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Critiques de Jean-Marc Ligny (276)
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Exodes

Ce livre m’a tout tourneboulé.

Un roman « apo », me direz-vous ! Un de plus. C’est la mode, ces derniers temps. On aime à se faire peur. J’en ai déjà quelques-uns à mon actif. Des plus ou moins bons. Mais « Exodes », je vous le certifie, a résonné fort à mes oreilles. Il ne m’a pas épargné.

Je l’ai trouvé diaboliquement réaliste. Car « Exodes », c’est notre monde multiplié par 100. Le réchauffement climatique a atteint un point de non-retour, et transforme des continents entiers en déserts brûlants. Les algues sont hautement toxiques, et les méduses ont pris possession des océans dont les vagues grignotent implacablement les terres. De monstrueux ouragans se déchainent et caracolent tels des hordes de walkyries déchainées. Une nouvelle écologie s’installe dont les Hommes sont exclus. Parlons-en des Hommes ! De pauvres hères accablés par la chaleur et la soif qui survivent dans les ruines du glorieux passé. Des misérables, hagards, dépenaillés, qui vont, qui viennent, à la recherche d’un peu de paix. Pour juste se laisser vivre avant la fin. Des Hommes sans rêves, sans avenir, qu’ils subsistent sous les éléments déchainés ou qu’ils soient, transis de peur, protégés sous un dôme illusoire.

Tous les personnages sont forts. Certains sont touchants, avec leur reste d’espoir et d’humanité. D’autres, qui courent après leur propre folie destructrice, sont effrayants. D’autres encore, sont pathétiques, quand ils font leurs petites affaires avec les débris de l’humanité.

C’est un thriller haletant ; une danse macabre âpre, acharnée, féroce, cruelle…

« La chute finale dans la fournaise ».





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Exodes

A l’heure où rien ne va plus, nous choisirons : se battre (dans le vide ?), fuir (au nord ?), se tuer. Les jeux sont faits.



En Belgique, les étés caniculaires deviennent d’une dangereuse banalité. La Méditerranée n’attire plus, on veut de la fraîcheur.

Les grands de mon âge se souviennent avec nostalgie des hivers enneigés d’il y a 20 ans, des étés frisquets propres à notre plat pays. Pour nos enfants, c’est trop tard, ce monde n’existe plus.



Je voulais lire un roman à forte résonance climatique et écologique. Je me suis souvenue du retour de mon ami Éric, et j’ai sauté sur ce livre alors que la SF n’est pas mon domaine. Pourtant ce genre se prête à merveille pour anticiper le futur et nous en mettre pleins les yeux de ce que pourrait devenir notre monde si nous continuons à le piétiner.



Exodes, prix Utopiales de 2013 dessine un monde apocalyptique où la terre exploitée à son maximum n’est plus qu’un monde hostile. Il n’y a plus que deux saisons, l’hiver les températures avoisinent les 30 degrés, l’été, ça devient un four, irrespirable, incultivable. Les torrents, les trombes d’eau, les méduses par million, les maladies, l’humain s’est auto-exterminés.



Dans ce contexte, quelques enclaves abritent des nantis qui vivent reclus sous un dôme, loin de la réalité extérieure. Les jeunes se droguent à longueur de journée car ils n’ont aucun d’avenir. Rêver n’existe plus. Ou dans les bad trip.



Dehors, il y a les outers, quelques malheureux qui tentent de survivre, la peur au collet. On va suivre ici plusieurs personnages qui sont autant d’exemple d’adaptation forcée. Paula Rossi et ses deux jeunes enfants. Paula a quitté son Italie pour rejoindre la France ou elle espère trouver un médecin pour soigner son jeune fils gravement malade. Mélanie, qui dans sa petite ferme délabrée sauve les quelques rares animaux blessés.

Mercedes qui veut rejoindre le Vatican pour se rapprocher de Dieu.

Olaf et Karen un couple au nord qui veulent fuir au sud.



Ils ont tous un seul but : sauver leur peau et trouver ailleurs ce qui est mort chez eux. Mais les dangers affluent. Les Mangemorts raffolent de la viande humaine, les Boutefeu n’ont qu’une idée en tête : exterminer les derniers humains responsables du massacre mondial.

Sans compter, les pilleurs, les voisins, plus personne n’aide gratuitement, c’est chacun pour soi, on crève de chaud, de soif, de faim, l’humain s’est déshumanisé par peur et nécessité faisant loi.



Utopie ou prémonition ? Exodes est un roman passionnant qui glace le sang. L’histoire n’est jamais alourdie par des informations théoriques trop pédagogiques mais enrichie d’exemples concrets basées sur la recherche scientifique.



Les jeunes ont peur, Greta Thumberg hurle sa colère, les climatologues tirent la sonnette d’alarme, les ministres dans leur jet privé boivent du whisky en riant, des arbres centenaires sont déracinés pour 5 jours de fête foraine, et un jour des livres comme Exodes risquent bien de virer de genre, ce ne seront plus des livres SF mais des romans réalistes.
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Dix légendes des âges sombres

Quand la science-fiction soulève le voile, pour ne pas dire plus tard que nous ne savions pas…



Quelle idée de lire ces nouvelles durant cette période de festivité…mais quelle idée ! Sans doute aurais-je du attendre un autre moment car j'ai été, le temps de cette lecture, très loin des douceurs chocolatées de cette période de Noël, mis à part, peut-être, la couleur de ma gourmandise préféré…Noir à 90%...Car si la couverture semble lumineuse, juste futuriste, le contenu de ces dix nouvelles est en effet d'une noirceur absolue. Enfin, noir sous un soleil plus qu'éclatant, un soleil irradiant de ces rayons impitoyables les pauvres hères qui errent en cette canicule perpétuelle. Un noir aveuglant. Les étés à 42 degrés ne sont désormais plus que de lointains et doux souvenirs. Et malgré l'horreur que nous entrevoyons, impossible de lâcher ce livre exceptionnel. Je crois que chacun de ces dix diamants noir charbon restera ancré intimement en moi.



