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Critiques de John Fante (738)
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Bandini

Il vous est surement arrivé de découvrir un nouvel écrivain et de vouloir enquiller sur toute l'oeuvre , dans la foulée , tant le style vous avait tapé dans l'oeil ! C'est mon cas avec John Fante . Demande à la Poussiere fut une tres belle surprise . Mon Chien Stupide confirmait largement ce sentiment . Quid de Bandini ? ?



Fante n'a jamais véritablement eu à se décarcasser pour dégoter un sujet d'écriture . Son domaine de prédilection , sa vie ainsi que celle de toute son Italienne de famille qu'il a largement romancé . Bandini en représentant un premier opus accrocheur !



La famille Bandini tire le diable par la queue . Ce nouvel hiver dans le Colorado , aux antipodes de celui de leur Italie natale , n'est porteur que de famine et de froid . Le reve Americain semble bien loin...

Maria , bigote de la premiere heure et Svevo , son mari , pourtant contraint au chomage par un climat ne lui permettant plus d'effectuer son boulot de maçon , semblent unis comme au premier jour . Trois marmots viennent completer le foyer : Arturo ( 14 ans - alter égo de Fante ) , August ( 10 ans ) et le petit dernier , Fédérico ( 8 ans ) . Famille Italienne typique ! Mere dévouée corps et ame à son mari et sa famille ( Dieu étant hors compétition ) alors que l'homme , dans un souci de générosité altruiste qui l'honore , vient assurer la pitance journaliere . L'hiver perdure , les traites sur la maison s'accumulent , l'ardoise aupres des divers commerçants prend des allures de Titanic ! Svevo a un pote de jeu : Rocco , qui se désiste à son profit en lui demandant d'aller effectuer quelques menus travaux chez une riche veuve en mal de compagnie . Et là , c'est le drame !



Demande à la Poussiere était loufoque et barré alors que Bandini fait dans l'analyse et l'introspection . Fante décrit d'autant mieux cette histoire d'immigrés Italiens dans la tourmente qu'elle semble etre largement autobiographique . Un pere que l'on suppose adultere , une mere en perdant la raison et c'est un Arturo tour à tour gouailleur , amoureux fou , rongé par le doute , hanté par l'enfer d'ou cette propension quasi journaliere à vouloir se confesser , complexé par ses origines , qui se découvre et s'ouvre à cette chienne de vie . Un fardeau bien trop pesant pour ses freles épaules...

Un mot pour définir Arturo : l'ambivalence ! Ambivalence des sentiments et des actes . Arturo deteste cette mere passive et soumise face aux évenements qui l'ébranlent , ce qui ne l'empechera jamais de veiller affectueusement sur elle...Il déteste ce pere démissionnaire tout en admirant sa volonté de vouloir s'éléver socialement , de s'extraire de cette fange qui leur colle à la peau...Il aimerait voir mourir cette Rosa qui se refuse à son amour , cette meme Rosa qu'il vénere en silence depuis des années...Touchant ce gamin pétri de contradictions , de doutes mais néanmoins donnant l'image d'une assurance inébranlable . Des personnages attachants , parfois exaspérants mais toujours justes . Tout comme les situations . Integration , rejet , recherche éperdue de l'ascenseur social ( deja en panne à l'époque ; ) , quete identitaire , misere noire...Le récit amalgame tout cela avec un réalisme confondant et une justesse affirmée . La famille Bandini vaut vraiment le détour ! Elle est excessive , tourmentée et passe du rire aux larmes , de l'amour à la haine en moins de temps qu'il n'en faut à certains politiques pour retourner leur veste . La comédie à l'Italienne dans toute sa splendeur !

L'écriture est maitrisée et impose une adhésion immédiate !



Bandini , s'il m'a rendu moins enthousiaste que ses précédentes lectures , n'en demeure pas moins un tres agréable moment...

3.5 / 5

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Demande à la poussière

Arturo Bandini ou la fureur de vivre



Fauché mais débordant d'énergie, Arturo ne rêve que d'une chose, devenir un écrivain célèbre. Pour l'instant, il vit dans un hôtel minable dans Bunker Hill à Los Angeles. Il se frotte à la vie, arpente les rues poussiéreuses de la ville, crève de faim, emprunte de l'argent à qui il peut, écrit régulièrement à l'éditeur de son unique nouvelle publiée, fréquente des filles mais sans consommer...

Puis un jour, il rencontre la belle Camilla Lopez et commence alors une relation amour-haine avec elle. Il faut dire que l'américano-mexicaine est amoureuse d'un autre et n'hésite pas à remettre à sa place cet italo-américain qu'est Arturo.



