Citations de Joanne Harris (137)
Les gens âgés ont besoin de la présence des petits pour se souvenir.
Ceux qui disent que les mots n'ont aucun pouvoir ne connaissent rien à leur nature. Bien placés, les mots peuvent faire basculer un gouvernement, transformer l'affection en haine, créer une religion nouvelle et même provoquer une guerre (p. 311).
A cinq heures du matin, la Loire, baignée de brume, étale son calme et sa splendeur. De l'onde frissonnante, les bancs de sable émergent dans une pâleur éthérée comme des continents perdus. Le parfum de la nuit traîne encore sur la rivière. Un rayon de soleil naissant éclabousse sa surface de luisantes jaspures d'ombre.
L'ivresse, nous déclara-t-elle au cours d'un de ses rares moments de confidence, est un crime commis contre l'arbre, contre le fruit, contre le vin lui-même. C'est un crime de lèse-société, c'est un abus de confiance, comme le viol est un abus du désir.
L'appréhension de la douleur peut, en un certain sens, être encore plus pénible et plus insupportable que la douleur elle-même.
« Tout le monde a besoin d’un petit luxe, d’un petit plaisir de temps en temps. » (p. 58)
Guillaume quitta La Praline avec un petit sachet de florentins dans sa poche ; avant qu’il ait passé le coin de l’avenue des Francs-Bourgeois, je le vis se pencher pour en offrir un à son chien. Une caresse, un aboiement, le petit bout de queue qui s’agite. Comme je l’ai dit, il y a des gens pour qui donner ne pose aucun problème.
Les senteurs mêlées du chocolat, de la vanille, du cuivre chauffé et de la cannelle sont enivrantes, puissamment suggestives; l'âcre odeur terreuse des Amériques, le brûlant parfum résineux de la forêt tropicale. Le nectar des dieux. L'âpre élixir de la vie.
Nous aimons Dieu, mais nous le craignons d'avantage.
Les senteurs mêlées du chocolat, de la vanille, du cuivre chauffé et de la cannelle sont enivrantes, puissamment suggestives ; l'âcre odeur terreuse des Amériques, le brûlant parfum résineux de la forêt tropicale. C'est ainsi que je voyage à présent, comme les Aztèques dans leurs rituels sacrés. Le Mexique, le Venezuela, la Colombie. La cour de Montezuma. Cortès et Colomb. Le nectar des dieux, bouillonnant et moussant dans des coupes cérémonielles. L'âpre élixir de la vie.
"parfum qui règne dans cette boutique, un parfum de crème, de mashmallows, de caramel, assorti à l'entêtant mélange du cognac et des fèves de cacao, fraichement moulues.C 'est l'odeur d'une chevelure de femme, à cet endroit précis où la nuque rejoint le base tendre du crane, l'odeur des abricots mûrs sous le soleil, de la brioche toute chaude et des petits pains à la cannelle, du thé au citron et du muguet."...
« Je crois qu’être heureux est la seule chose qui compte » lui répondis-je enfin.
Le bonheur. Aussi simple qu’un verre de chocolat ou aussi tortueux que le coeur. Amer. Doux Vivant.
.."C'est un art dont je me délecte. Il y a un élément de sorcellerie dans toute préparation culinaire : dans le choix des ingrédients, dans le processus consistant à mélanger, à râper, à faire fondre, à infuser et à aromatiser, dans ces recettes empruntées à des ouvrages anciens, dans ces ustensiles traditionnels"...
J'avais dû naître contestataire mais, l'été de ma neuvième année, cela s'aggrava. Comme des chattes, à l'affût l'une de l'autre, ma mère et moi établissions nos territoires. Chaque contact produisait son étincelle. Chaque mot prenait des airs d'insulte. Nos conversations étaient comme autant de champs de mines.
Les enfants ont une nature sauvage, je le sais. Le mieux que je puisse espérer c’est un peu de tendresse, une apparence de docilité. Sous la surface, la nature sauvage demeure, pure, irréductible et insaisissable.
A la mort de mon père, j'éprouvais peu de vrai chagrin. J'avais beau rechercher la tristesse, je ne découvrais en moi qu'un cœur pétrifié comme un noyau au centre d'un fruit. J'essayais de me répéter que jamais plus je ne reverrais son visage. Je l'avais déjà presque oublié de toute façon.
J'ai fait figurer sur la carte une ville jusque-là invisible.
Ma mère s'était enfuie à New York pour y mourir. Moi, je me suis enfouie à Paris pour y renaître. Que vous soyez mourante ou en pleine santé, heureuse ou triste, la grande ville, elle ne s'en soucie guère. Elle a bien d'autres chats à fouetter. Elle vous dépasse et poursuit son chemin sans poser de questions, sans même un haussement d'épaules.
« Le quartier des Maraud qui ressemblait jadis à une simple page en couleurs exotiques s’est transformé en un chapitre entier en langue étrangère. » (p. 63)
J’aime bien ces gens. Je sais lire leurs yeux, leurs bouches tellement facilement celle-ci avec son soupçon d’amertume, va raffoler de mes zestes d’orange confits; celle-ci, avec son doux sourire, mes abricots fourrés au cœur si moelleux; cette petite fille aux cheveux ébouriffés par le vent va aimer les mendiants; cette femme vive et joyeuse, les noix du Brésil au chocolat. Pour Guillaume les florentins dégustés avec délicatesse au-dessus d’une soucoupe dans sa maison bien rangée de célibataire. Le goût de Narcisse pour les truffes aux deux chocolatsְ révèle sa bonté de cœur sous son extérieur bourru. … Je vends des rêves, de menues consolations, d’exquises tentations inoffensives pour qu’une multitude de saints dégringolent de leur piédestal et viennent se fracasser au milieu des noisettes et des nougatines.