Jean-Marc Ligny imagine en dix nouvelles, dix légendes contées avec un talent certain, les conséquences concrètes du changement climatique via quelques tranches de vie de survivants. Pas de fin du monde apocalyptique, de fuite dans l'espace, d'invasion extra-terrestre, pas de miracles technologiques. Non, nous sommes dans le concret, le réel le plus terre à terre possible et les conséquences sont des évidences que nous pressentons déjà mais que nous nous acharnons à ignorer pour le moment : La montée drastique des températures, les paysages devenus déserts arides, terres nues parsemées de rares épineux chétifs et de squelettes d'animaux, l'absence d'eau, les mouvements migratoires, la décrépitude des femmes et des hommes revenus à l'âge médiéval au mieux, à l'âge de pierre au pire, la lutte pour la survie, le chacun pour soi, l'effondrement des sociétés et des valeurs humaines…avec cependant quelques lueurs d'espoir dans chacune des tranches de vie rencontrées….Enfin, parfois…

La science-fiction post-apocalyptique s'invite dans le réel sans que nous ayons besoin de faire un effort d'imagination très poussé, soulevant ce voile avec lequel nous tentons de tout recouvrir car jusqu'ici, tout va bien.



« Maintenant, il n'y avait que des ronces agressives, des chardons revêches et de la moisine, cette espèce de lichen vert-de-gris, mutant et hautement toxique, né probablement dans une quelconque soupe chimique ou zone irradiée et qui se répand comme un chancre sur la planète, tuant tout ce qu'il touche, sans rien pour l'arrêter. Surtout ne pas tomber dedans, car ça ronge la peau en quelques secondes. Même des chaussures en cuir n'y résistent pas, elle se désagrègent en moins d'une journée ».





Notons une écriture terriblement efficace, Jean-Marc Ligny arrive à nous faire ressentir l'émotion des personnages, l'absurdité de nos réactions lorsque des étincelles d'amour, des élans d'humanité nous guident, comme par exemple cet homme qui prend plaisir à tuer sadiquement les migrants tout en risquant sa vie pour sauver un chiot, la chute de chacune de ces nouvelles est implacable, plombante…

Il parvient avec talent à nous faire ressentir les affres de cette survie dans ce monde décimé où boire et manger deviennent la seule et unique obsession. Nos lèvres se gercent, nos gorges deviennent sèches, nos peaux se fripent, nos corps s'assèchent, quelques cloques éclatent sur nos bras devenus bâtons…

Sans parler de la plume, d'une poésie de fin du monde, qui m'a envoutée :



« Longue attente dans la fournaise qui grimpe inexorablement, au village immobile sous la chaleur qui tombe du ciel telle une chape de plomb fondu.

Longue attente dans les maisons aux fenêtres obstruées, dans les caves aux pénombres moites, sous les voutes de l'église encore un peu fraîches, à traquer la dernière goutte d'eau au fond des bidons.

Longue attente de la mort pour les vieux desséchés, des folies de la nuit pour les enfants sauvages, et pour tous les autres, du retour de l'espoir et de la fraîcheur du soir…Du retour du porteur d'eau ».





La nouvelle que j'ai préférée est celle du Porteur d'eau de laquelle j'ai extrait la citation précédente. Un road movie lancinant, haletant. Un homme, le maire d'un petit village, se voit contraint de partir seul avec une vieille mule pour aller chercher les 60 litres d'eau dont le village a droit à 15 km de là, la batterie de leur unique véhicule ayant rendu l'âme. Sa femme se meurt d'un cancer de la peau. Elle attend avec espoir un laisser passer pour Davos, ville où vit sa soeur, ville placée sous un dôme géodésique en Altuglas haute densité, au centre d'un vaste parc naturel enchâssé au sein des Alpes suisses, réservée à une certaine élite. Là elle pourra être soignée. Là elle pourra boire à sa soif et ne plus être irradiée par ce soleil devenu fou…Le texte entrelace la quête de l'eau du mari qui se transforme en une épopée terrifiante et l'attente à la lisière de la mort de cette femme, il entremêle l'avancée laborieuse et l'immobilisme dans une chaleur si accablante, si parfaitement décrite qu'elle en est palpable pour le lecteur. Ce d'autant plus que des scènes de vie sous le dôme nous sont dévoilées et le contraste est d'autant plus saisissant, l'espoir d'autant plus insoutenable…





Le format Nouvelles apporte beaucoup à cette sensibilisation écologique car il permet de découvrir une diversité de situations liées aux ravages du changement climatique, et ce dans des tons et des nuances de noirceur très variées. Certaines nouvelles mettent ainsi le focus sur l'émergence du fanatisme religieux dans ce monde à bout de souffle où les survivants sont prêts à suivre aveuglément n'importe quel gourou, d'autres se focalisent sur la survie en pleine nature en solitaire, l'homme étant un loup pour l'homme, quand d'autres montrent comment de petites communautés arrivent à organiser un semblant de vie, certains récits mettent sur le devant de la scène les tornades et tempêtes provoquées par ce changement climatique. Dans plusieurs nouvelles nous retrouvons la présence et l'importance du chien, soit seul compagnon vers lequel notre humanité s'exprime encore, de façon quasi-déespérée, soit horde plus forte que l'espèce humaine vouée à disparaitre.

Au gré de cette diversité de textes, les personnages abordés sont multiples, impossible de ne pas être touché par certains qui pourraient être vous, vos proches, vos amis, vos voisins…



Ce livre est un cri d'alarme. Un livre absolument nécessaire. Une SF engagée, sans être militante, une SF qui montre juste, en imaginant à peine. Une SF superbement écrite pour une cause qui concerne tout le monde. Une SF humaniste qui raconte la fin de l'humanité.

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D.A.R.K.

C'est un roman difficile à restituer .On ne peut pas vraiment focaliser sur une intrigue car c'est une ambiance qui est au centre de cette description clinique des effets pratiques sur la psyché de la guerre systématique.

La situation de combat est souvent très banalisée et édulcorée par la littérature ,par le journalisme et le cinéma. Il y a quelques films qui mettent le caractère excessivement inhumain des situations combats ,au jour avec clarté.