Un roman magnifique dans lequel John Fante nous parle de pauvreté, de religion, d'identité américaine et surtout de la vie d'écrivain, bref de sa vie. C'est beau, c'est tendre, c'est cruel, c'est juste plein d'humanité.

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Mon chien stupide

Un livre délicieusement subversif! Plongée que j'étais dans des lectures belles mais déprimantes, il m'a fallu une parenthèse plus légère; ce livre attendait depuis longtemps sur l'étagère, j'ai plongé.

Plongé au coeur de cette nuit diluvienne à Malibu auprès de Henry, scénariste et écrivain vieillissant, supportant avec sa bien-aimée de plusieurs décennies les reproches et égoïsmes de leurs quatre enfants, tout juste sortis de l'adolescence.

Henry n'a qu'un rêve, qui s'empare de lui, tel le Privé de Babylone de Brautigan, au moindre coup dur. Une échappatoire: Rome. L'Italie, le pays de ses ancêtres, le no man's land de tous ses ennuis, le pays rêvé, pour lequel il est prêt à vendre tondeuse, clubs de golf et même sa chère Porsche, et tout quitter, tout lâcher (mais qui n'a jamais eu de tels rêves?)

Cette fameuse nuit, un animal se réfugie dans leur jardin. Un gros nounours, pour lequel on se prendrait vite d'affection, mais voilà, cet animal s'avère vite être un dérangé sexuel! Bon gré mal gré, il restera auprès de la famille dont les relations se fissurent chaque jour un peu plus. L'aîné ne couche qu'avec des Noires - au grand dam de sa mère Harriet, femme héroïque aux yeux amoureux et vaches de Henry, mais visiblement pas dénuée de reproches - le cadet manipule sa mère sans remords.Tina, la seule fille de la fratrie, a toujours considéré son père comme un fruste étranger; il n'y a que le dernier, Jamie, qui n'a jamais vraiment préoccupé ses parents.

Et Henry, non des moindres, semble ignorer toute bienséance au sein de sa famille, son quartier et son travail, ce qui lui cause régulièrement pas mal d'animosité (cela ne l'inquiète pas outre mesure d'ailleurs).

et puis, et puis... soudain, un oeil un plus brillant, une angoisse qui le prend parce qu'en tant que père, il doit laisser ses enfants voler de leurs propres ailes, un vide au creux du ventre quand ses rejetons quittent l'un après l'autre la grande maison familiale.

Et puis, et puis aussi ces petites descriptions fulgurantes, du génie tout simplement: "le soleil se levait, oeil rouge suffoquant dans le smog", "Decker Road sinuait dans les montagnes comme un serpent désireux d'échapper à la mer".

Et enfin, cette magnifique évocation d'une baleine échouée sur la plage, ces beautés que même son chien Stupide et l'autre Rocco ne peuvent gâcher par leurs comportements si peu orthodoxes, maillons de ce récit familial!

John Fante, toi non plus je ne te lâche plus.



Lu dans le cadre du Challenge ABC



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Le vin de la jeunesse

Je poursuis ma découverte de l'oeuvre de John Fante avec cet ensemble de nouvelles fort bien écrites et parlantes.

Comme j'ai pu le lire ailleurs,dans l'une des nombreuses critiques,si Fante aborde généralement son histoire par le roman,on se retrouve sans peine dans ces nouvelles car il a ,me semble--t-il,l'art de construire ses livres à coup de courts chapitres qui s'additionnent avec beaucoup d'habileté, des petits chapitres rapides,vifs,comme le sont les nouvelles.Que ceux et celles qui n'apprécient pas trop ce genre littéraire ne se privent pas de leur lecture,(Les nouvelles de la première partie sont géniales .)

On va retrouver les thèmes chers à Fante,la jeunesse,la relation à la religion,le père et la mère ....Thèmes récurrents, oui,mais toujours vus sous un angle différent.

Et c'est toujours autant addictif.On rit aux facéties dont sont victimes les religieux, on s'émeut aussi face aux difficultés de la vie familiale,aux difficultés d'intégration, au caractère détestable du père lorsque les intempéries le privent de son travail,à la méchanceté de certaines religieuses......On retrouve vraiment l'atmosphère qui pouvait régner dans ces années-là ,les joies,les peines,les humiliations,les "fourberies"des enfants,la débrouillardise, les raclées et autres punitions....

