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Citations de Joseph O`Connor (348)


— C'est une profession ben honorable, la vôtre, monsieur. On dit que la plume est plus puissante que l'épée.
— On le dit. Mais je ne suis pas certain que ce soit vrai.
— C'est une immense bénédiction qu'vous avez reçue, monsieur, tout d'même, monsieur. Et comment, qu'j'aimerais en avoir reçu autant ! Y sont nombreux, ceux qui la désirent, mais peu la reçoivent.
— De quelle bénédiction parlez-vous ?
— Le don que vous avez de met' une chose en anglais, monsieur. La langue des poètes et de Notre-Seigneur lui-même dans les Écritures.
— Je crois que le Seigneur en question parlait plutôt araméen.
— À votre Grâce, peut-êt'e, monsieur. À moi, il parlait anglais.
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Les premiers jours s'écoulèrent avec une lenteur désespérante. Les passagers stupéfaits apprirent à Liverpool que le bateau allait repasser par l'Irlande avant de partir affronter l'Atlantique. La déception causée par cette nouvelle poussa beaucoup d'hommes à se soûler, ce qui entraîna nombre de bagarres. La plupart des occupants de l'entrepont avaient vendu tout ce qu'ils possédaient pour payer la traversée jusqu'à Liverpool. Beaucoup d'entre eux s'étaient fait voler dans cette ville sinistre et violente ; ils avaient été escroqués ou dépouillés de leurs pauvres biens en échange de morceaux de rondelles d'étain grossièrement frappées qu'on leur avait présentées comme des dollars américains. Et voilà qu'on les ramenait à Dublin dont ils s'étaient enfuis tout juste quelques semaines auparavant, résignés, ou du moins s'efforçant de l'être, à ne plus jamais poser le regard sur leur terre natale.

Même cette maigre satisfaction leur fut refusée. Nous avions laborieusement progressé à travers une mer d'Irlande de bien mauvaise humeur et avions relâché à Kingstown pour y faire provision de vivres, puis nous avions longé la côte découpée du Sud-Est jusqu'à Queenstown (ou Cobh, comme on dit en gaélique) dans le comté de Cork. Passer au large de Wicklow ou de Wexford ou de Waterford fut pour beaucoup l'occasion d'un pincement amer, comme lorsqu'on arrache un pansement d'une blessure infectée. Un forgeron phtisique originaire de Bunclody enjamba le bastingage à la hauteur de Forlorn Point et ce fut la dernière chose qu'on vit de lui : un homme qui nageait à grand peine vers la côte et qui usait les derniers lambeaux de sa volonté pour revenir à l'endroit où l'attendait une mort certaine.
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On a toujours le choix. On est même la somme de ses choix.
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Parfois, c'est ça aussi , l'amour: laisser partir ceux qu'on aime.
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Le père regarde à travers la pièce, les hordes de jouets coûteux pour lesquels le garçon devient trop grand, les cerceaux et les marionnettes scintillantes, les épées et les armures, les boucliers et les bateaux dans les bouteilles. Il y a quelque chose de macabre dans l'impuissance des jouets, telles les reliques d'une religion perdue, l'étrange beauté de créatures éteintes. (p. 270)
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D'une certaine manière, consulter un thérapeute ne différait guère de la confession, sauf qu'autrefois, on devait faire pénitence au lieu de payer des honoraires.
Joseph O'Connor
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Enfin, tout le monde a son Mr Hyde, une autre version de soi-même. Une direction qu'on n'a pas prise peut-être. Une route dont on ignorait l'existence, ou pour laquelle nous n'avions pas de nom. Chacun de nous porte ses propres choix, n'est-ce pas ma très chère. Et chacun de ces choix exige un rejet, quand on y pense.
Mais il existe aussi une contrée obscure où l'Autre vit toujours. Ou, en tout cas, ne meurt jamais mais perdure. Difficile de basculer dans le bonheur sans laisser derrière soi cette contrée obscure.