Je pense par exemple aux combats souterrains pendant la guerre du Vietnam ou bien aux tranchées de la guerre de 14/18 qui furent absolument inhumains. Imaginons nous une seconde dans des situations concrètes en rapport avec ces contextes.

Ce sont des environnements qui tuent l'âme avant de tuer les corps et sur ce plan ce petit texte remet bien les pendules à l'heure. On ne sait pas trop où on va dans ces pages mais la route est ponctuée de mots justes et d'un désespoir irrémédiable qui vient autant des combats que de l'impossibilité absolue de mettre fin à ces combats ,car l'ennemi est inconnu au bataillon et donc toute négociation de paix est impossible.



L'oeuvre déroule un cadre post-apocalyptique très éloquent avec une langue très claire dont je vous livre un exemple :

« c'est l'ombre de la guerre noire comme l'hiver, comme la peur, la misère, les nuits sans lendemain et les machines à tuer. Comment survivre sous la pluie de missiles et de bombes lâchées d'on ne sait où ? Partir à la recherche des responsables ou au moins d'un ennemi ? Prendre le pouvoir pour relever le défi ? Se vouer à sa foi pour ne pas perdre l'esprit ? Errer dans la brumes de l'oubli ? »



Le point fort de ce texte est que tout est hors control et que tout semble relever du hasard et si les menaces sont nombreuses ,de par sa nature la vie continue. Mais le prix à payer pour cette survie est très cher, alors que l'on est en compagnie des descendants des premiers survivants qui n'ont rien connus d'autre et alors que de nouvelles bestioles sont apparues.

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Aqua (TM)

Voilà un livre qui, peut-être, donne tort à Octave Mirbeau lorsqu'il affirme dans "les 21 jours d'un neurasthénique" que l'idée dort dans les livres, que la vérité et le bonheur n'en sortent jamais.

Que finalement le pouvoir de la Littérature est limité !

Le livre de Jean-Marc Ligny, "Aqua", est un pavé dans la mare.

730 pages de roman bien ficelé et passionnant ...

850 grammes de science-fiction parue en 2006 aux éditions nantaises "l'Atalante" ...

C'est la douche froide !

Qu'avons-nous fait pour mériter cela ?

Ce roman est un roman d'anticipation qui projette sa lectrice, son lecteur dans un monde qui n'est pas si éloigné du notre.

La Hollande, Saint-Malo, le Burkina-Faso, le Kansas ... L'enjeu est mondialisé.

Une image satellite volée par un jeune hacker a révélé l'existence d'une immense nappe phréatique dans les sous-sols du Burkina-Faso, le pays des "hommes intègres".

Les intérêts vont déchaîner le pire comme le meilleur.

Laurie et Rudy vont convoyer du matériel de forage ...

Ce roman, qui démarre à la fois doucement et sur les chapeaux de roues, est écrit de manière magistrale et articulé de façon efficace.

On n'y perd jamais le fil du récit, malgré une certaine multiplicité des lieux et des personnages.

Ces derniers vont être appelés à interagir entre eux et sur un monde que déjà l'on semble entrapercevoir aujourd'hui.

Car, dans l'anticipation, l'analyse accompagne ici l'action.

C'est réfléchi, et c'est bien vu.

Mais c'est glaçant.

Peut-être plus encore d'ailleurs qu'"Exodes" et que "dix légendes des âges sombres" car le récit d'"Aqua" est à mon sens celui qui fait la charnière entre notre monde et celui plus apocalyptique encore des deux autres ouvrages.

Le cri d'alarme est patent.

Il assèche le Burkina-Faso.

Il inonde la Hollande.

Et fait suinter les vieux murs de Saint-Malo.

Mais, dans son récit, par dessus tout cela, Jean-Marc Ligny à aucun moment ne perd pas de vue la part d'humanité de ses personnages.

Ils sont décrits tels qu'on les connaît déjà, à peine caricaturés dans leurs réalités de générosité et d'égoïsme, de désespoir et de courage.

"Aqua" est un grand roman, un de ceux qui marquent le genre, un de ceux qui font espérer que la Littérature ne soit pas aussi vaine que semblait le penser Octave Mirbeau ...
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Jihad

A l'issue d'un raid d'hélicoptères sur un petit village montagneux d'Algérie, une jeune fille, Fatima, est violée, et tuée peut-être, par un kafir, un occidental, Max Tannart, le chef des commandos anti-guérilla de l'ANI, l'armée nationale islamique ...

"Jihad" est un thriller d'anticipation, un road-movie tendu et sans pitié pour ses personnages.

Djamal Saadi, le frère de Fatima, va se lancer dans la quête éperdue de sa vengeance ...

Le titre de ce livre de Jean-Marc Ligny annonce un récit dans lequel son auteur aura à se méfier des pas de côté.

Encore que l'on pardonne beaucoup plus facilement le délit d'idéologie à ceux que l'on nomme parfois les auteurs de genre.

Et jean-Marc Ligny est justement du genre, de celui qui prévient, qui alerte et qui alarme !

Le fond du propos de "Jihad" déjà est posé dans la triple citation d'ouverture à l'ouvrage, une triple citation dans laquelle une sentence glaciale de Bertold Brecht vient faire écho au fatalisme courageux d'une jeune algérienne et à la force des mots de Zineb Laouedj.

Ce monde, décrit dans le livre de Jean-Marc Ligny, est celui de demain mais un demain situé avant le grand effondrement, un demain écrit avant les attentats du 11 septembre, et avant ceux de Charlie.

Le récit ne fait aucune concession, ni à ses personnages, ni à ses lecteurs.

Il met les choses à plat, aussi dures soient-elles.

Le récit est rapide et efficace mais abrupt et inquiétant.

Tout au long du fil de leurs péripéties, les personnages s'extraient tout naturellement du carcan de leur caricature.

Il prennent alors une épaisseur qui les rend palpables, vivants.

Trois forces sont en présence dans la société que décrit l'ouvrage : les milices CAID d'extrême-droite, les Ikhwans religieux fondamentalistes et les X-men qui luttent pour un monde plus libre.

Mais Jean-Marc Ligny nous aura prévenu : "l'argent n'a qu'une couleur et une religion".