L'été se termine et ma découverte de cet auteur aussi.Une bien belle découverte ,du reste,et à tous ceux qui n'ont pas encore franchi le pas,j'ai envie de dire,"Ne faites pas comme moi,n'attendez pas la retraite",il y a tant à "tirer" de ces écrits ,pas si démodés si l'on se réfère à la situation économique et politique actuelle.
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Demande à la poussière

C'est le troisième ouvrage de john Fante que je découvre en peu de temps et j'avoue ne pas bouder mon plaisir.Le sujet me rappelle tous ces récits universels où le héros quitte un univers médiocre pour gagner la grande ville et toutes ses promesses ,bien souvent illusoires.

Arturo n'échappe pas à la la règle, les débuts sont difficiles,très difficiles,l'aveu d'un possible échec et d'un retour en arrière impossible.J'ai vraiment apprécié les (rares) échanges épistolaires mensongers avec sa mère .

La vie de galère est remarquablement décrite ,comme vécue ,et l'atmosphère qui règne lorsque rentre de l'argent est tout simplement sublime.L'évolution de certains personnages au gré des événements montre de façon magistrale la misère dans laquelle on plonge quand on ne possède rien ou si peu.

Et que dire de la relation d'Arturo avec Camilla,sorte de double de notre héros, dont la chute sera malheureusement inéluctable et terrible.Son long cheminement vers le néant nous bouscule jusqu'au plus profond de notre être .

L'écriture,dans ce roman,c'est ,comme on dit,"du lourd",du brutal,du violent,des phrases souvent sèches ,comme" taillées à la serpe",un style qui,jamais,n'atténue la noirceur du propos.Du grand art comme le laisse entendre Charles Bukovski,un auteur pas vraiment "rigolo" non plus.

Quel beau roman,si l'on peut dire,superbe rendu d'une société qui a bien du mérite à échapper à son sort,la désespérance.
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Demande à la poussière



Lecture ou relecture d'un livre que j'ai sans doute lu il y a longtemps mais dont je n'ai gardé aucun souvenir. Mais comment un tel livre n'a t-il pu laisser aucune trace dans ma mémoire ? Un moment d'égarement...

Arturo Bandini, jeune écrivain d'une vingtaine d'années, fils d'émigrés italiens installés au Colorado, vient d'échouer, à la fin des années trente, après la grande dépression, dans un hôtel sordide de Bunker Hill, quartier du centre ville de Los Angeles. Il a publié une de ses nouvelles dans un magazine et se nourrit d'un stock d'oranges acheté avec son maigre pécule.

Désoeuvré, en panne d'inspiration, il déambule dans la ville, côtoie les laissés-pour-compte du rêve américain, oscillant, entre des moments d'exaltation liée à l'assurance qu'il a de devenir un grand écrivain et de réussir sa vie, et des phases de découragement, de lassitude et de colère, teintées de spiritualité. Il rêve sa vie et ment à sa mère à qui il envoie quelques dollars.

Crève-la-faim, englué dans une misère noire, il vient s'offrir un infect café au lait avec ses derniers cents et tombe raide dingue de Camilla, la serveuse mexicaine. On ne peut pas vraiment parler d'amour entre ces deux êtres.

C'est plutôt une histoire incandescente d'attirance, de répulsion et de possession. Obsédé par les mauvaises chaussures à lacets de la fille, il fantasme sur son physique mais ne parvient pas à aller au bout de son désir. Elle en aime un autre et s'enfonce tragiquement dans le désespoir.

Arturo rencontre une autre femme, qui lui inspirera un livre, mais qui est encore plus tordue et mal en point que Camilla.

Il ne se passe donc pas grand chose dans ce livre, et pourtant un souffle le traverse de part en part. John Fante raconte des petits évènements avec un ton sec, détaché, ironique. Le style est direct, à l'os, sans fioritures, sans une once de gras. Celui qui deviendra plus tard scénariste sur les plateaux de Hollywood, compose des scènes visuelles, picturales, quasi hallucinatoires pour certaines, comme celle du tremblement de terre. Les images se détachent, prennent vie sur le papier, la silhouette de Camilla se dévoilant dans toute sa crudité.

Que penser des deux personnages féminins, plus déglingués l'un que l'autre, et de la violence contenue d'Arturo à leur endroit ? Etait-ce le sort des femmes à cette époque ?

Méconnu aux Etats-Unis, John Fante a néanmoins inspiré les écrivains de la Beat Generation, et plus tard Charles Bukowski.
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L'orgie

Je poursuis ma découverte de l'oeuvre de John Fante et,aujourd'hui,je viens de terminer "l'orgie".

Ce livre se compose de deux nouvelles qui,une fois de plus,m'ont subjugué.

