfère le retentissement d’un fait divers sordide. Alors si en plus l’enquête gêne en haut lieu… passez votre chemin. Oppel tisse une fiction astucieuse autour d’évènement réels. Pour paraphraser Georges Simenon*, chaque détail est vrai, mais l'ensemble est faux, ou plutôt l'ensemble est vrai mais chaque détail est faux… Il faut se garder à la fois de la naïveté et du « complotisme » mais il reste surprenant qu’un seule thème ait été si massivement traité par les médias pendant plusieurs mois, à la veille de ce scrutin.





*http://www.babelio.com/auteur/Georges-Simenon/6804/citations/1170131



** un roman conseillé fortuitement par l'auteur un an avant le premier tour de 2017 lors du salon de Saint-Maur
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Noir diamant

Et, de 1, et de 2, et de 3, avec Noir diamant, Jean-Hugues Oppel, signe la troisième apparition de Lucy Chan, plus vivante que jamais.



Rappelez-vous, Oppel, nous avait laissé dans son précédent opus avec notre officier de la CIA préférée, quasi morte. Vous comme moi, n’y croyons qu’à moitié, connaissant son courage et son intelligence. De plus, l’auteur s’amuse tellement avec elle qu’il aurait été surprenant qu’il la sacrifie. Et bien Darby Owens, sa supérieure, ancienne formatrice maintenant sous-directrice de l’Agence, n’y crois pas non plus et à juste titre. Sortie des flammes de l’enfer suite à la frappe du missile envoyé par cette même agence, Lucy survit. Owens, saute donc sur l’occasion pour en faire l’agent secret rêvé, car qui de plus secret qu’un individu officiellement décédé ?



Et, cela tombe bien, car, la sécurité intérieure du pays alors dirigé par le potus peroxydé, apprend à la sous-directrice que des ogives nucléaires se promèneraient actuellement sur l’ancien continent. L’occasion est trop belle pour passer à côté et Owens met de suite, Lucy en contact avec un agent de la DGSE française de sa connaissance. Un périple transfrontalier entre France et Allemagne commence.



Ce Noir diamant, en étant le moins voyageur de la trilogie est certainement le plus explosif des trois. Lucy de simple analyste et aujourd’hui un agent de terrain à part entière qui n’hésite pas à se mettre en danger. Pantin entre des mains bienveillantes de sa supérieure hiérarchique, qui elle, déjoue les manigances depuis les États-Unis, Lucy joue la plus belle partition de sa jeune carrière.



Dans ce roman, au-delà des nombreuses qualités qu’il possède, que l’on retrouve dans les précédents opus (19 500 dollars la tonne et Total Labrador), la relation Chan/Owens, presque maternelle, apporte un vrai plus. Un roman d’action, d’espionnage, un univers très masculin, où brillent deux femmes qui n’ont rien à envier aux hommes.



Noir diamant, n’oublie pas non plus, pour s’inscrire totalement dans la lignée des précédents, de nous offrir en fil rouge, les messages d’un lanceur d’alerte. Sévissant cette fois, sur Twitter, le célèbre réseau dont l’ancien président était un utilisateur acharné.
Lien : https://imaginoire.fr/2021/1..
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Trois fêlés et un pendu

Ils auraient aimé s'appeler les "Trois Mousquetaires" mais pour cela, il fallait être quatre. Lucien, Dédé et Marco, trois copains intrépides, battent la campagne en quête d'aventures. Un jour, Lucien découvre des lingots d'or dans une grange abandonnée. La petite bande s'y rend fissa mais - horreur ! - un pendu est accroché au-dessus du trésor.



Un court roman de la collection «Mini Syros Polar» lu à voix haute avec mon fils. J'avais pour objectif de convertir au polar un garçon parfois réfractaire à la lecture. le suspense du récit m'a épaulé : il m'a annoncé qu'il terminerait le livre le lendemain en rentrant de l'école, sans attendre mon retour… Petit ingrat.
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Total Labrador

Sans être une suite directe de 19 500 dollars la tonne, Total Labrador, signe le retour de l’incroyable et surdouée Lucy Chan.



Jean-Hugues Oppel et l’un des rares auteurs français capable dans un style très anglo-saxon, de nous offrir un mélange entre thriller, roman noir et roman d’espionnage, le tout, sur fond de géopolitique, nouvelles technologies et manipulation. Dans Total Labrador, il nous entraîne dans le sillage de la jeune analyste de la CIA, à la poursuite de Jonathan Rogue, traître aux yeux de l’agence, de l’Afrique à l’Asie et des USA à l’Europe, une traque internationale.



Même si ce roman qui peut se lire indépendamment de 19 500 dollars la tonne, nous retrouvons les mêmes ingrédients dans les deux opus, pour notre plus grand plaisir. Avec Oppel et son style inimitable, ça envoie du lourd, tant pour le côté spectacle que pour le côté hyper documenté. Tout ce qui n’est pas interdit est permis, nous annonce-t-il page 17 alors, l’auteur ne se prive de rien et profite de ses personnages comme son animateur de Radio Jamaïque pour nous rappeler, les combines malsaines de groupe comme Apple, pour faire encore plus de blé avec la bénédiction des pouvoirs politiques en place.



Les thèmes abordés par l’auteur pourraient nous faire peur de part, leur complexité pour les arpètes en tissage de réseaux internationaux d’influence, que nous sommes. Néanmoins, ce maître du thriller politique, possède le rare talent de tout nous rendre accessibles. Ne fuyez pas par peur de ne pouvoir vous y retrouver.



Ce roman terminé en quelques heures de lecture me laisse avec l’énorme envie de dévorer Noir Diamant.
Lien : https://imaginoire.fr/2021/1..
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Trois fêlés et un pendu

Qu'ont prévu de faire les trois garçons au début du récit ?

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