Et l'instauration du pouvoir absolu moderne passe par la soumission de la femme à l'homme, du peuple au chef et du pauvre à Dieu.

Jean-Marc Ligny est un auteur de conviction, un auteur du genre à qui on ne la fait pas !

Ce livre est un livre engagé, un livre qui bouscule les ordres établis et provoque une réflexion vraie.

C'est un récit passionnant et addictif, doublé d'une anticipation assez inquiétante pour nous alerter sur le monde mortifère que d'aucuns s'évertuent à nous fabriquer.

C'est le style et la méthode de Jean-Marc Ligny, c'est tendu et rapide, mais c'est intelligent et préoccupant ...

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Exodes

Pourquoi je l’ai choisi:



Je souhaitais connaître enfin cet auteur de Science-fiction, et bien sûr la couverture et le résumé ont fini de me convaincre à tenter cette aventure bien réchauffée à point. Je tiens à remercier chaleureusement donc, le site Babélio et son opération Masse Critique, qui m’a permise de découvrir un gros coup de cœur littéraire, ainsi que les éditions Folio pour l’envoi de ce livre!

Ce que j’ai ressenti:…Un sombre exode vers un coup de cœur…



Six destins qui nous racontent l’Europe en post-apocalyptique, cela nous donne 600 pages d’une intensité incroyable, un livre qui ne s’oublie pas, une lecture qui marque les consciences.



« A croire que se défoncer est devenu plus vital que manger. »



Qu’on se prenne d’affection pour cette douce Mélanie, qu’on allume le feu comme Fernando, que l’on se prosterne devant les anges comme Mercedes, que l’on navigue sur les flots comme le couple Eriksson, que l’on protège ses enfants avec une rage maternelle convaincante comme Paula, que l’on se batte pour la survie de l’humanité comme Pradeesh: suivre ses personnages, c’est traverser des terres hostiles, des mentalités ravagées, des corps meurtris avec pour seul objectif de rentrer, à l’abri, dans les dômes, et échapper à l’enfer sur Terre.



« Mais comme dit le proverbe, si le pire n’est jamais sûr, le meilleur l’est encore moins. »



Mais quel roman!!!!Sombre et suffocant, il n’en reste pas moins que c’est une lecture qui vous imprègne! Un triste constat de la nature humaine qui ne reflète que trop bien, des probables conséquences que ces humains, sans foi ni loi, font subir aujourd’hui à la Nature. On reste abasourdis de ce monde chaotique décrit, fatal résultat du réchauffement climatique, et ses lieux de perdition deviennent le théâtre des pires atrocités. La fin des temps a sonné dans ses pages, et l’heure n’est plus à l’espoir, mais en même temps, les Hommes l’ont bien cherché…Jean-Marc Ligny se permet donc de leur faire subir toutes sortes de châtiments pour leurs comportements irresponsables actuels, en leur faisant entrevoir dans ce roman d’anticipation, une évolution future qui pourrait advenir: du déchaînement météorologique, en passant par la faune mutante et une flore inexistante, les humains vivent un vrai calvaire…Et le pire chez eux, va en ressortir…Les chocs seront empreints d’une incroyable violence, et le moindre rapprochement sera teinté de fatalité implacable…



« Maintenant, c’est la vie entière qui est une catastrophe, et toute l’humanité qui en est victime. »



Dans la mesure, où l’on ressent de plein fouet, toutes sortes d’émotions diverses, mais ô combien bouleversantes, que la plume de cet auteur et son intention sont d’une grande intelligence, je peux clairement affirmer que ce livre est un gros coup de cœur. Je me suis attachée à chacun de ses personnages, même les plus sombres, je ne voulais pas sortir de ce monde, pourtant hostile, et j’ai pris un grand plaisir à faire durer cette lecture, pour mieux l’apprécier. Ses Exodes nous font voyager, autant que trembler: c’est tout le bonheur de se caler tranquillement un bon pavé de Science-Fiction…Je le recommande avec toute l’intensité d’un Boutefeu…



« Ce qui était encore apocalyptique il y a vingt ans est devenu banal aujourd’hui. »



Meilleurs Moments du livre:

•J’ai adoré la vie auprès de Mélanie, sa douceur, son engagement. J’ai admiré sa force dans sa tendresse, et j’ai eu un énorme coup de cœur pour ce bout de femme. C’était ma petite lueur dans ces ténèbres.



« Et maintenant qu’elle a arraché un Boutefeu à sa propre folie, elle compte bien ne pas en rester là: elle va lui apprendre les gestes qui sauvent, les gestes qui soignent, les gestes d’amour. «

•Le bateau du couple Eriksson qui traverse les villes allemandes. Je pense que c’est vraiment mon passage préféré du livre, j’ai visualisé à la perfection cette intrusion navale dans les rues, autant dire que l’auteur a une vraie force pour ouvrir notre imaginaire et donner une scène saisissante…



« Peut-être est-il mort, il ne s’en est pas rendu compte avec ce capharnaüm, et maintenant il chevauche l’écume de la mer en compagnie des dieux… «


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Exodes

Quatre ou cinq étoiles ? J'ai longtemps hésité, mais ce roman d'anticipation qui nous miroite le monde de demain mérite bien les cinq, pour l'écriture qui sait restituer de manière vivante et visuelle un univers que nous souhaiterions encore loin, très loin de notre quotidien...mais pour combien de temps encore ?

Et c'est bien ce que Ligny sait faire...nous faire (très) peur dans ce roman extrêmement noir. J'ai mis beaucoup de temps a terminer ce livre...arrivee a la moitié du roman, je suis allée faire le plein de livres d'images a la bibliotheque municipale pour avoir des "bulles d'air" en provision... A force d'être balayée par des tempêtes de sables ou de l'eau, des ouragans, de trainer les pieds dans le sable omniprésent sous un soleil accablant, de me mesurer a la soif, la faim, les maladies, les insectes et autres parasites...et pire...devoir me confronter quotidiennement a la pire menace qui existe : les hommes qui n'ont plus grand chose en commun avec ce qu'on appelle "l'humanité"... Ces hommes et femmes qui pour survivre, n'ont plus que les moyens les plus primitifs...brûler, manipuler, voler, trucider, tuer...et pire encore... Ne plus pouvoir contempler la nature, dilapidée par les prédateurs qui n'ont que "hommes" de nom (!)...parce que il ne restera plus rien...L'auteur ne m'a pas permis de lire un livre, il m'a permis de le vivre ; vivre et ressentir aussi ce que vivent et subissent une poignée d'hommes et femmes qui affrontent des conditions de vie innommables...
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Exodes

Depuis longtemps, je ne m'étais pas plongé avec autant de plaisir et de stupeur dans un long récit de science-fiction.