La première, "l'orgie" démarre très fort, vraiment.J'ai été absolument béat de bonheur devant la première scène qui oppose le père et son copain Franck à la mère du narrateur âgé de dix ans.Une scène d'anthologie dont je ne vous parlerai pas pour ne pas vous priver d'une situation qui donnera le ton de la suite.Si vous hésitez ,lisez la dans la librairie,vous partirez FORCÉMENT avec le livre(n'oubliez pas de payer....ce qui pourrait arriver tant vous serez captivé )

On va retrouver les thèmes récurrents chez Fante,la famille,la religion,l'alcool,les femmes mais aussi entrer dans l'univers de tous ces courageux travailleurs italiens venus tenter leur chance aux USA,cet Eldorado si utopique,si illusoire.



La deuxième nouvelle ,tout en conservant les mêmes thèmes ,est d'une autre teneur.On retrouve l'enfant à 17 ans qui va naïvement croire pouvoir partir monnayer ses "talents"de lanceur de base ball dans une grande équipe du pays.Un beau récit initiatique,l'amour,l'amitié, la trahison,les différences sociales,le rêve, l'émancipation,les leçons de la vie,tout y est et c'est beau.

Avec ce livre,je continue un périple que je ne suis pas près d'abandonner.Fante est vraiment un très bon auteur.Il sait nous faire rire,nous émouvoir, nous offusquer avec talent.Avec lui,on suit comme aimanté par les mots,c'est génial.



Je cours chercher un autre de ses livres mais,promis,je passe à la caisse.
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Demande à la poussière

Je comprends maintenant pourquoi ce livre revient toujours quand sont évoqués les romans américains incontournables : en 1939, il a du faire son effet, et continue d'ailleurs aujourd'hui malgré que tous les styles, y compris les plus trash, ont été explorés depuis.



Car au-delà de son caractère novateur pour l'époque, celui-ci est très au-dessus du lot : solaires, gorgés de sève, irradiant comme un diamant brut, criants de vérité, les mots de John Fante touchent et font mouche.

Dans un L.A. des pauvres et des déracinés plus vrai que nature, Arturo Bandini, le double littéraire de l'auteur, est un prince des faubourgs, son talent à vivre est une certitude autant que son talent littéraire, puisé dans ses tripes et dans ses souffrances face à sa princesse en perdition.



Une claque à chaque page, un roman magnifique, jusque dans son titre!

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Bandini

Bandini tu es un bandit !

Svevo tu es un salaud !

Maria, oh Maria, pauvre petit bout de femme innocent et fragile. Tu pries, tu pries Maria, tu égraines ton rosaire car il te faut garder la tête haute quand la bourse est vide et que ton mari enduit son mortier sur d'autres briques.

Svevo Bandini, tu fais le fier à bras, avec tes belles chaussures Bandini, tu ne sais plus très bien qui tu es, tu ne trouves plus ta place quand le travail vient à manquer et que l'argent te fuit comme la peste, tu te perds et tu joues gros.

Et Arturo, brave Arturo, aîné de trois garçons, petit homme marchant dans les pas de son papa. Tu crains le purgatoire pour tes petites transgressions aux dix commandements, mais tu n'es qu'un enfant Arturo. Tu dois grandir plus vite que la musique quand la pauvreté, la tristesse de ta mère, et l'amour, l'amour et la mort se disputent la vedette dans ta vie qui ne devrait être qu'insouciance.



C'est la jeunesse de John Fante qui se retrouve dans ces pages (comme dans la suite de son œuvre si mes renseignements sont exacts). Et de cette jeunesse, écrite avec tant d'élégance et de vérité, cette adolescence parfois primesautière souvent lourde pour de frêles épaules, on ne peut s'empêcher que de tomber amoureux. C'est tellement bien fait qu'on prend sur soi les émotions du jeune Arturo (John) et de son père Svevo et finalement, on éprouve beaucoup de tendresse pour ces brutes sentimentales, car on comprend trop bien qu'ils ne sont qu'humains.
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L'orgie

Deux nouvelles dans « l’orgie ». La première qui porte son nom me parle de son père. Fils d’immigré italien, la famille est importante. Le paternel, la fondation d’une famille. Il y est question d’une mine d’or et donc du père de ce jeune garçon. Un père qui boit, un père qui voit d’autres femmes que sa mère. Beurk. Le petit s’en trouve traumatisé, sonnant la fin de l’innocence enfantine. Ce père qu’il estimait tant descend en chute libre de son piédestal. Il y est aussi question de religion. Dans cette famille catholique et italienne, la foi de sa mère et ses prières incessantes deviennent lourdes à porter pour ses frêles épaules. Surtout quand son père lui demande une certaine solidarité masculine vis-à-vis des mensonges avec sa mère. La fin d’un couple à ses yeux de jeune rital.