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La Bible dit que les doux hériteront de la Terre. Au paradis, peut-être. Pas dans l'Ouest. Parce que je vais te montrer une frontière qui s'appelle le centième parallèle, et à l'ouest de cette ligne là, mon frère, les doux héritent que de la merde
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Traverser les champs trempés aux premiers chants des oiseaux, c'est ressentir le mariage de la joie et de la tristesse, le miracle noir des arbres
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Il avait compris depuis un certain temps que sa manière à elle de traiter les sujets délicats consistait soit à les éviter, soit à les déplacer par des remarques ironiques dépourvues de toute subtilité. Ca ne lui posait pas de problème. Il en était même plutôt content. Mais maintenant qu'ils redescendaient vers la voiture, il se demandait si l'on pouvait jamais vraiment connaître quelqu'un qui employait de telles stratégies. Il lui semblait qu'elle portait en elle des expériences dont elle n'avait pas fait le deuil, voire qu'elle n'avait pas réellement vécues. Elle faisait partie de ces gens qui, à l'enterrement d'un proche, se montrent courageux, altruistes, préparent les sandwiches, évacuent les questions auxquelles ils n'ont pas envie de répondre, et passent l'aspirateur autour de l'autel, à l'église. Elle était douée pour infléchir la direction des discussions. On s'apercevait à peine de ce qu'elle faisait jusqu'à ce que soudain, le sujet de la conversation ait changé. Alors, il était mal élevé de revenir en arrière. C'était une forme de politesse anglaise, d'une indéniable efficacité, mais seulement lorsqu'on marchait soi-même.
Et pour quelle raison lui racontait-elle tout cela maintenant ? Etait-ce un cap à passer ? Et pourquoi l'analysait-il, au lieu de la suivre là où elle l'entraînait ? Mais ces pensées allaient bientôt fondre comme neige au soleil. Quand ils arrivèrent au parking, à la lisière des bois, il pleuvait toujours et sa voiture n'était plus là.
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C'était le genre de radical qui, en son for intérieur, était ravi de l'existence des injustices: elles lui permettaient, quand il les dénonçait, de se donner à bon compte une aura de moralité.
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J'ai parfois lu que le mouvement national-socialiste était une fraternité. En réalité, c'était une meute haineuse menée par des psychopathes et autres mauvaises gens, montrant autant de loyauté que ces grenouilles venimeuses qui se nourrissent de leurs propres fratries après avoir dévoré tout le reste. Le plus glaçant, c'est le nombre de personnes qui se sont laissé entraîner dans cette voie de leur plein grès. « Se sont laissé entraîner », en réalité, n'est pas une expression suffisamment active. Ont accepté avec un certain enthousiasme de suivre cette voie.
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Quant à moi, à l'époque, je considérais que tous les systèmes politiques étaient à peu près équivalents, différentes formes de folie, du babillage de singe destiné à maintenir les primates moins évolués au rang inférieur qui était le leur. Honteuse stupidité de ma part. J'en suis venu à considérer que la neutralité est le pire des extrémismes; sans elle, nulle tyrannie ne peut s'épanouir.
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Vous savez, être comédien, ce n’est pas faire semblant d’être quelqu’un d’autre, mais trouver l’autre en nous, et le mettre en avant. Ça n’a rien de compliqué, les enfants le font ; vous n’avez qu’à les regarder lorsqu’ils jouent. Ce n’est pas paraître, c’est être. Je l’ai appris dans mon enfance, mon père était un comédien itinérant qui jouait la pantomime. Jamais il ne me disait : « Joue à être une fée. » Non, il me disait : « Aujourd’hui, tu es une fée, Len. Envole-toi. »
Voilà pourquoi je n’aime pas voir interpréter un rôle, j’aime voir les fées s’envoler.
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Chacun savait que l'on ne pouvait devenir dépendant de l'opium en l'injectant.
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Quel pur délice de malice pour la population de Cork que le plus plus puissant vaisseau qui ait jamais parcouru les mers [le Titanic] n'ait pas fait escale à Dublin mais dans cette ville qu'ils tiennent pour leur vraie capitale. De même que ce paquebot, l'opinion qu'ils ont d'eux-mêmes est insubmersible.
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Le passé est un fou qui se noie ; lancez-lui une corde, il vous entrainera avec lui.
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Il contempla les étagères croulant sous les romans. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien y trouver ? Toutes ces histoires de gens qui n’avaient jamais existé et qui, même s’ils avaient vraiment vécu, n’en auraient pas été moins insignifiants. C’était pour lui un mystère incompréhensible. Comment pouvait-on éprouver de l’intérêt pour des évènements purement imaginaires quand la réalité attendait qu’on la prenne à bras-le-corps ? Vivre sa propre vie relevait déjà de la magie. A quoi l’art pouvait-il bien servir ?
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Joseph O'Connor
Après avoir lu un grand roman, on revient en soi-même avec un sens plus aigu de ce que c'est que d'être là. Et lire répond à un besoin : être en contact avec les autres versions de nous-mêmes.
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Les droits d’auteur sont une forme d’orgueil, voire d’égoïsme d’une certaine manière. Comment pourrait-on être propriétaire du travail de l'imagination? Autant mettre des droits d’auteur sur les chants d’oiseaux. Ou l’aube.
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