La science-fiction, la bonne, provoque à tous coups plaisir et stupeur.

Et "Exodes"est un récit stupéfiant.

Il projette dans le futur, dans un de ces glauques futurs qui n'appartient plus tout à fait à la littérature, les problèmes qui se posent à nos sociétés depuis un moment déjà.

Cela commence par des nantis terrorisés, des gangs de pillards sans foi ni loi, des camps de réfugiés hagards et des migrants par millions sur les chemins de l'espoir ...

"Exodes" résonne, aujourd'hui, comme un pressant avertissement.

C'est un récit bien imaginé, un récit plein d'humanité et parsemé d'inhumanité, un récit pessimiste mais non désespérant.

Mais c'est, aussi et surtout, un roman, un bon, un excellent roman qui, plus moderne, plus abouti, se place dans la lignée de "Malevil".

Il est articulé en quatre parties.

La première parcourt un monde apocalyptique, sombre héritier du notre.

Elle présente une galerie de personnages aussi crédibles qu'attachants.

Le livre est écrit avec brio.

Le récit s'installe dans la première puis se déroule avec efficacité dans les trois dernières parties.

Jean-Marc Ligny est un bon écrivain, doublé d'un technicien redoutable.

Il s'empare de son lecteur et ne l'abandonne, le souffle coupé, qu'à l'épilogue de son puissant récit.

Je le remercie de m'avoir offert son roman.

Je fais désormais partie de ses lecteurs.

Je remercie aussi les éditions "Gallimard", pour m'avoir adressé ce livre, mais aussi pour l'exigence et la qualité de leurs choix et de leurs collections. Elles m'ont donné tant à lire depuis toutes ces années ...

Et je remercie, forcément, nos amis de la "masse critique".

Mais ça, ils s'en doutaient un peu ...

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10 façons de bouleverser le monde

10 auteurs, 10 nouvelles et 10 façons de bouleverser le monde, de la préhistoire à nos jours. Selon les textes bouddhistes, chaque événement découle d'un autre : tout est cause et conséquence. Ainsi il est facile d'imaginer que d'infimes décisions à un moment crucial puisse changer le destin de l'humanité.



Bien entendu, plus précoce est l'alternative, plus importantes sont les distorsions. Ainsi si les homo sapiens avaient disparu en lieu et place des néandertaliens, plus pacifistes, on peut imaginer une planète moins belliqueuse. Mais avant cela, et si Noé n'avait pas été le seul survivant du déluge? Si le serpent n'avait pas empoisonné Cléopatre? Si Henri de Navarre avait été tué avant d'accéder au trône? Plus près de nous on sourit quand on voit Napoléon conquérir l'Amérique, mais une Walkyrie en lieu et place de la statue de la liberté, ça fait un peu peur tout de même. Les distorsions de ces uchronies sont de plus en plus ténues mais les résultats sont de plus en plus terrorisants : Tchernobyl qui vide la moitié de la 'France ou le bug de l'an 2000 devenu réalité : tout est plausible.



Voilà donc une façon très originale de revisiter l'Histoire, avec juste ce qu'il faut de fantaisie pour que le doute s'installe, mais assez de socle documentaire pour rendre la thèse crédible. On en redemanderait, d'autant que les signatures sont prestigieuses Pierre Pelot, Jean-Marc Ligny ou Robert C. Wagner......



Merci à Babelio et aux éditons Flammarion pour ce partenariat très apprécié






Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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L'ouragan

Encore une petite nouvelle de légère anticipation et elle est de Jean-Marc Ligny que je découvre par la même occasion. Nous avons là un triste récit sur un devenir possible de notre société, entre catastrophes météorologiques et réfugiés climatiques donnant lieu à encore plus de pauvreté. Sortie dans la cadre de cette Décade de l’Imaginaire (chez L’Atalante) que je suis assidûment, ce court se trouve être un peu plus poétique que les autres. Malgré tout, c’est peut-être bien la société en arrière-fond qui semble être la plus intéressant, de mon point de vue, par rapport à cette relation de couple tendue Stéphane-Élodie.

Une nouvelle honnête, en tout cas, et malgré tout prenante… juste ce qu’il faut.



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Exodes

Ligny nous convie à une aventure extraordinaire.

Extraordinaire parce qu'elle nous raconte notre futur proche, tel qu'il pourrait advenir, suite aux bouleversements et dérèglements climatiques.

Extraordinaire parce que crédible.

Extraordinaire parce que prenant aux tripes.

Extraordinaire par son ampleur et sa construction.

Un roman post-apocalyptique dense, foisonnant d'idées, de concepts et de tribulations, écrit de main de maître par un auteur maîtrisant son sujet et possédant un vocabulaire au dessus du lot. La construction narrative est originale et un modèle du genre.

Ligny sait écrire, mais surtout, Ligny sait rester humble lorsqu’il raconte son histoire. Bien sur, on comprend vite les inquiétudes de l'auteur concernant l'avenir de notre planète, mais son récit est narré sans coté "donneur de leçon".

Sa vision apocalyptique est clairement documentée, mais c'est avant tout des aventures humaines qu'il nous raconte.

Destins croisés de 6 personnages principaux (victimes principales ?), tous différents et d'une force stupéfiante. Un vrai roman d'aventure désenchanté, sombre, violent et qui pousse à la réflexion. Une lutte de tous les jours pour la survie.