Je retrouve ensuite Dominic Molise, un peu plus âgé, dans la seconde nouvelle, « 1933 fut une mauvaise année ». Tu imagines donc la période. Début de l’adolescence, en pleine crise économique. Il rêve de devenir joueur professionnel de base-ball, son père rêve de faire de lui son successeur dans l’entreprise familiale de maçonnerie. La batte face à la truelle. Et que dire de ses rêves de Dorothy. Sublimes à en respirer le parfum de ses petites culottes. Cela bouillonne dans sa tête, les hormones, les rêves, les déceptions… La crise, l’adolescence, la mouise…



Orgie de losers. 1933, la putain de vie des losers… Fin du rêve, aussi éphémère qu’un glaçon dans un whisky.

[...]
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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Demande à la poussière

Arturo Bandini, un nom de famille qui se termine par une voyelle. On sent immédiatement le déracinement de l'auteur. Il parle de la Californie, de Los Angeles qui regroupe ceux qui sont venus chercher le soleil quelle que soit la saison, cette ville née de rien dans ce désert.

Il parle aussi de la difficulté d'écrire, de se faire connaître, des moments de vaches maigres et des oranges à tous les repas. Il rencontre des individus fauchés comme lui et puis une femme, Camilla. Une princesse maya perdue dans ce nouveau désert, elle dont les ancêtres ont connu ce pays bien avant tout le monde. Camilla qui s'érode contre un amour qui la répudie, qui s'amenuise avec des fumées tenaces, qui se dessèche dans ce désert à vouloir ressembler à d'autres sans visage. Pourtant Arturo l'aime. A sa manière, à sa dédicace. Il évoque également les vibrations de cette terre, ses tremblements et ses morts qu'elle laisse de temps en temps, au gré de ses humeurs, tomber dans l'oubli. Sous la poussière...

Un très beau roman.
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Bandini

John Fante a décidemment un vrai problème avec les clébards. Non content de nous raconter sa vie avec son « Chien Stupide », il proclame ici que « Dieu est un chien ».





Quand on découvre sa famille à travers ce roman à la veine autobiographique à peine voilée, on comprend mieux pourquoi John Fante a toujours préféré les chiens aux êtres humains. Même comme ça, John Fante a le fond d’un brave type qui trouve des excuses à tout le monde et qui, en voulant dénigrer père, mère, frères et amis, se découvre un talent de portraitiste prêt à souligner les défauts les plus laids pour en faire de charmantes trouvailles.





On ne se sera peut-être pas beaucoup aimés entre humains aux dents longues mais on aura bien ri quand même, et c’est peut-être le plus important.

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La route de Los Angeles

Je poursuis ma route avec Arturo Bandini et je continue de découvrir un personnage particulièrement mal dans sa peau au moment de décider du choix de sa vie.Le voilà responsable de sa mère et de sa soeur,Mona,dont le moins qu'on puisse dire d'elle est que sa religiosité excessive énerve au plus au point notre ami,plus porté sur l'étude détaillée de la gent féminine dans des revues spécialisées. Arturo étouffe, se révolte, est violent,méchant ,acerbe,insolent avec quiconque le contrarie .Il ment honteusement,insulte,se fait "virer"de tous les petits boulots qui s'offrent à lui,se mutile,se montre cruel et l'on peut même parfois douter de son équilibre mental.Arturo est un volcan prêt à rentrer en éruption. Sa seule chance de salut résidera dans son rêve le plus fort,le plus fou,devenir écrivain.Arturo est un être si complexe et complexé, notamment avec les femmes, qu'on ignore d'où peut venir,pour lui,le salut.

Ce livre est un livre de révolte, de rejet d'un état de misère, le cri d'un personnage malheureux qui ne pourra s'en sortir qu'en tirant un trait sur un passé qui lui colle aux basques et ne lui offre qu'un horizon de malheur.

Son combat nous le rend assez antipathique,mais ne faut il pas voir en ses attitudes les ultimes soubresauts du désespoir.

Encore une fois Fante nous touche en plein coeur.Avec lui,tous les coups sont permis et font mouche.On aurait bien envie de prendre avec Arturo,la "route de Los Angeles".
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La route de Los Angeles

Me voici à enchaîner les romans de Fante en ce début d'année. On me l'avait pas dit (^^), mais c'est un bon ! Un sacrément bon même.



Toujours un peu le même thème en toile de fond de ses romans, des histoires de ritalo-américanos qui tentent de s'inscrire dans le quotidien américain.

Ici il s'agit d'Arturo Bandini le grand écrivain de 18 ans, ou le futur grand, qui ne manque pas de faire savoir sa destinée glorieuse à qui se met sur son chemin. Menteur, violent, raciste, détestable, limite psychopathe, « Bandini le terrible » détruit et vole, « Bandini le Grand » insulte les philippins comme les mexicains pour se venger de son sort de rital, « Bandini le Dictateur » saccage une armée de crabes dans un délire guerrier. « Bandini le gamin » en devient pathétique. Touchant même, à se battre comme ça sans fin contre les éléments, à vouloir affirmer son identité naissante, à rejeter sa famille, à courir après des chimères féminines. Au fil des lignes de ce roman se dessine les contours d'une émotion à fleur de peau, une colère explosive, une rage souterraine et désespérée.



C'est le premier roman écrit par John Fante, refusé par les éditeurs dans les années 30, publié après sa mort en 1985. Le premier également de la série des Bandini, l'alter ego à peine déguisé de Fante.

Excessif et tonitruant, « La route de Los Angeles » n'est peut-être pas le point d'entrée idéal dans l'univers de cet auteur.

Quoique...

On y retrouve son don unique de l'écriture : ça pulse, ça vit comme ça se lit, c'est drôle aussi parfois. Et ça donne irrésistiblement envie de continuer.
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Demande à la poussière

John Fante, c'est avant tout une écriture puissante, directe, qui prend aux tripes. Demande à la poussière ne fait pas exception à la règle. Largement autobiographique, le roman narre les tribulations d'Arturo Bandini, fils d'immigrés italiens sans le sou qui se rêve écrivain. Orgueilleux et convaincu de son talent parce qu'il a publié une unique nouvelle, il erre dans les rues de Los Angeles, seul, imaginant le jour béni où il sera enfin un auteur respecté par ses pairs et adulé par les femmes. Dans un bouge miteux, il fait la rencontre de Camilla, une jeune serveuse mexicaine dont il tombe éperdument amoureux. Un choc pour cet être excessif, prêt à tout pour la conquérir.

Ce roman est le récit de la misère et de la fureur. Le portrait d'un écorché vif qui tente de dissimuler son manque d'assurance, sa honte et sa timidité derrière une arrogance et une vanité de façade. Isolé dans cette ville de cinéma accablée de chaleur et de poussière, loin de ses repères, Bandini survit au jour le jour, tentant de se faire un nom à la force de la plume. Fante restitue à merveille cette rage et ce désespoir avec lesquels le jeune auteur s'acharne à sortir de la fange,de s'extirper de sa triste condition de petit rital sans envergure. De l'émotion brute, sans chichis, qui saute une nouvelle fois aux yeux lorsqu'il est question de décrire les sentiments que cet anti-héros ressent pour Camilla. Pas de poudre aux yeux, pas de tournures alambiquées, chez Fante, la poésie et le lyrisme naissent de la trivialité. Pas étonnant que Bukowski soit tombé en adoration devant cette prose alerte et vive, qui saisit le lecteur par le col. On ne ressort pas indemne d'un roman de Fante, mais plutôt rincé, salement secoué et des étoiles plein les yeux.

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Le vin de la jeunesse

Il y avait une vieille malle dans la chambre de ma mère. Je n'ai jamais vu une malle aussi vieille. C'était une de ces malles à couvercle rond aussi gros que la bedaine d'un obèse. Ainsi commencent ses souvenirs. Par l'image de sa mère qu'il redécouvre au fond d'une malle, abandonnée dans la poussière d'un grenier... Il revient ainsi sur son enfance, la découverte du vin de messe, le vin de la jeunesse. Avant donc de retrouver son alter-égo sur la route de Los Angeles avec ses rêves de Bunker Hill dans la tête, avant qu'il demande à la poussière de devenir le plus grand écrivain de l'Amérique, ce qu'il fut - un peu, du moins, dans ma bibliothèque -, il évoque ainsi ses premiers méfaits, des bêtises de gamins, perdus dans la neige du Colorado, entre un père brutal, volage et alcoolique, et une mère presque aussi pieuse que la Vierge Marie. D'ailleurs, il en récite quelques uns de ces sutras à la gloire de Marie, pleine de grâce et bénie entre toutes les femmes...