Un pavé à chaudement recommander aux amateurs du genre. Magnifique (si tant est qu'on puisse utiliser un tel terme pour une histoire aussi sinistre).
Lien : http://gruznamur.wordpress.com
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La Mort peut danser

Loin de moi l'idée de dire que Dead can dance est un mauvais groupe, cette formation a toujours eu à coeur de proposer une musique personnelle et recherchée, loin de tout formatage. Pour autant, globalement la musique de Dead can dance ne me touche pas. Le seul album de ce groupe que je prends plaisir à écouter est "spiritchaser" qui est sans doute l'album le moins représentatif du groupe. En m'attaquant au roman de Jean-Marc Ligny je craignais qu'il ne s'adresse qu'aux amateurs du groupe. Il n'en est rien, il n'est pas nécessaire d'apprécier Dead can dance pour être séduit par "la mort peut danser".



Si à travers ce roman Ligny rend hommage à un groupe qu'il admire, l'auteur évite d'être trop référentiel au cours du récit, "la mort peut danser" est avant tout un beau roman fantastique.



Le récit fait des allers et retours entre Moyen-âge et présent. En l'an 1181, une jeune magicienne est brûlée vive sur un bûcher lors des invasions anglo-normandes en Irlande. En 1981, une jeune chanteuse animée d'une voix quasi-surnaturelle semble peu à peu perdre le contact avec la réalité et a de fréquentes absences. Bien entendu, ces deux femmes sont liées l'une à l'autre.

Ligny propose une très belle histoire pleine de poésie et de magie. Les allers et retours entre passé et présent sont bien menés, l'auteur tissant un très joli lien entre les époques à travers le chant des deux femmes.

Forgaill, la banfile, et Alyz la chanteuse fragile sont de superbes personnages. C'est là que réside une des principales réussites de "la mort peut danser". Ces personnages sont très intenses, aussi attachantes l'une que l'autre.



L'autre point fort du roman, c'est la plongée dans la culture celtique. Le roman est très documenté sans que cette érudition ne prenne le pas sur le divertissement. "La mort peut danser" évoque la fin d'une civilisation, la mort de la culture du peuple des Gaëls. Pour autant, le roman de Ligny, s'il est émouvant, n'est jamais déprimant. Il n'est pas dénué d'espoir.



Le roman n'est pas exempt de défauts. Il n'est pas totalement équilibré. Certains passages tirent un peu en longueur tandis que d'autres passent trop vite et auraient mérité d'être approfondis. La partie actuelle se révèle un peu mois prenante que la partie moyen-âgeuse.



Ces menus défauts ne viennent pas gâcher le plaisir de lecture. Il s'agit là d'un bien joli roman qui m'a permis de découvrir Jean-Marc Ligny. Je suis d'ailleurs bien contente que d'autres titres de l'auteur m'attendent dans ma PAL.

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Dix légendes des âges sombres

Elodie, le premier personnage de ce livre, "dix légendes des âges sombres", aurait pu être sa dernière lectrice.

Elle est assez vieille pour ça. Elle a 72 ans.

Et, elle a connu l'ancien monde, celui d'avant, d'avant que le changement climatique ne vienne bouleverser l'ordre des choses.

Car c'est bien de cela qu'il va être question dans le livre de Jean-Marc Ligny, du changement climatique et du bouleversement de notre monde.

"Dix légendes des âges sombres" est un recueil de nouvelles.

Toutes sont préalablement parues dans diverses publications entre juin 2000 et décembre 2020, sauf la dernière, "la horde" qui est ici inédite.

Il y a dans ces pages, vingt ans de maturation, d'observations et de réflexion.

Pris dans son ensemble, l'ouvrage pourrait être le roman complet et indivisible d'un monde en perdition.

Pourtant chacune de ses dix nouvelles est un récit achevé qui peut se lire indépendamment des neuf autres.

Le ton est donné.

La tragédie s'invite à la table de l'humanité.

La science-fiction s'en moque bien, elle en a connu des fins du monde, des invasions d'êtres venus d'ailleurs, des fuites dans le temps et dans l'espace, des tragiques effondrements et des quêtes pleines d'espoir ...

Mais ici la science-fiction a posé un pied dans le réel !

Du reste, la meilleure des sciences-fiction n'est-t-elle pas toujours une page de notre quotidien à venir ?

Les personnages de ce livre pourraient être vous, moi, ce voisin auquel personne ne prête jamais attention ...

Les personnages de Jean-Marc Ligny sont plus vrais que nature.

Ils dégagent de l'émotion, vivent intensément, accentuent la cruauté des situations et insufflent pourtant l'espoir.

C'est au bord de mer que tout commence à Hyères, puis en Bretagne ...

La poste a fermé. le boulanger a mis la clef sous la porte.

Même le bistrot a baissé son rideau.

C'est dire, en Bretagne, si tout espoir semble avoir été jeté aux orties.

Le récit de Ligny s'ancre dans une vie quotidienne qui aurait viré au cauchemar.

C'est bien écrit.

C'est efficace.

C'est plombant, aussi parfois.

"Mais qui, à part les fous et les idiots, ne songe jamais à l'extinction du genre humain ?"

Cet atavisme est vieux comme le monde !

Ce recueil est un puissant cri d'alarme, comme seule peut l'être la littérature, la meilleure lorsqu'elle se mêle de nos vies.

Ce livre vient juste de paraître, aux éditions de "l'Atalante", superbe maison de Nantes dont plusieurs volumes honorent déjà ma bibliothèque.

Je les remercie pour cet envoi.

Je remercie aussi, bien sûr, l'auteur de ces pages édifiantes et passionnantes, Jean-Marc Ligny, dont j'avais déjà dévoré "Exodes".

Et, j'espère un jour, peut-être, le croiser aux "Utopiales" pour lui dire tout le bien que je pense de sa littérature ... pourquoi pas ?

Un grand merci, aussi à la Masse-Critique qui toujours élargit notre imaginaire ...



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Chroniques des Nouveaux Mondes, tome 1 : Le..

Un peu déçue par les trois premières des quatre courtes nouvelles de ce recueil, initialement paru en 1991 dans la collection "Anticipation" de Fleuve noir (j'ai lu la version papier de ActuSF, 2007).



La 1e nouvelle m'a frustrée par sa quasi-absence de chute... oui, d'accord...ça n'était guère probable de se terminer autrement...

La 2ème souligne avec ironie l'omniprésence de l'homme et m'a fait sourire...