A genoux, il se confesse. Toujours avec une pointe de malice qui me fit sourire. Entre les prières, c'est la vie d'un couple italo-américain qui y est décryptée. Sous un ciel de rage et de tristesse, les flocons du Colorado tapissent la demeure familiale d'une blancheur que la mère voudrait voir immaculée alors que ces mêmes flocons, impitoyables dans ces plaines des États-Unis, colorent la vie de ca coin-là plutôt d'un gris sale. C'était un autre temps où un grand auteur n'était pas encore grand, où un gamin vivait d'insouciance et de petits péchés pour combler l'ambiance pesant au cœur d'une tempête. John Fante est né dans le Colorado et ses histoires californiennes se nourrissent de son passé, vécu là-bas, entre rêves et frustrations, entre espoirs et humiliations. John Fante est né avec Bandini dans ma bibliothèque et c'est toujours avec un grand sourire que je replonge dans sa vie, même son enfance, à boire le vin de la jeunesse.
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Pleins de vie



Ce roman court de John Fante (1909-1983), qui est paru initialement en 1952, est précédé dans la version française de poche 10/18 d’une préface de Philippe Garnier, auteur entre autres d’une superbe biographie de David Goodis, sur la relation problématique de John Fante avec le cinéma. Sous le beau titre de "Le lait d’Hollywood ayant tourné...", nous apprenons que l’auteur américain "ne se mettait à écrire que poussé par la nécessité - dixit sa veuve, Joyce Fante (1913-2005) - et qu’il "déteste sincèrement travailler pour les studios".



Des révélations surprenantes eu égard à la grande qualité de son œuvre, telle "La route de Los Angeles", "Bandini", "Demande à la poussière" et l’extraordinaire "Mon chien stupide", que j’ai eu grand plaisir à commenter ici le 28 août 2017, ainsi que compte tenu du succès des films basés sur ses écrits.



La fresque autobiographique de Jo Fante débute peu avant la naissance de son premier enfant, Nick, le 13 janvier 1942, et se termine par cet événement heureux, au bout de 4 ans de mariage avec sa bien-aimée Joyce Smart.



À cette époque, l’auteur habite près de Los Angeles et est essentiellement actif dans les studios de cinéma de Hollywood à préparer des projets de scénarios de films.

Dans son récit, il ne parle guère de son boulot, sauf pour indiquer qu’il semble enfin sorti des années de vaches maigres, sans être riche pour autant.



Le récit se cristallise sur ses difficultés de comportement envers sa bien-aimée, qui enceinte lui cause des problèmes inattendus, entre autres sa soudaine conversion au catholicisme et son souhait de se faire baptiser en vue d’un mariage à l’église, sous la bonne conduite de l’encombrant père Gondalfo.



Simultanément, John se trouve confronté à des problèmes d’ordre pratique : les dégâts causés au sol de sa demeure par des termites, pour lequel il lui faut faire appel à son père. Une autre source de soucis et de complications, car si Nick Fante senior est un excellent homme de métiers, il est également taciturne, exigeant et un semeur de zizanie, qui se lie, en plus, à sa belle-fille contre son propre fils.



John Fante a réussi à évoquer une atmosphère particulière de haute tension, entrecoupée par de beaux moments de détente et d’amour.

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Mon chien stupide

Le problème, c'est qu'on m'avait vendu ce fameux chien stupide comme hilarant. Et je suis restée de marbre pendant le premier tiers du roman, avec le sentiment de le lire trop tard, à devoir supporter des blagues éculées d'un vieil humoriste sur le retour. Le dialoguiste poivrot en panne d'inspiration : déjà vu! Le gros chien envahissant, priapique et homo: déjà vu! La descendance nombreuse et égoïste qui fait tourner chèvres les parents: tellement convenu!

Et ensuite, il s'est passé un truc étrange: déjà, j'ai été prise de compassion pour une mère de famille raciste, ce qui n'était pas franchement gagné. Et j'ai été bouleversée par ce récit poignant d'une ultime tentative pour faire famille. Le père morfondu par son échec, qui fuit ses enfants pour éviter d'affronter leur départ; la mère accablée qui ne supporte pas le goût de son fils aîné pour les Noires délurées (comme s'il signifiait que son garçon ne veut rien retenir d'elle, pas même sa couleur de peau); les enfants qui partent sans partir, impitoyables et détachés.

Pour Harry, c'est retour vers le passé, toute! Vers son pays d'origine, avec un nouveau chien pour remplacer celui qu'il a perdu. Mais ça ne marche pas comme ça. Le passé n'efface pas le présent et l'espoir d'un nouveau départ est d'autant plus vain que Harry n'en a pas envie le moins du monde.

Et cette défaite intime illustre au plus haut point cette vieille formule qui pour être éculée n'en est pas moins vraie: la politesse du désespoir. Harry nous la joue détaché et ricanant mais la mort de son chien est d'une cruauté absolue et la dernière phrase du livre remet définitivement les choses en place:

« Soudain, je me suis mis à pleurer. »

Quoi, j'ai dit la fin? Ben comme ça, tout le monde est au courant. « Mon chien stupide » n'est pas un roman comique et si vous avez le moindre enfant âgé de plus de 15 ans, vous risquez fort, vous aussi, de ressentir l'irrésistible besoin d'adopter un quelconque clébard, voire une truie sur le retour, pour tenter d'oublier qu'il va bientôt partir.
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Rêves de Bunker Hill

Me voilà à nouveau avec mon auteur fétiche de l'été 2018.Cette fois,nous allons retrouver Arturo Bandini parti à la quête de la gloire dans les milieux littéraires de Los Angeles où, malheureusement,son talent ne semble pas forcément "sauter aux yeux de tout le monde".La gloire,c'est l'argent et,sans gloire....Il faut survivre et tout l'art de Bandini sera mis au service de la "débrouille ".Lorsque la chance tournera,Arturo ne saura pas toujours la saisir,souvent à cause d'une maladresse incroyable auprès de la gent féminine .Les situations cocasses ou dramatiques se succéderont dans toutes ses relations,au point,sans doute de provoquer indirectement la mort de la généreuse et amoureuse Helen.Bandini,c'est aussi la prétention ,la certitude,l'ironie cinglante et mordante.A ce titre,son retour au pays est un morceau d'anthologie qu'on peut lire et relire sans jamais se lasser.

Bandini ne s'est pas créé un monde,il est ce monde,il vit ce monde,il veut ce monde,on lui doit ce monde.Sa générosité envers sa famille est toujours bien présente et les demandes de ses parents toujours pressantes.

On verra peu son père et sa mère dans ce roman mais on sent bien leur présence en arrière plan, présence liée à l'intérêt financier pour son père,sans doute plus à l'amour pour sa toujours bigote de mère .

Dans son désir de plaire et de se sentir supérieur,Arturo s'éloigne de tous ceux qui pourraient sans doute lui permettre de s'épanouir ou de "mettre les pieds" dans un monde qu'il déteste autant qu'il l'envie.

Le style de John Fante semble s'être durci,le vocabulaire devient plus cru et augmente la sensation de malaise qu'on peut parfois ressentir .L'humour est aussi bien présent et si les scènes ont été vécues, on se doute aussi qu'elles ont été un peu" arrangées "pour notre plus grand plaisir.

Encore un très bon moment pour moi,une lecture vraiment addictive.

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Les compagnons de la grappe

Je poursuis toujours ma découverte de l'oeuvre de John Fante et il y a fort à parier que j'aurai lu l'ensemble au cours de cet été. Encore une fois,je me suis trouvé au milieu de cette famille,j'ai partagé son quotidien et surtout,il faut bien le dire,ses problèmes Et ça commence fort,pensez donc,au début du roman, Nick et Maria,septuagénaires bon teint,cinquante et un ans de mariage,divorcent:le motif?Adultère !!!De quoi faire sourire les enfants,Stella,Mario et Virgil mais pas Henry,l'écrivain,qui saute dans le premier avion pour venir à la rescousse.

A partir de là, on va surtout insister sur ce lien fort qui unit Henry et son père et on va en découvrir des choses, en partager des moments.Le personnage de Nick,on le connait:travailleur comme pas deux,joueur invétéré ,alcoolique au dernier degré, obsédé sexuel.....Pourtant,on va s'attacher à lui,vivre avec lui,rire avec lui et de lui.Parler de Nick,c'est se laisser gagner par des émotions diverses et trés fortes.A travers ces lignes ,l'amour,la haine,le désespoir ,les promesses,les trahisons,l'amitié ...Quelle richesse,un feu d'artifice de sentiments,de situations dont on a hâte de connaître le dénouement .Tous les personnages ont leur côté obscur ou lumineux,aucun,qu'on l'aime ou pas ne nous laissera indifférent.Quelle famille et quel personnage haut en couleurs que ce Nicky,qui rendra sa femme heureuse le jour où il mourra.

Je ne suis plus objectif car je redoute le jour où j'aurai "tout"lu.Ce roman,comme les autres est un petit bijou et je suis heureux que les éditions 10 18 aient remis cet auteur en lumière.

JE SUIS FAN.....TE.
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"Demande à la poussière" de John Fante

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