Passons sur la 3ème (autour du thème de l'intelligence animale) qui sort un peu du lot... Si (!) on veut trouver un dénominateur commun à ces récits : l'homme est-il capable/conçu pour vivre sans ses semblables ?



La 4ème histoire, celle d'un naufrage, répond excellemment à cette question. Avec une appréhension grandissante, on suit la survivance d'un couple et leur étrange enfant sur un astroport glacial et hostile (?)...



C'est dans cette dernière, et plus longue, nouvelle qu'on reconnaît le talent de conteur que J-M Ligny maîtrise souvent si bien, et pour lequel j'aime suivre cet auteur.

J'entame donc sans tarder les "Chroniques des Nouveaux Mondes, tome 2 : les Chants de glace".
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Aqua (TM)

« -… Et maintenant, mes chers amis, voici venu le moment que nous attendons tous depuis si longtemps, cet instant de grâce où, de ce sol devenu stérile, va jaillir la source de vie, l’eau précieuse ! »

Nous sommes en 2030, l’eau est devenue un trésor aussi recherché que l’or. Les dérèglements climatiques modifient la surface du monde. Le nord est en proie aux tornades et le sud souffre d’une sécheresse sans précédent. Au Burkina Faso, particulièrement, la population meurt littéralement de soif et le gouvernement dirigé par une femme intègre ne sait plus comment sauver son pays. La situation est désespérée jusqu’au jour où un hacker découvre une photo satellite d’une nappe phréatique inconnue et la diffuse sur le site d’une ong humanitaire. C’est alors le branle-bas de combat entre les autorités burkinabé qui ont besoin de matériel pour extraire l’eau et le pdg d’une société américaine qui estime que la nappe lui appartient. Nous allons suivre en alternance plusieurs personnages qui sont emportés dans cette aventure. Laurie, une jeune française qui travaille pour une ong ; Rudy, un hollandais qui perd toute sa famille dans un attentat terroriste ; Abou, le fis de la présidente burkinabé qui est initié à la magie, les membres d’une secte religieuse fanatique et encore bien d’autres.



Après avoir dévoré Exodes, un roman plus récent de l’auteur, j’ai eu envie de replonger dans son univers et, soulagement, j’ai été plus que conquise par Aqua TM. C’est à nouveau un gros pavé, le schéma narratif est le même : un récit rythmé, alternant les coups d’œil sur la vie des différents protagonistes et l’écriture est tout aussi soignée et maîtrisée.

Les thèmes font penser à Pierre Bordage, la comparaison est inévitable. A mon sens, Jean-Marc Ligny se situe même un cran au-dessus. J’ai rarement lu des ouvrages de ce genre aussi bien ficelés. Dans Aqua TM, on croit à l’avenir qu’il compose. Les images que nous en avons sont précises, colorées et vraisemblables. C’est un concentré d’humanité, qui passe en revue autant les enjeux personnels que politiques, qui prend en compte les questionnements qui sont les nôtres sur l’avenir de la planète et qui y répond avec un mélange de pessimisme et d’espoir. Bref, c’est un excellent roman d’anticipation !
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Jihad

On connaît bien Arthur C Clarke, Philip K Dick, Isaac Asimov ou même Harry Harrison. En France, nous avons Jean-Marc Ligny. c'est comme un pote pour moi. Je le lis et le relis et j'adore ce qu'il fait.

Injustement reconnu dans le monde de la SF ou et surtout celui de l'anticipation, je le considère comme un grand dans ce domaine.



Dans ce roman, Jihad, dans un monde étranglé par les extrêmes, l'extrême droite en France, les ultra religieux en Algérie, Djamal n'est ni un fanatique religieux, ni un soldat à la botte de sa nation, il va mener son Jihad personnel,non pas au service de sa religion mais pour venger la belle Fatima, sa soeur et amante, disparue lors de la destruction d'un petit village de Kabylie. On lui raconte comment elle a été violée et tuée par un groupe de commandos fanatiques intégristes avec à leur tête, un mercenaire français, Max tannart, venu pour les entraîner.

Son objectif sera d'aller dans une France hyper militarisée, aux mains d'un Parti National ouvertement raciste qui fait régner la terreur avec l'aide de milices hyper violentes.

Dans ce récit, il s'agit bien plus que d'une histoire de vengeance, Jean-Marc Ligny nous montre ce que la société française gangrénée par l'individualisme et le fatalisme politique pourrait devenir assez rapidement (certains diront même qu'elle est déjà entrain de le devenir) si on continue à laisser le terrain politique à n'importe quel parti dont le thème principal est l'exclusion de tout ce qui ne se soumet pas aux valeurs du bon vieux nationalisme, programme déjà expérimenté par le courant pro-fasciste, pétainiste, il y a quelques décennies.

JM écrit un sacré bon roman d'aventures, bourré d'action et de suspense avec des personnages attachants, surtout son héros dont on suit aisément les péripéties en espérant le succés de sa quête.

JM Ligny a écrit cet excellent roman de politique fiction avant de s'attaquer à d'autres thèmes tout aussi brûlants, la pénurie d'eau dans le monde (Aqua) et le réchauffement climatique (Exodes).

Bonne lecture!
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Chroniques des nouveaux mondes, tome 2 : Le..

Même si je n’avais pas été accroché à 100% par le premier recueil des Chroniques des Nouveaux Mondes, j’ai décidé de poursuivre l’aventure grâce aux encouragements de Domi_V. Et bien m’en a pris : je l’ai trouvé bien meilleur.



La construction de l’univers spatial humain et ses relations avec les rares races extraterrestres qu’il a rencontrées transparaît dans ces quatre nouvelles. Ligny a décidé d’établir une chronologie, et de relier ses récits par de fins liens. Des éléments de type historique sont intégrés, tel ce mouvement du Renouveau Moral qui imposa une nouvelle chape de « vertu » avant de provoquer une violente réaction libératrice à la génération suivante.



La deuxième nouvelle « La Guerre de Trois Secondes » est un véritable bijou. On y aborde les raisons de cette guerre avec un certain goût du ridicule pour le genre humain et une focale sur les difficultés de communication avec une autre espèce qui, bien qu’intelligente, présente des paradigmes de raisonnement et d’émotion véritablement étrangers. J’ai seulement regretté que Ligny utilise les témoignages de la guerre pour écharper les nantis, les patrons et les braconniers de lion, bref tout ce qu’il déteste dans notre époque. Ce n’est selon moi pas le bon format et cela éloigne la nouvelle de son but initial.



J’ai également beaucoup aimé « Les Chants de Glace » qui nous fait toucher ce que pourrait être un concert dansé du futur avec un descendant de Jean-Michel Jarre qui prendrait pour scène Saturne et ses satellites. Je suis très sensible à la danse et au langage du corps, et les descriptions poétiques de Ligny m’ont littéralement transporté. Il a le chic pour nous dire que, même au sein d’une civilisation spatiale, les humains auront des tracas quotidiens que nous pouvons comprendre. Par exemple dans « Ogoun Ferraille » où une ado essaie de fuguer pour aller écouter le concert de son artiste favori alors que ses parents trouvent que sa musique est de la soupe de barbare (les combat de chaque génération avec la précédente, c’est comme ça depuis le Rock n’Roll, voire avant).



Bref je sors content de ce petit recueil. Je suis sûr de poursuivre l’aventure des Nouveaux Mondes à présent. J’ai d’ores et déjà acheté le tome 3, dernier recueil de nouvelles avant d’attaquer les romans.

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La saga d'Oap Täo

ActuSF republie pour la rentrée littéraire 2014 La Saga d’Oap Täo de Jean-Marc Ligny sortie pour la première fois en 1990 (Rasalgethi, Apex (M57) et Bérénice constituaient les trois tomes originaux, alors publiés chez Fleuve Noir et ici réunis dans une version revue et corrigée par l'auteur).



Avec cette saga, Jean-Marc Ligny lance un personnage qu’il mènera très loin : Oap Täo. Mercenaire aguerri, baroudeur de l’espace et habitué des endroits louches, il nous apparaît déjà vieux, client d’un bar miteux. Et c’est l’arrivée de deux étudiants cherchant à faire sa biographie qui va déclencher notre plongée dans ses souvenirs et plus exactement dans une de ses premières aventures d’envergure. Jean-Marc Ligny choisit d’entrée un apriori que je n’aime pas tellement côtoyer : commencer l’intrigue alors que nous savons déjà la fin et voir le narrateur raconter sa propre histoire (avec quelques arrêts de rigueur). Le lecteur est même tenté de se dire que ce « héros » mène sa barque bien malgré lui car chaque étape n’est pas de son fait, mais du ressort d’une entité supérieure qui le guide ou le mène par le bout du nez.

Autant dire que je ne prends pas ce roman par le bon bout, c’est certain, car finalement je l’ai lu rapidement et pris un grand plaisir au fur et à mesure. Là encore, c’est l’ambiance qui fonctionne. Ce space opera nous fait vraiment voyager : nous ne sommes pas là-bas pour visiter deux planètes histoire de dire qu’on a pris un vaisseau ; non, ici, on s’attache à un lieu et on est transportés illico dans une décharge spatiale à la périphérie de la galaxie ; on se rassure à voir la rencontre avec un mystérieux mercenaire se dérouler à peu près convenablement pour subir quelques pages plus loin les assauts de son commanditaire. Oap Täo n’est clairement pas dans le moment le plus paisible de sa (alors) courte existence et on subit avec lui les affres d’une mafia galactique volontairement mal définie.

Est-ce important de vous détailler que notre cher Oap Täo va affronter les effluves de la Fleur, drogue aussi captivante que destructrice, mais aussi les inspirations trop intimes d’une fantôme décidée à lui faire remplir sa mission, ainsi que des planètes hostiles dont la Terre elle-même devenue un vaste pénitencier à ciel ouvert soumis à un virus extraterrestre ? Je ne pense pas, car finalement, comme on le dit souvent, c’est le voyage qui importe et qui captive, puisque le personnage principal nous le raconte pendant plus de quatre cents pages et qu’il compte en laisser une trace grâce à ceux qui l’écoutent attentivement. C’est plutôt la fin qui pourrait laisser un goût amer en ne nous donnant qu’une ouverture légère sur l’univers qui s’offre à nous sans vraiment justifier ce qui a lancé cette Saga pourtant bien enivrante.



À terminer La Saga d’Oap Täo ainsi, Jean-Marc Ligny devait forcément avoir envie de nous embarquer pour de nombreuses aventures. J’espère donc que les éditions ActuSF vont rééditer d’autres œuvres de cet auteur, notamment parmi ses Chroniques des Nouveaux Mondes, afin que j’aborde davantage son style alerte et son approche très sociale de la science-fiction. Il va déjà falloir que je trouve les recueils de nouvelles qu’ils ont déjà publiés de lui, par exemple Les Chants de Glaces qui approfondit le même univers.



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Chroniques des nouveaux mondes, tome 2 : Le..

Dans ce deuxième recueil, c'est encore la nouvelle la plus longue ("La Guerre de trois secondes") qui éclipse les trois autres. Non, par sa qualité littéraire -indéniable-, plutôt à cause du questionnement qu'elle soulève : est-ce que nous avons besoin d'une intervention extraterrestre pour liquider l'humanité... ou sommes-nous capables d'y arriver par nos propres moyens ? Réjouissante ! cette ironie sous-jacente.



Les trois autres récits, très poétiques, jouent sur le registre de l'art : la littérature, la danse, la musique et leurs influences sur l'individu. Ils n'ont pas trouvé mon adhésion pour l'unique raison que je n'aime pas être mise en présence d'envolées lyriques dans les oeuvres de SF... simple question de goût !



Les quatre nouvelles du 1e livre des "Chroniques des Nouveaux Mondes" rencontrent leur écho dans ce 2ème tome : on voit les narrations des différents mondes et (co-)habitations sur les planètes colonisées s'imbriquer pour "dessiner" cet univers du 24e siècle... dans lequel, comme souvent chez l'auteur, l'être humain avec ses qualités et défauts, reste l'étoile dominante de l'espèce... euh... de l'espace.
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